Dix enseignements tirés du 1er tour des primaires

Nous vous proposons dix enseignements du premier tour des primaires citoyennes organisé par le Parti Socialiste avec la participation du PRG.

Le résultat du premier tour des primaires citoyennes nous donne les dix enseignements suivants :

1) C’est un succès important quant à la mobilisation des électeurs. Plus de 2,4 millions d’électeurs se sont déplacés.

2) Une fois de plus, les sondages ont favorisé les candidats du système et se sont trompés lourdement sur les votes sur Arnaud Montebourg et Ségolène Royal. Il faudra bien un jour réglementer les travaux de ces instituts de sondage pour éviter ce genre de manipulation. Cela devient grotesque.

3) La bonne surprise de ce premier tour est le bon score d’Arnaud Montebourg, le seul noniste des 6 candidats. Sa troisième place (avec plus de 400.000 voix portées sur son nom) lui permet de s’installer à la gauche du Parti socialiste, alors que le courant Hamon-Emmanuelli (situé anciennement à la gauche du PS) s’est fondu derrière une candidate du système Martine Aubry. Le courant Hamon-Emmanuelli a fait la même erreur stratégique que Chevenement et Motchane quand ceux-ci ont décidé au milieu des années 70 après la Convention sur l’autogestion de ne plus se situer à la gauche du PS mais dans « l’axe du parti » en soutenant François Mitterrand contre Michel Rocard alors que ces deux dirigeants étaient tous les deux des candidats du système. Cette erreur a été payée au prix fort, car le CERES est passé dans le PS de 26,9 % à cette convention à 14 % quelques années plus tard en 1979. C’est encore plus vrai aujourd’hui vu que les crises du capitalisme sont plus fortes qu’hier et supportent encore moins qu’avant les « arrangements » et les « manipulations » d’appareil.

4) Le score dérisoire du candidat patron du PRG Jean-Michel Baylet montre bien que l’ultra-européisme et son attachement à l’ordolibéralisme ne sont qu’une pâle figure des candidats socialistes du système et que l’on préfère toujours l’original à la copie. Ses positions intéressantes sur les problèmes de société n’ont aucune crédibilité, car il faudra bien expliquer un jour à ces responsables dogmatiques que la laïcité ne peut pas être défendue par les ordolibéraux de droite ou de gauche, car cette politique consiste en une alliance des forces néolibérales et des forces communautaristes et intégristes. Vouloir être dans cette alliance et promotionner la laïcité revient à espérer que le fait de « se tirer une balle dans le pied permettra de courir plus vite ».

5) On voit bien la véritable raison de la candidature de Manuel Valls à savoir ratisser dans l’ultra-droite de l’électorat du PS pour le compte du candidat du système le plus droitier François Hollande. Il n’a pas attendu, une fois les résultats connus, quinze secondes pour apporter son soutien à ce dernier.

6) Le mauvais score de Ségolène Royal tient au fait qu’elle voulait rester « assise sur deux chaises qui s’écartent ». D’un côté, elle a joué la candidate du système (la règle d’or par exemple) et par ailleurs, elle a voulu faire dans des propositions plus avancées comme sur les banques. Ce manque de cohérence lui a été fatal.

7) Il reste donc en lice deux candidats du système : François Hollande et Martine Aubry. La différence réside dans leurs soutiens. François Hollande incarne une droite du PS homogène tandis que Martine Aubry est soutenue aussi bien par cette même aile droite dont le symbole est l’ordolibéral pur et dur Dominique Strauss-Kahn, mais aussi par des militants anciennement situés à la gauche du PS et qui avaient voté non le 29 mai 2005 comme le courant Hamon-Emmanuelli ou encore comme le courant Fabius.

8) Il restera à prouver que le futur désigné candidat du PS à l’élection présidentielle pourra faire mieux que le couple Prodi-Veltroni (1)le premier ayant gagné d’un cheveu face à Berlusconi et ayant fait une politique de droite néolibérale pendant son séjour au pouvoir cela a permis à Veltroni de se faire massacrer électoralement par le même Berlusconi lors des deux dernières élections primaires citoyennes en Italie. Nous rappelons que ce merveilleux couple vainqueur des primaires n’a réussi qu’à tuer la gauche en Italie.

9) Vu qu’Arnaud Montebourg n’est pas sélectionné pour le deuxième tour des primaires citoyennes, les militants de la gauche d’alternative n’ont d’autre choix, pour ceux qui ne l’avaient pas encore fait, que de se reporter sur le Front de Gauche pour défendre la gauche d’alternative.

10) Il reste cependant au Front de Gauche de se mettre à la hauteur des enjeux notamment en développant à plein leur projet de rassemblement au sein des assemblées citoyennes du Front de Gauche qui ne soit pas uniquement un habillage d’un comité de soutien électoral ou une courroie de transmission des partis constitutifs du Front de Gauche. La seule réponse crédible du Front de Gauche aux primaires citoyennes du PS ne peut résider que dans la priorisation de ces assemblées citoyennes du Front de Gauche. Et sur ce point, il faudrait que le Front de Gauche appuie sur l’accélérateur s’il veut être à la hauteur des enjeux.

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 le premier ayant gagné d’un cheveu face à Berlusconi et ayant fait une politique de droite néolibérale pendant son séjour au pouvoir cela a permis à Veltroni de se faire massacrer électoralement par le même Berlusconi