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  1. chronique d'Evariste
    1. Après la victoire par KO de Ségolène, un vide béant à gauche !, par Évariste
  2. élections présidentielles 2007
    1. Ségolène Royal candidate officielle du PS, et après ?, par Jérôme Manouchian
    2. Ségolène Royal va rassembler très large à gauche, par Yann Berdague
    3. Chevènement à quitte ou double, par Michel Pillier
    4. "Ne m'appelez pas camarade"!, par Mireille Popelin
  3. Débat autour du soutien à Robert Redeker
    1. Pourquoi je soutiens Robert Redeker ?, par Mohamed Sifaoui
  4. Europe libérale
    1. L'Union européenne veut détruire la viticulture européenne, par Raoul Marc JENNAR
  5. Les laïques sur le terrain
    1. La laïcité en danger, par Stéphane Arlen
    2. Hani Ramadan encore à Lyon, par Michèle Vianès
    3. Ploërmel : la statue pas en odeur de sainteté, par Le Télégramme
  6. laïcité
    1. Restauration scolaire et laïcité, par Philippe Fleutot
    2. Le délit de blasphème, par ReSPUBLICA
    3. Face aux menaces intégristes : défendre la liberté d'expression et la laïcité, par ReSPUBLICA
    4. Pour un mouvement laïque international, par Le Collectif D'initiative Laïcity
  7. débats laïques
    1. Combat pour la laïcité, ou combat contre les religions ?, par Jérôme Manouchian
    2. Vous avez dit "Belphégor" ?, par Brigitte Bré Bayle
  8. combat féministe
    1. Les femmes polonaises brisent le silence! Elles exigent l'avortement légal !, par Magdalena Ostrowska
    2. Les mariages forcés toujours aussi nombreux, par Cécilia Gabizon
  9. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Après la victoire par KO de Ségolène, un vide béant à gauche !

Il y en a quelques-uns qui ont dû sabrer le champagne, et d'autres avoir besoin d'un Alka Selzer pour s'endormir, au soir du 16 novembre. Inutile de tourner autour du pot, la victoire de la majorité de la direction du Parti socialiste, qui soutenait Ségolène Royal, est nette et sans bavure. Certains diront que la présidente de Poitou-Charentes était la favorite des médias, d'autres que dans certaines fédérations, comme celle de l'Hérault, dirigée par le célèbre Navarro, les nouveaux inscrits furent nombreux, et certains résultats peuvent prêter à confusion.

Il n'empêche, la victoire est nette, et mérite quelques commentaires.

Rappelons qu'il y a deux ans, les adhérents du Parti socialiste avaient vote à 58 % en faveur du "oui" au TCE, alors que les électeurs, le 29 mai 2005, avaient eux, voté à près de 60 % pour le "non".

La donne était transformée pour ce vote. D'abord, les partisans du "oui", autour de Dominique Strauss-Kahn, faisaient leur propre campagne. Pour le député-maire adjoint de Sarcelles, la deuxième place, malgré un score décevant, lui évite une humiliation, même si le ralliement risque de ne pas être très glorieux, au vu de la violence des attaques dont ses troupes se sont rendus coupables, notamment au Zenith, contre Ségolène Royal.

La gagnante avait été rejointe par des partisans du "non". Le ralliement le plus spectaculaire demeure celui d'Arnaud Montebourg. En situation de marginalisation à l'issue du congrès du PS, où il avait fait partie des rares à avoir refusé la synthèse, il avait créé la surprise, notamment auprès de ses supporters, en ralliant peu après le camp Royal. Vincent Peillon et ce qu'il restait du Nouveau Parti socialiste, et de nombreux partisans du "non", fit de même une quinzaine de jours après.

Il ne restait guère que Laurent Fabius, soutenu par Jean-Luc Mélenchon et le courant Filoche-Dolez, pour incarner politiquement, au sein du PS, un discours qui se situe dans la suite du 29 mai 2005, dans lequel se reconnaissait nombre d'anciens militants de la défunte gauche socialiste. Il est le grand perdant du scrutin.

Faut-il en conclure pour autant qu'au parti socialiste, aujourd'hui, l'aile gauche, qui pesait plus de 40 % au dernier congrès, serait soudainement retombée au seul score de Laurent Fabius ? Cela serait certes réducteur, mais en tout cas ce scrutin devrai interpeller les militants qui, au lendemain du 21 avril 2002, et du 29 mai 2005, pensaient que le courageux combat politique menée par cette aile gauche allait enfin payer. C'est tout le contraire ! La synthèse du dernier congrès n'a servi qu'à renforcer une direction aux abois, après la victoire du "non".

L'opération Ségolène a été menée de main de maître, au niveau tactique, et ceux qui avaient toutes les cartes en main se retrouvent gros Jean, et apparaissent ne pas posséder d'autre tactique que de négocier, dans des conditions difficiles, leur soutien à la candidate victorieuse. Par ailleurs, il serait bien trop simple, et réducteur, d'expliquer le score de Ségolène Royal par les seules nouvelles adhésions au PS. Des militants PS qui ont voté pour le "non" ont voté pour Royal, la pensant la seule capable de battre la droite et l'extrême droite.

Voyons voir maintenant comment les choses vont se passer, au niveau de la gauche dite antilibérale... Marie-George Buffet veut y aller, et elle a les moyens d'avoir les cinq cents signatures. Olivier Besancenot veut y aller, mais cette fois, le PS ne lui donnera pas les signatures, contrairement à 2002, car ce n'est pas son intérêt. Par contre, c'est l'intérêt de la droite de voir la gauche divisée, et donc de contribuer à ce que le facteur puisse participer à la course. Arlette va y aller, elle aura ses signatures, la machine LO est bien rôdée depuis le temps.

Personne ne croit sérieusement que la candidature annoncée des Salesses, Clémentine Autain ou José Bové empêchera la LCR ou le PCF de se présenter. Réponse des collectifs les 9 et 10 décembre.

Au PS, seul Mélenchon a l'air de refuser de rentrer dans le rang. Certains pensaient que PRS, impulsé par Méluche, et soutenu par des laïques et des républicains de gauche et d'extrême gauche, pourrait être cet outil nouveau que nombre de militants menant combat social et combat laïque espéraient. Après le choix de soutenir jusqu'au bout Fabius, et le piètre résultat, PRS, qui a maintenu sa participation aux collectifs unitaires du non, va réunir ses instances le week-end prochain.

Certains, comme l'hebdomadaire "Marianne", murmurent que Jean-Luc Mélenchon pourrait être celui qui peut rassembler ces collectifs sous son nom. Mais peut-il y avoir deux candidats PS à une présidentielle ?

Le PT a l'air de monter une opération, autour d'une candidature de maire, Gérard Schivardi, en faisant la liaison avec la défense des communes et l'offensive de l'Europe de Bruxelles. Les Verts ont désigné Voynet, qui n'a pas encore ses cinq cents signatures. Est-ce qu'en échange de circonscriptions gagnantes (comme pour les radicaux de gauche), la direction des Verts ne renoncerait pas à se présenter, s'évitant ainsi une déroute électorale prévisible ?

Reste la candidature Chevènement. On ne sait pas aujourd'hui si l'équipe qui l'entoure, et le principal intéressé lui-même, ont vraiment envie d'y aller. On a l'impression qu'ils attendent un signe de Ségolène, une place dans la campagne, et davantage de députés, pour se retirer.

Il est vrai que la campagne désastreuse de 2002, le coup du Pôle Républicain et de tous les pasquaiens et autres monarchistes (on a frôlé le ralliement de Villers) ont laissé des traces, et brisé un espoir. Quelque soit le respect que mérite le parcours de Jean-Pierre Chevènement, ses décisions souvent courageuses 1983, 1991, 1999), il ne dispose plus du même élan de sympathie que lors de la campagne, et surtout il a perdu des troupes. Mais s'il n'y a plus que lui pour rappeler des valeurs oubliés par les autres...

On cherchera pourtant vainement, à gauche, ce candidat qui incarne le combat laïque, républicain et social, qui serait pourtant le plus efficace pour battre la droite et l'extrême droite.

Qui peut incarner en même temps la bataille pour préserver les retraites dela privatisation, comme en 2003 ? Celle contre les signes religieux à l'école, comme en 2004, et celle du refus du communautarisme ? Celle du non au TCE, comme en 2005 ? Et celle du non au CPE, comme en 2006 ? Aujourd'hui personne !

La direction du PS le sait. Son argument sera simple : pour empêcher la réédition du 21 avril, une seule solution, la nouveauté Ségolène !

Et comme autour de ses supporters, il y a tout et son contraire, on risque d'assister à une campagne attrape-tout.

Sarkozy va dire tout, et son contraire, vive le communautarisme, vive la république une et indivisible, vive Machelon, vive la laïcité moderne !

Ségolène va dire : vive la préférence régionale, vive la République, vive l'égalité des religions, vive la laïcité dynamique !

En attendant, autour de moi, beaucoup d'électeurs de gauche que je rencontre me disent qu'ils ne savent toujours pas quoi faire en 2007, et que les choix proposés ne leur conviennent vraiment pas.

Mais s'il en existe d'autres, il va falloir les trouver vite ! Et par ailleurs, la réalité dans quelques semaines ne sera peut-être plus du tout la même qu'aujourd'hui, et sera peut-être encore différente dans quelques mois...

Évariste Pour réagir aux articles,
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2 - élections présidentielles 2007

2.1 - Ségolène Royal candidate officielle du PS, et après ?

