Si vous rencontrez des difficultés pour lire cette lettre, cliquez ici : http://www.gaucherepublicaine.org/lettres/463.htm

  1. chronique d'Evariste
    1. Pour le Troisième Camp, par Évariste
  2. université populaire laïque
    1. Deuxième Université Populaire Laïque, par Union Des Familles Laïques
  3. Proche-Orient
    1. Après la bataille, par Bernard Cohen
    2. Pour une conférence de Madrid II, par Yossi Beilin
    3. Interview de Walid Joumblatt, secrétaire général du Parti progressiste démocratique du Liban, par T D
    4. La fin du droit international ?, par Alain Gresh
  4. courrier des lecteurs
    1. Mon cher Evariste, je te crache à la gueule, par Alain Soral
  5. Proche-Orient
    1. Réaction de lecteur : Merci de votre traitement du conflit, par Martine CERF
    2. Réaction de lecteur : J'étais à Toulouse, j'ai vu le Hezbollah avec le PCF, la LCR et LO, par Caillou
  6. néo-libéralisme
    1. L'allocation de rentrée scolaire ne couvre pas le prix de rentrée scolaire, par Union Des Familles Laïques
    2. Déclarons l'insécurité sociale illégitime, par Bernard Teper
    3. Les personnes âgées, dépendantes, handicapées : le droit à une vieillesse, ou à vivre son handicap dignement, par Bernard Schneider
  7. courrier des lecteurs
    1. Réaction à la dernière chronique - Parler du peuple, voilà qui semble déranger certains, par Christian Gaudray
    2. Réaction à la dernière chronique - Continuez sur cette voie, par Jacques Bouyat
    3. Réaction à la dernière chronique - D'accord sur presque tout, par Jacqueline Peltier
    4. Réaction à la dernière chronique - Moi aussi, je côtoie des ouvriers, par Geneviève Sabathé
    5. Réaction à la dernière chronique - Pas une larme pour ces gens là, par Pierre-Franck Chapelon
    6. Réaction à la dernière chronique - Pourquoi les jeunes font tant de fautes, par Francis BERNARD
    7. Réaction à la dernière chronique - Je comprends vos amis, mais ne nous trompons pas d'ennemi, par Gérard Lenne
    8. Réaction à la dernière chronique - J'ai bien aimé le passage sur les points du permis de conduire, par Cassen Lionel
    9. Réaction à la dernière chronique - Vous n'allez pas vous faire des potes chez les bobos, par Georges Brousse
    10. Réaction à la dernière chronique - Je partage ton analyse de la perception de la situation par les couches populaires, par Christian Vely
    11. Réaction à la dernière chronique - J'ai bien aimé ton article sur les professionnels, par Gaupin Maurice
  8. chronique d'Evariste
    1. Réaction à la dernière chronique - Votre niveau baisse dangereusement, par François Lonchampt
  9. courrier des lecteurs
    1. Réaction à la dernière chronique - La chronique d'Evariste me colle à la peau, par Annie Goffaux
  10. extrême-droite islamiste
    1. Le meurtre d'une Pakistanaise secoue les Italiens Rome, par Richard Heuzé
  11. à lire
    1. Débaptisez-moi pour l'amour de Dieu, par Paul C. Bruno, par Gérard Becotte

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Pour le Troisième Camp

La guerre est une affaire
d'importance vitale pour l'Etat,
c'est la province de la vie et de la mort,
le chemin qui conduit à la survie ou à l'anéantissement.
Il est indispensable de l'étudier à fond.

Sun Tse, L'Art de la guerre.

Le déferlement de violence au Proche-Orient vient de trouver un répit.

Comment ne pas avoir ressenti un profond sentiment de dégoût devant les victimes, les destructions et les catastrophes écologiques et ainsi condamner sans appel la guerre ?

Mus par cette pensée généreuse, n'a t-on entendu jadis le Christ théoriser un pacifisme originel, disant, en faisant rengainer son arme à Pierre " Qui se servira de l'épée périra par l'épée ".

Pour autant, on ressent bien devant ce pacifisme bêlant, comme une sorte de méfiance, comme si cela cachait quelque chose.

L'alliance, quelques décennies après le dialogue entre le Christ et son disciple, du sabre et du goupillon a d'ailleurs bien prouvé non seulement l'hypocrisie de l'Eglise Catholique et des déclarations de son inspirateur mais aussi la perversité de ces propos qui laisseraient croire à une bonté naturelle de l'Homme et à une confiance dans une paix clef de voûte de l'humanité d'autant plus improbable qu'elle serait éternelle.

Pour dépasser cette fictive opposition apparente entre guerre et paix Saint Augustin au moyen âge inventa le concept de " guerre juste " au nom de laquelle les Princes seraient seuls légitimes à armer des bras pour peu qu'ils ait été bénit par l'Eglise.

La notion de guerre est donc indissociable de la notion l'Etat. C'est toujours des Etats belligérants qui conduisent la guerre ou qui alimentent les guerres " civiles " pour le contrôle de l'Etat.

La guerre apparaît donc un levier politique et comme l'a si bien formulé Clausewitz n'est que la continuation de la politique par d'autres moyens.

La bataille qui vient de se dérouler sous nos yeux ne déroge pas à cette analyse.

Le Liban d'août 2006 est une bataille dans une guerre qui a commencé depuis 1991.

Alors que la fin de la guerre froide, cette guerre bien mal nommée, avait laissé rêver certains animateurs de " Think Tank " d'outre atlantique à une fin de l'Histoire voyant les forces du capital occuper le monde et d'une main invisible mais bien rémunérée établir la paix des riches, c'est la quatrième guerre mondiale qui a été déclarée.

Le Sous-Commandant Marcos remarquait en 1997 : " Le néolibéralisme, comme système mondial, est une nouvelle guerre de conquête de territoires. La fin de la troisième guerre mondiale, ou guerre froide, ne signifie nullement que le monde ait surmonté la bipolarité et retrouvé la stabilité sous l'hégémonie du vainqueur. Car, s'il y a eu un vaincu (le camp dit socialiste), il est difficile de nommer le vainqueur. Les Etats-Unis ? L'Union européenne ? Le Japon ? Tous trois ? La défaite de l'" Empire du mal " ouvre de nouveaux marchés, dont la conquête provoque une nouvelle guerre mondiale, la quatrième. Dans cette nouvelle guerre, la politique, en tant que moteur de l'Etat-nation, n'existe plus. Elle sert seulement à gérer l'économie, et les hommes politiques ne sont plus que des gestionnaires d'entreprise. Les nouveaux maîtres du monde n'ont pas besoin de gouverner directement. Les gouvernements nationaux se chargent d'administrer les affaires pour leur compte. Le nouvel ordre, c'est l'unification du monde en un unique marché. Les Etats ne sont que des entreprises avec des gérants en guise de gouvernements, et les nouvelles alliances régionales ressemblent davantage à une fusion commerciale qu'à une fédération politique. ". (1)

Dès lors prendre partie sans retenue dans une bataille pour un camp ou un autre en ignorant le contexte géopolitique faisant fi de toute analyse et en prenant position de manière épidermique et compulsive c'est se placer au service d'une des bourgeoisies financière et des États qui défendent leurs intérêts.

Le spectacle donné par les " pacifistes " qui ont défilés cet été en France et en Navarre le confirme.

Que n'a t-on pas entendu lors des manifestations ? Il fallait mettre Israël au ban des Nations, qu' Israël était coupable de crimes de guerre, que les dirigeants israëliens étaient similaires aux nazis. Delanda Israelo ! Il faut détruire Israël !

Le Liban quant à lui méritait toute les attentions, sa " souveraineté " méritait d'être défendue, sa " résistance " légitime devait être soutenue.

Nos " pacifistes " partisans chez nous de la fin du service militaire et de l'abaissement du budget de l'armée n'en ont pas moins défilé sous la kalachnikov du hezbollah sous le cri de ralliement d'Allah Akbar, la destruction de l'Israël honni légitime pour eux quelques incohérences. Tout est bon pour détruire l'Etat juif même si il ne savent plus pourquoi. Autrefois l'antisionisme de " gauche " avait une logique rationnelle. S'opposer au mouvement national juif au nom de l'Etat universel des travailleurs se comprenait. Comme s'opposer à Israël porte-avions de l'Empire américain au cours de la guerre froide était compréhensible. La logique d'affrontement bipolaire favorisait l'alignement caricatural. Mais aujourd'hui vouloir mettre les juifs à la mer, se focaliser sur cet État, ses erreurs et ses horreurs en fermant les yeux sur les réalités souvent tout autant douloureuses d'autres parties du monde démontrent une inconsistance politique et ressortent d'autres mécanismes ayant plus traits à la psychanalyse qu'à la géopolitique.

Pendant l'attaque, certes vigoureuse et destructrice et parfois condamnable de l'armée israélienne, l'armée gouvernementale du Sri Lanka massacrait allégrement des Tamouls et les islamistes du Soudan achevait les chrétiens du Darfour sans que nos " pacifistes " sans émeuvent.

En se focalisant sur Israël nos " pacifistes " se sont mis au service du nationalisme iranien et de la géopolitique chiite car c'est de cela dont il s'agit.

Quelques jours avant les enlèvements des soldats israéliens sur leur territoire, la Corée du Nord cette dictature ubuesque faisait survoler au dessus du Japon, sept missiles dont le premier étage était fourni par l'Iran.

L'Iran qui joue depuis plusieurs mois avec la communauté internationale pour gagner du temps pour son programme d'enrichissement d'uranium faisait la veille de l'acte de guerre de sa créature Hezbollah en territoire israélien, l'étude d'une résolution de l'ONU visant à l'empêcher d'en produire.

L'Iran essaye donc du matériel militaire chez ses alliés, matériel qui pourrait un jour être fournis de composants lui permettant d'accroître sa puissance de frappe.

C'est un véritable Jeu de Go qui se joue au Moyen-Orient et le Proche-Orient n'en est que l'antichambre.

La véritable bataille, elle se mène en Asie centrale et elle a un fort goût de pétrole. Depuis le début des années 90; le complexe militaro-industriel devenu prédominant aux États-Unis n'a de cesse de vouloir " libérer " l'accès et les routes aux ressources énergétiques des pays du sud de l'ex-URSS. De l'Afghanistan jusqu'aux Balkans toute la géostratégie américaine consiste à s'assurer le contrôle des rivages des mers chaudes (Caspienne, Mer Noire, Mer Méditerranée) et d'empêcher l'émergence d'une autre superpuissance (Russie en premier lieu).

Cette stratégie a d'ailleurs pour nom la stratégie du containement.

A la stratégie économique et d'accaparement pétrolier américain répond la stratégie économique et le nationalisme religieux de l'Iran. La Russie qui doit son redressement économique aux ventes de pétroles soutient de facto l'Iran lorsque les entreprises géopolitiques américaines deviennent trop grossières ( " révolutions " oranges en Ukraine ou en Géorgie). La Russie, qui vient d'être accusée par les États-Unis d'avoir fournie de la technologie militaire à l'Iran rétorque qu'elle s'interroge sur les motivations de l'envoi de l'agent américain Ben Laden au Tadjikistan2.

La quatrième guerre mondiale décrite par Marcos n'a rien à envier aux coups tordus de la guerre froide.

Et Israël là dedans ?

