n°943 - 20/09/2020
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Rompre avec les stratégies perdantes

par Évariste

 

« Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards, ni patience. » René Char

« On ne pardonne jamais à un homme les injustices qu’on lui a fait subir. » Galilée

Pourquoi la gauche a-t-elle participé au progrès social et politique pendant près de deux siècles et depuis plus de 30 ans n’y arrive-t-elle plus ? Nous vous proposons ici quelques pistes de discussion (sur lesquelles nous sommes prêts à venir débattre avec vous lors d’initiatives montées dans vos territoires).
En effet, du siècle de la Révolution française jusque dans les années 1980, la gauche a eu une histoire mouvementée mais l’histoire n’est pas avare de dates qui ont marqué le progrès de l’humanité. Où sont alors les différences avec les dernières décennies ?

Hier, elle agissait pour le progrès social, aujourd’hui elle croit pouvoir être majoritaire dans le pays en ne proposant pas d’agir sur les causes des injustices sociales !
Malgré ses divergences internes, la gauche proposait d’améliorer le sort des travailleurs les plus défavorisés, des sans-culottes de la Première République jusqu’à la classe populaire ouvrière et employée dans la deuxième moitié du XXe siècle. Aujourd’hui, elle n’est plus pro-active, elle n’est que réactive, une partie de la gauche devient l’opposition de Sa Majesté, passant son temps à critiquer passivement le recul organisé par le patronat et la droite. Le 10 août 1792 a produit le suffrage universel, aujourd’hui la gauche ne dit plus rien avec une abstention de 60 à près de 80 % des ouvriers et des employés !

De la Révolution française jusqu’au serment de Vincennes de 1961, le principe universel de laïcité est partie intégrante du combat de gauche, aujourd’hui, le néolibéralisme soutenu par une partie de la gauche, opposition de Sa Majesté, produit la fin de l’universel humaniste et le développement du communautarisme, du financement public des cultes, du racialisme indigéniste destructeur des solidarités et de la fraternité, du clientélisme (1)Il faut lire l’ouvrage récent La France des Caïds de Gérald Panelon, aux éditions Max Milo, pour une illustration de l’emprise du « narcobanditisme des cités » dans de nombreuses villes et la mise en évidence des liens entre les élus et les trafiquants. Le combat universaliste antiraciste et anticolonial a été porté par une partie de la gauche minoritaire mais importante dès la Révolution française et par une part de plus en plus grande de la gauche au fur et à mesure de l’histoire. Aujourd’hui, la gauche ne dit plus rien des différentes formes de néo-colonialisme français, en Afrique par exemple, et ne porte aucune action sérieuse pour défendre un antiracisme radical et universaliste. Pire, une partie d’entre elles fait des compromis avec des réactionnaires communautaristes.

La gauche agissait dans le cadre de la lutte des classes pour le progrès social et politique. Aujourd’hui, elle laisse le patronat, la droite et Warren Buffet dire que « bien sûr que la lutte des classes existe puisqu’on est en train de la gagner » en se vautrant dans toutes les déviances en utilisant le mot creux de populisme de gauche qui n’a existé que dans les pays sous-développés à forte économie informelle, et encore pendant une courte période, ou carrément la collaboration de classes. Et que dire des concepts débiles d’économie sociale de marché, de revenu de base, d’effondrement (en lieu et place de la lutte écologique écosocialiste), d’isolationnisme, ou d’union de la gauche sans contenu concret, etc. !

C’est la gauche qui a créé, par la pression populaire, les systèmes de protection sociale, la sécurité sociale, les services publics, les congés payés pour tous, la journée de 8 heures, Aujourd’hui tout cela est détruit. Et quel est le dirigeant de gauche qui présente un projet désirable de sécurité sociale pour mobiliser ? Pire, toute la gauche aujourd’hui encense Lionel Jospin, le champion toutes catégories des privatisations (avec 26 milliards, il explose Villepin et Balladur – respectivement 20 et 15 milliards), celui qui a tué les mutuelles solidaires avec son code assurantiel de 2001, qui a même réussi à détruire les avancées de sa première loi sur les 35 heures par sa deuxième loi deux années plus tard ! Il n’est pas revenu sur la loi Balladur de 1993 sur les retraites ni sur celle de Juppé sur la Santé-Assurance-maladie de 1995. Il a accentué la désindustrialisation avec sa piteuse position sur Renault Vilvorde où il a théorisé l’incapacité de l’action de l’Etat, pourtant le plus gros actionnaire. Hier, la gauche avait un projet de société, aujourd’hui elle pavane avec des mots creux ou des généralités dont le contenu n’est plus actualisé (pôle public du médicament, pôle public financier, maison des retraites prônée par la CGT, sécurité sociale professionnelle, etc.).
Ainsi, on n’est pas crédible avec pour seul discours contre le projet néolibéral sur les retraites « non au système à points », comme si le système actuel de répartition était désirable ! Il aurait fallu dire « non au système actuel de répartition, et non au système à points encore pire que le système actuel ! »

