Si vous rencontrez des difficultés pour lire cette lettre, cliquez ici : http://www.gaucherepublicaine.org/lettres/499.htm

  1. chronique d'Evariste
    1. Non de gauche : la messe est dite !, par Évariste
  2. néo-libéralisme
    1. Le carnaval des Tartuffe, par Raymond MARI
    2. Le gouvernement bientôt complice d'une mauvaise action contre la santé publique ?, par Lucette Guibert
    3. Pas de charter pour moi, par Roger Delporte
    4. Question au gouvernement, par André GERIN
  3. combat féministe
    1. Huis clos, par Simon Archipenko
    2. Un comportement qui vient du Coran, par Hakim Arabdiou
  4. Les limites du communautarisme
    1. Scandale : le Mrap, tolérant avec l'intégrisme islamique, infiltre l'école publique, par Julie Laporte
    2. Les casseurs, des révolutionnaires?, par Mireille Popelin
  5. Barbarie
    1. Il est encore temps d'agir pour sauver les populations du Darfour, par Michaël Chetrit, Mahor Chiche
  6. obscurantisme religieux
    1. Le premier musée de la création, par Rosa Valentini
  7. Extrême Droite
    1. Association de malfaiteurs, par Yann Fiévet
  8. à lire
    1. "La laïcité-actualité et histoire d'une idée", et "L'Opus Dei, un eglise a coeur de l'église", par Bernard Teper
  9. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Non de gauche : la messe est dite !

Nous redevenons sérieux, le temps d'un numéro, entre Noël et le jour de l'An. Mais c'est promis, après le numéro iconoclaste sur Noël, vous aurez, pour vos étrennes, un numéro spécial, le 500e numéro de Respublica, au petit matin du 1er janvier.

Il n'y a donc pas eu de surprise, dans le long feuilleton du " non de gauche ". Les militants communistes ont confirmé, par un vote massif, le choix déjà majoritaire des collectifs, en faveur de Marie-George Buffet. Jusqu'au bout, on a assisté à un véritable pilonnage de toute la gauche antilibérale, excepté PRS, pour faire fléchir la direction du PCF. On était mal à l'aise, devant un front unique, allant des Indigènes de la République (Hamina Bensadia), aux républicains de gauche (Mars et la Gauche républicaine de Pierre Carassus).

La candidature de Jean-Luc Mélenchon, qui pensait pouvoir être le rassembleur de tous ces courants, a fait long feu, et cela suscitera sans doute des débats animés, puisque ses deux stratégies (soutien à Fabius, et trait d'union des collectifs) ont échoué, contraignant le député de l'Essonne à rentrer au bercail (dont il n'est jamais vraiment sorti, d'ailleurs), où il est possible qu'on lui rappelle quelques phrases assassines prononcées contre Ségolène ! Il lui restera à faire une campagne contre l'extrême droite et la droite alors qu'il aurait préféré promotionner ses idées républicaines de gauche.

Le summum a été atteint quand un texte commun, signé de Salesse et d'Autain, entre autres, se disait prêt à accepter la candidature du député européen Francis Wurtz, à la place de Marie-George Buffet ! Tout cela pour être prêt à accepter cela, Wurtz à la place de Buffet !

On ne peut que comprendre la direction du PCF, qui ne peut accepter des ultimatums de personnes comme Clémentine Autain, qui ne représente qu'elle-même. Mais cette direction a été victime de ses ambiguïtés, et notamment de ses alliances passées avec le courant Braouzec et les Indigènes de la République. Elle a été victime de ses ambiguïtés et de sa stratégie de vouloir courir après l'extrême gauche, qui n'a qu'une envie : voire le PCF disparaître, pour demeurer les seuls interlocuteurs face au parti socialiste honni. Nul doute que tout cela va occasionner une crise grave à l'intérieur de ce parti. Nul doute que Marie-George Buffet ne fera pas un gros score.

Besancenot, s'il a ses 500 signatures, et Arlette Laguiller, qui les aura, rêvent sans doute, comme en 2002, de lui passer devant. Pourtant, tout ce scénario est du pain béni pour la direction du Parti socialiste, désormais en ordre de bataille derrière Ségolène Royal, désormais soutenue par Jean-Pierre Chevènement.

On va donc se retrouver avec les Verts (s'ils vont au bout), le PCF, la LCR, LO, et le PT, via la candidature d'un maire de petite ville.

Les électeurs de gauche sont pragmatiques, et nul doute que devant cette mascarade, ils auront le réflexe de voter utile dès le premier tour, pour ne pas se retrouver dans la même situation que le soir du 21 avril 2002. Joli gâchis, quand on voit quelle était la situation, au soir du 29 mai 2005 !

Du côté de la droite, Sarkozy enchaîne les bonnes et les mauvaises nouvelles. Les ralliements à sa candidature se multiplient. Kouchner a l'air prêt à y aller, tandis que Bernard Tapie amène son soutien au maire de Neuilly. On ne sait si ce soutien, comme celui de Doc Gynéco, est lié à des promesses fiscales, mais on attend avec impatience les duettistes Nanard-Sarko sur les tribunes, pour faire oublier l'image désastreuse de Johnny.

Au sujet de Sarkozy, j'ai entendu une bonne formule, l'autre fois, qui le résume bien, lui qui encourage les milliardaires à quitter la France : " Dur avec les faibles, et faible avec les forts ".

