Le communautarisme, un virus mortel pour la République

Une équipe de football composée de « musulmans pratiquants » refuse de jouer un match contre une autre formation dont les membres revendiquent leur homosexualité. L’information a créé un scandale. Entre les deux associations sportives, la rencontre risque fort bien de se dérouler dans l’enceinte d’un tribunal puisque l’équipe discriminée – c’est de cela qu’il s’agit – songe à porter l’affaire devant la justice et elle a raison.
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Beaucoup semblent s’étonner que de telles choses se produisent. J’avoue que cette affaire est loin de constituer une surprise pour ceux qui suivent avec attention la société française et notamment cette effroyable montée des communautarismes. Il est une évidence inquiétante à mes yeux : les Français ont de plus en plus de mal à se mélanger. Les citoyens – qui ne le sont plus vraiment – préfèrent côtoyer d’autres Français avec lesquels ils partageraient une religion, des origines ethniques, une orientation sexuelle ou une corporation, mais certainement pas des valeurs. Aussi, lorsque des équipes – y compris de football – naissent sur ces bases, il ne faut plus s’étonner de rien. L’équipe des Antillais du sud de la France, la section football des Juifs sépharades, le club des homosexuels, l’association des musulmans footballeurs sont des dénominations qui peuvent exister de nos jours. Tout comme existent une multitude d’associations dites « citoyennes » dont les adhérents ne défendent rien d’autre que leur petite chapelle. Bonjour la France républicaine une et indivisible.

Ces dernières années, des associations juives sont nées pour se battre – et c’est un combat légitime – contre l’antisémitisme, mais la plupart d’entre elles, ne se battent que contre ce fléau et sont totalement insensibles aux autres racismes ; des associations islamiques sont nées également pour défendre les droits des musulmans, mais des musulmans seulement, et certaines d’entre elles préfèrent même propager des idées nauséabondes comme celles contenues dans le salafisme par exemple ; des associations d’homosexuels ont aussi vu le jour, mais elles ne s’intéressent, pour la plupart, qu’à l’homophobie ; des associations noires sont apparues et quelques-unes veulent une repentance sur l’histoire de l’esclavage bref, les exemples regorgent et le repli sur soi fait peur. Il fait peur parce qu’il est souvent accompagné de crispations identitaires hallucinantes.

La France est devenue un pays segmenté et je pense même que la société française est prête à recevoir le communautarisme à bras ouvert, en tout cas, elle s’en accommode allègrement. Les ghettos ne sont plus géographiques et basés sur des considérations socio-économiques, ils sont désormais mentaux et reposent sur des considérations ethno-raciales, culturelles, religieuses, mais aussi sexuelles.

Il ne s’agit pas de cacher son identité, je ne plaide guère pour de tels comportements, mais je m’interroge sur toutes ces personnes qui brandissent tel un étendard un, et un seul, composant de leur identité. Les citoyens ne savent plus dire « je suis français » : ils sont « homos d’abord, Français ensuite » ; « juifs d’abord, Français ensuite » ; « musulmans d’abord, Français ensuite » ; « Africains d’abord, Français ensuite », etc.

La France est devenue en quelque sorte une résidence secondaire, utilisée comme lieu de villégiature par beaucoup de ses citoyens. Les gens y vivent en gardant les yeux rivés sur un ailleurs idéalisé. Les plages de Tel-Aviv seraient ainsi meilleures que celle de Marseille et le soleil d’Alger ou de Rabat plus luisant que celui de Nice. Il fait bon vivre à Toulouse, mais on lui préfère Dakar. Si la France est douce, l’ailleurs, l’est beaucoup plus !

Voilà en substance, l’état d’esprit qui règne dans cette société qui risque de devenir celle du repli sur soi et de l’exclusion. L’intolérance s’installe sous nos fenêtres et beaucoup continuent néanmoins de chanter « Douce France ! »