Mode d'emploi

Soutenir et financer

Bien que le journal électronique soit rédigé par des contributeurs non rémunérés, nous devons faire face à des frais (notamment informatique). C'est pour cela que votre aide financière est la bienvenue pour nous permettre de continuer à vous informer sur les combats de la Gauche Républicaine et Laïque. Pour ce faire vous pouvez faire une adhésion de soutien en vous inspirant du barème ci-après et en nous envoyant sur papier libre vos Noms, Prénoms, Adresse et courriel à :

Les Amis de ReSPUBLICA
27, rue de la Réunion
75020 PARIS

Barème indicatif :
Chômeurs, RMIstes, Etudiants : 10 €
SMIC et au-delà : entre 25 € et 100 €

 
Chronique d'Evariste
Rubriques :
  • Chronique d'Evariste
  • Débats politiques
  • Education populaire
  • lettre 835

Pas de révolution citoyenne sans implication populaire

par Évariste

 

Pourquoi n’arrivons-nous pas à constituer une gauche de gauche sur les débris de la gauche de la gauche ? Parce que la constitution d’une gauche de gauche demande une série impérative de conditions politiques, stratégiques, organisationnelles et idéologiques à réaliser de façon concomitante. Nous devons développer ces conditions et en débattre dans des initiatives d’éducation populaire1. Nous en avons développé plusieurs dans nos colonnes. Nous en développerons une nouvelle qui est l’objet de cet article. C’est celle de la nécessité de l’implication populaire pour tout processus de transformation sociale et politique.

De façon liminaire, disons que nous ne critiquons pas de façon uniforme tout ce qui se fait aujourd’hui. Nous avons déjà noté dans nos colonnes l’intérêt de la dynamique de la France insoumise qui sauve à court terme l’honneur de l’ex-gauche de la gauche qui se décompose autour d’elle. Cela dit, nous en avons aussi déterminé ses insuffisances qu’il faudra bien un jour traiter si nous voulons être à la hauteur des enjeux dans la confrontation avec la droite radicalisée, l’extrême droite et l’oligarchie patronale et institutionnelle qui va durer de nombreux mois et de nombreuses années.

Qu’appelle-t-on « implication populaire » ? Cela veut dire un ensemble de choses ; D’abord la capacité de mobilisation dans les réunions publiques,, manifestations et meetings. Mais aussi de nombreuses têtes de réseaux locales capables d’insuffler le développement de la mobilisation non seulement dans des grands rassemblements mais aussi et surtout dans des initiatives locales. Car pour militer, il ne suffit pas de participer aux grands meetings et manifestations mais aussi être capable de mobiliser de façon conséquente sur le plan local. Mais ce n’est pas tout. C’est aussi une implication du potentiel créatif des salariés et des citoyens par leur intelligence, leur savoir-faire, pour construire non pas l’intérêt général qui n’existe pas mais la volonté générale à un moment donné de l’histoire.

D’abord, disons que les peuples n’ont jamais fait de révolution pour des raisons idéologiques. A chaque fois, ce fut pour des problèmes concrets que la direction politique du pays ne pouvait plus réaliser dans le cadre du vieux système. Ainsi fut-ce le cas pour la Révolution française, et les grandes révolutions du 20e siècle.

Ensuite, le processus de grande avancée sociale ou le processus révolutionnaire n’ont jamais été la conséquence de mots d’ordre du mouvement d’en haut (la prise de la Bastille, les 40 heures et les 15 jours de congés payés qui ne sont même pas dans le programme du Front populaire, etc.), mais bien d’une succession d’actions du mouvement d’en bas. Voilà pourquoi le mouvement d’en bas doit être organisé. Voilà pourquoi l’implication populaire est importante.

Le mouvement d’en haut n’est efficace que pour coordonner, généraliser, porter les revendications et les volontés du mouvement d’en bas. Mais jamais pour les déclenchements. Voilà pourquoi il y a une nécessité de concevoir un lien dialectique entre le mouvement d’en bas et le mouvement d’en haut. Mais comme les peuples ont de la mémoire et que nous avons vu de nombreuses prises de pouvoir du mouvement d’en haut muselant le mouvement d’en bas et tuant le lien dialectique avec lui, aujourd’hui, on peut comprendre que le mouvement d’en bas est réticent à se donner corps et âme à toute organisation pas ou peu démocratique en son sein. On entend souvent l’idée qu’il est peu crédible de vouloir la démocratie dans la société et dans l’Etat quand elle n’existe pas dans sa propre organisation2. Nous disons donc que l’implication populaire a besoin de propagande par l’exemple de ce qui est proposé pour demain dès aujourd’hui dans ce qui existe !

Oui, le déni démocratique dans les organisations pratiquant le refus du débat sur ce qui n’est pas consensuel et la politique de cartel donnant le pouvoir aux chefs des organisations, peut à certains moments pousser les citoyens à préférer le regroupement autour d’un homme dans ce qui est appelé le populisme de gauche. Mais des exemples récents dans différents pays du monde montrent les limites ultérieures de ce type d’organisations.

Si nous avançons dans la réflexion, nous pouvons dire que nous avons besoin de 6 axes : l’éducation populaire refondée et son organisation autonome pour mener la bataille pour une nouvelle hégémonie culturelle, une activité syndicale autonome, des médias autonomes d’expression, un programme, une stratégie et un parti autonome. Ces 6 axes doivent entrer en cohérence politique d’ensemble sans aucune subordination d’une organisation sur une autre, les différents types d’organisation devant être autonomes les uns des autres, et non se juxtaposer de façon incohérente. Ces 6 axes doivent être en cohérence avec les principes du modèle politique alternatif que nous souhaitons pour l’avenir. Si ce modèle est le modèle laïque de la République sociale,alors chaque axe doit être en conformité avec les principes constitutifs,les ruptures nécessaires, les exigences indispensables et la stratégie de l’évolution révolutionnaire (Marx, Jaurès).

Mais il y a plus.

Revenons sur la dialectique du mouvement d’en bas et du mouvement d’en haut. Elle demande de pratiquer ce que Jean Jaurès concentre dans la formule « Partir du réel pour aller à l’idéal ». Encore faut-il comprendre le réel. Et donc ne pas faire comme les gauchistes qui veulent aller à l’idéal sans passer par le réel et le comprendre Quiconque veut comprendre le réel ne peut y arriver sans se mettre en contact avec lui, vivre avec lui, pratiquer le réel vécu par les couches populaires ouvrières et employées et les couches moyennes intermédiaires en voie de prolétarisation. Si l’on veut acquérir la connaissance du réel vécu il faut prendre part à une pratique qui vise à transformer le réel aux fins que chaque citoyen chaque salarié devienne l’auteur et l’acteur de sa propre vie. Si l’on veut connaître le goût d’une pomme, il faut croquer dedans ce qui la transforme en la goûtant. Si l’on veut connaître la théorie du changement social et politique, la théorie de la révolution, il faut prendre part au processus y conduisant. Toutes les connaissances authentiques sont le fruit d’une dialectique entre l’expérience immédiate et la théorie elle-même, qu’il faut donc constituer aussi de façon intellectuelle.