16 novembre, triomphe de Ségolène Royal au sein du PS. L'analyse est claire, le PS reste un parti qui est sous emprise des campagnes des médias néolibéraux.

Les médias néolibéraux appellent à voter oui au Traité constitutionnel européen (TCE), le PS dit oui.

L'électorat socialiste vote contre les directives du PS et vote non au TCE. Le PS n'en a cure. Les médias néolibéraux promotionnent Ségolène Royal, le PS fait un triomphe à Ségolène Royal. Sans se poser la question de la qualité des patrons de presse qui ont organisé la promotion de Ségolène Royal, les mêmes qui avaient permit à Chirac de revenir sur Balladur en 1995... Il faudra revenir sur ces deux séquences pour bien comprendre le fonctionnement du turbocapitalisme.

Laurent Fabius, seul candidat à avoir un discours laïque et social mord la poussière en faisant en pourcentage moins que sa propre motion au dernier congrès du PS. Preuve que la plupart des leaders du non socialiste ont rejoint plus ou moins officiellement le camp de Ségolène Royal et n'ont pas soutenu le seul candidat à avoir eu le courage de se présenter au suffrage des militants socialiste en assumant son non au TCE et qui était sans aucun doute un excellent candidat de deuxième tour. Mais l'histoire a tranché: il ne sera même pas au premier tour.

Et Ségolène Royal a vaincu en imposant des débats sur des sujets secondaires et beaucoup sont tombés dans le panneau en discutant sur les thèmes mis en avant par la conseillère de Ségolène Royal, l'excellente Sophie Bouchet-Petersen.

Pas un mot sur les 5 points majeurs du peuple que l'on retrouve dans toute étude d'opinion sérieuse: la protection sociale, l'emploi et les revenus, le logement, les services publics et la laïcité et le comment vivre ensemble. Il ne pourra pas avoir de transformation sociale sans répondre d'abord à ces questions. Même sur la sûreté, Ségolène Royal et le programme du PS ne répond pas aux questions sérieuses sur la nouvelle organisation de la sûreté dans notre pays. Il ne suffit pas de dire d'en finir avec le laxisme, il faut dire comment on organise la sûreté et quelle politique doit-on mener. On ne fait pas de la politique par des bons mots...

Pour les laïques et les républicains de gauche et d'extrême gauche, on ne voit donc pas à l'horizon de candidat pouvant porter au premier tour leurs couleurs tant Chevènement nous a plusieurs fois habitué à menacer de se présenter pour négocier en sous-main des places avec le PS (exemple les avants dernières européennes entre autres).

Par ailleurs, tous les rassemblements de la gauche anti-libérale font plusieurs milliers de personnes, les militants se posent donc la question de l'espace politique que cela peut créer.

Déjà Raoul Marc Jennar a démissionné. Puis, plusieurs candidats déclarent leur opposition à la candidature de Marie Georges Buffet car trop lié au PCF. C'est pourtant le parti qui a le plus de militants dans les comités unitaires. C'est le seul parti qui est sûr d'avoir les 500 signatures. Mais un passage en force de Marie Georges Buffet risque de "casser" la dynamique unitaire... Les autres candidats ne sont pas et pour certains, c'est un euphémisme, des grands militants de la liaison du combat laïque au combat social. C'est pourtant à cette liaison qu'il faut travailler pour pouvoir parler aux deux grands ensembles qui ont construit les 31,3% du non de gauche le 29 mai 2005: l'électorat socialiste qui a voté non et les couches populaires qui se sont rassemblés sur le non au TCE. Croire un instant que l'on peut parler à ces deux ensembles sociologiques en extériorité par rapport à eux est un doux rêve.

De nombreux camarades y réfléchissent, l'histoire n'est pas encore écrite. L'objectif d'un rassemblement large à gauche prenant en compte l'aspiration laïque et républicaine du peuple est encore possible bien que la ligne de crête pour y parvenir est étroite et peu probable.

Laissons le temps au temps et engageons-nous dans la réflexion et l'action.

On en reparle, d'accord ?

Jérôme Manouchian

2.2 - Ségolène Royal va rassembler très large à gauche

Bonjour Évariste,

Le fait que vous éclairiez l'importance des médias vous fait perdre l'analyse "qualitative" de la victoire au premier tour du scrutin interne du PS.

En effet, la victoire franche de la présidente de Poitou-Charentes (60,62% des voix des militants socialistes, 20,83% pour DSK, 18,54% pour Fabius) m'amené à faire plusieurs analyses :

1. En 10 mois, Madame Royal a réussi le tour de force de prendre d'assaut la machine de guerre électoral que constitue le PS, en écartant les nombreux éléphants (DSK, Fabius, Jospin, Lang, Kouchner, Aubry,...).

2. Elle s'est appuyé sur des comités et à fait une campagne de terrain assez proche de la base, remplissant les salles, et au vue du résultat franc, on ne peut plus douter de sa légitime victoire en forme de mini raz de marré interne au PS.

3. Elle est plébiscité par les médias (télés et journaux hebdo notamment), mais qui n'a fait que suivre une réelle fronde qui est parti du bas. Les médias jouent comme à leur habitude au bipartisme (Sarko/Ségo), pour éviter sûrement le cauchemar du 21 avril 2002, mais leur influence a diminué depuis le 29 mai 2005 : d'autres médias plus citoyens rentrent en compétition, comme le média internet.

4. Elle semble vouloir rompre avec les éléphants et les technocrates (dont elle est pourtant issue), et de nombreuses interventions des portes paroles ne s'en cachent pas, ce qui est assez "courageux" (étant donné la hargne de ses derniers).

5. Elle a un discours assez simple, partant de la vie des citoyens, et l'élargie à la politique régionale et de l'Etat, en cherchant des solutions assez innovantes et décomplexées (mais qui fait grincer quelques dents), ce qui peut paraître "populiste", mais qui n'en est pas moins populaire par sa lisibilité.

6. Enfin, et c'est sûrement le plus impressionnant, elle a su sortir le PS d'un équation sans solution, rebondir sur l'après 29 mai 2005 en faisant la synthèse des ouiouistes et des nonistes. En effet, DSK représentait le Oui (socio libéraux) et Fabius représentait plus péniblement le Non (Emmanuelli, Mélenchon, etc..., sans les antilibéraux, cette fois), alors qu'elle a pu mettre des ouiouistes et des nonistes ensembles (comme Montebourg, Peillon, etc...). Montebourg disait hier soir avoir eu un sondage des militants donnant en majorité la tendance suivante : les idées de Fabius avec la personnalité de Royal. Etonnant, mais éclairant.

Enfin, et ceci est à prendre en compte pour l'électorat féminin, c'est que c'est la première fois qu'une femme est dans la position de pouvoir gagner une élection présidentielle française.

Les conséquences de ceci sont multiples :

Au contraire, je ne sous estime pas Madame Royal, qui me semble être une redoutable prétendante pour tous autres personnalités candidates voulant une part du gâteau électoral.

Enfin, et cela peut faire sourire, après un rapide sondage personnel autour de mes connaissances féminines (et féministes), il semble se détacher un consensus étonnant : vote au premier tour en mai 2007 pour Madame Royal. Et ceci, malgré leur attachement à une gauche souvent plus radicale. Avis aux amateurs de moustache antilibérale.

Très cordialement,

Yann Berdague

2.3 - Chevènement à quitte ou double

J'aime beaucoup Respublica pour son combat laïque et sa promotion des valeurs républicaines. C'est pourquoi je trouvais bizarre sa fascination pour les débats internes d'un PS fort éloigné de ce type de combat. Merci donc à Evariste d'avoir observé que la vie à gauche ne se limite pas au PS.

C'est en effet le moins qu'on puisse dire quand toutes les élections démontrent qu'il en représente moins de la moitié (et même beaucoup moins lors du dernier référendum)

Reste que la vie à gauche en dehors du PS est très éclatée et que la vraie question est de savoir comment recomposer la famille sur autre chose qu'une protestation sans lendemain.

Hélas, il faut bien observer, avec tristesse, qu'il n'y a rien à attendre du côté de "la gauche antibérale". Aux questions que tu poses, cher Evariste (sera-t-elle unitaire ? sera-t-elle laïque ?), on peut déjà répondre par un double NON. Olivier Besancenot est parti défendre ses tropismes gauchistes; Marie-Georges Buffet est déjà désignée par un PCF auquel quelques militants groupusculaires de la "gauche républicaine" fourvoyés dans cette affaire vont servir de jambe de bois, et Mélenchon, quoi qu'il lui en coûte, est rentré sagement au PS. Les militants sincères d'une impossible candidature unitaire, que José Bové n'est pas non plus en mesure d'incarner, n'ont donc plus que leurs yeux pour pleurer.

Reste la candidature de Jean-Pierre Chevènement. Seul à gauche à articuler la réorientation de la construction européenne, la relance de la France et la remise en marche du modèle républicain (les trois priorités de sa campagne), il est aussi le seul à traduire ces orientations en propositions applicables en cas d'accès au pouvoir. Les bases possibles d'un rassemblement de la gauche républicaine, laïque et sociale sont là ! Y parvenir sera très difficile, mais ce devrait être l'objectif de tout militant antilibéral sérieux.