Pendant ce temps-là, comme tous les ans, on découvre la réalité de l'exclusion et de la précarité, avec les SDF. Mais on découvre surtout une réalité jusqu'à maintenant bien dissimulée : de plus en plus de SDF sont des travailleurs pauvres, qui n'ont pas de quoi se loger. Voilà le résultat éclatant du système dans lequel on vit : les salaires diminuent de plus en plus, les salariés sont victimes du chantage aux délocalisations, de la concurrence qu'on leur fait subir avec la sous-traitance, parfois effectuée par des salariés étrangers, sur le territoire français, tandis que le prix des loyers a tellement progressé qu'il est de plus en plus difficile aux salariés des classes moyennes de trouver un appartement, tandis que les précaires et les salariés pauvres dorment sur le trottoir.

Mieux que de longs discours, voilà résumé ce qu'est la brutalité du système dominant.

Voilà ce qu'aurait pu dire, en s'appuyant sur la victoire du " non ", un candidat rassembleur qui tienne un discours qui rompe radicalement avec celui de l'UMP et du PS, en pointant les responsabilités des libéraux, certes, mais aussi celles de la politique de Bruxelles, de l'ouverture à la concurrence, de la déstructuration des services publics, de la volonté d'en finir avec les Etats-Nations, etc.

Certes, ces discours seront tenus par des candidats, et même Ségolène Royal peut se laisser aller à se montrer critique avec la politique de Bruxelles et de la BCE.

Mais surtout, l'immense danger, devant la mascarade du non de gauche, est de laisser le juste ressentiment du peuple français contre l'Union européenne s'exprimer par la bouche de Villers ou Le Pen, qui sauront trouver les accents démagogiques capables de séduire l'électorat populaire.

Raison de plus, et vous pouvez faire confiance à Respublica en 2007, pour mener un combat internationaliste, laïque, social et républicain, d'abord contre l'extrême droite, et ensuite contre le communautariste Sarkozy, pour empêcher un nouveau 21 avril.

Finissez bien l'année, et ouvrez votre ordinateur pour votre numéro spécial du 1er janvier 2007.

La rédaction vous embrasse tous.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - néo-libéralisme

2.1 - Le carnaval des Tartuffe

Le droit à la santé (inscrit au préambule de notre Constitution) est depuis plusieurs années la cible des " libéralisateurs " de tous poils qui lorgnent le pactole (plus de 190 Milliards d'Euros en 2005) qui échappe encore au marché de leurs rêves, du fait du relatif encadrement que l'Etat y a instauré, afin d'assurer quelque réalité au principe d'un égal accès aux soins pour tous.

Moins d'Etat...assènent-t-ils constamment pour que les vertus dudit marché puissent enfin nous conduire vers une société dite " de responsabilité ".

Les maîtres mots sont lâchés : " libre et responsable " !

Sur le plan des réalités, au delà de cette " idéologie ", quelques éléments sont à méditer :

- Pour les soins de ville en ce qui concerne les médecins, les remises en cause successives de l'encadrement des honoraires (secteur de liberté tarifaire en 1980, loi " Douste-Blazy " en 2004, bientôt secteur optionnel) entraînent dans certaines régions (Ile de France et PACA par exemple) et plusieurs spécialités (chirurgie, urologie, endocrinologie, notamment) une situation catastrophique pour les populations fragilisées. Le montant des dépassements, non remboursés par la Sécu et très partiellement par les assurances complémentaires augmente de 10,6% par an entre l'année 1980 et l'année 2004. Conséquences : de plus en plus de malades renoncent à se soigner (15% de la population, 30% des chômeurs).

- Pour ce qui est des soins dentaires prothétiques, on connaît la scandaleuse vacuité de la Sécu (couverture d'à peine 30%). Là également, les dépassements augmentent entre 1995 et 2004 d'environ 5% par an. La défaillance du contrôle public entraîne une inflation des prix pour le patient, sans commune mesure avec les coûts de revient pour le dentiste. Résultats : les ressortissants Français ont un état de santé dentaire déplorable.[1]

Sur le plan purement économique, le montant global des dépassements tarifaires (non remboursés par la Sécu) s'élève en 2004 à plus de 5,5 milliards d'Euros !

Charge considérable transférée, en partie seulement, sur les assurances complémentaires pour les privilégiés qui disposent d'un contrat, forcément plus onéreux, qui prend en charge, souvent partiellement, les dépassements.

Mais ce transfert est loin de gêner les entreprises d'assurances complémentaires. Dans un récent colloque (les Amphis de la santé) la directrice générale de Swiss Life prévoyance et santé a estimé le marché de la complémentaire " très attractif ". Les perspectives de croissance atteindraient 10% alors qu'elles ne sont que de 2% pour l'assurance des biens.

Dans l'avenir radieux de l'assurance complémentaire santé, elle a remarqué que les réformes récentes de l'assurance maladie (la Sécu) avaient permis que " les besoins et les attentes des usagers du système de soins soient plus individualisées et personnalisés ". En conséquence l'offre des complémentaires " n'a jamais autant été diversifié ". Elle a notamment vanté les solutions proposant, à l'instar des assurances automobiles, des formules avec bonus pour les faibles consommants.[2]

Aux quelques critiques formulées par les participants dénonçant la sélection des clients et le rejet des risques lourds, elle a opposé l'imperturbable loi du marché : " la Sécu assure la solidarité nationale alors que l'assurance est soucieuse des droits des consommateurs" !

Sans doute s'est-elle inquiétée de quelques effets collatéraux de ladite réforme : 20% des étudiants ne s'assureraient plus. 7% des adhérents de Swiss Life ont résilié leurs contrats pour ne plus s'assurer du tout. Compte tenu de l'augmentation permanente des contrats d'assurance complémentaire, son commentaire (" la valeur de la complémentaire santé n'est plus perçue par certaines populations ") relevait peut-être d'une forme d'humour.