La gauche ne sait pas analyser l’impasse de l’affrontement direct aux forces de répression. La violence légale est le monopole de la police. Aujourd’hui l’oligarchie capitaliste ne peut se maintenir qu’en renforçant la répression. L’affrontement direct avec les forces de l’ordre est contre-productif et fait le jeu de ladite oligarchie qui réprime en donnant des images aux médias dominants qui en profite pour cacher les revendications réelles des mouvements sociaux et la violence patronale. La gauche doit donc développer une pédagogie montrant que cet affrontement direct favorise l’oligarchie. Il faut donc lutter avec d’autres moyens. Et pour cela, la pratique d’une éducation populaire refondée dans les mouvements sociaux est indispensable. Et pour cela, il ne faut pas mépriser les mouvements sociaux du type gilets jaunes.

La visibilité médiatique ne sert à rien sans un travail d’éducation populaire dans les mouvements sociaux mobilisés. Pratiquer l’éducation populaire refondée auprès des jeunes, des ouvriers, des employés, des paysans, des salariés, des couches moyennes intermédiaires en lutte est plus pro-actif que de se contenter d’une visibilité médiatique qui s’estompe en quelques jours.  Ceux qui font l’inverse tomberont de haut car on ne change la société qu’avec une société mobilisée et non avec des consommateurs médiatiques sidérés. Les consommateurs médiatiques sont des alliés du système.
Renoncer au mythe de l’immédiateté pour pratiquer un travail éducatif et politique de moyen terme est indispensable. Contrairement aux croyances altermondialistes, le spectaculaire n’a pas l’efficacité qu’elles lui donnent.
Dit autrement, il faut produire une parcelle de monde nouveau. Comme Cédric Herrou qui a agi de façon illégale, certes, pour créer un droit positif du primat de la solidarité et de la fraternité humaniste pour tous les êtres humains donc aussi pour les migrants. Comme ceux qui occupent leurs usines pour monter une coopérative à la place de la propriété lucrative (les 1336 par exemple).
Ou encore, contrairement à ce que font la plupart des organisations naguère d’éducation populaire, il faut politiser les actions pour mener la bataille pour une nouvelle hégémonie culturelle face au système bourgeois actuel
D’ailleurs, la conception réactionnaire ordolibérale n’a pas été obtenue par la droite en passant du nazisme aux formes modernes de l’ordolibéralisme par de la simple visibilité médiatique. Qui connaît la Société du mont Pèlerin et toutes les officines qui ont permis à l’oligarchie d’être infiltrée pour produire l’ordolibéralisme dès le traité de Rome de 1957 – combattu par Mendès-France pour de bonnes raisons ? (2)Mendès-France refusait le traité de Rome en 1957, aujourd’hui toute la gauche est européiste en espérant changer l’UE de l’intérieur alors qu’il faut l’unanimité pour le faire, on croit rêver… De plus alors qu’elle industrialisait hier, aujourd’hui la gauche se satisfait de la désindustrialisation qui place la France en 7e position dans le monde en attendant pire. Et qui a fusionné ensuite avec le tournant néolibéral de 1979 de Thatcher et Reagan.

La gauche doit adopter une stratégie pro-active et constituer un nouveau bloc historique autour de la classe populaire ouvrière et employée (53 % de la population) et des couches moyennes intermédiaires (24 % de la population). Mais pour cela, il faut agir, selon leurs intérêts. Le slogan par exemple « fin de mois, fin du monde même combat » n’est qu’un slogan de la petite bourgeoisie intellectuelle n’ayant pas de problèmes de fin de mois, un scandale fini ! Car pour la majorité de la classe populaire, les fins de mois, c’est tous les mois et donc il faut commencer par cela. Il y a bien d’autres explications pour lier la bataille sociale à la bataille écologique sans prendre un slogan qui met les deux au même niveau.
Dit autrement, il faut allier des couches sociales avant de penser alliances partisanes. Si une union de la gauche se fait sans la classe populaire ouvrière et employée, elle a perdu d’avance. Même François Mitterrand avait compris ce théorème puisqu’il justifiait l’alliance avec le PCF sur cette seule base !