La question - un tantinet perverse - de la pérennité de sa candidature est donc un contresens. Non seulement sa candidature est légitime, mais elle est surtout nécessaire et utile pour mettre la gauche à la hauteur de ses responsabilités. Certes, Ségolène Royal lui a fait quelques appels du pied et lui-même a eu des propos aimables à son égard. Certes, Arnaud Montebourg lui a lancé un hommage appuyé. Quoi de plus naturel ? Il faudra bien que la gauche se rassemble au second tour, si elle figure. Mais le programme du PS (catalogue de La Redoute qui ne tranche aucun débat) est trop éloigné des attentes des citoyens pour que Jean-Pierre Chevènement renonce à lui proposer d'autres choix. Il n'y a là rien à voir avec un éventuel accord électoral. Ce serait méconnaître l'homme que de penser qu'il pourrait vendre son âme pour un plat de lentilles.

Ségolène et Jean-Pierre ne se détestent pas ? Tant mieux, car il devront s'entendre pour que la France change de cap. Autour d'elle ? Autour de lui ?

L'histoire n'est pas encore écrite. En tous cas, sur une plate-forme que seuls les résultats du premier tour permettront d'infléchir. C'est pourquoi la voix et les voix de Jean-Pierre Chevènement sont absolument indispensables et qu'il doit continuer.

A mon modeste niveau, j'ai bien l'intention de l'aider.

Michel Pillier Militant républicain

2.4 - "Ne m'appelez pas camarade"!

Oui, je vais faire ma "people": il paraît que Dame Ségolène n'aime pas qu'on lui dise "camarade", ça ferait trop "parti communiste" (entendu sur une radio ce matin 18/11/2006).

Mais, comme dit Laurent Fabius,"veut-on une modernisation socialiste ou social-libérale"? Il me semble que Ségolène Royal a déjà répondu à la question au cours de sa campagne?

Dans un article du Monde (le 6/11/2006), chronique d'un économiste bien connu, chantre de l'économie libérale, il fait le résumé d'un livre écrit par le "Cercle des économistes"... que je ne vous recommande pas ! Sous prétexte de vous donner les moyens de comprendre l'économie, ils présentent les deux versions "droite " et "gauche" mais on voit vite, à la lecture, que selon eux, il faut sortir du "consensus mou" (le ni-ni) ni libéralisme, ni socialisme .

Et de conclure: il s'agit de démontrer que le choix n'est pas d'aller à droite ou à gauche mais d'aller vers le haut. C'est à dire :

Et l'on arrive au constat (je résume)

Vous remarquerez qu'il n'est nullement question de la question des actionnaires, qu'il faut grassement rétribuer .. au mépris de l'emploi et des salariés...

Arrivent ensuite quelques propositions qui vont dans le même sens : augmenter le temps de travail (Tiens , c'est comme dit Ségolène?)

défiscalisation et prime à l'emploi (qui pèsent sur les salaires ) et enfin :

" la sécurisation du parcours professionnel " qui fait ( dit l'auteur de l'article ) l'UNANIMITE pour la CGT et ..l'UMP..

Alors là, c'est louche. Pour la CGT, nous savons que c'est une revendication constante, depuis longtemps de ce syndicat ,mais l'UMP ?

C'est un peu le coup de la" fracture sociale", de Chirac . L'UMP , qui prône les délocalisations , la libéralisation totale du marché de l'emploi , qui casse tous les droits du travail , toute la protection sociale , avec le CPE , le CNE etc .. et qui nous fait le coup de la sécurisation de l'emploi ? Il n'y a que les gogos-Sarko pour gober ça ! Pour croire à ces promesses de campagne, qui sont déjà mensonges dans la réalité que vivent les salariés, les délocalisés , les chômeurs , les précaires ! Et cela depuis des années !

En fait, on veut nous faire avaler que " ON NE PEUT PAS FAIRE AUTREMENT "

que le modèle social français est périmé , et qu'il faut le supprimer - Et le remplacer par un modèle libéral , basé sur l'ouverture généralisée à la concurrence , entre public -privé , avec flexibilité du travail , REDUCTION des dépenses publiques ..Vous connaissez ce programme? C'est le TCE . Et les Français ont dit NON au TCE ?

Et qui va représenter le PS pour le vote des Français en 2007 ? Ségolène Royal , une socialiste qui a dit OUI au TCE !

Et qui, comme on l'a vu et entendu, dans ses discours n'est pas franchement la gauche du PS. Pas LAIQUE non plus d'ailleurs.

Dans Marianne ( 18/24 Novembre ) une journaliste parle du "cri étouffé des petits Blancs " , qui n'ont pas voté PS en 2002, qui ont voté NON massivement au TCE , que Ségolène ne représente pas vraiment !

C'est pourtant ce peuple de gauche qui s'estime cocu, battu et pas content. Tant que l'on n'écoutera pas cette voix du peuple, tant que subsistera cette coupure entre le peuple et les élites , on aura le risque d'avoir le même scénario qu'en 2002.

Quand on voit que l'Europe continue, avec le retour de la directive Bolkestein, quand les délocalisations s'accélèrent, où est la "sécurisation du parcours professionnel "?

C'est la mondialisation qui continue, avec ses ravages, avec son bras armé L'EUROPE LIBERALE.

Madame Ségolène Royal ne souhaite pas qu'on l'appelle "camarade" ? Pour moi, et beaucoup d'autres, il n'y a aucun risque.

Mireille Popelin

3 - Débat autour du soutien à Robert Redeker

3.1 - Pourquoi je soutiens Robert Redeker ?

Je suis mal à l'aise à chaque fois que je dois mettre en avant mes croyances personnelles. Mais le contexte national et international illustré, entre autres, par la désormais "affaire Redeker" me pousse à m'exprimer aussi en tant que musulman et croyant. Le citoyen que je suis a depuis longtemps fait savoir sa position à l'égard de l'intégrisme. En tant que journaliste et écrivain j'ai également fait connaître mon opinion à travers divers travaux.

Mais qu'en pense le musulman que je continue d'être ? La question mérite d'être posée.

Je peux être en total désaccord avec Robert Redeker - et ce n'est pas le cas - et le soutenir. C'est d'abord pour moi une position de principe. Mais au-delà, il y a une autre raison, de fond celle-ci, qui me conforte dans le fait qu'il est impératif, vital, et peut-être surtout pour un musulman, de soutenir Robert Redeker.

Dans son article publié par Le Figaro, le philosophe pose une question fondamentale : "Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ?". Fondamentale cette question l'est parce que les sociétés, musulmanes ou occidentales, rejetant l'islamisme ainsi que les dirigeants des pays musulmans ou ceux des pays démocratiques ne savent toujours pas quelle attitude adopter face à ce fascisme, qu'est l'islamisme. Force est de constater, en effet, que lorsqu'ils ne sont pas pétrifiés par le phénomène, les dirigeants européens notamment, mais aussi certains "intellectuels", s'accommodent assez facilement de l'intégrisme musulman. Pour peu qu'il soit jugé, par eux, comme "modéré", il n'y a plus alors aucun problème. Pour peu que leur interlocuteur taille sa barbe, laisse tomber la djellaba pour le costard cravate et prétend honnir Ben Laden, cela suffit à certains pour adouber et cautionner les pourfendeurs des principes laïcs.

Lorsqu'un islamiste "modéré" exige d'un maire l'aménagement de plages horaires pour les femmes, il sape les fondements même de la République. Et lorsque le maire accède à sa demande il se rend forcément complice d'un acte ignoble contre la laïcité : faire passer la "loi de Dieu" avant celle des hommes. Lorsqu'un responsable politique soutient une attaque en justice contre la liberté d'expression - comme cela a été le cas lors de l'affaire des caricatures - il se rend complice d'un travail de sape visant un principe fondamental d'une démocratie : la liberté de la presse et le droit - oui le droit - de critiquer les religions et les dogmes, toutes les religions et tous les dogmes.

Ainsi, de ce point de vue, Robert Redeker avait raison de poser sa question à l'opinion publique.

Mais on nous dira qu'il n'avait pas à "insulter" le Prophète. Ou est l'insulte contre Mahomet ? Critiquer, quand bien même d'une manière erronée voire injuste, un Prophète ou bien tuer au nom de ce même Prophète ? Ou est l'insulte contre le Coran ? Dire que le Livre sacré des musulmans est d'une "inouïe violence" ou tuer, lapider et excommunier au nom de ce même Livre pour le rendre d'une inouïe violence. Ou est l'insulte contre l'islam ? Dire que le Pèlerinage à la Mecque met "en scène une foule hystérisée flirtant avec la barbarie", ou faire de la Mecque la base de lancement de cette idéologie fasciste qu'est le salafisme. Ou est l'insulte contre les musulmans ? Leur ouvrir le débat qu'ils n'osent pas aborder eux-mêmes, ou constater la barbarie et la sauvagerie qui s'abat sur le monde devant le silence assourdissant des "dignitaires musulmans". Ou est l'insulte ? Une tribune d'un professeur de philosophie ou les menaces de mort qui ne cessent de s'abattre sur lui mais aussi sur tout ceux qui osent aujourd'hui parler de l'islam, condamner l'islamisme et dénoncer le terrorisme ?