Dans ce contexte individualiste, comment s'étonner d'assister au réflexe d'une proportion conséquente de médecins et encore plus, de dentistes, qui refusent de soigner les titulaires de la CMU et ce, en deçà d'une attitude simplement humanitaire, malgré les obligations légales et déontologiques qui sont les leurs ?

Cette incroyable régression du sentiment de solidarité, authentifiée et mesurée par plusieurs enquêtes, a donné lieu à un rapport de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGASS) qui, logiquement, puisque les règles fixées par la loi ne sont pas respectées, préconise un certain nombre de sanctions.

Après quelques gesticulations de principe[3], le Ministre des professions de santé libérales (X. Bertrand) n'entend pas que l'on impose une quelconque discipline à une corporation, couverte de cadeaux depuis quelques années par le pouvoir actuel. " On verra ", après une période de concertation, longue sans doute. Pour que les malades pauvres puissent se soigner, " on verra bien entendu... !

Puisqu'il s'agit d'une nouvelle forme de démocratie, nous conseillons aux citoyens ordinaires en contravention avec la loi, d'engager une concertation avec la police et les juges !

Moins d'Etat... ! Un des chantes de l'économie libérale (A. Smith) qui vantait les vertus de " la main invisible du marché " évoquait vraisemblablement l'interdit qu'elle impose aux insolvables.

Notes

[1] Même situation pour les frais d'optique pris en charge par la Sécu à hauteur de 4% !

[2] Bien entendu, dans cette logique, il faut prévoir des mécanismes d'exclusion pour les forts consommants.

[3] Après avoir fustigé les mots d'ordre de dépassements tarifaires généralisés, il a voulu instaurer un nouveau secteur de liberté des honoraires (le secteur optionnel) par ordonnance. Initiative rejetée par le Conseil Constitutionnel pour des raisons de forme. Il a l'intention de l'imposer par une nouvelle procédure législative

Raymond MARI

2.2 - Le gouvernement bientôt complice d'une mauvaise action contre la santé publique ?

Le Projet de loi n° 3062 "portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine du médicament" a pour objet notamment de transposer la Directive européenne 2004/27/CE sur le médicament. Il va être examiné par les députés le 11/01/07.

Ce projet de loi contient un intrus : l'article 29-10, qui habilite le gouvernement à prendre une ordonnance (!) sur un sujet qui ne découle pas du droit communautaire (!):

".... pour régir les actions d'accompagnement des patients soumis à des traitements médicamenteux, conduites par les établissements pharmaceutiques, et définir les conditions de leurs contrôles par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé ".

Le projet d'ordonnance est plus explicite sur ces actions d'accompagnement (section 4) et il indique que les firmes pourront, par l'intermédiaire des médecins, mettre en place des: "dispositifs individualisés (relance téléphonique, numéro vert, éducation personnalisée pour les patients, envoi d'infirmiers à domicile, etc.)"

Les laboratoires pharmaceutiques rêvent de fidéliser leurs " clients ". Mais la publicité directe auprès des malades est interdite par la législation européenne pour les médicaments pouvant se révéler dangereux. Les entreprises du médicaments n'ont jamais accepté cette interdiction ; elles prétendent de leur compétence de faire de l'information pour améliorer le bon usage du médicament: c'est cela faciliter l'observance et régir les actions d'accompagnement.

Mais à qui faire croire que les industriels du médicament peuvent être "juge et partie" quand des médicaments dont ils tirent leurs profits se révèlent dangereux ? Qui fait confiance aveuglement à l'éthique des laboratoires ? Une réelle information doit mettre à égalité les 2 parties ; une réelle information doit être fiable, comparative et adaptée.

Que les entreprises du médicament utilisent l'aide à l'observance pour contourner cette interdiction de publicité directe auprès des consommateurs, c'est compréhensible, car c'est le rôle des industriels de vendre et de faire des profits.

Que le gouvernement prétextant la transposition d'une directive européenne rende possible cette intrusion directe des laboratoires auprès des malades, c'est inadmissible, car son rôle est de préserver la santé publique et de protéger les malades.

Nous demandons aux parlementaires de ne pas participer à cette mascarade.

Pour en savoir plus, les différents textes sont accessibles sur le site de la revue Prescrire

Ce communiqué est diffusé à tous les parlementaires. Nous demandons à nos adhérents d'assurer le suivi des positions et des votes et de leurs députés.

Lucette Guibert

2.3 - Pas de charter pour moi

C'est décidé... je reste en France.

J'ai du mérite car mes conseillers fiscaux, alléchés par ma plantureuse retraite qui a perdu en 5 ans 10% de son pouvoir d'achat, voulaient que je m'expatrie.

Mais mon sang civique n'a fait qu'un tour : pas question d'aller au paradis fût-il fiscal! Qui paierait les installations sportives où brillent nos patriotes internationaux et nos salles de spectacles où les fans viennent déverser leurs maigres ressources?

Nouvelles cathédrales des temps modernes , stades et zéniths font le bonheur des bétonneurs et des managers de stars qui s'empressent de mettre à l'abri le fruit de nos impôts.

Ceux qui trouvent légitimes ces incivilités sont les mêmes qui ont réclamé que les écoliers apprennent la Marseillaise dès l'école primaire en soulignant que l'appartenance à la communauté nationale imposait quelques devoirs.