Par ailleurs, faire croire que le virus Sars-Cov-2 allait préparer un monde meilleur « le jour d’après », fut une illusion de courte durée des partisans de la méthode Coué au sein de la gauche. Nous savons maintenant que ce sera pire qu’avant. Croire ne remplace pas le raisonnement rationnel ! La lutte des classes a repris de plus belle, pourquoi avoir cru à sa fin, alors que le discours de l’oligarchie reste celui de la solidarité nécessaire avec les patrons et les banquiers !
De ce point de vue, il convient de débattre sur le nouveau régime de sécurité sociale et non pas apparaître soutenir une Sécu inégalitaire et pas assez solidaire. Se battre sur les nouvelles copropriétés d’usage pour réformer le droit de propriété, sur la promotion du salaire socialisé par la cotisation aux côtés de l’impôt mais sans mélanger l’un avec l’autre, sur les nationalisations nécessaires mais cette fois-ci démocratiques, sur les biens communs, sur l’écosocialisme pour contrer le syndrome de l’effondrisme et du communautarisme, etc.

La gauche se doit de construire un imaginaire positif
autour de la notion du travail

Les soignants hospitaliers, médecins et paramédicaux ont montré dans la crise sanitaire du virus Sars-Cov-2 qu’ils étaient capables de s’organiser sans la technobureaucratie, largement parasite, installée par le nouveau management néolibéral. C’est à partir de cela que l’on doit réfléchir à une nouvelle organisation. Et il en est de même dans bien d’autres organisations sociales.
Par ailleurs, c’est bien parce que le pouvoir de cette bourgeoisie parasite, cette technobureaucratie néolibérale, a montré son inconséquence, que le pouvoir est obligé d’être de plus en plus autoritaire, jusqu’à utiliser la violence policière contre des infirmières, contre des pompiers !
Mais, c’est bien autour du concept de l’auto-organisation que les discussions doivent se tourner. La technobureaucratie néolibérale joue le rôle joué par l’aristocratie dans le système féodal, toutes choses étant différentes par ailleurs.

Auto-organisation veut dire de réfléchir à une sortie du salariat en devenant travailleur associé ce qui renvoie à un nouveau statut du travailleur associé adossé à une sécurité sociale refondée et donc à une modification des rapports sociaux de production. C’est le changement des rapports sociaux de production qui détermine le passage d’un système de production à un autre. Bien évidemment, cela est aujourd’hui possible grâce aux nouvelles forces productives numériques et électroniques.

⇒ Le travailleur associé, c’est aussi un autre versant de l’acquisition de la souveraineté populaire sur son propre travail, souveraineté populaire qui donne de nouveaux droits au travailleur associé par rapport aux salariés qui sont en état de subordination par rapport au capital. Mais aussi souveraineté collective qui donne également des droits à la collectivité des travailleurs associés. Redonner la souveraineté à des travailleurs associés peut se comprendre avec l’analogie, toutes choses étant différentes par ailleurs, avec la libre disposition du corps des femmes par les femmes elles-mêmes pour lutter contre la domination patriarcale.

Répétons, que changer de système ne consiste pas seulement à la prise du pouvoir d’Etat mais aussi à la prise du pouvoir sur le travail par les nouveaux travailleurs associés. Si on s’arrête à la prise du pouvoir dans l’Etat, on obtient une nouvelle aristocratie d’Etat pilotant une technobureaucratie qui peut être soit néolibérale de plus en plus autoritaire (ce qui va advenir si la gauche ne se met pas à la hauteur des enjeux), soit soviétique (nous avons vu où cela a mené).

Dans ce cadre, le secteur des travailleurs associés deviendrait le secteur pro-actif dans le nouveau système en transition face à l’Etat et aux survivances du secteur capitaliste contrairement aux coopératives et mutuelles actuelles qui subissent la subordination directe de la formation sociale capitaliste.

 

Mais gardons-nous de vouloir proposer le paradis. Restons-en à la formule matérialiste d’Engels que l’on « ne peut pas faire bouillir les marmites de l’avenir ». Dit autrement, nous pensons que toute pensée téléologique est erronée, car c’est l’activité matérielle et ses contradictions qui font surgir la « force des choses » et ce ne sont pas les idées qui créent les futures activités matérielles. Les hommes et leurs idées ne peuvent qu’agir dans le cadre de cette « force des choses » qui arrive toujours mais pas forcément quand on le souhaite. Mais ils peuvent agir positivement que si, et seulement si, ils ont correctement analysé la période, qu’ils ont préparé les conditions de la bifurcation là et qu’une organisation collective peut prendre en charge la rupture politique. Nous avons de ce point de vue expliqué dans des conférences sur les grandes révolutions que ce qui précède est corroboré dans toutes les périodes révolutionnaires sans exceptions. Car il n’y a pas plus de fin de l’histoire, n’en déplaise à Kojève ou Fukuyama que de finalité écrite d’avance par une téléologie, fût-elle de gôche.