Israël dont la légitimité historique est bien supérieure à de multiples États fantoches issus de l'ère de la colonisation n'a ni la taille ni la viabilité pour jouer dans la cours des grands.

Israël est tourné sur sa mission qui consiste à accueillir les juifs du monde entier et pour cela fournir leur le cadre national protégé et sécurisé.

Reste à savoir qu'elle est la meilleure méthode pour protéger la population israélienne et visiblement la guerre lourde est inefficace.

C'est de la libération des territoires occupés et des colonies en oeuvrant à la création d'un État palestinien libre tel que les accords de Genève l'ont formalisé qu'une paix durable sera établie. La paix faut il le rappeler à nos " pacifistes " se construit avec ce qui l'a veulent vraiment pas avec les incendiaires.

Car se ranger sous la bannière du Hezbollah en prétendant comme dans un appel d'un député européen communiste français que les organisations militaires pourraient participer à la paix et à la démocratie est une escroquerie morale.

On ne fera pas la paix avec les islamistes chiites au service de l'Etat iranien, on ne fera pas la paix avec les islamistes du Hamas qui, il faudrait le rappeler à notre député, ont dans leur chartes la destruction du communisme et l'établissement d'Etats théocratiques. Comprendre le monde et le contexte géopolitique, c'est refuser la posture qui consiste à considérer les ennemis de nos ennemis comme des amis c'est à dire tout ceux qui s'opposent aux États-Unis comme des alliés qui doivent être soutenus.

Etre conséquent politiquement c'est refuser la géostratégie américaine comme le nationalisme iranien et sa grande alliance chiite.

La Gauche, la Gauche républicaine doit combattre pour la paix, pour les peuples, pour un troisième camp.

Le camp des peuples, le camp de la paix se construit sur les réalités d'aujourd'hui par le refus des idéologies totalitaires qu'elles soient religieuses, ethnicistes, capitalistes. Ce ne sont ni les intérêts militaro-pétroliers, ni les intérêts théocratiques qui doivent dominer le monde mais les principes de Liberté, d'Egalité, de Fraternité, de laïcité, de solidarité, de mixité, de sûreté et de développement durable qui doivent servir de boussole.

Le Troisième Camp se construit avec les démocrates laïques d'Iran, d'Irak et d'Israël avec nous aussi.

Rejoignez le Troisième Camp !

Évariste

Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - université populaire laïque

2.1 - Deuxième Université Populaire Laïque

DU VENDREDI 18 AOUT AU LUNDI 21 AOUT, à Annonay (07)

Organisée par l'Union des Familles laïques
A Annonay (Ardèche), au Groupement des Œuvres Laïques d'Annonay, château du Grand Mûrier

Programme :

Vendredi 18 août

séance plénière 15 h-18 h : le mouvement social, par Bernard Defaix, porte-parole de la Convergence nationale services publics(ex-Guérêt),président d'ATTAC 23.
Soirée conférence à 20H30 : Histoire des idées laïques et républicaines, par Guylain Chevrier, président du conseil scientifique de l'UFAL

Samedi 19 août

Attention : inversion de dernière minute des deux séances plénières

Séance plénière 9 h 30-12 h : l'Europe, par Bernard Teper, président de l'UFAL

14 h - 16 h : Ateliers

Séance plénière 16 h - 18 h 30 : " Les enjeux contemporains du combat laïque ", par Pierre Cassen, membre du bureau national de l'UFAL

Dimanche 20 août

Séance plénière 9H30-12H: " Energie, développement durable ", par Christian Gaudray, président de l'UFAL 33 et Guillame Campioni, chercheur au CEA

14 h - 16 h : Ateliers
séance plénière 16H-18H30 : l'école, avec Marie Perret, professeur de philosophie

Lundi 21 août

Séance plénière 9 h30 - 12h : " Le modèle alternatif au turbocapitalisme ", par Bernard Teper

Renseignements : 01.46.27.09.25, 06.27.17.26.91, et ufalsiege@ufal.org

Union Des Familles Laïques

www.ufal.org

3 - Proche-Orient

3.1 - Après la bataille

Avec le soudain embrasement du Moyen-Orient et la gravissime tentative d'attentats déjoués par les services britanniques, les dernières semaines ont ajouté à la confusion dans laquelle le monde entier s'enfonce toujours plus. Ce qui semble se produire est une sorte de "polarisation inversée" : d'un côté, la galaxie musulmane, renforcée dans sa certitude que le reste de la planète lui veut du mal et l'accuse de tous les maux ; de l'autre, des démocraties occidentales qui paraissent écartelées entre la logique de la force aveugle et le déni pur et simple du danger auquel elles sont confrontées.

Que le Hezbollah, et donc les thèses meurtrières défendues par la direction iranienne, soit sorti vainqueur du dernier affrontement, est aujourd'hui tenu pour évidence parmi la population musulmane. En retour, l'Occident est-il plus conscient des risques induits par l'idéologie qu'il véhicule ?

On ne dirait pas. Je ne reviendrai pas sur la manipulation médiatique, l'aveuglement de ceux qui croient défendre les droits de l'homme en fantasmant sur la portée soi-disant "anti-impérialiste" de mouvements animés par le fanatisme religieux. Né et grandi dans un pays musulman, ayant toujours soutenu les droits des Palestiniens et tenté de promouvoir l'entente entre juifs et arabes (1), je me sens autorisé à tenter ici un résumé de ce qui demeure après la bataille :

  1. Nombre de commentateurs européens et américains ont fustigé le "mépris des lois internationales" qu'aurait manifesté Israël dans le dernier conflit. Ce qui fait force de loi sur la scène mondiale aujourd'hui, c'est que plusieurs Etats représentés à l'ONU et une myriade d'organisations paramilitaires financièrement soutenus par les réseaux "charitables" islamiques, clament ouvertement leur volonté de "rayer de la carte" une nation tout entière. En quelques mois, et ce bien avant les bombardements israéliens sur le Liban, on a assisté à une banalisation de ce discours de haine. Et les mêmes bonnes âmes, qui s'inquiètent des "discriminations" qui viseraient soi-disant la communauté musulmane de Grande-Bretagne après la mise en évidence de l'ampleur du complot dirigé contre la sécurité de ce pays et la vie de ses citoyens, n'ont pas eu un mot de protestation lorsque le leader du Hezbollah a appelé les citoyens arabes du nord d'Israël à se mettre à l'abri, traçant une distinction ouvertement raciste entre "bons" et "mauvais" civils. Si les tracts lancés par les avions israéliens avaient recommandé aux civils druzes, sunnites et chrétiens du Sud-Liban de quitter la zone de conflit sans mentionner les chiites, on imagine le tollé. Mais c'eût été impossible, parce que l'Etat hébreu n'est pas un Etat raciste. Le Hezbollah, pour sa part, est un Etat dans l'Etat fondé sur la haine raciale et religieuse.
  2. Le Hezbollah a détruit "le mythe de l'invincibilité d'Israël" , clame une bonne partie de la presse arabe. La triste ironie de cette proclamation, c'est que ce mythe a été et reste obsessivement entretenu non par l'Etat hébreu et les citoyens israéliens mais... par leurs ennemis mortels. C'est justement parce qu'ils ne se sont jamais crus invincibles que les Israéliens, dans leur vaste majorité, ont approuvé une intervention militaire contre le danger venu du Nord. C'est pour cette raison, aussi, que toutes les concessions faites à l'Autorité palestinienne, considérées comme des broutilles par les conseilleurs qui se croient bien à l'abri à Londres ou à Paris, ont été des choix douloureux. Et c'est pour cela, encore, que le choix palestinien de porter au pouvoir une organisation acharnée à poursuivre la destruction d'Israël a été un coup terrible porté aux espoirs de paix dans la région. En d'autres termes : quand on vous répète à longueur de journée qu'on veut vous tuer, et que vous savez que vous n'êtes pas invincible, il vient un moment où vous devez réagir. Que la réaction ait été mal conçue, mal exécutée, et surtout que le Liban en tant que collectivité ait malheureusement eu à souffrir autant à cause des provocations du Hezbollah, paraît aujourd'hui assez clair. Mais le problème n'en demeure pas moins.
  3. La haine religieuse est une force qui, durant des siècles, a été la source d'atrocités sans nombre, depuis les croisades jusqu'aux tentatives de conversion forcée des hindous par les armées mongoles en passant par l'Inquisition et la volonté d'anéantissement des nombreuses communautés juives qui existaient dans les pays musulmans jusqu'aux années 1960. Qu'elle soit à nouveau un facteur de déstabilisation régionale, voire mondiale, est une couleuvre difficile à avaler pour les tenants d'un progressisme idéaliste, mais c'est un fait. Invoquer le racisme anti-immigrés ou les conditions économiques des musulmans en Europe pour expliquer - quand ce n'est pas justifier - le développement de l'idéologie islamiste n'est qu'un tour de passe-passe. Dans les récentes arrestations en Grande-Bretagne, on voit de jeunes Européens, qui ont eu toute l'aisance matérielle voulue et qui n'ont certainement pas été en butte à des préjugés racistes, s'associer à des projets criminels parce qu'ils se sont convertis à l'Islam. Répéter que "ça n'a rien à voir avec l'Islam", comme le font les dignitaires des communautés musulmanes en Europe ou aux Etats-Unis quand ils doivent s'exprimer sur les menaces terroristes, ne résoudra jamais aucun problème.
  4. Les démocraties européennes veulent croire qu'elles fonctionnent dans un autre monde qu'Israël, que l'Etat hébreu s'est créé délibérément les dangers qui le menacent - nombreux sont ceux qui ajoutent même qu'il ne les a pas volés - que la poudrière moyen-orientale deviendrait une tranquille oasis si seulement les Palestiniens obtenaient gain de cause (mais quoi, exactement ?), et que l'antiaméricanisme viscéral de pans entiers du monde musulman est une forme de "militantisme" progressiste. C'est la politique de l'autruche hélas trop connue. Ceux qui reprennent avec tant de zèle les condamnations paranoïdes du "complot américano-sioniste" devraient se demander pourquoi Mumbai a été récemment ensanglantée par la violence fanatique.

Si j'ai tout de suite désapprouvé l'intervention militaire américaine en Irak, c'est parce qu'il est absurde de croire que l'on parviendra à changer la nature politique d'un pays par la force. Cela ne signifie pas que les démocraties occidentales doivent s'interdire à jamais tout recours à l'option militaire. Sans aucune armée étrangère sur son sol, l'Algérie a été récemment déchirée par des années de guerre civile meurtrière. Et ses voisins, bien que d'obédience musulmane, ont clairement manifesté qu'ils ne toléreraient pas la propagation de la violence chez eux. Il y a aujourd'hui des contradictions explosives à l'oeuvre dans le monde islamique, qui tiennent à sa propre histoire, aux séquelles du colonialisme, à une incapacité structurelle à s'adapter aux conditions de la modernité. Cela ne veut pas dire que cette modernité-là est la meilleure qui soit, ni que l'Occident doive chercher à imposer cette adaptation à coups de bombardements. Cela signifie que des éléments objectifs de tension et de confrontation sont à l'oeuvre, et qu'une partie importante du monde musulman, au lieu d'essayer de prendre les problèmes à la racine, en rejette la responsabilité sur tous ceux qui n'embrassent pas leur foi. On a les héros qu'on mérite. Si certains se choisissent Nasrallah pour tel, grand bien leur fasse. Je ne serai pas de ceux-là.

