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  1. chronique d'Evariste
    1. Bonne semaine médiatique pour Sarkozy!, par Évariste
  2. combat laïque
    1. PROGRAMME RENCONTRE LAIQUE INTERNATIONALE, par Le Collectif D'initiative Laïcity
    2. Du procès de Charlie aux journées des 10 et 11 février, par Simon Blumental
    3. PROCES DE CHARLIE HEBDO: "Le devoir de critiquer les religions", par Louis-Marie Horeau
    4. Blog de soutien à Charlie Hebdo, par Caroline Brancher
    5. Bordeaux, capitale des intégristes : merci Juppé, par Stéphane Lhomme
  3. à lire
    1. Achetez et lisez le livre de Catherine Kintzler, par Bernard Teper
  4. élections présidentielles 2007
    1. Les ouvriers, oubliés de la Présidentielle, par Pierre Mascomère
    2. Socialistes de gauche, rendez-vous en 2012 !, par Yves Guyet
  5. combat social
    1. Appel : "Pourquoi nous consentons à l'impôt", par Alternatives Economiques
    2. Vous avez dit "libéral" ?, par Raymond MARI
  6. courrier des lecteurs
    1. Respectez la police, par Daniel Cabuzel
    2. Défendre Val, par Anonyme
  7. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Bonne semaine médiatique pour Sarkozy!

Il faut admettre que Nicolas Sarkozy a oublié d'être bête. Le coup de théâtre qu'il a provoqué, ce mercredi matin, au procès de Charlie Hebdo, s'inscrit dans la stratégie du double discours attrappe-tout du maire de Neuilly. Constatant que Bayrou et Hollande allaient être témoins en faveur du journal satirique Charlie Hebdo, le ministre de l'Intérieur a compris que l'attachement des Français à leur modèle laïque, et à la désacralisation des cultes était tellement grand qu'il ne pouvait laisser cet espace à ses deux adversaires. Il a donc soutenu inconditionnellement, de manière spectaculaire, Philippe Val, à la grande fureur de l'avocat de l'UMP, Spizner (qui n'avait pas l'air d'avoir été mis au parfum), de Boubakeur et de l'UOIF. En ce sens, quel grand moment que de voir Boubakeur, éructant à la télévision que dorénavant, tous ceux qui se moqueront de l'islam iront devant les tribunaux ! Où se croit le recteur de la Mosquée de Paris, par ailleurs ami de Chirac ? Quel délice que de voir un grand ponte de l'UOIF être assez stupide pour se laisser filmer en train de hurler après Sarkozy, et de dire que tout le Conseil Français du Culte Musulman devait démissionner !

Sarkozy est vraiment très fort. Il a livré le CFCM sur un plateau aux intégristes. Il se balade dans les banlieues, accompagné des imams de toutes les nationalités et de toutes les tendances religieuses, en oubliant les laïques et les féministes. Il leur promet le financement des mosquées par les finances publiques. Mais il réussit, en leur accordant presque tout, à se faire siffler par dix mille fanatiques, séparées de manière sexiste, au Bourget, en 2003, quand il rappelle que les femmes doivent enlever leur voile sur une photo. Et près de quatre ans après, il réussit le coup d'apparaître, aux journaux télévisés, comme celui qui tient tête, au nom de la République, aux prétentions des fous d'Allah et des communautaristes gauchistes qui les soutiennent, alors que, dans les faits, il leur déroule le tapis rouge !

Procès Charlie


crédit : X:

Lundi soir, je n'étais pas chez moi, mais j'ai vu des images que des amis m'ont enregistrées, sur la nouvelle émission de TF1, où on voit un candidat face à cent Français censés représenter le peuple. Super-Sarko est passé le premier. Il faut quand même préciser que la boite qui produit l'émission est dirigée par Dominique Ambiel, ancien directeur de cabinet de Raffarin, contraint à la démission suite à une sombre affaire de prostituée mineure retrouvée dans sa voiture, à Paris, au milieu de la nuit, ce qui, pour un homme se disant catholique pratiquant, fait quelque peu désordre ! Bayrou s'est permis d'ironiser sur la confusion des genres, et de suspecter la régularité de l'émission : poursuivi devant les tribunaux, comme un vulgaire Charlie Hebdo ! J'ignore si les invités ont été triés sur le volet, mais en tout cas, on peut difficilement, pour certains, mieux servir de faire-valoir à Sarkozy ! Ce jeune bobo prétentieux et agressif, insultant le ministre et le traitant d'homophobe parce qu'il s'oppose au mariage homo et à l'adoption, quelle aubaine pour flamber à la télévision !

Cette jeune femme, qui, au lieu de se dire citoyenne française, se présente comme musulmane d'origine algérienne, et dit qu'elle se sent insultée parce que le ministre dit qu'en France, on ne pratique pas la polygamie, ni l'excision, quel régal pour un Sarkozy de passer derrière, et d'apparaître comme celui qui défend les valeurs de la République, alors qu'en fait, il met en avant, dans tous ses écrits, la défense du communautarisme à l'anglo-saxonne, contre l'intégration républicaine !