 

Notes de bas de page   [ + ]

1. Il faut lire l’ouvrage récent La France des Caïds de Gérald Panelon, aux éditions Max Milo, pour une illustration de l’emprise du « narcobanditisme des cités » dans de nombreuses villes et la mise en évidence des liens entre les élus et les trafiquants.
2. Mendès-France refusait le traité de Rome en 1957, aujourd’hui toute la gauche est européiste en espérant changer l’UE de l’intérieur alors qu’il faut l’unanimité pour le faire, on croit rêver… De plus alors qu’elle industrialisait hier, aujourd’hui la gauche se satisfait de la désindustrialisation qui place la France en 7e position dans le monde en attendant pire.
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Bifurquer, Benjamin

Résurgence de Walter Benjamin dans la réflexion socialiste contemporaine

par Jean-Louis Bothurel

 

Mon aile est prête pour l’envol,
J’aimerais repartir d’où j’arrive,
Car même si je restais tant que vit le temps,
Je ne trouverais guère mon bonheur.

Gerhard Scholem, Salut de l’Ange

 

Il y a un tableau de Klee qui porte le nom d’Angelus Novus. Un ange y est figuré qui a l’air de se trouver sur le point de s’éloigner de quelque chose sur quoi il fixe son regard. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche grande ouverte et ses ailes écartées. L’ange de l’histoire doit ressembler à cela. Il a le visage tourné vers le passé. Là où nous apparaît une chaîne d’événements, il ne voit qu’une unique catastrophe empilant des ruines sur d’autres ruines et les rejetant à ses pieds. Il aimerait rester, réveiller les morts et recoller ce qui fut brisé. Mais une tempête se lève depuis le Paradis, elle s’est prise dans ses ailes et elle est si forte que l’ange ne peut plus refermer celles-ci. Cette tempête l’entraîne irrésistiblement vers l’avenir à qui il tourne le dos, tandis que l’amoncellement de ruines auquel il fait face s’élève jusqu’au ciel. Ce que nous appelons le progrès, c’est cette tempête.

Walter Benjamin, Neuvième thèse sur le concept d’histoire (1940)1

 

1.

Walter Benjamin, né le 15 juillet 1892 à Berlin, suicidé le 26 septembre 1940 à Port-Bou, à la frontière franco-espagnole, a grandi dans un milieu de haute bourgeoisie intellectuelle allemande, dans une famille juive adhérant pleinement au modèle de la « haute culture » issu de l’institutionnalisation de l’idéalisme allemand et des mouvements esthétiques et intellectuels qui lui succèdent. Jusqu’au bout, Benjamin gardera un attachement à cet héritage idéaliste souvent associé au conservatisme : dans sa jeunesse, il est compagnon de route de mouvements réformateurs néo-romantiques ; même une fois communiste, ses critiques littéraires et philosophiques le conduiront à des hommages aux représentants de cette tradition, y compris dans son versant nationaliste, même si lui s’inscrit indubitablement dans le sillage de ceux qui entendaient retrouver le geste révolutionnaire total qui sous-tendait l’idéalisme des débuts – une problématique palpable notamment dans sa thèse de doctorat sur Le concept de critique esthétique dans le romantisme allemand, marquée par la volonté d’un retour aux sources subversives et réflexives de l’idéalisme romantique, contre les interprétations conservatrices, chauvines et cléricales promues par les tenants de l’ordre établi dans l’empire wilhelminien. Cette position n’est pas exempte de contradictions, qui structurent et animent la pensée de Benjamin, ce qu’illustre par exemple sa série d’essais sur l’art photographique, qu’on aurait tort de réduire au célèbre passage sur « l’aura » dans L’ œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, un ouvrage dont la rédaction a elle-même passé par plusieurs versions. En particulier, sa Petite histoire de la photographie fourmille d’analyses sociales et esthétiques très fines et restituant l’ambiguïté de la position de Benjamin.2

Pauvres, voilà ce que nous sommes devenus. Nous avons abandonné une part de l’héritage humain après l’autre, nous l’avons souvent gagé au Mont-de-Piété pour un centième de sa valeur et obtenir, en contrepartie, qu’on nous tende la petite monnaie de « l’actualité ». Sur le pas de la porte, il y a la crise économique et derrière elle, une ombre : la guerre à venir. Tenir bon, aujourd’hui, est l’affaire des quelques puissants qui restent et qui ne sont notoirement pas plus humains que le grand nombre ; souvent ils sont plus barbares, mais pas au bon sens du terme. Quant aux autres, il leur faut trouver un accommodement, en repartant de zéro et avec pas grand chose. Ils y arrivent grâce aux hommes qui ont fait leur affaire de la nouveauté absolue en la faisant reposer sur l’analyse et le renoncement. Dans leurs bâtiments, leurs images et leurs histoires, l’humanité trouve de quoi se préparer à l’éventualité de devoir survivre à la culture. Et elle le fait en riant, ce qui le plus important. Peut-être ce rire, ici ou là, sonne-t-il barbare. Dont acte. L’individu peut bien abandonner de temps à autre un peu d’humanité à cette masse qui la lui rendra un jour, intérêt et principal.