Bernard Cohen

Ancien correspondant de presse au Moyen-Orient, notamment pour Libération, écrivain, traducteur.
Membre du bureau de la Fondation Emile-Cohen pour le rapprochement judéo-arabe.

Source : Paru dans Libération du 16 août 06

3.2 - Pour une conférence de Madrid II

Le "matin d'après", une commission d'enquête sera créée pour examiner la manière dont cette guerre a été menée, et peut-être aussi pour répondre à d'autres questions, comme celle de savoir s'il n'aurait pas été possible d'empêcher l'armement du Hezbollah depuis six ans par des moyens politiques ou militaires.

Ces dernières semaines, pendant lesquelles une grande partie du pays a été exposée aux obus du Hezbollah, où l'économie s'est arrêtée pour un tiers du pays, où le tourisme a stoppé net ; où les conséquences sur le plan de la sécurité des énormes fossés qui séparent les riches et les pauvres, les Juifs et les Arabes, ont éclaté au grand jour ; et où des dizaines de milliers de réservistes ont été mobilisés ; où le prix, militaire et civil, a été si lourd : tous exigent une commission d'enquête, et elle sera créée.

Au lieu de réagir aux exigences présentées par les médias ou par des manifestants venus de sa coalition parlementaire ou de l'opposition, Ehoud Olmert doit lui-même et le plus tôt possible prendre l'initiative de cette commission d'enquête. Il doit d'ores et déjà se préparer à la création de cette commission pour s'assurer qu'il n'y ait aucun soupçon à son encontre selon lequel il chercherait à échapper aux questions gênantes. (?)

Le gouvernement devra accomplir un gros effort pour que le budget 2007 soit conçu de telle sorte que les différences entre couches économiques soient comblées, même s'il n'est pas possible de couper dans le budget de la défense comme il s'y était engagé. Par ailleurs, Olmert devra mener une initiative politique qui constitue une alternative à son plan de "convergence".

Le "matin d'après", Olmert ne pourra pas conduire en pilote automatique. Il est arrivé au pouvoir en promettant des négociations politiques avec les Palestiniens. Si cela ne marchait pas, il évacuerait de manière unilatérale certaines colonies de Cisjordanie et déménagerait leurs habitants au sein des blocs de colonies. Or, ce plan est devenu impossible à cause des événements à Gaza et au Liban, qui ont convaincu l'opinion que des mesures unilatérales ne remplaçaient pas des accords. Par ailleurs, ce plan ne disposerait plus d'une majorité à la Knesset. La droite et les partis religieux ne prêteraient pas la main au retrait et à l'évacuation de colons, et la gauche ne le laisserait pas renoncer aux négociations et déménager des colons d'un côté de la clôture de Cisjordanie à l'autre sans qu'un accord intervienne.

Une initiative consistant à réunir une deuxième conférence de Madrid serait un geste politique énorme, dramatique, qui serait accepté, du moins au début, par une grande majorité de l'opinion et par la Knesset. La première conférence de Madrid, en octobre 1991, a changé la face du Moyen-Orient. Pour la première fois dans l'histoire, des négociations directes ont eu lieu entre Israël, la Syrie, le Liban et une délégation jordano-palestinienne autour d'un accord de paix. Ces pourparlers ont conduit, trois ans plus tard, au traité de paix israélo-jordanien rendu possible par les accords d'Oslo signés par Israël et l'OLP. Les discussions avec le Liban, qui dépendaient entièrement de celles avec la Syrie, n'ont donc mené nulle part. Les discussions avec la Syrie, qui ont cessé en 1996 et repris en 1999, se sont de nouveau arrêtées alors que les parties étaient parvenues à un accord quasi total sur tous les problèmes à l'ordre du jour, sauf celui qui concerne la côte nord-est du lac de Tibériade.

Il est vrai que depuis lors, des événements terribles se sont produits : la deuxième Intifada, la victoire du Hamas, le 11 septembre, l'extrémisme iranien, le conflit à Gaza après le désengagement et une autre guerre au Liban. Mais il y a eu également des développements positifs : la Syrie a quitté le Liban, le régime de Saddam Hussein a été renversé, Fouad Siniora a été élu premier ministre du Liban, Bachar Assad et Mahmoud Abbas ont exprimé leur désir d'entamer des négociations avec Israël, tous éléments qui créent des circonstances pour une deuxième conférence de Madrid bien plus favorables que celles qui prévalaient à la veille de la première.

Il faut aussi ajouter que les fossés entre les parties concernant un accord de paix définitif se sont considérablement rétrécis depuis 15 ans. En Israël, en 2006, il existe un quasi-consensus autour de l'idée d'un Etat palestinien, et le premier ministre d'Israël est prêt à renoncer à près de 90% de la Cisjordanie, unilatéralement. Les paramètres Clinton, la "vision" de Bush, la Feuille de route, la décision du sommet de la Ligue arabe en 2002 et l'Initiative de Genève dépeignent tous une image claire d'un accord israélo-palestinien. Les pourparlers, publics ou secrets, avec les Syriens depuis 1991 jettent eux aussi presque complètement les bases d'un accord israélo-syrien.

En 1991, ce sont les Etats-Unis qui ont fait l'effort de convaincre Israël de participer à cette conférence. Cette fois, ce sera le rôle d'Olmert de convaincre le président Bush que faire sortir la Syrie de l'"Axe du Mal", la paix avec le Liban et la fin du conflit israélo-palestinien constituent des objectifs réalisables par des actes pratiques qui, s'ils marchent, peuvent sauver le Moyen-Orient et contribuer à mettre en oeuvre la vision réformatrice en laquelle Bush croit tant.

Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant

Yossi Beilin

Ancien ministre
Président du parti Meretz-Yakhad. Il est à l'origine, avec Yasser Abed Rabbo, de l'Initiative de Genève.

3.3 - Interview de Walid Joumblatt, secrétaire général du Parti progressiste démocratique du Liban

Walid Joumblatt, chef de la communauté druze et secrétaire général du Parti progressiste démocratique, revient dans cette interview sur l'après-guerre. Il accuse le Hezbollah d'être au service de forces étrangères et se dit outré par les ingérences syriennes dans la vie politique de son pays.

Liberté : Que pensez-vous de la guerre déclenchée par Israël à la suite de l'enlèvement de deux de ses soldats par le Hezbollah ?

Walid Joumblatt : C'est une grande tragédie, ce qui se passe au Liban. Vous avez, d'un côté, un agresseur israélien qui ne rate aucune occasion pour déployer son arsenal militaire contre le Liban, et de l'autre côté, un parti, en l'occurrence le Hezbollah, qui a un programme iranien à exécuter dans la région. Résultat : les deux ont choisi comme terrain de confrontation le Liban. Ce n'est pas la première fois que le Liban est le théâtre de confrontation de ce genre mais avec cette guerre, le pays n'en peut plus. Il faut mettre un terme à cela et il faut que tout le monde comprenne que le destin des Libanais doit être décidé par les Libanais.

Liberté :Vous dites que cela doit cesser. Vous pensez qu'avec le cessez-le-feu, il y a une chance cette fois de voir les Libanais asseoir une stabilité dans le pays ?

Walid Joumblatt : Tout dépend des choix du Hezbollah. Il a eu sa guerre, maintenant, il va falloir qu'il se pose la question suivante : va-t-il accepter de se tourner vers les Libanais, de construire avec eux un avenir national ou bien va-t-il continuer à être un Éat dans l'État, au service de la Syrie et de l'Iran ? Dans ce deuxième cas, nous allons assister, malheureusement, à un remake de la situation actuelle dans un proche avenir. C'est-à-dire, que le Liban vivra une guerre sans fin. Chose que le reste des Libanais ne peut plus accepter.

Liberté :Le Hezbollah dit qu'il accepte le déploiement de l'armée libanaise au sud du pays, mais il doute de la capacité de cette armée à défendre le territoire national. À votre avis, comment parvenir à convaincre le Hezbollah que le Liban ne sera plus agressé dans le futur ?

Walid Joumblatt : Que Nasrallah aille demander à ses amis syriens comment leur front reste calme malgré toutes les turbulences de la région. Voyez, Damas est passé par des accords tacites avec Israël à l'intérieur de ses terres au Golan.
Alors, qu'on ne nous dise pas que cela est impossible dès qu'il s'agit du Liban. Vous avez un pays en face de vous, à un moment ou un autre, il faudra discuter avec lui et trouver les moyens de parvenir à un accord, c'est tout.

Liberté :Il semble que, pour vous, le Hezbollah est seul responsable de la situation actuelle. Vous ne pensez pas que c'est plutôt Israël l'agresseur. Avant tout, c'est lui qui occupe les terres libanaises, non ?

Walid Joumblatt : Ecoutez, moi je suis Libanais et je ne m'intéresse pas trop à ce qui se passe ailleurs.
Pour moi, les Libanais doivent voir l'intérêt du Liban et ce n'est pas ce que le Hezbollah fait. De toute façon, la guerre étant finie, le peuple libanais va certainement demander des comptes et on verra à ce moment-là à quoi répondait cette guerre.

3.4 - La fin du droit international ?

On l'a souligné, depuis le 11-Septembre, un débat agite les responsables politiques : dans la guerre contre le terrorisme, dans l'affrontement entre " la civilisation " et " la barbarie ", le droit international, le droit humanitaire, peuvent-ils s'appliquer ? Le président George W. Bush a instauré une nouvelle catégorie, celle d'" ennemis combattants ", qui ne sont pas justifiables des procédures légales, et que l'on peut enfermer à Guantanamo, voire torturer, au nom de la défense de " la civilisation ". La sixième guerre israélo-arabe, qui se déroule au Liban, et qui est (provisoirement ?) suspendue, a fourni une nouvelle occasion aux partisans de ces théories de défendre leur point de vue.

John Podhoretz, un des théoriciens néoconservateurs américains, s'interroge dans un article du New York Post du 25 juillet : " Est-ce que les démocraties libérales n'ont pas évolué à un point où elles ne peuvent plus mener de guerres efficaces à cause du niveau de leurs préoccupations humanitaires pour les autres... ? " Et il poursuit : " Et si notre erreur tactique en Irak était que nous n'avions pas tué assez de sunnites au début de notre intervention pour les intimider et leur faire tellement peur de nous qu'ils accepteraient n'importe quoi ? Est-ce que ce n'est pas la survie des hommes sunnites entre 15 et 35 ans qui est la raison de l'insurrection et la cause fondamentale de la violence confessionnelle actuelle ? " Tuer tous les hommes entre 15 et 35 ans, c'est ce que les milices serbes ont fait à Srebrenica...