Sarkozy, en attendant, continue de cumuler la fonction de ministre de l'Intérieur et celle de candidat. Curieusement, ce week-end, des événements très graves ont eu lieu dans les Yvelines. A Chanteloup, des jeunes cagoulés ont littéralement agressé une jeune policière de vingt-sept ans qui rentrait chez elle, dimanche, après une journée de service, démolissant sa voiture, et blessant gravement la jeune femme, qui a échappé de peu à un lynchage mortel. Des centres sociaux ont été mis à sac. Aux Mureaux, même genre d'incidents. Hasard, il y a juste un an, un " jeune " au volant d'une voiture volée, après avoir forcé deux barrages policiers sur l'autoroute, se faisait tuer en essayant de forcer le troisième. On se souvient qu'en 2002, la presse avait mis le paquet, lors des dernières semaines, sur l'insécurité, et les échecs du gouvernement Jospin, profitant de l'aveuglement de la gauche bobo sur cette question. Cette fois, Sarkozy est encore à l'Intérieur, et c'est silence radio du côté des médias, qui se découvrent soudain anti-fascistes, craignant de faire monter le score du Front national. La gravité de ces événements, l'exaspération des classes populaires devant ces violences qu'elles subissent, au premier rang, la non-prise en compte de la gravité des ces événements sont bien évidemment une véritable aubaine pour Le Pen, qui maintient toujours le suspens sur ses 500 signatures, et le silence médiatique n'y changera rien.

Pendant que la plupart des copains journalistes de Sarkozy, qui ont lynché littéralement Ségolène Royal pendant une dizaine de jours, la faisant passer pour une Bécassine, continuent de lui passent la brosse à reluire, le ministre de l'Intérieur peut continuer ses numéros de claquettes, sur les plateaux de télévision et dans des quotidiens tout acquis à sa cause.

Ségolène Royal va donc contre-attaquer, ce dimanche, à Villepinte. Elle devrait annoncer les grandes lignes de son programme. Au début, la réunion devait se tenir à Montreuil, mais ils ont changé de lieu. La version officielle est que Montreuil était trop petit, mais, ne le dites à personne, la vraie raison est que Montreuil est, ce week-end, la capitale de la laïcité, et que Ségolène a eu peur de cette concurrence (humour). Saura-t-elle continuer à rompre avec le discours officiel de la gauche bobo, tout en affirmant un discours clairement ancré à gauche ?

En attendant, nous vivons une époque formidable. Il y a deux ans, les tenants du oui au TCE expliquaient au bon peuple tout l'intérêt de continuer la construction européenne sur les bases anciennes. Les partisans du non étaient insultés, calomniés, qualifiés de ringards, de nationalistes, de xénophobes, voire d'alliés de l'extrême droite.

Le 29 mai, l'axe UMP-UDF-PS-Verts était balayé, surtout dans les classes populaires ! Un tremblement de terre, d'une importance égale à celui du 21 avril 2002.

Pourtant, depuis, l'Europe est passée de vingt-cinq à vingt-sept pays.

Le 25 mars prochain, tout ce beau monde, souhaitant oublier les votes français et hollandais, ira fêter, à Berlin, les cinquante ans du traité de Rome, et on aura droit au matraquage médiatique sur l'Europe facteur de paix et de progrès social !

Et le pour le 22 avril, premier tour des présidentielles, on nous fait croire que le troisième homme, Bayrou, partisan du " oui ", va troubler le jeu du duel entre deux autres partisans du " oui ", Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.

Vous ne croyez pas qu'il y a quelque chose qui ne va pas ?

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - combat laïque

2.1 - PROGRAMME RENCONTRE LAIQUE INTERNATIONALE

Hôtel de ville 93105 Montreuil, Métro Mairie de Montreuil, ligne 9

Samedi 10 février

9h00: Allocution de bienvenue:

Table ronde 1, De 9 h 30 à 12 heures, La laïcité, principe universel

Modérateur: Pierre Cassen, Rédacteur en chef du journal électronique RESPUBLICA Participants:

Déjeuner de 12 heures à 14 heures

Table ronde 2, De 14h à 16h, L'intégrisme contre les libertés de conscience et d'expression

Modérateur: Michèle Dessenne, militante féministe et altermondialiste (Les Pénélopes) Participants:

Table ronde 3, De 16 h à 18 h, Les intégrismes contre le droit des femmes et contre l'égalité hommes-femmes

Modérateur: Jocelyne Clarke, Rédactrice en chef de la Revue Laïque et Féministe (RLF)

Dimanche 11 février

Table ronde 4, De 9 h 30 à 12 h, La laïcité contre les racismes et les communautarismes

Modérateur: Anne Zelenski, Présidente de la Ligue du droit des femmes

Repas de 12 h à 14 heures

Table ronde 5, 14 h - 16 heures, Pour une mobilisation des forces laïques et féministes à l'échelle mondiale

Modérateur: Monique Vézinet Rédactrice en chef d'UFAL-INFO

Conclusion : Jean-François Kahn, directeur de "Marianne"

Contacts organisationnels :

Compte de financement :

Le Collectif D'initiative Laïcity c/o UFAL - 27, rue de la Réunion - 75020 PARIS - France
Tél. : 01.46.27.09.25

2.2 - Du procès de Charlie aux journées des 10 et 11 février

"Le terrorisme consiste à vouloir prendre le pouvoir au nom de Dieu. Il s'agit là, à mon avis, de l'expression la plus aboutie du cléricalisme.", Louis-Marie Horeau - journaliste au Canard Enchainé (Nouvel-Obs du 7 février)

C'est par ces mots que se termine l'interview recueillie, pour le Nouvel Obs par Chiara Kenzo.

Ils illustrent parfaitement les combats, le nôtre, que mènent à travers le monde ces femmes et ces hommes qui résistent dans les pires conditions dans tous les pays ou l'intégrisme islamiste impose ou tente d'imposer sa vision obscurantiste et totalitaire de la société. Voilà, pour ne citer que cet exemple, si proche de nous, parmi tant d'autres, ce qui a provoqué les massacres, les égorgements, la terreur qui ont coûté la vie à 120 à 150.000 Algériennes et Algériens, de tous âges, au cours de la décennie noire.

