Soutenons le droit du peuple grec à prendre en main son destin

NDLR – ReSPUBLICA est parmi les signataires de ce texte. Un meeting parisien est prévu dans les prochains jours (à suivre sur www.syriza-fr.org)

Nous, organisations politiques et syndicales, associations citoyennes françaises, souhaitons alerter l’opinion publique au sujet de la situation politique et sociale en Grèce aujourd’hui. Nous sommes unis par le souci de voir la démocratie et la transformation sociale progresser à nouveau en Europe.

A l’issue de près de cinq années d’austérité imposée par la troïka de la Commission Européenne, de la BCE et du FMI, qui ont conduit le pays dans un désastre économique et social sans précédent, les Grecs sont appelés à exprimer leur volonté dans les urnes. Tout laisse présager le désaveu des politiques austéritaires qui ont été appliquées et la montée électorale des forces qui les contestent.

La victoire de SYRIZA peut ouvrir la voie à la fin de la politique néolibérale d’austérité mise en œuvre par les gouvernements grecs et à la tutelle de la Troïka, au rétablissement de la souveraineté populaire et du cadre démocratique, à la sauvegarde des services publics et du patrimoine public, à la redistribution des richesses en faveur de la population. Comme le montrent les manifestations massives au Portugal, en Espagne et plus récemment en Italie, ou la grève générale en Belgique, l’injonction de rembourser aux détenteurs de capitaux des dettes illégitimes au prix de la destruction d’un modèle social ne passe plus.

Une telle rupture avec les recettes néolibérales est aujourd’hui nécessaire dans l’ensemble des pays européens et notamment en France. Les Mémorandums, la mise sous tutelle des pays les plus fragiles par la Troïka doivent cesser immédiatement. Aujourd’hui, le poids de la dette publique sert de justification aux politiques austéritaires. C’est pour cela que nous considérons qu’il faut soutenir l’exigence portée par Syriza d’annulation de la plus grande partie de la dette publique et conditionner le remboursement de l’autre partie à la satisfaction effective des besoins de la population en matière d’alimentation, d’habillement, de santé, de logement, d’éducation, d’emploi, d’environnement et de sécurité publique qui représentent autant de droits fondamentaux. Ces mesures, qui sont une nécessité urgente pour les Grecs, sont un exemple à diffuser et à débattre. Elles doivent s’accompagner d’un audit citoyen de l’ensemble des dettes souveraines en France comme en Grèce et dans le reste de l’Europe, audit que sommes nombreux à avoir porté depuis 2011.

C’est au peuple grec de prendre en main son destin. Nous nous opposons fermement à toutes les tentatives actuelles d’ingérence dans la vie politique grecque de certains dirigeants européens que ce soit par des déclarations publiques ou par des mesures visant à créer un climat de peur et d’intimidation. Nous dénonçons également toute tentative de désinformation concernant l’état réel de la Grèce et les positions soutenues par les forces qui rejettent les Mémorandums. Nous nous opposerons demain avec la même fermeté à toute tentative de chantage et d’isolement à l’encontre d’un gouvernement grec qui prendrait le contrepied des choix actuels.

Nous vivons un moment historique. Les mouvements sociaux massifs dans le pays ont construit une solidarité contre la crise. L’arrivée au gouvernement d’une force de rupture avec l’austérité en Grèce peut ouvrir la voie à un bouleversement politique à l’échelle européenne. Cela contribuerait à donner un souffle nouveau aux mobilisations sociales et citoyennes, à faire reculer l’abstention et à donner un coup d’arrêt à la montée de l’extrême droite. C’est pour cela que dans les semaines et les mois qui viennent nous manifesterons partout en France notre solidarité avec le peuple grec, avec l’espoir qui émerge en Grèce et qui est aussi le nôtre.