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  1. chronique d'Evariste
    1. La redécouverte du modèle laïque et républicain de beaucoup de Français expatriés, par Évariste
  2. Laïques de tous les pays unissez-vous!
    1. Programme de la rencontre laïque internationale des 10 et 11 février, par Le Collectif D'initiative Laïcity
  3. élections présidentielles 2007
    1. Arnaud Montebourg politiquement incorrect, par Rosa Lavallée
    2. Sarkozy et l'intelligentsia de gauche, par Maurice Szafran
  4. Extrême-droite religieuse
    1. LE RETOUR EN FORCE DU RELIGIEUX, DANGER POUR LES FEMMES !, par L'Union Des FAmilles Laïques
    2. Les associations familialistes, par Fiammetta Venner
    3. "Plaidoyer pour le clair-obscur" ou pour les ayatollahs?, par Mireille Popelin
  5. débats politiques
    1. D'un prétendu "droit au respect", par Edith Bottineau-Fuchs
    2. France-Echos : Bible contre Coran (partie II), par Caroline Brancher
  6. laïcité
    1. Morts pour la France et croyants par défaut, par Jocelyn Bézecourt
  7. combat social
    1. J'ai même vu des retraités heureux, par Robert Albarèdes
  8. à lire
    1. Afrique au delà des larmes, par Jean-François Chalot
  9. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - La redécouverte du modèle laïque et républicain de beaucoup de Français expatriés

De passage récemment à Sydney, j'ai croisé le chemin de quelques-uns des dix mille Français expatriés en Australie. Une communauté somme toute très réduite, si l'on considère, du côté australien, l'immigration considérable du pays et, du côté français, les deux millions de compatriotes ayant fait le choix de quitter l'Hexagone.

Dans mon raisonnement, quand on choisit de quitter son pays, c'est que l'on se sent appelé à un meilleur avenir ailleurs. Mais il peut arriver qu'un départ s'explique parce qu'on n'y trouve plus son compte dans son propre pays.

C'est d'abord cela que j'ai parfois entendu : "Plus jamais la France, rien ne marche, trop de lourdeurs, trop d'archaïsme, les syndicats, la fonction publique, etc. ".

Puis ensuite, d'autres types de témoignages sont apparus. Cette jeune femme installée à Sydney depuis neuf ans explique: "J'en avais ras le bol de la France, trop de jugements, trop de râleurs, trop de choses qui ne fonctionnent pas. Je souhaitais un cadre de vie plus dynamique. Mais maintenant, devant ce tempérament anglo-saxon, devant trop de personnes qui doivent absolument boire pour pouvoir se décoincer un peu, je découvre que j'aime notre tempérament méditerranéen. Quand on apprend que je suis française, on me cite le champagne et puis voilà. Et je me prends à rêver de tout ce que l'on peut dire sur le vin chez nous... Je recherche aujourd'hui la compagnie des Français, pour leur culture, leur habitude d'analyse..."

J'ai été amené à défendre, sur les ondes d'une radio, puis dans des conférences, la spécificité du modèle laïque français, et les enjeux de ce combat au vingt-et-unième siècle. J'ai été très agréablement surpris de la réaction de mes compatriotes, suite à mes propos.

Une femme, installée depuis 1970, me dit : " Vous ne pouvez pas savoir comme les débats intellectuels français me manquent. C'est frustrant de vivre dans un pays où, dans la presse, il n'y a pas de vrais débats de société ".

Cet Irlandais devient nostalgique: "Toi, comme Français, tu es habitué à analyser, je le sens dans tout ce que tu dis, tu n'y fais même plus attention. Ici, tous les commentaires que l'on entend sont factuels, on ne fait que décrire les choses."

Ce Polonais, installé depuis quelques mois, confirme mes propos sur la nocivité de l'intégrisme catholique dans son pays, et me confirme : " Pour nous, libres-penseurs, la France est le pays de la liberté et de la laïcité, et on vous aime ".

Cette jeune femme turque, âgée de 28 ans, me dit qu'elle est venue étudier un an en Australie. Elle me dit son inquiétude de la montée de l'intégrisme dans son pays, et me confirme que les femmes turques sont très attentives à ce qui se passe en France. " Il faut que les femmes françaises tiennent bon contre le voile ", me dit-elle. " Je retourne à l'Université l'an prochain, à Istanbul, et je ne veux pas que la demande des islamistes de pouvoir porter le voile à l'université puisse être acceptée. Je veux que mon pays reste laïque, comme la France ". Je lui explique, malgré tout, les quelques différences entre la conception turque et la conception française, sur cette question.

Ce vieux médecin australien me dit avec beaucoup d'émotion qu'il a fait ses études en France, pendant dix années, et qu'il ne peut envisager de ne pas y retourner tous les ans, depuis quarante ans. Je discute avec une niçoise de 36 ans, qui vient de s'installer ici, après huit années en Chine. Elle avait émigré avec bonheur et n'imagine pas rentrer en France. Mais, elle se découvre un attachement de plus en plus évident pour l'art de vivre et l'esprit gaulois. Elle s'est empressée de s'inscrire sur les listes électorales.

Je croise le chemin de cette catholique divorcée d'une quarantaine d'années, qui confesse son enthousiasme évident pour l'ouverture d'esprit locale. Et dans le même souffle, son attachement à la "laïcité à la française", son acquiescement à la loi sur une "neutralité religieuse" à l'école. Il faut dire que dans les cours d'anglais qu'elle fréquente ici, une jeune fille se présente tous les jours, dont on ne peut voir que les yeux. Il y a seulement deux mois à Sydney, une professeur de langue a mené une action en justice, car elle souhaitait continuer à enseigner avec un voile intégral! Cette plainte a été déboutée. Mais l'on sent ici que tout interdit est difficile à prononcer, par peur de devenir intolérant. C'est la dictature du politiquement correct. Et elle se réjouit profondément de la possibilité, pour les jeunes filles musulmanes vivant en France, de ne pas être mises à l'écart par le port prématuré d'un voile qu'elles pourront toujours adopter si elles le veulent plus tard. Quand elles auront eu la possibilité de choisir leur vie, leur métier, leur indépendance peut-être, leur mari...

Pourtant, en Australie, une styliste essaie de lancer une nouvelle mode, le maillot de bain islamiste ! Et, il y a quelques semaines, un mufti a eu l'élégance de dire que toute femme qui n'est pas intégralement voilée ne peut s'étonner si elle est violée... la comparant à un bout de viande crue qu'un lion aurait légitimement le droit de dévorer !

Des incidents ont éclaté, sur une plage, il y a une année. Des intégristes musulmans avaient décidé qu'une piscine située en bord de plage serait réservée à leurs " soeurs ", qui s'y baignaient voilées. Ils avaient frappé des maîtres nageurs bénévoles australiens, venus leur rappeler que la piscine appartenait à tout le monde. Une manifestation de protestation, la semaine suivante - légitime - avait dégénéré en ratonnades racistes, montrant la fragilité de certaines sociétés, derrière le discours de tolérance extrême.

Je découvre une habitante de Melbourne, originaire de la région d'Aix, à une émission de radio. Elle me dit qu'elle avait " divorcé de la France " il y a dix ans. Je sens que politiquement, on ne serait pas forcément d'accord sur tout. Mais, quand elle m'entend parler de la laïcité, son regard s'allume : " Quand j'entends cela, je redécouvre une réalité de mon pays dont je suis fière, et que j'avais oubliée ". Elle me fait part de son désir de se réapproprier de cette page de son histoire, et me demande des conseils sur des livres à lire. Je l'oriente, entre autres, sur Caroline Fourest, Henri Pena Ruiz et Jean-Paul Scot. J'ai l'occasion de mener des discussions passionnées avec des anglophones, qui tentent de me convaincre que notre modèle est liberticide, et que le modèle multiculturel qu'ils défendent est synonyme de tolérance et de liberté. Bien évidemment, ils me disent qu'ils sont scandalisés par la loi française contre les signes religieux à l'école. Mais quand je leur parle de la situation anglaise, ou bien hollandaise, je sens que je les ébranle durement. Je remarque surtout que, dans des pays où les références religieuses sont présentes dans les Parlements, la phrase de Victor Hugo, " L'Etat chez lui, l'Eglise chez elle " frappe juste.

J'entends surtout des participants à mes débats appuyer mes propos, et insister sur la liaison entre la laïcité et la liberté, quand la France est critiquée par certains anglophones. Quand je parle du discours de la repentance, et de ses enjeux, je sens également que je touche juste, dans un pays où la question aborigène est sensible.

Je suis stupéfait, à travers mes nombreux contacts, par le décalage entre des discours qu'on entend dans l'Hexagone, sur les " laïcistes républicains ", et l'attachement à la spécificité de notre modèle que beaucoup de nos compatriotes redécouvrent, souvent à leur grande surprise, quand ils en sont éloignés de plusieurs milliers de kilomètres. Mais je suis surtout très agréablement surpris de l'image très positive de la France, sur la question laïque, de la part de nombreuses femmes et d'hommes de la communauté internationale.

Leur conclusion est sans appel : que la France ne cherche surtout pas à ressembler aux autres modèles, qu'elle conserve cette originalité qui fait sa spécificité, et que, sur cette question, d'autres pays s'inspirent de la Séparation de l'Eglise et de l'Etat, gage de liberté et d'émancipation.

Puissent-ils être entendus... dans l'Hexagone !

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Laïques de tous les pays unissez-vous!