J'aimerais bien que les musulmans, notamment les religieux, qu'ils soient de la Mosquée de Paris ou de l'UOIF, qu'il soient en djellaba ou en costard cravate, j'aimerais bien qu'ils me donnent une explication claire, cohérente et logique qui me permettrait de dormir en paix et de comprendre leur silence au lendemain des attentats de Londres, Madrid, New York, Charm Echeïkh, Istanbul, Alger, Casablanca, Bali, Djerba et j'en passe. Pourquoi sont-ils si silencieux lorsque des "illuminés", nous dit-on, menacent Redeker et si prompts à poursuivre en justice Charlie Hebdo pour un simple coup de crayon ? Pourquoi organisent-ils, ou laissent-ils s'organiser, des manifestations pour le voile et devenir subitement boiteux lorsqu'il s'agit de manifester contre la barbarie terroriste qui s'applique au nom de l'islam donc en leur nom aussi ? Il est temps de rompre avec les thèses bien-pensantes. Les "musulmans modérés" ou plutôt les musulmans laïcs existent. Mais ils n'existent vraiment que lorsqu'ils exprimeront leur condamnation claire et limpide à l'égard de l'intégrisme qui tue, menace, lapide, harcèle, intimide, viole, pille, violente tout en préférant l'obscurantisme à la lumière, l'archaïsme à la modernité et la mort à la vie.

Si je devais faire un reproche à Robert Redeker, il n'y en aurait qu'un et il n'y en a qu'un, je pense que le philosophe n'a pas le droit de se cacher, n'a pas le droit de délaisser son travail et n'a pas le droit d'avoir peur. Robert Redeker est dans son droit, ce n'est pas à lui de se cacher, c'est aux criminels islamistes. Robert Redeker n'a pas à avoir peur, ce sont les tueurs fanatiques qui devraient comprendre, une fois pour toute, que les femmes et les hommes libres, les musulmans laïcs et tout ceux qui restent attachés aux principes démocratiques et républicains ne comptent pas céder devant leurs lâches intimidations. Des Redeker, il y en a et il y en aura partout. Il y en a en Algérie, il y en a au Maroc mais aussi en France, au Danemark, en Grande-Bretagne, au Pakistan ou en Égypte. Et la résistance à l'obscurantisme ne doit pas cesser. Elle ne cessera d'ailleurs pas. A ce propos, le ministre égyptien de la culture vient d'annoncer que "le port du voile est une régression", ceci au moment où deux députés français comptent proposer des "lois contre le blasphème". Quel paradoxe, sacré bon Dieu !

Mohamed Sifaoui

4 - Europe libérale

4.1 - L'Union européenne veut détruire la viticulture européenne

Il y a cent et un ans, ici même, à Maraussan, devant la foule rassemblée à l'invitation de la toute nouvelle société coopérative des Vignerons libres, Jean Jaurès déclarait "Ce qui donne à tout ce Midi de la vigne une beauté incomparable, c'est que la force joyeuse de la vie s'y exprime." Aujourd'hui, nous avons sans doute la force. Mais nous ne sommes pas joyeux. Nous sommes ici rassemblés pour exprimer notre colère et pour manifester notre détermination. Il y a quelques semaines, dans une commission du Parlement européen, le représentant de la Commission européenne a déclaré : "Ce que nous voulons, c'est une dérégulation complète du marché du vin". Telle est bien l'intention véritable de cette machine à détruire le patrimoine européen qu'est la Commission européenne. Ils prétendent défendre la viticulture européenne, mais ils refusent de la protéger et s'emploient à la dissoudre dans un marché mondial d'un vin dénaturé déjà baptisé, en anglais bien entendu, "world wine".

Quel est le problème ? Depuis six ans, l'offre de vin est supérieure à la demande car l'Europe importe à peu près autant de vin qu'elle n'en exporte.

Pourquoi ?

Deux raisons. La première : nous sommes dans un pays où on a stigmatisé jusqu'à l'absurde la consommation du vin. Les pouvoirs publics se sont faits les alliés de Coca-Cola plutôt que des vignerons qui depuis 60 ans ont consenti des efforts énormes pour privilégier la qualité. Conséquence, il y a un million de consommateurs de vin en moins qu'il y a six ans, 30% de moins qu'il y a 25 ans.

Deuxième raison, la concurrence mondiale dans un système où, à l'initiative de l'Europe notamment, le marché mondialisé et dérégulé fait la loi. Hors Europe, où les exigences de qualité ne font pas l'objet de réglementations, où les droits de plantation sont illimités, les superficies de vignobles ont augmenté considérablement au cours de ces vingt dernières années : en Afrique du Sud de 29%, en Australie de 169%, aux Etats-Unis de 26%, au Chili de 48%, en Nouvelle Zélande de 240% alors qu'elles diminuaient de 16% dans l'Europe des Quinze. Cela s'est traduit par une augmentation spectaculaire des exportations de vin de ces pays : Afrique du Sud + 770%, Australie + 500%, Chili + 270%, États-Unis + 160%.

Quelles sont les conséquences ?

En présence d'une offre plus importante que la demande, en l'absence de protections contre la concurrence déloyale avec des vins qui ne sont pas soumis aux mêmes critères de qualité, les prix chutent et le travail n'est plus rémunéré de manière satisfaisante. Chacun le sait, il manque chaque année au moins 1000 euros à l'hectare non pas pour vivre décemment, mais seulement pour couvrir les frais d'exploitation. Dans notre Languedoc Roussillon, la première région d'Europe pour la surface viticole par rapport à la surface agricole, il y a plus de 24.000 exploitations ; 30.000 personnes vivent directement de la vigne. Mais peut-on appeler cela vivre ?

Que propose la Commission européenne ?

Donner satisfaction aux États-Unis qui veulent faire disparaître nos critères de qualité et aux grandes compagnies, notamment françaises et italiennes, qui veulent pouvoir vendre en Europe les vins des domaines viticoles dont elles sont propriétaires dans les pays que j'ai cités, où il n'y a aucune exigence de qualité. La commission européenne avance quatre propositions qui sont autant d'agressions:

Première agression : puisque la production européenne est plus forte que celle du reste du monde, il faut la diminuer et arracher, en cinq ans, 400.000 hectares de vignes ! Comme on propose de lier les primes à l'arrachage à la situation économique des viticulteurs, on n'en profitera même pas pour privilégier l'arrachage là où les sols sont les moins bons. Cette stratégie d'arrachage aveugle va détruire l'outil de travail, réorienter le foncier vers la spéculation immobilière et modifier les terroirs. Inévitablement, nous cesserons d'exporter plus que nous importons. Alors que le solde actuel de nos exportations en vin équivaut encore à la vente de 100 Airbus ! C'est ainsi qu'au nom du libéralisme, on brade une des richesses du patrimoine agricole et culturel de l'Europe. Parce que la suprématie du vin européen serait menacée, la Commission ne propose rien d'autre que d'y mettre fin

Deuxième agression : la suppression des mécanismes régulateurs du marché. Dans la plus pure logique libérale, il faut abandonner toute intervention régulatrice. L'UE propose donc de supprimer les soutiens à la distillation, au stockage, aux moûts visant à la fabrication de jus de raisin. Il en résultera que, plus encore qu'aujourd'hui, c'est le marché qui fixera les cours du vin et qu'une stabilité des prix deviendra quasiment impossible. Il faut rappeler que l'Union européenne n'a contracté aucune obligation juridique contraignante de suppression des subventions à la production et à l'exportation du vin européen et qu'invoquer les règles de l'OMC relève tout simplement du mensonge.

Troisième agression : l'abandon de la preuve de la qualité sur l'étiquetage. La Commission européenne aligne la viticulture européenne sur la nomenclature de l'OMC. Elle veut supprimer des catégories qui définissent la qualité, comme l'AOC, pour les remplacer par deux catégories : les vins avec indication géographique et les vins sans indication géographique. Ce qui signifie que l'Europe devrait renoncer à des qualifications qui non seulement fournissent l'origine, mais également garantissent le respect d'un cahier des charges dans lequel interviennent des critères comme l'encépagement, la maîtrise des rendements, les méthodes de vinification, de stockage et de vieillissement du vin. On renonce aux règles existantes pour faciliter la vente de vins non européens en faisant disparaître la possibilité d'identifier leur qualité. C'est une belle prime aux fraudeurs. Pour une Commission européenne qui ne cesse de déclarer qu'elle travaille dans l'intérêt des consommateurs, voici la preuve du contraire.

Quatrième agression : l'abandon des critères de qualité. La Commission s'octroie la compétence, jusqu'ici détenue par les gouvernements, de définir les pratiques oenologiques. Elle veut que les viticulteurs européens adoptent les méthodes de vinification de nos concurrents. Elle veut permettre que l'on ajoute des copeaux de chêne, des arômes synthétiques, des levures, des cépages aromatiques créés par des modification génétique. Elle veut qu'on puisse mélanger des vins européens avec des vins venus d'ailleurs. Elle veut mettre fin à l'interdiction de vinifier des moûts importés.

C'est un véritable plan de dénaturation des vins européens que l'Union européenne entend mettre en place. On renonce, pour plaire aux Etats-Unis, à tout ce qui fait la qualité de nos vins et on insulte ainsi le travail de générations de viticulteurs qui, inlassablement, ont recherché une qualité toujours plus grande. Le vin, notre vin, recèle du sens et de l'originalité. C'est cela qu'on veut détruire. Je souligne qu'il n'existe actuellement aucune obligation de la part de l'OMC, de négocier l'abandon de ce qui fait l'originalité du vin européen : un vin issu exclusivement de la fermentation du jus de raisin suite au travail patient et ingénieux du vigneron.

A cette formidable agression contre la civilisation européenne du vin, quelle riposte possible ?

