Santé publique : manipulation médiatique et augmentation des inégalités sociales de santé

Le trio Hollande-Valls-Touraine use d’une martingale éhontée en terme de communication. Pour cette « loi de santé » qui viendrait en discussion au Parlement début 2015, il décide de médiatiser quelques mesures sur lesquelles tout le monde est d’accord pour masquer l’aggravation pour les assurés sociaux des inégalités sociales de santé.
Commençons donc par les mesures dites « positives » : généralisation du tiers payant, projet de logo informant sur la qualité nutritionnelle des aliments manufacturés, possibilité d’’action de groupe pour les patients, mise en place d’un numéro d’appel unique pour la permanence des soins…, diverses déclarations d’’intentions vagues sans qu’on sache concrètement ce qui va être fait (priorité à la prévention, promotion de la santé à l’école et en milieu professionnel, lutte contre le tabagisme et l’alcoolisation, en particulier des jeunes…).
Contrairement à ses effets d’annonce, il n’y a aucune « refondation » dans le projet de loi. Pire, il s’agit d’ intensifier la néolibéralisation de notre système de santé et de sécurité sociale. « Quand on ne veut pas changer les choses, on change les mots », disait Jean Jaurès. Ainsi est présenté le flou artistique du « service territorial de santé au public » dont personne ne sait ce que cela veut dire.
Par contre, « l’ouverture du service public aux cliniques à but lucratif » pour les actionnaires avec des obligations bien évidemment non édictées est une proposition très claire qui va dans le sens de la tendance à la privatisation des profits et à la socialisation des pertes du néolibéralisme. Aucune remise en cause de la loi HPST Sarkozy-Fillon-Bachelot, maintien de l’hôpital-entreprise, maintien des Agences régionales de santé, maintien de la tarification à l’activité (T2A) inflationniste, maintien des 18 agences sanitaires (qui coûtent d’après le Mouvement de défense de l’hôpital public 2,5 milliards pour un rendu très critiquable), maintien de la réduction de 10 milliards des dépenses de l’Assurance-maladie qui viennent s’ajouter aux 11 milliards de la branche famille et des retraites, maintien de la diminution des dizaines de milliers d’emplois hospitaliers (demandée par la Cour des comptes !) qui va faire d’une part reculer la qualité et l’accès aux soins, et d’autre part augmenter les inégalités sociales de santé.