Si vous rencontrez des difficultés pour lire cette lettre, cliquez ici : http://www.gaucherepublicaine.org/lettres/485.htm

  1. chronique d'Evariste
    1. Ségo, Sarko, Hulot, par Évariste
  2. combat laïque
    1. Avec Mamère et Lipietz, écologie et laïcité sont inconciliables, par Jeanne Bourdillon
    2. Attac et la laïcité, par Patrice Hemet
    3. Une motion contre la statue du pape Jean-Paul II, par Christine Bacherel
  3. combat féministe
    1. Pression sur les femmes enceintes: ils ont osé!, par L'Union Des FAmilles Laïques
    2. Salutaire Virginie Despentes, par Anne Zelensky
  4. débats républicains
    1. Retour sur la dernière chronique d'Evariste, par Évariste
    2. Pour éviter de futures grandes pannes en Europe, il faut d'urgence revoir notre politique !, par Sauvons Le Climat
    3. "La France invisible" de Stéphane Beaud (2e partie) Un livre très utile, par Mireille Popelin
  5. débats laïques
    1. Grande-Bretagne: Doit-on interdire le voile ?, par Azar Majedi
    2. La ségrégation dans les écoles anglaises, par Polly Toynbee
  6. International
    1. L'Europe au Darfour : l'Ultime recours ?, par Mahor CHICHE
  7. courrier des lecteurs
    1. Evariste félicité, par Gilbert Berges
  8. Proche-Orient
    1. Union sacrée des extrémistes musulmans et juifs contre la Gay Pride à Jérusalem, par Serge Dumont
  9. à lire
    1. Le Secours populaire français: 1945-2000, Du communisme à l'humanitaire d'Axelle Brodiez, par Jean-François Chalot
  10. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Ségo, Sarko, Hulot

François Hollande transpire à grosses gouttes. Y aura-t-il une seule mi-temps, et Ségolène Royal sera-t-elle élue dès le 16 novembre ? Ou bien, vu le climat de tension constaté au Zenith entre les différentes écuries présidentielles, y aura-t-il une deuxième manche, porteuse de tous les dangers, où tous les coups seront permis pour gagner ? La presse, qui a intérêt à vendre du papier, commence à taper sur la présidente de Charentes-Poitou, espérant, bien sûr, le deuxième scénario ! Le ralliement sans surprise, et peu glorieux, de Jack Lang à la favorite est-il vraiment un cadeau ?

Ce débat pose de vraies questions à tous les militants progressistes, attachés à faire améliorer les règles démocratiques dans une organisation. A première vue, cela parait une bonne idée de faire débattre trois candidats, aux discours différents, pour que la base désigne le meilleur, et que tout le monde se rallie, après les débats, à la majorité.

Il n'y a qu'un seul problème : on ne vote pas, au parti socialiste, comme on vote dans une élection nationale. Il y a plusieurs aspects qu'on ne peut pas négliger. Les grosses fédérations (Nord, Pas-de-Calais, Marseille, Paris) font le vote, et l'authenticité de nombreux résultats, qu'elles qu'en soient les bénéficiaires, peut parfois interroger. Les scores quasiment soviétiques réalisés par exemple chez Georges Frêche (entre autres) sont à la démocratie ce que le Vatican est à la laïcité.

Chaque secrétaire fédéral vend son soutien contre des promesses actuelles et futures, et doit donner des gages quant à sa manière de tenir ses troupes. Chaque maire socialiste un peu malin sait se servir du socialisme municipal pour montrer que chez lui, c'est du solide, et que les choses sont maîtrisées. C'est à ce prix qu'on peut postuler à un poste de conseiller général, de conseiller régional, de député, de député européen, de sénateur, ou, cerise sur le gâteau, de ministre.

Quant à celui qui fait le mauvais choix, et qui perd, il risque de compromettre sérieusement sa carrière. On est donc bien loin de l'idéologique, on est dans les plans de carrière.

Ecrire cela n'empêche pas d'avoir du respect pour les militants socialistes qui, sérieusement, écoutent les débats, participent, s'enflamment pour l'un ou pour l'autre. Il n'empêche que les vrais militants, ceux qui collent, distribuent, construisent un parti qui leur tient à coeur ne peuvent que s'interroger : sur un coup de passe-passe à vingt euros, trente pour cent de leur organisation est renouvelée, et des personnes pourront voter avec les mêmes droits que les vieux militants, sans avoir jamais milité pour le parti. Est-ce réellement cela la démocratie ?

A part cela, ne comptez pas sur moi pour vous dire, si vous êtes socialistes, pour qui il faut voter. Il y a de tout dans nos lecteurs, et nous n'entendons pas soutenir un candidat. Certains camarades, qui militent pour Fabius, nous disent : " Quand même, vous pourriez aider Laurent ! Il est le seul qui a appelé à voter non, et Respublica a fait campagne pour le non ! Rappelez-vous son magnifique discours sur la laïcité, au congrès de Dijon, en 2003. Or Respublica se réclame de la laïcité, alors, aidez-nous, quoi ! ".

Certes, ce sont des arguments, et nous savons que nos lecteurs socialistes seront sensibles à ces arguments. Mais d'autres nous disent, avec autant de sincérité : " Vous voulez quoi, Respublica ? Vous dites tout le temps que Sarkozy est l'ennemi numéro un des laïques. Vous avez raison. Vous dites qu'il faut empêcher à tout prix un deuxième tour Sarkozy-Le Pen, on est d'accord ! Or, arrêtez de vous raconter des histoires, vous savez bien que Strauss-Kahn (un communautariste, regardez ce qui se passe à Sarcelles, et rappelez-vous qu'il a reproché à Chirac d'avoir organisé le référendum), et Fabius (un opportuniste qui ne pense pas un mot de ce qu'il dit, qui a fait le contraire des années durant) sont trop impopulaires, et que seule Ségolène peut empêcher la catastrophe que vous craignez ".

D'autres nous disent bien évidemment que Sarko-Ségo, c'est bonnet blanc et blanc bonnet, pour reprendre la formule de Jacques Duclos, en 1969, et nous rappellent les positions droitières de la favorite, et notamment sa célèbre phrase : " Je ne laisserai pas insulter Dieu ".

Nous savons tout cela, et c'est bien pourquoi nous laisserons nos lecteurs socialistes faire leur choix, sans chercher à les influencer, en respectant la diversité de nos abonnés (dont certains sont férocement anti-socialistes).

En tout cas, Sarkozy et les siens se servent du débat du PS pour dire : " Chez nous, jamais cela ! ". Il est vrai qu'il serait cocasse d'imaginer des débats de ce type, opposant par exemple le ministre de l'Intérieur à Dupont-Aignan, à Rachid Kaci ou à Alliot-Marie. Mais ce qui ferait saliver tout le monde, et exploser l'audimat serait un face-à-face Villepin-Sarkozy !

La haine serait telle qu'on se croirait rapidement dans les débats groupusculaires des Verts, qui jusqu'à maintenant étaient les meilleurs dans les psychodrames internes.

En parlant d'écologie, il y a un costaud, en ce moment, c'est Hulot. Malin, ce garçon, il joue une partition : " Donnez-moi des arguments pour que je ne me présente pas ! ". Il est déjà numéro deux du gouvernement Fabius, ministre chez Ségolène, et super-ministre chez Sarkozy.

Le réchauffement de la planète ? Je vous promets deux degrés en moins d'ici 2010 ! Moi, je peux faire quatre degrés, mais il faut me laisser 2015 ! Je me dis, avec jalousie, je l'avoue, que si les laïques étaient aussi malins, et surtout aussi médiatisés, on pourrait faire une partition semblable, et bien s'amuser ! Mais manifestement, à part chez Corinne Lepage et Laurent Fabius, la laïcité ne paraît pas, à l'heure actuelle, une priorité des postulants à l'Elysée, en 2007. Tant pis pour eux !

Quant à Jean-Pierre Chevènement, on ne sait pas s'il nous fait du Hulot, pour obtenir, en échange de son retrait, davantage de circonscriptions, ou bien s'il veut réellement y aller !

Dernière chose, l'extrême-droite. Le Pen pose des problèmes à tout le monde, mais en même temps, les grands stratèges rêvent de l'avoir au deuxième tour, pour être élu plus facilement, et refaire le coup de 2002.

Mais Sarkozy est inquiet que le score de Le Pen au premier tour soit tel qu'il le devance, à cause de la multiplication des candidatures de droite, que Chirac pourrait encourager pour mieux le planter. Dans un premier temps, il a réfléchi, comme le souligne le " Canard Enchaîné " de cette semaine, à un scenario où Le Pen n'aurait pas ses 500 signatures. Mais ce dernier a fait savoir que, dans ce cas, il ferait voter à gauche au deuxième tour, pour lui faire payer cela. Aux dernières nouvelles, Le Pen devrait avoir ses signatures !

Un dernier détail : jusqu'à maintenant, les plus beaux scénarios, pour les élections présidentielles, ne se sont jamais déroulés comme les stratèges l'espéraient.