Podhoretz de poursuivre : " Qu'en serait-il si Israël avait toutes les capacités d'atteindre ses objectifs, mais ne pouvait se déployer sans contrainte contre un ennemi plus dangereux, avec moins de scrupules et de principes, plus barbare même que les monstrueux leaders de l'Intifada... "

Et il conclut : " Est-ce que c'est un terrifiant paradoxe de l'art de la guerre au XXIe siècle ? Si Israël et les Etats-Unis ne peuvent être défaits militairement au sens conventionnel, est-ce que nos ennemis ont découvert un nouveau moyen de gagner ? Est-ce qu'ils ne cherchent pas la victoire à travers notre démoralisation seulement, en nous mettant au défi d'atteindre leur niveau de barbarie et en sachant que nous ne le ferons pas ? (...) Serait-il possible que la grandeur morale de notre civilisation - son étonnante attention à la valeur de l'individu - ne mette pas en cause aussi l'avenir de notre civilisation ? "

Ce raisonnement terrifiant, on aurait tort de le croire confiné à quelques cercles isolés. Certes, il est avant tout porté aux Etats-Unis par le courant néoconservateur. Ainsi, le professeur de droit à Harvard Alan Dershowitz, un défenseur acharné de toute action israélienne, explique-t-il que " le droit international et ceux qui l'administrent devraient comprendre que les vieilles règles " ne s'appliquent pas à cette guerre sans précédent contre un ennemi brutal et fanatique et que " les lois de la guerre et les règles de morale doivent s'adapter à ces réalités " 1.

Par ailleurs, Michael Rubin appelle tranquillement le gouvernement américain à revoir sa politique de refus d'assassinat des dirigeants politiques 2. Voici bien longtemps qu'Israël n'existerait plus s'il ne réagissait pas avec démesure, affirme Claude Lanzmann, dans Le Monde du 4 août, reprenant l'argument développé par Bernard-Henri Lévy. Tous les deux semblent ignorer que même les " guerres justes " sont contraintes par des lois internationales. Ou plutôt, ils ne l'ignorent pas, mais pensent qu'elles ne peuvent s'appliquer qu'aux " civilisés ". On retrouve là l'argumentation qui prévalait à l'époque de la colonisation triomphante. En 1898, Heinrich von Treischke, un expert en sciences politiques, soutenait ce qui, pour nombre de ses contemporains, apparaissait comme une banalité : " Le droit international ne devient que des phrases si l'on veut également en appliquer les principes aux peuples barbares. Pour punir une tribu nègre, il faut brûler ses villages, on n'accomplira rien sans faire d'exemple de la sorte. Si, dans des cas semblables, l'empire allemand appliquait le droit international, ce ne serait pas de l'humanité ou de la justice, mais une faiblesse honteuse 3. " La balle dum-dum fut inventée à la fin du XIXe siècle ; elle causait des blessures particulièrement graves. En 1897, la convention internationale de La Haye adoptée par les Etats " civilisés " la bannissait ; elle fut réservée à " la chasse au gros gibier et aux guerres coloniales ". Pour les " barbares " d'aujourd'hui, pour l'essentiel des Arabes, on peut user de bombardements massifs, indiscriminés, de bombes à fragmentation, ils ne comprennent pas un autre langage...

Ces visions d'un droit international qui ne s'appliquerait que de manière sélective ne sont pas simplement une extraordinaire régression de la pensée et de la morale. Elles discréditent tout le discours sur les droits humains dont l'Occident prétend se faire le champion et renforce ceux-là même que nous prétendons combattre... Il est donc important de ne pas laisser les crimes commis au Liban impunis, et l'appel de Jean-Claude Lefort, député (PCF), et de Jean Paul Boré, vice-président (PCF) du conseil régional Languedoc-Roussillon, à porter ces crimes devant la Cour pénale internationale, devrait recevoir un large écho ( voir article qui suit : "Israël doit être jugé !" ).


Commentaire d'Evariste

Avec Alain Gresh, il y a un avantage, on n'est jamais surpris. Depuis vingt-cinq ans, ce journaliste, ancien communiste, soutient sans discontinuer la révolution iranienne (nous on l'appelle contre-révolution), en qui il voit d'abord une victoire contre l'impérialisme américain. Depuis une quinzaine d'années, il accompagne, au sein de la gauche, l'offensive de séduction de Tariq Ramadan, dont il est devenu l'ami, chez qui il voit le penseur moderne et modéré dont l'islam a besoin.

Il a naturellement soutenu, en France, l'offensive du voile islamiste à l'école, voyant dans la riposte laïque des militants une attitude raciste et coloniale. Il ne pouvait, bien sûr, qu'être un des fers de lance des "Indigènes de la République".

Comme quelques militants communistes désarçonnés par la chute du Mur et la fin de leur modèle, Alain Gresh, nostalgique des régimes dictatoriaux, se tourne aujourd'hui vers les régimes islamistes, en qui il voit la dernière opposition à la toute-puissance américaine. Sans aller aussi loin dans l'engagement en faveur de l'islam politique que son ancien camarade du PCF Roger Garaudy, converti à l'islam et devenu négationniste, Alain Gresh, qui se dit athée, est convaincu depuis vingt-cinq ans que l'émergence de l'islam est le rempart utile dans la lutte contre l'impérialisme.

Mais croit-il qu'en soutenant les ayatollahs, les imams et autres dignitaires religieux gavés de pétro-dollars, il aidera les masses arabes à s'émanciper de leurs tyrans, souvent religieux ? En publiant un tel texte, qui absout de toute responsabilité dans le drame qui vient de se dérouler au Liban le Hezbollah, la Syrie et surtout la république islamique d'Iran, dont le président affirme clairement sa volonté de détruire l'Etat d'Israël, Alain Gresh continue le rôle qui est le sien depuis vingt-cinq ans : celui d'idiot utile des islamistes.

Pourtant, en 1980, ses amis du Parti communiste iranien Toudeh ont pratique la même politique, en soutenant l'ayatollah Khomeiny, qui avait su maquiller son discours réactionnaire en l'habillant d'une dose d'anti-impérialisme (exactement comme le font aujourd'hui Nasrallah, chef du Hezbollah, et Ahmadinejad, président iranien). Une fois qu'ils ne servaient plus à rien, ces impurs se sont fait massacrer par milliers par les milices chiites de l'ayatollah. Mais depuis, la population iranienne, et surtout les femmes, paient encore au prix fort le prix de la victoire des intégristes islamistes à Téhéran.

Ce sont des personnes comme Alain Gresh et toute la mouvance des "Indigène de la République", qui, en fourvoyant la gauche (PCF, Verts, LCR) dans des manifestations avec les fascistes du Hezbollah ou du Hamas, dévoient l'engagement de militants pacifistes sincères.

A Respublica, nous combattons la politique criminelle de Bush, notamment la guerre en Irak. Nous reconnaissons le droit à l'état d'Israël de se défendre contre ceux qui veulent sa disparition, tout en condamnant sa politique des colonies. Nous sommes pour les accords de Genève, Deux Etats, deux peuples, retour aux frontières de 1967. Mais surtout, contrairement à Alain Gresh et ses amis, nous pensons urgent de constituer un troisième camp, qui ne se situe ni dans celui de Bush et ses alliés, ni dans celui des dictatures islamistes et de leurs relais en France.

Alain Gresh

4 - courrier des lecteurs

4.1 - Mon cher Evariste, je te crache à la gueule

Le soutien bien faux cul apporté aux judéo-nazis israéliens et à leur destruction du Liban par le dernier numéro de "Raie-publique-caca" (rubrique Proche-Orient) a le mérite de ne plus laisser planer aucun doute sur ce que vous êtes et le pourquoi de vos positions antérieures (voile, affaire Dieudonné, etc.)
Malgré votre rouerie et votre incontestable métier, mentir et manipuler, au nom des valeurs laïques et égalitaires de la République, va devenir de plus en plus dur pour les gens comme vous dans un avenir proche, en France et ailleurs...
Que Dieu existe ou qu'il soit mort, rien ne ressemble plus à la justice divine que la justice immanente... Alors je serai vous, je commencerai à y penser!

Au nom des centaines de femmes et d'enfants sciemment écrasés sous les bombes des assassins de Yahvé, avec la complicité d'ordures planquées derrière leur pseudo... je te crache à la gueule !


Réponse d'Evariste aux propos d'Alain Soral

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Alain Soral est un essayiste souvent invité sur les plateaux de télévision, où il prétend jouer les rôles de mal-pensant provocateur. Il a une autre particularité, il a un problème avec les Juifs, qu'il estime responsable de toutes les persécutions qui leur sont arrivés historiquement, et qui, naturellement, dirigent le monde, le complot sioniste est bien connu. Bien entendu, il défend bec et ongles Dieudonné dans ses dérives antisémites, l'estimant victime de ce complot.

Soral a un moment fréqueté la mouvance Euro-Palestine, mais il a pris aujourd'hui ses distances avec ce mouvement. Il a été victime par ailleurs, l'an passé, lors de la dédicace d'un de ses livres, d'une agression organisée inacceptable, attribuée à la Ligue de Défense Juive.

Le texte ci-dessus nous ayant été envoyé à quatre heures du matin, nous ignorons si à cette heure Alain Soral n'était pas un peut "fatigué", ce qui expliquerait la colossale finesse de son jeu de mots sur Respublica.

Toujours est-il qu'on peut constater que les seuls morts qui émeuvent cet homme sont les morts libanais, et que les Israëliens, qu'ils soient juifs ou arabes, victimes des tirs de roquette des intégristes du Hezbollah ne lui suscitent aucune réaction. Il y aurait donc les bons morts et les mauvais morts.

Alain Soral incarne parfaitement un nouvel antisémitisme, venu de certaines franges de la gauche et de l'extrême gauche, qui se développe depuis plusieurs années, souvent maquillé en antisionisme. Auparavant, l'antisémitisme restait cantonné à la seule extrême droite. Aujourd'hui, des gens comme Soral et son ami Dieudonné tiennent publiquement des propos qui n'auraient pas été concevables il y a encore dix années. Chacun peut mesurer, dans la montée de l'antisémitisme qu'on constate en France, notamment chez certains jeunes qui rêvent de reproduire le confit israëlo-palestinien dans l'Hexagone, la responsabilité que prennent les Dieudonné-Soral en soufflant ainsi sur les braises.

De tels personnages donnent raison à l'initiative du Cri (Collectif contre le racisme et l'intégrisme), lancée par Caroline Fourest, Corinne Lepage et notre collaborateur Pierre Cassen.

A l'heure où certains, se prétendant antiracistes, défilent avec le Hezbollah, et assimilent Israël aux nazis (ce qu'écrit Soral, à quatre heures du matin), tandis que les directions du Mrap et de la LDH prétendent lutter contre le racisme en faisant un bout de chemin avec les intégristes islamistes, il est en effet urgent de reconstruire un mouvement antiraciste qui combattent tous les racismes, et tous les intégrismes.

Alain Soral

5 - Proche-Orient

5.1 - Réaction de lecteur : Merci de votre traitement du conflit

Bonjour,

J'ai été très heureuse de voir votre sélection de réactions tout au long de ce conflit. Comme le plus souvent, vous avez l'envie de recueillir tous les avis et ne vous laissez pas intoxiquer par des couvertures partielles des faits. Pour ma part, j'ai dû beaucoup naviguer sur Internet et récolter des nouvelles de différentes provenances pour être sûre d'avoir une information correcte.

Je trouve en revanche que la presse française a fait preuve de plus d'objectivité que dans les années passées. peut être la conscience de la menace islamiste est-elle en train de progresser. Il y a des années qu'Israël prêchait dans le désert en disant aux occidentaux que c'était une erreur de croire qu'ils étaient les seuls visés par les fondamentalistes musulmans.

Espérons que cette prise de conscience amènera les démocraties du monde à leur barrer la route de façon plus déterminée.