Ne devrions-nous pas obliger ceux qui portent le maillot d'une équipe de France à se domicilier fiscalement en France comme " le travailleur qui souffre "? Bien sûr les entreprises qui trouvent tant de manne à distribuer pourraient trouver d'autres moyens de satisfaire ce patriotisme économique qui leur tient à coeur. On pourrait même inventer un César du Civisme sorte d'ISO éthique.

Danton à qui on avait conseillé d'émigrer pour échapper à la Terreur avait répondu : " On n'emporte pas sa patrie à la semelle de ses souliers "

Roger Delporte

2.4 - Question au gouvernement

Monsieur le Premier ministre, il est insupportable que nous soyons au chaud, alors que des êtres humains vont peut-être mourir de froid.

L'hiver est là. Rappelons-nous les SDF qui ont péri, l'hiver dernier. Cela se passe en France, pays riche où un million d'enfants vivent en dessous du minimum de pauvreté.

Quelle honte pour notre pays de revoir les campements et les bidonvilles des pauvres en survie ! (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

Arrêtons les cache-misère, les larmes de crocodiles !

Pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion, cessons de mener la guerre aux pauvres ! Des hommes, des femmes et des enfants sont privés d'électricité, malgré la loi du 30 juin 2006. On les brise et les méprise, même pendant la période hivernale.

Aujourd'hui, 20 décembre, 20 000 familles sont pénalisées dans le Rhône : 15 % d'entre elles subissent des coupures totales ; 30 % sont limitées à une puissance de 1 000 watts - à peine de quoi faire fonctionner un petit chauffage d'appoint - et 55 %, à 3 000 watts.

Le droit à l'énergie leur est refusé, dans une France où des gens se gavent, où l'opulence règne et qui regorge de richesses. C'est inhumain, odieux et obscène.

Comble du mépris : EDF gagne de l'argent en coupant les compteurs. C'est, en grandeur nature, le dépeçage du service public pour le compte de financiers parasites qui rêvent tout haut de faire leurs choux gras de notre société nationale d'électricité et de gaz. (" La question ! " sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

Monsieur le Premier ministre, refusons cette France égoïste. Agissons pour ne pas être coupable de non-assistance à personnes en danger de mort ! (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

Allez-vous décider l'abolition des coupures d'électricité et de gaz, dans l'esprit de l'humanisme de la France ? Allez-vous répondre à la souffrance de dizaines de milliers de familles populaires ? (Applaudissements sur les bancs du groupe des député-e-s communistes et républicains et sur quelques bancs du groupe socialiste.)

Mardi 19 décembre 2006 - 2ème séance

André GERIN

3 - combat féministe

3.1 - Huis clos

Mardi 20 décembre, palais de justice de Lyon. Sont appelés à comparaître deux tristes sires. Un père, un fils. Il manque quelqu'un. Ou plutôt quelques-uns. Tariq Ramadan et son frère Hani, l'imam Bouziane, le recteur de la mosquée de Lyon, représentant de l'UOIF que les gens, pauvres en esprit, écoutent à en commettre le pire.

A la mi novembre donc, ce père et ce fils, Amor et Hani, pour l'un coince sa fille et pour l'autre roue sa soeur de coups de poings et de pieds. Il est boxeur amateur ! Humiliations suprême, il la couvre de crachats et la tond.

Cet acte est fort du symbole d'atteinte à la féminité.

Quelles étaient donc les raisons de cet acharnement sur cette jeune fille de 18 ans ? Bouthaïna, telle est son prénom, jeune fille en train de s'émanciper comme toutes les autres filles de sa génération, vivait une amourette avec un jeune homme, Paco et venait de passer deux nuits avec lui.

C'est en rentrant chez elle, qu'elle a été tabassée par son frère devant sa mère, passive quant aux coups, vraisemblablement active dans cette volonté d'humilier.

Bouthaïna, tentera même de se suicider à l'eau de Javel avant que de pouvoir se réfugier dans le commissariat de son quartier.

Nous voici donc au tribunal. Spectateur attentif, plongé dans cette misère insupportable, j'observe la salle. La famille du boxeur a choisi de faire venir du monde de la camarilla. La caricature des allures vestimentaires à la neuf cube parlant le " wesh wesh ", ne m'amuse plus depuis longtemps.

Surtout lorsque ces tenues sont griffées des plus hautes et onéreuses marques de prêt à porter. Surtout lorsqu'elles sont le résultat de l'économie souterraine. Comment peut-on émarger à trois cent soixante deux euros par mois et se vêtir ainsi ? Comment peut-on posséder des téléphones portables dont le tarif dépasse les cinq cents euros ?

J'observe également ces jeunes filles de l'âge de Bouthaïna. Elles ont été réquisitionnées pour apporter leur soutien au boxeur et à son père. Leurs toilettes ont été très soigneusement choisies, habillement très mode, loin des oripeaux du voile bien entendu. Mais déjà conditionnées pour être soumise à la volonté du grand frère puis à son futur mari.

Obéir. La seule solution de tranquillité pour les filles. Et pour les garçons !!! oui je le répète : et pour les garçons. Celui qui faillirait à sa tâche de grand frère, en ne surveillant pas sa soeur, en ayant un esprit appelant les Lumières, bref en étant un être humain, celui-là ne serait qu'une vulgaire " tapette " promis aux pires avanies par la gent racaille.

Oui, vous avez bien lu. Non content d'imposer une domination " virile " sur les femmes, les saigneurs de l'économie parallèles ont trouvé la facilité de dominer aussi ceux qui ne sont pas dans le rang. Je savais de source fiable, qu'il se passait des choses sordides dans les caves des cités à l'encontre des récalcitrants. Petit à petit la lumière se fait jour. Il faudra bien que la République se saisisse aussi de ce problème.

