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  1. chronique d'Evariste
    1. Les enjeux républicains de la prochaine bataille du gaz, par Évariste
  2. université du ps
    1. Critique du programme du Parti socialiste (suite), par Bernard Teper
    2. Lecture raisonnée du projet de loi socialiste sur la " laïcité ", par Robert Albarèdes
    3. Le péril Royal, par Alexis Dalem
    4. Ségolène Royal et la laïcité, par Claude Boisseau
  3. Crise d'ATTAC
    1. Attac sur la défensive, par Judith Elsouche
  4. droit de vote des étrangers
    1. Appronfondir les propos de Stéphane Arlen, par Denis Billon
    2. Non à la double nationalité, par Louis-Paul Delpech
  5. combat laïque
    1. La Mosquée de Paris et l'UOIF ont déposé une plainte contre Charlie Hebdo, par Jocelyne Bézecourt
    2. La laïcité en bikini indésirable ?, par Jérôme Bastion
  6. Proche-Orient
    1. Quelques commentaires du message de Philanthropes (Respublica 23 août 2006), par Danielle Delmaire
    2. Ta réponse a Alain Gresh (Respublica 463) m'a bouleversée, par Evelyne Szafraz
    3. Le Hezbollah, un parti comme les autres ?, par Mireille Popelin
  7. rentrée scolaire
    1. De l'éducation, par Lionel Ganier
  8. à voir
    1. L'Immeuble Yacoubian (de Marvan Hamed - Egypte - 2006 - 2h52), par Mireille Popelin

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Les enjeux républicains de la prochaine bataille du gaz

Dans quelques jours, la représentation nationale va devoir se prononcer sur la privatisation de Gaz de France. Le but : permettre à l'entreprise nationalisée de s'acoquiner avec Suez (ex Lyonnaise des Eaux), sur la proposition complice d'un gouvernement dont le poids lourd, Nicolas Sarkozy, est celui-là même qui avait assuré il y a deux ans aux représentants du peuple que GDF ne serait jamais privatisée...

Officiellement, c'est toujours la même rengaine pour justifier mensonges et revirements : l'opération doit enfanter d'une entité ayant une taille critique qui permettra de peser face aux nouveaux défis des marchés de l'énergie.

En réalité, ce n'est que la poursuite du processus de privatisation et de marchandisation des activités humaines, qui en arrive aux derniers socles, parmi lesquels figurent les services publics qui concernent les biens communs vitaux.

Nous devons prendre le temps de l'analyse afin de participer à l'édification d'un mouvement social capable de contrer l'opération (ce qui implique qu'il devra s'appuyer conjointement sur les forces syndicales, politiques et citoyennes).

Quelle est la situation du gaz ?

Les réserves mondiales sont estimées à une soixantaine d'années de consommation. Quelle que soit la précision de cette estimation, le délai est court. Par ailleurs, les réserves mondiales sont très mal réparties : la Russie et l'Iran en détiennent plus de 40% ! L'actualité nous montre quasi-quotidiennement que la Russie utilise cette richesse pour asseoir son redressement sur le plan international, en ayant fait de la société d'état Gazprom un élément clé de sa stratégie géopolitique. Récemment, elle s'est assurée l'hégémonie sur le marché gazier européen en passant un accord avec l'Iran pour construire un gazoduc qui assurera l'écoulement du gaz iranien vers le Pakistan et l'Inde (évitant ainsi toute concurrence), et avec l'Algérie pour former un cartel capable d'imposer ses tarifs. Or l'utilisation du gaz est aujourd'hui en plein essor, les réserves de pétroles étant encore plus réduites. Cela a d'ailleurs des conséquences environnementales majeures puisque que le gaz, comme les autres énergies fossiles, émet lors de sa combustion des gaz à effet de serre responsables de bouleversements climatiques rapides. Il convient à ce propos de préciser que les pays qui n'ont pas développé de programme nucléaire civile ou qui ont programmé la fin de celui-ci se retrouvent dans des situations qui seront de plus en plus difficiles à tenir.

En faisant un (gros) effort d'abstraction de toute considération politique, posons-nous la question suivante : qui pourrait bien vouloir acheter les actions d'une société dont l'activité s'éteindra d'ici quelques petites dizaines d'années, et dont les cours de matière première augmenterons irrémédiablement et exponentiellement, avec les répercussions tarifaires que cela implique ?

Il faut dénoncer les arguments grossiers qui visent à prendre les français pour des imbéciles. Le service public est le seul statut qui interdit, pour une entreprise de cette taille, d'être cannibalisé à la faveur d'une OPA. En ce qui concerne le domaine de l'énergie, ce n'est pas une mince affaire ! Quelles garanties nous donnerons nos parlementaires à ce propos ? Aucune qui vaille ! Ce qui signifie qu'ils ne défendraient pas l'intérêt général ? Oui, et c'est pour cela qu'il faut que le premier chantier du prochain Président soit une réforme institutionnelle de grande ampleur qui garantisse à la VIème République des élus débarrassés de l'influence des intérêts particuliers.

Militants de la gauche laïque et républicaine, nous demandons l'application du principe de la laïcité dans la sphère économique. Cela signifie que nous exigeons une séparation de la sphère privée et de la sphère publique en matière économique. Ce qui veut dire qu'il ne devra plus être question de mélanger les fonds publics et les fonds privés, et que certaines activités indispensables au bien être de tous (éducation, santé, énergie, eau, etc.) seront soustraites du marché grâce à un nouveau statut démocratique, transparent, répondant aux impératifs de l'intérêt général, qui s'appellerait... les Services Publics.

Si un seul des objectifs suivants était empêché par la privatisation, elle devrait être rejetée : souveraineté énergétique - indépendance (réduction, diversification et pérennisation des importations), développement de politiques volontaristes de réduction de la consommation (amélioration des rendements, réduction des pertes, développer les techniques et les comportements économes) - diversification des sources d'énergie - vision à moyen et long terme basée sur l'intérêt général des générations actuelles et futures - contrôle citoyen (définition démocratique des besoins, démarche implicative et participative, processus d'évaluation). Le constat est à la portée d'un élève de lycée : aucun de ces objectifs ne sera possible avec GDF privatisée !

La bataille du gaz qui s'annonce doit donc marquer un tournant. Ses enjeux, la prise de conscience que les politiques néolibérales sont minoritaires dans le peuple, la proximité d'échéances électorales majeures, sont autant de raisons de faire de ce dossier un étendard de notre combat pour le modèle laïque de la république sociale.

Évariste

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2 - université du ps

2.1 - Critique du programme du Parti socialiste (suite)

Sur des matières essentielles puisqu'elles conditionnent désormais les choix nationaux, le programme du PS présente un catalogue d'intentions :

  • il constate que " le cours trop libéral imprimé à la construction européenne a obscurci le projet d'une intégration solidaire " et que l'Europe " souffre d'un déficit démocratique et social " ;
  • il entend " réformer la gouvernance mondiale " et proposera des réformes de l'ONU, de l'OMC, du FMI et de la Banque Mondiale ;
  • il proclame " la nécessité de combattre les effets de la mondialisation financière.

Convenons que ces intentions répondent à une attente justifiée, même si les propositions du PS restent bien timides (il veut que l'OMC devienne plus transparente et plus démocratique, mais il ne propose pas de lui enlever sa capacité de contraindre les États à démanteler leur Constitution, leur législation, leurs réglementations).

Mais convenons également que ces objectifs s'inscrivent dans une perspective diamétralement opposée à celle inscrite dans le traité constitutionnel européen que la direction du PS a soutenu et que ses élus au Parlement européen continuent de soutenir puisqu'ils viennent, le 14 juin 2006, de rejeter un texte qui demandait le respect du choix démocratique exprimé par la France le 29 mai 2005. Dès lors, quelle confiance accorder à un parti qui formule aujourd'hui des intentions à l'opposé de ce qu'il soutenait l'an passé ?