Ceux qui ont intenté le procès contre Charlie Hebdo veulent, sans aucun doute, faire oublier les têtes coupées des sept moines de Thibhirine, les attentats en France, le détournement de l'Airbus, les fetwas de mort (proclamées ouvertement ou non !). Les attentats et les bombes humaines dirigées volontairement contre les populations civiles pour terroriser. Et cela partout à travers le monde, par des fous furieux qui ne pensent qu'à dépasser les horreurs du nazisme et qui proclament ouvertement et cyniquement leur volonté d'asservir l'univers. Au milieu de nombreuses autres, la tragédie irakienne voit s'affronter, au nom d'un même dieu !!!, sunnites et chiites pour se disputer l'hégémonie en vue non seulement du pouvoir en Irak, mais évidemment sur l'ensemble des musulmans de la "oumma" internationale. Plus de 3000 morts civils, par mois, voilà ce que coûte, aux populations musulmanes ces attentats "fratricides". Alors, les caricatures...

C'est naturellement dans ce contexte que nous situons la Rencontre laïque internationale qui se tiendra, samedi et dimanche, les 10 et 11 février, dans la grande salle de la Mairie de Montreuil, avec la participation d'un nombre impressionnant de personnalités, prélude à une mobilisation de tous ceux, qui à travers la planète, ont la volonté de résister, de faire front contre les menaces de tous ordres qui se manifestent.

A la haine et à la terreur, nous opposons l'amitié entre les peuples et la fraternité. Au totalitarisme et à l'obscurantisme nous opposons la liberté de conscience et la liberté d'expression. A l'asservissement des femmes nous opposons les droits de la femme et l'égalité des droits pour toutes et tous partout. Aux racismes, aux communautarismes, aux exclusions nous opposons la lutte contre toutes les discriminations. C'est cela notre conception de la laïcité.

C'est un combat de longue haleine, dans le contexte actuel, mais il est déjà engagé un peu partout dans le monde, il s'agit de le renforcer et de l'étendre par un soutien mutuel, dans le respect des choix et des conditions de chacun.

Simon Blumental

2.3 - PROCES DE CHARLIE HEBDO: "Le devoir de critiquer les religions"

Interview de Louis-Marie Horeau, journaliste au Canard Enchaîné.

Propos recueillis par Chiara Penzo (www.nouvelobs.com)

Le directeur de la rédaction de Charlie Hebdo parle de "procès médiéval". Partagez-vous son opinion et vous sentez-vous solidaire ?

Oui, nous sommes tout à fait solidaires de Charlie Hebdo. Ce matin au procès, j'ai entendu Philippe Val expliciter ce concept de "procès médiéval". Entendons-nous bien. C'est un procès normal, avec des magistrats, un débat contradictoire, etc. Mais la démarche en vertu de laquelle il a été intenté est complètement dépassée. Elle ne correspond plus du tout à l'évolution des moeurs ni à l'importance de la liberté d'expression dans notre pays. Ce procès nourrit la confusion entre islam et islamisme, entre les musulmans et les fous furieux qui ont plus foi en leur kalachnikov qu'en leur prophète. Ce qui est grave, c'est qu'ils se présentent comme les porte-parole de tous les musulmans. Ils donnent ainsi l'impression que l'islam tout entier part en guerre contre la liberté d'expression. Ce sont ces fous furieux que Charlie Hebdo a attaqués, et non pas les musulmans en général. Voilà pourquoi nous considérons que ce procès est mauvais dans tous les sens du terme: dans son intention et dans la manière de le mener.

Un journal satirique a-t-il le droit, selon vous, de soumettre une religion à la critique ? Vous arrive-t-il de tourner la religion en dérision ? Avez-vous déjà été poursuivi sur ce terrain ?

Un journal satirique a non seulement le droit mais le devoir de critiquer les religions. Il ne s'agit pas d'offenser ses pratiquants mais de lutter contre le cléricalisme, que je définirai comme la confusion entre croyance religieuse et lutte politique. Depuis sa création, en 1915, Le Canard Enchaîné a choisi le camp de l'anticléricalisme. Il était même l'une de ses expressions les plus vigoureuses. Aujourd'hui, l'Eglise catholique a perdu beaucoup de son influence et de sa superbe. L'anticléricalisme anti-catholique n'a donc plus beaucoup de sens. En revanche, l'anticléricalisme anti-musulman est toujours valable dans la mesure où l'on assiste à une montée de l'islam politique. L'islamisme est donc devenu la cible normale de tous ceux qui sont attachés à la liberté. Au Canard, nous n'avons pas publié les caricatures de Mahomet de l'an dernier, mais nous publions très souvent d'autres dessins satiriques sur la religion. A ma connaissance, nous n'avons jamais été poursuivis sur ce terrain. Quoiqu'il en soit, ces procès peuvent se gagner ! Surtout dans le cas présent, où il s'agit d'un procès de cléricaux contre des anti-cléricaux.

Au Danemark, la justice a relaxé les responsables du quotidien Jyllands Posten. Pensez-vous que ce procès puisse se terminer de la même manière ?

