Désindustrialisation de la France et cadeaux au patronat en hausse !

Article publié dans le quotidien Le Progrès Social du 2 septembre 2016.

Petit à petit, la France s’est tiré une balle dans le pied par l’accélération de sa désindustrialisation. Les néolibéraux français ont cru qu’en accélérant la désindustrialisation de la France, ils allaient pouvoir se focaliser sur les services et lutter ainsi contre la baisse des taux de profit qui avait surgi à la fin des années 60. Giscard d’Estaing et tous ses successeurs à la présidence de la République jusqu’à nos jours ont favorisé cette politique. Malgré le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et l’ensemble du Pacte de responsabilité de François Hollande, c’est l’industrie qui fait augmenter le déficit de la balance commerciale de la France. En fait, des dizaines de milliards d’argent public en pure perte pour la France sauf pour la poche des patrons. Au premier semestre 2016, le déficit est monté à 24 milliards d’euros (+ 1,5 % par rapport au premier semestre 2015). En un mot, c’est un fiasco ! Malgré la baisse du prix du baril de pétrole de 15 % dans le deuxième semestre 2015 et de nouveau de 21 % durant le premier semestre 2016 (pour un allégement de 4 milliards du coût de l’énergie), le déficit des échanges des produits manufacturés a augmenté de 4,5 milliards. Comme François Hollande n’a pas assez vendu d’avions aux financeurs et soutiens directs ou indirects des islamistes (Arabie saoudite, Qatar et autres monarchies pétrolières, Turquie, etc.), que l’excédent des ventes agroalimentaires diminue, que les déficits augmentent en chimie, dans l’automobile, dans les machines-outils, etc., le désastre est patent.
Mais la direction solférinienne est tellement persuadée de la justesse de son dogme religieux néolibéral, qu’ils ont décidé d’intensifier la politique qui ne porte pas ses fruits sauf qu’ils alimentent les poches du patronat sans contreparties (serait-ce le but caché ?). Alors qu’au départ, le CICE était un crédit d’impôt avec comme assiette la somme des rémunérations versées dans la limite de 2,5 fois le SMIC et comme taux 4 %. Ce taux est passé à 6 % en janvier 2014 et François Hollande souhaite augmenter le cadeau au patronat en le passant à 7 % ! Voilà comment le cadeau au patronat via le CICE est passé de 11,3 milliards en 2013, 18,1 milliards en 2014, 18,7 milliards en 2015, 19,2 milliards en 2016, 23 milliards en 2017. L’année électorale a du bon pour le patronat ! Le rapport sénatorial présenté par la sénatrice communiste Mme Beaufils dit dans le langage châtié de la Haute assemblée que le CICE est un « outil complexe, dispersé, et à l’efficacité incertaine » ou encore qu’une note de la Direction générale des finances publiques du 9 juillet 2013 stipule qu’« aucun rappel ne pourra être motivé par une utilisation à des fins autres que celles énoncées dans la loi »!

Que faire ?

Outre que ces cadeaux au patronat n’ont aucun effet positif sur l’économie mais sont un pur produit de la lutte des classes favorable aujourd’hui au patronat, nous pouvons dire qu’il n’y aura pas de transformation sociale et politique sans une nouvelle politique de réindustrialisation de la France. Bien évidemment cette réindustrialisation devra s’effectuer avec la nécessaire rupture écologique et sa transition énergétique. Mais nous pouvons voir que peu de débats ont lieu sur cette nécessaire réindustrialisation de la France dans la gauche en général et dans la gauche de la gauche en particulier. Il suffit de regarder les ordres du jour des universités d’été pour voir que ce débat est quasiment absent des préoccupations militantes aujourd’hui. Avec la laïcité, l’école, les services publics, la protection sociale, le fossé existant entre les partis et les couches populaires ouvrières et employées, le déficit des pratiques d’éducation populaire refondée, la double besogne, la stratégie de l’évolution révolutionnaire, la République sociale, la politique industrielle est un des nombreux débats qui sortent du conformisme des débats secondaires dont la période estivale nous a gratifiés.