Amicalement,

Martine CERF

EGALE

5.2 - Réaction de lecteur : J'étais à Toulouse, j'ai vu le Hezbollah avec le PCF, la LCR et LO

Bonjour

Je ne vous connaîs pas (et reçoit votre publication par l'intermédiaire de TRUC à Toulouse) mais je veux affirmer mon accord total avec le point de vue ci-dessous (Jeanne Bourdillon, Respublica 461) que je viens d'y lire.

À Toulouse la manifestation du lundi 31 juillet s'est transformé en un meeting de soutien au Hezbollah (qualifié de résistance libanaise). Je vous joint 3 photos. C'est écoeurant de voir les barbus tenant à bout de bras le visage de leur gourou sanguinaire défiler côte à côté avec le PCF, la LCR ou LO. Il est hors de question de leur laisser toute la place et si je (nous) dois revenir à une manifestation de soutien au *peuple libanais* ou *au peuple palestinien* ce sera avec ma propre pancarte: "Imam, Rabin, Curé, Pognon, à bas toutes les religions!"

Caillou

6 - néo-libéralisme

6.1 - L'allocation de rentrée scolaire ne couvre pas le prix de rentrée scolaire

L'allocation de rentrée scolaire (ARS) vient d'être versée (sous conditions de ressources) pour les familles ayant des enfants de 6 à 16 ans.

Alors que cette ARS s'élève à 268,01 euros (taux plein, soit une dépense globale de 1,39 milliards d'euros, soit +1,8% depuis 2005), l'enquête de l'UFAL monte que le coût d'une rentrée scolaire pour un enfant de 6ème est de 329,93 euros (+3,1%), quand une collectivité territoriale ne finance pas l'achat des livres, et de 762,62 euros (+3,9%) pour une rentrée en 2ème technologie industrielle (en général familles à revenus modestes). L'UFAL rappelle que le nombre d'enfants sont scolarisés avant 6 ans et au-delà de 18 ans. Il y a donc loin de la coupe aux lèvres.

D'une façon générale, la politique néolibérale entraîne depuis la fin des années 80 une diminution constante de la solidarité envers les familles modestes alors que la pression marketing essentiellement axée en direction de ces familles multiplie les tentations d'achats de produits de marques. Le coût de la rentrée scolaire est passé de 29% à 38% du SMIC mensuel entre 1993 et 2006. Le montant d'une bourse représentait en moyenne 2,4% du revenu familial en 1974 pour 1% aujourd'hui.

L'UFAL :

L'UFAL dénonce la politique anti-sociale du gouvernement et appelle les organisations du mouvement social à se rassembler pour mettre un terme à ce déni de solidarité et de porter dans le débat des prochaines élections, un vent de justice sociale.

Union Des Familles Laïques

www.ufal.org

6.2 - Déclarons l'insécurité sociale illégitime

D'abord un peu d'analyse.

Depuis l'implosion du communisme soviétique, la mondialisation néolibérale (née au milieu des années 70) a mis le turbo. Ainsi, nous sommes depuis la fin des années 80 dans la phase du turbocapitalisme. Cette phase est principalement caractérisée par une double extraordinaire accélération d'une part celle du processus de marchandisation et de privatisation généralisées de toutes les activités humaines et d'autre part celle de l'affaissement de 10 points (correspondant aujourd'hui à environ 160 milliards par an) en un quart de siècle de la part des revenus du travail et des cotisations sociales dans la valeur ajoutée (richesses produites symbolisées par les économistes par le PIB).

La conséquence de cette double caractéristique est que les actuels dirigeants du monde, pour construire une majorité démocratique(le néolibéralisme étant minoritaire dans tous les pays), ont élaboré une stratégie d'alliances avec tous les néocommunautarismes ethniques, religieux et identitaires y compris les intégrismes.

Pourquoi ? C'est simple à comprendre. L'aggravation des injustices sociales et l'accroissement de la pauvreté tant dans les pays du Sud que dans ceux du Nord, caractéristiques induites du turbocapitalisme, obligent les dirigeants du monde à fournir un ersatz remplaçant le principe de solidarité contenu dans le principe d'existence des services publics et de la protection sociale. Le processus de privatisation et de marchandisation généralisées des services publics oblige donc les dirigeants du système turbocapitaliste à développer, le principe de charité(privé ou institutionnalisé) promu par les communautés ethniques et religieuses en lieu et place du principe de solidarité des services publics.

Cette alliance du néolibéralisme et du néocommunautarisme est donc constitutive au turbocapitalisme et non une alliance secondaire comme certains veulent le faire croire. C'est pour cela que les médias néolibéraux ou sociolibéraux ont intérêt à instrumentaliser et à soutenir les communautaristes de gauche et d'extrême gauche. Surtout s'ils sont favorables au non de gauche car cela permet, de leur point de vue, de diviser le non de gauche qui est, en France, le seul adversaire potentiel crédible depuis la victoire du non et leur 31,3% du non de gauche au référendum du 29 mai 2005.

Diviser le non de gauche est une nécessité pour les dirigeants français du turbocapitalisme. Ne pas comprendre cela, c'est ne pas comprendre la vie quotidienne des conflits au sein du non de gauche aujourd'hui.

Voilà pourquoi est structurante la contradiction entre d'une part des communautaristes de gauche et d'extrême gauche et d'autre part des laïques et les républicains de gauche et d'extrême gauche pour tous ceux qui souhaitent une alternative au turbocapitalisme. Cette contradiction revient à opposer les partisans conscients ou non du modèle communautariste anglo-saxon aux partisans du modèle laïque de la République sociale théorisée par Jean Jaurès. Nier cette contradiction, c'est nier les chances de construire les conditions de l'alternative au turbocapitalisme car personne n'a formulé, jusqu'ici, d'autres modèles depuis l'implosion du communisme soviétique (et de la social-démocratie qui lui était rattaché). Et donc aucun autre modèle n'a un soutien populaire.

C'est pour cela qu'il n'est pas crédible de vouloir combattre le turbocapitalisme en s'alliant avec les communautarismes voire pour certains des intégrismes. Cela reviendrait à se tirer une balle dans le pied pour avancer plus vite !!!!

Fort de cette analyse, combien apparaît irréel le soutien des néocommunautaristes du non de gauche aux régionalismes ethniques et aux communautarismes religieux voire aux intégrismes pour certains !!!

Combien cela peut apparaître choquant de voir les communautaristes de gauche et d'extrême gauche (dont certains dirigeants de l'opposition dans ATTAC) d'avoir, pendant les Forums sociaux européens de Paris et de Londres, organisé la " starisation " de Tariq Ramadan, Indigène de la république comme eux en éliminant du débat altermondialiste la laïcité qui n'est apparu qu'au Forum social européen d'Athènes.

D'ailleurs, l'instrumentalisation des néocommunautaristes du non de gauche par les médias néolibéraux et sociolibéraux est une des raisons (et non la seule) de l'incapacité actuelle d'avoir un candidat unique du non de gauche à la présidentielle pour représenter les 31,3% du non de gauche qui rappelons-le est majoritaire à gauche et est majoritaire dans le non. Il est d'ailleurs symptomatique et troublant de voir l'inexistence de la critique du livre de Nicolas Sarkosy sur la religion et l'espérance chez les néocommunautaristes du non de gauche. Ce livre met l'accent sur le primat du lien des identités religieuses sur l'universalité des droits universels. Seuls les laïques et les républicains de gauche et d'extrême gauche ont compris que ce livre était un livre culte du turbocapitalisme français. Et comme cette thèse du primat du lien identitaire ethnique ou religieux est également la thèse centrale des Indigènes de la république, dont un nombre non négligeable des dirigeants de l'opposition dans ATTAC ou du collectif du 29 mai sont signataires de leur pétition, on peut comprendre que le non-débat sur cette question est un des facteurs (et non le seul, bien sûr) de crise dans le non de gauche en général et dans ATTAC en particulier.

Et que le refus d'en débattre est troublant.

Revenons aux conséquences sociales du train turbocapitaliste à grande vitesse.

La principale conséquence est le développement exponentiel de l'insécurité pour les citoyens et leurs familles. Développement de l'insécurité qui a lieu dans tous les domaines : tendance accrue au chômage et à la précarité en lieu et place d'une marche vers le plein-emploi et le contrat à durée indéterminée pour tous (sauf dans quelques cas de travaux saisonniers bien répertoriés), crise du logement social en lieu et place de la mixité sociale, et d'un plan pluriannuel suffisant de construction de logement, tendance à la marchandisation des services publics et de la protection sociale en lieu et place d'un droit opposable dans la sphère publique dans ces secteurs, tendance accrue aux ghettos sociaux sans droit à la sûreté comme le stipule l'article 2 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 en lieu et place à un droit opposable en la matière, tendance accrue au communautarisme en lieu et place du droit universel à la laïcité, tendance accrue à l'Europe antidémocratique, anti-sociale et anti-écologique des régions et des communautés d'Europe en lieu et place d'une Europe laïque, démocratique sociale, écologique qui ne nie pas les Etats-nations, tendance accrue à l'oligopole des médias au service du turbocapitalisme en lieu et place de médias pluralistes, etc.

C'est cela que perçoivent nos concitoyens. C'est donc sur ces points qu'il faut que les laïques et les républicains de gauche et d'extrême gauche fourbissent leurs propositions alternatives.

Ce qui revient à dire que nous serions inconséquents si nous ne répondions pas à la demande sociale que nous venons de présenter schématiquement.

Mais le refus de prendre ce problème à bras le corps a plusieurs visages.

D'abord, il y a la tyrannie du consensus à priori qui veut que l'on ne débatte que sur les points ou on est d'accord. Alors que seule l'explicitation du dissensus peut permettre un compromis dynamique entre ceux qui le souhaitent. Par exemple, dans le mouvement altermondialiste, parce que l'on est d'accord sur l'OMC, l'AGCS, les paradis fiscaux, la dette des pays du tiers monde, etc., on ne reste formellement que sur ces sujets. Alors que ces nouveaux paradigmes n'ont comme utilité que d'être incarnés dans les batailles du mouvement social sur les thèmes choisi par ce mouvement social.

Puis, il y a le repli sur les " fondamentaux " de l'organisation interdisant à ces adhérents d'avoir une pensée et un débat globaux. Car bien sûr, le principe des conservateurs est, lorsqu'un débat les gêne, de déclarer ce débat hors champ de l'organisation. Tout le monde a bien compris que si ce que certains appellent les " fondamentaux de l'organisation " ne s'incarnent pas dans la " vraie vie " (chômage et précarité, services publics, protection sociale, laïcité, logement, école, Europe, etc.), il n'y aura aucun soutien populaire aux idées émises. Pire, le travail indispensable d'éducation populaire laïque tourné vers l'action sera étranger à certaines couches sociales (ouvriers, employés notamment). Qui a intérêt à cela ?

Mais il y a plus hypocrite encore. Quand les conservateurs (communautaristes ou autres) ne peuvent plus s'opposer à certains débats, ils ne proposent que des débats contradictoires courts pour empêcher une nouvelle pensée globale d'exposer la nouvelle cohérence. Car une nouvelle pensée ne peut pas être expliquée en quelques minutes alors que les pensées conservatrices et connues le peuvent.

Toutes ces méthodes bureaucratiques sont bien connues. Il convient donc d'en être conscient et de faire en sorte que nous puissions continuer de déployer notre processus visant à une alternative au turbocapitalisme.