Expérience et Pauvreté (1933), conclusion

Walter Benjamin (1892-1940) – Crédits : Ullstein bild – Getty

Si la génération de ses parents a assisté à l’éclosion d’un antisémitisme bourgeois protestant explicite, organisé notamment dans l’université à partir de la fin des années 1870, Benjamin fait partie des premières classes d’âge a avoir dû se former dans un climat où l’exclusion de la bourgeoisie juive assimilée hors du champ de la haute culture est explicitement posée dans le paysage culturel et intellectuel où il évoluait, caractérisé par l’assimilation d’une nouvelle bourgeoise intellectuelle nationaliste allemande catholique3, dont Carl Schmitt (né en 1888) et Martin Heidegger (1889) sont parmi les représentants les plus éclatants. Benjamin s’inscrit donc d’emblée à la fois dans un sillage idéaliste et néo-romantique et dans une référence dissidente voire révolutionnaire à cette histoire intellectuelle de l’idéalisme, et dont l’opposition à la doxa du moment le renvoie à la fois à l’histoire religieuse et intellectuelle du judaïsme et à une lucidité certaine quant aux zones d’ombres du triomphalisme « progressiste » d’une bourgeoisie universitaire protestante étroitement alliée aux secteurs les plus réactionnaires de la société.

 

2.

De ce triomphalisme progressiste lié à une perception dogmatique et in fine conservatrice de l’hégélianisme, on trouve également trace chez de nombreux intellectuels du mouvement ouvrier de l’époque, dont beaucoup, dans la génération précédente notamment, sont issus du mouvement libéral dont la dilution fournira des théoriciens aux mouvements politiques les plus divers. C’est aussi ce corpus intellectuel commun, déjà critiqué par de nombreux groupes dissidents se revendiquant d’avant-gardes diverses, qui s’effondre avec la Première Guerre Mondiale, l’horreur du conflit industriel, la déroute finale et amère de l’Allemagne et le chaos économique, social et politique des cinq premières années de la République de Weimar. Sur cette crise de la culture discutée par de nombreux intellectuels européens de l’époque, Benjamin portera un diagnostic remarquable, y compris par ses ambiguïtés et ses apories, dans son bref essai Erfahrung und Armut (Expérience et Pauvreté) en décembre 1933.4 Même si l’on aurait sans doute tort d’écarter chez Benjamin toute forme de nostalgie pour l’âge des certitudes bourgeoises et « l’époque de l’assurance » dont parle Stefan Zweig dans Le Monde d’Hier, Benjamin n’est justement pas Zweig, et sa réaction intellectuelle est conforme à son positionnement de jeunesse, la répétition du geste révolutionnaire romantique, enfant terrible du rationalisme universaliste des Lumières : il s’agit maintenant, sur les décombres du progressisme invariablement content de soi malgré sa faillite barbare, de penser l’action dans la singularité d’un moment qui semble précisément riche de possibles, de promesses et de cauchemars parce qu’il éclaire rétrospectivement l’histoire, mais sous un jour tout autre que celui que le présent était censé jeter sur le passé dans les lectures téléologiques de l’idéalisme institutionnel, qu’il fût d’ailleurs euphorique ou pessimiste. Ici, la réflexion ne prend pas la forme d’un vaste déploiement historique de la raison (ou de la liberté, ou du concept d’humanité), mais au contraire d’une exploration des plis et replis permettant de reconnaître à la fois la diversité des expériences et des conflits passés, comme autant de strates, et leur répétition partielle, notamment du point de vue des vaincus, qui oriente ainsi les fameuses Thèses sur le concept d’histoire de 1940.

Articuler historiquement ce qui est passé ne signifie pas en acquérir la connaissance « tel que cela fut réellement ». Cela signifie plutôt se saisir d’un souvenir tandis qu’il zèbre le ciel dans un moment de danger. Le matérialisme historique vise à retenir une image du passé tel qu’il se présente à l’improviste au sujet historique dans le moment du danger. Le danger menace à la fois la subsistance de la tradition et ceux qui entendent la recueillir. Pour elle comme pour eux, ce danger est toujours le même : se laisser transformer en instrument de la classe dominante. À chaque époque, il faut essayer de reprendre la tradition des mains du conformisme qui s’apprête à l’écraser. Le Messie n’arrive pas seulement en tant que rédempteur ; il arrive aussi comme vainqueur de l’antéchrist. Seul l’historiographe a en lui le don d’allumer dans ce qui est passé l’étincelle d’espérance traversée par le passé : si l’ennemi vainc, même les morts ne seront pas à l’abri. Et cet ennemi n’a pas cessé de vaincre.