Et tant que le peuple votera (n'en déplaise à Strauss-Kahn le 29 mai 2005), il en sera ainsi.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - combat laïque

2.1 - Avec Mamère et Lipietz, écologie et laïcité sont inconciliables

Certains se prenaient à espérer une possible évolution laïque chez les Verts. Un groupe, LEA (Laïcité, Ecologie, Association) est apparu depuis quelque temps, et a mené des débats internes courageux contre les orientations de la direction du mouvement. On a vu des membres importants de la direction des Verts, notamment Dominique Voynet et Noël Mamère en personne, signer l'appel du Cri, impulsé par notre collaborateur Pierre Cassen, Caroline Fourest et Corinne Lepage, en avril 2006. Lors la manifestation parisienne contre l'inauguration de la place Jean-Paul II par Bertrand Delanoë, les Verts parisiens étaient en nombre.

Allait-on assister à une grande révolution culturelle dans une organisation plutôt enclin, jusqu'à maintenant, à considérer que la laïcité, c'était la liberté de porter le voile à l'école ? La lecture de Libération du mercredi 8 novembre a dû doucher l'enthousiasme des naïfs qui croyaient possibles, aujourd'hui, une telle évolution.

Alain Lipietz député européen, Ile-de-France, Noël Mamère député-maire de Bègles et Djamila Sonzogni conseillère régionale d'Alsace, conseillère municipale de Mulhouse ... développent leur conception de la laïcité : " Ce qui pose aussi la question d'une "laïcité" ouverte et moderne. La laïcité (du mot grec qui veut dire "peuple") doit enfin cesser d'être un outil à concasser le peuple dans un moule unique (des chrétiens blancs déchristianisés), pour redevenir telle que la rêvait Jaurès : un engagement de la République au service de tout le peuple, indépendamment de ses religions (ou absence de...).

La commission Stasi avait proposé d'ajouter quelques fêtes musulmanes et juives à nos fêtes catholiques nationales. Il n'en est resté que l'exclusion des filles portant le foulard de nos collèges, et même de leurs mères de la porte de nos écoles ! La laïcité, c'est d'abord la liberté religieuse. Cela passe aussi par la protection des individus, en particulier des jeunes filles, contre les pressions, les discriminations internes à chaque religion. Mais n'inversons pas l'ampleur des problèmes : musulmanes et musulmans souffrent d'abord du mépris et des discriminations de la part des "autres". (Article complet)"

Et bien non ! Comme le dit fort justement Michel Naud, libre-penseur nantais, ça c'est la conception de la "laïcité" que défend par exemple Jean Baubérot, qui était membre ladite commission Stasi ... la laïcité ce n'est pas "d'abord la liberté religieuse" avec la reconnaissance de ces religions, jusqu'à l'instauration de jours fériés pour les fêtes principales des religions "reconnues", en exigeant le respect pour les croyances religieuses, tout cela pour obtenir la "laïcité ouverte et moderne" réclamée unanimement par les religions car nul besoin de rajouter une "ouverture" (à quoi ?) et une "modernité" à un principe simple qui est la liberté de conscience (dont y compris la liberté religieuse et non "d'abord") garantie par la séparation des églises (et idéologies au sens large) et l'Etat.

Décidément, les Verts continuent à être, au sein de la gauche, un relais important de l'offensive cléricale, impulsée principalement par l'islam politique, pour mettre à bas le modèle laïque français. Lipietz et Mamère sont de vrais récidivistes du combat antilaïque. Le premier, signataire de la pétition des Indigènes de la République, communautariste forcené (on se souvient que ses connivences avec le FLNC lui avaient coûté la candidature chez les Verts aux dernières présidentielles), a utilisé son mandat de député européen pour tenter de faire annuler la loi du 15 mars 2004 contre les signes religieux à l'école.

Quant à Mamère, qui avait remplacé au pied levé, dans des conditions qui avaient rire la France entière, Lipietz en 2002, il avait soutenu les manifestations de février des jeunes filles voilées, encadrées par les barbus et le service d'ordre des trotskystes de la JCR. Il avait même été jusqu'à recevoir une délégation, devant le Parlement.

Les islamistes ont compris depuis longtemps l'intérêt qu'il y avait à rentrer massivement dans certaines organisations de gauche, pour y défendre leurs thèses.

Au niveau associatif, le Mrap d'Aounit et la LDH de Dubois-Tubiana relaient fort bien leur travail. Au niveau politique, quand on voit ce que sont devenus les Verts à Roubaix, et dans d'autres communes, force est de reconnaître que la stratégie est bonne, grâce à des personnages comme Mamère et Lipietz.

On souhaite quand même bon courage à nos amis de Lea.

Jeanne Bourdillon

2.2 - Attac et la laïcité

En France, Robert REDEKER, professeur de philosophie, est menacé de mort pour ses écrits...

A Berlin, l'interprétation de M. NEUENFELS d' Idoménée de Mozart est auto-censurée par la direction de l'Opéra par peur de menaces islamistes...

A Londres, la sculpture de Hans BELLMER, La mitrailleuse en état de grâce, est censurée par crainte de choquer la population musulmane du quartier...

Au Maroc, ANAS EL JAZOULI président du Mouvement Laïque Marocain, président de l'Association des Opposants Marocains à l'Etranger, membre du Mouvement pour la Défense des Minorités au Maroc, membre du Manifeste des Libertés, est victime d'une fatwa de la part d'une organisation islamiste. Réfugié en France, il est aujourd'hui sous le coup d'un arrêté d'expulsion, victime lui aussi des mesures restrictives au droit d'asile orchestrées par le ministre de l'intérieur Sarkozy...

Autant d'événements qui marquent une profonde régression en matière de liberté d'expression et semblent nous renvoyer à un passé que l'on croyait révolu où le pouvoir religieux dictait sa loi sur l'écriture, la musique, et les opinions politiques et philosophiques.

Pourtant, à ATTAC, on chercherait en vain sur ces questions une position claire, tranchée, qui porterait haut et fort la nécessité de séparer le domaine de la croyance qui est d'ordre privé et singulier de celui du droit qui est d'ordre public et universel.

Le texte qui suit tentera à ce propos d'étayer trois affirmations :

1- Cette absence de position est une conséquence naturelle de la structure d'Attac Le CA d'Attac est composé statutairement (tant que le quorum de l'AGE pour les nouveaux statuts n'est pas atteint) de 18 membres issus des fondateurs et uniquement de 12 membres actifs issus des adhérents. Ceci relève d'une conception très critiquable de la démocratie mais regardons en plutôt ici une conséquence sur le plan stratégique.

Ces membres fondateurs ont leur histoire, souvent bien antérieure à Attac, une base idéologique, une stratégie propre et un auditoire en quelque sorte " ciblé ". Mais cette apparente cohérence peut se révéler fragile, circonstancielle et dépendre en fait d'une base sociale instable et tentée par une radicalité systématique. Elle est donc incompatible avec la cohérence laïque et républicaine qui affirme la nécessité d'un droit universel, non différencié, qui transcende l'appartenance sociale, ethnique, religieuse ou géographique.

Prenons l'exemple récent et significatif de l'appel du 28 février 2005 intitulé " Nous sommes les indigènes de la république ". On y trouve les affirmations suivantes : la loi de mars 2004 sur les signes religieux à l'école est " une loi d'exception aux relents coloniaux " ; ou " La république de l'Egalité est un mythe ". Or cet appel a été signé par des membres influents d'organisations fondatrices d'Attac. Peut-on imaginer un instant ces mêmes organisation défendant au sein d'Attac une position clairement laïque et républicaine ?

2- Cette absence de position est contradictoire avec l'objet même d'ATTAC L'article n°1 des statuts d'ATTAC est pourtant clair ; il s'agit de promouvoir des actions en vue de la reconquête " par les citoyens, du pouvoir que la sphère financière exerce sur tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle dans l'ensemble du monde ".

L'idée de citoyenneté est bien au coeur du projet d'ATTAC.

Or la citoyenneté définit des droits et des devoirs qui ne sont pas à géométrie variable.

Il n'y a pas de droit spécifique pour les ultra-libéraux qui détournent, à leur profit, les lois fiscales françaises par le biais des paradis fiscaux et il n'y a pas non plus de droit spécifique pour un casseur de Clichy-sous-Bois qui, au nom d'une misère sociale d'ailleurs réelle et particulièrement scandaleuse, brûle le gymnase de sa ville ou la voiture de son voisin. Nous estimons qu'une violence au sein du peuple n'est pas légitime.

Ces deux comportements doivent susciter d'un point de vue citoyen la même réprobation.

Tenter sur le plan philosophique ou politique de justifier l'un par l'autre peut être une stratégie d'appareil pour toucher les " no vox " ou le " lumpenprolétariat " mais reste contradictoire avec l'idée de citoyenneté et donc avec le projet même d'ATTAC.

3- Cette absence de position est à moyen terme une menace pour la survie d'ATTAC Tous les militants d'ATTAC s'accordent à dire qu'il est urgent pour cette association d'élargir son auditoire et de toucher enfin les 15 millions d'employés et d'ouvriers qui constituent les classes populaires. Mais cette mission d'éducation populaire ne pourra certainement pas se faire en méprisant le socle historique de la volonté populaire : un sentiment profondément républicain, désireux de services publics forts dont la sécurité sociale est la figure emblématique, et appuyé sur une conception laïque rigoureuse.

En effet, mépriser ce socle, c'est mépriser l'histoire du peuple, c'est mépriser plusieurs siècles de luttes pour s'affranchir de la tutelle de le royauté, de l'aristocratie, de la bourgeoisie financière et de l'église et c'est aussi mépriser les dures conquêtes du droit des femmes. Les conséquences d'un tel aveuglement seraient mortelles pour ATTAC.