Dans la nouvelle période ouverte par les victoires du 29 mai et du CPE, développer notre manifeste alternatif sur le thème de l'illégitimité de l'insécurité pour les citoyens et leurs familles nous permet de répondre aux enjeux et aux questionnements du peuple. Mais cela demande d'en étudier la globalité du dossier, la faisabilité de l'alternative et de vérifier constamment le soutien populaire sur chaque partie du dossier.

Faute de cette étude globale, de la faisabilité de l'alternative et surtout du soutien populaire sur chaque proposition et sur l'ensemble du projet, nous ne ferons au plus que du " bougisme " sans suite.

Pour avoir le soutien populaire sur le manifeste alternatif, mieux vaut expérimenter les idées en contact avec le peuple que de suivre aveuglément les stars du microcosme intellectuel universitaire souvent coupés de la réalité sociale. Malheureusement, aujourd'hui, tous les manifestes et autres chartes anti-libérales ne sont l'œuvre que de ces intellectuels qui ne considèrent le " bas peuple " que lorsqu'il applaudit à leurs éructations !

En conclusion, il convient donc aussi de révolutionner les modes de production intellectuelle et ne pas considérer les intellectuels dans le mouvement altermondialiste comme on les considère dans le monde universitaire. Nous avons besoin d'intellectuels organiques au sens d'Antonio Gramsci et non d'intellectuels qui reproduisent dans le mouvement altermondialiste le rapport aux intellectuels du turbocapitalisme.

Construisons contre vents et marées, l'espérance souhaitée par le peuple.

Bernard Teper

6.3 - Les personnes âgées, dépendantes, handicapées : le droit à une vieillesse, ou à vivre son handicap dignement

Confronté, de par mes parents qui y ont recours, au service d'aide à domicile, j'ai constaté les difficultés rencontrées par les associations, pour exister d'abord, pour faire face aux demandes de plus en plus nombreuses, ensuite.

Je constate également les problèmes rencontrés par le personnel - avant tout féminin - pour effectuer ses différentes tâches ; problèmes du fait d'horaires décalés, d'amplitude importante, de changement de personnes à aider, de travail d'aides-soignantes plutôt que d'aide ménagère ou d'aide à la toilette, pour l'obtention des congés, à cause des dimanches et fêtes faiblement rémunérés.

Trop de travail parce que trop de personnes à secourir parfois, et moins de travail lors d'un placement en maison de retraite ou lors d'un décès.
Question salaires : légèrement au-dessus du SMIC, mais le salaire mensuel est aussi fonction du nombre d'heures travaillées. Une aide à la personne peut très bien avoir une amplitude de 14 heures et n'avoir que 2 ou 3 heures de travail effectif ; les besoins se faisant sentir pour certaines personnes assistées les matins, midis et soirs. C'est-à-dire qu'un travail prenant, spécifique, pénible sous certains aspects, ne débouche que sur un salaire mensuel que je qualifierai de misère.
Pas étonnant que du personnel qualifié manque et que des centres d'associations ferment de ce fait.

A l'autre bout de la chaîne, il y a la ou les personnes âgées, malades, handicapées, qui doivent cotiser à l'Association, payer les salaires à leurs employées, souvent avec de faibles ressources. Bien sûr, il y a les aides telles l'APA, mais il n'empêche que ces personnes qui ont trimé toute leur vie dépensent presque toutes leurs économies pour avoir droit à une vieillesse digne.

Il y a donc quelque chose qui ne tourne pas rond.
Le personnel est mécontent des conditions de vie et de travail qui lui sont imposées et les personnes âgées et handicapées ne reçoivent pas l'aide à laquelle elles aspirent. Il ne suffit pas de dire, comme le répètent nos hommes et femmes politiques que nos anciens préfèrent rester le plus longtemps à leur domicile, dans leur cadre de vie, que des services divers tels les portages de repas, les aides à la toilette, au ménage leur permettent de vivre décemment et qu'il y a là progrès de notre société, encore faut-il que les moyens humains et financiers existent afin que nous vivions mieux ensemble et non que nous ne faisions que cohabiter les uns à côté des autres.
Le gouvernement, celui de De Villepin comme celui de Raffarin avant, nous parle de lutte contre le chômage, bavarde sur la création d'emplois, Borloo parle bien du secteur de l'aide à domicile, mais la réalité comme je le démontre ci-dessus est tout autre. L'aide à domicile où les enjeux financiers sont énormes, du fait de l'attribution de l'APA qui a fait " exploser " la demande, n'est que petits boulots d'appoint, faiblement rémunérés, gérés par différentes associations qui parfois se concurrencent.
L'aide à domicile telle que nos gouvernants la perçoivent, c'est avant tout une manière de dégonfler les chiffres du chômage et de se donner bonne conscience.
Ce qui ne les empêche pas via leurs services, de prévoir, avec le recul de l'espérance de vie, une demande accrue des anciens de finir leur vie au sein de leur milieu, donc une augmentation de la demande de l'aide à domicile.
La question est donc : quelle place voulons-nous réserver à nos anciens au sein de notre société ?
Si on veut vraiment, comme nos dirigeants le clament, répondre à leur demande de demeurer le plus longtemps à leur domicile, il faut mettre les moyens pour cela.

Cela passe avant tout par la création d'un service public d'aide à domicile. Ce service public impose la création d'un véritable métier du personnel recruté pour ces tâches : formation professionnelle véritable, reconnaissance des qualifications avec établissement d'une grille salariale permettant un salaire correspondant à la spécificité du travail, un déroulement de vie professionnelle, réglementation du travail fixant des règles d'amplitude, de travail effectif, les congés payés, les déplacements, instauration des représentants élus des salariés en question.
Cela nécessite également que les personnes âgées, handicapées puissent bénéficier des moyens pour " s'offrir " ces services ; pour cela, ces personnes qui ont cotisé toute leur vie doivent recevoir en retour leur dû de la Sécurité Sociale. Ces soins et ce confort que l'on doit à nos anciens ne peuvent pas se faire sans une véritable réforme de la Sécurité Sociale autre que celle de Douste-Blazy et Xavier Bertrand ; l'embauche de personnel dans ce service d'aide à domicile, ce sont des cotisants de plus, donc des financements de plus pour la Sécu. Et les moyens financiers existent d'autre part en allant " piocher " dans les 40 milliards de profit que viennent d'encaisser les sociétés du CAC 40, comme vient de le révéler le quotidien économique " La Tribune " du vendredi 23/09/05.
Que l'on ne nous réponde donc pas toujours : financement, financement.....
La véritable réforme de la Sécurité Sociale est à faire en prenant en compte cette augmentation du vieillissement de la société et cette nouveauté du désir de nos anciens de vivre plus longtemps dans leur environnement habituel.

La création d'un tel service public, comme l'augmentation des maisons de retraite et du personnel y exerçant, ce n'est pas demain, c'est tout de suite, que nos hommes politiques doivent s'y pencher.
Exemple : la maladie d'Alzheimer ; si l'on en croit l'Express du mercredi 21/09/05, en 2020, la France pourrait compter 1,3 million de malades, en raison du vieillissement de la population. Le plan Alzheimer 2004-2007 annoncé l'année dernière par le ministre de la santé prévoyait plusieurs mesures pour faire face à ce fléau. Les difficultés rencontrées pour la détection de la maladie et surtout celles pour obtenir des places dans les maisons de retraite actuellement laissent sceptiques sur un placement de toutes ces personnes touchées par cette maladie. Il faut et il faudra donc encore de l'aide à domicile pour ces malades difficiles à accompagner et pour lesquels il est indispensable que le personnel ait une formation spécifique.

Ceux qui nous gouvernent ou aspirent à nous gouverner se targuent souvent d'être des hommes de terrain, de connaître la souffrance des plus humbles,ils nous parlent d'inégalités, ils pleurnichent sur les anciens dès qu'une épidémie, une canicule passe par là, mais eux qui ont en charge l'avenir du pays, que font-ils vraiment, à part préparer leur avenir politique ?

Ce sont des questions comme celles-ci que les citoyens veulent voir abordées et résolues. Plus que de savoir qui sera candidat à la Présidence de la République dans deux ans, plus que les feuilletons de l'été sur les déboires sentimentaux ou les mariages de tel ou tel ministre ou vedette de la télé, plus que les shows médiatiques de telle ou telle personnalité, ce sont nos difficultés, nos galères de la vie quotidienne que nous voulons voir prises en compte. Le rejet de la Constitution Européenne a rendu espoir à nombre de Français. Vous qui avez mené campagne pour le NON avec tant d'autres, faites tout pour présenter un programme cohérent de gouvernement. Ne rejetez pas ceux qui ont voté OUI, mais qui désirent vivement un changement, qui rejettent le libéralisme et peuvent œuvrer à ce programme.
L'homme qui l'incarnera, le moment venu, importe peu. Ce n'est en tout cas pas du tout la préoccupation des personnes âgées et handicapées, de ceux qui les aident et des familles qui vivent, en plus de la maladie et de la vieillesse de leurs proches, les tracas et soucis des démarches pour obtenir renseignements, aides ou autres besoins.

Destinataires : PS, LCR, PCF, L.Fabius, H.Emmanuelli, Futurs, Réseau Citoyen, Verts, PRG,JL Melenchon, A Montebourg.

Bernard Schneider

7 - courrier des lecteurs

7.1 - Réaction à la dernière chronique - Parler du peuple, voilà qui semble déranger certains

Parler au peuple, voilà qui insupporte carrément.

Car enfin, Evariste, tout le peuple ne pense pas bien ! Tout le peuple ne vote pas bien. Et puis, le peuple à des instincts, il développe des stratégies d'adaptation, travaille souvent avec ses mains.

Autant de caractéristiques insupportables pour un militant moderne qui est plus habitué à passer ses soirées à décider où placer les virgules d'un tract qui sera distribué le samedi sur la place de l'hyper-centre de la grande ville la plus proche. Le militant moderne, non seulement il ne le connaît pas le peuple, mais il fait tout pour l'éviter, confortant ses préjugés au gré des racontars. Consommateur de politique comme on consomme de l'eau minérale, c'est-à-dire que la demande est formatée par un conditionnement markéting, le militant moderne sert les nouveaux princes qui se partagent le pouvoir et les palais.

Le problème, c'est qu'il sert surtout le turbocapitalisme qui règne grâce aux élites gagnées à sa cause qui passent leur temps à tromper le peuple pour mieux engranger les bénéfices.

Alors disons clairement les choses : le modèle de la République laïque et sociale, seul modèle alternatif existant au turbocapitalisme, ne doit plus seulement inspirer le microcosme de la gauche républicaine. Il doit, ici (entre autre) et aujourd'hui être diffusé largement au sein du peuple et avec lui, que cela plaise ou non aux militants modernes en quête de la motion de leur parti qui les flatterait le mieux.

Christian Gaudray

7.2 - Réaction à la dernière chronique - Continuez sur cette voie

Bonjour Evariste,

Je viens de lire ton article. Il m'a beaucoup intéressé parce qu'il transpire la vie, la vie de nos concitoyens, de ces bons mecs pleins de bon sens. Je connais aussi de nombreux collègues qui se situent sur ce registre. Nos dirigeants doivent être impérativement davantage à l'écoute de ces dicteurs de bon sens. Oui, notre société a un vrai problème par rapport au travail manuel. Il doit être revalorisé, reconnu à sa juste place, une place majeure.

