La transition écologique : de belles paroles… et des actes qui ne suivent pas La preuve par la décision de confiner les déchets de Stocamine à Wittelsheim dans le Haut-Rhin

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Pancarte dénonçant la Stocamine

Après la décision récente d’autoriser l’usage de néonicotinoïdes pour certaines cultures, les traités de libre échange entre l’Union européenne et quatre pays d’Amérique du Sud dont le Brésil favorisant des importations agricoles basées sur la destruction de la forêt d’Amazonie et qui concurrencent nos agriculteurs… vient de tomber un communiqué du ministère de la Transition écologique qui valide l’enfouissement de 42 000 tonnes de déchets à Stocamine.

Décision d’enfouissement inique et danger pour la nappe phréatique d’Alsace.

Cette décision met en péril à plus ou moins long terme l’une des nappes phréatiques les plus importantes d’Europe dont l’eau est indispensable pour les millions de personnes concernées. Cette décision est d’autant plus incompréhensible que toutes les expertises indiquent que l’accès à une eau de qualité, potable sera un des enjeux primordiaux des prochaines décennies. Cet accès est déjà problématique dans certaines parties du monde. Sécheresse, gaspillage de son usage notamment par nombre de multinationales mettent en cause les réserves d’eau douce.

Où sont passées les réserves financières pour un éventuel déstockage ?

Pour faire passer le projet, dans les années 1990, il était assuré que la possibilité de remonter les déchets serait garantie. Cette option est passée par pertes et profits. 50 millions d’euros seront mis sur la table pour élaborer un plan de protection de la nappe phréatique d’Alsace sur les cinq prochaines années. C’est oublier que les sociétés exploitantes devaient provisionner un fonds pour sortir les déchets comme cela était spécifié dans le cahier des charges. Où est passé cet argent ? Est-ce aux contribuables de mettre la main à la poche pour suppléer ces sociétés qui ont engrangé d’énormes profits et n’ont pas respecté leurs engagements ?

Multiples inconnues quant à la nature des déchets enfouis : liste impressionnante

L’INERIS et la tierce expertise ont relevé une incertitude de 50 % quant à la nature et la quantité des déchets stockés.
Les big-bag estampillés AMIANTE n’ont jamais été contrôlés lors de leurs descentes au fond de la mine.
Que sont devenues les sondes réactives à rayon Gama qui équipaient les trémies des installations du fond et du jour ?
Le projet de stockage du 19 mars 1996 dit que sont à éviter, de façon générale, les contacts des produits avec l’eau, en particulier les sels cyanurés.

Liste des déchets qui seraient confinés :
• sels de trempe cyanurés 2156 tonnes,
• sels de trempe non cyanurés 1218 tonnes,
• déchets arséniés 6872 tonnes,
• déchets chimiques 429 tonnes,
• déchets mercuriels 130 tonnes,
• terres polluées 5263 tonnes,
• résidus de l’industrie 138 tonnes,
• déchets de galvanisation 641 tonnes,
• résidus d’incinération 20 714 tonnes,
• produits phytosanitaires 7 tonnes,
• déchets de laboratoire 169 tonnes,
• déchets amiantés 3774 tonnes, déchets de produits de déstockage 500 tonnes,
• soit un total de près de 42 000 tonnes pour lesquels les société exploitantes ont réalisé d’énormes bénéfices.

Les risques seraient infimes selon la ministre Barbara Pompili

Pour confiner tous ces déchets il est prévu la pose de 130 000 m3 de barrages en béton. Or pour la confection de ce béton, il faudra près de 20 000 m3 d’eau ! Les barrages vont être mis à proximité immédiate des déchets. L’eau contenue dans le béton va forcément s’évaporer et se condenser sur tous les déchets !
Les déchets solubles à l’eau vont produire une ionisation qui pourrait conduire à des réactions chimiques entre les produits ! Toutes les conditions de fabrication d’une bombe sont donc réunies.

 

Coût pour le déstockage et risques d’une contamination de la nappe phréatique ne sont pas à mettre sur le même plan

Les ingénieurs des mines consultés à ce propos précisent très clairement que les coûts ne devraient pas intervenir dans la décision. La destruction de l’environnement n’a pas de prix et les risques posés par une éventuelle contamination de la nappe phréatique sont hors de proportion avec le coût supplémentaire impliqué par le déstockage pour lequel les entreprises concernées devaient prévoir des réserves financières.

Antagonisme irréductible entre ultralibéralisme et préservation de l’environnement (et des droits sociaux)

Ces décisions qui vont à l’encontre d’une authentique politique volontariste sur le chemin de la transition écologique montrent l’incompatibilité, l’antagonisme irréductible entre la préservation de l’environnement et le système ultralibéral ou néoconservateur – oubli des leçons de la grande crise de 1929 – dominant.
D’un côté il y a la nécessité de modifier notre mode de consommation, de production, de sortir du productivisme mortifère et de l’hubris, la démesure dénoncée par les sages de la Grèce antique, de l’autre un modèle économique fondé sur le court-terme, les profits à réaliser le plus rapidement, la rémunération la plus élevée possible des grands actionnaires qui n’ont que faire des grands équilibres écologiques planétaires et locaux, qui n’ont que faire des conditions humaines de production…

L’imposture de la logique macronienne révélée

Le gouvernement Macron est face à une impasse de sa logique du « en même temps » :
• économie ultralibérale
• et préservation de l’environnement hormis une logorrhée verbale qui cache sous un vernis écologique, une politique foncièrement antisociale et antiécologique.

Sortir par le haut de cet antagonisme : luttes parlementaires et lutte des classes vont de pair

Comme l’affirme Serge Audier dans son dernier ouvrage, il faut réconcilier le républicanisme et l’écologie, retrouver les fondamentaux d’un Jules Michelet, historien républicain, qui incluait dans la notion de peuple tout le vivant. Allons plus loin, réconcilions l’idée socialiste et l’écologie comme y invitait déjà Karl Marx en considérant la nature comme étant le corps non organique de l’homme et, à ce titre, estimait que « L’être humain vit de la nature : la nature est son corps avec lequel il doit maintenir un processus constant pour ne pas mourir. »
Eco-républicanisme et éco-socialisme doivent se rejoindre ainsi que l’affirmait Jean Jaurès dans sa conception de la République sociale qui conjuguait lutte des classes et luttes parlementaires. Ne pas rejeter, a priori, les institutions qui fondent la démocratie représentative qui est certes à revivifier pour qu’elle soit réellement plus conforme à la réalité sociologique du pays réel tout en organisant et favorisant les initiatives locales anticapitalistes aptes à conscientiser le Peuple dans son ensemble.
Il s’agit de proposer un nouvel intérêt général humain à la fois social et écologique afin de partager l’idée que l’écologie n’est pas que sacrifice et qu’elle peut nous permettre de sortir des paradigmes actuels ultralibéraux comme « travailler plus, pour consommer plus, pour travailler plus… », comme la course effrénée à la réussite sociale et financière, comme la maximalisation sans fin des profits au détriment d’une possibilité d’envisager une société fondée sur une vie plus douce, sur une vie en meilleure santé, sur la jouissance de la beauté du monde, sur la possibilité de devenir « les jardiniers de la Terre ».