A supposer qu'on prenne le risque de faire confiance à des gens :

Il faut quand même poser une question : par quels actes concrets, par quelle procédure précise le PS entend-il engager la France dans la réalisation de ces objectifs, compte tenu des réalités juridiques actuelles, européennes et internationales ? Faute de fournir des réponses à ces questions, les intentions exprimées ne servent qu'à appâter l'électeur mal informé.

De ce programme d'ajustement structurel d'un capitalisme qui a retrouvé la sauvagerie d'avant 1936, examinons la crédibilité de quelques-unes des propositions :

a) le SMIC à 1.500 euros : oui, mais c'est un SMIC brut et octroyé d'ici à 2012 " (" avant la fin de la législature ", dit le texte page 7) ! Ce que ne dit pas le texte est qu'il suffit de continuer la politique de Villepin du début juillet 2006 pour y arriver. Et après ça, le PS ose écrire que son projet " répond à l'urgence sociale " et que cette proposition est une alternative !

b) la réforme de l'impôt : elle conduit à une remise en cause du financement mutualisé de la sécurité sociale (1er budget humainsupérieur à 30% du budget de l'Etat tous ministères confondus), à sa fiscalisation et donc à la négation de la démocratie sanitaire nécessaire telle que l'avait pensé le Conseil national de la Résistance et donc au maintien d'une vision comptable de la protection sociale; la réforme que propose le PS pourrait avoir pour effets que les riches paieront moins et que les entreprises déjà tellement gâtées par Jospin-Raffarin- Villepin le seront encore davantage. C'est sans doute cela que le PS appelle " renforcer la solidarité " ; Dire que l'on va élargir l'assiette sans parler des taux est hypocrite et l'élargir aux profits réinvestis dans les investissements productifs est une erreur dont les citoyens feront les frais ultérieurement.

c) les services publics : ils seront, paraît-il, "confortés" Mais on ne dit pas lesquels. Ni comment. Pire, en page 12 on parle de développer les services de proximité dans le chapitre " économie sociale et solidaire " sans parler de services publics(petite enfance, personnes âgées, secteur périscolaire).Cela en dit long. Donc, on reste sur le principe de recul des services publics de proximité pour les remplacer par les associations.Comme la droite. Rien sur l'avenir des partenariats publics-privés qui cassent les services publics. Et bien sûr, pas de mention de la nécessité de la laïcité économique qui sépare la sphère publique des services publics et sa logique citoyenne de la sphère économique privée du marché. Rien n'est dit de la Poste ou de la SNCF. Rien n'est dit des activités de services où l'Etat détient encore une partie du capital (sauf EDF-GDF). On laisse le libre choix entre gestion privée et gestion publique de la distribution d'eau tout en promettant de soutenir cette dernière. Ce faisant, le PS renonce à instaurer la propriété publique de l'eau. Mais surtout, il fait comme si une véritable défense des services publics n'exigeait pas une remise en cause du droit européen actuel et donc une indispensable dénonciation par la France, des dispositions européennes qui tuent les services publics en proposant de lesremplacer par des services d'intérêt économique général(SIEG) ce qui n'est pas la même chose ! On promet une directive cadre européenne sur les services d'intérêt général en omettant de préciser qu'une telle directive, pour protéger vraiment les services publics, réclamerait-elle aussi une révision des traités existants qui n'est annoncée nulle part dans le programme socialiste.
Ce qui manque dramatiquement, mais significativement dans le programme du PS, c'est l'affirmation pourtant simple d'un principe qui donne à la gauche son identité : les règles de la concurrence ne peuvent être imposées à la santé, à l'éducation, à la culture, ni aux autres activités de service qui permettent l'exercice par toutes et tous des droits collectifs fondamentaux tels qu'énumérés dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Le discours socialiste sur les services, c'est du trompe l'½il ;

d) le PS indique qu'il veut " privilégier les transports collectifs et économes en énergie ", mais il n'entend pas remettre en question les politiques européennes de privatisation de toutes les formes de transport ; s'il annonce une " forte augmentation des crédits au ferroutage " (ne sera-t-elle pas considérée par la Commission européenne comme une distorsion à la concurrence commerciale ?), il est muet sur le transport fluvial ;

e) le PS promet la création d'un " pôle financier public autour de la Caisse des Dépôts et Consignations " sans indiquer que cela implique une renégociation des décisions adoptées en 1997 à l'OMC, avec le soutien du gouvernement Jospin, appliquant l'AGCS aux services financiers ;

f) le PS annonce " la mise en ½uvre d'une politique industrielle " sans dire comment la France va remettre en cause les pouvoirs d'une Commission européenne qui bloque la constitution de groupes industriels parce qu'elle refuse, au nom d'une conception dogmatique de la concurrence qu'on ne trouve même pas aux USA, la constitution de " champions nationaux " et même de " champions européens " ;

g) le processus de Bologne, dont un des initiateurs fut Jack Lang, ouvre la voie au système américain où se juxtaposent des universités d'excellence accessibles aux étudiants de familles aisées, dont les diplômes sont très côtés, et des universités de second niveau accessibles aux étudiants de condition plus modeste dont les diplômes sont peu prisés par les employeurs. Le PS promet " une profonde rénovation de l'Université " sans indiquer nulle part ce qu'il entend faire du processus de Bologne décidé au niveau européen, qui organise la concurrence entre les universités et instaure ainsi une dualité contraire aux principes républicains ;

h)Page 15,on veut donner le coup de grâce à l'enseignement professionnel public en créant une " voie des métiers " en faisant entrer le patronat à l'intérieur des écoles publiques.

i) dans le domaine de l'audiovisuel public, les intentions du PS n'abordent pas les dangers que fait courir à l'indépendance de l'information le poids grandissant des annonceurs publicitaires ; aucune proposition sur une limitation, voire une suppression de la publicité dans les stations et chaînes publiques. Alors qu'en fait, seul le principe de laïcité économique de séparation de la sphère publique et de la sphère privée peut permettre aux médias publics de répondre aux besoins d'information, de culture et d'élévation de la prise de conscience des citoyens. Il faudrait aussi un statut des journalistes du type fonction publique pour que ceux-ci ne soient pas des agents au service du gouvernement. Quant aux industries culturelles, on aurait pu, au moins, attendre du PS qu'il s'engage à ce que la France fasse prévaloir la prééminence de la Convention de l'UNESCO sur la diversité culturelle sur les accords de l'OMC. Rien à ce propos ;

j) rien non plus, dans le domaine agricole, sur le vin français. Le " projet socialiste pour la France " ignore totalement la situation dramatique du secteur viticole qui apporte tant à la France à la fois sur le plan économique, mais également sociétal et culturel ; comme si la viticulture était en France un secteur marginal, un détail qu'un programme de gouvernement ne devrait pas aborder ! Même sur ce point, le PS a cessé d'être le parti de Jaurès. Sans doute entend-il laisser, dans ce domaine comme dans les autres, jouer la loi du marché européen et international ... ;

Lors de son congrès du Mans, le PS a rejeté le principe d'une VIe République. Le " coup d'État permanent " va continuer. Le PS propose quelques réformes, refuse toujours la 6ème république et ne propose même pas la modification de ses prérogatives dont l'article 52 qui lui confère le pouvoir de négocier et de ratifier les traités. Ces deux articles sont la base juridique du domaine réservé du chef de l'État et de la présidentialisation du régime, ainsi qu'on a pu le vérifier en période de cohabitation. Sans annoncer la nécessaire 6ème république à dominante parlementaire,la promesse du PS d'associer le Parlement à l'élaboration de la politique étrangère et de défense n'est que du vent.

