Le calme financier pendant la présidentielle française préfigure-t-il un krach, un tsunami ou une action des peuples ?

Pendant que la campagne électorale présidentielle démarre avec force en France, il se passe bien des choses inquiétantes.
1) Au terme de l’accord de restructuration de la dette grecque entre les créanciers des banques centrales d’une part et des banques privées à but lucratif pour les actionnaires d’autre part, le comité de décision (Determinations Committee) de l’International Swaps and Derivatives Association (ISDA) (1)composé de Bank of America Merrill Lynch,
Barclays, Crédit Suisse, Deutsche Bank AG, Goldman Sachs, JP Morgan Chase Bank, Morgan Stanley, UBS, BNP Paribas, Societé Générale, Citadel Investment Group, Shaw Group, BlueMountain Capital, Elliott Management Corporation, Pacific Investment Management Co
a estimé qu’il n’y avait pas « d’évènement de crédit » en Grèce. Pourtant les pertes pour les spéculateurs qui ont souscrit des CDS sont réelles.
Décryptage :
Un spéculateur peut souscrire une assurance contre les défauts de paiement des États par l’achat d’un CDS (credit default swaps). Cet achat peut se faire même si on n’est pas détenteur d’une dette d’un État Plus le risque de défaut de paiement est élevé, plus la valeur du CDS monte. Le montant des CDS se trouvant hors bilan, ceux qui en ont souscrit peuvent ne pas mettre dans leur bilan les dettes souveraines toxiques existantes. Si le mécanisme des CDS est enclenché, nul ne sait si les banques spéculatrices pourront payer et bien sûr ce château de cartes risque de s’effondrer car les dettes souveraines hors bilan vont revenir dans le bilan !
Pourquoi l’ISDA qui organise ce marché a-t-elle décidé de ne pas déclarer, pour l’instant, le défaut de paiement ? D’abord, elle a répondu strictement aux deux questions posées et elle se réserve de prendre une autre position plus tard. Elle est prise entre la marteau et l’enclume. Soit elle n’active pas les CDS et la dette souveraine portugaise (dont les taux grimpent fortement ces temps-ci) aura un peu plus de mal à se financer dans le système actuel, soit elle les active et certaines grandes enseignes émettrices de CDS membres de l’ISDA devront payer pour leurs CDS émis !
Pour l’instant, la restructuration de la dette grecque est volontaire mais les autorités grecques ont inscrit dans leur droit la possibilité de faire jouer une clause d’action collective (CAC) obligeant les banques récalcitrantes à la restructuration à y participer. Au besoin, l’ISDA déclarerait probablement l’incident de paiement.

2) Le Mécanisme européen de stabilité (MES) a été voté par le Parlement français. C’est un coup d’État contre la démocratie car une autorité extérieure à la démocratie française pourra dicter sa loi à l’État français. La prévision de « l’abdication de la démocratie » faite par Pierre Mendès-France le 18 janvier 1957 devient de plus en plus évidente. Voilà pourquoi il faut continuer à signer la pétition contre ce coup d’État.
Ce MES servira à prêter de l’argent aux États qui ne pourront plus emprunter directement sur les marchés financiers. Mais à quelles conditions ? D’abord le pays devra entériner le nouveau traité européen appelé Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de l’Union (TSCG) qui obligera les États à durcir de jour en jour les politiques d’austérité à l’encontre des couches populaires et de l’ensemble des salariés.
De plus, l’ensemble constitué par ce nouveau traité et le MES permettra un transfert institutionnel des richesses des citoyens vers les banques privées à but lucratif pour les actionnaires. Puis, le MES autorisera à engager des poursuites si un État ne répond pas à un appel de fonds exigé sous 7 jours ! Les documents du MES sont décrétés inviolables et interdits à la connaissance des citoyens. Les décisions seront prises à la majorité qualifiée de 85 %, donc seuls 3 pays auront le droit de veto : l’Allemagne, la France et l’Italie. Bien évidemment, le MES sera autorisé à « lever » des fonds supplémentaires sur les marchés financiers puisqu’il pourra se faire financer par les États pour organiser l’effet levier des pratiques bancaires.

Peut-on sortir de l’étau mis en place par l’oligarchie européenne et mondiale ?

Oui, à condition de sortir du modèle politique néolibéral et de ne plus suivre les politiques ordolibérales (l’ordolibéralisme est une des variantes du néolibéralisme qui pousse les dirigeants des États à remplacer les processus démocratiques par des processus d’experts) d’extrême droite, de droite ou de gauche!
D’abord, décider de financer une politique économique et sociale en utilisant le deuxième alinéa de l’article 123, qui permet à la BCE et aux banques centrales nationales de prêter aux établissements publics de crédit. Pour cela, constituer un pôle public financier est une nécessité.
Et si l’oligarchie s’y oppose, il faudra en venir à la désobéissance à certains articles du traité de Lisbonne.
La troisième phase consisterait ensuite à construire le modèle politique alternatif de la République sociale…

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 composé de Bank of America Merrill Lynch,
Barclays, Crédit Suisse, Deutsche Bank AG, Goldman Sachs, JP Morgan Chase Bank, Morgan Stanley, UBS, BNP Paribas, Societé Générale, Citadel Investment Group, Shaw Group, BlueMountain Capital, Elliott Management Corporation, Pacific Investment Management Co