Un candidat qui a prêté allégeance à l’Église peut-il présider l’Université de Strasbourg ?

L’Université de Strasbourg est un fleuron du système d’enseignement supérieur et de recherche français, le cinquième établissement de notre pays, si l’on en croit le « Classement de Shanghai ». Or, il est envisagé l’élection au siège de président de l’UNISTRA, fonction loin d’être uniquement honorifique, d’un prêtre catholique.

Il n’est évidemment pas question ici de mettre en cause les capacités intellectuelles ni la moralité du candidat, Michel Deneken, spécialiste de christologie et d’ecclésiologie, ancien Doyen de la Faculté de théologie catholique. Il convient seulement de rappeler le statut de cette faculté et de ses membres.

La Faculté de théologie catholique de Strasbourg est une création de l’Empire d’Allemagne à l’époque où celui-ci avait annexé l’Alsace. Le 5 décembre 1902, une Convention est signée, entre le Vatican et le Gouvernement impérial, une Convention en vue de l’érection d’une Faculté de théologie. Elle précise que :

  • « la nomination des professeurs se fera après entente préalable avec l’évêque. Avant d’entrer en fonction, les professeurs auront à faire la profession de foi entre les mains du Doyen, selon les formes et règles de l’Église »
  • « Si la preuve est fournie par l’autorité ecclésiastique qu’un des professeurs doit être considéré comme incapable de continuer son professorat […] pour manque d’orthodoxie […], le Gouvernement […] prendra les mesures propres à faire cesser la participation dudit professeur aux affaires confiées à la Faculté ».

Cette Convention fut confirmée après le retour de l’Alsace à la France, en 1923, et reste ainsi toujours en vigueur.

« Je suis un fonctionnaire d’État » ne cesse de répéter Monsieur Deneken …actuel vice-président de l’UNISTRA et candidat à la présidence. Un fonctionnaire bien particulier, avec une double allégeance, à la France et au Vatican !

On est en droit de s’inquiéter de la « liberté » d’un président qui a prêté allégeance à l’Église, comme on peut craindre pour la liberté des recherches acceptées par l’université si doivent être exclus par principe les thèmes non approuvés par l’Église. On peut aussi redouter de voir s’installer durablement la confusion entre science et spiritualité comme ce fut le cas, le 19 septembre dernier, lors d’un colloque scientifique organisé en présence …du Dalaï lama. Ce colloque était organisé par le même Michel Deneken qui brigue aujourd’hui la présidence de l’université.

Ce post est publié conjointement sur le site de l’association EGALE.