Dans ce domaine, comme pour les questions économiques et sociales, le programme du PS propose des ajustements, pas une refondation démocratique de la République qui devrait nécessairement apporter une nouvelle répartition des pouvoirs à tous les niveaux afin de donner le pouvoir aux citoyens qui aujourd'hui en est dépossédé.
Ce programme devrait mettre en place une nouvelle conception de l'exercice du pouvoir afin qu'il soit davantage transparent et surtout davantage contrôlé, qui devrait créer un statut de l'élu impliquant sa révocabilité, qui devrait garantir aux citoyens les moyens de l'information, de l'interpellation et du contrôle sur tout acte de tout pouvoir exécutif. Rien de tout cela n'est prévu par le PS.

Que valent en effet les engagements du PS, quand on entend Mme Royal déclarer que ce programme, c'est seulement " un socle avec des grandes orientations. Nous ferons des choix, nous discuterons des priorités" ? Comment ? Avec qui ? Lesquels ? Allez, passer donc, on vous le dira quand on l'aura décidé !!!!

__Ce qui domine le programme du PS, c'est la pensée de la " deuxième gauche ", celle des Rocard-Delors-Lamy : le capitalisme a gagné, atténuons-en les effets. On ne peut qu'être d'accord avec Jean-Luc Mélenchon lorsqu'il dénonce une "analyse complaisante du système économique mondial" et écrit que "le projet socialiste se démarque fortement de la critique de la mondialisation formulée par le mouvement altermondialiste et le reste de la gauche française. Il s'inscrit au contraire dans la thèse de la mondialisation heureuse."
On ne peut qu'être d'accord avec Gérard Filoche lorsqu'il constate que ce projet, " c'est le projet le plus droitier présenté par une direction du Ps depuis plus de dix ans ; même par rapport au projet de Lionel Jospin de 2002, il est plus droitier.__

Comme l'action de la gauche anti-libérale revient à mettre des cierges dans les églises ? pour que l'esprit sain descende du ciel pour désigner le candidat unique ? de la gauche anti-libérale, on n'est pas sorti de l'auberge !!!

Il ne reste donc aux laïques et aux républicains de gauche et d'extrême gauche que de se rassembler autour de son média RESPUBLICA pour renforcer le rapport de forces en faveur du modèle laïque de la république sociale qui reste le seul modèle alternatif au turbocapitalisme.

Pour cela, contactez evariste@gaucherepublicaine.org

Bernard Teper

2.2 - Lecture raisonnée du projet de loi socialiste sur la " laïcité "

Le 29 juin dernier, Jean Glavany, au nom du Parti Socialiste, a déposé sur le bureau de l'Assemblée Nationale, un projet de loi visant à " promouvoir la laïcité dans la République ". . . Cette démarche, faite presque " en catimini " en un moment où s'exaspèrent les tensions contre le socle laïque de notre République, semble vouloir " étouffer " dans l'½uf toute réflexion, toute analyse, toute proposition - autres que celles qui fondent ce texte législatif - susceptibles de rendre efficient le principe de laïcité tel qu'il ressort du texte fondateur de 1905 et " évacue " , de fait, ce thème du débat électoral qui s'engage, comme s'il s'agissait de " faire l'impasse " sur ce qui pourrait fâcher, en particulier du côté de ces élus (et ils ne sont pas tous " de droite ") qui, tous les jours, bafouent les conséquences de la loi en dilapidant l'argent public dans des subventions à des structures directement ou indirectement confessionnelles ou privées.

Ce qui frappe, d'abord, dans ce texte, c'est la confusion (savamment entretenue ?) qui mêle à la notion de " laïcité " (jamais définie . . .) " la mémoire de l'immigration ", la " création d'un service civique national ", l'action d'une " haute autorité de lutte contre les discriminations et les exclusions ", toutes structures peut-être utiles, mais qui relèvent de décisions politiques et administratives concrètes dont la réalité ne peut se justifier que si on a, au préalable, précisé ce que ces notions recoupent et en quoi elles se rattachent à la laïcité dont il convient de bien fixer les contours.

Car c'est de cela dont nous avons besoin aujourd'hui, en un moment où les interprétations les plus pernicieuses, jouant sur les subtilités du vocabulaire, tendent à faire oublier l'essentiel représenté par les principes de la loi de 1905 :

Article 1 : La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l'intérêt de l'ordre public.

Article 2 : La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.

Or, si la loi est citée dans le préambule du projet de loi socialiste, son contenu disparaît dans le corps du texte, ne réapparaissant que dans les motifs, à travers un article 2 évoqué de manière erronée et lu à contresens par les auteurs du projet car donnant à la République mission d'organiser l'exercice des cultes. . . D'ailleurs, apparaît comme révélatrice une autre absence, celle du rappel d'une conséquence essentielle des principes de la loi originelle : la réservation à l'espace public de l'argent public. La phrase n'est jamais écrite, comme n'est jamais évoquée la stricte séparation de l'espace public - où agit la loi générale libérée des contraintes particulières de quelque nature qu'elles soient - et de la sphère privée - où s'exerce le choix individuel d'idéologie et de religion. On comprend qu'un parti qui a, dans ses rangs, des élus qui, comme à Rennes ou à Evry, s'échinent à détourner la loi de 1905 pour subventionner allègrement des réalisations cultuelles sous les prétextes les plus divers, répugne à s'engager sur ce point !

Il est vrai que le domaine de la gestion locale, territoriale et nationale semble bien loin des préoccupations des rédacteurs de ce texte, puisqu'ils n'envisagent même pas - alors qu'ils le présentent comme " concret " - de demander aux élus et représentants de l'Etat le nécessaire respect de la laïcité, dans leur gestion comme dans leur fonction de représentation.

Mais le plus important reste que jamais n'est demandée (et organisée) l'application de la même manière de la loi de 1905 à l'ensemble du territoire de la République : ce n'est pas là un oubli de plume, mais l'aveu d'une attitude politique que les laïques ne peuvent que condamner. D'autant que, quand il est fait allusion à la situation particulière de l'Alsace - Moselle, c'est à travers le seul domaine scolaire où il faudrait, nous dit-on, remplacer la demande d'enseignement religieux par une " offre de cours religieux " au sein de la structure d'enseignement !!! On croit rêver : mais non, cette " offre " concerne également l'enseignement (sic) de l'islam. . . Si ce n'est pas ça, porter atteint à la laïcité et organiser le communautarisme religieux, qu'est ce que c'est ?

Un vrai projet laïque aurait inscrit, en toutes lettres, l'abrogation de toutes les situations particulières, écarté du domaine scolaire tout exercice de tout culte, et réfléchi aux étapes nécessaires pour assurer, partout et de la même manière, le rejet de toute religion de l'espace public. Il semble qu'une telle démarche excède les capacités réflexives des rédacteurs du projet socialiste. . . A moins qu'il y ait des raisons moins avouables auxquelles je me refuse (presque) de penser. . .

La propension de ce texte à accepter les perversions de la loi de 1905 transparaît parfaitement dans le chapitre consacré à l'Ecole, où il est admis , une fois pour toutes, que la République n'est pas apte à satisfaire le besoin d'enseignement de ses concitoyens. Ainsi ce projet de loi se contente-t-il de vouloir encadrer les aides à l'enseignement privé, plutôt que d'affirmer l'unité de l'enseignement qui doit être public, laïque et exclusif bénéficiaire de la ressource publique, plutôt que de poser en principe incontournable la présence de l'école publique partout sur le territoire. Réaffirmer les principes ne peut nuire : cela fonde, en fait, une perspective politique, même si la réalité " du terrain " peut obliger à des compromis limités dans le temps et à des étapes nécessaires pour atteindre le but fixé. . . Mais quand on ne se fixe aucun but. . . Ce chapitre s'honorerait à rappeler l'obligation de réserve des enseignants et des élèves dans les lieux d'enseignement (il y a beaucoup à faire. . .) ; la nécessité d'y respecter une stricte neutralité laïque par les discours comme par les comportements, quels qu'ils soient ; l'importance de veiller au contenu de l'enseignement, qui ne doit jamais être pris en otage par des velléités religieuses, idéologiques ou consuméristes ; le besoin d'une organisation et d'un mode de fonctionnement de ce secteur éducatif ne laissant place à aucune dérive communautaire, idéologique, mercantile. . .