Huis clos. Tout se passe à huis clos. On tabasse les femmes. On met sous coupe réglée les cousins récalcitrants quitte à les mettre dans une tournante aussi. On a une économie parallèle florissante. Contrairement aux informations distillées par les médias, la police ne pénètre toujours pas dans les " zones interdites " dans les cités mais reste à la périphérie. Sur ordre. Pauvres forces de l'ordre ainsi méprisée par son ministre pour cause de campagne électorale.

Huis clos. Ainsi l'aurait voulu les prévenus père et boxeur. Mais il n'en est rien grâce au courage de Bouthaïna.

Grâce au travail de soutien et d'accompagnement des réseaux associatifs.

L'avocat des parties civiles assène ses vérités à ces individus.

Au père: " Vous n'êtes pas digne de la République qui vous a accueilli. Vous n'êtes pas digne de votre fille ".

Au fils qui vient d'avouer au tribunal que non seulement il prend à sa charge la responsabilité de tout, tentant d'exonérer pitoyablement le père de sa responsabilité, continue sur sa lancée insolente en assénant qu'il ne regrette rien de ses gestes. Autre façon de continuer à boxer.

Huis clos. Faisons exploser les huis clos intolérables.

Simon Archipenko

3.2 - Un comportement qui vient du Coran

Le comportement des parents de Bouthaïna à son égard se comptent par dizaines de millions dans le monde musulman et sont largement majoritaire dans les milieux musulmans en Occident. Ce comportement est tiré directement du Coran d'un précepte au minimum xénophobe et au maximum raciste qui veut qu'une musulmane n'a pas le droit d'épouser un non musulman.

Si une famille chrétienne ou juive avait exprimé la moindre réticence à l'égard du mariage de leur enfant avec un(e) musulman(e), nos islamogauchistes auraient crié au scandale raciste. Mais on les voit silencieux lorsque des dizaines de père (et parfois des frères) musulmans s'opposent au mariage de leur fille avec un non musulman ou décident de la marier de force leur fille au bled, pour lui éviter de se marier un jour avec un jeune homme non musulman qu'elle aime.

Que ceux qui disent qu'ils sont contre tous les racismes, qu'ils soient parmi les Indigènes de la République, mais qui ne combattent (et de quelle manière !) uniquement que la musulmanophobie (et non pas l'islamophobie) ou ceux à gauche (assez minoritaires) qui font dans le négationnisme à propos du racisme anti-maghrébin (qu'ils essaient de masquer sous un discours pseudo-marxiste), tout en prétendant lutter contre tous les racismes cessent leur inconséquence et combattent effectivement tous les racismes, en voyant dans la victime un être humain uniquement...

Moi j'appelle ces deux antiracismes de l'antiracisme confessionnel ou à temps partiel.

Cordialement,

Hakim Arabdiou

4 - Les limites du communautarisme

4.1 - Scandale : le Mrap, tolérant avec l'intégrisme islamique, infiltre l'école publique

Voilà ce que j'ai lu sur la lettre d'information de l'inspection académique de la Haute-Garonne, dans son numéro 18 du 20 décembre 2006 :

"Le M ouvement contre le R acisme et pour l' Amitié entre les Peuples organise son concours annuel d'affiches et de poésies sur le thème " Peuples de tous les pays mélangez-vous"

Ces deux concours s'adressent à tous les enfants de la maternelle à la 3 eme dans le cadre scolaire ou associatif. Ils peuvent concourir s'ils le sou­haitent dans les deux concours. La réalisation peut être individuelle ou en groupe ( 3 maxi pour les dessins a u delà c'est un prix de classe). Chaque affiche, poème ou texte devra porter sous peine de nullité, le nom des au­teurs, le niveau, le nom de l'établissement ainsi que son adresse et le nom du responsable

Tous les établissements scolaires ont reçu l'affiche de ce concours, de­mandez-la à votre directeur ou chef d'établissement".

Faut-il rappeler à l'inspecteur académique de Haute-Garonne que Robert Redeker, qui enseignait dans cette région, est toujours obligé de se cacher, tandis que le président du Mrap, Mouloud Aounit, a osé le comparer à Ben Laden, sur une chaîne de télévision !

Julie Laporte

4.2 - Les casseurs, des révolutionnaires?

Sur deux pages, avec trombinoscope des 11 lecteurs sélectionnés et la photo en grand du candidat invité, Olivier Besancenot, mains écartées, le Progrès (du 22/12/2006) a réitéré ce qu'il avait déjà fait avec Ségolène Royal (où je fus invitée) et Le Pen.

Il va inviter tous les candidats présidentiables (Olivier Besancenot dit avoir 340 promesses)

Les lecteurs ont été sélectionnés par leur question à l'invité du journal.

C'est la réponse à une question qui m'a fait bondir:

Ainsi, les émeutes de novembre 2005 (que Besancenot appelle "révolte") seraient assimilées aux mouvements de jeunes contre le CPE, et aux manifs pour les retraites!

Heureusement que je n'ai pas été sélectionnée! J'aurais fait une manifestation autour de la table!

Toute l'idéologie de la LCR, que nous avons souvent dénoncée, se trouve là:

les émeutes de Novembre=manif contre le CPE

Tout d'abord, une première réponse: les bus qui brûlent (avec des victimes à l'intérieur parfois), les chauffeurs qui sont agressés, menacés, insultés, frappés qui refusent d'aller dans certains quartiers dangereux.. Ce service indispensable aux habitants du quartier, qui lui porte atteinte?