Sixième Thèse sur le Concept d’Histoire, 1940

 

Cette idée d’une configuration historique singulière appelant à reconnaître des moments et des situations échappant à un grand récit d’émancipation linéaire, Benjamin la pense aussi en s’appuyant sur la singularité d’un messianisme juif à la fois concentré dans l’attente d’une fin de l’histoire par l’émancipation des esclaves, et généralement très éloigné des considérations sur la providence et la grâce qui ont plus ou moins consciemment nourri l’idéalisme progressiste.5

 

3.

La résurgence de Benjamin dans la réflexion socialiste contemporaine est directement liée à cette critique du « progrès » perçu comme un concept à l’emporte-pièce venant justifier a posteriori tout avatar historique comme un moment nécessaire dans la route vers un « mieux » jamais totalement défini, y compris lorsque les forces en présence qui, pour un Benjamin devenu marxiste, sont déterminées par les contradictions du capital, ne peuvent mener qu’à un effondrement.

Avertisseur d’incendie

La représentation de la lutte des classes peut induire en erreur. Il ne s’agit pas d’une épreuve de force par laquelle on déciderait qui gagne et qui perd ; il ne s’agit pas d’un combat à l’issue duquel le vainqueur se portera bien et le vaincu, mal. Penser ainsi, c’est travestir les faits à la mode romantique. En effet, la bourgeoisie peut bien vaincre ou être vaincue au combat, elle reste condamnée par les contradictions internes qui lui deviendront fatales au fil de son évolution. La question est seulement de savoir si elle périra par sa main ou par celle du prolétariat. La préservation ou la destruction de trois mille ans d’évolution culturelle, voilà l’enjeu de la réponse. L’histoire ignore le mauvais infini qui habite l’image des deux lutteurs éternellement opposés. Le vrai politique ne compte que par échéances. Et si l’abolition de la bourgeoisie n’est pas accomplie avant un instant du développement économique et technique que l’on peut presque calculer (l’inflation et l’usage des gaz de combat en sont le signal), alors tout est perdu. Avant que l’étincelle n’atteigne la dynamite, il faut couper la mèche qui se consume. Le geste d’intervention, la prise de risque et le tempo du politique sont d’ordre technique, et non chevaleresque.

« Avertisseur d’incendie », in Voie à sens unique (1928)

 

Il n’y a donc pas de surprise à ce qu’un penseur de l’écosocialisme comme Michael Löwy ait construit sa réflexion dans le dialogue avec Benjamin, lui qui refuse justement de penser la problématique écosocialiste comme un « conflit entre le capital et la nature », mais comme un conflit dans le capital, conflit dont les ressources naturelles et l’environnement sont partie intégrante, et qui entraînera à la fois le capitalisme et le monde entier dans l’abîme sans intervention pour venir « couper la mèche » – une conception qui, tout comme celle pensée par Benjamin lorsqu’il contemplait la marche des puissances industrielles vers le fascisme et la guerre, dépasse heureusement les fausses alternatives entre le fatalisme satisfait (« le capitalisme tombera comme un fruit mur »), l’aventurisme gauchiste (« il suffit de prendre le Palais d’Hiver ») et le gradualisme social-démocrate, tous trois immanents à la même philosophie de l’histoire qui anime le libéralisme progressiste et dont il s’agit de souligner l’aveuglement.

 

4.