Bref, un chapitre à revoir, nonobstant l'aspect positif retenu de conditionner les dispenses d'éducation physique à la décision d'un médecin agréé. . . Un point, encore : l'enseignement du " fait religieux ". . . Le mot est à la mode, et on aurait été étonné de voir les socialistes n'y point souscrire. Cela mériterait débat, ou , tout au moins, réponse à des questions précises : qu'est ce qu'on enseigne ? comment on l'enseigne ? qui enseigne ?. . . Force est de constater qu'aucun éclaircissement n'est donné dans ce document " concret ".

Concret ? pas au point de s'attacher à préciser ce qu'est la liberté de conscience évoquée par la loi de 1905 : droit de croire, de ne pas croire, de ne plus croire, de croire autrement. . . Quand ces valeurs sont bafouées chaque jour sur le territoire de la République, il est pour le moins utile de les rappeler et d'organiser leur défense. . . De même qu'il est nécessaire de veiller à ce que la liberté de dire, d'analyser, de critiquer, de rejeter, de se moquer, (sous toutes ses formes) soit respectée, surtout quand on a des exemples quotidiens de sa mise en cause. Un texte qui se propose de " promouvoir la laïcité " et qui fait l'impasse sur ces caractéristiques fondamentales est, pour le moins, bancal . . . Il devient lourd de dangers quand il omet d'intégrer dans son libellé le nécessaire respect du statut équivalent de l'homme et de la femme, et l'impérative obligation de le reconnaître et de l'imposer, par delà tous les prétextes. Ce qui revient à mettre l'accent sur une autre lacune de ce projet, celle de ne jamais, dans tous les cas évoqués, placer en principe incontournable, la primauté de la loi générale sur la loi coutumière ou de toute autre autorité.

Et ce ne sont pas les deux premiers articles de ce texte qui pourront nous rassurer ! Ils semblent vouloir, en permanence, revenir sur la notion de laïcité - ah ! si on pouvait " l'ouvrir " au gré des demandes diverses - et se proposent de dessaisir les représentants du peuple de leur fonction de " garants " du principe laïque (par la mise en place d'un Observatoire National de la Laïcité dépendant du gouvernement). Or c'est au Parlement à sauvegarder le socle laïque de notre République, à élaborer la loi générale en adéquation avec ce socle laïque, à veiller à ce que ce socle soit, en permanence, conforté. S'il faut une structure nouvelle, c'est - à la place du " ministère des cultes " - un " ministère de la laïcité ", responsable devant les élus de la nation.

Ambigu, confus, bâclé. . . Ces adjectifs ont été employés pour qualifier ce projet de loi. . . Ajoutons, dangereux et pervers, car il " capitule " devant le nécessaire effort de rétablissement du principe laïque dans toute sa dimension, et s'abstient d'ériger les barrières nous protégeant des tendances communautaristes. . . J'ajouterai, pour ma part, électoraliste, car il s'agit, la main sur le c½ur, de jurer de son attachement à la laïcité (il ne faudrait pas que les électeurs puissent se poser des questions à voir les pratiques quotidiennes des élus et responsables socialistes. . .), tout en ménageant " les communautés " dont on sait que leur pratique électorale est celle du " groupe ". Dans une période aussi cruciale et où tout se joue " dans un mouchoir ", ça peut servir.

2.3 - Le péril Royal

La popularité de Ségolène Royal place le Parti socialiste dans une situation périlleuse. Alors que beaucoup de militants et de sympathisants se disent : "Elle est la seule à pouvoir gagner contre Nicolas Sarkozy", c'est probablement le contraire qui est vrai. Si elle était désignée, sa défaite serait presque assurée. Pourquoi ? Parce que son discours politique est en décalage avec les grandes attentes des électeurs potentiels de la gauche.

Les sondages renvoient une popularité flatteuse, mais ils n'ont aucune valeur prédictive avant le début de la campagne électorale. L'opinion publique reste pour l'instant en apesanteur et se laisse séduire par l'accessoire. C'est seulement lorsque le débat politique montera en intensité que se révéleront les clivages fondamentaux et les tendances profondes. Alors apparaîtra le décalage entre Mme Royal et l'électorat de gauche. Le problème, c'est que, entre-temps, elle aura peut-être été désignée par son parti. Les socialistes doivent éviter ce piège.

Depuis 2002, les principaux événements politiques qui ont secoué la société française ont traduit, de la part des sympathisants et électeurs potentiels de la gauche, une triple attente. Politique tout d'abord, c'est-à-dire une attente de débats de fond sur l'état du monde et de la France, une demande d'action et de volontarisme et une demande de repères et de valeurs permettant de reconstruire du collectif. Une attente de changement à gauche ensuite, c'est-à-dire d'alternative face à ce qui est vécu comme la domination du capitalisme libéral et mondialisé. Une attente de renouvellement du politique, notamment à travers des évolutions institutionnelles - fin de la présidence monarchique, montée en puissance des contre-pouvoirs, rôle accru des corps intermédiaires.

Prenons quelques exemples. Lionel Jospin, avant le premier tour de l'élection présidentielle de 2002, affirme : "Mon projet n'est pas socialiste." Résultat : très populaire quelques mois avant l'élection, son déphasage avec l'électorat apparaît dans les dernières semaines de la campagne et il est éliminé. Autres exemples de ces attentes de la gauche : le rejet du traité constitutionnel européen en 2005, interprété majoritairement à gauche comme le cheval de Troie de la mondialisation libérale, le conflit du CPE en 2006, qui révèle l'attachement à un modèle social garantissant un certain niveau de sécurité, enfin, la crise des banlieues en novembre 2005, qui traduit une demande de politique et une demande d'égalité de la part des nouveaux exclus de la République.

Or la personnalité socialiste la plus populaire incarne des orientations inverses : dépolitisation - "peopolisation" du politique, aspiration à l'unanimisme et méfiance à l'égard des grands débats, préférence pour le local, la technique et le quotidien - et centrisme -, critique des 35 heures, appel à plus de flexibilité au travail (et absence de critique du CPE dans un premier temps), critique du rôle de l'Etat, posture droitière sur la sécurité. Elle prétend renouveler la gauche, mais elle prend comme modèle Tony Blair.

Quant à la prétention de Mme Royal à incarner le renouvellement du politique, c'est une opération d'illusionnisme, comme le révèle sa gestion de la région Poitou-Charentes. Elle affiche son soutien à la démocratie participative, mais elle pratique la centralisation et la personnalisation du pouvoir. Championne des coups médiatiques, elle calibre son discours en fonction des études d'opinion, ce qui la conduit d'ailleurs à se contredire.

Dépolitisation et centrisme contre attente de politique et de changement à gauche ; pratique "chiraquienne" de la démocratie d'opinion contre attente de renouvellement de la politique : les contradictions sont manifestes. La popularité de Ségolène Royal ne traduit pas une tendance de fond ou une évolution de société, mais relève du malentendu. Reste à comprendre comment ce malentendu a pu s'installer.

Ségolène Royal est, tout d'abord, la candidate rêvée de la droite et de Nicolas Sarkozy. Elle reprend et légitime le discours du ministre de l'intérieur sur la sécurité, les 35 heures ou la place de l'Etat dans l'économie. Alors qu'il est aguerri, elle n'a qu'une faible expérience des campagnes électorales nationales et de l'action gouvernementale de haut niveau. Voilà pourquoi la droite l'a jusqu'à présent peu critiquée. Elle continuera de s'abstenir jusqu'à la désignation. Dès le lendemain, pourtant...

