Le NHS britannique : une étude d’Oxford fait le lien entre austérité et surmortalité, les tories en furie

Source externe : http://www.grey-britain.net/2017/02/17/nhs-une-etude-doxford-fait-le-lien-entre-austerite-et-surmortalite-les-tories-en-furie/

Si la France n’en est pas encore là, elle y va, lentement, mais sûrement (surtout si Fillon, Macron ou Hamon ouvrent la porte à Axa). En Grande-Bretagne, l’austérité coupable n’est pas un simple “choix” de la droite torie (qui aurait bien sûr pu en faire d’autres pour réduire le salaire socialisé), mais une conséquence de la crise économique. Une gauche arrivée au pouvoir ferait probablement peser la contrainte ailleurs, dans un premier temps, mais sur quoi ? l’école ? les transports ? La politique ne crée pas la pénurie, mais elle doit la gérer.
La Rédaction

De crise en crise, le secteur de la santé publique est plus que jamais en ébullition au Royaume-Uni. La mobilisation des syndicats de salariés et des professionnels de santé qui bénéficie du soutien du Labour Party se traduira par une manifestation nationale le 4 mars contre les coupes budgétaires. C’est dans ce contexte tendu qu’une étude de l’université d’Oxford a mis le feu aux poudres.

Celle-ci affirme que l’on peut « vraisemblablement » établir un lien entre l’austérité budgétaire, à l’échelle du pays et dans tous les secteurs, et la hausse de la mortalité. Les chercheurs chiffrent la surmortalité provoquée par la politique menée par le gouvernement conservateur à 30.000 décès pour la seule année 2015 par rapport à l’année précédente, l’écart le plus élevé depuis la seconde guerre mondiale.

Pour les auteurs de l’étude publiée dans le journal de la Société Royale de Médecine, le lien est probable entre les coupes opérées dans les budgets consacrés aux aides sociales et aux services publics de santé. L’austérité infligée au National Health Service a pour conséquence une attente plus longue avant toute prise en charge. Le temps d’attente moyen à l’hôpital est monté jusqu’à 12 heures, tandis qu’un rendez-vous avec son médecin généraliste peut attendre jusqu’à 3 semaines.

Le gouvernement, par le biais d’un porte parole du ministère de la santé, s’est concentré sur la dénonciation d’une étude « biaisée et basée sur des convictions politiques opposées au gouvernement ». Les officiels tories arguent du fait que les variations du nombre de décès d’une année sur l’autre n’auraient pas de rapport avec la politique du gouvernement.

L’étude fait effectivement écho aux critiques du Labour Party (unanime, pour une fois, sur cette question) et des Libéraux-Démocrates. Les deux n’ont de cesse que de souligner l’ampleur de la crise dans le secteur de la santé.

Les chercheurs de la prestigieuse université d’Oxford réfutent un par un les arguments du gouvernement. Ils affirment avoir mené leur études sur la base de faits, en examinant les chiffres de l’Office National chargé des Statistiques. Les scientifiques ont écarté les causes probables qui auraient pu contribuer à cette hausse, telle une épidémie de grippe ou une cause statistique. « Nos découvertes doivent être vues dans le contexte d’une situation financière du NHS qui empire », précisent encore les auteurs. Les preuves, selon eux, s’accumulent et pointent une faillite majeure du système de santé, et de l’aide sociale par extension.

« Depuis les élections générales de 2010, l’impact des coupes budgétaires, liées à l’imposition de l’austérité sur le système de santé est profond (…) Les dépenses ne parviennent pas à suivre la demande et les réductions budgétaires de 16.7 milliards de livres ont exacerbé la situation. »

Les auteurs soulignent également les conséquences de l’allongement du temps d’attente aux urgences, de celui avant lequel le patient peut être transporté par une ambulance ainsi que la multiplication des reports d’opérations de routine, notamment en chirurgie.

Le budget du système national de santé tourne autour de 106 milliards de livres. Il aurait augmenté, selon les conservateurs, de 15 milliards entre 2009 et 2015. Pourtant, il est loin de répondre à la demande. Dans le même temps, le budget de l’aide sociale, géré par les collectivités locales à baissé de 3,5 milliards de Livres depuis 2011. Et l’étude insiste sur la baisse de 17 % des dépenses en faveur des personnes âgées, depuis 2009 alors que le nombre de personnes de plus de 85 ans a augmenté de 9 % sur la même période.

Pour le professeur Danny Dorling, « il peut sembler évident que plus de personnes âgées sont mortes prématurément à cause des coupes budgétaires du gouvernement, mais le nombre exact de décès n’a pas été évalué. Et le gouvernement refuse d’admettre toute responsabilité ».

Le leader des Libéraux-Démocrates, Tim Farron, a déclaré : « C’est un scandale national que, dans l’un des pays les plus riches du monde, les personnes âgées vulnérables sont privées des services dont elles ont besoin et   que certaines soient décédées en raison de soins insuffisants. Jour après jour, nous entendons de plus en plus de nouvelles à propos de services qui subissent des coupes et qui n’atteignent pas leurs objectifs, tandis qu’ils font face à un silence assourdissant du 10 Downing Street et du Ministère de la Santé. » Cette critique perd cependant de son acuité quand on se souvient que les Libéraux-Démocrates étaient au gouvernement de 2010 à 2015  et ne se sont pas montrés très virulents sur les questions liées à la santé.

Pour la membre travailliste du Parlement Barbara Keeley, membre du cabinet fantôme pour l’aide sociale, « les tories ont créé la crise dans l’aide sociale en supprimant des milliards des budgets de conseils et les citoyens en subissent les conséquences ».