Je le souhaite, même s'il y a toujours un risque dans ce genre de procès. Une relaxe générale ne serait que justice pour Charlie Hebdo. Le journal était dans son rôle, il n'a pas, à mon sens, enfreint la loi. Le conflit récurrent qui oppose la liberté de la presse et la liberté de religion est dans ce cas artificiel. Charlie Hebdo a exercé la liberté de la presse mais il n'a pas attaqué une croyance. Il n'a fait que dénoncer une perversion de cette croyance, à savoir le terrorisme. Le terrorisme consiste à vouloir prendre le pouvoir au nom de Dieu. Il s'agit là, à mon avis, de l'expression la plus aboutie du cléricalisme.

Louis-Marie Horeau journaliste au Canard Enchaîné.

2.4 - Blog de soutien à Charlie Hebdo

http://soutenonscharlie.canalblog.com/

Caroline Brancher

2.5 - Bordeaux, capitale des intégristes : merci Juppé

Les messes pour Pétain tous les 23 juillet en l'église bordelaise St-Eloi sont légitimées par l'église catholique et par Alain Juppé.

Le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, président de la Conférence des évêques de France, a attribué le 1er février une "paroisse personnelle" à l'intégriste Philippe Laguérie dont le groupe sectaire se trouve de fait légitimé.

C'est de toute évidence l'aboutissement d'un processus commencé en 2002 par l'attribution illégale de l'Eglise St-Eloi aux intégristes par le maire de Bordeaux Alain Juppé.

Cinq ans plus tard, malgré trois jugements très clairs (dont le dernier par le Conseil d'Etat), les intégristes sont toujours en place et leur présence est désormais légalisée.

Il est attristant de voir Mgr Ricard, connu pour ses positions progressistes, aller à Canossa sur injonction d'un pape réactionnaire.

La responsabilité la plus écrasante reste néanmoins celle d'Alain Juppé qui a une nouvelle fois montré ses penchants pour les courants réactionnaires et anti-laïques. "Grâce" à Alain Juppé, Bordeaux est désormais la capitale des intégristes.

Stéphane Lhomme Militant associatif bordelais, Auteur de "Juppé saute sur Bordeaux"

3 - à lire

3.1 - Achetez et lisez le livre de Catherine Kintzler

Qu'est-ce que la laïcité?, Catherine Kintzler

Chemins philosophiques, Editions VRIN, 7,5 euros

Ca y est!

Celle qui a été de tous les combats pour les idéaux de la laïcité et de la république, celle qui a été le plus loin dans l'étude du concept de laïcité de tous les intellectuels encore vivants, celle que tout le monde a copié y compris des intellectuels plus connus qu'elle, celle qui a explicité les thèses de Condorcet sur l'école publique, celle qui est l'une des principales théoriciennes de l'Opéra, celle qui a réfuté brillamment les thèses de Régis Debray sur l'enseignement du fait religieux, celle qui fut du combat pour une loi contre les signes religieux à l'école dès 1989, celle qui fut également co-auteur de la dernière estocade pour la loi dans la tribune de Libé du 6 mars 2003 qui allait "emporter le morceau", celle qui n'a jamais transigé sur ces principes contrairement à d'autres qui ont été "à la soupe", a enfin fait son livre sur ce sujet.

Vous pouvez donc refermer tous les autres livres et se délecter avec celui-là.

Elle qui a été l'inspiratrice de tant de combats est restée humble. Alors que beaucoup de soi-disants intellectuels plus souvent habitués à faire des courbettes comme dans l'Ancien régime pavanent dans les médias, il convient que tous les militants laïques et républicains fassent plus que lire ce livre, il faut l'étudier.

Il n'est pas d'un abord facile car il est d'une grande précision comme aucun autre livre ne l'est.

Il conviendra ensuite que des militants en fassent une vulgarisation plus populaire. Ce livre est indispensable pour tous les étudiants, enseignants ou intellectuels qui veulent aller plus loin que la vulgate sur ce sujet.

Cela dit, les trois paradoxes de la laïcité étudiés dans ce livre sont d'une éclairante actualité et donnent à ce livre plusieurs longueurs d'avance sur tous ses contemporains.

Vous trouvez ce papier trop élogieux? Il correspond au propos d'un de ces utilisateurs de concept qui sait ce que le mouvement laïque lui doit, comme il sait la vacuité des pseudos-intellectuels fabriqués par les médias, les organisations et les superstructures soumis au turbocapitalisme sauvage.

Bernard Teper

4 - élections présidentielles 2007

4.1 - Les ouvriers, oubliés de la Présidentielle

Les ouvriers, que l'on présente souvent comme une espèce en voie de disparition, représentent encore 36% de la population salariée.

Si le secteur industriel ne représente plus que 17% du PIB français il en totalise 40% en comptant tout ce qui lui est directement lié. Ainsi, si l'industrie ne se porte pas bien c'est toute la croissance qui en est affectée.

Et l'industrie va mal, un sous investissement chronique en est à la fois la conséquence et la cause. En fait le cercle vicieux est enclenché.

Une chute drastique de l'emploi industriel : après une stagnation de 1994 à 2001, il est passé de 4,2 à 3,7 millions de postes en 2006. Et cela s'accélère.

Des délocalisations de plus en plus nombreuses, les capacités à l'export réduites par l'euro fort, des d'entreprises stratégiques rachetées hors Europe comme Arcelor ou Péchiney, des joyaux industriels abandonnés à des intérêts privés et personnels comme EADS et Airbus. Une politique économique qui se réduit à faire plaisir à des amis et aux différents lobbies (cf. Suez).

Quelles perspectives pour ces ouvriers aujourd'hui ?