Combien de fois avons-nous entendu des commentaires du genre : " Ah oui ATTAC, l'association qui invite Tariq Ramadan à faire des conférences non pour condamner la lapidation des femmes adultères mais pour faire un moratoire et qui justifie qu'un garçon puisse toucher un héritage double à celui d'une fille... ". Et, vous le savez si vous avez été sur le terrain: la réponse est difficile.

En conclusion, à mon avis :

Patrice Hemet Président du Comité local Attac 77 Pays de Meaux

2.3 - Une motion contre la statue du pape Jean-Paul II

Zurab Tseretelli, artiste russe qui fait don d'une statue monumentale de Jean-Paul II à Ploërmel. Il en avait dévoilé la miniature au printemps dernier, à son ami Paul Anselin, qui avait fait le déplacement à Moscou.

Samedi, le conseil municipal s'est ouvert par un débat sur le don du sculpteur russe Zurab Tseretelli et son installation sur un lieu public.

C'est par le chapitre des questions diverses qu'a démarré le conseil municipal, samedi matin. Les élus devaient se prononcer sur l'acceptation du don, que fait l'artiste russe Zurab Tseretelli, de la statue géante du pape Jean-Paul II à la ville de Ploërmel. Une statue qui devrait être inaugurée le 9 décembre. Seule la majorité a voté pour. Les deux oppositions, celle de gauche et celle de Notre avenir citoyen ont voté contre ce don. " C'est lamentable ", a lancé le maire, Paul Anselin, au cours du conseil à Hubert Lugué, chef de file de Notre avenir citoyen, après lui avoir interdit de prendre la parole sur un autre sujet (celui des caméras de surveillance, lire ci-après).

"Une injure"

Auparavant, l'opposition de gauche avait lu une motion mettant en cause la légalité de l'implantation de la statue du défunt pape sur un lieu public à Ploërmel. Les élus y rappellent les articles 28 et 2 de la loi de séparation de l'Église et de l'État du 9 décembre 1905, sur l'interdiction d'élever un emblème religieux sur un lieu public et sur la suppression des dépenses " relatives à l'exercice d'un culte " des budgets publics.

La motion fait également référence au plan prévisionnel de financement, qui était de 100 000 euros, plus 30 000 euros pour les frais de communication. Les élus concluent ainsi le texte : " En temps qu'élus de la République, soucieux du strict respect de la loi, nous décidons d'annuler les décisions municipales du 8 septembre 2006, du 30 septembre 2005 et du 10 juin 2005 relatives à cette statue et d'abandonner ainsi ce projet illégal ".

" Le coût réel de la statue du pape est de 8 000 euros pour le socle, plus l'aménagement de la place ", a affirmé le maire, soulignant que le budget pointé du doigt par la motion incluait celui de la statue du Lion ailé. Pour Paul Anselin, le combat des opposants à l'implantation de cette statue du pape est " d'arrière-garde ". " Nous élevons une statue pour un géant de l'Histoire. Les réactions qu'il y a eues partout dans le monde à sa mort le prouvent ". Même s'il " reconnaît " que l'opposition " veut rester dans la légalité ", il estime que cette motion constitue " une injure à la Russie, à l'Église orthodoxe et à un sculpteur ".

Le maire a alors demandé un vote, plus solenel, où chaque élu devait dire publiquement s'il rejetait ou adoptait cette motion. Seule l'opposition de gauche a voté pour. Afin " d'éviter tout amalgame avec la dérive anticléricale d'une partie des gens qui soutient la motion ", indique Arnaud Le Piouf, l'opposition de Notre avenir citoyen s'est abstenue. Ce qui lui a valu de se faire traiter de " Ponce Pilate " par un Paul Anselin visiblement content de " l'ampleur nationale donnée par l'article du Canard enchaîné " à ce dossier (lire Ouest-France du 20 octobre). L'important, pour lui, semble se résumer dans sa conclusion sur le sujet : " Je ne doute pas qu'on parle de Ploërmel ".

Christine Bacherel

Source : Journal Ouest-France du 30/10/2006

3 - combat féministe

3.1 - Pression sur les femmes enceintes: ils ont osé!

Depuis plusieurs années, on s'aperçoit que la majorité des femmes prennent sur prescription médicale le congé pathologique de deux semaines à l'issue du congé post-natal légal. L'allongement de ce congé post-natal devient donc une nécessité, c'est pourquoi il est nécessaire d'augmenter de 2 semaines le congé post-natal légal pour toutes les femmes.

Les petits malins du néolibéralisme estiment qu'il faut donner aux femmes la possibilité de diminuer le congé prénatal pour leur permettre de reporter ce délai en fin de congé post-natal. Le ministre de la santé a osé faire cette proposition.

Nous disons que c'est un scandale car cela augmente la pression sur les femmes :

En fait il faut un plan quinquennal de 40.000 places de crèches par an pendant 5 ans pour rendre opposable à l'issue de ce plan le droit d'avoir une place en crèche collective ou familiale. Cette opposabilité du droit pourrait faire condamner la collectivité qui ne respecte pas ce droit.

La proposition du gouvernement rentre dans le cadre de la déréglementation des droits sociaux organisée par les politiques néolibérales.

Nous devons nous y opposer car c'est le droit qui libère et la liberté du renard dans le poulailler qui opprime.

Nous appelons toutes les forces féministes, laïques et républicaines à s'opposer à ce mauvais coup.

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

Source : www.ufal.org

3.2 - Salutaire Virginie Despentes

Nous sommes dans l'ère des repentirs. Les femmes ne sont pas en reste. La seule catégorie, parmi les ex colonisés qui, contrairement à ses collègues colorés, ne s'élève plus contre les infâmes dominants. Ca été déjà fait, dans les années 70. Par les féministes, ces êtres non apparentés dont la caractéristique est : l'excès.

Alors les femmes, les vraies sont entrées en pénitence. Solidement encadrées par les proxo de service - magazines féminins , medias , faiseurs de modes - elles ne savent quoi faire pour se faire pardonner nos excès. Et d'en remettre dans la Féminité, porte jarretelles en bandoulière, seins siliconés , corsets et lèvres body buildés à l'assaut, mamelles à l'air sur place publique pour allaiter le fruit de leurs entrailles fécondes (sic : des mères allaitantes en action ont tenu un sit in au mois d'octobre à Paris pour montrer qu'il fallait allaiter...)

Il s'agit de prouver qu'on est restée femme. Des pieds aux nénés. Ca s'arrête au cerveau, promis. Dire que nous, les " féministes " avions cru pouvoir desserrer la laisse du maître, mais voilà qu'il fait mine de partir , alors elles couinent après la laisse et le maître qui va avec... Le pauvret, il a eu peur, il est en désarroi.

Alors dans ce concert de repentance ignominieusement féminine, un couac vengeur et salutaire. le livre de Virginie Despentes: "King Kong theorie"[1] . Une qui n'a jamais compris ce que c'était la Féminité et qui l'énonce sans vergogne.

" Après plusieurs de bonne, loyale et sincère investigation , j'en ai quand même déduit que: la féminité , c'est la putasserie " dit elle tranquillement. La preuve qu'elle ne sait pas ce que c'est : elle ne s'excuse de rien. Elles n'est pas de celles qui se sentent toujours en faute , " toujours incapables de quelque chose " : bonne mère et bonne pro , bonne au lit et bonne à tout faire... Notre Virginie claque la porte au nez de l'indéfectible culpabilité qui colle aux basques de nos soeurs et les empêche de respirer.

Voilà pourquoi elle se fait le porte plume des sans grade de la Féminité - moches , vieilles, grosses, pas baisées... (Au passage , elle salue aussi les sans grade de la Virilité, les " pas compétitifs, les peu membrés , les qui chialent.. ") Elle leur rend une fierté. Celle d'avoir survécu au rouleau compresseur du " Tu seras une jolie petite gourde, ma fille ". Oui, la fierté , une qualité que la plupart des femmes se refusent. Nos grands " classiques " mettent en scène le sens de l'honneur . Réservé aux mâles. Le Cid est prêt à mourir pour le défendre. Mais pour Chimène et consoeurs , l'honneur se circonscrit au triangle pubien qu'il s'agit de préserver coûte que coûte des invasions masculines . Et sinon, on n'est plus côtée sur le marché . Idem aujourd'hui : ce n'est plus la virginité le critère de " bonne " , c'est le calibrage ad hoc. Et les voilà toutes à la recherche des mensurations idéales ( pour qui ?) quitte à se laisser mourir de faim.

Cependant elle va faire grincer des dents certaines d'entre nous . A propos de la prostitution et de la porno. Pas bien pensante de ce côté là non plus. Mais cela n'engage qu'elle. Elle part en effet de sa propre expérience de prostituée occasionnelle , étape cruciale pour elle de reconstruction après son viol, constate que ce n'est pas si terrible comme boulot , pas plus que la double journée. Etre pute sur le trottoir ou à la maison, elle ne discerne pas la différence. A travers son expérience personnelle, elle dédramatise la chose .Cela peut apporter du grain à moudre à une réflexion sur la prostitution. Au delà de la stricte condamnation morale.