Les exemples sont si nombreux.. Le Progrès aujourd'hui (télé hier):

La Duchère (Vénissieux): les habitants d'un immeuble (OPAC) sont privés de chauffage. Des voyous s'introduisent dans les locaux techniques pour dérober le cuivre de la chaudière! Le système de sécurité se bloque alors, et certains locataires sont sans chauffage.

Hier matin, 5 ouvriers sont venus pour installer des portes anti-squat.

Mais ils sont tombés sur un guet-apens, aspergés de gaz lacrymogène, jet de bouteilles de champagne (les voyous avaient fait la fête la nuit)

Ils ont ensuite dégradé les véhicules des ouvriers, volé leurs outils et les clés des nouvelles portes posées.

Les travaux vont reprendre sous la protection de la police. Il y a de jeunes enfants dans ces immeubles. Qui est responsable de ces vols ,de ces dégradations, de ces agressions?

Ces voyous ont le même comportement que les voyous des émeutes de Novembre 2005. Un manque de respect TOTAL

1) pour la vie d'autrui

2) pour les bâtiments des Services publics, les écoles, les salles de sport etc.

3) pour les immeubles qui abritent des gens pauvres comme eux, leurs voisins, pour leurs voitures, les bus ..( ce soir, des voyous ont brûlé un bus qui fait la navette Lyon-Vienne)

Mais à la lumière de ce que je sais maintenant, j'aurais posé la question suivante à Olivier Besancenot:

"Au cours de votre campagne électorale, allez-vous parler de votre visite, le 28 juillet dernier, à ce que vous appelez "la résistance libanaise", c'est à,dire le Hezbollah, un parti islamiste très lié à l'Iran et à Amadinhedjad ? Direz-vous que vous souhaitez mettre le Hezbollah en relation avec le mouvement altermondialiste ?

Mireille Popelin

5 - Barbarie

5.1 - Il est encore temps d'agir pour sauver les populations du Darfour

" Seule une coalition énergique des démocraties occidentales permettra de libérer les populations du Soudan "

Après huit années à la tête des Nation Unies et à la veille de son départ, Kofi Annan a eu ces mots durs en évoquant le Darfour : " Soixante ans après la libération des camps de la mort nazis, trente ans après le Cambodge, la promesse du " jamais plus" sonne creux ", avant de préciser, en visant le régime de Khartoum : " Ils pourront avoir à répondre collectivement et individuellement pour ce qui est en train de se passer au Darfour. "

La régularité calculée des sévices commis par les milices Janjawids, issues des tribus musulmanes " arabes " , alliées du régime islamiste de Khartoum, à l'encontre des tribus musulmanes " africaines " contestataires de l'ouest du Soudan, a déjà provoqué une épuration ethnique qui a causé plus de 300 000 morts et 3 millions de déplacés.

L'ONU a déjà voté six résolutions et qualifié les actes du régime soudanais de "crimes de guerre et de crimes contre l'humanité". Cependant, les efforts des Nations unies pour obtenir l'accord de Khartoum pour le déploiement de 17 000 Casques bleus en remplacement des 7 000 soldats de l'Union africaine demeurent vains. La situation est bloquée, et l'ONU ne pourra intervenir, car la Russie et surtout la Chine, partenaires économiques privilégiés du Soudan, sont opposées à toute intervention militaire de l'ONU.

Pour sortir la région de la crise, il faut comprendre la véritable nature du régime soudanais. Depuis dix-sept ans, la junte de Khartoum, issue d'un coup d'État en 1989 alors qu'elle ne recueillait que 10 % des voix aux élections sous la bannière des Frères musulmans, a attisé toutes les divisions, religieuses puis ethniques, pour écarter tour à tour les revendications des populations des régions périphériques délaissées du Soudan, qui réclamaient leur part des richesses du pays, et en particulier des dividendes de la manne pétrolière.

Dès son accession au pouvoir, la dictature en poste à Khartoum a d'abord brandi le Djihad pour intensifier la guerre contre le Sud Soudan, animiste et chrétien, qui s'était révolté en 1983 suite à l'introduction de la charia et la suppression d'un statut d'autonomie obtenu par les armes en 1972 ; en jeu, les importants gisements de pétrole qui venaient d'être découverts dans le Sud. Cette première guerre causera près de 2 millions de morts en vingt ans.

Un accord de Paix - factice - sera finalement signé en janvier 2005 avec le Sud-Soudan, censé organiser un partage des richesses et du pouvoir, et en 2010 un référendum sur l'autodétermination.

Mais en 2003, les populations du Darfour qui avaient elles-mêmes été largement réquisitionnées dans la guerre contre le Sud, pressentant l'accord avantageux que Khartoum s'apprêtait à conclure sous la pression de la communauté internationale avec le Sud-Soudan, s'insurgèrent. Khartoum arma alors les nomades arabisés contre les cultivateurs noirs, en exploitant non seulement les dissensions pour le contrôle des terres - apparues entre nomades et cultivateurs suite aux terribles sécheresses des années 70 et 80 -, mais également le racisme antinoir.

Le dénigrement dont sont victimes les ethnies africaines de la part des tribus arabisées est à replacer dans le contexte historique de la traite des Noirs transsaharienne menée par les Arabes depuis le Xème siècle. Cette traite a réduit au moins huit millions d'Africains en esclavage.

Surtout, ces clivages ethniques ont été dangereusement exacerbés par le régime libyen à partir du milieu des années 70, avec l'objectif de prendre le contrôle du Tchad et du Soudan. La Libye avait en effet choisi le Darfour comme base arrière de sa Légion islamique, milice issue des tribus nomades soudanaises et tchadiennes, en poursuivant un projet de " Grand Sahel Panarabe ". À partir de 1985, en échange du financement de la guerre contre le Sud-Soudan, Khartoum laissa même la Libye s'installer au Darfour pour lui permettre d'attaquer le Tchad.