2.1 - Programme de la rencontre laïque internationale des 10 et 11 février

Veuillez trouver ci-dessous le programme prévisionnel de la rencontre laïque internationale des 10 et 11 février 2007 qui se tiendra à Montreuil (93). Vous trouverez sur le site www.laicity.info l'appel qui a initié cette rencontre. Pour plus d'informations, reportez-vous également à l'article paru dans le numéro 503 de respublica

  1. Faites connaitre l'appel et faites le signer massivement sur www.laicity.info
  2. Réservez et faîtes réservez à vos amis les dates du 10 et 11 février
  3. Envoyez une contribution financière afin de permettre aux plus lointains de venir en avion, 20 euros, 50 euros, 100 euros, ils seront bien utilisés !

Contacts organisationnels :

Comité d'animation laicity : c/o UFAL 27 rue de la réunion 75020 paris Site : http://www.laicity.info Courriel : contacts@laicity.info

Permanence UFAL :

Tel : 01.46.27.09.25 Gsm : 06.27.17.26.91 Télécopie : 01.46.27.23.66 Courriel : ufalsiege@ufal.org

Compte de financement :

Titulaire du compte : Ufal Ile De France (pour l'ordre des chèques) RIP ; Etablissement 30041/ Guichet 00001 /Compte : 2928607Z020 / Clé 21 IBAN : FR / 52/ 30041 0001/ 2928607Z020/ 21


PROGRAMME PREVISIONNEL

Samedi 10 février 9 H 00

Allocution de bienvenue :

Table ronde 1: Le combat laïque est il un combat primordial ?

Modérateur : Pierre Cassen Rédacteur en chef du journal électronique RESPUBLICA

Participants :

Déjeuner

Table ronde 2: Pourquoi combattre le délit de blasphème ?

Modérateur : Lucette Guibert Secrétaire-nationale de l'UFAL

Participants :

Table ronde 3

L'égalité hommes-femmes et l'intégrisme

Modérateur : Jocelyne Clarke Rédactrice en chef de la Revue Laïque et Féministe (RLF)

Dimanche 11 février 9 H 00

Table ronde 4: Le combat laïque est il planétaire ?

Modérateur : Anne Zélinski Féministe

Table ronde 5: Que faire ?

Modérateur : Monique Vézinet Rédactrice en chef d'UFAL-INFO

Conclusion : Jean-François Kahn Rédacteur en chef de Marianne

Le Collectif D'initiative Laïcity c/o UFAL - 27, rue de la Réunion - 75020 PARIS - France
Tél. : 01.46.27.09.25

3 - élections présidentielles 2007

3.1 - Arnaud Montebourg politiquement incorrect

Quand sur un micro de Canal Plus, interrogé par un journaliste sur le plus gros défaut de Ségolène Royal, Arnaud Montebourg répond : "Hollande!", il fait une grave faute politique, au sens du politiquement correct. Il allume en effet directement le responsable du premier parti de France, par ailleurs compagnon dans la vie de Ségolène, et géniteur officiel de ses quatre enfants. Je ne vous surprendrai pas en vous disant que cet impair me rend Arnaud Montebourg sympathique.

Ce qu'il a dit est évident ! Chaque fois qu'Hollande va prendre la parole, Ségolène va reculer de 2 % dans les sondages. Hollande n'est sans doute pas un méchant garçon, mais il est autant fait pour diriger le Parti socialiste que je suis faite pour être carmélite. Quand ce garçon a-t-il eu une seule idée originale dans sa vie ? Enarque (comme tout le monde), il était déjà (comme sa compagne d'ailleurs) dans la mouvance bobo la plus droitière de sa promotion.

Il est arrivé dans les bagages de Jacques Delors. Manque de chance pour lui, mais quel bonheur pour toute la gauche, le " curé de Bruxelles " n'a pas osé y aller en 1995. Hollande se retrouvera donc second de Jospin en 1997, et secrétaire du PS quand Yoyo deviendra premier ministre.

N'ayant jamais rien sorti d'original, ridiculisé par les " Guignols de l'Info " pour son air bênet, il se distinguera en se faisant prendre en photo dans la page une de Paris-Match, en compagnie de Sarkozy, pour appeler, avec le résultat que l'on sait, les Français à voter oui au TCE.

On ignore encore aujourd'hui s'il a vraiment souhaité un jour être candidat aux dernières présidentielles, mais en tout cas, l'appel de quelques socialistes, tel Henri Emmanuelli, lui demandant de l'être officiellement, alors que Ségolène Royal plafonnait dans les sondages, était ridicule et grotesque.

La dernière stupidité d'Hollande, laissant entendre que les classes moyennes allaient payer encore plus de CSG si la gauche revenait au pouvoir, en dit long sur les limites de ce garçon.

Très franchement, à côté, Arnaud Montebourg, c'est autre chose.

Il a mené une lutte courageuse contre les dérives mafieuses de Chirac et de tout l'UMP à la mairie de Paris.

Quand il écrit " La machine à trahir ", démontrant les hérésies de la cinquième République, et appelant à une sixième, il frappe juste.

Quand il intervient au Parlement, et que toute la droite le siffle, cela a de l'allure, car il reste stoïque, et il leur fait mal.

Quand, avec son ami de l'époque, Vincent Peillon, il décortique le fonctionnement des paradis fiscaux, il met les pieds dans le plat.

Quand il se prononce pour le " non ", au dernier TCE, on regrette qu'il ne mette pas ses talents d'orateur au service de la campagne, et reste dans les coulisses.

Quand il refuse de signer la synthèse au dernier congrès du PS, on admire son courage, mais il est bien seul, avec Filoche et Dolez, et toute la gauche du non sauve la mise de la direction du PS.

Isolé, condamné à la marginalisation, il sait rebondir, et prend tout le monde de court en rejoignant Ségolène... avant les autres.

Voilà pourquoi, entre Hollande et Montebourg, j'en méprise un, et je respecte l'autre. Certes, Arnaud a fait ce que les professeurs du politiquement correct appellent une " connerie ". Certes, son côté grand inquisiteur peut parfois exaspérer, certes, il n'a pas que des qualités !

Mais surtout, qu'il ne change pas, et qu'il demeure tel qu'il est, avec son franc-parler. Bien que ne partageant l'ensemble des discours de ses discours, je respecte le courage politique de cet homme de gauche.

Alors qu'Hollande... Alors, Arnaud, reviens vite, la gauche a besoin de toi pour taper sur Sarkozy, ce que Hollande ne saura jamais faire de manière convaincante.

Rosa Lavallée

3.2 - Sarkozy et l'intelligentsia de gauche

Laurent Joffrin, PDG de Libération, dans son journal : "On dira beaucoup de choses, mais on devra en reconnaître une : le candidat de la droite a produit une performance impressionnante". Exact. Mais dans cet éditorial important, Joffrin conteste radicalement l'analyse idéologique que Marianne, notamment, fait de Nicolas Sarkozy. Ce n'est évidemment pas un hasard s'il réfute le " césarisme " du président de l'UMP. C'est en effet le sens de la couverture de Marianne cette semaine. Joffrin, donc, se démarque. Mais de quoi, précisément ?

L'intelligentsia de gauche - et le patron de Libération compte parmi les figures influentes de cet univers - déteste ... Ségolène Royal, ce qui, d'ailleurs, n'est pas forcément le cas de Joffrin. Elle la déteste de façon maladive, névrotique. Une sotte. Une usurpatrice. Une étrangère. Une provinciale qui n'a pas cherché à pénétrer leur univers. Elle n'a pas de programme, pas d'idées, pas de projet. Rien. Royal et le néant. Quel crève-coeur d'être contraint de voter en sa faveur. Difficile, sinon impossible, de quitter " sa " famille, la gauche. Seul Alain Minc n'a pas hésité à franchir le pas : DSK, oui ; Royal, non ; ce sera donc Sarkozy.

Ah, Sarkozy... Dès lors qu'elle doit aborder son cas, l'intelligentsia de gauche est gênée, tourmentée. Kärcher et racaille, les deux mots l'ont troublée. Pourtant, le ministre de l'Intérieur continue d'exercer un attrait non négligeable sur cette bourgeoisie d'influence. Elle l'estime " compétent ", l'inverse de Ségolène Royal. Elle l'estime " mûr pour le job ", le contraire de Ségolène Royal. Et puis, aussi paradoxal cela puisse-t-il apparaître, Nicolas Sarkozy connaît bien, très bien, les réseaux de la gauche bourgeoise.

Il n'a certes pas les mêmes goûts culturels et artistiques qu'elle, Didier Barbelivien plutôt que Bénabar. Sarkozy ne diserte pas sur Les Bienveillantes, le roman de Littel. Mais cela fait des années déjà qu'il cherche à séduire l'intelligentsia de gauche. Il la reçoit, il l'écoute, il prend note de ses recommandations, il la caresse dans le sens du poil. Voilà notamment pourquoi Nicolas Sarkozy a cité Jaurès, Blum, Mandel, Zola et Guy Moquet. Son auditoire droitier était sidéré de ce salut à la gauche. Mas il ne lui était pas destiné. Il visait Joffrin et les siens. Opération réussie.

Parce qu'au-delà du coup de chapeau lancé dans Libération - et qui ne manque pas d'allure - Joffrin ne dit par exemple rien du programme économique et social de Nicolas Sarkozy. Que pense-t-il par exemple de la suppression des droits de succession ? Les lecteurs de Libération en particulier et les électeurs de gauche en général aimeraient bien le savoir.

Maurice Szafran directeur de Marianne

4 - Extrême-droite religieuse

4.1 - LE RETOUR EN FORCE DU RELIGIEUX, DANGER POUR LES FEMMES !

L'Union des FAmilles Laïques se déclare consternée par l'entêtement des associations anti-IVG à lutter contre le droit fondamental des femmes à disposer de leur corps et le droit des couples à choisir librement le moment de procréation.