L'essentiel n'est pas là. Virginie Despentes est féministe. Sans états d'âme. Elle ne bêle pas avec les moutonnes enrubannées qui encombrent notre espace. Pas du genre " Je ne suis pas féministe , mais... " Diable que ça fait du bien de lire ces lignes trempées dans le salutaire vitriol de la lucidité !

Notes

[1] "King Kong Theorie" - Grasset - octobre 20006

Anne Zelensky

4 - débats républicains

4.1 - Retour sur la dernière chronique d'Evariste

Manifestement, quand on ose critiquer les actions d'une icône, on chatouille des susceptibilités. Mais la plupart des réactions que nous avons reçues ne sont que des réponses à des présupposés. Ne parlons pas des insultes. Il faudrait s'en tenir à ce qui est écrit, à savoir la contestation de la violence envers les biens d'un producteur. Il n'a jamais été question pour nous de défendre les cultivateurs de PGM (plantes génétiquement modifiées, c'est-à-dire dont on a modifié les gènes pour qu'elles expriment de nouvelles propriétés, qui sont d'ailleurs sans intérêt pour l'immense majorité des variétés actuellement commercialisées). Ils ne nous inspirent aucune sympathie, et leur production, les français n'en veulent pas. Pour autant, le problème se réglera-t-il par la violence envers ceux qui ont cédé aux mirages du marketing de l'agro-bio-industrie. Cela signifierait d'une part que les PGM existent car il y a des agriculteurs qui les réclament, et que d'autre part, la seule forme de contestation et d'action citoyenne serait le recours à la violence, non pas contre les promoteurs, mais contre leurs " clients ".

Si on part du principe que ce qu'il faut, c'est combattre avec fermeté le principe de l'appropriation du vivant par le biais des brevets, alors il faut s'opposer à l'utilisation des PGM par l'agro-bio-industrie pour asservir les agriculteurs. Le développement actuel des PGM n'est qu'un détournement de l'innovation scientifique au profit de multinationales.

Combattre les PGM, c'est donc se battre pour obtenir les garanties suivantes:

il faut qu'aucune contamination détectable ne soit tolérée ; il faut que la traçabilité soit assurée dans les filières des productions animales, car c'est le seul moyen d'effectuer une veille sanitaire complète concernant les PGM et de permettre des filières sans PGM ; il faut qu'en cas de contamination, la responsabilité de l'indemnisation incombe principalement aux producteurs de semences transgéniques, sans limitation de durée, et en aucun cas à l'Etat ; et enfin, il faut l'obligation de réaliser et de publier des études toxicologiques, le secret industriel ne devant pas pouvoir être opposable à leur publication.

La culture des PGM en milieu ouvert est un procédé qui a des implications potentielles sur la biodiversité, mais aussi des répercussions économiques, sociales et peut être sanitaires.

Il ne s'agit pas de s'opposer par principe aux techniques de génie génétique, car certaines applications sont déjà largement développées et ont été source de progrès indéniables C'est pourquoi nous préférons parler de PGM (plantes génétiquement modifiées), et non d'OGM (organismes génétiquement modifiés), car nul ne songe, par exemple, à remettre en cause l'éradication de l'épidémie de maladie de Creutzfeldt Jacob liée à l'utilisation d'hormone de croissance produite par génie génétique.

Nous maintenons donc l'analyse d'une dérive de la résistance citoyenne qu'ont représenté à leurs débuts les actions des faucheurs volontaires, et l'impasse dans laquelle cette forme de protestation risque de mener, sauf peut être pour garantir le plan média d'un candidat déclaré à la candidature pour les prochaines présidentielles.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

4.2 - Pour éviter de futures grandes pannes en Europe, il faut d'urgence revoir notre politique !

La coupure de courant que viennent de subir une dizaine de millions d'européens dans la nuit de 4 au 5 novembre 2006 souligne le sous investissement dans le domaine de la production et de la transmission électrique en Europe malgré les cris d'alarme répétés du RTE, par exemple.

Or des investissements considérables ont été faits au cours des dix dernières années, particulièrement en Allemagne (un total de 17 G Euros investis en 2003 qui devraient atteindre 45 G Euros en 2015), en Espagne et au Danemark, exclusivement sous forme d'éoliennes. Les éoliennes sont radicalement incapables de faire face à de brusques demandes de courant[1] (contrairement aux barrages hydroélectriques, aux centrales à gaz et aux centrales nucléaires modernes) et introduisent une fragilité accrue dans le réseau (citation du président du directoire d'E.ON Netz: "je ne crois pas que cette déconnection explique à elle seule la panne de samedi soir. Il est probable que les nombreuses éoliennes de cette région à la frontière de la Basse-Saxe et des Pays-Bas y sont également pour quelque chose").

Il est clair que les investissements dans l'éolien industriel viennent en compétition avec ceux qui auraient pu être faits dans des moyens de production mobilisables et dans le réseau. L'exigence déraisonnable de l'Union Européenne d'atteindre 21% d'électricité d'origine renouvelable sert de justification à ces énormes investissements passés et prévus dans l'éolien. Il est encore temps de la revoir

Sauvons le Climat vient de publier sur son site une longue analyse sur ce sujet. Outre les aspects que nous évoquons plus loin, il faut souligner que l'énergie éolienne, quels que soient ses avantages du point de vue environnemental, ne répond pas au problème majeur posé par la grande panne que l'Europe vient de vivre : la sécurité électrique. Même si l'on poursuit son développement, l'énergie éolienne n'apportera jamais de réponse satisfaisante au besoin de sécurité du réseau, parce qu'elle est aléatoire par définition : on ne peut pas compter sur elle.

Le programme éolien français : d'une utilité contestable, d'un coût pour la collectivité considérable mais très rentable pour certains.

Qu'il n'y ait pas ici de malentendu : " Sauvons le Climat " n'est pas hostile à l'énergie éolienne, en particulier lorsque sa mise en oeuvre permet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (par exemple dans les DOM-TOM et en Corse). Par contre, lorsque ce n'est pas le cas, comme en France continentale, nous ne saurions accepter que ses promoteurs trompent nos concitoyens en laissant entendre que ce l'est : les dépenses considérables envisagées pour le développement de l'éolien en France n'auront pratiquement pas d'influence sur le niveau de nos émissions, alors que les investissements correspondants feront défaut pour la mise en oeuvre, au niveau requis, de politiques efficaces de réduction de celles-ci.

C'est dans cet esprit d'analyse critique mais non hostile a priori aux programmes éoliens que nous dénonçons ici une politique dispendieuse et inefficace à l'égard du dérèglement climatique et de la demande d'électricité.

Le détail des arguments du présent communiqué peut être trouvé sur le site de "Sauvons le Climat".[2].

Le souci de réduire nos émissions de gaz à effet de serre s'est concrétisé, entre autres, par l'engagement du gouvernement Jospin d'amener la production d'électricité d'origine renouvelable à 21 % de la consommation totale d'électricité, dès 2010. L'énergie éolienne, la plus mature des énergies renouvelables, a donc focalisé toutes les attentions, en trois phases : d'abord le plan " Eole 2005 ", vite remplacé par le "régime spécial" d'incitation, copié sur la " loi EEG " des Allemands. Ce régime, décliné par l' " arrêté Cochet " du 8 juin 2001, a obligé EDF à acheter l'électricité produite dans les " fermes éoliennes ", à un tarif unanimement jugé avantageux, voire juteux (plus de 2 fois supérieur au coût de production du kilowattheure nucléaire).

Suite au forcing opéré par le lobby éolien (le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) et l'ADEME, notamment), le gouvernement actuel a pris une série de mesures :

L'arrêté Cochet a déjà conduit à la mise en service de quelque 800 MW éoliens fin 2005(voir l'article du " Point " du 4 août 2005, " Massacre à l'éolienne "[3]). La batterie de mesures 2006 a lancé une véritable ruée vers l'or éolien hexagonal de tout ce que le monde compte de banquiers et investisseurs en quête de placements " productifs ". Et pour cause : les rentabilités attendues ont été qualifiées, dès 2001, de " rentes indues " par le président de la Commission de Régulation de l'Energie, instance indépendante mais inutile, en l'occurrence. Il y a donc tout lieu de penser que ce programme d'investissement se réalisera[4].

Qu'en résultera-t-il ?

Et encore :

L'objectif gouvernemental sera peut-être atteint, en termes de pourcentage d'énergie renouvelable produite.

La qualité de notre air n'en sera pas améliorée pour autant.

C'est ainsi qu'une louable intention écologique donne(ra) lieu à une discrète mais énorme extorsion de fonds.

Sauvons le Climat " appelle à un moratoire sur la mise en oeuvre de l'Obligation d'Achat pour les nouvelles éoliennes, dans l'attente de l'organisation d'un débat national sur ce sujet.

Bien entendu, il devrait rester possible de construire des éoliennes mais sur une base purement volontaire, leur production étant vendue dans les conditions normales du marché.

Un tel débat permettrait, en outre, de rendre plus transparent ce secteur, particulièrement opaque.

Notes

[1] Les " dispatchers " d'EDF qualifient l'énergie éolienne de " fatale " (à prendre quand elle vient), par opposition à l'énergie produite par d'autres centrales (fossiles, fissiles ou hydrauliques de réservoir) dite " dispatchable ". Dans l'équilibre production - consommation que RTE doit assurer à tout moment, quelles que soient les variations de consommation, l'éolien ajoute un aléa de production : il complique donc la donne, ce dont se plaignent d'ailleurs les gestionnaires de réseaux d'Europe Centrale, souvent envahis par les électrons excédentaires des " fermes " danoises ou allemandes.