Le recollement des instants passés, la réflexion sur la notion même d’instant, et son lien avec le péril (un topos classique de l’idéalisme allemand, au moins depuis Hölderlin), peuvent aussi nourrir chez le lecteur de Benjamin une réserve quant à la projection vers un contenu politique positif à affirmer, à défendre et à construire, au profit de l’attente inquiète d’un kairos dont on ne sait s’il arrivera à temps. Que Benjamin lui-même ait été un combattant n’a pas empêché la mémoire collective, tordue il est vrai par son suicide, de voir en lui une telle figure de la lucidité mélancolique, voire de l’escapisme utopique. Dans le contexte de voie à la fois à sens unique et sans issue où le mouvement émancipateur semble parfois se trouver, cette lecture possible de Benjamin n’est sans doute pas pour rien dans l’attrait qu’il exerce aujourd’hui. Il y a toutefois, de cet « l’avertissement d’incendie » benjaminien, un usage pour nous toutes et tous. Ce penseur si étranger au sillage progressiste du républicanisme à la Jaurès nous interpelle et nous réveille, nous demandant si notre perception de notre combat n’est pas elle aussi une vieille chanson berçant la misère humaine. Même si la formule est facile, Benjamin est toujours un penseur intempestif, interrompant les grands récits émancipateurs et les plans grandioses dont nous avons souvent besoin de nous bercer, trop besoin sans doute, pour nous rappeler au présent. L’extériorité radicale de l’utopie socialiste au monde tel qu’il est, une fois nommée et revendiquée comme messianisme, est paradoxalement de nature à nous renvoyer à cette terre-ci et à ce temps-ci, loin des arrière-mondes construits dans l’attente de l’achèvement inéluctable d’un plan providentiel. La dictature de la stratégie, la confiance en soi qui dégénère en sectarisme, la conviction d’être irremplaçable car riche d’une expérience accumulée nourrissent un festin militant que la main de Benjamin vient interrompre. Pour paraphraser le troublant Contre un chef d’œuvre, sur le monument que les prêtres du progressisme ont construit à l’avenir, nos mains fantomatiques écriront dorénavant à leur tour : « il est trop tard ». Reste à tâcher de peupler ce monde d’où l’expérience, l’espoir et la confiance ont disparu, par une éthique collective, une attention au présent et une détermination à préparer la bascule ici et maintenant, y compris s’il est déjà trop tard : le vent se lève.

 

NOTES

1 Toutes les traductions, y compris du poème de Scholem, sont de mon fait.

2 Cette tension interne au mouvement idéaliste, cette conviction du matérialiste Benjamin de tenir la seule position « idéaliste » juste et par là même d’invalider l’idéalisme comme institution intellectuelle, n’est sans doute nulle part plus nette que dans l’étrange compte-rendu critique de 1930 Wider ein Meisterwerk (Contre un chef-d’œuvre), où il entreprend un dialogue serré avec le théoricien littéraire conservateur Max Kommerell sur l’interprétation du canon littéraire des années 1770-1840 et sur les modalités de restauration d’un mouvement idéaliste et romantique en Allemagne, tout en se peignant comme le seul lecteur capable d’apprécier la tentative de Kommerell à sa juste valeur.

3 La notion d’assimilation, appliquée à la bourgeoisie catholique, peut surprendre dans un cadre français. Il convient de rappeler que malgré une première période de gloire de l’idéalisme allemand conservateur catholique au début du 19e siècle, le conflit entre la sphère d’influence autrichienne et la sphère prussienne sur fond de réorganisation des Églises germanophones, ainsi que l’alliance entre la Prusse et les secteurs nationalistes du mouvement national-libéral (qui, bien qu’incluant déjà une composante antisémite très significative, était aussi le camp politique majoritaire de la bourgeoisie intellectuelle juive), ont débouché sur une situation où l’empire bismarckien était caractérisée par une hégémonie protestante libérale et conservatrice et une mise à distance des milieux catholiques. Les choses changent progressivement à la fin du Kulturkampf dans les années 1880.

4 Pour un diagnostic convergent sous un angle sociologique plus systématique, on se reportera à l’étude de Siegfired Kracauer sur les cols blancs, Die Angestellten (Les Employés), datant de 1929 et publiée juste avant que ne débute l’ascension du parti nazi.

5 Il est sans doute inutile de préciser que chez les pères fondateurs, à commencer par Hegel, cette convergence avec la notion de providence était explicitement théorisée, le christianisme étant pensé comme un moment dans le cheminement de l’esprit vers la conscience de soi, permettant la pleine réalisation de l’esprit absolu et/ou, selon la nuance d’hégélianisme retenue, du concept de liberté.

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Leroy-Somer, l’autre histoire :   « On en aurait des choses à dire… »

par Claudine Granthomme

 

Cet ouvrage collectif, édité par l’Institut d’Histoire Sociale de la Charente, est un ouvrage rare, trop rare puisqu’il s’agit de faire entendre la parole ouvrière. (1)Ce  projet a été soutenu et encouragé tout au long de sa réalisation par l’UDCGT et L’USRCGT de la Charente et le livre a été présenté à Ruelle, avec le concours de la Compagnie Théâtre en Action.

Des dizaines de milliers de Charentais ont travaillé dans cette entreprise, née il y a cent ans à Angoulême. En 2012, l’ancien PDG de Leroy-Somer, Georges Chavanes, avait lui-même évoqué l’aventure humaine, « une réussite de Leroy-Somer ». Alors, répondant au point de vue de leur ancien patron, ceux qui ont travaillé dans l’entreprise ont voulu, eux aussi, raconter leur vie au travail.

Ce livre est une aventure qui a duré deux ans, période nécessaire à l’immense travail de collection des témoignages, de retranscription et de sélection des contributions. Le choix du collectif a été de restituer intégralement la parole des trente-trois interviewés : trente-trois tranches de vie, tranches de luttes, chargées d’émotion et d’admiration. Mais aussi l’impression « historique » de plonger dans ce passé si proche des dures conditions de travail et de vie dans les milieux populaires des années 50/70.