Après l'inauguration en grande pompe de la place Jean-Paul II à Paris, après l'érection d'une statue du pontife en Bretagne, voilà que pour la troisième année consécutive, des associations rejointes cette fois par les AFC (Associations Familiales Catholiques) vont défiler dans les prochains jours pour réclamer l'abrogation de la loi Veil, jugée comme "un bouleversement de valeurs fondamentales" et tenter de peser sur la campagne présidentielle.

Nous savons que les pays dits catholiques comme la France, la Pologne l'Espagne, le Portugal, redoublent leurs pressions sur les instances européennes, pour que les valeurs chrétiennes soient reconnues dans la Constitution permettant ainsi de confisquer les droits chèrement acquis par les femmes, notamment le droit à l'Interruption Volontaire de Grossesse (loi votée en janvier 1975 en ce qui concerne la France; l'Irlande, la Pologne, Chypre, Andorre et le Portugal refusent toujours l'accès à l'I.V.G., ce dernier pays devant se prononcer le 11 février prochain par référendum sur la dépénalisation de l'avortement).

L'UFAL demande aux citoyens-nes, de se mobiliser pour préserver leurs droits et faire barrage aux obscurantistes qui n'ont jamais accepté, ni la loi Veil émancipatrice, ni le recours à la contraception.

Là où la légalisation de l'I.V.G. a permis le libre choix pour les femmes de décider d'avoir ou de ne pas avoir d'enfants, de mettre fin aux nombreux décès de femmes causés par la pratique clandestine de l'avortement, d'organiser plus librement leur vie familiale et professionnelle, à l'heure où les pouvoirs publics se félicitent du taux de fécondité des françaises, le Vatican voudrait s'introduire davantage dans la vie politique pour favoriser une démarche nataliste et pour mieux contrôler les consciences.

Aujourd'hui, les anti-I.V.G. veulent profiter de la campagne présidentielle pour amplifier leur projet réactionnaire par le biais de Christine Boutin, ralliée au candidat Sarkozy.

Toujours à l'affût des artifices juridiques dans lesquels ils pourraient s'engouffrer, ils tentent de se saisir du projet du président Chirac d'introduire dans notre Constitution l'interdiction de la peine de mort, pour interdire l'I.V.G. et l'assimiler à un meurtre!

L'UFAL appelle toutes les forces progressistes, laïques et féministes à faire barrage à ceux qui veulent l'abrogation de la loi Veil !

Fait à Paris, le 16 janvier 2006

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

4.2 - Les associations familialistes

Les associations familialistes, à ne pas confondre avec les associations familliales, simplement préoccupées par les questions liées à la famille, désignent ici des organisations catholiques traditionalistes spécialisées dans la défense des valeurs familiales d'inspiration chrétienne conservatrice - les amenant à lutter contre tout ce qu'elles jugent porter atteinte au modèle parental, à l'hétérosexualité reproductrice, notamment par le biais de la culture et des médias. Ce sont des acteurs que l'on retrouve très souvent impliqués dans les mobilisations de type " campagnes ", comme nous le verrons dans le chapitre qui est consacré dans la troisième partie de cette étude.

La plus ancienne association familialiste d'inspiration catholique conservatrice existe depuis les années 60, il s'agit des Réseaux d'organismes culturels (ROC) de Pierre d'André - par ailleurs président de l'AMADE (une petite association diffusant Le Cri silencieux) et membre actif du Cartel de coordination et d'action contre la perversion des moeurs et l'incitation à la débauche.

Son association est spécialisée dans la critique cinématographique et télévisuelle. Pierre d'André écrit aussi pour Renaissance catholique, où il déplore le laxisme récurrent de tous les ministres de la culture, la promotion du préservatif comme " le plus puissant des incitateurs à la débauche ", l'asservissement des actrices contraintes de jouer des scènes érotiques et plus généralement la " dégradation morale de notre pays ". Son association est particulièrement active dans les campagnes menées contre les médias, notamment la télévision, accusée de perversion, et contre les films accusés de blasphème comme Je vous salue Marie ou La Dernière Tentation du Christ.

Plus récente, l'Action familiale et scolaire (AFS) dirigée par Arnaud de Lassus est l'héritière de l'Action scolaire et du SIDEF (Secrétariat d'information et d'études familiales) nés il y a 25 ans au sein de la Cité catholique. L'association publie une série de documents consacrés à l'éducation. Leur colloque annuel réunit de nombreux paticipants de la mouvance catholique traditionaliste et provie : le centre Montauriol, Foi et Tradition, Jeune Chrétienté, la Trêce de Dieu, les Associations familiales catholiques, et Familles de France.

La Confédération nationale des associations familiales catholiques (CNAFC), se dit " enracinée dans l'Eglise pour la promotion et la vitalité de la famille ", et se répartit en 480 associations présentes dans tous les départements. Chaque AFC propose des services de halte-garderie, baby-sitting, des lieux de formation (comme sur les méthodes " naturelles " de régulation des naissances). Investies d'un pouvoir de représentation à l'échelon local, elles se regroupent avec d'autres associations familiales au sein d'institutions officielles comme les Unions départementales (UDAF) et l'Union nationale des associations familiales (UNAF). Son réseau est puissant et fait partie de ceux à l'origine des mobilisations " pour l'Ecole libre " ou contre le PaCS. Même si les dirigeants de l'association sont aujourd'hui peu connus, l'association a jadis compté parmi ces cadres Françoises Seillier, épouse de Bernard Seillier, et proche du cercle de la cité vivante contre la perversion des moeurs. Les nouveaux administrateurs de la Confédération familiale catholique sont presque tous des militants provie, réservés sur la contraception, anti-avortement, et qui considèrent les PMA (Procréation médicalement assistée) comme des méthodes réservées " aux femmes de petite vertu aux trompes détruites par les maladies vénériennes ". Les AFC se montrent aussi révoltées par le RU 486 contre lequel elles ont envoyé 50 000 lettres à Michèle Barzach en 1986. Le journal de l'association répercute les annonces du mouvement provie, comme les colloques ou les actions. De toutes les associations familiales, la Confédération des AFC et sans doute la plus proche du Front national, les AFC locales entretiennent des liens interassociatifs avec le reste de la droite radicale. A titre d'exemple, les AFC de Versailles ont participé depuis 1991 aux Journées nationales organisées par l'Action familiale et scolaire. Les AFC de Paris sont au centre de la mobilisation provie dans la capitale. Le président des AFC de Nancy est également membre de la Cité vivante contre les incitations à la corruption des mineurs. Enfin Pierre-Marie Talleu, secretaire adjoint des AFC de Nancy est lui aussi membre de l'oeuvre, mais il est également vice-président du Comité d'accueil à l'enfant à naître, une autre association anti-avortement. En 1995, le Président des AFC de Nancy était Bruno Vallas, avocat de Jean-Marie Le Pen. Au niveau national, la Confédération des AFC édite tous les mois un bulletin, La Vie des AFC, grâce auquel elle a notamment mené campagne contre le Contrat d'union sociale (projet précédent du PaCS). C'est également la Confédération qui, la première, a pris l'initiative de fédérer des associations familialistes contre le PaCS autour d'une opération " mariage " en liaison avec Familles de France, les Associations familiales protestantes et l'Union des familles musulmanes. Ce qui fut la première initiative du Collectif pour le mariage et contre le PaCS que l'on retrouvera dans l'organisation de la manifestation du 7 novembre. Les AFC ont également servi de point de départ aux manifestations organisées un peu partout en province avant et un peu après le 9 octobre, notamment dans une cinquantaine de villes le samedi 3 octobre.

Egalement trés investie dans le combat contre le PaCS, l'Association pour la promotion de la famille a été déposée le 4 juillet 1996, avec pour objet de promouvoir " la famille, fondée sur le mariage, cellule de base de la société ". Sa présidente, Marguerite Delvolvé, est responsable de pédagogie familiale. Si l'association ne tient pas à se faire agréer par l'UNAF, elle est en revanche membre du Comité français des ONG pour la liaison et l'information des Nations unies. Souvent présentée comme étant proche de l'Opus Deil, l'APPF a joué un rôle décisif dans l'organisation de la pétition des maires antiCUS et dans la visibilité de Générations anti-PaCS. Le 26 mars, quelques jours avant que ne soit rendue publique la pétition des maires antiCUS, l'APPF lançait un appel dans Famille chrétienne demandant à ses lecteurs d'alerter tous les responsables d'associations pour qu'ils s'"opposent à tout projet d'union de vie n'ayant rien à voir avec la famille". Un peu plus tard, sa vice-présidente, Isabelle Schneider-Muller, se révélait être la secrétaire du CMFMR (Collectif des maires de France pour le mariage républicain) orchestrant la pétition des maires anitCUS. Quant à sa présidente, Marguerite Delvolvé, c'est elle qui a porté la parole de Générations anti-PaCS lors des auditions au Sénat le 27 janvier. L'APPF a également téléguidé la diffusion du livre Ne deviens pas gay, tu seras triste auprès des députés et sénateurs.

Enfin, le groupe mono-thématique regroupe les associations créées ponctuellement, à l'occasion d'une campagne ou sur un thème bien spécifique, généralement dans un optique de fédérer un mouvement interassociatif, à l'instar du Comité Clovis initié en réalité par Chrétienté-Solidarité.

Extrait du livre " extrême France " de Fiammetta Venner

Transmis par Jean-François Chalot

Fiammetta Venner

4.3 - "Plaidoyer pour le clair-obscur" ou pour les ayatollahs?