[2] Sauvons le climat, Points de vue des signataires, Opinions et Réflexions, Analyse économique critique du programme éolien français

[3] Le Point du 4 août 2005

[4] Le Canard Enchaîné du 9 août 2006

[5] Calcul effectué sur la base d'une production annuelle de 46 TWh, dont 33 d'éolien terrestre payé 84 Euros 2007/MWh et 13 d'éolien offshore au prix de 133 Euros 2007/MWh. Nous avons déduit du prix d'achat forcé de l'électricité éolienne le coût du combustible nucléaire évité soit 0,5 G Euros.

[6] Sauvons le climat, Points de vue de Sauvons le Climat, Documents, Les Sources d'énergie, Eolien et Système de production d'électricité

[7] Sauvons le climat, Points de vue de Sauvons le Climat, Documents, Les Sources d'énergie, Contribution des éoliennes aux émissions de gaz à effet de serre

Sauvons Le Climat www.sauvonsleclimat.org

4.3 - "La France invisible" de Stéphane Beaud (2e partie) Un livre très utile

En reprenant la phrase de ce professeur (Université libre de Bruxelles) sur "le racisme de gauche des syndicats... qui identifie les migrants comme une menace contre les acquis de l'Etat social" je ne peux m'empêcher de penser que cet éminent professeur, bien calé dans son emploi, ne risque pas d'être licencié ni délocalisé...

Les "invisibles" ce sont ces licenciés, délocalisés (on leur propose de suivre, parfois, leur usine en Ukraine ou ailleurs pour 300 euros par mois.)

Ce sont ces "vieux pauvres" qui ont honte de demander le minimum vieillesse, pour lesquels la maison de retraite est trop chère, qui commencent parfois à faire des petits boulots pour compléter leur maigres ressources (minimum vieillesse 630 euros par mois).

Ce sont ces jeunes, qui entrent dans la vie dite "active" par les petits boulots, parfois au noir (il n'y a pas que les immigrés qui travaillent au noir) qui sont au RMI, qui ont trop peu d'argent pour louer et sont parfois contraints à dormir dehors, tout en travaillant en pointillés. Que fait-on avec un salaire de misère si on n'a pas la solidarité familiale ?

Ce sont tous ces invisibles et leurs témoignages qui me touchent. Certains témoignages moins ... je reste peu sensible à la "discrimination" subie par une pauvre informaticienne qui ne trouve pas de boulot parce qu'elle ne veut pas ôter son voile... Je suis laïque, que voulez-vous!

La dernière partie du livre est passionnante: c'est Stéphane Beaud qui fait une analyse de la sociologie... et des sociologues.

Chapitre des "classes populaires" : elles sont peu analysées. Pourquoi?

  1. les "classes sociales" ça n'intéresse plus, disent ces doctorants
  2. C'est depuis la refonte "des professions et des catégories socio-professionnelles en vue d'une HARMONISATION des classifications EUROPEENNES.
  3. Il faut considérer que les rapports de classes IMPORTENT pour analyser la société. Or, l'effondrement des références au marxisme a produit une méfiance envers les marxistes, notamment pour une étude des classes populaires: celles des ouvriers et des employés.

Ces classes populaires ont commencé leur carrière professionnelle dans les cités et ont accédé à la propriété dans les cités ou dans des zones pavillonnaires proches.

Mais les étudiants en sociologie préfèrent les sujets plus porteurs (moi je dis moins risqués)

La précarisation de l'emploi et du travail (parfaitement calculée par le capitalisme européen et mondialisé) a rendu difficile une représentation collective de tous les salariés (public-privé). Le "précariat" est institué et crée une concurrence entre les travailleurs entraînant la faiblesse des syndicats sensés les représenter. Les classes populaires sont invisibles alors qu'elles représentent 10 Millions d'électeurs! En 1999, les catégories populaires représentaient 60% de la population active. C'est le parti communiste qui représentait l'identité ouvrière et celle d'un parti de CLASSE. Avec son déclin, les classes populaires ne sont plus représentées.

Le choc du 21 Avril, c'est cela. Il a consacré le divorce entre la gauche et les classes populaires.

Quand on méprise le peuple, il se venge, en s'abstenant, en votant minoritaire, et Front national parfois.

Les mêmes causes, en pire, risquent de reproduire un autre 21 Avril en 2007...

Ah ce peuple, que l'on ne peut dissoudre, et qui vote NON au TCE quand le PS lui disait de voter oui... Qui est nié par une partie de l'extrême gauche qui lui préfère les communautaristes...

Les différents auteurs de ces chapitres ont parfois des points de vue irritants (la République responsable de TOUS les maux) mais ils donnent un éclairage différent sur la sociologie.

Pour finir, les sociologues, à quoi ça sert ?

Ils sont consultés par les politiques, ils les renseignent, les informent. On apprend ainsi que Nicolas Sarkozy (je vous sens très intéressés) consulte ses "intellectuels", qu'il "puise" à droite comme à gauche. Nicolas Baverez mais aussi Max Gallo qui porte-parole de Mauroy ( autrefois) a été invité Place Beauvau après son livre "Fier d'être Français". Il les consulte mais c'est lui qui parle tout le temps.

Laurent Fabius: après le 21 Avril 2002, il a beaucoup consulté "la gauche et le peuple". Mais c'est la défection des enseignants dans le vote socialiste qui l'a décidé à rencontrer des acteurs de terrain, des proviseurs, des professeurs qui ont témoigné de leur inquiétude sur les atteintes à la laïcité: de là est née la conviction de Fabius qu'il fallait une loi sur les signes religieux. Et cela a donné le congrès de Dijon. Voilà une excellente initiative, non?

Si tous les candidats allaient consulter les classes populaires, là où elles sont?

Quant à Ségolène, elle a pris "Bourdieu" au biberon et elle a Sophie Bouchet Petersen, ex-militante trotskiste, comme conseillère attitrée; elle a aussi Philippe Askénazy (et voilà la critique des 35 heures)... Après, on fait une "tambouille" et ça donne "l'ordre juste".

Ce livre est long, mais il est très utile: sa lecture vous renseignera sur la société "d'en bas" (celle que je préfère) et vous donnera le point de vue de différents sociologues.

Mireille Popelin

5 - débats laïques

5.1 - Grande-Bretagne: Doit-on interdire le voile ?

Dans les médias britanniques le port du voile est devenu un sujet brûlant.

Dans ce débat certains principes fondamentaux semblent être en jeu : la liberté individuelle de pratiquer sa religion, la liberté de choisir, la liberté dans la tenue vestimentaire et la discrimination envers une communauté en particulier, en l'occurrence la soi-disant communauté musulmane.

Les islamistes et certains militants des droits humains affirment que la soi-disant communauté musulmane est stigmatisée et subit des attaques racistes depuis le 11 septembre 2001. Ils soutiennent que les tentatives récentes d'interdire la burka ou le voile intégral représentent une violation de la liberté individuelle et une nouvelle agression raciste contre les musulmans. Nous allons examiner cette question.

Deux événements successifs ont soulevé la question du voile islamique dans les médias britanniques : le commentaire de Jack Straw au sujet des femmes qui portent la hijab et le cas d'Aishah Azmi, assistante d'une institutrice âgée de 24 ans, à laquelle on avait ordonné d'ôter le voile. Elle a porté plainte contre l'école. Le tribunal s'est prononcé en faveur de l'école. Par conséquent la jeune femme a fait appel du jugement.

A mon avis la défense du port de n'importe quel type de voile dans n'importe quelle circonstance en tant que liberté de choisir est un argument fallacieux. Il passe sous silence d'autres droits, tout aussi importants, reconnus par la société civile moderne. En défendant inconditionnellement le droit de porter le voile, on s'oppose à toute une série de droits, tels que les droits des enfants, les droits des femmes, les droits sociétaux, et le principe de la laïcité.

Lorsqu'on discute de la liberté de porter le voile, on doit tenir compte de l'âge de la personne qui porte le voile, le type de voile, le lieu où le voile est porté.

Pourquoi ces facteurs sont-ils pertinents ?

Tout d'abord il faut donner une définition du voile. Est-ce tout simplement une mode, un style vestimentaire ? L'argument selon lequel le voile reflète un style vestimentaire est trompeur. Le voile est une rituel religieux, une coutume religieuse. De plus de nos jours le voile est devenu la bannière politique d'un mouvement politique, en l'occurrence l'Islam politique. Le voile est devenu le symbole du pouvoir islamique. Partout où les islamistes gagnent le pouvoir ils obligent les femmes à porter le voile pour marquer leur victoire et leur suprématie.

Pourquoi cet argument est-il pertinent dans notre débat ? On peut affirmer qu' indépendemment du caractère religieux ou politique du voile et de sa signification, tout individu doit avoir le droit de porter n'importe quel " symbole religieux ou politique " de son choix. Ma réponse, partagée, je crois, par de nombreuses personnes, est un NON catégorique. Il faut rappeler que dans la plupart des pays, y compris les démocraties occidentales, il existe des codes vestimentaires sur le lieu de travail et le port de symboles religieux ou politiques n'est pas autorisé sur le lieu de travail. Par conséquent il faut considérer la question du voile sous cet angle. Il faut démolir la falsification romantique concernant le voile. Le voile est un symbole religieux et politique d'un mouvement religieux et politique qui dégrade les femmes et les prive de leurs droits.