La crise qui frappe la viticulture est à bien des égards comparable à celle de 1907. Nos aînés ont su faire entendre le cri de désespoir qu'ils ont lancé alors. Et obtenir les réformes indispensables. Parce qu'ils avaient appelé à la grève de l'impôt et à la démission des municipalités, ceux qui s'étaient appelés eux-mêmes des "Gueux" ont bravé les soldats de Clémenceau avant que ces derniers ne fraternisent avec les vignerons. C'est grâce à eux que la définition du vin comme produit naturel a été conquise. Ce sont eux qui ont lancé le mouvement des caves coopératives.

Aujourd'hui, l'agression est européenne, mais elle est européenne parce qu'il y a des complicités nationales. En effet, ce que la Commission européenne propose doit avoir l'accord des gouvernements. Certains suggèrent ce qu'ils appellent "un Grenelle de la viticulture". Je ne crois pas que cela suffise. Parce que le problème est à la fois national et européen. On ne peut donc se replier sur des solutions nationales qui n'auront qu'une efficacité limitée s'il n'y a pas en même temps une confrontation avec les institutions européennes.

J'ai bien dit une confrontation. Il n'y a rien à espérer d'une Commission européenne qui dans tous les domaines entend faire disparaître la primauté de l'intérêt général. Il n'y a rien à espérer d'une Commission européenne qui ne propose pour toute politique que la dérégulation et la loi du marché. S'il est aujourd'hui une rupture qui s'impose, c'est celle qui consiste à dire : c'est terminé, on n'accepte plus le diktat d'une Europe qui se construit contre nous.

D'autres que nous l'ont déjà fait et avec succès. Rappelez-vous les dockers de tous les ports d'Europe. Ils nous ont donné une formidable leçon de combativité ; ils ont montré qu'en étant unis et déterminés, on peut arrêter la machine infernale.

Les viticulteurs seraient-ils moins déterminés, moins nombreux et leur cause moins juste que celle des dockers ?

A cette question, la première réponse appartient aux vignerons eux-mêmes : il faut faire l'unité de la viticulture paysanne européenne et organiser la riposte au niveau européen avec une détermination sans faille.

La deuxième réponse nous appartient à nous, tous ensemble, vignerons et défenseurs de la civilisation du vin. Il nous faut interpeller les élus nationaux et européens, interpeller le gouvernement français et les institutions européennes. Nous pouvons les interpeller individuellement et collectivement : visitons les parlementaires et visitons les oreilles du pouvoir que sont les préfets. Organisons des rassemblements comme celui-ci, des manifestations à Paris, à Bruxelles et à Strasbourg. N'attendons pas que les journalistes viennent à nous. Ils ne viendront pas. Allons visiter les rédactions des journaux, des radios et des télévisions pour dire une vérité qu'ils passent sous silence.

Ne nous contentons pas de fausses réponses. Exigeons une véritable protection de la viticulture européenne. Se protéger est un droit. Aujourd'hui, au nom du libre-échange le plus sauvage, on veut nous interdire toute protection. Une Union européenne qui ne protège pas les spécificités de l'Europe doit changer. Sinon, elle prouve qu'elle ne sert à rien.

Jaurès, ici même, se réjouissait de la journée "rayonnante d'espérance" qu'il avait passée à Maraussan. Que ce 17 novembre soit aussi pour les pays de la vigne une journée d'espérance parce que c'est une journée où, tous ensemble, nous entendons être dignes de nos aînés de 1907.

Raoul Marc JENNAR Chercheur altermondialiste
Membre du comité de parrainage de l'Appel contre les naufrageurs du vin

5 - Les laïques sur le terrain

5.1 - La laïcité en danger

"Jamais les principes laïques de séparation des Églises et de l'État n'auront été aussi attaqués que ces derniers mois", constate Pierre Cassen, vice-président de l'Union des familles laïques (Ufal), actuellement à la Réunion pour une série de rencontres et de conférences.

L'Ufal, qui veut monter un comité à la Réunion, s'est mobilisée en 2003 et 2004 pour une loi contre les signes religieux à l'école et plus récemment contre le projet de constitution européenne, qui portait "des attaques contre la laïcité à la française".

Exemple des menaces qui pèsent sur la laïcité, la loi du 13 août 2004, qui oblige une municipalité X à financer les écoles privées de la commune voisine Y si des enfants habitant la municipalité X sont inscrits dans un cours privé de la commune Y. "Les maires disent qu'ils n'ont plus suffisamment de moyens pour financer l'école publique, mais il va falloir donner de l'argent à l'école privée", dénonce Pierre Cassen.

Dans l'Hexagone, l'association des maires ruraux a refusé d'appliquer cette loi et a déposé un recours auprès du conseil d'État. L'Ufal et ses relais locaux espèrent que les maires réunionnais réagiront à leur tour.

Le vice-président de l'Ufal s'élève également contre les conclusions de la commission Machelon. Si ces conclusions sont adoptées, des fonds publics viendront financer en partie la construction d'églises, de mosquées ou de temples, "voire de sectes qui se réclament d'une Église", ajoute Pierre Cassen.

"Pas le problème de la République"

Nicolas Sarkozy s'y est dit favorable, au nom d'une prétendue égalité de traitement des religions. Les Iaïcs interprètent plutôt ces projets comme une grave atteinte à la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État. "Les religions, ce n'est pas le problème de la République", martèle l'Ufal.

Or, plusieurs hommes et femmes politiques semblent se rapprocher, en France, de la conception anglo-saxonne de la laïcité, celle de l'égalité de traitement des religions. "Pour beaucoup de politiques, la laïcité devient synonyme de dialogue interreligieux, analyse Pierre Cassen. Quand Sarkozy est venu (à la Réunion, note FLJ) l'année dernière fêter le centenaire de la loi de 1905, il a rassemblé autour de lui les représentants des religions. Où sont les laïcs, qui se sont battus contre les Églises pour faire adopter cette loi ? Ségolène Royal a fait la même chose lors de sa visite dernièrement".

"Le droit de critiquer"

La liberté d'expression et le droit de critiquer tous les dogmes vacillent eux aussi, dénonce l'Ufal. Le dessinateur Cabu et "Charlie Hebdo" poursuivis pour avoir publié un dessin de Mahomet, un député qui dépose un projet de loi à l'Assemblée nationale contre le blasphème, Ségolène Royal qui affirme que si elle est élue, elle n'acceptera pas qu'on insulte Dieu, un professeur de philosophie menacé de mort et vivant sous surveillance policière depuis qu'il a vivement critiqué l'islam.

"Sur ce dernier point, je ne veux même pas entrer dans le débat de savoir si Robert Redeker est allé trop loin. On a le droit, en France, de critiquer ce que certains considèrent comme sacré et intouchable", juge le vice-président de l'Ufal.

L'Ufal et ses correspondants réunionnais espèrent trouver un écho à leurs idées dans l'île. Car ici comme ailleurs, malgré l'impression de tolérance et coexistence pacifique des religions, la laïcité doit être constamment défendue.


La première conférence-débat sur la complémentarité entre combat social et combat laïque se tiendra vendredi 24 à 18h "À l'Ét@ge", à Saint-Pierre, angle des rues Barquissau et des Bons-Enfants. Tél. : 0692 09 58 01. D'autres suivront à Saint-Denis et à Sainte-Suzanne.

Stéphane Arlen président de l'association Faire Le Jour
www.fairelejour.org

Source : Quotidien de la Réunion du 19 novembre

5.2 - Hani Ramadan encore à Lyon

9 décembre 2006

Chères amies, chers amis,

Hani Ramadan a choisi le 9 décembre, jour anniversaire de la loi de séparation des églises et de l'Etat, pour venir donner son 2ème cours du cycle de 3 ans de sciences islamiques sur le thème de la "purification" à la librairie Tawhid dans le 6ème arrondissement de Lyon.

Nous poursuivons avec vous toutes et tous notre action (plus de 1 500 signatures recueillies, merci de poursuivre la diffusion de la pétition).

Laisser de tels prédicateurs enseigner, dans une mosquée ou un centre coranique, l'idéologie totalitaire de la sharia, contraire aux principes constitutionnels de laïcité et d'égalité en droit des hommes et des femmes, c'est abandonner nos compatriotes et les personnes vivant sur le territoire, de confession ou de filiation musulmane, à subir leur endoctrinement. Donc le 9 décembre à Lyon nous montrerons notre détermination à refuser leur venue sur le territoire national.

Voici ce que nous avons prévu

-vers 14h un rassemblement devant la librairie Tawhid, pour montrer notre refus d'abandonner les territoires de la République aux "prêcheurs de haine". Nous sommes en contact avec une chorégraphe de hip-hop pour prévoir un évènement artistique

-tout de suite après, (de 15h à 17h) un colloque sur le thème "Pour les Lumières, contre les obscurantistes".

Nous vous préciserons les lieux de rendez-vous. Ils sont proches de la gare de la Part-Dieu pour ceux qui viendront en train.

Ont déjà annoncé leur présence :Yvette Roudy, Corinne Lepage, Pierre Cassen (Respublica), Salika Wengler (de Genève : Présidente des femmes parlementaires et présidente de ni putes ni soumises Genève), Esther Fouchier (Forum femmes méditérranée), Alia Sebti Moschetto,(écrivain), Nicole Thuet (du collectif 13 droit des Femmes ), Mohamed Kanchi,...

