Le deuxième Sommet Afrique-Amérique du Sud débouche sur des propositions historiques

Échanges économiques, énergétiques, financiers, sociaux, politiques, technologiques et culturels marqués par la solidarité, la coopération et le respect sont les points fondamentaux de l´accord final du deuxième Sommet Afrique-Amérique du Sud, conclu le 28 septembre 2009 à Margarita (Venezuela).

Evo Morales, président de la Bolivie, a rappelé que le tiers de l´ONU était présent à ce Sommet. Pour l’Afrique, 19 présidents, 5 vice-présidents et 15 ministres des affaires étrangères. Pour l’Amérique du Sud , 8 chefs d’État et un ministre des affaires étrangères. Etaient également présents des hauts fonctionnaires des organismes multilatéraux tels que le président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Mohamed Ibn Chambas ; Jacques Diouf, directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ; Ahmen Benhelli, secrétaire général adjoint de la Ligue arabe ; le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, et le représentant du président de la Banque africaine de développement (BAD), Antoinette Batumubwira.

« Nous allons former deux grands pôles de pouvoir dans un monde pluripolaire qui a déjà commencé à naître. Nous cherchons un monde où il n’y aura plus d’impérialisme, où les peuples seront libres, où l’on s’unira pour sortir de la misère, du retard, du sous-développement auquel nous avons été soumis par l’Empire du Nord », a déclaré le président Chávez, faisant référence à l’Europe et aux États-Unis : « Ici, dans le Sud, la salvation du monde et de l’humanité a commencé ».

Pendant les deux jours de discussion, les chefs d’État ont présenté des propositions importantes en matière de relations internationales. « La libération des peuples africains et sud-américains du Nouveau monde est en train de se construire », a affirmé la présidente de l’Argentine, Christina Fernández.

Evo Morales, a demandé aux dirigeants et aux peuples du Sud de récupérer leurs ressources naturelles et de prendre les mesures nécessaires pour que le capitalisme ne détruise pas le monde : « Il est important que nous nous libérions comme êtres humains, mais il est aussi important de libérer nos ressources naturelles pour résoudre les problèmes de nos pays ».

Le président de l’Équateur, Rafael Correa, a souligné que ces réunions entre les pauvres du monde nous assurent une deuxième indépendance. Président en exercice de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), il s´est engagé à « renforcer le processus de coordination latino-américaine, à construire le développement équitable de nos peuples, à articuler la coopération internationale et la lutte contre l’inclusion sociale et, dans ce cas, l’approfondissement des relations entre Amérique du Sud et Afrique ».

Accord entre la FAO, le Venezuela et plusieurs pays africains

Le président Hugo Chávez a affirmé qu’il avait signé une série d’accords de coopération entre le Venezuela et la FAO, incorporant des pays d’Afrique et l’Amérique du Sud. « Le ministre des industries de base et de l’industrie minière, Rodolfo Sanz, m’a informé de la signature d’accords de création de compagnies mixtes dans le secteur minier entre le Venezuela et la Sierra Leone, la Mauritanie, le Mali, la Namibie et le Niger. De plus, ils ont aussi signé un accord avec la FAO », a-t-il déclaré.

Il s’agit d’augmenter les capacités de production agricole : semences certifiées, engrais, systèmes de stockage, ateliers de fabrication d’outils agricoles, installation et développement de systèmes d’irrigation, formation technique.

Une banque au capital de 20 milliards de dollars

Hugo Chávez a raconté une anecdote : « Il y a quelques années, Fidel Castro m’avait demandé si je savais où se trouvaient les réserves financières du Venezuela. Je n’avais pas cette information. Les gouvernements précédents avaient négocié le dépôt de nos réserves avec les banques du Nord qui les déplaçaient d’un endroit à un autre et s’enrichissaient grâce à notre argent ». Avec la Banque du Sud, c’est une tout autre démarche qui se met en place, au service des peuples du Sud.
La Banque du Sud, dotée de la personnalité juridique, est née officiellement le samedi 26 septembre avec la signature de sa convention constitutive. L’accord a été signé par Cristina Fernández (Argentina), Evo Morales (Bolivia), Luiz Inácio Lula da Silva (Brésil), Rafael Correa (Equateur), Fernando Lugo (Paraguay), Tabaré Vázquez (Uruguay) et Hugo Chávez (Venezuela).

La Banque accordera des crédits aux pays membres de l’Unasur pour financer leur développement économique, social et environnemental. Elle accueillera l’épargne régionale et extra-régionale. Son siège principal sera situé à Caracas, avec d’autres sièges à Buenos Aires et La Paz. La Banque servira aussi à renforcer l’intégration régionale, à réduire les asymétries et à promouvoir une distribution équitable des investissements entre les pays membres, puis, dans une phase ultérieure avec l´Afrique.

Le capital total de la Banque est de 20 milliards de dollars, dont 10 milliards déjà autorisés. Les trois associés ayant la plus grande capacité économique (l’Argentine, le Brésil et le Venezuela) font un apport de 2 milliards chacun. L’Equateur et l’Uruguay apporteront 400 millions chacun, la Bolivie et le Paraguay 200 millions, la Guyana et le Surinam moins de 100 millions. Quant à la Colombie, au Chili et au Pérou, ils apporteront entre 400 et 2 milliards de dollars.

Communication, culture et éducation

Le président de la télévision interétatique Telesur, Andrès Izarra, a confirmé la signature de conventions avec les télévisions publiques du Mozambique, de l’Angola et de la Guinée- Bissau, dont les informations seront transmises en langue portugaise.
Ont également été annoncés le lancement de Radio Sud, autre passerelle avec l’Afrique, et le projet de l’Université des peuples du Sud.