Unies par un même idéal laïque, pour le triomphe des droits des femmes sur les deux rives de méditerranée !

Déclaration de l’ANPLA aux Etats Généraux des Femmes à Paris, le 4 décembre 2011

Les nouvelles de Tunisie, de Lybie, du Maroc, d’Egypte , du Moyen-Orient de façon générale sont bien inquiétantes et assombrissent lourdement le climat politique.

A la lame de fond démocratique et l’euphorie des premiers mois de l’année 2011 succède aujourd’hui la perspective d’une gouvernance islamiste dont les effets néfastes et dévastateurs sont largement sous estimés voire sciemment passés sous silence.

Le mouvement islamiste, organisé de longue date et implanté massivement grâce au maillage impressionnant de la société par un réseau dense de mosquées, a capté à son profit la colère des peuples arabes pour réaliser le hold-up du siècle ! Il a récupéré, détourné et confisqué ce que l’on a baptisé précipitamment de « printemps arabe ».

Une telle dérive était prévisible. En effet, les rapports de forces qui ont dominé dans cette région du monde ne se sont jamais exercés pour faire triompher l’Etat de droit et les libertés individuelles. Dictateurs et islamistes, en parfaite connivence, adoubés par un Occident aveuglé par les calculs étroits du court terme, ont eu les mains libres pendant des décennies pour assécher la vie démocratique et réduire à néant les efforts des démocrates arabes à l’organisation politique de leurs peuples. Décapité et cassé par une répression féroce, le mouvement démocratique a été laminé et réduit en poussière.

Ceux qui ont porté aux nues le « printemps arabe » comme par enchantement ont viré leur cuti du jour au lendemain et aujourd’hui, nous rassurent sur notre avenir en tressant les lauriers de l’islamisme « modéré ».

De qui se moque t-on ?

Obama pactise avec les terroristes que lui-même avait catalogués dans les black-lists, encourage le retour triomphal des Talibans dans le cadre de la pseudo « Réconciliation Nationale » en Afghanistan et encense le nouveau «modèle» tunisien. Même son de cloche du côté européen : Pendant que Sarkozy et Cameron ferment les yeux sur la nature hideuse de la clique du pouvoir lybien, Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne se répand en courbettes devant les nouveaux maîtres du pouvoir.

Tout concourt à penser que le « plan du Grand Moyen-Orient » décliné en 2004 au Congrès par George W. Bush est entrain de se mettre en place.

Hier on nous demandait d’accepter des autocrates pour éviter les islamistes. Aujourd’hui, on nous demande de se faire bouffer à la sauce « light » de l’islamisme « modéré »! Décidément l’heure est au grand écart ! Pourquoi cette volte-face à 180 degrés ?

Qu’entendent-ils donc ces prestidigitateurs du verbe par « islamisme modéré » ? Quel est le contenu concret qu’ils donnent à leur lubie ?

  • Qu’ils nous disent alors ce qu’est le Tutorat « modéré » du mâle sur les femmes !
  • Qu’ils nous définissent ce qu’est la polygamie « modérée » !
  • Qu’ils nous expliquent ce qu’est la répudiation « modérée » !
  • Qu’ils nous montrent de quelle taille doivent être les pierres pour lapider « modérément » les femmes !
  • Qu’ils éclairent nos lanternes sur ce qu’est une fatwa « modérée » !

Par quel tour de magie, une idéologie de combat, comme l’islamisme, fondée sur des lois divines, accepterait-elle de se soumettre aux lois humaines?

Les questions qui se posent aux femmes algériennes restent entières depuis longtemps. Voilà plus d’un quart de siècle que le code de la famille algérien, rebaptisé à juste titre, « code de l’infamie », impose depuis 1984 un carcan de souffrance et d’humiliation aux femmes en en faisant des mineures à vie.

Les femmes algériennes ont connu toutes les versions de l’islamisme : sa barbarie et son discours mielleux. C’est pourquoi, elles peuvent en parler en connaissance de cause comme leurs sœurs afghanes et iraniennes. Elles savent surtout que quelle que soit la version, la « hard » ou la « soft », ce ne sont en fait que les deux faces du même monstre : l’islamisme politique.

