Un engagement prometteur…

NDLR – Nous publions intégralement ce courrier reçu de Malik (16 ans) à titre de témoignage et parce que son auteur ne peut qu’être encouragé à développer ses analyses et à en tirer des conclusions encore plus vigoureuses qu’un simple appel à l’audace auprès du Président de la République…

Je suis adhérent au MJS dans le département Haute-Garonne. Cependant, je suis aujourd’hui déçu par la politique menée par le gouvernement et je suis partisan d’une réorientation du débat à gauche. J’adhère totalement aux valeurs que vous soutenez dans votre journal. Elles représentent exactement l’idée que je me fais de la France et du socialisme. Hélas, le PS a trop changé et il faut que cela s’arrête.
C’est pourquoi, jeune passionné de journalisme et de politique que je suis, ai décidé d’écrire, entre autres, sur ce sujet. J’ai découvert votre journal récemment mais peu de temps m’ont suffi pour comprendre vos idées de fond et je les partage.
Ainsi, je vous propose ici mon dernier article dans lequel je critique âprement la politique gouvernementale, jugeant qu’elle va l’encontre des valeurs du socialisme. Il a été publié sur Agoravox.fr et sur Facebook. Le voici :

Alors, le socialisme, c’est pour quand ?

Ah, le changement ! ce changement tant attendu par les Français. Ils l’ont décidé et voté le 6 mai 2012. Et ils guettent toujours sa mise en œuvre.
Car oui, bien trop de temps s’est écoulé, désormais, pour que la gauche évoque, comme prétexte à son inefficacité, l’héritage déplorable de la droite. Quinze mois sont passés et François Hollande n’a toujours pas marqué de vraie ligne de rupture avec son prédécesseur.
Il n’y avait rien à attendre de François Hollande. C’est, du moins, le ressenti laissé par sa campagne électorale -principalement anti-sarkozyste. L’ex-président n’aura jamais survécu à sa fête privée au Fouquet’s, le soir de sa victoire. Elle lui a collé une image « bling-bling ». Et son hyperprésidence, accrue par ses injures et sa gestion déplorable de la France pendant cinq ans n’ont fait qu’accentuer un sentiment de rejet et de déception chez la plupart des Français.
M. Hollande n’a donc été élu ni sur ses idées ni -et encore moins- sur sa personnalité. Il a été élu, simplement, grâce à la détestation d’un homme. Et c’est son premier échec. Son seul mérite aura été, finalement, le courage dont il a fait preuve de se présenter comme candidat, dans une période de lendemains difficiles de crise économique sans précédent sous la Ve République.
Il n’a, en aucun cas, tiré leçon de son premier échec. Dès son arrivée au pouvoir, au contraire, il a préféré s’imposer comme un président libéral et gestionnaire, à l’écoute des directives bruxello-berlinoises dans une Europe anti-sociale qui, hélas, aux élections européennes, préfèrera sans doute se tourner vers l’extrême-droite de l’échiquier politique plutôt que l’inverse. La réorientation de l’Union Européenne est, pourtant, un sujet majeur que notre président n’a pas eu le courage d’aborder dans le bon sens.
Et puis le temps a passé : six mois, un an, quinze mois, et toujours rien -ou pas grand-chose. Alors, certes, il y a eu le mariage gay, et il ne serait pas juste de faire la fine bouche sur ce sujet. Ce fut une avancée certaine de justice et d’équité, incarnée par un Ministre de la Justice, Christiane Taubira, dont l’éloquence, la poigne et la persévérance furent remarquables lors de ses discours à l’Assemblée Nationale, où elle eut l’audace lyrique de mêler littérature et politique : la gauche doit s’en ravir. Mais après ?
Présenté comme chef de guerre au Mali, M. Hollande a profité de la liberté que lui offre la Constitution de la Ve République pour remonter -très légèrement- sa piètre cote de popularité dans les sondages. Mais l’embellie fut de courte durée.
Le temps a passé, donc. Et le climat est devenu hostile. Le débat politique s’est radicalisé à droite. La crise sociale s’est amplifiée, en France comme en Europe. Plusieurs affaires ont sapé la démocratie. Beaucoup, chez nous, ont dit que les récents scandales autour du PS et de l’UMP, de DSK à Cahuzac en passant par Sarkozy et Tapie, ont fait la montée des extrêmes. C’est faux : ils n’ont pas fait la montée des extrêmes, mais bien la montée de l’extrême-droite.
La nuance est de taille, hélas. Nul autre parti politique ne profite aussi bien des scandales politiques du duo UMP/PS que le FN. Et c’est bien là ce qui est inquiétant. Certes, les élections européennes, dans un an, livreront un message plus clair à ce sujet. Et certes, nombre d’indicateurs démographiques présentent l’accession du FN au pouvoir comme invraisemblable face au véritable « front républicain » que représentent les grandes métropoles françaises.
Il n’empêche : face à cette radicalisation du débat politique à droite, la faute de la gauche, et plus principalement de l’exécutif, est d’avoir suivi cette dynamique en se recentrant. Pourquoi, au lieu de suivre ce rythme néfaste vers le centre –donc vers la droite-, ne pas avoir fait contrepoids sur la balance de l’échiquier politique ? Nombre d’observateurs reprochent au président de ne pas avoir de « cap », de « vision » pour la France. Mais pourquoi ne penche-t-il pas plus à gauche ? pourquoi ne choisit-il pas le socialisme, en somme ?
Aujourd’hui, des ministres comme M. Montebourg ou M. Hamon incarnent cette mouvance de gauche. Mais, à l’inverse, M. Hollande préfère tenir, à peu près, le même discours que ses ministres estampillés plus au centre, comme M. Moscovici ou M. Valls : le premier suit les consignes de l’ultralibéral Commission Européenne, le second expulse plus que sous Guéant.
Le monde de la finance, celui que le chef de l’Etat avait désigné comme son « adversaire » lors de son célèbre discours électoral au Bourget, gouverne toujours. L’écologie n’est plus à l’ordre du jour, Mélenchon s’indigne de jour en jour, la droite continue de critiquer -à tort et à travers-, et le FN boit du petit lait.

Et pendant ce temps, la gauche, la vraie, ses électeurs, et même parmi ces 28,5 % de Français qui ont donné leur voix à François Hollande au premier tour, continuent d’attendre. Et ils s’impatientent. Alors, un peu d’audace, M. le Président !