Ils savent pertinemment que le coût global salarial en France (20$ l'heure) est sans comparaison plus élevé que chez les nouveaux venus européens : 6$ en Pologne, 2$ en Roumanie. Certes il est moins élevé qu'en Allemagne : 30$, en Belgique ou au Danemark : 32$ et même qu'en Suède : 25 $.

Ce coût global du travail est pourtant comparable à celui de la Grande Bretagne et du Japon et même inférieur à celui des EU : 22 $, (éléments, bien sûr, ne figurant que cachés dans les articles des journalistes et politiques de tous bords).

Les ouvriers savent bien qu'il n'est pas possible dans l'industrie ouest européenne d'obtenir des rendements financiers de 15%. Les investissements resteront donc nuls et l'industrie disparaîtra. Comme en Espagne, mais il semble que les espagnols n'aient pas encore compris que leur pays n'existerait plus si l'Allemagne se mettait à tousser !

Et que propose t on ? Réduire les prélèvements obligatoires ! Curieusement, on mélange avec le coût du travail les impôts payés par les patrons ! Et nombreux sont les politiques de tous bords qui n'y voient pas malice, on attend la protestation du PS ! C'est pourtant la retraite des ouvriers, qui sera réduite, leur retraite, leur seul " capital ", leur seul patrimoine !

Mais aujourd'hui ; les petits salariés ne sont plus à l'écart, menacés aussi de délocalisation. C'est la Compagnie d'Assurances AXA, et d'autres, qui annoncent leur intention de délocaliser des milliers de postes.

Ces petits salariés représentent 23% de la population salariée. Avec les ouvriers c'est donc 59% de la population salariée, une large majorité des salariés, une majorité de l'électorat populaire.

Alors ?

Aucun des candidats de la gauche, à ce jour, ne répond à l'angoisse. L'offre politique, insuffisante, est secrétée par les institutions tournées vers un objectif : instaurer le libéralisme économique obligatoire et sortir l'économie du champ politique. La gauche antilibérale, tombée dans le piège institutionnel présidentiel et le jeu des ego a échoué dans sa tentative d'unité.

Le PC tout à ses problèmes internes et soucieux de suivre, voire de précéder des " activistes moraux ", oublie la gauche sociale pour la gauche morale et, défendant immigration, sans papier, sans travail, etc. ; prend la Seine St Denis pour un raccourci de toute la France. Ce n'est pas en soi un défaut mais c'est pour le moins réducteur et surtout mortifère pour la classe ouvrière.

Les militants à gauche et anti-libéraux du PS, sont stérilisés, presque inutiles dans un parti qu'ils n'influencent plus guère.

Entendre parler Ségolène Royal de démocratie participative, quand nul débat n'a été organisé concernant l'élargissement de l'Union Européenne ou les directives énergies, relève de la tromperie.

Alors le risque est que devant cet état catastrophique, et faute de perspective ces catégories populaires se réfugient dans l'abstention (presque 30% en 2002) ou suivent en partie, comme déjà en 2002, les sirènes de ceux qui donnent de mauvaises réponses à de vraies questions comme JM Le Pen. (à suivre...)

Pierre Mascomère Club de la Gauche Citoyenne 78

4.2 - Socialistes de gauche, rendez-vous en 2012 !

Il faut bien se résoudre à appeler un chat un chat. Il y a depuis l'investiture de Ségolène Royal des socialistes de droite (sociaux-libéraux et sociaux-démocrates) et des socialistes de gauche (anti-libéraux). Et les socialistes de gauche - ceux dont les maîtres-mots sont : République, Etat, Laïcité, Urgence sociale et refus de l'Europe ultra-libérale - sont les SDF des élections présidentielles de 2007.

Après avoir espéré une candidature Montebourg, avant qu'il ne trahisse ses propres idéaux, une candidature Fabius, rentré dans le rang après sa défaite, une candidature Chevènement, avant qu'il ne se vende pour un plat de lentilles, une candidature Mélenchon, avant qu'il ne renonce, nous avons été en contact permanent avec les Collectifs anti-libéraux et travaillé avec eux en espérant une candidature commune, mais chacun a pu suivre jour après jour la chronique d'un échec annoncé, tant les intérêts particuliers l'ont emporté sur l'intérêt général. En termes clairs, nous n'avons pas de candidat et nous ne soutenons pas de candidat au premier tour des Présidentielles, d'une part parce que nous ne sommes pas représentés, d'autre part et surtout parce que nous n'avons pas trouvé dans le programme de la candidate investie par le P.S., pour autant que l'on puisse parler de programme, la moindre réponse aux attentes du peuple de gauche et des millions de mal-logés, de mal-nourris, de travailleurs précaires, de laissés pour compte du monde du travail, bref aux millions de victimes du libéralisme. Plus grave encore, le P.S. a laissé Ségolène Royal orienter sa campagne sur des slogans, certes racoleurs, mais dont on mesure jour après jour l'inconsistance.

Le peuple de gauche a déjà payé très cher l'aveu de Lionel Jospin en 2002, avouant que son programme n'était pas socialiste. Fallait-il nécessairement faire pire encore en 2007 en investissant - mais, démocratie oblige ! - une candidate qui fait preuve d'incompétence dès qu'elle ouvre la bouche et dont le thème de campagne, la démocratie participative, n'est rien d'autre que le cache-sexe de la démagogie et du populisme. Qui peut croire un instant que ceux qui souffrent d'un mal-vivre chronique se sentent rassurés par des : " à vos sacs à dos ! " ou par des " mon avis sera le vôtre ! " Le peuple de gauche attend de son candidat qu'il ait des idées, ce n'est pas le cas ! Et des idées de gauche, si possible, c'est-à-dire des idées pour résister au libéralisme mondialisé, pour relancer la lutte pour l'Egalité des chances, pour traiter l'urgence sociale par la solidarité, pour mettre un terme à la dissolution de l'Etat, pour changer en profondeur les institutions, redonner son rôle au Parlement... Il n'y a rien dans la campagne actuelle du P.S., ou plus justement dans la campagne de sa candidate, qui soit susceptible de satisfaire les attentes des socialistes de gauche, ni des gens qui souffrent.