  1. Le Réseau Education Populaire -REP, centre de ressources du mouvement social intervient près de 400 fois par an. []
  2. Nous appelons démocratie un système où c’est le peuple qui a le pouvoir, ce qui implique pour nous les 4 conditions de Condorcet. Nous récusons l’usage du mot démocratie pour les gouvernement représentatifs théorisés par Siéyès qui ne sont qu’un mode de gouvernement anti-démocratique. Voir Penser la République sociale au XXIème siècle, de Pierre Nicolas et Bernard Teper, dans http//www.gaucherepublicaine.org/librairie. []
Débats politiques
Rubriques :
  • Débats politiques
  • Economie
  • lettre 835
  • politique industrielle

La nécessaire réindustrialisation de la France, absente de la campagne présidentielle

par Bernard Teper

 

Alors que l’on parle de plus en plus de « révolution citoyenne », on peut se demander si l’urgence n’est pas d’en définir les conditions exhaustives sans lesquelles ce mot d’ordre ne serait qu’incantation. Respublica a donc décidé de dialoguer avec ses lecteurs sur l’ensemble de ces conditions. La réindustrialisation de la France en est un indispensable parmi d’autres.

En effet, la réindustrialisation de la France avec transition énergétique et écologique (TEE) et maintien à haut niveau du « développement humain durable » est un passage obligé de toute politique alternative au mouvement réformateur néolibéral. Mais les discours de la campagne électorale font tout pour esquiver cette question. Seule la Confédération CGT en fait une urgence (ce que nous développerons en fin d’article).

Histoire succincte d’une désindustrialisation de la France à marche forcée

Fin des années 60-début des années 70, les taux de profit dans l’économie réelle et dans l’industrie diminuent. L’oligarchie capitaliste française choisit la voie de la désindustrialisation, d’un renforcement des services et de se jeter corps et âme dans la spéculation financière internationale. La charnière Pompidou-Giscard d’Estaing en est l’expression politique initiale. La transformation du groupe sidérurgique de Wendel en société financière internationale en est le symbole.

Tous les présidents de la République qui suivent, de François Mitterrand à François Hollande, poursuivent comme un seul homme la même politique de désindustrialisation forcenée. Aujourd’hui l’emploi industriel français représente 18 % des emplois pour 30 % en Allemagne, la part de l’industrie dans le PIB est tombée à 10 % et la part de l’industrie achetée hors de France est de plus 60 %.

Même la majorité de la gauche de la gauche de gouvernement et même une partie des gauchistes s’est laissée convaincre par le mouvement réformateur néolibéral, en développant les idées mortifères de la fin du travail, des robots qu’il faudrait taxer pour éviter le développement scientifique et économique, que toute action dans la production est vaine et qu’il faut remplacer tout cela par le revenu universel, etc. Ce sont les mêmes qui proposent de se tirer une balle dans le pied pour courir plus vite en développant des pensées et des pratiques communautaristes qui divisent les couches populaires et le peuple tout entier. L’oligarchie capitaliste française exulte de joie face à de tels soutiens indirects !

Ceux qui ne sont pas encore touchés par l’amnésie historique de la période 81-82 peuvent se rappeler l’épisode grotesque de cette période, à savoir les magnétoscopes et téléviseurs nouvelle génération importés stockés plusieurs mois à Poitiers pour retarder le déficit de la balance commerciale.

Que s’est-il passé ? Des mesures de gauche keynésienne sont appliquées par application de la dynamique du Programme commun. La relance keynésienne française crée de l’emploi… mais à l’étranger, car l’oligarchie française a détruit les filières industrielles qui auraient pu fabriquer en France les produits désirés par le peuple.  Suit une succession de dévaluations qui n’arrive pas à relancer la machine France. Cela devient un jeu d’enfant pour le néolibéral Delors de convaincre Mitterrand et Mauroy d’engager le tournant libéral de 1983, qui est le point de départ en France de la politique du mouvement réformateur néolibéral au plus haut niveau de l’État.

Aujourd’hui avec la monnaie unique, une dévaluation de la monnaie n’étant plus possible, l’oligarchie capitaliste, ne peut résoudre ce dilemme que par la « dévaluation interne », c’est-à-dire la casse des salaires, directs et socialisés, c’est-à-dire l’intensification des politiques d’austérité.

Déjà, en 2006, l’intensité de la dépense intérieure en recherche-développement (DIRD en pourcentage du PIB) pour la France était de 2,16  %, contre 2,68 pour les États-Unis, 3,13 pour le Japon, 2,49 pour l’Allemagne, 2,85 %pour la Corée, 2,56 pour Taïwan, 3,95 pour la Suède, et même inférieur à la moyenne de l’OCDE 2,26 !

Le mandat du solférinien Hollande se termine avec un déficit de la balance commerciale 2016 de 48,1 milliards contre 45,7 milliards en 2015 et on prévoit même un déficit de la balance commerciale 2017 de 48,9 milliards, sans doute sous-estimée. Les exportations françaises reculent de 0,6  % en un an. Pire, l’excédent des services diminue rapidement et n’est plus que de 0,4 milliards d’euros contre 8,8 un an plus tôt. Les services devaient se substituer à l’industrie, ils l’accompagnent dans sa chute.

Tout cela montre que la compétitivité de l’économie française diminue malgré les dizaines de milliards de cadeaux solfériniens au patronat via le CICE et le pacte dit de responsabilité. Pas étonnant quand on sait maintenant, et c’était prévisible, que la grande majorité de cet argent s’est retrouvée dans les dividendes pour les actionnaires ! En fait, le mouvement réformateur néolibéral, qu’il soit aidé par la droite néolibérale ou par les solfériniens tout aussi néolibéraux, a plombé la France par une insuffisance de compétitivité-coût vis-à-vis de son flanc sud et par une insuffisance de compétitivité hors coût vis-à-vis de son flanc est (l’Allemagne). Et c’est bien là que le bât blesse : la désindustrialisation de la France l’a empêchée de faire sa montée en gamme. Pire encore, la politique française autour de « grands groupes » n’a pas axé sa politique sur les filières industrielles ou sur des écosystèmes productifs. Il était plus facile de les financiariser par le haut avec la connivence de la direction politique française.

LA CGT sauve l’honneur du mouvement social et politique !

Pour sortir du projet du gouvernement (« La Nouvelle France industrielle », qui n’est qu’une communication d’affichage médiatique sans suite), la confédération CGT sort le grand jeu.

Après la publication d’un livret intitulé « L’urgence d’une reconquête industrielle », la Confédération CGT a organisé le 22 février 2017 les Assises nationales de l’industrie à la Cité des sciences et de l’industrie de Paris. Ont été étudiées entre autres, la filière hydrogène, la filière bois, les nanotechnologies, et bien d’autres filières. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, développer des filières industrielles tirées par une recherche-développement haut de gamme, à hauteur de 4 % du PIB selon nous, si nous voulons une vraie alternative politique, scientifique et technique. Car pour le XXIe siècle, le développement des filières industrielles ne peut pas se déployer lorsque l’oligarchie capitaliste demande des rendements financiers à très court terme. Nous devons programmer des financements sur plusieurs dizaines d’années. Comme pour Arianespace ou Airbus. Donc, il faut une planification démocratique conséquente orchestrée par la puissance publique.

La veille, une journée de luttes avait lancé  le « Printemps de l’industrie » avec le slogan que nous faisons nôtre « Pas d’industries sans services publics, pas de services publics sans industrie ». Nous le proposons même comme titre des conférences prochaines que vous allez organiser, chers lecteurs de Respublica !1 Malheureusement, les structures de la CGT, contrairement à la Confédération, n’en ont pas fait la priorité du moment. Nous sommes là devant un autre problème sur lequel il faudra bien revenir.

Que faire ?