Le voile est un symbole de la soumission des femmes

Le voile est à la fois le symbole et l'instrument de la soumission des femmes. L'Islam, comme d'ailleurs d'autres religions, est une idéologie misogyne. L'Islam est le produit du patriarcat. L'Islam gère tous les aspects de la vie privée et sociale des hommes et des femmes. Selon l'Islam, la femme est un prolongement de l'homme est doit être soumise à ce dernier. Elle n'a pas d'identité indépendante et elle est définie par son maître. Le voile a été prescrit pour cacher la propriété des hommes de la vue de violateurs potentiels. Une femme " libre " est considérée par l'islam comme une cible ouverte, un tour gratuit.

Il est absurde de considérer le voile comme un article à la mode ou un style vestimentaire. Il faudrait définir le voile tel qu'il est en réalité, surtout dans la vie de nombreuses femmes sous les régimes islamiques : un symbole d'asservissement et de soumission.

Néanmoins on peut considérer que l'on doit être libre de choisir une vie d'asservissement. La société civile moderne présente une réponse dfférente à cet argument. Dans une société civile libre et moderne, lorsqu'il s'agit de préserver les droits humains, les droits des enfants ou les droits des femmes, la loi limite le droit individuel de nuire à sa propre personne ou de se priver de certains droits et privilèges. De la même manière il doit exister des limitations au port du voile.

Il faut interdire le port du voile par les mineures

L'une des conquêtes de la société civile moderne est la reconnaissance de la responsabilité de la société de préserver les enfants de toute sorte d'abus. La société doit être responsable de la sécurité, du bonheur, de la santé, de la croissance normale et du développement des enfants. On reconnaît aujourd'hui que l'enfant est un individu et non pas la propriété de ses parents. D'après l'Islam l'enfant est la propriété du père ou du grand-père, qui ont même le droit de le priver de sa vie. Par conséquent les conventions qui protègent les droits des enfants sont en pleine contradiction avec les lois et les coutumes religieuses. Elles annullent certains droits religieux ou " divins ". Ceci doit s'étendre aux jeunes filles qui vivent dans les communautés islamiques.

Le voile est une pure et simple discrimination à l'égard des jeunes filles. Il entrâve leur développement physique et mental. Il les sépare du reste de la société. Il limite leur croissance et leur développement futur. Il leur assigne un rôle social pré-établi qui tient compte de leur genre et de leur place dans le monde du travail. Par conséquent il doit être interdit. La société a le devoir d'assurer le développement libre, sain et normal de ces jeunes filles. Ignorer cette obligation est un crime. La liberté de choisir est un non-sens quand il s'agit des mineures. " Un enfant n'a pas de religion ". C'est la religion des parents qui lui est imposée. De même que la société interdit le travail des enfants et considère les sévices physiques à l'égard des enfants comme des crimes , de même elle doit interdire le port du voile par les mineures. Cette interdiction doit être ajoutée dans toutes les chartes internationales sur les droits des enfants.

La société laïque contre le voile

Dans une société laïque, la religion doit être une question privée de chaque individu. L'état doit être séparé de la religion et doit bien se garder de promouvoir toute religion. Une société laïque peut mieux défendre les droits individuels et les libertés civiles. Contrairement à ce que l'on croit, c'est dans une société laïque que l'on peut réussir à éviter la haine religieuse et le communautarisme. Dans une société laïque il faut interdire le port de symboles religieux dans des institutions d'état, dans les écoles et les universités. Ce faisant l'état et le système éducatif se gardent de promouvoir une religion en particulier. La religion reste dans la sphère privée et l'on évite les conflits entre les croyants de religions différentes. Par conséquent j'estime que la législation récente adoptée en France, qui interdit le port de tout symbole religieux dans les écoles d'état, est un pas dans cette direction.

Cependant je crois que son inconvénient principal est d'en dispenser les écoles privées confessionnelles. Ceci laisse le sort des jeunes filles entre les mains de parents religieux fanatiques qui les envoient dans ces écoles et les enferment dans un ghetto. La liberté et les droits civils de ces jeunes filles ne sont pas respectés. Elles sont victimes d'une discrimination qui les isole du reste de la société et les enferme dans un ghetto contrôlé par leurs parents et les leaders de leur communauté. La société doit défendre les droits des enfants. Les jeunes filles qui vivent dans les communautés islamiques ne doivent pas être une exception.

Burka ou voile intégral, un droit individuel ou un droit sociétal ?

Le voile prend plusieurs formes : foulard, robe ample qui couvre la totalité du corps, burka ou voile intégral.

La burka est devenue le symbole des Talibans.

Doit-on autoriser une femme à porter la burka ou le voile intégral ? A mon avis NON.

Nous abordons le domaine des droits sociétaux.

La personne qui porte l'une ou l'autre de ces tenues n'a pas d'identité vis-à-vis des autres citoyens. La société ne peut fonctionner avec des êtres humains sans visage. Dans n'importe quel lieu de travail, je dis bien n'importe lequel, les collègues, le personnel et les clients ont le droit de voir le visage de la personne qui est en face. On ne peut faire confiance à quelqu'un qui cache son visage. Les expressions du visage et des yeux sont un élément clé dans la communication.

Cette question de la confiance dépasse largement le domaine du travail. Elle s'impose aussi bien dans les transports en commun, les parcs, les centres de loisirs, etc.

La société décide de priver certains individus de certains droits au profit de la société dans son ensemble. C'est le cas de l'interdiction de fumer. La burka et la nighab doivent être interdites pour le bien de la société. Une femme qui porte la burka ou la nighab est comme un fantôme sans identité. Autoriser ces tenues vestimentaires revient à insulter la dignité humaine. La société ne doit pas accepter une telle forme d'humiliaition et de dégradation.

5.2 - La ségrégation dans les écoles anglaises

(...) L'assistante de l'institutrice de Kirklees voulait porter le voile dans les couloirs ou chaque fois qu'elle était susceptible de rencontrer un homme.

Quelles conclusions les enfants tirent-ils à propos du rôle des femmes en tant que victimes et des hommes en tant qu'agresseurs ?

(...) Personne ne saurait interdire (la burka ou la nighab) dans la rue, sinon où s'arrêterait la dictature de la tenue vestimentaire ? En revanche entre les enseignants et les élèves, entre les fonctionnaires et les clients, l'état ne devrait pas autoriser les femmes à se chacher. Le visage d'aucun citoyen ne peut être considéré comme indécent à cause du genre auquel il appartient.

(...) La situation s'est détériorée ces dix dernières années. Le Parti Travailliste a donné à la religion plus d'influence politique, en laissant un tiers des écoles d'état sous contrôle des religieux.

Le (Ministère de l'Education) a apporté une légère amélioration : il oblige les nouvelles écoles confessionnelles à offrir 25% des places aux enfants en dehors de la confession.

(...) Pendant ce temps la ségrégation s'aggrave.

(A Tower Hamlets) les parents blancs ont investi quatre lycées en les rendant pratiquement 100% blancs. 90% des écoles laïques voisines sont devenues bangladaises à 90%.

(...) Les écoles confessionnelles contribuent à la ségrégation.

(...) Je viens de rencontrer un chauffeur de taxi dont la femme va à l'église pour inscrire ses enfants dans une école confessionnelle. Est-ce un choix ?

(...) L'Académie Islamique de Leicester deviendra une école d'état l'année prochaine, mais l'obligation d'accepter 25% d'élèves non musulmans ne pose pas de problème. Le directeur a déclaré à la radio (la BBC) que toutes les jeunes filles doivent porter l'uniforme : à la fois la hijab et la jilbab (qui les couvre de la tête aux pieds).

(...) Le prochain secrétaire travailliste aura-t-il suffisamment de courage pour faire face à la ségrégation croissante ? Si oui, il devrait commencer par mette un terme à l'éducation confessionnelle dans les écoles d'état. Cette initiative serait soutenue par l'opinion publique : un sondage Guardian/ICM estime que 64% des personnes ayant répondu pensent que " le gouvernement ne devrait financer aucune école confessionnelle ".

La déségrégation des écoles est une question de justice : les musulmans vivent dans les communautés les plus pauvres avec les pires écoles, et risquent de voir accroitre leur isolement ainsi que leur colère. Le voile est un autre totem de ce danger.

Polly Toynbee

Source : Publié dans The Guardian Weekly du 27 octobre - 2 novembre 2006

6 - International

6.1 - L'Europe au Darfour : l'Ultime recours ?

Pour le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, le Darfour, cette province de l'ouest du Soudan où se déroulent depuis 2003 des massacres à grande échelle est "l'enfer sur terre".

Ni les accords de paix scellés à Abuja le 5 mai 2006, ni le renforcement des contingents de l'Union Africaine , ni le vote d'une énième résolution onusienne n'ont mis fin à la catastrophe humanitaire. L'enfer brûle toujours.