Le moment venu, il faudra faire l'inventaire de cette campagne, et nous serons là pour demander des comptes. Il faudra même refaire l'historique de l'émergence de la candidate du P.S., car s'il n'est pas contestable qu'elle a été démocratiquement désignée, il reste nombre de questions en suspens à propos du rôle des médias, de leurs intérêts curieusement convergents avec ceux de la droite, de la bi-polarisation, fabriquée de toutes pièces par ces mêmes médias, de la stratégie du vote utile, voulue à la fois par notre système électoral et attisée encore et toujours par les médias. Le P.S. est tombé dans le piège du système : il a misé sur la personnalisation de ces élections plutôt que sur l'adéquation entre son programme et les électeurs qu'il était sensé défendre, il a misé sur la starisation, voire la staracadémisation de la campagne plutôt que sur le courage politique qui consiste à rassembler à gauche sur nos thèmes républicains, laïques et sociaux. Plutôt que de conspuer les " intellectuels de gauche " qui se déclarent les uns après les autres en faveur de Sarkozy, il conviendrait de s'interroger sur leurs motivations profondes. Au fond d'eux-mêmes, ne préfèrent-ils pas une droite cohérente à une gauche qui ne l'est pas ? Nous ne gagnerons qu'en fédérant les Gauches. C'est à quoi nous devons réfléchir et travailler ensemble. Si nous y parvenons, alors donnons nous rendez-vous en 2012 ! A vos sacs à dos !

5 - combat social

5.1 - Appel : "Pourquoi nous consentons à l'impôt"

Nous, soussignés, assujettis à l'impôt sur le revenu, et pour certains d'entre nous, à l'impôt de solidarité sur la fortune, considérons ces prélèvements comme légitimes et sommes fiers d'apporter ainsi notre contribution aux dépenses publiques nécessaires au progrès, à la cohésion sociale et à la sécurité de la nation. Nous considérons également qu'un impôt progressif sur les successions est le corollaire indispensable des libertés économiques offertes par l'économie de marché. Le marché est facteur de progrès parce qu'il permet à l'esprit d'entreprise de s'exprimer. Mais les inégalités qu'il engendre sont mortifères pour la démocratie si aucune limite n'est mise à la transmission héréditaire de la richesse. Celle-ci doit être acquise par le travail, par le talent, et non par le simple fait d'avoir hérité de ses parents. Une société où le pouvoir économique se transmet par héritage, est une société condamnée à une croissance lente, où les rentiers l'emportent sur les créateurs et où travail et mérite perdent toute valeur.

L'Etat doit bien sûr savoir se réformer. Augmenter les impôts n'est pas une fin en soi et la liberté de chacun passe par la libre disposition d'une large part du fruit de son travail. Mais voir des candidats à la magistrature suprême proposer des mesures démagogiques en matière fiscale et justifier la sécession sociale des plus riches nous consterne. Car nos revenus ne proviennent pas seulement de notre talent personnel. Ils ont été acquis par notre travail, mais celui-ci ne porterait pas ses fruits sans le stock d'infrastructures, d'innovations, de savoir-faire, de goût d'entreprendre, de lien social, qui nous a été transmis par les générations qui nous ont précédés. C'est cet héritage commun qu'il nous revient de préserver et de développer en priorité afin d'assurer la qualité actuelle et future de notre vie individuelle et collective. Ce qui passe par un niveau élevé de dépenses publiques. Ces dépenses ne sont pas seulement un coût, elles sont aussi un investissement, gage à la fois de justice et de dynamisme. C'est pourquoi nous consentons à l'impôt et récusons des baisses de la fiscalité dont la contrepartie serait l'insuffisance des moyens donnés à la protection sociale des plus pauvres, à l'éducation, à la recherche, à la santé, au logement ou encore à l'environnement.

Cet appel, lancé à l'initiative du mensuel Alternatives Economiques a déjà reçu le soutien de :