Mais la principale raison qui explique la popularité de Ségolène Royal tient à la situation interne du Parti socialiste. Depuis 2002, celui-ci a peiné à s'imposer dans le paysage politique comme une force de gouvernement crédible face à la droite. Un double diagnostic s'est installé : les socialistes n'auraient rien à proposer et le PS souffrirait de la division de ses chefs.

Cette image, c'est le résultat de plus de dix ans de hollando-jospinisme. Alors que Lionel Jospin a abandonné le parti en piteux état en 2002, l'action du premier secrétaire qu'il a installé - François Hollande - a encore aggravé la crise. Aucun véritable bilan du jospinisme n'a été établi. Pis, faute de stature politique, de vision à long terme et d'épaisseur intellectuelle, François Hollande n'a jamais réussi à établir une crédibilité politique. Il a pallié cette absence par une stratégie de division qui lui permettait de s'imposer comme recours en forme de "plus petit dénominateur commun". Cette stratégie a culminé lorsqu'il a provoqué un référendum sur la Constitution européenne.

C'est seulement dans le contexte d'un parti déboussolé par dix ans d'errements que Ségolène Royal peut aujourd'hui apparaître comme un recours. Elle n'est en réalité que le dernier avatar de cette crise. Si elle était désignée, elle porterait probablement le coup de grâce, en déportant l'idéologie du parti sur la droite et en le conduisant ainsi à une nouvelle défaite. Dernier paradoxe : elle propose de mettre à la retraite les "éléphants" - au premier chef Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn -, alors que ce sont eux qui ont permis au PS de rester, malgré tout, un lieu de réflexion et de proposition depuis 2002. Ce n'est pas un hasard si l'essentiel du contenu du projet provient d'eux et de leurs équipes.

Le passif du hollando-jospinisme, dont la popularité illusoire de Ségolène Royal est le dernier rejeton, doit être soldé pour que le socialisme français sorte de la crise. Espérons que l'électrochoc d'une nouvelle défaite électorale ne sera pas nécessaire pour y parvenir et que les semaines qui nous séparent de la désignation permettront à chacun d'y voir plus clair.

Alexis Dalem

politiste, est corédacteur en chef de "La Revue socialiste"

Source : Article paru dans Le Monde du 26.08.06

2.4 - Ségolène Royal et la laïcité

Bonjour Evariste,

Comme on ne l'entend pas souvent s'exprimer sur la laïcité, je suis allé voir un site qui reprend quelques-uns de ses propos. A vous de juger. Edifiant. Mais elle a évolué (en mal à mon avis) sur le mariage homo et l'adoption d'enfants, alors elle va peut-être le faire (en bien cette fois) sur la laïcité.

http://desirsdavenir.over-blog.com/article-3636407.html

Claude Boisseau

3 - Crise d'ATTAC

3.1 - Attac sur la défensive

L'Université d'été(UE) d'ATTAC s'est tenu du 25 au 29 août 2006.Le nombre de participants(environ 300)était moitié moins grand que dans les grandes années d'ATTAC.

Ségolène Royal est venu se faire applaudir et Pierre Khalfa,leader des anti-Nikonoff, a alimenté la presse social-libérale de propos sur le fait que l'UE se présentait mal.

Comme a l'accoutumée, ATTAC a fait le scoop en faisant voter une motion à l'unanimité de son CA pour remplacer le bureau élu en juin 2006 par un collectif paritaire entre les pro-Nikonoff et les anti-Nikonoff(les anti-Nikonoff inclue en leur sein de nombreux signataires néocommunautaristes du Bloc des Indigènes dits de la république).

Bien sûr,la presse néolibérale et sociolibérale organise la désinformation en titrant le CA d'ATTAC a démissionné!!!!Ce qui bien sûr est faux!!!

Mais pendant ce temps-là,l'Université d'été a travaillé sérieusement avec des ateliers d'excellentes qualités bien pourvu de participants.Il est à noter que d'autres ateliers n'ont pas attiré la foule.JP Brard,député -maire de Montreuil,participait à l'UE d'ATTAC.

Il en resort qu'il reste de beaux travaux dans cette UE d'ATTAC bien que de nombreux adhérents se demandent si la cohabitation en tre anti-Nikonoff et pro-Nikonoff va continuer à être possible.

Judith Elsouche

4 - droit de vote des étrangers

4.1 - Appronfondir les propos de Stéphane Arlen

Je voudrais réagir aux propos de Stéphane Arlen. Non que je m'oppose à ce qu'il dit, mais pour approfondir le sujet

Homme de gauche, républicain et laïque, je suis pour le respect de tous et en particulier de ceux, français ou étrangers qui vivent sur notre sol.

Mais républicain, je pense que le droit de vote est lié à la citoyenneté. Et la citoyenneté ne se divise pas.

Le droit de vote doit s'acquérir par la nationalité française.

Citoyens ou invités:

Les étrangers qui vivent chez nous peuvent opter pour deux possibilités.

-Ils se considèrent comme temporairement chez nous, pour des raisons souvent économiques, pour travailler, et envisagent de retourner dans leur pays au moment de la retraite. Ils sont alors nos invités, nous devons les accueillir dignement, mais ils ne décident pas à notre place. Bien sûr ils peuvent s'exprimer sur leur lieu de vie et de travail, dans les associations, les syndicats, etc...

-Etant installés en France et heureux de l'être, ils doivent pouvoir facilement participer aux décisions qui les intéressent. Vivant en France depuis quelques années ils peuvent obtenir la nationalité française aisément, les seuls refus ne pouvant toucher que ceux qui ont un casier judiciaire, comme les français qui perdent leurs droits civiques.

Contre la double nationalité

Mais alors, ils optent, et il est hors de question de conserver la double nationalité. Ils gardent leurs souvenirs, ce que certains appellent des racines. Mais il faut choisir. Que se passe-t-il si un désaccord important existe entre la France et ce pays ?

Contre une nationalité au rabais :

Les gens qui proposent le droit de vote aux étrangers, le proposent pour les élections locales.

Souvent d'ailleurs, ils proposent le droit de vote mais pas l'éligibilité. Ou alors ils proposent l'élection de conseillers " étrangers " des sous conseillers en quelque sorte.

Il faut qu'on m'explique. En quoi un étranger serait plus intéressé à l'élection de conseillers qui éliront ensuite leur maire au second degré qu' l'élection au second tour de l'élection présidentielle comme en 2002 où un candidat se proposait de les reconduire à la frontière manu militari. Où est la logique ? Si on donne le droit de vote aux étrangers, ce ne peut être qu'un droit plein et entier, à toutes les élections et la possibilité de se faire élire.

Cela s'appelle la nationalité française.

Contre le communautarisme

Donner le droit de vote aux étrangers, comme ça, sans demande de leur part, sans démarche volontariste, c'est s'exposer à ce que les votes des étrangers ne s'expriment pas sur une base citoyenne, dans l'intérêt de tous, mais sur une base communautariste, pour défendre les intérêts particuliers de leur communauté et de leurs compatriotes, voire de leurs coreligionnaires.

Si une telle mesure était appliquée, on ne mettrait pas longtemps à en découvrir les effets néfastes. Notre pays a déjà trop renoncé à défendre les valeurs républicaines, de démocratie et de laïcité issues de la révolution française.

Stéphane Arlen pense que les candidats à la présidentielle font ces propositions dans un but électoraliste. Je ne suis pas sûr du résultat. Ces idées sont issues de la soi-disant générosité des milieux branchés de la capitale, car dans les régions et les cités, les électeurs de base, sans être racistes, sont de plus en plus exaspérés par ces systèmes soit disant équitables et qui génèrent l'injustice. Ce sont ceux là qui ont voté non au référendum, et risquent de ne pas voter l'an prochain.

Denis Billon

4.2 - Non à la double nationalité

Bonjour,

Je me sens en total accord avec Stéphane ARLEN qui se dit contre le vote des étrangers aux élections françaises quel que soit le scrutin.