Au cours d'un débat sur les droits des femmes (Vaulx en Velin) une femme chef d'établissement a regretté d'être obligée d'appliquer la loi sur les signes religieux, loi qu'elle réprouve, elle a dit préférer le dialogue. Une femme d'origine algérienne, ayant fui l'Algérie sous la menace des intégristes islamistes lui a sèchement rétorqué: " Madame, on ne dialogue pas avec les intégristes, ON LES COMBAT"

C'est en pensant à ce débat que j'ai lu, avec une surprise consternée, ce plaidoyer pour le clair obscur de Régis Debray( Nouvel Observateur, décembre 2006)

Régis Debray écrit "le mouvement islamiste actuel, il ne faut pas seulement le combattre, il faut aussi DIALOGUER AVEC LUI"

Je me demande quelle serait la réaction des femmes algériennes qui militent contre les assassins islamistes , et contre le gouvernement algérien qui justement a dialogué et dialogue encore avec les intégristes.. elles savent,elles, le prix de ce" dialogue.".

Cet "enfant des Lumières" se moque du "crédo voltairien", il reproche aux Lumières (refrain déjà entendu, ressassé par " les Indigènes de la République") de n'avoir vu ni la révolution ni la nation, ni le nazisme... Les lumières seraient donc responsables de tous les maux du 19e et du 20e siècle?

Il vante Rousseau" le seul à avoir saisi qu'il n'y a pas de société possible sans religion" (?)Ainsi, Notre philosophe pense que l'on ne peut pas se passer de la foi.. Mais c'est exactement l'argument employé par .. le curé! et tous les religieux.

Et d'évoquer les différentes démocraties, qui peuvent être ethniques etc..

Et dit-il, " vous voyez bien que l'éducation ne liquide pas les superstitions, le pays le plus développé scientifiquement, c'est les Etats-Unis et 93% des habitants de ce pays croient en Dieu"

Régis Debray est aussi très impressionné par l'influence de Al-Jazira, "300 millions de personnes qui peuvent écouter la télé coraniste. Et les 8000 mosquées en Syrie, alors qu'il y en avait 1000 en 1920. Et ce sont les évangélistes américains qui donnent le la à la Maison Blanche.."

Bien sûr. Mais le fondamentalisme musulman et le fondamentalisme protestant sont les deux faces d'un même miroir : en prétendant combattre le premier, le deuxième le conforte et s'en nourrit.

Mais nous, les laïques de tous les pays, nous continuerons de penser que la laïcité est un principe UNIVERSEL et qu'il faut que la séparation du religieux et du politique soit une loi UNIVERSELLE tout en respectant le libre choix des individus quant à leur croyance ou leur non-croyance, et leur droit de changer de religion .

Nous militons aussi pour l'égalité des droits pour tous et toutes(ce qui inclut l'égalité hommes-femmes)(voir l'internationale laïque)

Monsieur Régis Debray utilise, aussi, un argument que j'ai entendu auprès des communistes: On "diabolise l'islamisme: le bolchevique au couteau entre les dents, c'est l'islamiste avec une bombe à la ceinture"

Je ne suis pas une philosophe agrégée, mais je connais le communisme, comparer le communisme, mouvement politique, athée, armant les militants de philosophie marxiste à l'islamisme salafiste des " Frères musulmans", basé sur un fondamentalisme RELIGIEUX qui n'est qu'un fascisme déguisé! Les Frères Tariq et Hani Ramadan vont être très heureux de cet appui inespéré d'un philosophe des "Lumières"..

D'un philosophe qui a été à l'origine, justement de l'enseignement religieux à l'école.Il se range dans le camp des néo-laïques, qui dansent sur un pied républicain quand ils ont affaire à l'intégrisme catholique mais dansent sur un pied communautariste quand il s'agit de l'intégrisme musulman.

On peut se demander s'il n'y a pas, dans le gauchisme islamisé de certains écrivains, philosophes etc. le désir que la religion soit enseignée à l'école .par les religieux eux-mêmes. Quel progrès!

Finalement, ces Etats-Unis que ces philosophes, écrivains et proches des " Indigènes de la République", ces Etats-Unis qu'ils disent combattre ne seraient-ils pas, quelque part .. leur modèle?

Alors, bien sûr, voilà le" clair-obscur". On ne jette pas les Lumières, non ; mais on "dialogue" avec les fondamentalistes!

Pour nous, laïques, c'est avec les laïques que nous voulons dialoguer, les laïques du monde entier, et avec ceux qui n'ont pas ou pas encore cette laïcité universelle et qui souhaitent la gagner.

Je suis résolument contre le clair-obscur, pour les LUMIERES et pour la laïcité universelle. Voilà une bonne raison de signer et de faire signer notre pétition pour une laïcité universelle.

Peut-être Monsieur Régis Debray pourrait-il la lire et la signer ?

Ce serait une bonne manière de quitter son "clair-obscur" et retrouver la lumière des Lumières?

Mireille Popelin

5 - débats politiques

5.1 - D'un prétendu "droit au respect"

(Ce texte a été publié sur le blog de Catherine Kinztler: Mezetulle, NDLR)

Le mot " respect " impose le respect : aussi est-il est utilisé à tout bout de champ comme un mot magique pour paralyser la pensée. Edith Bottineau-Fuchs ose dissiper le rideau de fumée intimidant mis en place par ce prétendu " droit au respect " et montre que parler ici de droit n'a strictement aucun sens. En effet on ne peut qu'inspirer le respect, mais le réclamer comme un droit, c'est substituer la morale à la loi, c'est déjà avoir renoncé à faire respecter ses droits.

Droit d'être incivil, de désobéir et de persécuter la libre opinion ?

Revendications, protestations diverses, et inversement obligation d'avoir à exprimer des remords, à présenter des excuses, érigent le " droit au respect " à la hauteur d'une évidence unanime. Laissons de côté quelques uns des derniers épisodes brûlants : fatwa contre Rushdie, contre Redeker - menaces et manifestations publiques à l'encontre de caricatures du Prophète, saisie des tribunaux, etc. Ces initiatives menaçantes, proprement politiques invoquent entre autres un prétendu droit au respect. Dans cette mesure elles reprennent un mot d'ordre de conduites déjà anciennes, et plus générales, qu'on peut ranger sous deux rubriques : refus de sociabilité, et refus de l'autorité.

Soient les incivilités ; leurs auteurs les justifient comme autant de réponses au manque de respect général dont ils s'estiment victimes : puisque " les jeunes " ont droit au respect, leurs " distractions " supposées spécifiques, elles aussi. Ainsi, le tapage nocturne des raves mérite d'être supporté avec bienveillance, même s'il dure plusieurs jours et nuits, parce qu'il a droit au respect ; l'interdiction de facto de passer un moment dans un café réservé " gay " si on ne l'est pas soi-même est normale puisque que les homos ont droit au respect. Etc.

Le refus de l'autorité est, quant à lui, justifié parce que l'autorité serait une indigne et méprisante contrainte. La majeure partie des difficultés du dialogue, comme on dit, à l'école comme à l'hôpital, tient à l'identité supposée entre autorité et contrainte. Faut-il rappeler que la relation du médecin aux patients, comme celle du professeur aux élèves, est un libre rapport, médiatisé par une institution ? Cette autorité tient aux compétences, elles-mêmes objectivement reconnues et sanctionnées pour légitimer leur exercice. Enfin, comme le souligne Spinoza avec son inimitable clarté, si l'autorité est contraignante, la seule question à poser à une contrainte consiste à savoir au profit de qui elle s'exerce. La contrainte par autorité, c'est patent, ne joue qu'au profit de celui dont elle cherche à obtenir l'assentiment (que l'élève s'instruise ; que le patient accepte la thérapie).

Il convient en outre d'ajouter deux points.

  1. Professeurs et élèves, médecins et patients, juges et prévenus sont également déterminés dans leurs rôles par l'institution, en ses règles juridiques et administratives générales et particulières : en ce sens, les deux pôles du rapport d'autorité instituée se trouvent " embarqués " dans le même bateau. Or, si imparfaite soit-elle, l'institution constitue une garantie d'indépendance et de liberté. Sans reconnaissance réglée de leur compétence, les médecins risquent fort d'être remplacés par des charlatans. Au risque d'un exercice de l'incompétence faute d'institution s'ajouterait pour les professeurs, s'ils devenaient des précepteurs, celui de la flagornerie pour conserver son emploi.
  2. Dans la relation d'autorité les rôles permutent : le professeur fut nécessairement élève, et peut évidemment continuer de l'être ; le médecin évidemment peut tomber malade, et le juge devenir prévenu. En revanche, dans le cas de la contrainte qu'exercent (par exemple) les actionnaires sur les salariés et sur l'emploi, il arrive fort peu que les premiers aient commencé par être chômeurs ou travailleurs précaires, ou qu'ils soient exposés à le devenir.

Quand donc élèves et familles se plaignent du " manque de respect " parce que les élèves ont été sanctionnés pour mauvaise conduite ou manque de travail, il y a là une double absurdité: la première, on vient de le dire, revient à imaginer que la transmission des connaissances, tout comme l'art de soigner ou celui de juger, exerce un pouvoir de domination. La seconde consiste à confondre l'exercice de ces compétences avec les vertus et les vices des individus particuliers qui s'efforcent de les exercer. Les enfants n'ont d'yeux que pour la " gentillesse ", ou le contraire, de la maîtresse, ou du médecin : ils désirent, comme chacun, être aimé, et même être le préféré. Il est aussi difficile de renoncer à ce désir que de grandir.

Voilà jusqu'ici deux classes de phénomènes à propos desquels respect et mépris montent en première ligne : les incivilités diverses justifiées soit par le droit au respect de telle ou telle " différence ", soit par le droit de répondre au manque de respect dont les auteurs affirment être victimes. Les violences diverses justifiées par la nécessité de venger des manquements au respect dont seraient coupables les détenteurs de l'autorité professorale, médicale ou judiciaire.