Que ferons nous demain sans un boulanger, un plombier, un collègue derrière un marteau piqueur? Ils méritent un profond respect et il doit être accompagné d'une revalorisation salariale. Il faut du beurre avec des épinards.

Continue Evariste à nous rapporter des articles qui sentent bon les vrais témoignages et nous changent tellement des raisonnements calculés, stratégiques.

Bon courage

Jacques Bouyat

7.3 - Réaction à la dernière chronique - D'accord sur presque tout

Cher Evariste,

Je viens de lire votre billet et j'ai envie de vous répondre tout de suite, pour dire d'abord que je suis (presque) entièrement d'accord avec vos quatre amis, et pour vous faire part des réflexions que suscite votre amicale description.

Je me souviens bien que dans les années quatre-vingt, dans la région parisienne, l'ébéniste à qui j'avais fait appel m'avait dit exactement la même chose, qu'il ne trouvait personne à former, personne à qui remettre le fruit de 40 ans d'expérience et ses "petites recettes", que les jeunes le quittaient rapidement pour quelque chose qui paie davantage et exige moins de travail, et commençaient d'ailleurs par demander combien de vacances ils allaient avoir.

Mes deux aînés ont fait des études poussées, l'un dans une école d'ingénieur, l'autre à l'université, voulant étudier la géologie (!), ce qui n'a mené à rien, sauf à embrayer plus tard, après bien des vicissitudes, sur l'informatique.

Je me souviens que j'avais dit alors (sans réellement plaisanter) qu'il valait mieux apprendre un métier sérieux comme la plomberie, bien utile, plutôt que de glander trois ans ou plus sur les bancs de la fac. Il me semble que l'on a dévalorisé le travail manuel sans raison, et que tôt ou tard il faudra bien y revenir. Ceux qui savent se servir intelligemment de leurs mains possèdent de l'or. Et lorsque notre pouvoir d'achat aura dégringolé suffisamment (via la mondialisation ... et les Chinois), il faudra bien se remettre à réparer et à "faire" soi-même.

Vos amis ont parfaitement raison dans leurs analyses désenchantées de la situation actuelle.

Il est vrai que notre société semble favoriser, par le RMI et autres, trop de gens qui seraient capables de travailler, s'ils le voulaient mais qui profitent largement de cette manne. La grande question qui se pose à mon avis c'est celle de la juste répartition des richesses. L'écart se creuse sans cesse entre les très grosses fortunes et ceux qui ont de moins en moins. C'est cela, l'inégalité profonde. C'est à cela qu'il faut remédier, par une autre clef de répartition.

Quant au travail, il faudrait trouver comment résorber le chômage, cette honte pour n'importe quel pays, mais le problème se pose de savoir s'il y aura du travail pour tout le monde. Et il faut défendre bec et ongles les lois sociales péniblement acquises au XXème siècle. Sinon, on va se retrouver avec une forme moderne d'esclavage, une population corvéable à merci, et sans aucun droit, ce qui serait bien sûr le rêve des gens du Medef.

Enfin un mot sur la dégringolade constatée par l'un de vos amis dans le domaine de l'éducation.

Il a entièrement raison: notre système éducatif qui avait fait ses preuves jusque dans les années '6O (honneur à nos instituteurs!) a commencé à flancher dès le moment où l'on a décidé de changer les méthodes (qui pourtant marchaient si bien) et à ne plus appliquer quelques mesures de discipline, modestes mais nécessaires (comme de se lever quand le prof arrive et de parler poliment). On n'a pas su non plus exiger des élèves d'origine étrangère et de classe défavorisée de respecter les lois de la République. Mais il faut aussi reconnaître que l'on avait "judicieusement" parqué ces populations dans des banlieues tristes à mourir (allez voir à Evry) sans réfléchir à ce que cela pourrait donner, au niveau des influences néfastes, violence et drogues comprises. Pain béni pour les imams de tout poil.

Un seul bémol aux propos de vos amis: ce qui concerne la régularisation des sans papiers. Actuellement, la France est encore assez riche pour se permettre d'accepter quelques milliers de pauvres gens, venus ici pour fuir leur pays pour des raisons soit économiques soit politiques. Je travaille moi-même dans un collectif ici, à Lannion, et je peux vous assurer que ces gens dans l'ensemble ne sont pas venus de gaité de coeur dans notre pays. Les mesures sarkoziennes sont idiotes. Il ne faut pas les renvoyer. A travers eux et surtout leurs enfants, qui sauront s'intégrer, c'est une richesse pour un pays d'avoir des forces neuves. C'est une fille d'immigré juif russe ( arrivé en '29, naturalisé en '38 et ayant fait la guerre) qui vous le dit.

Voilà. Quant à leurs réflexions politiques, je partage leur perplexité en ce qui concerne les élections de 2007. Sans aller jusqu'à souhaiter voter pour Le Pen (cela, jamais!) je suis consternée par les différentes composantes du paysage politique en France, et je ne sais pour l'instant vraiment pas pour qui je vais voter. Y aura-t-il un miracle à la dernière minute? La question peut être posée.

Désolée pour ce mail bien trop long, mais j'ai répondu à chaud à votre billet, intéressant comme toujours.

Bien cordialement,

Jacqueline Peltier

7.4 - Réaction à la dernière chronique - Moi aussi, je côtoie des ouvriers

Bonjour Evariste,

Je comprends tout ce qu'ils disent de leur désespoir d'être transparents dans la société de la connaissance. Je comprends leur déception de ne pas pouvoir transmettre aux futures générations l'amour de leur métier. Mais je ne comprends pas pourquoi au lieu de venir gonfler les rangs des révolutionnaires de notre pays (pas tous islamisés comme vous le laissez croire dans Respublica), ils s'apprêtent en grand nombre à voter Sarkozy ou Le Pen voire Villers. Leur discours sur les immigrés est l'un des plus réac qui soit. (...) Les ouvriers n'ont pas la science infuse, hélàs.

Pourtant, je te donne raison sur un point: la régularisation massive des sans papiers ma paraît une aberration, il vaut mieux se battre pour l'annulation de la dette des pays du Tiers Monde et surtout voter pour des gouvernements qui arrêteront de piller leurs richesses.

Je n'ai pas encore assisté (ni participé) à une manif pour la paix au Liban (j'ai failli aller , hier, à Montpellier). Je m'interroge sur certains drapeaux et slogans mais quand même, reconnais, mon cher Evariste qu'Israël, théocratie dangereusement hégémonique, ne fait rien pour calmer les choses. (...)

Bises et bonnes vacances, Evariste

Geneviève Sabathé

7.5 - Réaction à la dernière chronique - Pas une larme pour ces gens là

Bonjour "Evariste"

Ton éditorial m'interpelle comme dirait l'autre. Mes constatations perso sont bien différentes de tes constats. Dans mon voisinage, les artisans "à leur compte" sont les caricatures de l'arriviste, populiste, très pragmatique, social parfois, libéral toujours, que tout éloigne de la gauche, du militantisme , de l'activité intellectuelle. Plus proche de la philosophie du "j'en chie donc je suis" (applicable aux autres sous prétexte qu'eux-mêmes "en ont chié" ) que de la juste répartition des efforts et des richesses ou du souci d'égalité.

M'as-tu vu s, ils roulent en voitures voyantes ou encombrantes et dispendieuses, sans angoisse écologique, ont des piscines dans leurs villas et maintenant des spas, un bon gros chien de garde qui effraie ou mord le facteur (première cause ruineuse d'accident du travail ) des derniers systèmes de surveillance électronique pour protéger leurs biens si durement acquis (avec la sueur de leur(s) ouvrier(s) aux statuts au rabais et aux droits accessoirement connus et respectés.Mais le paternalisme fait passer la pillule. Partent en vacances aussi confortables qu' exotiques, les moins nantis restant à la maison-entreprise, occupés à des travaux destinés à améliorer confort et apparence. De l'école, ils te disent d'un air goguenard regretter leurs 400 coups, ont bien tourmenté leurs pauvres profs, ont exagéré, certains s'étant fait virés plusieurs fois de suite, mais que ce sont de bons souvenirs. Plusieurs ont repris l'Entreprise de Papa qui lui aussi en a bien bavé, ce qui fait que leur réussite à tous est juste, méritée, et que les autres moins bien nantis n'ont qu'à faire pareil... si seulement ils étaient moins fénéants ou bêtes .Qu'il faut choisir entre le travail acharné ou la planque du fonctionnariat. Je dois remonter dans ma mémoire au début des années 80 pour réentendre les salves acides contre les fonctionnaires et surtout les profs. Tous des planqués payés à rien foutre et à faire chier les braves gens qui travaillent. Dans les latifundias ont tire maintenant sur ces empêcheurs d'exploiter en rond.

(...)

C'est très bien ton petit reportage. Mais vois-tu, croyant connaître mieux que ce que tu en évoques de la situation réelle, je ne verserai pas une larme sur le sort de ces malheureux déconsidérés. Qui depuis fort longtemps nous prennent pour des cons. Mais qui ne doivent pas oublier qu'on le prend... de qui ça vient!

Pierre-Franck Chapelon

7.6 - Réaction à la dernière chronique - Pourquoi les jeunes font tant de fautes

Bonjour,

A propos de celui qui ne comprend pas pourquoi les jeunes font tant de fautes : C'est simple : les anciens avaient uniquement les livres pour se distraire alors qu'aujourd'hui, les jeunes passent tout leur temps libre assis devant la télé qui ne distribue que des images !

Lorsque la maîtresse nous montrait une image au tableau, elle nous apprenait tout le vocabulaire des objets observés et écrivait les mots. Puis elle faisait faire une ou deux dictées par semaine. Moi, jusqu'à ma dernière année, il y a huit ans, je faisais faire deux dictées par semaine au collège, tirées de la lecture, plus une rédaction en classe (pas d'aide des parents) puis je l'annotais et les élèves la corrigeaient en fin de semaine. De plus, ils avaient des livres à lire selon leur choix mais je contrôlais chaque trimestre qu'ils avaient lu, avec signature des parents sur la fiche de bibliothèque. A la fin de l'année, à ce régime, ils avaient fait d'énormes progrès mais j'avais passé une quantité d'heures à annoter et à corriger !

Aujourd'hui, on a fermé les Ecoles Normales et le recrutement ne se fait plus avec la même mentalité et tout est fait pour encourager maîtres et élèves à la fainéantise, le but inavoué étant la destruction de l'école publique et laïque au profit de l'école privé confessionnelle ou commerciale !

Francis BERNARD

professeur de lettres - histoire -géographie -éducation civique
retraité de l'Education Nationale
enseignant durant 25 ans au collège "Mon Plaisir" à Crécy-la-Chapelle, Seine-et-Marne, après avoir été instituteur à Epinay-sur-Seine, département de la Seine à l'époque.

7.7 - Réaction à la dernière chronique - Je comprends vos amis, mais ne nous trompons pas d'ennemi

On les comprend très bien, ces 4 ouvriers. je suis sûr que ce sont des types formidables. Leurs propos recoupent souvent ce qu'on entend, ce qu'on voit autour de nous. Par exemple, j'attends depuis 2 ans qu'un électricien accepte de faire des travaux chez moi. Le fils d'une amie, au lieu de poursuivre des études supérieures, est devenu électricien en province. Il gagne superbien sa vie, croule sous le boulot, voudrais engager un apprenti mais ne peut pas (charges sociales). On n'en sort pas !!!