La priorité est de savoir hiérarchiser les questions, d’abord la principale, ensuite les secondaires, qui devront être également traitées. Par exemple, on ne doit pas faire croire qu’il suffit d’un protectionnisme solidaire (ou mieux un protectionnisme écologique et social), d’une planification démocratique et d’un pôle public financier pour résoudre la nécessaire relocalisation industrielle en France. Tout cela doit accompagner le vecteur principal et non faire comme si c’était premier dans la perspective. D’abord mener la bataille culturelle sur le fait que pour produire en France aujourd’hui, il faut réindustrialiser le pays via une politique cohérente de filières et d’écosystèmes productifs et non de « grands groupes français » sans filiérisation. Mais il faut réindustrialiser avec transition énergétique et écologique. Et pour faire cette réindustrialisation-là, il faut rompre avec les traités européens, la zone euro et l’UE. Pour rompre avec le carcan européen, il faut se saisir de la prochaine crise paroxystique qui se profile à l’horizon et ne pas compter sur le seul volontarisme du plan A/B ou du plan B, sous peine d’être à la peine. Mais tout ce processus ne peut pas advenir sans la réinstallation d’un processus République sociale (qui inclut à ce stade du raisonnement les éventuelles mesures protectionnistes, le problème du financement, la planification démocratique, etc.) avec une pratique et des alliances internationalistes qui puisse mener l’offensive malgré les attaques qui ne manqueront pas de se développer en interne et en externe.

  1. Peu d’intervenants en éducation populaire expliquent qu’une des causes du chômage est l’acceptation de la désindustrialisation. C’est pourquoi le Réseau Education Populaire (REP, près de 400 interventions par an) a construit une conférence sur ce sujet. Hélas, les organisateurs de réunions publiques et d’initiatives d’éducation populaire sont peu nombreux à faire appel aux intervenants pour cette conférence. Et pourtant, nous pouvons montrer que l’emploi industriel induit plus d’emplois y compris dans les autres secteurs de l’économie que n’importe quel autre type d’emploi. []
International
Rubriques :
  • International
  • Equateur
  • gauche latino-américaine
  • lettre 835

Equateur : entretien avec Patricio Zambrano Restrepo

par Marilza de Melo Foucher

 

Source externe : https://blogs.mediapart.fr/marilza-de-melo-foucher/blog/150217/equateur-entretien-avec-patricio-zambrano-restrepo

Président du Parti Socialiste Equatorien, Patricio Zambrano Restrepo dirige la campagne du parti pour les élections Présidentielles et Législatives de 2017.
Diplômé en Relations Internationales de l’Université Andine Simon Bolivar, licencié en Sociologie de l’Université de Paris VIII, diplômé en Politiques Publiques et Intégration de l’Institut des hautes études pour l’intégration et le développement de Bogota.
Parlementaire Andin réélu depuis de nombreuses années, il a été Vice Président du bureau de la représentation parlementaire équatorienne, Président de la Commission Spéciale de Lutte contre la Corruption, Président de nombreuses autres commissions parlementaires, en particulier celle des Droits de l’homme pour l’assemblée Euro-Latino-Américaine EUROLAT.

Pourriez-vous nous faire une synthèse de l’histoire de la Gauche en Equateur?

C’est en 1926 que se forme le Parti Socialiste Equatorien, un troisième parti politique venant s’ajouter au Parti Libéral et au Parti Conservateur, existant déjà comme dans tous les pays Latino-Américains. En 1932, un groupe pro russe décide de rompre avec le PSE et crée le Parti Communiste Equatorien. Ces partis participent aux élections durant les années 60 suivies de la dictature  de 1972 à 1979 et par la suite par un triumvirat. Le retour de la démocratie intervient avec l’élection du Président Jaime Roldos, qui fut on le sait aujourd’hui assassiné par la CIA durant un voyage officiel (un “accident” d’avion au dessus de la frontière avec le Pérou).

C’est à cette époque que commence une étape d’union de nombreux intellectuels cherchant à participer librement à la politique et dés les années 70, à travers une participation politique dans de nombreuses municipalités et provinces du pays, et intervenants dans l’élaboration des lois. Mais de fait, c’est toujours la droite qui détenait le pouvoir et cherchait à maintenir ses privilèges. Afin de défendre une politique sociale pouvant bénéficier à la majorité, une union de la Gauche se forme entre le PSE et le PC. Pendant les années 70-80, la gauche augmente son influence en soutenant les mouvements sociaux et les organisations populaires, soutenant le syndicalisme qui plus tard va permettre le retour d’un gouvernement civil. Le PSE devient alors la principale force politique de gauche.

Ce “troisième Parti” en vient à demander des réformes totalement nouvelles pour l’époque. Il commence à lutter pour la défense des travailleurs, la sécurité sociale, pour de nombreux acteurs oubliés depuis toujours par les deux grands partis traditionnels. Cette lutte est impulsée par de grands hommes politiques comme Carrera Andrade et Benjamin Carrion, issus du PSE et qui ont proposé des changements de politique radicaux en particulier dans le domaine économique.

Quelles sont les fondements du PSE?

L’une des bases fondamentales de tous les membres du Parti socialiste était le marxisme. Nous nous identifions avec les références philosophiques de Marx. Nous nous identifions par exemple, avec la théorie de la lutte des classes, nous luttons pour un monde sans conflits sociaux. La redistribution de la richesse doit être un objectif de tous les acteurs politiques, mais c’est surtout le rôle de l’Etat, qui doit sauvegarder l’intégrité des ressources qui appartiennent au peuple et la juste redistribution à tous les citoyens équatoriens.

Quand commence la période d’instabilité politique et la lutte contre le modèle économique néolibéral?

Au début des années 90, commence une très forte mobilisation indigène, par une marche depuis l’est du pays jusqu’à Quito, pour présenter leurs doléances au Président de la République; c’est alors que se crée un nouveau parti politique, représentant le mouvement indigène, appelé Pachacutik. C’est alors que débute une longue période d’instabilité politique, avec 9 ou 10 présidents successifs, les classes dominantes, n’acceptant pas les résultats démocratiques manifestaient et réussissaient à faire abdiquer le président élu. L’instabilité politique a duré 10 ans, ainsi par exemple Abdala Bucaram président élu le 10 août 96 fut destitué par le Parlement pour cause “d’incapacité mentale” (sans aucun examen médical) le 6 février 1997. A sa chute, la vice présidente Rosalia Arteaga et le président du congres, Fabian Alarcon se disputèrent le pouvoir. C’est ce dernier qui l’emporta comme président intérimaire du 11 février 97 au 9 aout 1998. Alarcon n’avait pas de projet économique pour le pays, un déficit fiscal abyssal et de plus, la relation avec le Pérou voisin était conflictuel.Ensuite, en 1998, Jamil Mahuad (en binôme avec Gustavo Noboa, pour le parti Démocrate Populaire) fut élu à la présidence, qu’il exerça entre le 10 aout 98 et le 21 janvier 2000. Sous son mandat, fut votée une loi de “sauvetage bancaire” pour renflouer les banques privées en faillite (fin 99, suite à la crise baptisée “férié bancaire”, plusieurs banques déposent leur bilan). C’est alors que le peuple las de cette instabilité politique et économique manifesta dans les rues ; des membres de la Confédération des Nationalités Indigènes (CONAIE) s’emparèrent des rues de Quito et marchèrent sur le Congrès, appuyés par un groupe de colonels des forces armées. L’armée lui ayant retiré son appui, Mahuad est révoqué et un triumvirat est désigné ; il est composé par le représentant indigène Antonio Vargs, le colonel Lucio Gutierrez et Carlos Solorzano Constantine, représentant la société civile.Dans la matinée du 22 janvier 2000, Gustavo Noboa fut nommé président, suite à la destitution de Mahuad.