Ces témoignages ont été recueillis entre fin 2017 et fin 2018. Des plus anciens, entrés en 1953, à celles et ceux qui y travaillent encore, ce livre couvre près de 70 ans de la vie des salariés de Leroy-Somer. Pourquoi sont-ils entrés dans ce métier, dans cette usine ? Ont-ils aimé leur travail ? Comment ont-ils vécu ces années, ces décennies parfois, avec leurs collègues, leurs chefs ? Comment ont-ils supporté la souffrance physique, la fatigue, les déceptions ? Toute une vie à essayer de comprendre les stratégies patronales, à espérer de la reconnaissance, à vouloir trouver sa place, à subir les chefs, les sous-chefs, les sous-sous-chefs et à percevoir le malaise des cadres …

Jeunes et retraités, femmes et hommes, ouvriers et cadres, syndicalistes et non-syndiqués, évoquent leur vie à l’usine.

Le livre est organisé autour de trois grands axes :

  • la vie dans l’usine : les métiers, l’amour du métier, les conditions de travail …
  • le vécu des salariés des choix industriels et de leurs conséquences : stratégies successives, gestions des personnels, maquis des rémunérations …
  • le syndicalisme : quotidien, coups de chauffe et répression …

De nombreuses annexes permettent de comprendre l’histoire industrielle et sociale, depuis l’entreprise créée par Marcellin Leroy à Nidec, en passant par Emerson.

L’ouvrage se termine par l’interview du principal initiateur du projet qui espère participer ainsi à la prise de conscience du fait que « chaque génération doit inventer ses formes d’organisation, ses moyens d’action pour résister, se battre pour ne pas se laisser abattre. »

« Il n’y a pas un chemin pour s’engager et participer à ce nécessaire combat. Il y a une multitude de circonstances, de situations, de rencontres qui aident à en prendre conscience. »

Notes de bas de page   [ + ]

1. Ce  projet a été soutenu et encouragé tout au long de sa réalisation par l’UDCGT et L’USRCGT de la Charente et le livre a été présenté à Ruelle, avec le concours de la Compagnie Théâtre en Action.
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Le retour des "Chansons déconfinées" - le n° 9

par Philippe Barre

 

Pascal Genneret nous propose une sélection de ses parodies, parfois réactualisées. Un grand merci à lui.

  • Covid c’est fini (ou La complainte de Bigpharma)
    Non, la COVID19 n’est pas finie, ni d’ailleurs les épidémies liées à d’autres coronavirus, ni le cancer ou l’infarctus (même si depuis mars plus personne n’en meurt, n’est-ce pas?!), mais ce qui devrait être fini, c’est ce terrorisme.
    https://www.youtube.com/watch?v=0HjxLWBce2o
  • La foititude …
    Lundi 15 avril, 16h: la Macronie s’interroge, s’affole, puis panique. Parmi les proches courtisans, les plus téméraires ont osé avouer à EM qu’ils trouvent que le discours qu’il s’apprête à prononcer sent l’eau tiède …Pour ne pas oublier ce que le monde numérique efface quotidiennement.
    https://www.youtube.com/watch?v=7u1wGDCK4cc
    et pour les accros, il y a même sur la chaîne une « version longue » !
  • Sur Les mains d’or de Bernard Lavilliers, une parodie illustrée par des affiches de Mai 68, à propos d’un sujet brûlant. C’est un peu mon « Dark side of police », comme aurait dit George Floyd…
    Etrangler encore (parodie)
  • Ce message pour vous proposer d’écouter cette parodie (que j’avais chantée lors du procès des militants de Mulhouse) et qui n’était pas encore enregistrée. Elle fait (aussi) écho au procès des décrocheurs de Bordeaux… »
    Les Macron sauvent la planète (Pascal Genneret)
  • Une playlist « Pandémie parodies » et l’opération « Parodies à la demande » que des abonnés et spectateurs ont prise au sérieux, causant la mise en ligne de « vieux » titres côtoyant des nouveautés liées à l’actu…
    C’est là : https://www.youtube.com/channel/UCwMXoAyF3U79l3fNsyvU3ig

Et un petit cadeau de la Rédaction :
Charles Mingus – Fables of Faubus
https://youtu.be/PC5NPGaRLXk
Pour info pour les  camarades qui ne sont pas encore amatrices et amateurs de Mingus : enregistré en 1959 pour dénoncer le gouverneur raciste de l’Arkansas, Orval Faubus, qui envoya en 1957 la garde nationale contre le mouvement des droits civiques à Little Rock

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