Reste la troisième classe : les pratiques, coutumes, symboles religieux quand ils revendiquent le droit au respect. Symétriquement, violences et menaces sont justifiées comme autant de vengeances légitimes en cas de prétendu manquement à ce droit.

D'un côté, le propre des régimes démocratiques est de garantir la liberté civile d'opinion. Par là est tout spécialement en jeu la liberté de pratiquer publiquement le culte de son choix. Faut-il rappeler que les réflexions sur la tolérance furent, à l'âge classique, essentiellement inspirées par les désastres causés par les guerres de religion ? Or, la liberté civile d'opinion signifie que la puissance publique protège cultes et pratiques d'une religion contre toute attaque, venue en particulier des adeptes d'une religion qui s'estimeraient adversaires de ceux d'une autre. Cette liberté publique n'a jamais voulu dire que la puissance publique doive se plier aux réquisits particuliers de telle ou telle religion. En effet, si tel était le cas, on ne serait plus dans une configuration démocratique, mais dans un dispositif théologico-politique.

D'un autre côté, le propre des régimes démocratiques est de garantir la liberté civile d'expression. Or, l'approche critique du phénomène religieux constitue une tradition continue depuis l'Antiquité- assurément continûment attaquée par les autorités théologico-politiques : songeons à Spinoza, songeons à Rousseau. Cette approche critique donne lieu soit à des approches théoriques peu accessibles à tous (philosophiques, sociologiques, psychanalytiques), soit à des écrits divers qui englobent satires, charges caricaturales, provocations et pamphlets virulents. S'il fallait croire que cette immense littérature porte atteinte à la liberté de conscience des croyants, que d'ouvrages faudrait-il de nouveau brûler ! que de bibliothèques faudrait-il de nouveau expurger ! A l'abri de la liberté publique qui garantit la pratique du culte que l'on a choisi, est-il légitime de revendiquer que tout écrit, parole, image, publics, se soumette aux exigences de l'un de ces cultes au nom du respect qui lui serait dû ?

Pour aborder cette question, de nouveau désormais brûlante dans toutes les sociétés démocratiques, il convient de rappeler ce qu'est le respect.

Qu'est-ce que le respect ?

Laissant de côté l'abondance des vues qui ont historiquement travaillé cette notion, il suffira de rappeler deux grand champs de distinctions à faire. Mais préalablement il paraît fort nécessaire de souligner quelle est la détermination générale et constante chez tous ceux qui ont analysé le respect : le respect appartient à la classe des sentiments. On éprouve du respect quand on admire d'une admiration qui enveloppe la conscience d'être moins grand que ce qu'on respecte. Dès lors, cette estime admirative pour une personne, une oeuvre, une vie, une action, font de ces derniers un modèle à imiter, auquel s'égaler. C'est là manifestement la situation évoquée dans les Evangiles : la figure de Jésus suscite l'élan de ceux qui veulent se faire ses disciples. Autre exemple : les figures légendaires de Pierre et Marie Curie ont suscité des vocations de savant.

Admiration faite d'estime intellectuelle, morale, le respect n'est pas le sentiment d'admiration esthétique. De là suit le premier champ de considérations.

Un sentiment " intérieur ", éprouvé, s'exprime : il faut donc distinguer le respect réellement éprouvé de ce que Pascal nomme ses " marques extérieures ".

Dans les Trois Discours sur la Condition des Grands, écrits pour l'éducation d'un prince, Pascal distingue entre deux sortes de " grandeurs " : d'une part, les " grandeurs réelles " telles la grandeur intellectuelle, la grandeur morale, que nous reconnaissons en les respectant par là même, c'est-à-dire par une estime justifiée. Les " grandeurs d'établissement " d'autre part - celles qui relèvent de la hiérarchie sociale, politique, c'est-à-dire de conventions et d'institutions. Pascal tend au prince le " miroir " en lequel celui-ci est convié à comprendre que son état de prince tient à un ensemble de hasards - (sa naissance, les institutions variables) qui ne touche en rien à sa condition réelle d'homme, comme chacun, faible et faillible.

Il suit de là que seules les " grandeurs naturelles " méritent l'estime réelle mais non du tout celles qui sont " par établissement ". En revanche, à ces dernières l'usage commande des marques extérieures de respect, et Pascal de prendre l'exemple du prince devant lequel s'effacer. Refuser cet usage serait, dit Pascal, " bassesse et sottise ". Mais, à l'inverse, le prince n'aurait nul titre à réclamer, de cela seul qu'il est prince, un respect réel. On dira peut-être que Pascal est " conservateur ", qu'il ne remet pas en cause monarchie et noblesse ; sans doute, mais voire puisqu'il en fait des " établissements humains " parfaitement contingents... Mais là n'est pas notre question.

L'enseignement que délivre ce texte pour notre propos présent est, semble-t-il, le suivant: la pluralité des cultes est, disions-nous, reconnue par la liberté publique d'opinion. Ce qui donc est hiérarchiquement premier, c'est l'ensemble des droits fondamentaux, encore appelés libertés fondamentales. Il en résulte que ce sont les détenteurs des autorités théologiques qui doivent, quant à eux, des marques extérieures de respect aux libertés civiles, sans lesquelles, par ailleurs, leur existence plurielle serait balayée.

Le second champ de considérations est ouvert par la question du sentiment.

Ce terme général de " sentiment " ressortit nécessairement à la sensibilité, et par conséquent, à quelque " passivité "- d'où les " passions de l'âme " selon Descartes, ou les " affections " selon Spinoza. De là suit une évidence : en tant qu'éprouvé, ressenti, (peu importent ici les termes : émotion, passion, affection) aucun sentiment ne dépend de notre libre initiative. Chacun sait fort bien qu'il lui est impossible, à volonté, d'éprouver la faim, la peur, l'amour la colère ou la haine... Maintenant, il paraît difficile de " mettre dans le même sac " des émois tels que faim, colère, peur, avec d'autres tels que admiration et respect. Comment faire?

La "solution" par la pluralité des âmes (par exemple végétative, sensitive et rationnelle) ou par la différence entre une " âme supérieure " et une " âme inférieure " est sans doute, pour la première fois, fermement refusée par Descartes : une seule âme une, tout entière unie au corps tout entier .Toutes les passions de l'âme viennent de cette union " substantielle ", et de ce que des modifications advenues à la " machine du corps " disposent, incitent l'âme à telle ou telle action. Toutefois, une seule passion a l'âme elle-même pour source, et c'est l'admiration, c'est-à-dire la capacité d'être " étonné ", transporté et comme transi par la perception de la nouveauté de quelque chose. Que Descartes voie dans la capacité d'admirer la source de toute curiosité et du désir d'apprendre, cela n'entre pas directement dans notre propos.

En revanche, il convient de reprendre à notre compte deux notations cartésiennes, qui soulignent une difficulté majeure que chacun rencontre dans la conduite de sa vie. Descartes remarque que la majorité des hommes, contrairement à ce qu'on raconte facilement, ne se laissent nullement guider par leurs passions. Et pour cause ! Toute passion, émoi de l'âme, est par nature éphémère ; en outre, dans la succession avec laquelle elles nous bouleversent, elles peuvent fort bien nous inciter à des actions incompatibles entre elles. En général donc, nous nous déterminons par nos convictions, c'est à dire par des jugements ; mais il arrive souvent que ces jugements aient d'abord été liés à une passion que nous avons depuis belle lurette cessé d'éprouver : ainsi, nous continuons de juger méprisable quelqu'un qui, jadis, a suscité notre colère ou notre haine, ce qui est un jugement faux. Supposons qu'au lieu d'évaluations fausses, nous jugions droitement, pour ce qui importe ici, à savoir du caractère estimable ou non, d'un homme, de ses décisions et de ses conduites.

Alors, surgit la deuxième difficulté : nous pouvons estimer sans aimer- et, inversement, aimer ce que nous blâmons ou même méprisons (voir la chanson Mon homme interprétée notamment par Mistinguett et Edith Piaf sur ce thème).

De ce point de vue, le respect constituerait un vrai miracle puisqu'il consiste à aimer ce qui est estimable.

Or, chacun sait bien que selon Descartes une seule chose est estimable : c'est le bon usage de notre liberté. D'où la générosité. Le généreux cartésien est celui qui, s'estimant lui-même à sa juste valeur, c'est-à-dire à la mesure de la fermeté de ses décisions éclairées, n'est du même coup ni méprisant ni vaniteux avec les autres : dépourvu et de l'envie haineuse que suscite la sous-évaluation de soi, et de l'arrogance que suscite la surévaluation narcissique de soi.

Si nous suivons Descartes, nous dirons donc deux choses :

Seule mérite notre respect la mesure de notre liberté morale - (Kant dit en somme la même chose avec le terme de personne). A ce titre, le respect sera totalement et en premier lieu suspendu à notre propre capacité à user, par discernement éclairé, de notre liberté. Le respect, variante du sentiment d'admiration, constitue de surcroît une belle exception puisque, pour une fois, c'est la perception de la vraie valeur qui suscite l'émotion. Aucune obligation ni intérieure ni extérieure n'est à même de la provoquer : le commandement est ici superflu, il n'a rigoureusement aucun sens. Le comble de l'absurdité serait d'imaginer qu'un homme qui s'estime lui-même à sa juste valeur demande impérieusement aux autres de l'admirer respectueusement!

Le "droit au respect": une contradiction dans les termes, en quelque sens qu'on l'entende

Soit on parle du sentiment de respect, et alors il est clair qu'un sentiment ne peut faire l'objet ni d'une obligation, ni même d'une demande.