J'ajoute, et les derniers évènements du Moyen-Orient, viennent de me le remmettre en mémoire, qu'il existe, dans notre république, des citoyens plus citoyens que les autres.

Ainsi des personnes bénéficient d'une double nationalité. Je peux comprendre que des citoyens du Monde, pourchassés dans leurs pays aux régimes totalitaires bénéficient de cette exception en attendant un retour de la démocratie chez eux et donc leur retour au pays d'origine. Mais qu'en est-il des israéliens et des libanais (pour ne parler que d'eux en ce moment) dont les régimes, que je sache, sont démocratiques. Chacun peut avoir droit d'émigrer où bon lui semble mais l'acquisition d'une nationalité devrait faire perdre ipso facto la nationalité ancienne.

Question fondamentale: est-ce que ces double-citoyens ont le droit de vote en France et en Israël ou au Liban ? Si oui, c'est anormal. Ou alors je veux qu'on m'explique.

Idem pour les européens qui pourraient voter aux élections locales en France, s'il y résident et dans leurs pays d'origine !!

Républicainement vôtre

Louis-Paul Delpech

membre du MRC

5 - combat laïque

5.1 - La Mosquée de Paris et l'UOIF ont déposé une plainte contre Charlie Hebdo

Ils ont osé !

Le ridicule ne tuant pas et leur attachement aux valeurs humanistes ne convaincant pas grand monde, la Mosquée de Paris et l'UOIF n'ont finalement pas grand chose à perdre dans l'opération de suicide politique qu'ils ont lancée contre Charlie Hebdo : ces organisations ont déposé en juillet une plainte contre le journal satirique en réaction au numéro du 8 février 2006. On y voyait, sur la couverture, Mahomet se lamentant : "c'est dur d'être aimé par des cons". Se sentant visés par ce dernier qualificatif, les fous d'Allah ont choisi la voie juridique pour faire taire la contestation et la moquerie de leur religion obscurantiste et barbare.

L'accusation retenue par les apôtres de la police du vice et de la vertu est l'"injure publique à l'égard d'un groupe de personnes à raison de la religion". Sont visées la couverture de Cabu et deux caricatures représentant le gourou pédophile avec une bombe dans le turban et le même au paradis annonçant qu'il n'a plus de vierges à la disposition des kamikazes, la plus amusante de toutes les caricatures. Pour la succursale de Dalil Boubakeur, le numéro de Charlie Hebdo est un "acte délibéré d'agression visant à heurter les personnes de religion musulmane dans leur attachement communautaire à leur foi".

Cependant, recourir à la justice humaine n'est-ce pas aussi admettre l'impuissance, voire l'inexistence, de la justice divine ? Quand une religion est incapable de produire les bienfaits nécessaires pour assurer sa pérennité, reste la censure, la force brute et l'imposture du "respect des croyances". L'islam de France en est là. La date de l'audience sera annoncée le 22 septembre à Paris.

Jocelyne Bézecourt

www.atheisme.org

5.2 - La laïcité en bikini indésirable ?

" Nous sommes en République de Turquie, ici, bien sûr que je me promène en bikini si je veux ! Et si cela ne vous plaît pas, allez en Iran ! " L'altercation entre une journaliste du journal libéral " Hürriyet ", sa soeur, sa fille et deux amies, en maillot de bain deux pièces, et une famille d'une quinzaine de personnes, hommes barbus en pantalon long et femmes voilées, sur une petite plage proche d'Izmir, a failli mal tourner. Ceinturée, la soeur de Gülden Aydin s'entend rétorquer : " Nous ne voulons pas de souillures en maillot de bain ici, vous allez dégager ! ". La journaliste est frappée à plusieurs reprises, au point de pouvoir montrer des contusions lorsqu'elle porte plainte, avant que ses agresseurs prennent la fuite.

" L'effrayante agression " de Mme Aydin a fait la une de la presse, et alimenté le sentiment d'une islamisation de la vie quotidienne en Turquie, pays à la constitution laïque. Pourtant, le journal " Hürriyet " où travaille Gülden Aydin se défend d'avoir monté l'affaire en épingle, la journaliste elle-même, partie dans cette affaire qui se poursuit en justice, n'ayant pas pris la plume elle-même pour raconter ses malheurs. Le directeur de la rédaction Erturgrul Özkök a lui-même choisi de relater l'incident à la troisième personne pour " en donner la dimension sociologique " , car " il est prévisible que dans les prochaines années on assistera à d'autres querelles semblables sur les plages ", écrivait-il mercredi.

" Sans lien avec la religion "

Le quotidien " Zaman ", de sensibilité conservatrice religieuse, s'est de son côté fait l'écho des arguments de l'agresseur, pour qui " ce crêpage de chignons entre femmes " n'a " aucun lien avec la religion ". Pourtant, affirme Ertugrul Özkök, " avec l'arrivée d'un gouvernement AKP (Parti de la Justice et du Développement, issu de la mouvance islamiste, NdlR), se développe parmi les défenseurs des valeurs islamiques une mentalité arrogante qui veut que "puisque nous sommes au pouvoir, c'est nous qui imposons nos vues" ".

Et le journal, porte-parole d'une société libérale et laïque, de multiplier les exemples d'agressions similaires sur fond de non-respect d'un mode de vie islamique. Même si " cela fait trois ans que ces groupes de barbus et de femmes voilées se livrent à ce genre de provocations verbales ou physiques sur la plage " où elle a été agressée, Gülen Aydin n'a " pas l'impression que ce genre d'incidents se multiplie dans le pays " ; elle en lit simplement les échos " dans la presse ", confie-t-elle.

Son aventure va pourtant faire l'objet de questions publiques au ministre de l'Intérieur dès le début de la session parlementaire, promettent deux députés du Parti républicain du Peuple (CHP, social-démocrate). " Est-ce que les régions touristiques vont devenir des zones libérées pour ceux qui portent le voile et le pantalon long et séparent les hommes et les femmes ? ", demandent pernicieusement Ali Riza bodur et Ahmet Ersin.

Il existe effectivement quelques hôtels de la riviera turque où l'on pratique la baignade séparée, mais une autre affaire devrait leur donner l'occasion d'interpeller le gouvernement. Une confrérie fondamentaliste (" Rufai ") avait établi un campement sauvage non loin de Sile, à 100kilomètres d'Istanbul, bloquant le passage sur la plage des vacanciers au prétexte qu'il y avait là " des femmes voilées ; il ne faut pas regarder dans leur direction ", a rapporté un témoin dans le journal Radikal. Après altercation avec des journalistes, la municipalité (AKP) a démonté le village de tentes dont les occupants " pratiquaient des prières collectives ", au bout de deux mois de présence.

Jérôme Bastion

Source : Paru dans La Libre Belgique 2006, transmis par www.fairelejour.org

6 - Proche-Orient

6.1 - Quelques commentaires du message de Philanthropes (Respublica 23 août 2006)

Dans une critique à un texte d'Evariste qu'il jugeait trop pro-israélien semble-t-il, Philanthropes véhicule des clichés éculés qui, comme les légendes, ont leur part de vérité mais aussi une bonne part d'erreur. Je me permets donc quelques corrections.

