Civitas : la preuve par le fait

Il y a quelques jours, Civitas sortait du bois en publiant sur son site un texte dans lequel l’association catholique répond à la pétition lancée par l’Ufal et reprise par All Out. Rappelons que l’objectif de cette pétition est, somme toute, modeste : il s’agit de faire en sorte que Civitas cesse de se croire au-dessus des lois et de délivrer des reçus à ses donateurs ouvrant droit à déduction fiscale.

La réponse de Civitas a de quoi laisser perplexe. On aurait pu s’attendre à ce que l’association, prise la main dans le sac, contre-attaque en démontrant que ses objectifs relèvent bien de l’intérêt général : qu’elle argue de son caractère philanthropique, qu’elle montre qu’elle n’a de cesse d’œuvrer à la rédemption des âmes en les incitant à la conversion chrétienne. L’association aurait pourtant bien besoin de fournir à l’administration fiscale, qui s’est saisie du dossier, un solide argumentaire. Or, on ne trouve, dans ce texte, nulle trace d’un quelconque argument. Pour sa défense, Civitas n’a qu’une seule chose à dire : « C’est celui qui dit qui y’est ». Toutes les associations, si l’on comprend bien ce que les auteurs ont voulu dire, seraient coupables du même forfait. Non seulement cette réponse rappelle furieusement la cour de récréation, mais elle est aussi une manière de reconnaître que l’accusation portée contre Civitas est vraie, et que c’est indûment qu’elle délivre à ses donateurs des reçus fiscaux.

L’infantilisme de cette réaction aurait de quoi faire sourire, sans la phraséologie nauséabonde dont usent ses auteurs. Cette phraséologie sans nuance transpire la haine et le ressentiment. Sous leur plume, tout se transforme en injure : défendre le principe de laïcité, militer à gauche, être franc-maçon, homosexuel, être attaché au droit à l’avortement et à celui de mourir dans la dignité revient, pour les auteurs du texte, à être un « bouffeur de curés », à faire partie de la « gauche caviar », des « frères trois-points », du « lobby homosexuel », du gang des « avorteurs » (?) et des propagandistes de l’euthanasie ». Manifestement, les auteurs de ce texte ne savent rien faire d’autre qu’insulter, invectiver, aboyer. Cette incapacité d’argumenter, d’exprimer sa pensée de façon claire et fine, de faire valoir rationnellement la légitimité d’une position, explique peut-être la rapidité avec laquelle les militants de Civitas recourent à la violence quand ils manifestent, et leur affligeante inclination à montrer leur « virilité » à coups de pieds.

En plus de la haine, le texte transpire la paranoïa. Plutôt que de répondre aux accusations dont ils font l’objet, les auteurs de ce texte versent dans la théorie du complot. La prose est à ce point délirante qu’elle ne peut être comprise que par ceux qui souffrent des mêmes obsessions. En somme, c’est moins à leurs contradicteurs que les auteurs de ce texte s’adressent qu’aux membres de la clique à laquelle ils appartiennent et auxquels ils envoient des signaux. Que bien peut signifier l’expression « avoir une vision homosexualiste » du monde ? Quel sens peut avoir l’expression de « Khmers roses » ? Tout cela est inepte. Les militants de Civitas méprisent-ils l’intérêt général au point de ne même pas consentir à écrire un texte lisible par tous et dans lequel ils s’expliqueraient ? Ne savent-ils faire rien d’autre que servir la pâtée ordinaire de l’extrême-droite ?

Ce texte nauséeux, violent, et finalement idiot, est en lui-même la preuve que Civitas est à mille lieues de remplir les conditions permettant à une association de se prétendre d’intérêt général. L’administration fiscale jugera.