Depuis février 2003, les milices Janjawids issues des tribus musulmanes "arabes" et alliées du régime islamiste de Khartoum, sèment la terreur et massacrent impunément les tribus musulmanes "africaines" contestataires de l'ouest du Soudan. Le conflit du Darfour a déjà fait plus de 300 000 morts, 3 millions de réfugiés et de déplacés (principalement au Tchad voisin) et privé 500 000 personnes de toute aide humanitaire.

L'ONU a déjà voté six résolutions et qualifié les actes du régime soudanais de " crimes de guerre et de crimes contre l'humanité ". Cependant, les efforts des Nations Unies pour le déploiement de Casques bleus au Darfour semblent pour l'heure vains. Le gouvernement soudanais a ainsi déclaré : " nous ne confierons jamais le Darfour à des forces internationales qui n'apprécieront jamais d'être venues dans une région qui deviendra leur tombe " .

En raison de l'incurie politique et médiatique, la communauté internationale a assisté, impuissante, aux massacres massifs du Sud-Soudan - 2 millions de morts depuis 1983 - et du Rwanda - plus de 800 000 morts - d'avril à juin 1994. Aujourd'hui, la mobilisation internationale pour faire cesser le premier génocide du XXIème siècle est une priorité majeure.

Les éléments stratégiques du conflit

Après 20 ans de guerre civile, un accord de paix entre le nord et le sud du pays a été signé en janvier 2005, sans que cela n'ait changé la posture du gouvernement central de Khartoum à l'égard des populations de la périphérie du Soudan, et notamment les cultivateurs noirs du Darfour.

Dans un contexte de raréfaction des ressources alimentaires résultant d'une longue sécheresse et d'une forte croissance démographique, le régime soudanais s'est résolument engagé dans une politique d'éviction des populations "africaines" sédentaires au profit des nomades "arabes" réputés plus proches du pouvoir. La découverte récente de ressources minières et pétrolières au Darfour semble avoir renforcé cette politique. Le Soudan produit 500 000 barils/jour et représente près de 6% des importations chinoises de pétrole ; cette donnée explique à elle seule l'opposition de la Chine au sein du Conseil de sécurité à toute intervention.

Ainsi, pour se défendre contre le régime de Khartoum et lutter contre l'inégale répartition des richesses, des mouvements rebelles se sont constitués.

L'inaction de la communauté internationale s'est longtemps fondée sur les risques de déstabilisation régionale (fragilité du régime tchadien) et le souci du maintien de la fragile paix entre le nord et le sud du Soudan.

Un pouvoir dictatorial et illégitime

La proclamation, en 1983, de la Charia, loi islamique reléguant les non musulmans au rang de citoyens de seconde classe, fut la cause principale de la guerre entre le gouvernement de Khartoum et le sud peuplé majoritairement d'animistes et de chrétiens.

En 1989, alors que le gouvernement et le parlement démocratiquement élus s'apprêtaient à conclure la paix avec le sud Soudan et à supprimer la Charia, le parti islamiste , qui n'avait recueilli que 10 % des voix lors des premières élections libres, prend le pouvoir par la force. De surcroît, dès 1991, le régime de Khartoum théorise sa politique raciste en intégrant dans son Code pénal la notion d'infériorité des "africains noirs".

Depuis, c'est sans partage que le président, Omar el-Béchir exerce son pouvoir. Au Soudan, le multipartisme affiché a des limites. Si plusieurs partis politiques islamiques sont présents (Baas, Oumma, etc.) un seul exerce sa domination : le Congrès national. Aux législatives de 2000, il a ainsi remporté 355 sièges sur 360.

Les partis d'opposition sont interdits et seules les candidatures personnelles sont autorisées ; ainsi en 1996, lors des dernières élections présidentielles " fantoches ", le président sortant fut le seul des 41 candidats en lice à pouvoir prétendre faire campagne et obtint 86,6% des suffrages.

Auprès de la majorité des soudanais, le régime de Khartoum dont terreur et brutalité sont le credo, est définitivement illégitime. Les enlèvements, la torture, et les meurtres, renforcent le climat de peur et d'insécurité. Face à cette dictature, il n'est plus concevable d'envisager une autre voie que sa mise à l'écart.

Pour de nouveaux rapports Nord-Sud

Dans ce contexte, la France qui maintient ses relations diplomatiques avec Khartoum a un rôle moteur à jouer pour encourager la paix et les tentatives de démocratisation.

Dès lors, la mise en place de nouveaux rapports Nord-Sud plus équilibrés passe par la proclamation et l'application de principes universels que sont la démocratie et les droits fondamentaux des populations.

L'Afrique souffre de nombreux maux à commencer par la corruption et la quasi absence de système démocratique. Le Soudan en est un exemple exacerbé. Ainsi, l'aide alimentaire internationale favorise la corruption du régime et encourage l'urbanisation de certaines régions au détriment d'un développement économique équilibré et durable du Darfour.

La France doit donc encourager l'amorce d'un processus de démocratisation du Soudan et tout faire afin qu'un nouveau chaos ne succède au régime d'Omar el-Béchir.

L'impuissance de l'ONU est surmontable

L'Etat soudanais, qui assimile l'ONU à des croisés, refuse toujours la présence d'une force internationale sur son territoire. La France dispose pourtant de deux voies d'action pour s'investir concrètement dans la résolution du conflit.

En premier lieu, si la France refuse de se contenter de la résolution 1706 du 31 août 2006 dont l'application demeure subordonnée à l'accord de Khartoum et risque de bien de rester un voeu pieu, elle pourrait agir concrètement en prenant l'initiative d'une nouvelle résolution de l'ONU autorisant l'usage de " mesures coercitives " et organisant enfin le déploiement de Casques bleus au Darfour.

Dans une telle hypothèse, une mission militaire européenne pourrait même venir en soutien de celle de l'ONU. La mission européenne en République Démocratique du Congo (EUFOR), en août 2006, à l'occasion des élections présidentielles, en soutien de la mission de l'ONU (MONUC) a démontré l'efficacité d'un tel dispositif dans lequel l'Union Européenne a eu la possibilité de réaffirmer une vision propre de la sécurité internationale.

Cette politique extérieure de l'Union permettrait aux européens de s'inscrire de manière ostensible dans le cadre du multilatéralisme onusien. En raison des risques de veto russes et chinois, l'action de l'ONU a cependant peu de chances d'aboutir.

Aussi, pour sortir de l'impasse, une autre démarche est envisageable. Un Etat de l'Union Européenne peut, en effet, assumer de sa propre initiative une mission de Politique européenne de Sécurité et de Défense (PESD) dès lors que cette action vise : " le maintien de la paix et le renforcement de la sécurité internationale, ... le développement et le renforcement de la démocratie et de l'État de droit, ainsi que le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales " .

Javier Solona, secrétaire général du Conseil de l'Union Européenne et Haut représentant pour la PESC, définissait, à travers l'élaboration de la Stratégie européenne de sécurité adoptée en décembre 2005, l'utilité de la PESC dans ces termes : " une sorte de philosophie générale de l'action dans le monde " reprenant implicitement le concept onusien de " responsabilité de protéger ".

La France pourrait ainsi, en qualité de " Nation cadre " d'une opération militaire européenne, avec des règles d'engagement clairs - sous chapitre VII de la Charte des Nations Unies, en ayant accès aux moyens militaires et capacités collectives de l'OTAN - conformément à la décision du sommet de 2001 dit " Berlin plus ", pleinement " assumer l'exercice de son droit d'initiative en matière de gestion de crise internationale et la responsabilité de la coordination d'une intervention militaire ".

En outre, si l'Union Européenne peut planifier et conduire des opérations autonomes, avec ses propres moyens , elle peut aussi solliciter les moyens logistiques de l'OTAN. Elle a déjà eu recours aux moyens de l'OTAN en Macédoine (opération Concordia en 2003) et actuellement dans le cadre de la relève de la SFOR en Bosnie-Herzégovine (opération Altéa).

Ainsi, l'intervention au Darfour pourrait se faire sous l'égide d'une mission européenne en matière de gestion de crise ; cette mission couplerait ainsi la légitimité du multilatéralisme, la cohérence de la PESD et les moyens militaires et logistiques de l'Alliance.

Promouvoir la Démocratie

La réaction de l'ONU se faisant attendre, il est de notre devoir de réagir avant que les ethnies du Darfour ne disparaissent définitivement. Il convient d'agir énergiquement pour surmonter l'impuissance de la communauté internationale à arrêter ce carnage.

Face au blocage actuel et semble t-il durable de la situation au Darfour, une prise de conscience collective quant à la légitimité d'une présence internationale, malgré l'hostilité de Khartoum, est devenue plus que nécessaire. Le respect de la souveraineté nationale ne doit pas laisser nos démocraties accepter l'inacceptable !

Il en va de la responsabilité qui incombe à toute démocratie pour rétablir l'Etat de droit et garantir le sort de populations trop longtemps opprimées. Le Darfour, en situation de crise majeure et d'atteinte à la paix et à la sécurité internationale en est le plus éclatant exemple.

Les Français et l'ensemble de la communauté internationale doivent ainsi se mobiliser contre le premier génocide du XXIème siècle, car cette fois-ci nous savons.