C’est l’ex colonel Lucio Gutierrez qui remporte ensuite les élections, avec l’appui de toutes les forces de gauche (Pachacutik, MDP, PSE) car il était censé favoriser l’égalité des classes sociales. Mais très vite, celui ci se déclara comme le meilleur ami des Etats Unis et nous nous rendîmes compte que le programme de transformations sociales ne verrait jamais le jour!… Il va exercer le pouvoir entre le 15 janvier 2003 et le 20 avril 2005  et l’abandonnera suite à une révolte populaire; Alfredo Palacio va le remplacer, du 20 avril 2005 au 14 janvier 2007.

Avec quel président  a commencé la dollarisation de l’économie?

L’Equateur a adopté officiellement le dollar comme monnaie en 2000, suite à une forte dévaluation de la monnaie nationale, le “sucre” combinée à une forte inflation.

La dollarisation commence officiellement le 9 janvier 2000, durant le gouvernement de Jamil Mahuad, pour éviter la forte dévaluation du sucre et contrôler l’inflation. L’instabilité monétaire et le manque de confiance envers le sucre entrainèrent  la détérioration du système financier du pays et firent chuter, entre autres, les salaires, pensions, ce qui affecta gravement les classes sociales populaires. Avec Lucio Gutierrez, continuèrent les mêmes problèmes économiques et l’instabilité politique.

Quand la gauche accède au pouvoir ?

À la fin de 2006, nous gagnons les élections et Rafael Correa Delgado est élu Président de la République. Diplômé de l’Université catholique de l’Equateur, puis d’une maîtrise de l’université de Louvin en Belgique, il termine son doctorat aux Etats-Unis, à l’Université de l’Illinois.

En 2007, le Parti socialiste équatorien, en accord avec les partis de gauche de l’Equateur, a décidé de soutenir un jeune homme dont le discours prônait un changement radical pour l’Equateur. Cependant, toute sa vision politique, la composante idéologique est née de la gauche, des luttes sociales. Non pas par son appartenance à des partis politiques, mais plutôt par la lutte dans les universités, brillant économiste, doyen de la Faculté des sciences économiques, l’une des universités les plus prestigieuses en Equateur. Il va prendre en compte toutes nos plates-formes de combat et les assumer comme ses propres revendications, anti-néolibérales, anti impérialistes. Nous avons cherché une économie plus inclusive, et une personne qui intègre toutes nos propositions.

À ce moment-là, quand nous accédons au pouvoir, la gauche est unie, forte et avec un engagement à construire un nouvel Etat, la responsabilité de consolider les bases d’un nouveau pays ; il était urgent d’unir la gauche au profit de la grande majorité de l’Equateur. Ainsi, en 2007, a commencé la construction de ce nouveau processus de changement que nous connaissons comme la Révolution Citoyenne.

Comment expliquer « Révolution Citoyenne » ?

La gauche politique a comme point central la défense de l’égalité sociale. La poursuite de l’égalité sociale est un objectif prioritaire de son programme politique, bien que souvent cette égalité soit réalisée au détriment de certains droits individuels. Alors que la droite politique considère les différences sociales comme inévitable, normales ou naturelles.

Nous avons toujours dit que la gauche se caractérise par sa capacité de réflexion, d’analyse et de critique. Une personne qui  se dit à gauche doit toujours être critique et autocritique, l’autocritique est la base fondamentale de la conception idéologique personnelle, mais la critique doit être constructive, afin de profiter à la société, et non pour un bénéfice intellectuel.

L’exercice de l’administration publique nous conduit sans aucun doute à prendre des décisions qui peuvent souvent favoriser certains secteurs et nuire à d’autres. Quand nous parlons de privilégier certains secteurs, tels que les secteurs productifs, nous devons considérer que l’Équateur doit avoir une croissance permanente ce qui peut parfois nuire à certains secteurs qui sont idéologiquement contre.

Dans le gouvernement du président Rafael Correa, le gouvernement a fait face à des besoins urgents au bénéfice de certains secteurs. Toutefois, lorsqu’un certain pragmatisme prévaut dans l’exécution des politiques gouvernementales nous pouvons affecter certains idéaux, comme la construction d’un nouvel état ou nation.

Et par où commencer?

La  première chose que nous avons dû réaliser  a été de changer la constitution et de proposer une nouvelle constitution, un nouveau système. Quand nous parlons de constitution, nous nous référons à un nouveau régime, qui donne au législateur le pouvoir d’effectuer les changements nécessaires, à la fois en droit et dans l’administration publique. Pour ce défi nous avions besoin d’avoir une gauche unie et solide. Nous avions besoin d’une constitution avec un peuple uni.

Nous avons commencé à consolider l’Etat que nous voulions et le résultat est une constitution avancée dans ses principes, je pense que c’est une constitution qui donnent le plus de droits au monde, elle a eu lieu avec la participation de tous les secteurs, tous les segments de le gauche, du centre et de la droite. Tous unis nous avons participé  à la construction d’une constitution pour le bénéfice de tous et pas, comme avant, au bénéfice du secteur économique.

En 2009, nous avons eu des élections générales, et les résultats ont été en faveur du projet politique de «révolution citoyenne » du président Correa. Cependant, pour gérer un Etat, nous devons aussi gagner la confiance des partis politiques, qui font face à un discrédit et à 10 ans d’instabilité politique. Cela nous permet de réfléchir à l’évolution du pays,  avec  une technologie qui progresse, avec des infrastructures nouvelles,  un  réseau routier qui nous permettent de communiquer et qui permettent à nos produits d’accéder au marché. Un pays qui prend ses décisions au niveau international, avec sa propre auto-détermination, sans que cela soit imposé de l’étranger. Nous ne voulons pas que le capital financier arrive pour un mois et se retire le mois suivant. Libre de tout ce que nous appelons des conseils spécifiques au détriment de la croissance que nous avons défini pour l’Etat, c’est-à-dire que nous ne croyons pas dans les recettes du Fond Monétaire International, de la Banque mondiale, qui ont été expulsés de l’Equateur.

Pour que nos lecteurs comprennent bien, vous avez fait face à l’instabilité politique et également au néolibéralisme, non seulement comme modèle économique, aussi comme  idéologie. Comment avez-vous créé les conditions de gouvernabilité?

En détruisant les fondamentaux néolibéraux, non seulement par la parole mais aussi par des alternatives politiques qui ont un coût et que nous devons assumer. Souvent, nos pensées politiques ou nos «  principes », ne nous laissent pas supposer ces coûts, et l’exercice de l’administration publique a également besoin d’un certain degré de pragmatisme dans la prise de décision. Il se peut que certains segments de la population seront en désaccord avec certaines décisions, cependant, elles doivent être prises pour construire des écoles, des hôpitaux, des routes,  augmenter les salaires, améliorer le PIB (produit intérieur brut) et les conditions de la vie. Pour atteindre cet objectif, nous avons besoin de générer davantage de ressources; ou nous ne générons pas d’autres ressources si nous ne faisons rien pour offrir des conditions de vie plus décente.

Expliquez nous alors pourquoi aujourd’hui la gauche est contre la gauche en Equateur? Comment expliquer cette rupture de la gauche autrefois unie?

L’un des problèmes a été causé par une proposition d’une initiative générale lancée en Equateur, une proposition qui a provoqué une rupture dans les secteurs de gauche.

En général, ces secteurs sont ceux qui défendent la nature, l’environnement, mais nous devons aussi considérer que nous devons faire face à d’énormes défis dans la gestion d’un Etat, c’est pourquoi la décision a été prise de proposer au monde que tous les pays participent  au paiement du pétrole que nous aurions cessé d’exploiter. Le gouvernement a proposé d’émettre des «Yasuni Certificats de Garantie” (CGY), documents garantissant que l’Équateur laisserait d’extraite le pétrole. Malheureusement, l’initiative a échoué, le monde a refusé, laissant comprendre qu’il n’était pas intéressé par le pétrole de l’Equateur.