Soit ce sont les marques extérieures du respect qui seraient visées par cette expression : mais des " marques extérieures " relèvent de l'usage et non du droit. De surcroît, les conventions qui déterminent de telles marques supposent préalablement une hiérarchie " d'établissement ". Or, dans les régimes démocratiques les religions, leurs cultes, pratiques, officiants et symboles, puisque c'est principalement d'eux qu'il s'agit, ne détiennent nullement l'autorité suprême. Réclamer de l'état de droit qu'il prenne des mesures pour interdire et punir le blasphème, c'est réclamer qu'un interdit religieux ait primauté sur l'autorité politique.

Quant à l'apparition publique à tout propos du " respect " et du supposé droit dont on le pare, elle n'est sans doute pas dépourvue de sens, et celui-ci est fort inquiétant. Quand des citoyens sont malmenés, maltraités par des détenteurs de la force publique et qu'ils baptisent ces délits " manquements au droit au respect ", ils se dispensent d'appeler un chat un chat et de recourir à l'autorité publique contre les abus de ceux qui sont chargés de l'exercer. Les coups, insultes, manquements à l'hygiène et aux soins dans les prisons par exemple, sont des délits : le respect n'a rien à faire là. On substitue à la notion juridique de délit une expression qui feint d'en appeler à un droit, alors qu'elle louche vers la moralité, en en appelant à la régénération morale des auteurs délictueux. Quant à ce qui touche aux croyances, moeurs et coutumes religieuses, répétons-le : elles sont garanties par l'état de droit. Si elles ne l'étaient pas, ce serait une infraction au droit d'opinion.

Dans cette conversion générale du juridique au moral, la demande de " respect " serait donc le symptôme inquiétant d'un renoncement aux droits.

Remplacer les droits fondamentaux par le " droit au respect " ?

Le reste relève, on le voit clairement, de manoeuvres politiques d'intimidation : même les marques extérieures du respect envers les usages et coutumes d'une religion n'ont pas à être revendiquées en régime démocratique.

Il n'y a toutefois nul hasard dans la montée au zénith médiatique de l'expression que nous venons d'épingler. Les uns ensevelissent toutes les questions proprement politiques sous un bavardage pycho-moralisateur. L'insistance, par exemple, à taire la dureté des rapports sociaux et économiques, censée s'évaporer par les vertus du " dialogue ", ne le cède en rien à celle qui nous enjoint tous de " tout " respecter, et en particulier toutes " les différences ", comme on les nomme , et quelles qu'elles soient ! Nous sommes par là renvoyés à notre début, et au discours fréquemment tenu par les auteurs d'incivilités et violences diverses, comme par ceux qui les édulcorent au nom de la " morale ".

De même que le " dialogue " devrait, paraît-il, faire merveille en lieu et place du droit du travail, de même, le " droit au respect" devrait, sans doute, se substituer à la garantie juridico-politique de la liberté civile du culte. Ce prétendu droit au respect du religieux réclame, ni plus ni moins, la suprématie hiérarchique du pouvoir théologique sur l'ensemble de la société.

Edith Bottineau-Fuchs Edith Bottineau-Fuchs est professeur de philosophie (en classes terminales, hypokhagne et khagne) et enseignante bénévole à "l'Ecole à l'Hôpital" - occasionnellement à la prison de Fresnes.

5.2 - France-Echos : Bible contre Coran (partie II)

Cf. Partie I

L'article a été publié sur le site internet de ProChoix, nous n'avons pas reproduit les nombreuses notes de l'article que vous pouvez consulter sur le site de ProChoix, NDLR.

Sur France-Echos, le christianisme et l'islam sont réduits à une opposition Bien contre Mal. L'islam est volontiers comparé à la " religion de Satan " , la " religion du führer " par opposition au christianisme présentée comme une religion d'amour et de tolérance.

Selon FP Blake, voici ce qui justifie cette opposition : " la violence est prônée par le Coran et Mahomet et elle est par conséquent intrinsèque à l'islam, tandis que le christianisme condamne toute violence. Les violences des chrétiens furent commises en opposition aux dogmes chrétiens alors que les violences islamiques sont ordonnées aux musulmans par leur divinité Allah dans leur Coran "

France-Echos oppose Mahomet, qui est un prophète, à Jésus Christ, qui est plus qu'un prophète puisque il est le fils de Dieu pour les catholiques. Mahomet serait d'ailleurs " l'antéchrist " et " le combat ultime du bien contre le mal aurait ainsi commencé il y a 14 siècles "

Concernant l'histoire noire du catholicisme, France-Echos essaye de laver le christianisme de tout les crimes commis en son nom pour ainsi mieux l'opposer à l'islam. Pour parvenir à ses fins, France-Echos va jusqu'à manipuler l'histoire et les textes de la Bible : Selon FP Blake, les croisades sont justifiées car elles " furent une réponse défensive au jihad musulman ". Concernant la Bible, un rédacteur écrit que : " aucune des fautes de l'Église ne plonge ses racines dans l'Évangile ".

Selon France-Echos, l'Eglise Catholique n'aurait pas appliqué le véritable modèle du Christ. Par exemple, à propos des crimes de l'inquisition, Chico Ray écrit que : " Ces actes n'étaient pas l'application d'ordres directs de Dieu dictés par l'ange Gabriel et diffusés par le christ. Il ne s'agissait pas non plus d'actes conformes au modèle du christ. En fait ces actes étaient en opposition avec l'enseignement ET le modèle de vie du Christ.".

Finalement, l'Eglise Catholique serait une sorte d'usurpatrice. Mais jusqu'à preuve du contraire, elle n'en est pas moins la représentante du christianisme officiel.

France-Echos oppose systématiquement la Bible au Coran affirmant que la Bible a été écrite par des hommes contrairement au Coran qui est la parole d'Allah pure et inaltérée. Selon France-Echos, un véritable chrétien n'applique donc plus les préceptes de la Bible puisque, écrite de la main des hommes, elle n'est pas un ordre direct de Dieu.

Concernant la misogynie des Evangiles, Chico Ray dit par exemple : " Les instruction de Paul, plus personne ne les applique, il est reconnu que c'est périmé, et que cela ne vient PAS de Dieu ".

Chico Ray minimise également la misogynie des intégrismes juif et chrétien : " tout les intégrismes religieux n'oppressent pas les femmes avec autant d'application et de volonté délibérée que l'islam "

FP Blake, quant à lui, a l'air de penser que seul l'islam peut être source de violence : " Je n'ai guère vu de chrétiens, y compris les adeptes de Monseigneur Lefebvre, se faire sauter avec des ceintures d'explosifs au nom de Jésus ou de Jéhovah ".

Pourtant :

* Aux Etats Unis, les intégristes catholiques et protestants tuent au nom de Dieu des médecins parce qu'ils pratiquent des IVG * Certains groupes chrétiens intégristes réintégrés en septembre 2006 par Benoît XVI se sont faits connaître parce qu'ils trouvaient dans les évangéliques la justification de la torture en Algérie. * En Israël, beaucoup de femmes sont régulièrement la cible des ultra-orthodoxes de Mea Sharim (un quartier haredim de Jérusalem) où elles se font jetter des pierres parce qu'elles ne sont pas en "tenue décente" (c'est à dire une robe qui couvre les bras et les jambes) * Aux Etats Unis, des groupuscules religieux d'ultra droite font une lecture littérale de l'ancien testament qui justifierait selon eux l'esclavage des noirs et l'existence d'une race supérieure qui serait les WASP (White Anglo Saxon Protestant) et qui sera l'unique survivante du proche Armageddon.

La question n'est donc pas tellement de savoir si les textes religieux sont divins ou pas, ou si une religion est pire que l'autre, la question est que des individus, par soif de pouvoir ou par fanatisme, sont capables de s'approprier les textes, allant parfois même jusqu'à les manipuler, pour oppresser, martyriser et terroriser.

Tout les intégrismes religieux ont les mêmes objectifs :

" Bien qu'ils donnent l'impression d'être en guerre, les extrémistes des trois monothéismes partagent les mêmes valeurs et rêvent d'un monde infiniment proches. Cette proximité n'a finalement rien d'étonnant. Après tout, le judaïsme, le christianisme et l'islam partagent les mêmes références textuelles, les mêmes références prophétiques".

Tout les intégrismes ont un potentiel de fanatisme et de violence :

" S'il existe des différences entre les trois religions du livre, il est point sur lesquels toutes se rejoignent : elles prétendent détenir la vérité au nom d'une révélation irrationnelle, ce qui les rends potentiellement propices à des entreprises fanatiques "

Si l'intégrisme musulman apparaît aujourd'hui comme l'intégrisme le plus menaçant, ce n'est pas à cause d'une violence propre au Coran comme l'affirme France-Echos, c'est parce qu'une configuration géopolitique lui est favorable, les dirigeants arabes n'ayant pas démocratisé leurs pays ni séparé le politique du religieux ouvrant ainsi le champ à l'islamisme, seul opposant politique crédible auprès des populations :

" Bien que les trois intégrismes soient à l'évidence des jumeaux dans leurs intentions, il serait faux d'affirmer que l'intégrisme musulman ne présente pas un risque accru. L'islamisme occupe effectivement la pole position chez les intégristes. Il est actuellement le mieux placé pour exercer ses diktats et terroriser ceux qui lui résistent. Mais cette force n'est pas liée avec ses homologues juif et chrétien. Le pouvoir de nuisance des intégristes dépend avant tout des résistances qu'il rencontre. Or l'intégrisme musulman rencontre moins d'opposition que l'intégrisme juif ou chrétien du seul fait qu'il évolue dans un nombre important de pays où la religion inspire toujours la loi commune, ce qui a pour effet de rendre les islamistes supérieurs aux laïcs, même lorsqu'ils persécutés par le régime politique en place. "

La théorie de France-Echos, non seulement est opposée à celle développée dans Tirs Croisés, mais ne tient (en plus) absolument pas la route :

FP Blake dit que " Jésus et les Evangiles sont les fondements du christianisme " tout comme " le Coran et Mahomet sont les fondements de l'islam ".