Jean-Marie Albertini, économiste, Fadela Amara, Max Armanet, journaliste, Philippe Askenazy, économiste, François Baraduc, chef d'entreprise et vice-président du Conseil général du Rhône, Sylvie Benoit-Chieux, enseignante, Pierre Besançon, Vice président du Conseil économique et social régional de Franche Comté, Christophe Bigot, avocat, Vincent Boggio, médecin, Gaby Bonnand, secrétaire national de la CFDT, Noël Bouttier, rédacteur en chef de Témoignage chrétien, Robert Boyer, économiste, Anton Brender, économiste, Bernard Carrère, animateur d'association, Luc Champagne, cadre supérieur, Louis Chauvel, sociologue, Christian Chavagneux, rédacteur en chef de l'Economie politique, Jean Clément, créateur et chef d'entreprise, Denis Clerc, fondateur d'Alternatives économiques, Jean-Baptiste De Foucauld, ancien commissaire au Plan, Gilles de Courtivron, ancien dirigeant du groupe La Vie - Le Monde, Geneviève Decrop, ancienne directrice de la Mission Rhône-Alpes d'information sur l'exclusion, Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste, Jacques Delors, Michel Dollé, rapporteur général du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale, François Dubet, sociologue, Gérard Duchamp, cadre supérieur, Cecile Duflot, secrétaire départementale des Verts Deux-Sèvres, Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives économiques, Gilles Finchelstein, cadre supérieur, Maurice Fournet, ancien chef d'entreprise, Philippe Frémeaux, directeur d'Alternatives économiques, Antoine Garapon, juriste, Patrice Garnier, consultant, Jérôme Gautié, économiste, Christophe Gendreau, Stéphane Gourdon, Frédéric Volovitch, musiciens, Les Wriggles, Roger Godino, ancien chef d'entreprise, Philippe Grangeon, cadre dirigeant, Jean-Claude Guillebaud, éditeur, écrivain, Jean-Paul Hébert, économiste, Thierry Jeantet, cadre dirigeant, mutualité, Wojtek Kalinowski, rédacteur en chef de la Vie des idées, Patrick Klugman, avocat, vice-président de SOS Racisme, Daniel Lenoir, cadre dirigeant, Didier Livio, chef d'entreprise, ancien président du Centre des jeunes dirigeants, Jacques Maire, cadre dirigeant, assurances, Jacques Maillot, chef d'entreprise, directeur de Témoignage chrétien, Antoine Martin, ancien DRH du groupe Danone, Eric Maurin, économiste, Dominique Méda, chercheuse, Olivier Mongin, éditeur, Marc-Olivier Padis, éditeur, Thierry Pech, secrétaire général de la République des idées, Hélène Périvier, économiste, Michel Préfol, ingénieur, Hugues Puel, économiste, Dominique Raymond-Blanc juriste, Loïc Richard, membre du Conseil économique et social de Bretagne, Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, Paulette Souchon, infirmière, Jérôme Vignon, Patrick Viveret, philosophe et magistrat, Dominique Voynet, sénatrice de Seine-Saint-Denis, Patrick Weil, directeur de recherche, Robert Zarader, cadre dirigeant - publicité ...

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Alternatives Economiques

Source : www.alternatives-economiques.fr

5.2 - Vous avez dit "libéral" ?

Le chef du service de gynéco-obstétrique de l'hôpital Pompidou, perçoit à ce titre un salaire de 8000 Euros net par mois versé par l'Assistance Publique. Mais il dispose en plus du privilège d'exercer son "art", dans le cadre d'une activité privée au sein de l'établissement. Il y facture la coquette somme de 120 Euros pour une consultation et réclame 1000 Euros pour une ablation de l'utérus (Cf. Le Parisien du 25 janvier).

Ce statut particulier, déjà ancien, a de tous temps défrayé la chronique. Sur le principe même, permettant à un salarié de disposer simultanément d'une activité libérale en utilisant les locaux, matériels et personnels de l'établissement. Mais également sur le respect des conditions sensées réguler ce type d'activité : ces praticiens devraient limiter leur activité privée à 20% de leur activité totale, ne pas faire plus d'actes en privé qu'en public, ne pas accorder de priorité à leurs malades personnels, respecter "le tact et la mesure" dans le montant de leurs honoraires et reverser un certain pourcentage de leurs gains privés à l'hôpital.

A constat des anomalies relevées dans ce domaine, en 1983, le Ministre de la santé de l'époque (J Ralite) avait publié un décret conduisant à la disparition du "secteur privé" en 1987. Une des premières mesures que prit le gouvernement de droite (J. Chirac) arrivé aux affaires en 1986 fut de rétablir et de pérenniser l'activité privée à l'hôpital.

Depuis, cette "verrue" n'a fait que grossir et actuellement plus de 4000 des médecins hospitaliers (sur 34 000) arrondissent gentiment leurs fins de mois (moyenne 64 000 euros. annuels en 2005, en progression de 34% en quatre ans).

On a noté qu'il s'agit d'une moyenne, puisque certains "pontes" atteignent des honoraires de plus de 500 000 Euros annuels !

Evidemment, dans ce secteur privé, les médecins qui respectent les tarifs de remboursement de la "Sécu" sont rares et les malades se voient confrontés à des honoraires exorbitants : 100, 150 Euros pour une consultation sont les tarifs les plus courants dans le hit parade que Le Parisien des 25 et 26 janvier à constitué.

Dans ce palmarès, on mettra en exergue le chef du service cancérologie de la Pitié (la mal nommée en l'occurrence)-Salpétrière qui n'hésite pas à taxer ses malades de 400 Euros la consultation! Imagine-t-on, ces personnes terrorisées par le spectre d'une fin dramatique, ces pauvres gens et leur famille, éperdus, dans une quête désespérée du miracle et qui, de surcroît, tombent dans ce genre de piège où, en plus de leurs souffrances, ils subissent forcément une dure sanction financière ?

Le "tact et la mesure" dites-vous! Cette formule n'est pas comme on pourrait le croire un ornement philosophique. C'est une limite édictée par le Code de Déontologie, le Code de Sécurité Sociale et la Convention à laquelle les médecins adhèrent vis-à-vis de l'assurance maladie. Les infractions à cette règle[1] devraient être sanctionnés par les Caisses Primaires et par le Conseil de l'Ordre des médecins.

Qu'on se rassure, les Caisses où siègent pourtant les représentants des assurés sociaux regardent ailleurs et le Conseil de l'Ordre vieille à la protection des intérêts du corps médical !