Le gouvernement avait besoin de ressources pour réaliser les projets du secteur de la santé, la construction d’hôpitaux, de l’éducation, pour les routes, et de nombreux autres services pour la société équatorienne. Voilà pourquoi, il a été décidé d’exploiter le Yasuni, et une période de tension au sein de la gauche a débuté entre la gauche en faveur de l’exploitation et celle qui était contre. Pour la gauche de gouvernement il était nécessaire d’explorer le pétrole pour disposer des ressources pour améliorer la vie de tous les citoyens.

Est-ce la raison de l’éloignement de certaines organisations sociales? Cela a fait débat entre au sein de la gauche pour un type de gouvernabilité différente ?

Commence alors une période de conflits entre certains groupes de gauche qui sont en faveur du gouvernement et de certains groupes de gauche qui ont abandonné le gouvernement. Ces groupes de gauche qui ne soutiennent  plus  le gouvernement national vont se radicaliser. Ils sont retournés à leur exercice naturel qui est d’occuper les rues pour protester. Ils ont commencé à se battre, organiser des manifestations contre le gouvernement. Ils ont essayé de créer ainsi l’instabilité politique au sein du gouvernement et un nouveau déséquilibre politique. Le gouvernement a décide de contrer ces actions, avec un plus grand nombre d’exécution des travaux et de propositions. Au contraire de ce que faisait la droite avec les mouvements de gauche, qui pour faire taire les protestations accordaient quelques avantages aux dirigeants des organisations sociales pour les satisfaire et pour poursuivre leurs actions politiques. Voici comment le droite dans le passé a travaillé, ils ont offert certains sinécures à certains dirigeants de gauche afin qu’ils puissent continuer à leur lutte populaire et poursuivre leur propre chemin. Cela a toujours été une tactique de la droite dans le monde entier.

Après le départ de nombreux représentants de gauche du gouvernement, comment le gouvernement a-t’il continué à agir? Comment les secrétariats et les ministères ont-t-ils été attribués?  Par la compétence ou l’affiliation politique?

Correa a décidé qu’il ne donnerait de privilèges à personne et qu’il fallait évoluer. Il était temps de dépolitiser certains secteurs tels que le secteur de l’éducation qui était dirigé par le  MPD – Mouvement démocratique populaire – qui avait le secteur que la droite leur avait laissé. Seuls ceux qui étaient membres de ce mouvement politique avaient accès au secteur de l’éducation. Correa a décidé de mettre fin à cette pratique politique qui ne pouvait perdurer. Nous ne pouvons pas permettre que certains groupes politiques s’emparent de secteurs comme, dans ce cas, l’éducation. Maintenant l’éducation est maintenant accessible à tous.

Nous pensons que nous ne sommes pas un pays socialiste, mais nous contribuons à la construction du socialisme, dans la mesure où la société s’empare de la compétence politique, elle peut assumer ses propres décisions, et non au profit de la classe politique.

La gauche est-elle capable de se questionner, de réfléchir et de travailler ses propres contradictions et de faire son autocritique ? Quel est le point de vue du président du plus grand parti de gauche de l’Equateur?

Bien sûr, je pense que lorsque vous n’acceptez pas de comprendre les contradictions, on ne peut pas agir pour les corriger. Lorsque ceux qui participent à un projet commun essayent de le boycotter ou de renverser le gouvernement parce que ce dernier ne respecte pas ce qu’ils voulaient, il devient alors difficile d’accepter des réfutations qui sont dirigées pour formuler un coup d’Etat. Le gouvernement a le droit de protéger la propriété privée ainsi que le pillage des ministères, cela il ne peut pas être accepté.

Comment analysez-vous cette situation, lorsque la gauche retourne contre la gauche? La gauche ne peut pas identifier qui est adversaire politique et l’ennemi? Devant les défis du monde global et de l’idéologie néolibérale comment bâtir des stratégies et des alternatives ? Voici une longue discussion …

Je crois que notre société en Amérique latine est à la recherche d’une meilleure style de vie pour les citoyens, Si on appelle cela de socialisme, si cela ça veut être dire de gauche … Ce que je peux dire, et j’en suis convaincu si quelqu’un se dit à gauche, il doit se battre pour l’amélioration de la vie tous. Son adversaire ou ennemi n’est pas la gauche, c’est la droite. Le fait que nous ayons des différences ne signifie pas être adversaire. Notre adversaire commun est l’empire, nous serons toujours anti-impérialistes. Chaque homme, chaque femme de gauche doit être anti-impérialiste, parce que nous ne permettrons pas que l’empire impose ses décisions à nos pays souverains. Nous serons toujours pluriels dans les domaines économiques, notre objectif est de bâtir une économie ascendante et toujours transparente.

Acceptez vous que les gouvernements de gauche aient un contre-pouvoir pour revitaliser la démocratie? En principe la «Révolution Citoyenne » en Equateur, avait pour but de réunir les différents groupes politiques, les citoyens de différentes catégories sociales. Bien sûr, cette initiative amène le gouvernement à travailler avec des différences et des contradictions. Beaucoup agissent comme contre-pouvoir pour faire avancer les choses.

Oui, je suis d’accord, cependant, avec des contre-pouvoirs qui permettront de renforcer la démocratie. Nous avons besoin de propositions concrètes qui nous conduisent à prendre des décisions conjointes. Autrement dit, les organisations collectives, sociales apportent des propositions à analyser qui permettent collectivement de prendre des décisions correctes. Un groupe politique ne peut pas imposer sa propre décision à la majorité, et si, la voyant rejetée, aller dans la rue pour déstabiliser le gouvernement. Ceci est leur droit, mais ce n’est pas une décision collective. Nous savons qui sont nos ennemis, nous devons lutter pour que les postulats néolibéraux ne s’imposent pas à nos gouvernements en Amérique latine.

Quelle évaluation faites vous de la fin de gouvernement “Correrista”, quelles sont les perspectives d’avenir?

Nous croyons qu’il faut poursuivre les changements, cela signifiera que l’Etat de droit en Equateur a été consolidé au bénéfice de la majorité. Nous devons réduire les intérêts bancaires, procéder à une réforme agraire, nous avons besoin d’une société dans laquelle tout le monde a la possibilité d’étudier et de s’éduquer. Nous avons besoin de régler toutes les dettes que l’Équateur, mais tout cela doit se faire à un prix équitable et adapté à notre pays. Nous devons poursuivre le processus de changement qui nous permettra d’améliorer la société dans son ensemble.

Que faire pour se rapprocher  des mouvements sociaux, des mouvements de femmes, du mouvement paysan, par exemple.

Nous devons aussi critiquer l’attitude de certains compagnons (compagnes) au sein des mouvements. Bien sûr, ils peuvent idéologiquement avoir raison  sur beaucoup de choses, cependant, il est parfois plus facile de détruire que de construire, le problème est que certains ne veulent jamais construire. Nous devons tenir compte du fait qu’il ya des mouvements sociaux qui sont contre le gouvernement de Rafael Correa, cependant, il y a aussi des mouvements sociaux qui le soutiennent, parmi eux, les mouvements indigènes, les travailleurs, les femmes, qui reconnaissent que beaucoup de choses ont été faites. Par exemple: la violence de genre est l’un des plus grands combats de ce gouvernement parce qu’il est le seul dans l’histoire de l’Equateur, qui a permis l’accès des femmes aux postes de prise de décision, il est le seul gouvernement en Amérique latine composée de 50% de femmes et 50% des hommes. Le droit  à la sécurité sociale a été donné aux employés domestiques avec un salaire juste. L’Equateur a changé, mais nous devons continuer à aller de l’avant avec les réformes structurelles.

