Une étoile du gauchisme s’écroule, une alternative de république sociale s’élève

Après l’écroulement du communisme soviétique, la parenthèse de l’enthousiasme contre la raison raisonnante, ouverte par la révolution russe, est refermée. Non pas que nous critiquons la prise du pouvoir d’octobre 1917, car il n’y avait plus de pouvoir et Vladimir Ilitch Oulianov alias Lénine a eu l’intelligence tactique de le ramasser (ou plutôt de convaincre la direction du parti bolchevique qu’il fallait le ramasser). Mais cette parenthèse, commencée en début 1918 lorsque le nouveau pouvoir a décidé la dictature (dissolution de la Douma parce que le résultat ne lui convenait pas, militarisation des syndicats proposée par Léon Davidovitch Bronstein alias Trotski, etc.) s’est achevée par un stalinisme de triste mémoire. Ajoutons l’engouement pour la Chine maoïste jusqu’à la découverte de la réalité du régime sans protection sociale conséquente ; puis le régime albanais ainsi que la Corée du Nord devenus des nouvelles coqueluches, etc.

Et rappelez-vous ce néo-gauchisme venu vanter les mérites du nouveau régime de Kadhafi basé sur la démocratie directe. La réalité : pas de Parlement, pas d’institutions, le maintien au 21ème siècle de toutes les tribus ancestrales de Libye. En fait : un régime totalement antinomique au modèle politique de la république sociale. Impossible de compter les groupes et groupuscules qui étaient les thuriféraires de ce nouveau régime au nom du principe nauséabond « les ennemis de mes ennemis sont mes amis » ; sans parler des financements occultes tels qu’en Algérie, en Chine ou ailleurs.
Tout cela procède de la crise des modèles politiques. Car toute transformation sociale et politique aujourd’hui a besoin de nombreuses conditions : un mécontentement profond ; une globalisation des combats sans qu’un combat soit considéré surplombant aux autres ; une alliance à front large entre les couches populaires et une partie des couches moyennes ; une victoire dans la bataille parmi l’hégémonie idéologique et culturelle allant jusqu’au projet d’un nouveau modèle politique ; un mouvement de masse puissant ; une ou plusieurs organisations politiques capables de porter l’espérance en frayant la voie de l’émancipation grâce au projet du nouveau modèle politique. Que reste-t-il comme modèle politique alternatif au turbocapitalisme ?
Les modèles du communisme soviétique et chinois sont aujourd’hui dévalués et celui de la social-démocratie est un mirage depuis que tous les pays et partis sociaux-démocrates ont opté sans exception pour l’ordo-libéralisme. Les modèles yougoslave, libyen et tiers-mondistes ont explosés en plein vol. Les quelques pays émergents qui tirent aujourd’hui leur épingle du jeu à titre conjoncturel grâce à leur possession des matières premières dont le prix est en hausse constante ne peuvent exporter leur modèle à la grande majorité des pays de la planète. Reste l’expérience de l’Alliance bolivarienne en Amérique du Sud autour du Venezuela, de l’Equateur et de la Bolivie, ainsi que l’actualité des « révolutions » arabes et la montée du projet politique de la république sociale en France. Ce dernier concept, né à la révolution de 1848, s’arrêta net avec la confiscation du pouvoir par le nouveau Bonaparte, mais reprit force et vigueur avec les partisans de la république sociale : d’abord Jean Jaurès et ses amis, puis le soulèvement populaire de 1936 (non prévu dans les programmes des grandes organisations!) et enfin le Conseil national de la Résistance et la plus grande grève de l’histoire de France en mai-juin 68.
Bien sûr, nous devons fermer la période régressive anti-sociale que nous vivons actuellement : il n’y a pas d’autre issue que d’abattre le turbocapitalisme. La Tunisie, l’Egypte, l’effet domino dans les pays arabes et/ou musulmans ne sont pas l’apanage d’une partie du monde ; c’est la conséquence des reculs démocratiques, laïques et sociaux dans la plupart des pays du monde où la démocratie est confisquée (regardez le traité de Lisbonne entre autres), la laïcité bafouée, où il y a de moins en moins de bouclier social, sans oublier le maintien d’une politique productiviste non respectueuse des générations suivantes.
Comme il n’y a plus de débat démocratique en cette période de crise intense, il ne reste que la révolte populaire pour engager un nouveau processus. Encore faut-il que des organisations soient prêtes pour donner un débouché stratégique à ces révoltes menant à la transformation sociale et politique. Afin d’ouvrir le chemin du modèle politique laïque de la république sociale, quatre ruptures sont indispensables:

  • la rupture démocratique pour rompre avec l’oligarchie,
  • la rupture laïque pour rompre avec le théologico-politique,
  • la rupture sociale pour rompre avec le turbocapitalisme,
  • la rupture écologique pour rompre avec le productivisme.

Engagées plusieurs décennies auparavant, certaines ruptures furent endiguées par le turbocapitalisme : tout est à recommencer. Voilà ce que nous expliquons dans nos réunions publiques sur le thème: “Refonder la république sociale, une urgence pour l’émancipation!”

N’hésitez pas à faire appel à nos conférenciers pour vos réunions publiques.