Quand la religion est au pouvoir, elle le corrompt et l’avilit. Elle l’entraîne aussi dans les bas-fonds de la violence. La confusion de la religion et du pouvoir est toujours un mélange qui détonne et celui-ci explose en premier lieu à la gueule des femmes, les premières victimes de l’islamisme politique comme le démontre l’histoire de l’Algérie.

Quelle différence y a-t-il entre un poison tout court et un poison « modéré » sinon celle de crever sur le champ ou de souffrir à petit feu toute une vie ? Comme le cyanure, l’islamisme politique est mortel à toutes les doses !!

De quelque point de vue que l’on se place, ni la polygamie, ni la répudiation, ni la lapidation ne sont de l’ordre de l’humain. Elles sont toutes une injure à l’Humanité entière !

Il ne peut pas, il n’y a pas d’alchimie heureuse entre l’islam et la politique.

La malédiction des femmes algériennes continue jusqu’en France où les « conventions bilatérales » continuent d’exercer, au mépris de l’EGALITE CITOYENNE, leur chape de plomb et livrent les femmes algériennes à la férule de lois d’un autre âge.

En effet, la convention bilatérale de 1964 permet la reconnaissance de décisions rendues en Algérie (la répudiation de la femme par le mari) et sont validées par l’exequatur (procédure de reconnaissance, par le droit interne, d’une décision de droit d’un Etat étranger). L’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, notamment l’article 6, prévoit que le renouvellement du certificat de résidence est subordonné à une communauté de vie effective entre les époux. En conséquence, dans le cadre de la loi du 9 juillet 2010 relative aux violences faites aux femmes, les Algériennes même si elles peuvent bénéficier de l’ordonnance de protection, hésitent à s’engager dans une procédure de divorce. Elles vivent dans la peur de ne pas obtenir leur certificat de résidence ou son renouvellement (soumises au pouvoir discrétionnaire du préfet) et d’être confrontées à une procédure de reconduite à la frontière. Elles risquent de choisir de retourner chez le conjoint violent et rester à vivre avec leur bourreau face à un dispositif juridique qui discrimine et n’abolit pas les violences à l’égard des femmes.

En France, les pressions se font de plus en plus sentir sur les garderies d’enfants, les écoles, les marchés, les hôpitaux, les cafétérias, les piscines, les services publics, les rues. Elles se cachent sous le masque de la tolérance, du pluralisme, du respect de la différence, du vivre ensemble, de la liberté d’expression, du respect de l’autre, de l’ouverture à l’autre, de l’identité de l’autre, de la communauté de l’autre, de la culture de l’autre, des traditions de l’autre et bien évidemment de la religion de l’autre.

Le prosélytisme des évangélistes fleurit de plus en plus aux abords des gares et dans les marchés. Les intégristes catholiques redressent la tête. Ils tentent de perturber à Toulouse deux pièces de théâtre qu’ils jugent «blasphématoires» et font carrément irruption sur la scène du théâtre de la ville de Paris lors de la présentation de la pièce « Sur le concept du visage du fils de Dieu »

Les intégrismes prospèrent en écho sur les deux rives de la méditerranée mais nous ne cèderons pas à cette offensive généralisée contre les droits des femmes.

Pour nous, la démocratie ne se limite pas à la seule arithmétique comptable. La démocratie repose aussi sur le socle des valeurs universelles et nous n’accepterons jamais que le droit à l’égalité Femme/Homme soit sacrifié sur l’autel de la trahison et des compromissions avec l’islamisme politique. Les droits des femmes ne sont ni secondaires, ni négociables et aucune politique ne pourra prétendre défendre l’Humanité entière si elle ignore les droits des femmes.

C’est pourquoi toutes les femmes du monde doivent converger leurs efforts pour lutter ensemble contre les intégrismes de tout bord pour qu’enfin soient reconnues une place entière aux femmes et que s’épanouissent leurs droits. Un tel combat ne réussira pas s’il n’est pas mené contre toutes les atteintes à la laïcité. Sans laïcité, aucune place ne sera faite aux droits des femmes.