Laïcité et féminisme
Rubriques :
  • Laïcité et féminisme
  • femmes
  • identités
  • lettre 835

L’universel est subversif

par Martine Storti

 

Source externe : le blog de Martine Storti http://martine-storti.fr/article-dans-clara-magazine-le-piege-identitaire-janvier-2017/

La question de l’identité nationale a refait surface en France dans les années 80 du siècle dernier, avec la réapparition sur la scène politique du Front national, alors composé de vieux briscards de l’Algérie française, de tortionnaires de « bicots », de nostalgiques de Vichy qui se mêlaient à des types plus jeunes, crânes rasé et perfecto pour certains, costume trois pièces pour d’autres, sensibles à la carrière qui s’annonçait avec « la gauche au pouvoir » comme l’on disait après l’élection de François Mitterrand !

Si l’on doit au parti de Jean-Marie Le Pen la remise au goût du jour d’une thématique des années 30, à savoir le lien entre immigration et menaces sur l’identité française, il faut aussi se souvenir que très vite les ralliements à cette vieille antienne furent nombreux et que la conception d’une identité française fermée, ethnique, exclusive, xénophobe se mit à gagner du terrain, bien au-delà du périmètre de l’extrême droite.

Cette extension politique s’accompagna au fil des années d’une sorte d’enrichissement des contenus identitaires au point d’y faire figurer l’émancipation des femmes, comme le montra le débat sur l’identité nationale, orchestré en 2009 par le président de la République Nicolas Sarkozy et le premier ministre François Fillon. Dans ce processus d’identitarisation s’engouffrèrent des intellectuels, des groupes politiques, des courants idéologiques qui n’avaient jamais été du côté des luttes féministes mais qui se mirent à vanter l’égalité et la liberté des femmes, construisant ainsi une sorte de féminisme national, voire nationaliste et officialisant un affrontement qui prend les femmes comme objets et comme otages.

Nous avons vu à l’œuvre ces prétendus défenseurs des droits des femmes après les agressions commises à Cologne lors de la nuit de la Saint Sylvestre 2016 par des dizaines d’hommes, pour la plupart d’origine maghrébine, contre des centaines de femmes. Nous avons pu constater à quel point la liberté des femmes était présentée comme une composante de l’identité occidentale, y compris par ceux qui, quelques mois plus tôt, nous expliquaient, à l’instar d’Éric Zemmour et de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, que la destruction de l’ordre patriarcal par les horribles mégères du MLF et leurs descendantes était à l’origine de la destruction de la France et de son identité !

Mais cette stratégie identitaire développée par des forces de droite ainsi que par une partie de la gauche est une aubaine pour d’autres entrepreneurs d’identité, « post-coloniaux » ou « décoloniaux », qui ne cessent de répéter que la laïcité, l’interdiction du voile dans les écoles, la liberté des femmes ne sont que des instruments du racisme, de l’islamophobie, de la frontière entre « eux » et « nous ». Ou qui présentent le féminisme comme un discours de femmes et d’hommes blancs occidentaux et instruisent son procès au nom de l’anti-racisme, de l’anti-colonialisme et de la défense du camp des « dominés ».

De ce côté aussi un processus identitaire est à l’œuvre, où c’est aux femmes qu’il est demandé et même exigé de porter l’identité, où chacun est enfermé dans sa communauté, sa culture, sa couleur de peau, avec une globalisation des uns et des autres, avec une séparation totale entre « Blancs » et « non-Blancs », avec ce refus du métissage que l’on peut lire sous la plume de la porte-parole du parti des Indigènes de la République, Houria Bouteldja, et qui n’a rien à envier au séparatisme culturel et raciste de l’extrême droite, au partage entre les « de souche » et les « pas de souche ».

Il convient de rappeler que cette autre manière d’occidentaliser le féminisme est une très vieille histoire, rabâchée depuis longtemps. Je l’ai entendu par exemple à Paris, en 1977, lorsque la coordination des femmes noires décida de lutter contre l’excision et l’infibulation et que leurs camarades révolutionnaires leur rétorquaient que s’en prendre aux traditions n’était ni un combat prioritaire ni un combat anti-impérialiste. Ou encore en 1979, à Téhéran, lorsque par milliers des femmes se rassemblaient dans les rues de la capitale iranienne contre le port du tchador prôné par l’ayatollah Khomeiny tout juste rentré de son exil en France. Pour stigmatiser les manifestantes, le nouveau pouvoir répétaient qu’elles  étaient occidentalisées, vendues au grand Satan américain, complices de la dictature du Shah…

C’est l’universel qui est subversif

Les féministes doivent dénoncer et refuser ces stratégies identitaires qui rabattent les concepts politiques que sont l’égalité et la liberté des femmes en enjeux de modes de vie, de mœurs, d’identité nationale, de loyauté ou de non loyauté à l’égard d’une religion ou d’une culture. Et qui font des femmes l’instrument, l’objet et le sujet de l’affrontement.

Occidentaliser l’émancipation des femmes revient à gommer qu’elle est une conquête, à faire fi des combats menés depuis plusieurs siècles pour sa réalisation, à oublier le long, je pourrais même dire l’interminable processus dont elle est la conséquence.

Il faut rappeler que l’égalité, la liberté ont été conquises contre. Contre des traditions, des préjugés, des cultures, des religions, des enfermements, des grilles. Contre la morale établie, contre tout ce qui contrôle les corps. Les « occidentales » ont dû affronter leurs églises, leurs partis politiques, leurs pères et leurs mères, leurs frères, leurs camarades. Elles ont dû faire face aux opprobres, aux injures, aux condamnations. Elles ont dû attaquer le pacte démocratique qui pendant tant de siècles les a exclues.

Cette égalité jamais complètement réalisée, ces libertés, jamais définitivement acquises, doivent faire l’objet d’une vigilance constante, tant la tentation est grande de rogner les droits, en particulier ceux qui renvoient à la maîtrise par les femmes de leur corps et de leur sexualité, ainsi que l’atteste l’opposition, jamais éteinte en Europe, à l’avortement, pour ne prendre que cet exemple. Et la récente campagne des primaires dites « de la droite et du centre » en a donné une illustration en France.

Au lieu de figer l’émancipation des femmes dans une identité, il ne faut pas cesser d’affirmer son historicité. L’historiciser, c’est en effet la rendre possible pour d’autres. D’autres qui ont aussi à combattre leurs religions, leurs traditions, leurs enfermements, leur assignation à résidence. D’autres qui se battent depuis des décennies pour le droit à la subjectivité, à la singularité, à l’individualité. Et qui souvent, trop souvent, le font au risque de leur vie.

Cette similitude des combats féministes porte un nom, elle s’appelle universalité. Dans ces temps d’essentialisation des différences que tant de voix se plaisent à proclamer, il faut prôner sans vaciller l’universel. Et oser dire qu’aujourd’hui s’en revendiquer est subversif. Il faut le défendre contre lui-même, contre ses mensonges, lorsque le particulier prend sa figure, par exemple le suffrage masculin se donnant pour universel.

Mais en dénoncer la particularité n’est pas le récuser, c’est en élargir le contenu. L’universel des droits des femmes n’est pas l’autre nom de l’Occident ou de son hégémonie. Universel ne signifie pas que le chemin de l’émancipation est identique pour toutes les femmes, mais que des principes et des droits valent pour toutes.