Cependant, ce qui me désespère c'est que parmi tes copains il y en ait quand même un qui hésite à voter Le Pen pour les pires raisons qui soient (l'expérience ayant prouvé que Le Pen est lui-même, bien sûr, dans le système!) (Tu pourras aussi lui rappeler que voter pour le milliardaire Le Pen est toujours voter pour le plus riche). Mais allons plus loin : ils ont voté aussi tous les 4 contre le TCE - Tu sais ce que j'en pense, je suis convaincu que c'est une erreur magistrale, et qu'ils en sont eux-mêmes, maintenant, les premières victimes.

Un mot encore: ne nous trompons pas d'ennemi. L'ennemi c'est Sarkozy, pas les éléphants du PS (les malheureux!), mais détester Sarkozy à cause des points en moins sur le permis, mauvais combat! D'abord qu'ils conduisent mieux tes copains, après on discutera à l'aise.

Allez, bonne nuit !

Gérard Lenne

7.8 - Réaction à la dernière chronique - J'ai bien aimé le passage sur les points du permis de conduire

Excellente chronique, que dire de plus?! J' ai bien aimé le passage sur les points du permis de conduire perdus, je viens moi-meme de me faire flasher par un radar automatique en centre-ville d' Orléans (sur une quatre voies quand meme!!) à 56km/h (ramenés à 51 après déduction de la marge d' erreur), et j' ai bien les boules.

J' avais mes 12 points, et j' avais vraiment changé de comportement au volant depuis au moins deux-trois ans, notamment en m' efforçant de toujours respecter les limitations de vitesse. C' est pour ça que je le vis assez mal, car l' implatantion de ces maudits radars, mobiles ou fixes, n' a rien a voir avec la prévention routière, comme le prétendent sans rire ni rougir nos ministres, qui par ailleurs ont un chauffeur à disposition et ne savent donc pas ce que c' est de conduire avec cette menace permanente. C' est du rakett organisé, rien de plus, mais ils ne peuvent évidemment pas le reconnaitre politiquement...

Tout le monde peut se faire prendre, vraiment. J' ai meme failli me faire re-flasher sur une portion de départementale limitée à 70 km/h, en pleine ligne droite bien sùr et sans personne à l' horizon. Elles sont cons ces machines...

Cassen Lionel

7.9 - Réaction à la dernière chronique - Vous n'allez pas vous faire des potes chez les bobos

Mon cher Evariste, avec des amis comme celà, vous n'allez pas vous faire des amis chez les bobos...

C'est vrai que la France est en déclin, c'est pas nouveau...

C'est vrai que les travaux manuels ne sont plus considérés depuis l'ère Mitterrand...

C'est vrai que pour aller mettre des produits en rayon, il faut avoir fait des stages chez Procter et Gamble ou L'Oréal, en sortant de Sup de Co.mais c'est mieux de se trimballer avec un portable et de se faire des stats sur le comportement des Français...

A part çà, on régularise les sans-papiers, la gauche s'en félicite et l'ami Le Pen et sa clique attendent bien sagement dans le coin.

Il n'y aura pas de second 21 avril, disent-ils...

Georges Brousse

7.10 - Réaction à la dernière chronique - Je partage ton analyse de la perception de la situation par les couches populaires

Je partage également ton constat de la s/représentation des couches populaires (pas que des ouvriers) à l'ANat.

Il est vital pour la gauche de prendre en considération cette situation.

A ta place, j'enverrai une copie de ton article à Ségolène, et à Hollande (à l'Assemblée) directement.

Je ne pense pas que du mal de ces deux-là.

Ceci dit, tu sais que mon jacobinisme est plus tempéré que le tien ; quoique je n'ai encore rien lu sur le crucifix de la mairie de Ploërmel dans Respublica.

Christian Vely

7.11 - Réaction à la dernière chronique - J'ai bien aimé ton article sur les professionnels

Je me sens proche d'eux. Chaudronnier : un savoir faire que j'ai partagé avec des jeunes un certain temps et puis les patrons au nom d'une "rentabilité" n'ont plus voulu casser les oeufs; passage obligatoire pour devenir un vrai pro. Alors plus d'embauche, vagues de licenciements...

... On change de métier au vu de cette nouvelle société et je me suis retrouvé travailleur social à Emmaüs.

Le syndicalisme y est pour beaucoup.

Malgré les échecs de la société, aujourd'hui on continue à écouter les "experts en TOUT et en RIEN"

Je ne voterais jamais Lepen par révolte je préfère la résistance, pourquoi pas Madame Royal pour le plaisir d'être en république un peu d'humour gaulois vingt Dieux! Les chefs de gauche n'ont qu'a assumer à la place de premier ministre, n'est ce pas là la place du pouvoir?

J'ai la rage contre Sarkozy à cause de points perdus pour deux ou trois kilomètres de trop mais surtout sa façon d'être qui représente si bien cette monté en puissance de "la BETE" Je te remercie encore pour ton article qui me conforte dans ma façon de voire les choses

Cordialement

Gaupin Maurice

8 - chronique d'Evariste

8.1 - Réaction à la dernière chronique - Votre niveau baisse dangereusement

Cher Evariste, le niveau de vos interventions baisse dangereusement ! Je ne méprise pas le café du Commerce (je déplore sa disparition au profit d'espaces branchés ségrégationnistes). Mais j'attends autre chose d'une chronique politique !

François Lonchampt

9 - courrier des lecteurs

9.1 - Réaction à la dernière chronique - La chronique d'Evariste me colle à la peau

J'ai bien reçu le N° 462 de Respublica, et je dois dire que je suis très proche de l'ensemble des écrits, la chronique d'Evariste me colle à la peau, son article résume le pourquoi de mon refus de continuer à voter et surtout correspond bien à ce que je ressens. L'ensemble de ses chroniques me touche beaucoup.

Les autres articles aussi sont très respectables et l'ensemble est bien le reflet de ce que je ressens, je n'ai aucune contradiction à apporter (dommage) mais je n'ai pas assez de culture politique pour me référer à des écrits ou à des faits passés, alors je me contente d'approuver, en sachant que ce n'est pas comme cela que l'on fait avancer les choses.

Annie Goffaux

10 - extrême-droite islamiste

10.1 - Le meurtre d'une Pakistanaise secoue les Italiens Rome

Hina, 21 ans, a été tuée par son père à l'issue d'un conseil de famille. AP.

Elle avait 21 ans, un air mutin, un joli sourire sur les lèvres. Les photos parues dans la presse la représentent vêtue d'une robe blanche d'été, les bras nus. Hina a été égorgée vendredi dernier dans sa chambre, à Brescia (Lombardie) par son père Mohammed Saleem, un musulman intégriste, à l'issue d'un conseil de famille : "Je ne voulais pas qu'elle devienne comme les autres", a commenté l'assassin.

Le procureur de Brescia, Giancarlo Taquini, a confirmé hier les résultats de l'enquête en attribuant ce crime "d'une cruauté inouïe" aux "profondes convictions religieuses" de la famille. Après l'arrestation du père et de l'oncle, une troisième personne, sans doute le beau-frère de la victime, est recherchée. Ils sont accusés d'homicide volontaire aggravé. Ils avaient enterré le corps dans le jardin du logis familial, la tête tournée vers l'est, sous 80 centimètres de terre.

Les rythmes de la tradition

Mohammed Saleem était arrivé d'Islamabad il y a une dizaine d'années. Il s'était établi à Sarezzo, dans le Val Trompia. Cette banlieue industrielle aux portes de Brescia abrite une pépinière d'entreprises dynamiques. La province recense cent mille immigrés, dont 10% de Pakistanais. Très vite, sa famille l'a rejoint : sa femme et leurs six enfants, quatre filles, dont Hina, et deux garçons, ainsi que son frère et d'autres parents. Une fois son travail terminé à l'usine, Mohammed aide son fils aîné à gérer un petit restaurant pakistanais.

La vie en famille était réglée par les rythmes de la tradition. Éducation à la pakistanaise pour les enfants, vêtements traditionnels pour les filles, interdiction de sortir avec des garçons n'appartenant pas à la communauté. Cela n'a pas pourtant pas empêché Mohammed de demander à être naturalisé italien. Il a déposé sa demande il y a deux mois à la préfecture. La famille tolérait mal les velléités d'indépendance de Hina. La jeune femme portait jeans et minijupes, fumait en public, travaillait comme serveuse dans un restaurant indien. Et surtout elle vivait depuis quelques semaines chez son ami italien, Giuseppe, un ouvrier métallurgiste de son âge. Refusant le mari pakistanais, de confession musulmane, que son père lui avait trouvé.

Son arrêt de mort aurait été décidé entre les hommes de la famille. Un voisin les a vus enterrer le corps dans une fosse creusée depuis plusieurs jours. "Mon client est animé par de profondes convictions religieuses. Il suit scrupuleusement le Coran", a déclaré l'avocat de Mohammed, qui n'a pas manifesté le moindre repentir. Un tel comportement est rituel au Pakistan. Dans une enquête portant sur l'année 1997, l'Unicef recensait 300 jeunes femmes ayant subi le même sort dans une seule province.

Cet assassinat barbare révulse les Italiens. Pour le ministre de l'Intérieur, Giuliano Amato, il faudra faire en sorte que "tout candidat à la nationalité italienne adhère aux valeurs fondamentales de notre société qui confèrent à la femme le droit d'être respectée et de choisir librement sa vie". Le projet de loi visant à accélérer les naturalisations d'immigrés qu'il vient de déposer au Parlement "devra en tenir compte".

Richard Heuzé

Source : Le Figaro du 17 août 06

11 - à lire

11.1 - Débaptisez-moi pour l'amour de Dieu, par Paul C. Bruno

Je désire vous souligner la sortie d'un livre extraordinaire d'un libre-penseur québécois Paul C. Bruno dont le titre en soi dit tout : Débaptisez-moi pour l'amour de Dieu, (694 pages) aux éditions Louise Courteau, distribué au Canada par Raffin, en France et Belgique par DG Diffusion. Véritable pavé dans la mare du déclin mondial du christianisme, ce livre s'en prend non seulement à l'Église catholique de tout temps mais surtout aux bases mêmes de cette religion inventée en totalité par des humains en mal de contrôle des consciences et du pouvoir humain. L'écriture est facilement accessible au commun des mortels et l'auteur a su allier l'humour à une recherche incroyable de données historiques et de comparaisons éloquentes des textes de base de cette religion et du catéchisme officiel.

Certaines critiques parlent du guide de tout ce qu'il faut savoir pour acculer cette religion au pied du mur, pour être capable d'argumenter avec n'importe quel catho étroit d'esprit. Déjà le moteur de recherche Google offre de nombreuses critiques et références en y tapant le titre du livre ainsi que les sites de vente par internet. Je vous joins de plus le lien informatique permettant d'accéder au site créé par l'éditeur pour faire connaître cet écrit : le http://www.alchymed.com/auteur/auteur.asp?ID_Auteur=494. Espérant que cette information pourra être distribuée à vos membres ou lecteurs qui y puiseront assurément arguments et réconfort dans leur choix de pensée et de vie.

Gérard Becotte