« Robespierre et la République sociale », par Albert Mathiez

Ce livre édité par les Editions critiques (20 euros) est en fait écrit par le grand historien Albert Mathiez (1874-1932), fondateur de la Société d’Etudes robespierristes. Il est préfacé par Yannick Bosc et Florence Gauthier, tous deux maîtres de conférences, spécialistes de la Révolution française.

Malgré ses 368 pages, je l’ai lu rapidement en deux fois tant il remet les pendules à l’heure. Car après la chute de Robespierre, ce sont les thermidoriens qui ont donné le ton d’une histoire à charge contre Robespierre. Mais sans études historiques suffisantes ! Comme souvent, beaucoup d’écrits sont des ouvrages de propagande anti-Robespierre. Il a fallu attendre le grand Jaurès qui dans son Histoire de la Révolution française a étudié à partir des sources existantes pour remettre l’histoire de Robespierre dans le chemin de la raison historique. Puis vient le grand Mathiez pour étudier alors d’autres sources pour mieux comprendre encore cette période.

Pour tous ceux qui travaillent sur les conditions de la révolution, sur les conditions d’une transformation sociale et politique, les écrits de Mathiez et ce livre en particulier sont importants. Mathiez a été jusqu’à faire, dans un autre ouvrage publié par le même éditeur, un parallèle entre les révolutions française et russe, estimant que la seconde a tenu compte des erreurs réalisées dans la première. Comme il est nécessaire que nous tenions compte des erreurs de cette deuxième pour la prochaine…

Ce qui est fascinant dans ce livre, c’est le contre-pied du discours de l’auteur – appuyé sur des sources partout présentes tout au long du livre – par rapport à la doxa propagandiste et falsifiée des historiens bourgeois préférant les intérêts de leur classe à la vérité historique.

On  a droit d’abord dans les premiers chapitres à une synthèse de l’histoire même de cette Révolution. Puis viennent des chapitres passionnants comme celui intitulé “La terreur, instrument de la politique sociale des robespierristes” ceux consacrés aux 8 et 9 thermidor où on a l’impression de revivre l’histoire heure par heure, tellement Mathiez montre sa capacité d’avoir un discours holistique quoique chronologique de ces deux jours. Il montre clairement les erreurs réalisées par Robespierre et les raisons des divisions dans les Comités de gouvernement. Il montre bien aussi le rapport qu’entretient Robespierre avec la démocratie et la souveraineté populaire.

Bien que nous ayons trouvé le chapitre sur le culte de l’Etre suprême très intéressant, bourré de renvois aux sources, nous ne suivrons pas jusqu’au bout Albert Mathiez sur ce sujet.

Mais une chose est sûre : vous devez lire ce livre. Et alors, quel beau débat nous pourrions avoir en réunion publique ! Nous attendons vos avis…