Dans l'Evangile, il est écrit que :

Même si c'est un message de tolérance et d'humanité que la majorité des chrétiens ont choisi aujourd'hui de conserver, Jésus Christ n'en a pourtant pas moins déclaré :

Dans les Evangiles, Jésus Christ conseille à ses disciples de se montrer " malins comme des serpents " et " candides comme des colombes " dans chaque ville où ils vont prêcher car il sait que son message va déclencher l'hostilité : " Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant ; les enfants se dresseront contre les parents et les feront mourir ." (Evangile selon Mathieu chapitre 10)

Cela dit, Jésus Christ est venu délivrer un message de tolérance et d'amour. Jésus Christ était-il un adepte de la takia lui aussi ?

Donc, au vu du profond sexisme des Evangiles et de l'origine divine du message de Jésus Christ, (Jésus Christ étant le fils de Dieu qui a parlé au nom de Dieu selon les catholiques tout comme l'ange Gabriel a parlé au nom d'Allah selon les musulmans), doit-on considérer que :

Tout chrétien est par définition un être misogyne, menteur, violent, incapable d'évoluer vers la modernité, appliquant à la lettre les Evangiles, les faits et gestes de Jésus Christ, ne pouvant en effet les rejeter car d'origine divine ? Que le catholicisme est un totalitarisme comparable au nazisme ?

Selon les raisonnements binaires de France-Echos, oui.

Les dogmes du christianisme sont-ils compatibles avec la démocratie ?

Selon FP Blake, le catholicisme serait également compatible avec la démocratie :

" Le catholicisme moderne sépare le religieux du politique, comme Jésus ce qui appartient à Dieu et ce qui appartient à César."

FP Blake parle-t-il (ce qui serait à mourir de rire) de ce catholicisme moderne qui a eu des rapports plus qu'ambiguës avec le nazisme ? Ce catholicisme moderne qui continue de combattre la laïcité de toute ses forces au côté des intégristes musulmans, précieux alliés avec lesquels elle lutte côte à côte, à la commission des droits de l'homme de l'ONU, pour l'instauration du délit de blasphème et contre toute réforme en faveur de l'avortement ou de la prévention du SIDA dans les pays du tiers monde?

FP Blake parle-t-il du catholicisme moderne de Benoît XVI par hasard ?

Benoît XVI, surnommé le " grand inquisiteur " par ses propres partisans, qui défend un dogme intolérant et moralisateur, voue à l'excommunication les partisans de l'avortement, dit de l'homosexualité que c'est un " mal moral " et le clonage " une menace plus dangereuse que les armes de destruction massive "?

Benoît XVI qui n'a jamais condamné les 44 400 actes de violence à l'encontre des partisans de l'avortement, les 16 tentatives de meurtre, les 2 400 assauts ou attentats à la bombe ?

Benoît XVI qui a récemment déclaré que les hommes et les femmes devaient " apprendre de nouveau la crainte de Dieu "?

Benoît XVI qui dit, non sans rappeler un certain Tariq Ramadan, "qu'un état est démocratique et laïque dans la mesure où il respecte la pratique religieuse de ses citoyens, sans exclusive ni préférence " et que " face au laïcisme croissant, qui prétend réduire la vie religieuse des citoyens à la seule sphère privée, hors de toute manifestation sociale et publique, l'Eglise sait que le message chrétien éclaire et renforce la cohésion sociale et ses principes "?

C'est cela le catholicisme moderne tant vanté par FP Blake ?

Sur France-Echos, les récentes déclarations de Benoît XVI sur l'islam sont approuvées.

FP Blake dit que Benoît XVI " s'attaque au fascislamisme ", " a lancé clairement la confrontation avec la religion de Mahomet et a rappelé que celle-ci comporte de nombreux aspects inacceptables au nom des valeurs chrétiennes, de l'héritage des philosophes grecs et des Lumières, et de la conception occidentale de Dieu " Un lecteur conclut : " je suis très content de ce que notre Pape affirme "

Donc oui. Quand FP Blake parle du catholicisme moderne, il doit sûrement s'agir de Benoît XVI. Et c'est à mourir de rire.

Par naïveté, ignorance ou hypocrisie (voir tout ça à la fois et c'est ce qui est le plus à craindre), les responsables de France-Echos ont visiblement choisi de fermer les yeux devant la montée en puissance de l'intégrisme chrétien revigoré par la reculade des démocraties européennes face à l'intégrisme musulman.

Dans un éditorial, France-Echos affirme que c'est le christianisme lui même qui est porteur du principe de laïcité et des idéaux de liberté et de fraternité de 1789. En effet, Jésus Christ a dit " il faut rendre à César ce qui est à César " FP Blake ajoute que " le christianisme est laïco-compatible "

France-Echos, lorsqu'il voit dans le christianisme la source de la laïcité, cette laïcité qui a été arrachée dans la douleur à l'Eglise Catholique et dont le christianisme officiel n'a jamais voulu, a la même démarche que les musulmans libéraux qui utilisent la sourate de la délibération (sourate 42 qui invite " les hommes à délibérer entre eux de leurs affaires ") pour réformer l'islam vers la modernité et abroger les versets caducs :

Si la citation de Jésus Christ a effectivement permis à la laïcité de naître et si aujourd'hui la majorité des catholiques séparent le religieux du politique, ce n'est pas parce que le christianisme est " laïco-compatible ", c'est parce que des hommes ont en leur temps défié les dogmes chrétiens et se sont emparés de la célèbre phrase du Christ ... exactement de la même façon que les musulmans libéraux sont en train de s'emparer de la sourate de la délibération :

" De même que les citoyens vivant dans des pays de culture chrétienne ont dû se battre pour arracher la laïcité à l'emprise religieuse, des musulmans libéraux se battent aujourd'hui pour remettre à l'honneur ce verset ".

France-Echos disqualifie les musulmans libéraux en les traitant de menteurs. Ces mêmes musulmans qui, par ailleurs, prennent des risques énormes dans leur pays d'origine où ils y sont menacés de mort, la liberté d'expression n'existant pas.

Mais en quel honneur la démarche de France-Echos serait-elle sincère et pas celle des musulmans libéraux ? Prenons le temps de répondre à cette question :

Dénonce le sexisme de l'islam mais pas du christianisme

France-Echos, toujours présent quand il s'agit de s'insurger contre la misogynie des intégristes musulmans (des " musulmans " pardon), non seulement minimise le sexisme inhérent des Evangiles mais, en réalité, ne le dénonce pas.

Dans un article, FP Blake s'est offusqué lorsque Fadela Amara, présidente du mouvement Ni Putes Ni Soumises, a soutenu l'an dernier les féministes américaines qui luttent pour le droit à l'avortement aux Etats Unis, droit remis gravement en cause par les Evangélistes américains. FP Blake a accusé Fadela Amara de ne s'intéresser qu'au " cas étranger ", une Fadela Amara qui s'est pourtant amplement mobilisée autour de Sohane ou Schéhérazade cas bien français. Mais FP Blake a certainement oublié que le droit à l'avortement concerne les femmes du monde entier et qu'il est de ce fait évident que les féministes du monde entier se mobilisent sur ces questions.

FP Blake doit vraisemblablement penser que s'opposer à l'avortement (comme le font les Evangélistes qui ont fait interdire l'avortement dans certains Etats) c'est bien sûr moins grave que de lapider une femme pour adultère et que, finalement, il n'y a pas lieu de s'affoler.

M'étant moi même émue des propos tenus sur le site France-Echos, moi qui ai toujours pris soin de distinguer l'islam de l'islamisme et qui considère tout musulman comme un être humain doué de libre arbitre capable de s'émanciper, j'ai écrit aux responsables de France-Echos pour protester.

Un des responsables de France-Echos me répondra, en rapport à la sourate autorisant un mari à battre sa femme, qu'il lui " plairait d'être un bon musulman avec moi " Ce même rédacteur qui m'affirmait peu de temps avant que " les recommandations de Paul plus personne ne les applique ". Enfin, les lecteurs s'y retrouveront.

Ce rédacteur ajoutera également que je me " prosterne devant l'Arabie saoudite ", que " j'approuve l'apartheid des non musulmans ", que je " me bats pour que des versets parlant de labourage, de meurtre, d'amputation, de pillage etc.. soient conservé pour qu'ils resservent un jour " Il conclura que " je dois comprendre pourquoi certaines personnes ne souhaitent pas forcément contribuer à ce que moi ou mes semblables aient des descendants "

Quoiqu'il en soit, si France-Echos se pose en défenseur de la liberté d'expression notamment en prenant partie pour des personnes comme Robert Redeker, France-Echos n'accepte guère autre chose, tout comme les médias bien pensants qu'il dénonce, que sa propre pensée unique comme seule vérité.

