Malaisie : maintien de la peine de bastonnade prononcée contre une femme musulmane

Amnesty International a exhorté le gouvernement malaisien à décréter un moratoire sur les peines de flagellation après qu’une cour d’appel eut maintenu la peine de six coups de bâton à laquelle a été condamnée une femme musulmane pour avoir bu de l’alcool en public.

Lundi 28 septembre, la cour d’appel islamique de l’État de Pahang a confirmé la sentence prononcée contre Kartika Sari Dewi Shukarno.

Le mois dernier, la peine prononcée contre la jeune femme avait été suspendue sine die en attendant son réexamen. Auparavant, l’application de cette peine avait été reportée à la fin du mois de ramadan. Si la sentence est appliquée, Kartika Sari Dewi Shukarno, âgée de 32 ans, deviendra la première femme soumise à une peine de bastonnade en application de la charia (loi islamique) en Malaisie.

Amnesty International a exhorté le gouvernement malaisien à décréter un moratoire sur les peines de flagellation après qu’une cour d’appel eut maintenu la peine de six coups de bâton à laquelle a été condamnée une femme musulmane pour avoir bu de l’alcool en public.

« Le gouvernement malaisien devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher que ce châtiment inhumain ne soit utilisé, et il devrait décréter un moratoire sur les peines de bastonnade en attendant l’abrogation de la législation autorisant cette peine et les autres formes de châtiments corporels », a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Océanie d’Amnesty International.

« Depuis 2002, plus de 35 000 migrants illégaux, se sont vu infliger des coups de bâton ou de fouet. La bastonnade est une forme de châtiment cruel, inhumain et dégradant interdite par le droit international relatif aux droits humains. »

« Ces droits ne peuvent être suspendus en aucune circonstance. La Malaisie, qui a pour objectif d’atteindre le statut de nation développée d’ici la fin de la prochaine décennie, devrait montrer l’exemple dans la région en établissant les normes à respecter en matière de droits humains. »

Le 20 juillet, la haute cour islamique de l’État de Pahang avait condamné Kartika Sari Dewi Shukarno à une peine de six coups de bâton et une amende de 5 000 ringgits (près de 1 000 euros) après qu’elle eut plaidé coupable à l’accusation d’avoir consommé de l’alcool au bar d’un hôtel. Le juge avait également menacé d’incarcérer Kartika Sari Dewi Shukarno pendant trois ans si elle ne s’acquittait pas de son amende de 5 000 ringgits – qu’elle a réglée par la suite.

En septembre, le tribunal islamique de Pahang a également condamné un Indonésien musulman à six coups de bâton et un an d’emprisonnement pour avoir bu de l’alcool, et peu après le tribunal islamique de l’État de Selangor a condamné à six coups de bâton une femme et un homme musulmans surpris à vouloir avoir des relations sexuelles avant le mariage.

La bastonnade est actuellement appliquée à titre de peine complémentaire pour au moins 40 infractions en Malaisie, mais c’est la première fois que cette sentence est utilisée contre une personne reconnue coupable d’avoir violé les lois religieuses du pays.

La charia ne s’applique qu’aux musulmans, qui constituent 60 % des 28 millions d’habitants de la Malaisie. En juin 2009, le gouvernement malaisien a annoncé que 47 914 migrants avaient été condamnés à la bastonnade pour des infractions liées à l’immigration depuis l’entrée en vigueur, en 2002, de modifications à la loi sur l’immigration.