Pour arrêter l'épuration ethnique au Darfour, il n'y a plus d'autre voie que d'écarter le régime islamiste soudanais du pouvoir. Pour cela, il n'est ni envisageable de recourir à l'ONU, immobilisée par un double veto, ni pensable de continuer de se reposer sur la seule Union africaine, cantonnée au mieux à un rôle d'observateur. L'Union africaine, qui n'a jamais osé froisser Khartoum, ni condamner les massacres, est sous l'étroite dépendance des pays africains de la Ligue arabe.

Pourtant, la convention internationale sur la prévention des crimes de génocide de 1948 engage nos démocraties à empêcher tout État d'infliger " délibérément à un groupe des conditions de vie calculées pour amener sa destruction en totalité ou en partie ".

Aujourd'hui, le régime de Khartoum est honni de la très grande majorité de sa population, qu'il s'agisse des Africains ou des Arabes eux- mêmes.

L'étroite classe dirigeante rebute à tel point qu'en juillet 2005, l'arrivée du leader sudiste John Garang au poste de vice premier ministre en application des accords de paix avec le Sud, avait été acclamée dans les rues de Khartoum. John Garang, mort dans un accident d'hélicoptère dans le mois qui a suivi son installation, luttait pour un nouveau Soudan, laïc, démocratique, et égalitaire.

Il est temps de mettre fin à la dictature meurtrière de Khartoum. Il n'est possible de compter ni sur l'ONU, ni sur l'Union africaine. Seule une coalition énergique de nos démocraties permettra de libérer les populations du Soudan.

Michaël Chetrit secrétaire national de l'association Sauver le Darfour (SLD)
www.sauverledarfour.org

Mahor Chiche président de l'association Sauver le Darfour (SLD)
www.sauverledarfour.org

Source : Paru in Le Figaro, vendredi 22 décembre 2006.

6 - obscurantisme religieux

6.1 - Le premier musée de la création

Le premier Musée de la Création ouvrira ses portes l'été prochain dans le Kentucky (USA), pas loin de Cincinnati[1].

Sa devise sera : " Préparez-vous à croire ! ".

Le concepteur, Patrick Marsh, travaillait autrefois pour les Universal Studios à Los Angeles.

Son objectif sera de convaincre les visiteurs du fondement de la théorie créationniste, selon laquelle seul le récit du livre de la Genèse dit la vérité sur la création du monde.

Dans le premier hall du musée on ne peut ne pas voir des dinosaures. Pourtant selon les créationnistes le monde n'a que 6000 ans !

Quand on demande à Patrick Marsh, qui nie la théorie de l'évolution des espèces, comment il justifie la forme des premiers fossiles humains, il réplique que le squelette de ces hommes-là avait dû être déformé par une maladie ou " autre chose " comme plein d'autres hommes qu'il a lui-même " vu dans les rues de New York ".

La construction du musée coûte 25 millions de dollars. Cet argent (exception faite de 3 millions) provient de donations privées.

Les ouvriers ont tous signé un contrat certifiant qu'ils croient en la théorie de la Création et commencent le travail sur le chantier tous le matins par des prières.

Le site du musée ? AnswersInGenesis.org

Notes

[1] The GuardianWeekly du 24-30 novembre 2006.

Rosa Valentini Ufal78-7

7 - Extrême Droite

7.1 - Association de malfaiteurs

il y a de la veine pour la crapule, disait-on autrefois. Augusto Pinochet a fini par débarrasser le plancher des vaches au grand désarroi de Margaret Thatcher et en épargnant à Milton Friedman, mort trois semaines avant lui, l'épreuve douloureuse de la triste nouvelle. Oui, il est des hommes et des femmes qui pleurent la disparition du sanguinaire dictateur au nom de ce qu'il a apporté au Chili d'abord, à la "science économique" libérale ensuite. Les trois larrons susnommés s'y sont entendus pour participer activement à l'édification du monde chaotique qu'ils abandonnent impudemment l'un après l'autre. On ne jugera jamais Pinochet pour ses crimes immondes.

Mrs Thatcher qui s'y connaît en prix à payer pour sauvegarder la prospérité des nantis s'en félicite. Hélas ! elle n'est pas la seule. De bons démocrates prétendus sont à l'unisson.

Le 11 septembre 1973 le régime d'Allende tombait à Santiago. Cet évènement assez vite estompé dans les médias par les péripéties du premier choc pétrolier devint vite une aubaine pour les Chicago boys. Depuis une quinzaine d'années ces économistes rongeaient leur frein, peaufinaient en leur cénacle étroit leurs théories destinées à démontrer l'efficacité incomparable du Marché libéré de l'intervention des pouvoirs publics. En un temps où l'on tenait encore aux vertus de la régulation de l'économie par des politiques publiques adaptées leur audience était fort mince. Cependant, des think tanks avaient déjà commencé leur travail de sape des fondements du welfare state que nous avons improprement traduit par État-Providence et que l'École de Chicago, forgée par Milton Friedman, détestait tant. On le sait maintenant, ces "boîtes à penser" réussirent à vulgariser - c'est bien le mot qui convient - les thèses de ces universitaires du Michigan auprès des membres les plus influents du Parti républicain et des divers organes stratégiques du système politico-administratif américain. Ce n'est cependant qu'en 1980 avec l'arrivée de Ronald Reagan à la Maison blanche que furent enfin essayées les brillantes recettes friedmaniennes sur le sol des États-Unis d'Amérique. C'était sept ans après le coup d'État chilien.