Une superbe exposition des photos de Pierre-Yves GINET "Elles : exister, résister, ici et ailleurs" a lieu au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon, 14 avenue Berthelot Lyon 6ème. En lien avec la manifestation de l'après-midi, le photographe et l'association Femmes ici et ailleurs nous proposent d'organiser une visite guidée et commentée le 9 décembre en fin de matinée. Si vous souhaitez participer à cette visite, merci de nous le confirmer, le nombre de personnes est limité.

Bien à vous,

Michèle Vianès Présidente de Regards de Femmes
Auteur de " Un voile sur la République " Stock, et " Les islamistes en manoeuvre Silence, on manipule "
Editions Hors Commerce

5.3 - Ploërmel : la statue pas en odeur de sainteté

Avant même d'avoir atteint le sol français, la statue de Jean Paul II destinée à être installée sur la place éponyme de Ploërmel (56) a rassemblé, hier, plus de 500 personnes bien décidées à lui barrer la route. De Brest, de Nantes, du Nord et bien sûr de Ploërmel et ses environs, elles sont venues avec ou sans étiquette, pour s'opposer à l'érection du monument, payée en partie par des fonds publics, sur une place publique.

"La statue de Jean Paul II va bien, je l'ai vue chargée dans le camion à Moscou", assurait, hier après-midi, le maire de Ploërmel, Paul Anselin. Pourtant, quelques minutes plus tard, plus de 500 personnes défilaient dans sa ville, pour manifester contre l'arrivée de ce cadeau d'un artiste russe. "Paul Anselin, ta statue, tu la mets dans ton jardin", répétait en choeur le cortège. "Une statue de Jean Paul II, pourquoi pas", scandait au micro Annick Fontaine, du collectif Non à la statue à Ploërmel. "Mais pas sur une place publique, et surtout pas avec des fonds publics". Car si la statue et son transport jusqu'à Ploërmel sont offerts par l'artiste Zurab Tsurateli, l'érection du monument coûte 8.000 euros, payés en partie par des entreprises locales "et par le conseil général, qui donne une petite subvention au titre du granit breton utilisé pour le socle", précise le maire de la commune morbihannaise. A quoi il faut ajouter les 4.000 euros des quatre projecteurs déjà installés pour illuminer l'oeuvre.

"Un recul qu'il faut dénoncer"

"Cette utilisation de fonds publics pour ériger un monument religieux, c'est un recul qu'il faut dénoncer. Aujourd'hui, on est donc venu pour défendre la laïcité" expliquait Jean-François, au nom de ses camarades du syndicat Education Sud.

Egalement venu pour dénoncer la transgression de la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, Nicolas, venu du Nord au nom d'un collectif communiste libertaire, estime pour sa part qu' "inaugurer la statue le 9 décembre, jour du 101 e anniversaire de la loi de 1905, c'est de la provocation". "Il aurait fallu consulter les Ploërmelais. Il ne faut pas oublier que dans cette commune, on attend toujours un lycée public", rappelait Daniel, drapeau de la CGT en main.

"Culte de la personnalité"

"Sans étiquette", plusieurs familles de la commune faisaient également partie du défilé. Certaines regrettant "le culte de la personnalité voué par le maire" à Jean Paul II, qu'il qualifie de "géant de l'histoire, homme de la paix et des Droits de l'Homme". Si les organisateurs s'estimaient satisfaits de la mobilisation, Paul Anselin, pour sa part, assure que les Ploërmelais, ses "seuls juges", répondront plus massivement à l'inauguration du 9 décembre, qu'à la manifestation d'hier, une "occupation futile" selon lui. D'ici là, des représentants du collectif contre la statue à Ploërmel seront reçus, jeudi prochain au conseil général et vendredi à la préfecture.

Le Télégramme

Source : Le Télégramme du Lundi 20 novembre

6 - laïcité

6.1 - Restauration scolaire et laïcité

Une pétition circule actuellement pour demander que de la viande halal soit servie dans les écoles maternelles et primaires de la ville. Rappelons qu'à Tremblay, la restauration scolaire constitue un service public et laïque.

C'est également un service facultatif.

C'est pourquoi le refus de la municipalité de prendre en compte les exigences alimentaires, d'ordre confessionnel, que certains parents estiment devoir imposer à leurs enfants âgés de 3 à 12 ans ne peut pas être considéré comme une atteinte à la liberté de culte.

Un usage ancien fait, cependant, que les cantines scolaires proposent un choix alternatif le vendredi (culte chrétien) ou lorsqu'il y a du porc (cultes musulman et israélite) sans que ce choix soit réservé aux seuls élèves se réclamant d'une religion.

En revanche, la préparation des repas selon des rites particuliers (halal ou casher, par exemple) n'est pas envisageable.

En effet, une telle prestation spécifique ne s'inscrit pas dans le cadre de la finalité du service public de restauration scolaire et porterait atteinte au principe d'égalité des usagers qui n'autorise les différences de traitement que lorsqu'il existe des différences de situation objectives (maladies, allergies) et non pas d'opinion (habitudes ou rituels alimentaires).

Le rôle de l'école publique, laïque et républicaine n'est pas de conforter l'ordre social établi. Son devoir, c'est de transmettre à chaque enfant les désirs, les savoirs et les méthodes qui lui permettront de choisir sa destinée et de la construire, dans un climat de liberté, d'égalité et de fraternité.

Philippe Fleutot Maire-adjoint socialiste du Tremblay (93)

6.2 - Le délit de blasphème

Le Grand Orient de France serait heureux de vous recevoir à l'occasion des Conférences Publiques qu'il organise dans le cadre des

" Journées de la Laïcité du Grand Orient de France"

avec la participation du Comité Laïcité-République, de l'U.F.A.L. , du Mouvement Europe et Laïcité - CAEDEL, des Cahiers de l'Orient et de l'Association Chevalier de la Barre.

Contact reservations : En raison du nombre de places limitées, il est préférable de réserver auprès de : Nicole REVIDON au 01.45.23.74.49 ou nicole.revidon@godf-asso.com

ReSPUBLICA

6.3 - Face aux menaces intégristes : défendre la liberté d'expression et la laïcité

Cap 21 et Madame Corinne LEPAGE ont le plaisir de vous inviter à participer à la soirée débat sur le thème :

"Face aux menaces intégristes : défendre la liberté d'expression et la laïcité"

Participeront au débat :

Participation aux frais : 5 euros

Pré-inscription obligatoire pour des raisons de sécurité auprès de Sylviane TROPPER

ReSPUBLICA

6.4 - Pour un mouvement laïque international

SAMEDI 10 ET DIMANCHE 11 FEVRIER 2006

Nous appelons les femmes et les hommes, dans tous les pays, à constituer une force de résistance pour un mouvement laïque international :

Sur ces objectifs, un collectif d'initiative (ouvert) s'est constitué pour une première rencontre laïque internationale à Paris, les 10 et 11 février 2007.

Contact : contacts@laicity.info

Le Collectif D'initiative Laïcity c/o UFAL - 27, rue de la Réunion - 75020 PARIS - France
Tél. : 01.46.27.09.25, 06.73.03.37.89

7 - débats laïques

7.1 - Combat pour la laïcité, ou combat contre les religions ?

En 1989, alors que les grandes organisations naguère laïques ont abandonné le principe de la laïcité pour le remplacer par une "laïcité dite ouverte" qui n'était rien d'autre qu'un faux nez du communautarisme, l'adversaire résolu du principe de laïcité ,voilà qu'éclate la première offensive islamiste dans un lycée de Creil.

Toutes les directions des grandes organisations sont plus ou moins complaisantes avec l'intégrisme islamiste. Seul un "village gaulois" organise un banquet républicain de 1500 personnes au Palais des sports de Créteil pour dire non aux signes religieux à l'école et à demander de légiférer pour annuler l'article 10 de la loi du 10 juillet 1989 voulu par Lionel Jospin dont la jurisprudence autorise les signes religieux à l'école en détrônant les circulaires de Jean Zay du Front populaire qui interdisaient eux les signes religieux à l'école.

Les premières études d'opinion montraient que le peuple et en premier lieu les couches populaires étaient plutôt du coté du "village gaulois". Mais les élites de l'extrême droite, de la droite ,de la gauche et de l'extrême gauche , vous savez ceux qui possèdent la vérité révélée, pensent savoir mieux que le peuple.

Puis le "village gaulois" s'organise et le 6 mai 2003 ,une tribune dans le journal Libération lance la campagne pour une loi contre les signes religieux à l'école. L'adresse électronique placée en fin d'article permet le maillage dans des départements nouveaux. L'UFAL lance la campagne, réunions publiques ,contact des parlementaires.

Puis la mission parlementaire présidée par Jean-Louis Debré ,s'apprête (avec tous les députés de gauche de la mission et la majorité de la droite ) à reprendre la proposition de l'UFAL interdisant les signes religieux visibles à l'école.

Mais Jacques Chirac alerté veille. Il crée aussitôt la commission Stasi qui changera visibles en ostensibles pour favoriser le christianisme(et ses petites croix) face aux autres religions.

Le grand tournant de cette commission est l'audition de Jean Paul Costa, vice-président de la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg, le 17 octobre de cette année-là ,qui met en garde la Commission Stasi sur le fait que si la France interdit un signe religieux à l'école sans référence à une loi ,elle sera systématiquement condamné par la Cour en fonction de la jurisprudence sur les affaires turques qu'elle a notamment traité.

La voie est alors tracée pour la loi du 15 mars 2004 qui fut une avancée capitale pour le combat laïque .

