Mode de déplacement écologique : le train à hydrogène À quelles conditions cela pourrait être une avancée vers la transition écologique ?

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Photo du train à hydrogène d'Alsthom

La SNCF s’apprête à remplacer ses locomotives et rames diesel et, pour cela, a annoncé la signature avec Alstom d’un premier contrat portant sur l’achat d’une quinzaine de trains à hydrogène qui ont l’avantage de ne produire aucun GES (gaz à effet de serre).

Plusieurs mois après, la SNCF attend désormais des collectivités concernées qu’elles aient toutes validé leur participation au contrat pour lui notifier définitivement la commande.

Production française et locale, maintien de l’emploi en France et des acquis sociaux

Même si nous ne pouvons que regretter et dénoncer l’apathie de l’État (dans les années 90, Alcatel Alstom était un leader mondial, un conglomérat français, un empire patiemment construit en quelques décennies) qui n’a rien fait pour s’opposer à la vente à l’américain Général Electric de la filière industrielle et électrique d’excellence, nous ne pouvons que nous satisfaire de la décision de construire les futurs trains à hydrogène à Reischshoffen (Bas-Rhin).

L’imbroglio de l’acquisition par Alstom de la branche ferroviaire de Bombardier (le rachat de Bombardier Transport a eu lieu le 16 septembre 2020 pour un montant de 5,3 milliards d’euros) donne des sueurs froides à tous ceux et toutes celles qui sont attachés à la pérennité du site français et de son savoir-faire industriel. Cette acquisition suppose, pour satisfaire à l’exigence de la Commission européenne d’une « concurrence libre et juste », de céder le site de Reichshoffen avec sa plateforme CORADIA polyvalent et ses 780 salariés. L’Union Européenne a cependant accepté, à la demande d’Alstom, qu’il en soit autrement en accordant un délai jusqu’en juillet 2021 pour finaliser la cession.

La direction d’Alstom donne sa préférence à SKODA Transportation (5000 salariés). L’intersyndicale accorde sa préférence à l’Espagnol CAF (Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles) qui dispose d’atouts qui semblent plus intéressants avec ses 13 000 salariés, son positionnement sur le marché, sa volonté de faire du site de Reichshoffen le Centre d’excellence mondial dans le domaine de l’hydrogène, de développer le site et de maintenir l’ensemble des emplois et des acquis sociaux.

Au-delà de la décision qui sera prise, une cession soit à Skoda soit à CAF, nous ne pouvons que nous interroger sur la logique de la Commission européenne qui impose de démanteler en partie une grande entreprise comme Alstom, fleuron industriel français, comme cela avait commencé avec la vente de la filière électrique à GE, et de risquer de remettre en cause l’avenir du site français de Reichshoffen (Bas-Rhin) et des emplois qualifiés dans un secteur où le gouvernement a annoncé un plan hydrogène pour promouvoir la motorisation à hydrogène (7 milliards d’investissement prévus). Est-il logique économiquement, technologiquement et socialement de séparer la motorisation hydrogène développée par Alstom qui devrait a priori rester dans son giron et l’assemblage des trains qui devrait relever du site alsacien quel que soit le repreneur ?

Des perspectives intéressantes pour l’emploi et la transition écologique dans le domaine des transports existent :

  • Skoda : contrat cadre de 1000 trains REGIOLIS/SNCF pour 9 régions françaises. À ce jour, 300 trains ont été livrés avec une prévision d’une centaine supplémentaire,
  • CAF : développement et de fabrication de la partie du méga contrat MING (Matériel Interconnexion Nouvelle Génération) pour le RER B en Île-de-France, si leur consortium remportait cet appel d’offre. Cette charge pourrait représenter 8 à 9 ans de charge pour le site.

Production d’hydrogène : imaginer une synergie écologique

L’usine chimique du site de Thann s’organise autour d’une électrolyse à membrane à la pointe de la technologie, inaugurée en 2015, pour la production de chlore (Cl2) et d’hydroxyde de potassium (KOH) liquide. L’hydrogène produit semble être considéré comme un déchet rejeté dans l’atmosphère. Pourquoi ne pas imaginer d’utiliser cet hydrogène, quasiment gratuit pour les trains à hydrogène et pourquoi pas pour les bus ou même les voitures ?

Fabrication d’hydrogène : écologiquement et socialement neutre ?

Si l’usage de moteurs à hydrogène est sur le plan écologique très positif, la production d’hydrogène nécessite de l’électricité et n’est donc pas forcément neutre en fonction de l’énergie utilisée pour fabriquer cette électricité indispensable à l’opération d’électrolyse, énergie d’origine nucléaire avec les dangers inhérents et les conditions désastreuses d’extraction dans les pays comme le Niger (un certain nombre de maladies qui touchent les personnes mais aussi les animaux inhabituelles dans cette zone, des millions de résidus exposés à l’air libre, pollution durable et exposition permanente à la radioactivité) et pour l’environnement et pour les mineurs, énergies d’origine fossile comme le charbon, le pétrole et le gaz.

 

Nécessité d’un plan national de production écologique d’électricité et d’une réduction de la consommation d’énergie

Cela suppose un plan national pour :

  • une transition énergétique avec un double axe sobriété/efficacité afin que les besoins soient couverts par les énergies renouvelables dans le cadre d’un pôle public de l’énergie en renationalisant Edf et Engie en lien avec des coopératives locales de production et de consommation d’énergies renouvelables,
  • un développement des énergies renouvelables,
  • une sortie des énergies carbonées,
  • une isolation des logements,
  • une relocalisation des productions afin d’éviter au maximum les transports longues distances,
  • une production agricole biologique basée sur la transformation sur place, les circuits courts, la vente directe, diversifiée (polyculture-élevage non industriel sur pâturage),
  • un autre mode de consommation moins énergivore : sortir de la consommation effrénée de masse qui exige la manipulation des consommateurs au travers de la publicité, qui revient à nous abreuver de spots publicitaires pour nous pousser à acheter tel ou tel produit de telle ou telle marque même si nous n’en avons ni l’utilité ni l’usage.

Toutes ces interrogations exigent, de la part de toutes celles et ceux qui appellent de leurs vœux une société qui vise l’autonomie des individus (à ne pas confondre avec l’atomisation en engendrée par l’ultralibéralisme), un travail d’éducation populaire afin que chacune et chacun prennent conscience des enjeux quasiment de civilisation et :

  • que « vivre mieux » suppose de vivre autrement. Pour cela, il faut dégager du temps libre en travaillant moins et en consommant moins,
  • que moins consommer implique l’autolimitation qui doit être le souci fondamental de l’écologie politique et est la composante intrinsèque de l’autonomie,
  • que cela nécessite le rejet et du socialisme autoritaire qui dominait dans les ex-pays de l’Est et du capitalisme,
  • qu’il faut élaborer un projet politique et susciter un combat collectif pour faire de la notion du « suffisant » et de la « frugalité abondante » le paradigme essentiel de cette nouvelle société,
  • que cela exige l’organisation d’un débat majeur sur la façon de vivre ensemble, de produire et de consommer que nous voulons ou souhaitons.