Si tel n’était pas le cas, au nom de quoi dénoncer la barbarie totalitaire contre les femmes qui dépasse les pays, les religions, les cultures : ainsi les enlèvements, séquestrations, viols, assassinats de filles par Boko Haram au Nigéria, les mariages précoces et forcés de fillettes dans plusieurs pays d’Asie et d’Afrique, le viol systématique des femmes au nom,  comme pendant la guerre dans l’ex Yougoslavie, de l’épuration ethnique, ou d’un dieu qui le commanderait, comme le pratiquent des combattants de l’état islamique en Irak, les viols de mères devant leurs enfants, de filles devant leurs parents, les vagins lacérés au rasoir, ou brulés à la soude caustique, ou déchiquetés par une balle tirée à bout portant comme en République démocratique du Congo. Ou plus près de nous et de manière moins tragique les multiples facettes de ce qu’il faut encore appeler la domination masculine.

La liberté, l’égalité, les droits, les émancipations ne sont pas des marquages identitaires, ils ne séparent pas l’Occident d’un autre monde qui ne saurait les entendre. En Occident aussi, beaucoup y sont, hélas, sourds. Ailleurs, sont nombreux ceux, notamment de religion ou de culture musulmane, qui les adoptent, car il y va de l’humanité et de la dignité de leur existence, de l’idée qu’ils s’en font.

Protection sociale
Rubriques :
  • Protection sociale
  • lettre 835
  • mutualité

Mutualité : où va la MGEN ?

par Frédéric Pierru

 

La trajectoire de la MGEN est révélatrice de la « restructuration silencieuse » des assurances maladie en cours depuis 20 ans. Avec d’autres mutuelles de fonctionnaires, comme la MGPTT, la MGEN a été l’acteur historique du ralliement, dans les années 1960, du mouvement mutualiste à la Sécurité sociale. Dans les deux premiers tiers du XXe siècle, la Mutualité avait combattu farouchement les premiers projets d’assurances sociales obligatoires, souvent avec succès, au nom de la prévoyance et de la liberté individuelles. Malgré le Yalta trouvé en 1945 entre la Sécurité sociale et les mutuelles, qui prennent en charge le ticket modérateur, la Mutualité ne désarme pas : elle parviendra à faire abroger par une loi, votée en 1947 au nom de « la défense des intérêts de la Mutualité » (sic), l’article 39 des ordonnances de 1945 instituant la Sécurité sociale et prévoyant la possibilité pour la « Sécu » de jouer le rôle de complémentaire santé ! Pour autant, les relations vont peu à peu s’apaiser. La loi Morice, votée cette même année 1947, autorise les mutuelles de fonctionnaires à gérer à la fois le régime de base et le régime complémentaire. Cette imbrication des deux piliers, adossée à une tarification en fonction des revenus, sera décisive dans la construction de la popularité de la MGEN dans le monde enseignant.

Cependant, la stratégie de la MGEN en matière de défense de la « Sécu » va progressivement s’infléchir à mesure que le marché de la complémentaire santé prend son essor et s’institutionnalise à partir des années 1990 et 2000. La Fédération nationale des mutuelles de France (FNMF) choisit, à la charnière des années 1980 et 1990, de jouer le jeu de la concurrence avec les compagnies d’assurance, en se plaçant de son propre chef sous les directives assurances européennes. La boîte de Pandore de la banalisation assurantielle des pratiques mutualistes est ouverte. Les mutuelles doivent affronter la concurrence de plus en plus agressive des assureurs, lesquels, à rebours des espoirs initiaux des responsables mutualistes, taillent des croupières aux mutuelles. La grande transformation en cours prend plusieurs visages : concentration-fusions tous azimuts, recul des pratiques de tarification solidaire en fonction des revenus au profit de la tarification selon l’âge et les charges de famille, segmentation des contrats, etc. La MGEN est, comme les autres mutuelles, prise dans cette grande transformation qui l’éloigne de plus en plus de la Sécurité sociale pour la faire dériver vers celui des pratiques des assureurs et des bancassurances. Première mutuelle de fonctionnaires, représentant un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros pour 3.5 millions adhérents en 2015, désormais second opérateur mutualiste du marché de la santé, la MGEN s’est engagée résolument dans la concentration. Elle fonde, en 2015, le groupe Istya et tente, depuis, de se rapprocher d’Harmonie Mutuelle, autre grand groupe mutualiste issu de cette dynamique de fusion.

En raison de sa position dominante dans le monde mutualiste, mais aussi certainement en raison de son image « solidaire » historique, la MGEN fournit de nombreux cadres à la FNMF. M. Fabrice Henry, ancien président de l’Union nationale des organismes complémentaires d’assurance maladie (UNOCAM) rassemblant mutuelles, instituts de prévoyance et assureurs est issu de ses rangs. M. Thierry Beaudet quitte la présidence de la MGEN pour occuper celle de la FNMF en 2016. La MGEN donne donc le ton. En 2015, peu avant sa prise de fonction à la FNMF, M. Beaudet annonce la couleur : dans une interview donnée au quotidien Les Echos, il déclare que « la Mutualité est appelée à être le centre de gravité de la protection sociale du XXIème siècle », renouant ainsi avec les propos de rivalité à l’égard de la Sécu de ses prédécesseurs de la première moitié du XXe siècle. Dans le même temps, les pratiques de la MGEN se banalisent sans complexe. La tarification à l’âge se substitue à la tarification solidaire, suscitant bien du ressentiment chez les enseignants retraités qui voient le montant de leurs primes augmenter. En outre, la MGEN cherche à diversifier ses activités : diversification du portefeuille d’activités, d’abord, en investissant par exemple le courtage de « rénovation énergétique » au profit d’opérateurs privés ou encore les relations avec le secteur immobilier ! C’est le produit « Izigloo »  dont le lancement a beaucoup heurté les plus anciens du monde enseignant qui voient là un symbole de la dérive commerciale de « leur » mutuelle à laquelle ils étaient si attachés ; internationalisation ensuite : la MGEN cherche à prendre pied sur le marché de la santé chinois tandis qu’elle décide de fermer son centre de dépistage du cancer du sein, rue de Vaugirard à Paris…

Le cas de la MGEN est un formidable raccourci de la trajectoire mutualiste : après avoir œuvré, à la fin des années 1950 et 1960, à sceller l’alliance entre la Sécu et le monde mutualiste, la MGEN est désormais le maître d’œuvre de la banalisation assurantielle de la Mutualité, à laquelle elle fournit ses cadres dirigeants. Elle voit désormais son avenir plutôt du côté de la concurrence avec les assureurs et les bancassurances que du côté de la défense de la solidarité et de l’égalité en santé. Fin de la « Sécu des profs », bienvenue à l’«assureur  MGEN» !

Rubriques :
  • Protection sociale
  • austérité
  • Grande-Bretagne
  • lettre 835

Le NHS britannique : une étude d’Oxford fait le lien entre austérité et surmortalité, les tories en furie

par Grey Britain

 

Source externe : http://www.grey-britain.net/2017/02/17/nhs-une-etude-doxford-fait-le-lien-entre-austerite-et-surmortalite-les-tories-en-furie/

Si la France n’en est pas encore là, elle y va, lentement, mais sûrement (surtout si Fillon, Macron ou Hamon ouvrent la porte à Axa). En Grande-Bretagne, l’austérité coupable n’est pas un simple “choix” de la droite torie (qui aurait bien sûr pu en faire d’autres pour réduire le salaire socialisé), mais une conséquence de la crise économique. Une gauche arrivée au pouvoir ferait probablement peser la contrainte ailleurs, dans un premier temps, mais sur quoi ? l’école ? les transports ? La politique ne crée pas la pénurie, mais elle doit la gérer.
La Rédaction

De crise en crise, le secteur de la santé publique est plus que jamais en ébullition au Royaume-Uni. La mobilisation des syndicats de salariés et des professionnels de santé qui bénéficie du soutien du Labour Party se traduira par une manifestation nationale le 4 mars contre les coupes budgétaires. C’est dans ce contexte tendu qu’une étude de l’université d’Oxford a mis le feu aux poudres.