- " Israël n'est pas un état laïque ! " Le débat est récurrent hélas. Qu'est-ce qu'un état laïque ? Celui qui, comme la France, ne reconnaît et n'entretient aucune culte ? Ou celui qui, comme la Belgique, l'Allemagne et même la France du XIXe siècle, les reconnaît toutes à égalité. Dans le premier cas Israël n'est pas un état laïque comme un grand nombre d'autres états. Dans le second cas Israël est un état laïque car toutes les religions sont autorisées et dépendent d'un ministère des cultes. Aucune religion n'est interdite ou poursuivie en tant que telle, à la différence de certains états à dominante musulmane. L'état civil est confessionnel en Israël, c'est vrai, mais tous les actes d'état civil sont officiellement enregistrés, quelle que soit la confession. D'autre part, il ne faut pas confondre culture juive et religion juive : quand un citoyen israélien athée (il y en plus qu'on peut l'imaginer en Israël) étudie la Bible (Tanach), c'est par attachement culturel à cette littérature bien évidemment et non pas par attachement religieux, c'est ce qui explique que le patrimoine biblique est étudié dans toutes les écoles israéliennes car justement la Bible fait partie de ce patrimoine. Il faut le reconnaître ! Ce n'est pas une atteinte au laïcisme. De même qu'en France on peut étudier le texte biblique par intérêt historique ou littéraire etc. Et de même que l'on n'est pas forcément un adepte de Zeus si on lit Homère !

- " Avant l'arrivée des juifs il y avait des habitants arabes et non arabes qui vivaient en paix. " Il faudrait préciser que parmi les " non arabes " il y avait des juifs car des villes comme Tibériade, Jérusalem, Safed et même Hébron, avaient une forte minorité juive, voire une majorité pour Tibériade et Jérusalem, au tournant des décennies 1880-1890 ; et un village de Galilée, Péqi'in, aurait été habitué par des juifs sans discontinuer depuis l'époque talmudique, des sources arabes médiévales évoquent ce village juif. Ces populations vivaient-elles en paix ? Oui si chacun conservait la place qui lui était assignée dans la société ! Dans l'Empire ottoman, " avant l'arrivée des juifs " (des pionniers juifs voulait sans doute écrire Philanthropes), les chrétiens et les juifs n'avaient pas le même statut que les musulmans.

- " Le sionisme leur a pris leurs terres et les a transformés en apatrides. " Les sionistes ont acheté les terres, la nuance est de taille. Ce cliché a la vie dure et pourtant comment peut-on imaginer qu'un non musulman, et étranger de surcroît, puisse " prendre " sans les payer les terres d'un propriétaire terrien surtout s'il est musulman, dans l'Empire ottoman qui avait sa police et sa justice ! En 1901, le Keren Kayemet LeIsraël est fondé pour collecter des fonds afin d'acheter des terres en Palestine et non pour les prendre sinon pourquoi récolter ces fonds ! Le KKL existe toujours, s'il avait " pris " des terres, on peut espérer que les Turcs puis les Britanniques l'auraient poursuivi pour mettre fin à ses activités frauduleuses. S'il y a eu dépossession, c'est pour fait de guerre en 1948-1949, lorsque des Arabes ont abandonné leurs villages et n'ont pas pu récupérer leurs terres à cause de la fermeture des nouvelles frontières, ou parce que, lors des combats de la guerre de 1948 voulue et déclenchée par les seuls Arabes, des soldats nouvellement israéliens ont chassé des ennemis potentiels de leurs habitations. Ces faits sont maintenant reconnus en Israël mais ils ne se sont pas généralisés car il y a quand même encore pas mal de villages entièrement arabes en Israël et notamment en Galilée. Ils ont d'ailleurs reçu des katiouchas du Hezbollah récemment, et des enfants arabes israéliens en sont morts !
Les Arabes de Palestine sont devenus des apatrides non pas parce que les sionistes ou les juifs leur ont pris leurs terres. C'est un non sens car même si les sionistes l'avaient fait, cela ne veut pas dire pour autant qu'ils n'avaient plus d'Etat. Mais si les Arabes de Palestine (que l'on n'appelait pas encore Palestiniens ) avaient accepté l'Etat que l'ONU leur proposait par son vote de 29 novembre 1947, ils ne seraient pas apatrides. Ce plan de partage de la Palestine entre deux Etats, l'un juif l'autre arabe, était soutenu par les USA et l'URSS, ensemble ! Ce n'est donc pas la création de l'Etat d'Israël qui a rendu les Arabes de Palestine apatrides mais c'est leur refus de la création d'un Etat palestinien qui, en plus, aurait été plus vaste que l'actuelle Cisjordanie et Gaza !

- " Les juifs n'ont pas plus de droit que les autres sur cette terre. " Bien sûr, et c'est bien pour cette raison que les juifs avaient accepté le partage de la Palestine en deux états, en 1947, ce que les Arabes de Palestine et du Moyen-Orient ont refusé car eux estimaient que seuls les Arabes avaient droit à cette terre. Ce que pensent encore les Etats et les politiques qui estiment qu'Israël doit être rayé de la carte.

Danielle Delmaire

Professeur d'histoire contemporaine (Spécialisation : civilisation hébraïque)
Université Charles de Gaulle Lille 3

6.2 - Ta réponse a Alain Gresh (Respublica 463) m'a bouleversée

Cher Evariste,

Peu de personnes de gauche en France s'eloigne du postulat emis par Ulricke Mainhof, en son temps, et qui affirmait qu'Hitler n'avait tue que 6 millions de capitalistes.

Le journal Gauche Republicaine et ses redacteurs principaux semblent totalement en rupture avec cette gauche francaise la.

Vous ne semblez pas dans votre ligne de redaction vous rejouir ou devrais-je dire jouir, chaque fois que des israeliens sont tues ...

A ce titre, d'abord je vous aime et ensuite je me sens un peu moins terrorisée. Je suis la fille d'un type qui a le même trajet idéologique qu'Alain Gresh la même connivence avec l'islam le plus tueur au même nom de l'anti-impérialisme américain.

Alain Gresh est ainsi depuis 25 ans dites-vous. mon pere c'est depuis 1948. Mais en plus, mon père est juif.

Nous avons vecu ma soeur et moi dans la terreurde nous reveler pro-judaisme peu ou prou, donc nous avons vecu de l'interieur le plaisir de vivre avec des proches, tres proches avide de tuer du juif capitaliste...

Je vous remercie encore du fond du coeur pour ces prises de position absolument a contre-courant. Je vous embrasse tous du fond du coeur.

Evelyne Szafraz

6.3 - Le Hezbollah, un parti comme les autres ?

Dans un entretien paru dans Respublica n° 499, un libanais interrogé m'a dit que le Hezbollah représente TOUS les Libanais , qu'il incarne la résistance comme la résistance , en France , pendant la guerre 39-45 .. Ce qui m'amène à quelques questions et quelques réflexions :

Car dans la Résistance en France , il y avait :

Enfin , la Résistance n'a jamais souhaité la DISPARITION DE L' Allemagne ! Et les résistants français ( les communistes ) ont crié à la face de leurs assassins " je n'ai pas de haine contre le peuple allemand "

Or au Liban , mais aussi en France , les militants du Hezbollah et ceux qui les soutiennent , gauche et extrême gauche , font tout pour faire passer le Hezbollah pour un parti comme les autres , simplement un peu plus nationaliste . Or ce parti , comme le Hamas souhaite :

1) faire disparaître Israël

2) instaurer la charia

3) faire croire que les islamistes ne sont pas divisés, que c'est l'accord parfait entre Chiites et Sunnites... ( voir en Irak )

4) Et bien sûr, faire croire que le combat des chrétiens et des islamistes est le même, qu'ils ont un ennemi commun : Israël

5) faire croire aux Occidentaux que le Hezbollah est " indépendant " et qu'il n'est pas soutenu par l'Iran et la Syrie ..

Sur ce dernier point, le reportage de France 2, lundi 21 août, était particulièrement parlant :

On y voyait les maisons détruites par Israël, et les militants du Hezbollah , qui avaient TOUT prévu bien à l'avance ! recevoir les victimes, AVANT l' Etat libanais , à la place de l'ETAT libanais !

" Une maison détruite ? Une aide représentant une année de loyer (6000 familles concernées) et la maison sera reconstruite plus tard .