Malheureusement, cette loi ,quoique positive, est insuffisante pour l'école notamment dans certaines activités scolaires comme les sorties scolaires, la restauration, les pressions sur les enseignants sur leurs enseignements. Nous devons continuer ce combat pour que la séparation de la sphère publique et privée soit totale à l'école.

Au lieu de continuer ce combat, un certain nombre de militants décident d'abandonner le combat pour le principe de laïcité (qui est séparation de la sphère publique et de la sphère privée) pour mener un combat contre les religions dans la sphère privée, par exemple en voulant supprimer les signes religieux dans la rue (qui est comme chacun sait un espace public relevant de la sphère privée de chacun). Il transforme donc le combat laïque en combat contre les religions alors que la laïcité est liberté religieuse dans la sphère privée et interdiction de l'immixion de la religion dans la sphère publique.

C'est une grande erreur d'abandonner le corpus laïque et républicain et de ne se déterminer uniquement qu'en fonction d'un adversaire. Dans l'ordre des raisons, un laïque et un républicain donne la priorité à la promotion de ses principes et non au combat contre un adversaire. L'adversaire est donc celui qui s'oppose à ces principes. L'adversaire ne se détermine que par rapport à ces principes et ne se détermine pas en dehors de ces derniers.

On ne peut pas s' être battu de 1989 à 2006 en utilisant le principe de laïcité contre les signes religieux à l'école(sphère publique par excellence) et en ayant dit que l'application des dogmes et des pratiques religieuses relevait de la sphère privée pour aujourd'hui accepter de dire que nous sommes pour la suppression des signes religieux dans la rue (sphère privée par excellence).

Les militants qui défendent la suppression des signes religieux dans la sphère privée ne peuvent donc pas le faire au nom de laïcité. Ils doivent donc dire quels sont les soubassements philosophiques et politiques qui justifient leurs propositions. Il est clair que dans ce cas, ils troqueront le combat laïque pour un combat athéiste dont on sait dans l'histoire que ce fut toujours une impasse.

Il me semble donc préférable,au lieu de cette impasse, de continuer le combat laïque et de parfaire la loi du 15 mars 2004 en demandant de légiférer :

- pour l'extension de la loi du 15 mars 2004 aux sorties scolaires

- pour régler une fois pour toutes les communautarisations de l'espace scolaire pendant la restauration scolaire (par exemple en imposant deux hors d'oeuvres ,2 plats et deux desserts à tous les élèves)

- pour protéger les enseignants des pressions intolérables qui sont faites contre le contenu de leur enseignement(en histoire,en biologie,etc.).

Et également de demander l'application de la stricte séparation de la sphère publique et privée

Pour protéger l'ensemble de la sphère publique sans exception (services publics contre logique financière par exemple).

Ne faisons pas comme les communautaristes qui utilisent le mot laïcité en le vidant de sa substance. La laïcité permet la défense de la liberté de conscience par application du principe de séparation de la sphère privée et de la sphère publique tant dans le domaine idéologique et religieux ,que dans le domaine institutionnel que dans le domaine économique (ou il fonde la notion de service public). Elle ne doit pas être détournée de son sens. Il y a encore loin de la coupe aux lèvres pour ce principe de laïcité qui n'est pas encore suffisamment appliqué dans toutes ses dimensions. Continuons donc ce combat laïque en priorité toujours en liaison avec le combat social.

Jérôme Manouchian

7.2 - Vous avez dit "Belphégor" ?

C'est un samedi après midi, jour d'affluence à la grande bibliothèque du centre ville de Marseille. Deux vigiles font ouvrir les sacs aux portes d'entrée, c'est leur boulot, plan vigipirate oblige. Une femme toute de noire vêtue entre dans l'établissement, accompagnée d'un barbu en djellaba. Cette femme porte le voile iranien (ou voile intégral) n'autorisant qu'une minuscule fente autour des yeux. Les vigiles la laissent passer, parce que "nous sommes dans un quartier populaire et qu'il faut tenir compte de la population locale" m'expliquent ils lorsque je leur fais part de mon étonnement.

L'un d'eux reconnait que l'impossibilité d'identifier ces femmes pose en effet un problème, sous entendu : il n'applique les consignes que parce qu'il est payé pour ça. Il me propose d'avoir un entretien avec le chef de la sécurité. Celui-ci est de suite très conciliant et m'accorde une dizaine de minutes. Il m'indique la boîte à suggestions dans laquelle je peux exprimer par écrit mes remarques et me suggère, par ailleurs, d'envoyer un courrier au directeur de la bibliothèque.

Mais ce n'est pas une lettre qu'il faudrait faire, c'est une pétition. Car il est évident que ces tenues islamistes dérangent la grande majorité des citoyens qu'ils soient non croyants, ou croyants, musulmans compris et que dans une bibliothèque comme dans la rue, elles nous renvoient inexorablement les images insupportables des femmes iraniennes ou afghanes.

Ce qu'il faut voir, c'est que ces femmes sans visage dont on ne parle pas ou si peu et qui envahissent de plus en plus notre espace public, ce sont des icônes de l'Islam politique. De par leur tenue, elles agressent en priorité les autres femmes. Elles sont une offense à toutes celles qui se battent au quotidien pour leur émancipation. Elles font peur à toutes celles qui résistent à la pression de leur communauté. Elles sont les missionnaires silencieuses de l'offensive obscurantiste qui se sert des libertés individuelles et des failles de notre République laïque pour poser les bases d'une société démantelée, une société où le communautarisme ouvrira d'autres brèches à toutes les formes d'intégrismes. Dans cette offensive, ce sont les femmes qui sont les cibles et les porteurs de drapeau.

Azar Majédi (Respublica 485) affirme qu'une société ne peut fonctionner avec des êtres sans visage et je suis d'accord avec elle. Le problème c'est que nous sommes déjà dans une société qui autorise la circulation d'êtres sans visage. Force est de constater, dans les rues de nos villes, comme on peut le voir à Marseille, la prolifération de femmes portant le voile intégral ou "niquab", la prolifération de femmes entièrement masquées du voile noir des "Belphégors" (ce sont des monoqqabates). Ces masses sombres couvertes jusqu'au bout des doigts ne peuvent marcher sans leur mari de barbu à leur côté. Celui-ci porte souvent le fameux petit siège pliant permettant au postérieur de la belle (phégor) d'échapper à l'impureté des lieux communs.

"Autoriser ces tenues vestimentaires revient à insulter la dignité humaine" poursuit Azar Majédi. Et nous en sommes là, en France, pays des droits de l'homme, à tolérer cette "forme d'humiliation et de dégradation".

Il s'agit de défendre la laïcité me direz vous. Mais si c'est bien sur les bases intangibles du respect de la laïcité dans tous les lieux publics que nous devons nous battre, il faut reconnaître l'urgence de la situation et mesurer l'ampleur du désastre. Les fondamentalistes islamistes ont franchi allégrement les limites de l'intolérable en imposant à la société toute entière, à travers la tenue des femmes, l'empreinte de leur présence et en affichant aux yeux des représentants de la collectivité, les marques de leur pouvoir. Les autorités locales ont laissé rentrer le foulard islamique dans l'enceinte des lieux publics laissant la porte ouverte à toutes les évolutions possibles du voile, ignorant totalement le problème lié à l'identification de la personne. C'est ce qui se passe à Marseille comme dans bien d'autres villes.

Il ne s'agit pas de faire le jeu de l'extrême droite qui veut régler le problème en interdisant totalement le port de foulard. Il s'agit d'imposer les limites définies par le principe de laïcité et de protéger la sphère publique du phénomène religieux.

La gauche comme la droite plonge dans le marasme confus des revendications identitaires. Régionalistes et communautaristes se servent de la laïcité comme d'une mascotte malléable et adaptable en toute circonstance. N'a-t-on pas entendu Ségolène Royale invoquer soudainement la laïcité au nom des droits des femmes ? Elle qui prétendait, pendant la campagne pour une loi contre les signes religieux à l'école publique, que le string c'était pire que le voile.

Nous, les laïques et républicains, devons considérer la loi du 15 mars 2004 comme une première étape vers un renforcement de la laïcité et vers son application stricte dans toute la sphère publique. Je verrais plutôt dans l'urgence une proposition comme celle qui suit :

Reste un débat toujours ouvert sur l'avancée de l'Islam intégriste qui se montre chaque jour plus revendicatif - demandes croissante de viande halal dans les écoles - et qui s'affiche sans retenue à travers le corps de plus en plus dissimulé des femmes.

On peut toujours espérer qu'un(e) futur(e) candidat(e) lance le défit à gauche et propose, sur ce terrain occupé par l'extrême droite, des solutions à la hauteur des enjeux laïques et républicains. Mais pour le moment la nasse est bien vide !

Brigitte Bré Bayle

8 - combat féministe

8.1 - Les femmes polonaises brisent le silence! Elles exigent l'avortement légal !

Environ 60 personnes ont manifesté le 14 novembre devant le Parlement Polonais à Varsovie exigeant l'abrogation de la loi anti-avortement. En présence des médias, une dizaine de femmes tenait des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "J'ai avorté". Les organisatrices ont annoncé que ces manifestations auront lieu toutes les semaines.