Celle-ci affirme que l’on peut « vraisemblablement » établir un lien entre l’austérité budgétaire, à l’échelle du pays et dans tous les secteurs, et la hausse de la mortalité. Les chercheurs chiffrent la surmortalité provoquée par la politique menée par le gouvernement conservateur à 30.000 décès pour la seule année 2015 par rapport à l’année précédente, l’écart le plus élevé depuis la seconde guerre mondiale.

Pour les auteurs de l’étude publiée dans le journal de la Société Royale de Médecine, le lien est probable entre les coupes opérées dans les budgets consacrés aux aides sociales et aux services publics de santé. L’austérité infligée au National Health Service a pour conséquence une attente plus longue avant toute prise en charge. Le temps d’attente moyen à l’hôpital est monté jusqu’à 12 heures, tandis qu’un rendez-vous avec son médecin généraliste peut attendre jusqu’à 3 semaines.

Le gouvernement, par le biais d’un porte parole du ministère de la santé, s’est concentré sur la dénonciation d’une étude « biaisée et basée sur des convictions politiques opposées au gouvernement ». Les officiels tories arguent du fait que les variations du nombre de décès d’une année sur l’autre n’auraient pas de rapport avec la politique du gouvernement.

L’étude fait effectivement écho aux critiques du Labour Party (unanime, pour une fois, sur cette question) et des Libéraux-Démocrates. Les deux n’ont de cesse que de souligner l’ampleur de la crise dans le secteur de la santé.

Les chercheurs de la prestigieuse université d’Oxford réfutent un par un les arguments du gouvernement. Ils affirment avoir mené leur études sur la base de faits, en examinant les chiffres de l’Office National chargé des Statistiques. Les scientifiques ont écarté les causes probables qui auraient pu contribuer à cette hausse, telle une épidémie de grippe ou une cause statistique. « Nos découvertes doivent être vues dans le contexte d’une situation financière du NHS qui empire », précisent encore les auteurs. Les preuves, selon eux, s’accumulent et pointent une faillite majeure du système de santé, et de l’aide sociale par extension.

« Depuis les élections générales de 2010, l’impact des coupes budgétaires, liées à l’imposition de l’austérité sur le système de santé est profond (…) Les dépenses ne parviennent pas à suivre la demande et les réductions budgétaires de 16.7 milliards de livres ont exacerbé la situation. »

Les auteurs soulignent également les conséquences de l’allongement du temps d’attente aux urgences, de celui avant lequel le patient peut être transporté par une ambulance ainsi que la multiplication des reports d’opérations de routine, notamment en chirurgie.

Le budget du système national de santé tourne autour de 106 milliards de livres. Il aurait augmenté, selon les conservateurs, de 15 milliards entre 2009 et 2015. Pourtant, il est loin de répondre à la demande. Dans le même temps, le budget de l’aide sociale, géré par les collectivités locales à baissé de 3,5 milliards de Livres depuis 2011. Et l’étude insiste sur la baisse de 17 % des dépenses en faveur des personnes âgées, depuis 2009 alors que le nombre de personnes de plus de 85 ans a augmenté de 9 % sur la même période.

Pour le professeur Danny Dorling, « il peut sembler évident que plus de personnes âgées sont mortes prématurément à cause des coupes budgétaires du gouvernement, mais le nombre exact de décès n’a pas été évalué. Et le gouvernement refuse d’admettre toute responsabilité ».

Le leader des Libéraux-Démocrates, Tim Farron, a déclaré : « C’est un scandale national que, dans l’un des pays les plus riches du monde, les personnes âgées vulnérables sont privées des services dont elles ont besoin et   que certaines soient décédées en raison de soins insuffisants. Jour après jour, nous entendons de plus en plus de nouvelles à propos de services qui subissent des coupes et qui n’atteignent pas leurs objectifs, tandis qu’ils font face à un silence assourdissant du 10 Downing Street et du Ministère de la Santé. » Cette critique perd cependant de son acuité quand on se souvient que les Libéraux-Démocrates étaient au gouvernement de 2010 à 2015  et ne se sont pas montrés très virulents sur les questions liées à la santé.

Pour la membre travailliste du Parlement Barbara Keeley, membre du cabinet fantôme pour l’aide sociale, « les tories ont créé la crise dans l’aide sociale en supprimant des milliards des budgets de conseils et les citoyens en subissent les conséquences ».

Extrême-droite religieuse
Rubriques :
  • Brèves
  • Combat laïque
  • Extrême-droite religieuse
  • Alsace-Moselle
  • lettre 835

Archevêque de Strasbourg : F. Hollande nomme un fervent opposant à l’IVG, au mariage pour tous, à Charlie Hebdo, et à la laïcité

par Les Profanes

 

Il y a peu, un théologien catholique était élu président de l’Université publique de Strasbourg (voir http://www.ufal.org/laicite/un-theologien-catholique-president-de-luniversite-de-strasbourg-une-atteinte-a-la-liberte-de-conscience-de-recherche-et-denseignement/), régime concordataire de l’Alsace-Moselle aidant, voici  nommé un archevêque de Strasbourg à l’idéologie clairement d’extrême droite !
La Rédaction

Source externe : https://www.facebook.com/notes/les-profanes/archev%C3%AAque-de-strasbourg-fhollande-nomme-un-fervent-opposant-%C3%A0-livg-au-mariage-p/766986513467035

L’association de défense et de promotion de la laïcité « Les Profanes » apprend avec stupeur la nomination par le Président de la République d’un nouvel archevêque à Strasbourg ayant assimilé l’avortement au terrorisme en février 2015.
Au lendemain des massacres de janvier 2015 Monsieur RAVEL affirmait dans le bulletin mensuel de l’Aumônerie militaire catholique des Armées que : « Le chrétien se sent pris en tenaille entre deux idéologies […] D’un côté, des adversaires déclarés et reconnus : les terroristes de la bombe, vengeurs du prophète. De l’autre côté, des adversaires non déclarés mais bien connus : les terroristes de la pensée, prescripteurs de la laïcité, adorateurs de la République. »
En poursuivant : « L’idéologie islamique vient de faire 17 victimes en France. Mais l’idéologie de la bienpensance fait chaque année 200 000 victimes dans le sein de leur mère. L’IVG devenue droit fondamental est une arme de destruction massive. » Et de conclure : « Nous ne devons pas cautionner les folies de l’euthanasie, du mariage pour tous et autres caricatures de Charlie Hebdo ».
L’association « Les Profanes » condamne ces comparaisons abjectes, s’interroge sur le message transmis par le Président de la République en nommant une telle personne, et rappelle que le « Concordat » n’a pas sa place dans une République laïque.

Sources :
http://yagg.com/2015/03/16/il-ne-faut-pas-cautionner-le-mariage-pour-tous-clame-leveque-aux-armees-avec-le-logo-du-ministere-de-la-defense/
http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/eveque-aux-armees-peut-on-comparer-l-avortement-terrorisme-actualise-2-22635
http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Le-mensuel-du-diocese-aux-armees-ne-pourra-plus-utiliser-le-logo-de-l-armee-2015-03-27-1296235



Si vous ne souhaitez plus recevoir cette lettre, désinscrivez-vous en cliquant ici.

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association :
"Les Amis de ReSPUBLICA"
27, rue de la Réunion
75020 PARIS
Courriel : respublica@gaucherepublicaine.org
Site: gaucherepublicaine.org