Au 21ème siècle, le combat laïque est planétaire

Dans le monde contemporain, la démocratie et le principe de tolérance sont nés contre l’État totalitaire en Angleterre au 17e siècle. Son philosophe de référence fut Locke. Le principe de laïcité quant à lui est né en France au 18e siècle pendant la Révolution française. Son philosophe de référence fut Condorcet. Son application institutionnelle concrète fut l’oeuvre de la partie de la Troisième République comprise entre 1881 et 1905.
De 1908 à nos jours, la laïcité a constamment reculé en France à l’exception les circulaires de Jean Zay de 1937 et la loi du 15 mars 2004 portant loi contre les signes religieux à l’école. Nous avons assisté à la croissance des financements publics des structures privées religieuses. Résultat : les écoles privées catholiques ont plus d’argent par élève que l’école publique ! La loi de 1905 ne s’applique toujours pas sur l’ensemble du territoire national.
Pourtant, beaucoup d’autres pays ont avancé en terme de laïcité : des éléments de séparation des églises et de l’État ont eu lieu au Portugal lors de la révolution des oeillets en 1974. Une constitution de séparation fonctionne en Suède depuis le 1er janvier 2000, la nouvelle Constitution de Bolivie possède des éléments de séparation, des pays comme les Pays-Bas, la Belgique ou la Suisse sont en avance sur certains dossiers de bioéthique et de société, la bataille politique au Bangladesh avance (1)“Nous n’avons maintenant plus aucun obstacle au retour des quatre principes – démocratie, nationalisme, laïcité et socialisme – proclamés dans le statut de l’Etat de 1972”, a déclaré le ministre bengali. La Cour suprême a récemment confirmé une décision déclarant nul et non avenu le cinquième amendement qui avait supprimé la laïcité comme principe constitutionnel en 1975. (JDD 21 février 2010) , etc.

Quant à la société civile, partout dans le monde des organisations féministes, des syndicats, des partis se réfèrent explicitement au principe de laïcité. Les deux Rencontres laïques internationales organisées par l’UFAL ont permis de le montrer. Cette année, le printemps révolutionnaire arabe se développe avec de nombreux discours se référant au principe de laïcité. Le discours médiatique qui voit dans tout mouvement de révolte dans les pays arabes et/ou musulmans la main des islamistes est une fois de plus contredit par la réalité.

Mais vous entendrez toujours clamer que la laïcité n’est que franco-française alors même que la France n’est plus le phare de la laïcité qu’elle a été. À force de reculer depuis 1908, la France est largement dépassée par d’autres pays dans certains secteurs (de bioéthique et de société notamment). En France, le lobby communautariste et clérical a réussi à devenir une sorte de « directeur de conscience » des directions de partis surtout de droite, mais aussi de gauche avec la complicité de plusieurs associations naguère laïques, par exemple la Ligue de l’Enseignement, qui ont montré pour le moins des attirances pour le modèle communautariste anglo-saxon.

C’est pourquoi la France n’est plus un modèle de laïcité. C’est pour cela que ce numéro de ReSPUBLICA salue l’initiative du Parti de gauche (PG) qui jette, avec son projet de loi-cadre sur la laïcité, un pavé dans la mare du lobby communautariste et clérical. ReSPUBLICA salue également l’initiative algérienne de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) réalisée autour du Parti pour la laïcité et la démocratie (PLD) et du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).
Ce numéro est donc un spécial laïcité. ReSPUBLICA continuera à informer ses lecteurs sur le combat laïque en France et dans le monde et développera une campagne d’éducation populaire sur la promotion du modèle laïque de la république sociale.

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 “Nous n’avons maintenant plus aucun obstacle au retour des quatre principes – démocratie, nationalisme, laïcité et socialisme – proclamés dans le statut de l’Etat de 1972”, a déclaré le ministre bengali. La Cour suprême a récemment confirmé une décision déclarant nul et non avenu le cinquième amendement qui avait supprimé la laïcité comme principe constitutionnel en 1975. (JDD 21 février 2010)