Des gendarmes accusent leur hiérarchie de racisme

Six gendarmes mobiles basés à Satory, qui disent avoir été traités de «bougnoule» et de «nègre» par certains de leurs collègues, vont saisir la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité.

De mauvaises notes administratives, le sobriquet de «bougnoule» ou de «nègre» qui fuse. Autant d’attitudes de leur hiérarchie et collègues que six gendarmes mobiles basés à Satory près de Versailles, ne supportent plus. Se disant les cibles de propos racistes et de discriminations de la part de collègues, ces agents d’origine africaine et magrébine ont décidé de saisir la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde), a annoncé leur avocat Me Joseph Cohen-Sabban vendredi.

Ces six gendarmes, qui appartiennent à l’un des huit escadrons du groupement blindé de la gendarmerie mobile (GBGM) de Satory, ont «depuis leur arrivée été régulièrement victimes de propos racistes tout comme ils font l’objet de discriminations», affirment-ils dans leur saisine. «Les blagues racistes sont coutumes à l’escadron, il ne faut pas les prendre mal, il faudra faire avec», leur confie le capitaine dès leur premier jour. Un de ces gendarmes assure avoir été «maintes fois» appelé «bougnoule» par ce commandant, selon l’avis de saisine. Ce commandant lui aurait également rappelé qu’ «il était le quota du secrétariat».

Deux autres gendarmes, d’origine maghrébine et de confession musulmane, affirment avoir été l’objet d’ «humiliations» au cours de séances de remises de galons. Leur capitaine auraient trempé leurs galons de sous-officier dans un verre de bière et leur aurait demandé d’ouvrir la bouche pour recevoir les galons à la manière d’une ostie. Les gendarmes ont refusé et le capitaine aurait frotté les galons sur leurs joues avant de les accrocher enfin à leurs vêtements, raconte leur avocat au Parisien et à RTL.

Un officier a déjà été sanctionné

Les gendarmes plaignants se disent en outre victimes de discriminations, notamment dans leurs «notations administratives singulièrement basses, ce qui a pour conséquence de retarder, voire de rendre impossible toute évolution de carrière», selon la saisine.

La Halde n’a pas encore reçu le courrier des plaignants. De son côté, la direction de la gendarmerie, qui n’a pas encore eu connaissance de la saisine, a confirmé qu’un gendarme d’origine maghrébine s’était plaint en février auprès de sa hiérarchie de propos racistes tenus par son commandant d’escadron. Une enquête interne avait été lancée et avait «vérifié que des propos discriminatoires et inappropriés avaient été tenus par ce capitaine. Toutefois «il n’y avait pas de réelle volonté raciste», souligne le Service d’information et de relations publiques des armées (Sirpa-gendarmerie). L’officier de gendarmerie d’une cinquantaine d’années a écopé de trente jours d’arrêt, une «lourde sanction». Il a depuis été muté à un poste administratif où il n’a plus d’hommes sous commandement direct.

Le Sirpa rejette en revanche les accusations de discriminations dans la notation. «Parmi les gendarmes, il y a toutes les origines et certains sont bien notés car ils servent bien et d’autres sont mal notés car ils servent mal». «Il n’y a pas de discrimination particulière», assure le Sirpa, ajoutant qu’il y a «des gradés de toutes les origines dans tous les services».

Article paru sur lefigaro.fr du 26/09/2009