L'objectif principal de ce rassemblement était un "coming out" collectif afin que les femmes puissent enfin reconnaître publiquement avoir avorté. Ce type d'action a déjà eu lieu dans les années 70 dans des pays comme la France ou l'Allemagne. Le collectif "Pro Choice 2006" qui organise cette action espère que le tabou sera également brisé en Pologne et que des personnalités connues auront le courage de dire à voix haute "j'ai avorté". En France, par exemple, des personnalités telles que Catherine Deneuve, Jeanne Moreau, Marguerite Duras, Françoise Sagan et Marina Vlady et en Allemagne Romy Schneider ont eu ce courage alors qu'elles risquaient 3 ans de prison.

L'animatrice du rassemblement, Katarzyna Bratkowska, de l'Entente des Femmes du 8 mars et du Comité d'Aide au Salariés Victimes de Répression KPiORP a déclaré qu'en Pologne, la seule personne qui a reconnu publiquement avoir interrompu une grossesse (à la télévision publique le 24 octobre dernier) était Wanda Nowicka, la présidente de la Fédération du Planning Familial polonais et candidate à la municipalité de Varsovie sur la liste du Parti Polonais du Travail.

Avant cette événement, les seules à parler ouvertement d'une IVG ont été Nina Andrycz et l'écrivaine Anna Bojarska. Ewa Dabrowska-Szulc, présidente de l'association Pro Femina, n'a jamais caché avoir vécu une IVG et l'a reconnu publiquement à la manifestation du 4 novembre pour le droit à l'avortement. L'écrivaine Hanna Samson a également participé à cette manifestation ou elle a tenu par solidarité, une pancarte "J'ai avorté".

Au cours de la manifestation, Irena Komorowska, responsable syndicale, présidente de l'Union des Travailleurs des Services de Santé et militante du Comité d'aide aux Salariés KPiORP a raconté aux journalistes présents comment elle avait vécu un avortement du temps de la République Populaire de Pologne : "J'étais infirmière, j'avais déjà deux enfants et je savais que je ne pouvais pas me permettre d'en avoir d'autres. Je devais être responsable. Comme l'avortement était alors gratuit, le plus simplement du monde je suis allée à l'hôpital de la rue Karowa et j'ai avorté en toute sécurité, dans des conditions normales, sans peur et sans honte. Toutes les femmes en Pologne doivent aujourd'hui avoir la même possibilité que moi à l'époque".

"Nous sommes venues ici pour briser ce silence qui est l'effet de l'angoisse et de la terreur causée par la propagande anti-avortement des 15 dernières années. Ces femmes désignées comme "criminelles", ces femmes auxquelles on dénie le droit de décider de leur vie et de vivre selon leur conscience, elles sont des millions.

Le silence de ces femmes célèbres qui en privé déclarent avoir avorté est la meilleure preuve de cette peur, mais la peur n'est pas un consentement. Aujourd'hui nous sommes rassemblées pour ensemble dire "Oui, j'ai avorté". Comme les Françaises et les Allemandes et les femmes d'autres pays nous refusons les lois piétinant les libertés fondamentales des femmes. Aujourd'hui, seule 20% des femmes en Pologne est libre. Ce sont celles qui peuvent payer une IVG clandestine. Toutes les autres sont condamnées à accoucher d'enfants non désirés ou à avorter seules, dans des conditions dangereuses pour leur vie et leur santé. Nous exigeons l'éducation sexuelle, l'accès universel à la contraception et l'avortement libre et gratuit !" - tel fut le discours prononcé par Katarzyna Bratkowska au cours de la manifestation.

Les manifestants ont souligné que contrairement à ce que disent les médias la loi anti-avortement n'est pas un compromis mais l'effet des pressions de l'Eglise catholique. Dans les années 90 les élites politiques issus de la dissidence anti-communiste avaient décidé de faire ce cadeau à l'Eglise en remerciement pour son soutien. Quand la "pseudo-gauche" social-libérale de l'Union de Gauche Démocratique a pris le pouvoir, malgré les promesses électorales, les politiciens issus de ce mouvement ainsi que les médias tels que "Gazeta Wyborcza" ont vendu les droits des femmes en échange du soutien de l'Eglise catholique à l'entrée de la Pologne dans l'Union Européenne.

"Nous sommes ici aujourd'hui parce que nous avons décidé de dire stop à l'hypocrisie qui règne dans ce bâtiment" - continuait Irena Komorowska en désignant le Parlement. "L'interdiction de l'avortement c'est avant tout l'enfer pour les femmes pauvres, les chômeuses et celles qui ont déjà une famille nombreuse et ne peuvent pas se permettre d'élever un enfant de plus. Elles n'ont pas de quoi payer un avortement clandestin. Seules les femmes riches, comme les épouses et les maîtresses de messieurs les politiciens qui luttent avec tant d'acharnement pour la "protection de la vie", peuvent se permettre un avortement. Tout simplement, elles montent dans une voiture, vont à l'étranger et peuvent avorter en toute sécurité et légalité. Je ne veux pas que ces politiciens décident de la vie de ma fille et de ma petite-fille. Nous devons dire NON à cette loi restrictive qui cause la souffrance de tant de femmes. " - conclua Komorowska.

"En France ce ne sont pas seulement les femmes qui ont dénoncé l'interdiction de l'avortement. En 1971 300 médecins français ont reconnu avoir pratiqué des avortements. Ils risquaient alors de perdre le droit l'exercer leur métier et d'aller en prison et malgré cela ils ont exigé la légalisation de l'avortement pour les femmes." - rappela Bratkowska. "En Occident c'est grâce à ce genre d'action et à leur courage que les femmes ont obtenu le droit à l'avortement et elles commémore cette journée comme une fête, la fête de la Liberté. Et nous aussi, nous voulons commencer la fête. La Fête du Courage. Nous brisons le silence !".

Merci à toutes et à tous

traduit du Polonais par Monika Karbowska

Magdalena Ostrowska

Source : www.lewica.pl

8.2 - Les mariages forcés toujours aussi nombreux

En dépit des campagnes de sensibilisation, chaque année 70 000 jeunes filles vivant en France seraient contraintes d'épouser un inconnu au bled.

"J'AI découvert que mes parents m'avaient promise à un homme du village en surprenant une conversation", explique Cira, 16 ans, d'origine malienne. L'adolescente a bien tenté d'en parler à sa mère, mais s'est heurtée à un "c'est comme ça" aussi las que ferme. Avec la menace d'être exclue de la famille en cas de refus. "Je suis en BEP secrétariat. Je ne veux pas me marier à un homme qui a presque trente ans et que je connais pas." Pour autant, Cira hésite à dénoncer ses parents. Elle oscille entre la révolte et la résignation, se raccroche à l'idée qu'elle divorcera ensuite pour vivre sa vie.

Comme elle, près de 70 000 jeunes filles seraient menacées de mariages forcés, selon une estimation du Groupement pour l'abolition des mutilations sexuelles (Gams). Jusqu'à présent, les diverses campagnes de sensibilisation comme les modifications législatives n'ont pas enrayé le phénomène. Début 2006, la majorité nubile est passée à 18 ans et les unions douteuses peuvent faire l'objet d'enquête.

À mesure que les contrôles se renforcent, les familles les plus arc-boutées sur leurs traditions adaptent leur stratégie. "On observe un retour des mariages précoces", s'inquiète le Gams. "Les parents ont parfois vu les aînées leur échapper, alors ils marient les cadettes très jeunes, avant qu'elles n'aient un copain", explique la directrice du Gams, Isabelle Gillette-Faye. Beaucoup ont également renoué avec les mariages au village ou au bled car "ils ont compris qu'en France c'était plus surveillé et plus compliqué pour régulariser ensuite un mari sans-papier". Désormais, toutes les vacances scolaires sont devenues des "périodes à risque", alerte Isabelle Gillette-Faye.

En Seine-Saint-Denis, département qui compte le plus d'immigrés, les travailleurs sociaux et les enseignants sont particulièrement mobilisés. Ils lancent une nouvelle campagne de prévention reposant autant sur les jeunes que sur les parents. Car empêcher ces unions forcées reste complexe. "La première tendance serait d'éloigner la jeune fille, mais souvent, elles ne veulent pas quitter leur famille, explique Linda M., infirmière scolaire à Bobigny. Alors, on essaie de gagner du temps. Mais je fais un à deux signalements par an à la justice, avec des succès divers..." Les jeunes filles changent souvent d'avis, les juges ne suivent pas toujours et les services sociaux "sont réticents à prendre en charge ces filles sur le long terme", ajoute cette infirmière.

"L'ambiguïté des mères"

Les services sociaux notent que les mariages forcés sont plus répandus chez les immigrés de fraîche date et que la pratique s'estompe avec le temps passé en France. "Autrefois, les Maghrébines trouvaient normal de se marier ainsi. On n'en parlait pas. Maintenant, un certain nombre de jeunes filles revendiquent des droits, analyse Emmanuelle Piet, qui coordonne la politique familiale au conseil général de Seine-Saint-Denis. En revanche, dans les familles pakistanaises, les filles acceptent, pour l'instant. La pratique est commune chez les primo-arrivants."

La persistance de ces mariages repose aussi sur "l'ambiguïté des mères", reconnaît Ernestine Ronai, responsable de l'Observatoire des violences contre les femmes en Seine-Saint-Denis. Toutes ne sont pas prêtes à "reconnaître qu'elles ont été elles-mêmes opprimées". Mais elles sont chaque jour plus nombreuses à dénoncer cette violence, comme Myriam, 40 ans, Marocaine, qui proclame : "Jamais ça pour ma fille !"

Cécilia Gabizon

Source : Le Figaro, 16 novembre 2006

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