Qui finance ? " des donateurs , des émigrés .." Répond le Hezbollah. Allons, allons... " Il est néanmoins de notoriété publique que le plus important financier du parti de Dieu est .. la République islamique d'Iran "

Le journaliste interroge une femme en tenue islamique qui parle des " frères " musulmans " Ils nous aident, alors nous, ON LEUR DONNE NOS ENFANTS "

Cela se passe de commentaires !

Le parti de Dieu, est en fait un état dans l'Etat . Et il n'est pas près d'être désarmé ! Ce qui fait craindre une autre guerre civile, inter-confessionnelle.

Mireille Popelin

7 - rentrée scolaire

7.1 - De l'éducation

De ci, de là, on entend que face au chômage, la solution est dans la formation, que face à la violence et les " incivilités " il faut un représentant des forces de l'ordre dans chaque classe, que pour une meilleure employabilité les entreprises doivent " sponsoriser " les universités...

Force est de constater qu'il y a un malaise dans la perception de l'Education Nationale, et une forte attente envers elle.

Il serait bon de resituer sa fonction et ses devoirs dans le cadre de la République, dont elle est une institution et non un service public, que l'on pourrait privatiser au cas où elle ne serait pas jugée assez efficiente ...

Sa fonction première est d'instruire, son devoir est de le faire pour tous dans le respect de l'égalité des élèves quelque soient leurs origines ethniques, religieuses, sociales, etc.

Elle doit d'abord apporter un socle de connaissances et de savoirs (et savoirs faire) solide sur lequel l'individu pourra se construire et évoluer dans la société ; elle a aussi pour mission de doter l'élève de l'esprit critique et du libre arbitre, sans lesquels aucun citoyen responsable et libre ne peut exister.

Ce socle minimal ne peut être négociable : lecture, écriture, calcul sont évidemment vitaux ; mais il est primordial également que les jeunes sortant de la scolarité aient acquis des connaissances sur l'histoire du pays dans lequel ils vivent, dans le domaine de la culture et des arts, le goût de l'effort à travers le sport... Tout ceci est banal et entendu, mais depuis quelques décennies le pédagogisme a souvent pris le dessus sur la connaissance et il est de toute urgence de replacer le savoir (et le mérite) au centre de l'Ecole.

Il est aussi une autre " matière " dont il est bon ton d'éviter de parler et pourtant l'Ecole de la République ne pourra jamais remplir complètement son rôle si elle l'occulte : l'éducation civique.

Les structures de nos institutions, le rôle des élus, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, le principe fondamental de la laïcité bien sûr, mais également (et peut-être surtout...) la conscience de vivre et l'envie d'agir dans l'idée du bien commun.

Démontrer que la fraternité peut et doit se ressentir au-delà des quartiers, clans ou communautés, que l'hyper-individualisme appauvrit la société, que la liberté n'existe sans respect. Tout ceci est vital si nous voulons une véritable éducation et cela peut et doit se faire sans endoctrinement, ni nationalisme (à ce sujet nous pouvons peut-être relativiser l'enseignement de la Marseillaise, dont les paroles sont à mon avis quelque peu guerrières et sanguinaires...).

L'Ecole doit également permettre à chacun d'étudier en paix, et le problème évoqué par certains de quelques élèves perturbés, agités, violents qui empêchent le bon fonctionnement de la classe existe bel et bien. Il n'est pas admissible qu'une majorité volontaire paye pour une minorité incapable de respecter les règles de vie élémentaires de l'Ecole, quelque soient les problèmes qu'elle rencontre et dont elle n'est pas responsable.

Des structures spécialisées doivent rapidement être proposées (ou au pire imposées) aux parents de ces enfants. Elles devront pouvoir apprendre à l'élève les limites qu'ils ne peuvent en aucun cas franchir, car tout enfant s'élève et s'épanouit dans un cadre (n'en déplaise aux soixante-huitards...). Le laisser faire, c'est le laisser se perdre.

Pour ce qui est de l'égalité dans l'enseignement, l'Education Nationale me semble ne pas mal s'en sortir (le problème de la carte scolaire relevant plus d'un problème d'urbanisme...). Si une majorité d'élèves en enseignement supérieur est issue de milieux non-défavorisés, la responsabilité ne vient pas forcément de l'Ecole. Certains ne peuvent s'isoler dans une pièce pour étudier, d'autres ne sont pas stimulés par des parents submergés par d'autres problèmes, ne peuvent bénéficier de professeurs particuliers ou même de logement pour effectuer leurs études (même les places en Cité Universitaire sont chères...).

Toujours est-il que l'objectif que Jean-Pierre Chevènement avait fixé (80% d'élèves au niveau du BAC, toutes filières confondues : générales, techniques ou professionnelles avec le BAC Pro) me semble pertinent du point de vue du socle de connaissance dont je parlais plus haut, même si ce seuil a été par ses successeurs élevé à 80% de réussite au BAC, ce qui n'a rien à voir et qui en baissant le niveau de ce diplôme, l'a décrédibilisé.

Aujourd'hui ces bacheliers mal orientés se dirigent souvent vers des filières universitaires et échouent dès la 1ère année (50% d'échec). L'orientation est également un défi majeur à relever et doit être une action continue dans le cursus des collégiens, lycéens et étudiants. Certains élèves choisissent leur orientation dés 14 ans (filière professionnelle) d'autre après le Bac, mais force est de constater qu'ensuite changer de filière relève du parcours du combattant ou est tout simplement impossible. Des passerelles doivent exister.

Pour en revenir à l'université, beaucoup regrettent le manque de débouchés professionnels de certaines filières, d'autres revendiquent le droit d'étudier des spécialités non prometteuses d'emploi (Serait-il raisonnable, si c'est la mode dans dix ans d'accepter 300.000 étudiants en anthropologie tout en sachant que les emplois dans ce domaine sont quasi-inexistants ?). Il est évident, à mon avis, que les entreprises doivent travailler en collaboration et même aider les étudiants de toutes les filières (tout en excluant le sponsoring oeuvrant outre atlantique).

Pour autant l'Ecole n'est pas une usine à chair à patron. Quelque soit la personne qu'embauche une entreprise, celle-ci a le devoir et l'obligation de la former au poste de travail pour lequel elle est employée. Elle ne peut exiger cela de l'Ecole, d'autant plus que, de nos jours, un emploi est on ne peut plus temporaire et les exigences des employeurs toujours plus spécifiques.

Les missions de L'Education Nationale sont titanesques et il faut résister aux vents dominants, soyons clairs et exigeants, l'avenir de nos enfants et de la société en dépend.

Lionel Ganier

8 - à voir

8.1 - L'Immeuble Yacoubian (de Marvan Hamed - Egypte - 2006 - 2h52)

C'est l'histoire d'un immeuble construit en 1930 ,en Egypte , vestige d'une splendeur révolue , tirée d'un livre qui fit scandale, d' Alael-Aswany . C'est la peinture sans tabou de l'Egypte à travers les habitants de cet immeuble , avec la fracture sociale , l'émergence d'une bourgeoisie , les jeux entremêlés de la corruption politique , de l'incroyable hypocrisie religieuse , avec une absence de liberté sexuelle , une prostitution cachée , et surtout , ce qui a choqué l'Egypte , l'évocation de l'homosexualité !

L'immeuble prestigieux se dégrade , les familles pauvres se réfugient sur les terrasses . Sur ce terreau propice vont arriver les barbus , fondamentalistes venus d'Arabie Saoudite . Et les attentats , les meurtres commencent , suivis par la répression- vengeance de la police .. Le " projet "social et politique de ces intégristes , un imam le crie avec colère : " Nous ne voulons pas de la démocratie ! Nous ne voulons pas de la laïcité ! Nous voulons la loi islamique ! " Voilà pour ceux qui pourraient se leurrer sur ces intégristes ...Dans la période que nous vivons , ce film fait un véritable travail d'éducation populaire !

Il dure trois heures , mais vous ne les verrez pas passer !

Mireille Popelin