Le Chili de Pinochet fut donc le laboratoire que Friedman n'avait sans doute jamais osé rêver. Les opposants, avérés ou potentiels, furent rapidement liquidés. On les dénicha jusque dans les rangs de l'armée où des officiers légalistes - comme le père de l'actuelle Présidente du pays - furent exécutés. Les syndicats disparurent et tous les organes de l'intervention publique dans la vie économique et sociale furent mis à bas. Les réformes engagées par le régime renversé afin de redistribuer les richesses en faveur des plus démunis furent interrompus. C'est dans un pays où l'Etat se résuma vite à sa large et brutale dimension répressive que débarquèrent "les garçons de Chicago". Sur cette table rase inespérée et grâce à l'aide américaine miraculeusement retrouvée ils fondèrent la "prospérité" qui contenta vite les moins regardants. Aujourd'hui, le Chili est aux mains des hommes d'affaires. Et on le cite en exemple dans les manuels d'économie orthodoxe.

Au début des années 1980 les duettistes que furent "Reagan des bois" - qui vole les pauvres pour donner aux riches - et la "Dame de fer" donnèrent au néolibéralisme ses lettres de noblesse. Il fallait démontrer que les grandes démocraties sont, elles aussi, capables de faire vivre la nouvelle doxa. Néanmoins, la tâche devait s'avérer autrement plus ardue qu'au Chili. C'est que sur les ruines de la "première société de marché" - celle bâtie au dix-neuvième siècle et ponctuée par deux guerres mondiales, par la crise de 1929, par le nazisme, par les fascismes italien et ibérique - les hommes avaient su construire les institutions nécessaires au dressage du capitalisme sauvage. Les caractères de cette prouesse que Carl Polanyi nomma "la grande transformation" était solidement ancré dans les fondements du corps social que ses fossoyeurs anglo-saxons entreprenaient de combattre. Oui, il a fallu livrer combat pour asseoir les bases de la "seconde société de marché" qui, grâce à ces pionniers, déroulent depuis son oeuvre planétaire.

Cette société de marché où le travailleur compte peu devant l'actionnaire, où le bonheur de l'Homme tend à se réduire à sa consommation matérielle, où la vie de la majorité des hommes a peu de prix à l'aune de la volonté de puissance de la minorité constituée en association de malfaiteurs connaîtra, elle aussi, évidemment un sort funeste. Auparavant, elle aura fait d'innombrables victimes, prix à payer pour mériter la chimère d'une "mondialisation heureuse". Pourtant, partout des hommes et des femmes résistent encore. Quand Maggie pleure son complice en barbarie, nous, nous proclamons que Bobby Sands et Victor Jara sont frères en nos coeurs.

Yann Fiévet

8 - à lire

8.1 - "La laïcité-actualité et histoire d'une idée", et "L'Opus Dei, un eglise a coeur de l'église"

Dans la Collection Proximités EME, je conseille le livre de Bernard Jolibert intitulé "La laïcité-Actualité et histoire d'une idée"

Ce livre est intéressant à plus d'un titre. Il permet de connaître les variations de la situation de l'école en Europe dans les différents pays; Il permet de synthétiser l'histoire du combat laïque pour l'école en France depuis l'edit de tolérance de Nantes jusqu'à nos jours.

Il analyse la lettre de Jules ferry aux enseignants et la loi de 1882. Il intègre dans sa réflexion une critique de l'économisme comme nouveau culte. Il parle du débat sur l'Enseignement du fait religieux.

Sur ce dernier point,on peut regretter qu'il n'intègre pas la dernière production-réfutation de Régis Debray de Catherine Kintzler sur sa proposition de travailler sur les humanités plutôt que de suivre Régis Debray sur son "histoire des faits religieux". Annexes également intéressante avec des textes de Kant(Réponse à la question : qu'est-ce que les Lumières ? (1784), Paul Bert et Buisson notamment.

Peut-être pourrions-nous critiquer le fait que l'auteur n'ait pas avoir pris l'entière mesure de l'offensive sans précédent contre l'écoles laïque et républicaine dans les trentes dernières années.

Mais ce livre est à lire car il aborde des points qui ne sont abordés par aucun auteur jusqu'ici.

Précipitez-vous pour les fêtes de fin d'année.

Chez Flammarion,je conseille le livre de Bénédicte et Patrice des Mazery intitulé "l'Opus dei, une église au coeur de l'église".

Pour tous ceux qui négligent actuellement l'impact du Vatican sur le développement du communautarisme en Europe.

D'abord des témoignages d'anciens "repentis" de l'Oeuvre. Puis l'histoire de ces nouveaux croisés,l'étude des "Chemins", le livre d'Escriva de Balaguer. Jusqu'à la canonisation du fondateur de l'Opus en passant par le statut de prélature du pape de l'Opus qui lui permet de "doubler" les structures diocésaines pour la première fois de l'histoire de l'église.

Et enfin, le travail de lobby efficace est très bien décrit notamment dans le placement de ses hommes.

Il montre comment le soutien des 2 derniers papes Woytila et Ratzinger ont permis à l'Opus de traverser tous les scnadales dans lequel il est mélé. On peut regretter que leur investigation n'ait pas porté plus sur les liens de ces deux derniers papes avec l'Opus car certains disent que ces papes sont plus pour l'Opus que de simples soutiens.

Un livre à lire pour tous les laïques et les républicains de gauche ou d'extrême gauche.

Bernard Teper

Agenda