Pour aller plus loin :

ROP : www.operationspaix.net

Mahor CHICHE Président de Sauver Le Darfour
www.sauverledarfour.org

7 - courrier des lecteurs

7.1 - Evariste félicité

Bonjour,

Je reçois avec grand plaisir ReSPUBLICA. Je lis prioritairement la chronique d'Evariste où je retrouve fréquemment mes propres sentiments et mes propres analyses. Ma satisfaction n'est pas pour autant narcissique car Evariste creuse davantage et met mieux en perspective les questions traitées que je ne saurais le faire. Parfois j'évolue (les sans-papiers). J'y suis rassuré de lire que ce qui me fait râler (des déclinaison du thème : l'espace public ne doit pas être confisqué qu'il s'agisse de la fumée des cigarettes dans un resto ou de la disparition des services de l'Etat) ne fait pas râler que moi et qu'au fond ce que je pense n'est pas scandaleux pour un homme de gauche. J'avais ce même plaisir en lisant les articles de Cavanna autrefois... ben non je ne suis pas un jeune lecteur. Je venais simplement vous dire bravo. J'essaie de faire connaître autour de moi votre journal en ligne... il en vaut la peine.

Gilbert Berges

8 - Proche-Orient

8.1 - Union sacrée des extrémistes musulmans et juifs contre la Gay Pride à Jérusalem

"Les sodomites se comportent comme des animaux. Ils représentent une abomination condamnée par Dieu. La Gay Pride qu'ils organisent (vendredi) à Jérusalem profanera cette ville sainte." Etudiant dans une Yechiva (école talmudique) de Jérusalem, David Bokobza manifeste tous les soirs contre la "souillure homosexuelle". Associés à des militants d'extrême droite, lui et ses condisciples brûlent des pneus et des poubelles sur les grandes avenues de la ville. Certains attaquent les taxis ou les autobus, d'autres s'en prennent à la police qui compte déjà plusieurs dizaines de blessés dans ses rangs.

Pourtant, la Gay Pride n'est pas un phénomène inconnu en Israël. Depuis cinq ans, elle se déroule d'ailleurs régulièrement à Tel-Aviv (une métropole laïque qui passe également pour l'un des plus grands centres gay du monde) en présence de dizaines de milliers de personnes. Et sans le moindre incident, malgré la présence de lesbiennes et d'homosexuels palestiniens qui défilent avec le visage caché pour ne pas encourir de représailles à leur retour dans les Territoires.

Mais l'ambiance de Jérusalem est radicalement différente de celle de Tel-Aviv, puisque les deux tiers de la population juive de la ville sainte se déclarent religieux pratiquants et que les autorités spirituelles musulmanes et chrétiennes se sont également prononcées contre "ceux qui vivent contre nature".

En 2003, la Conférence inter-pride de Montréal avait retenu la candidature de la Maison ouverte (une organisation gay de Jérusalem) pour organiser la manifestation dans la ville sainte en 2006. Celle-ci devait se tenir en août mais elle a été reportée au 10 novembre en raison de la guerre du Liban.

Selon les estimations, de 10000 à 50000 homosexuels devraient se rendre vendredi à Jérusalem. Mais encouragés par les deux grands rabbins d'Israël ainsi que par Ovadia Yossef (le très influent leader spirituel du parti religieux Shas), leurs opposants promettent de mobiliser "au moins 300000 personnes". Parmi celles-ci, des étudiants des Yechivot (écoles talmudiques) constitués en "commandos anti-gays" qui s'entraînent à Kyriat Arba (la colonie la plus radicale de Cisjordanie) sous la direction du rabbin extrémiste Baroukh Marzel.

Mobilisés également, les élèves de certaines institutions catholiques et protestantes, des militants évangélistes américains, ainsi que les habitants des villages arabes de la périphérie de la ville sainte. Ceux-ci mèneront cependant leurs propres actions dès la fin de la grande prière du vendredi sur l'Esplanade de la mosquée Al-Aksa et sous la direction de leurs imams.

Pour marquer cette union sacrée, un chanteur ultraorthodoxe juif (partisan de la colonisation des Territoires) et une vedette palestinienne ont enregistré un disque en commun. Un hymne anti-gay matraqué par les radios du Shas ainsi que par celles les stations palestiniennes de Cisjordanie.

S'attendant au pire, la police israélienne a d'ores et déjà prévenu qu'elle ne pourra pas empêcher les débordements. La semaine dernière, elle a d'ailleurs tenté d'obtenir l'interdiction de la manifestation "au nom de l'ordre public", mais le procureur général de l'Etat, Meny Mazouz, en a décidé autrement. "La démocratie ne se marchande pas, a-t-il décrété. L'Etat de droit ne doit pas plier devant les menaces de troubles brandies par les uns ou par les autres."

Douze mille hommes dont 2000 gardes-frontière fortement armés ont donc été mobilisés pour l'occasion. Tous les congés ont été annulés et les malades rappelés. Quant aux barrages de Cisjordanie, ils ont été dégarnis pour permettre de placer Jérusalem-Ouest (la partie juive de la ville où se déroulera la Gay Pride) en état de siège.

"Je redoute une explosion de violence sans précédent dans l'histoire récente de la ville", affirme le ministre de Jérusalem, Yaakov Edry (Kadima). En 2005, un exalté avait d'ailleurs déjà poignardé trois personnes à l'occasion d'une petite manifestation homosexuelle. Cette fois, il ne sera sans doute pas le seul puisque les tribunaux religieux de petites sectes ultraorthodoxes ont publié une pulsa denura, une malédiction identique à celle qui avait justifié l'assassinat d'Yitzhak Rabin en novembre 1995. Selon le service de renseignement de la police, des extrémistes juifs et musulmans envisageraient de lyncher des homosexuels. En tout cas, de les agresser physiquement "pour leur faire passer l'envie du péché".

Transmis par Michel Naud

Serge Dumont Jérusalem

9 - à lire

9.1 - Le Secours populaire français: 1945-2000, Du communisme à l'humanitaire d'Axelle Brodiez

Editions Sciences po les presses 365 pages 24 avril 2006

L'auteure de cette étude sérieuse, documentée nous offre un document d'histoire et d'analyse...

Le Parti Communiste a su construire, notamment à la Libération et juste après de très nombreuses associations intervenant dans les villes et quartiers... Elle créait du lien social, développait une culture "communiste" et constituait une force d'intervention puissante au service du parti...

Certaines comme le Secours Populaire, la CNL, l'Union des Femmes françaises, la FSGT, l'Union des vieux de France ou le Mouvement de la Paix existent encore aujourd'hui sous leur nom d'origine ou avec une autre appellation... Beaucoup ne sont plus que l'ombre de qu'elles ont été...Le Secours Populaire français héritier du Secours Rouge de 1923 s'est lui développé pour devenir l'une des plus grandes associations humanitaires françaises...

Pourquoi cette quasi exception dans le paysage politique et social? Quelles ont été les mutations nécessaires? Comment le Secours Populaire a t- il pu "couper le cordon ombilical" qui le liait au Parti Communiste tout en étant une association amie?

Beaucoup de ces questions et d'autres obtiennent une réponse. Le livre n'est pas intéressant, il est passionnant, notamment pour tous ceux et toutes celles qui aimeraient comme moi que d'autres associations d'intervention sociale et politique de masse se développent comme le Secours Populaire.

Julien Lauprêtre est présiden/secrétaire général du Secours Populaire français depuis plus de 50 ans, voici là une longitivité à une direction, exceptionnelle... unique à un tel poste de responsabilité... Des commentateurs pourraient critiquer une non rotation des mandats... Certes... mais il faut dire que l'apport de ce militant a été fondamental et son histoire rapportée par brides dans ce livre est étonnante.

Envoyé au Secours par le Parti Communiste, il fut l'artisan essentiel de son renouveau et celui qui a coupé le lien quasi organique reliant l'association de solidarité au parti...

Donc j'arrive au Secours populaire dans l'état d'esprit: "tu y vas pour quelques semaines, le Parti va te proposer autre chose puisque ça va bien"... Bientôt il va découvrir une autre réalité : une organisation malmenée, devenue le ??brancardier ? du conglomérat communiste..

A son arrivée en février 1954, soit en pleine insurrection de la bonté lancée par l'abbé Pierre, Julien Lauprêtre s'interroge donc sur la disparition des actions sociales. Sa progressive assise dans l'association, liée au nouveau contexte d'ouverture politique, permet une reprise puis une systématisation de l'aide aux sinistrès, aux personnes démunies, aux enfants et, de façon nouvelle, aux handicapés... L'association ne répond plus aux directives du PCF, c'est le parti qui reprend les thèmes lancés par son organisation de masse...

Chapeau bas pour l'oeuvre réalisée, les mutations opérées !

Aujourd'hui le Secours Populaire regroupe plus de 75 000 bénévoles actifs et des centaines de milliers de donateurs réguliers ou occasionnels...

L'association reconnue d'utilité publique en 1985 a développé le champ de son action de solidarité nationale et internantionale...

Sans rien masquer de l'histoire du Secours populaire, l'auteure livre là une oeuvre riche, chaleureuse ...Les militants communistes qui hier ont construit et développé le Secours Populaire, ouvrant l'organisation à d'autres militantes et militants venant d'horizons différents peuvent être fiers de l'action accomplie...

Le Secours Populaire sans rien renier de son passé a su évoluer tout en restant fidèle aux valeurs fondatrices qui sont les siennes : "tout ce qui est humain est nôtre"

Jean-François Chalot

Agenda