Caroline Brancher

Source : www;prochoix.org

6 - laïcité

6.1 - Morts pour la France et croyants par défaut

A Paris, le cimetière de Vaugirard (320, rue Lecourbe) contient un carré militaire où près de 500 soldats sont enterrés, morts pour la plupart en 1917 et 1918. Des invalides de la première boucherie mondiale, décédés plusieurs décennies après, y sont aussi enterrés aux côtés de ceux morts pendant les combats. Pourtant, il semble que "mourir pour la patrie" n'autorise pas, pour les athées et les agnostiques, à voir respectées ses propres convictions : un identificateur religieux est imposé à toutes les tombes. Parmi les 481 sépultures, on compte deux tombes juives, vingt trois musulmanes et toutes les autres sont rangées dans la catégorie du christianisme. Aucun soldat n'apparaît sans référence à une des trois sectes monothéistes. Les pierres tombales musulmanes sont disposées de façon que, le corps étant placé sur son côté droit, le visage du soldat soit dirigé vers La Mecque. Elles sont séparées des autres sépultures alors que les deux tombes juives sont mêlées aux tombes chrétiennes.

Le cimetière de la rue Lecourbe n'est pas l'exception mais la règle. Quand Chirac inaugure, à Douaumont, un mémorial dédié aux soldats des colonies, ceux-ci apparaissent comme des soldats musulmans, occultant qu'ils ne l'étaient pas tous et qu'ils n'intervenaient pas en tant que fidèles d'une religion mais comme colonisés au service de la France. Autre guerre, autre lieu, en Normandie, le cimetière américain de Omaha Beach montre la même absence de tombes dépourvues de référence religieuse ("une étoile de David pour ceux de confession juive et une croix latine pour tous les autres", cf. la brochure de présentation du cimetière d'Omaha Beach à Colleville-Sur-Mer, page 19). Comme dans le cimetière de Vaugirard, les défunts juifs sont placés avec les chrétiens et pas dans un espace séparé.

Que l'existence de soldats athées ou agnostiques soient niée avec autant d'impudence n'est pas une simple facilité d'ordre administratif. L'adhésion à une religion constitue, plus qu'un signe de spiritualité, la marque d'une soumission à une clique de gourous via l'idée fantaisiste de "dieu", une subordination qui prépare l'obéissance docile à d'autres hiérarchies. D'où les partenariats fréquents entre la puissance publique et les religions (concordats, Conseil Français du Culte Musulman, création en 2002 d'une structure pour le dialogue avec l'Eglise catholique, etc.). S'affirmer libre penseur, et ils étaient nombreux en ce début du 20e siècle, n'est pas seulement refuser un assujettissement à la transcendance divine, c'est aussi, et surtout, affirmer sa propre autonomie de jugement sur, par exemple, la pratique de la guerre. Une position subversive évidemment fort malvenue pour les autorités publiques comme religieuses.

Jocelyn Bézecourt www.atheisme.org

7 - combat social

7.1 - J'ai même vu des retraités heureux

...des retraités sains et vigoureux de moins de 35 ans, qui n'ont pas le souci du lendemain...Ainsi monsieur Zinédine Zidane - personnalité préférée des français - dont la presse " people " nous apprend qu'il aurait à dépenser quelques 11 000 euros chaque jour, voire 24 000 pour certains, ce qui n'a d'ailleurs aucune importance , le flou - ici - n'étant pas artistique mais pertinent.

Rêverait-on? Que nenni! Passons sur le paradoxe désarmant qui conduit les plus modestes (financièrement), les plus humbles (humainement), les plus simples (intellectuellement) à adorer qui les renvoie à leur médiocre condition et les y enferme (il doit y avoir là un certain rapport avec l'adoration religieuse...) Sortons plutôt de nos abîmes de perplexité (et oublions l'indécence de telles ressources attribuées à un saltimbanque du ballon rond) pour marquer notre étonnement...

de ne pas avoir entendu la bien-pensance gaucho- bobo-humanitariste pousser le moindre cri de réprobation, elle qui s'égosille à vilipender les grands patrons carnassiers et les stocks-options clandestines, de ne pas nous rappeler les articles de presse dénonçant la démesure immorale d'une rémunération exorbitante, enclins pourtant à montrer du doigt avec virulence les privilèges des prébendiers de la politique, de la finance ou de l'administration, de ne pas pouvoir citer le moindre discours mettant en doute la légitimité de tels revenus pour une personne, au demeurant sympathique, mais totalement inutile au devenir de l'humanité, surtout si on les met en parallèle avec les ressources étriquées que perçoivent ceux qui, naïvement mais aussi de manière complice et irrationnelle, "adulent l'idole"...

Il est vrai que la bien-pensance médiatico-politique et les donneurs de leçons humanitaristes de tous bords n'en finissent pas de tresser les louanges de la Solidarité et du Grand Coeur aux Zidane, Thuram, Noah et autres Djamel appelés à se pencher sur toutes les misères du monde, la pauvreté endémique , la maladie non-guérissable et l'immigration clandestine pour y attirer notre attention de bons citoyens destinés à payer et de notre personne et de nos oboles ( larges , de préférence) pendant que les sunlights feront grimper la cote du "droit d'image" attaché à chacune de ces "vedettes"...

Ce qu'il serait intéressant de savoir, c'est où ces fortunes astronomiques ( qui ne peuvent être qu'écornées par les dépenses nécessaires pour vivre) sont investies ( faut-il rappeler ici les 4,5 millions d'euros/an nets d'impôts versés à M. Thuram pour " cirer le banc " du FC Barcelone ?) , quelles structures financières les gèrent , quelle fiscalité les atteint, dans quelles activités elles grossissent ...Il y a là le silence profond de tous les thuriféraires de la presse et des média réunis, hommes et femmes de Cour cajolant le monarque , tandis qu'aucun journaliste d'investigation respectueux de son métier ne semble avoir eu la moindre curiosité ...

Mais M. Zidane peut tranquillement aller faire la promotion des yaourts au Bangladesh , M. Thuram nous asséner ses aphorismes compassionnels aussi creux qu'hypocrites , M. Noah se prendre pour le " Robin de Bois " de service et Djamel philosopher sur l'Histoire de France dont il ne connaît que l'écume : personne ne leur posera les questions qui fâchent ou ne s'enquerra de la réalité masquée par l'Imagerie Télévisuelle Manipulée .

Alors posons à ces nouveaux apôtres de l'humanité souffrante et des populations exclues une seule question :

L'ONU , dans un récent rapport, vient de montrer que si l'on collectait , stockait , canalisait , distribuait l'eau qui tombe du ciel en Afrique lors des courtes périodes pluvieuses , on pourrait faire face aux longues périodes de sècheresse , mettre en valeur pleinement les terres ouvertes aux cultures vivrières, produire de l'énergie tout au long de l'année...

Nos sportifs humanistes, associés aux grands patrons millionnaires, aux vedettes clinquantes du show-business , aux politiciens multi-fonctions et autres membres de la " jet-set " de pacotille, ne pourraient-ils pas créer une Fondation nourrie mensuellement par un prélèvement sur des gains qu'ils ne peuvent dépenser et qui permettrait de financer - sans recherche de profit et même en sachant que la vraie solution est géo-politique et économique - les infrastructures nécessaires à la réalisation concrète des conclusions de ce rapport ?

Chiche ?

8 - à lire

8.1 - Afrique au delà des larmes

"Afrique: Au-delà des larmes ", de Sossé SOSSOU

Editions " Culture Croisées ", 217 pages, 16 Euro, Avril 2006

Ni refuge, ni sauveur suprême !

Cette maison d'éditions mérite d'être connue, l'association porteuse s'est donné comme objectif de favoriser l'interculturalité.

L'auteur de ce livre commence à nous raconter l'histoire de l'Afrique, du début de l'esclavage, au néo-colonialisme en passant par le colonialisme direct.

Dans le cadre d'une histoire romancée, il explique, sans aucun faux-fuyants les problèmes qu'a rencontrés et que rencontre ce pays nommé " Adodougou "....

Les responsabilités partagées ne sont pas masquées, qu'il s'agisse de l'esclavage, ignonimie " conçue et orchestrée avec la complicité de ces chefferies " ou qu'il s'agisse de la colonisation s'appuyant sur la veulerie et l'intérêt de certains princes cherchant par là même à obtenir des privilèges....

L'auteur ne fait pas de cadeau, il en profite d'ailleurs pour analyser la situation internationale, condamner le libéralisme ambiant et dominant sans oublier de tancer le rouge délavé qui " vire au rose ou au blanc sale par endroit ".

Le drame de l'Afrique est présenté: le pillage des ressources minières importantes, l'agriculture détournée de sa fonction nourricière interne, le découpage artificiel en états prétendus indépendants, la rivalité entretenue entre ethnies....

Et les violences, révoltes dirigées par des hommes providentiels sauveurs suprêmes!?

Les prétendues révolutions ne sont que l'expression de rivalités sans perspective de changement :

" La faillite de la démocratie fait prendre les armes. Ceux qui sont au pouvoir et ceux qui veulent conquérir le pouvoir fredonnent le même slogan : " Animalité ethnique, règne! Voici ton ère! "

La vision n'est pas pessimiste mais réaliste, d'autant plus que l'auteur rejette tout renconcement...

Les larmes sont inutiles, il faut réfléchir, agir en changeant de cap.

La solution ne réside pas dans l'exil, dans une recherche d'un Eldorado..

D'ailleurs beaucoup de familles qui rejoignent l'Europe et la France se trouvent dans la clandestinité pour connaître la misère puis une expulsion parfois sans ménagement.

On est loin du discours victimaire.

" Ouvrons les yeux à la lumière qui anoblit l'humain, afin de chercher à nous dégager du milieu du chaos où nous roulons confondus avec une mondialisation libérale qui nous soumet à une généralité abstraite et au culte de l'argent. "

Les Africains dont nous parle l'auteur sont déterminés à agir pour permettre à l'Afrique de " vivre elle-même par elle même ", voici là une perspective et un combat que nous devons soutenir avec force et conviction...

Ce livre nous permet d'appréhender un peu mieux la situation et de comprendre les enjeux.

Jean-François Chalot

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