On aurait tort de croire que ce que Le Parisien monte à juste titre en épingle est un scandale circonscrit au sein de l'hôpital public. Il faut même faire immédiatement obstacle à ce qui risque de stigmatiser un des fleurons de notre dispositif sanitaire. Car cette inqualifiable dérive des honoraires médicaux par rapport aux tarifs de remboursement pratiqués par la Sécu devient aujourd'hui, dans des proportions plus réduite, une généralité chez les médecins libéraux qui exercent en ville.

Dans certaines régions (Ex : Ile de France, PACA, ...), les médecins qui respectent les tarifs conventionnels sont de plus en plus rares, chez les spécialistes en particulier. Les dépassements tarifaires augmentent de 10% par an depuis 1980. Aujourd'hui, en additionnant les dépassements des médecins et des dentistes, ce sont près de 6 milliards d'Euros qui sont abandonnés à la charge des ménages. Ils ne peuvent alors compter que sur une assurance complémentaire pour couvrir ce que la sécu n'a pas remboursé. Encore faut-il savoir que 8% de nos ressortissants n'ont pas d'assurance complémentaire et que 60% de ceux qui ont la chance d'en disposer ne peuvent prétendre qu'à une modeste participation qui exclue souvent les dépassements tarifaires.

Pour illustrer une formule désormais à la mode, un ministre disait récemment qu'il fallait rendre le droit au logement opposable comme l'est le droit à la santé! Avec les conséquences qu'entraînent la disparition des tarifs opposables en matière d'accès aux soins, on imagine la suite pour le droit au logement !

Si le recul de la protection sociale dans la prise en charge des soins ambulatoires, ne peut pas être mis au seul débit du gouvernement actuel (l'instauration du secteur "honoraires libres " date de 1980 - gouvernement Giscard/Barre -), la libéralisation des honoraires médicaux est une stratégie opiniâtre du pouvoir en place depuis 2002. La loi "Douste-Blazy" en 2003 et la dernière Convention médicale détériorent un peu plus la notion de tarifs opposables.

Et comme cela ne suffit pas, le ministre X. Bertrand, conseiller technique du candidat Sarkozy, dépense une énergie remarquable pour instaurer un secteur de liberté tarifaire supplémentaire (le secteur optionnel). Recalées par le Conseil Constitutionnel une première fois, les modifications législatives réintroduites viennent d'être agrées par la Haute juridiction.

Petit à petit, nous entrons dans l'éden libéral. Les Hommes vont enfin pouvoir profiter à plein de leur "liberté" dans une "compétition salvatrice" où "les meilleurs" pourront enfin émerger dans la hiérarchie sociale ! Vous entendez ceci dans la musique sarkozienne qui passe en boucle dans les médias.

Evidemment dans cette compétition là, les plus forts gagneront. Par sélection naturelle, après qu'on ait éliminé ceux qui cumulent les handicaps originels et conjoncturels, on aboutira certainement à une élite humaine exceptionnelle !

C'est ce sentiment élitiste et incroyablement égoïste qui anime le professeur que nous citions au début de cette réflexion. Après les révélations du Parisien, interrogé sur les turpitudes auxquelles il participe (honoraires exorbitants, discrimination dans les délais d'attente entre le public et le privé, etc.) "il éprouve un profond sentiment d'injustice" et "...ne se sent pas coupable..." et il ne porte pas de jugement sur la situation "...puisque, par définition, l'activité libérale est personnelle...". Quelle inconscience, ou quel cynisme !

L'activité libérale est donc personnelle ? Ce qui veut dire : ça concerne la personne... En dépit des autres ! Mais que représente ce statut " libéral ", dans une économie où le revenu des médecins est financé par la collectivité qui, en premier lieu, solvabilise une consommation dont serait incapables les malades, si la solidarité n'assurait pas la charge de la dépense ? Libéral, alors le prélèvement effectué sur le revenu des assurés sociaux paye une part très substantielle des cotisations sociales des professions de santé, que les assurances professionnelles de quelques spécialités sont désormais réglées aux 2/3 par la Caisse Nationale des salariés, etc, etc. Libéraux, ces médecins salariés des hôpitaux, qui utilisent les structures et personnel des établissements à leur propre bénéfice ? C'est une imposture qui enferme les malades dans les logiques d'un faux marché !

La santé ne se limite pas au périmètre individuel. C'est un bien collectif. Notre société l'a consacré dans les devoirs de l'Etat (Art 11 du préambule de la Constitution). Les professionnels de santé y contribuent. Ils doivent être conscients de leurs devoirs vis-à-vis de cette collectivité qui organise et protège leur activité. Voilà la réalité.

Quant aux déviances que nous venons d'évoquer, c'est une sorte de concentré de ce que secrète une société fondée sur un individualisme intégriste, où seuls les démunis sont voués à cette "responsabilité" que les politiques au pouvoir ne cessent de nous seriner lorsqu'il s'agit notamment de maîtriser les dépenses de santé.

Notes

[1] La notion de tact et mesure, implique que les honoraires soient adaptés aux moyens du malade et que le supplément reste dans des proportions raisonnables (le double des tarifs de la Sécu avait indiqué le Conseil d'Etat dans le passé)

Raymond MARI

6 - courrier des lecteurs

6.1 - Respectez la police

Cher ami, L'article paru récemment sur le retraité qui s'amuse aux dépends d'un agent de police et d'un automobiliste qui n'y est pour rien est à mon avis assez déplacé.

Bien entendu, c'est drôle, mais, à y regarder de plus près, c'est une occupation idiote, sauf à bouffer du flic sans discernement (A ce moment-là, il ne faut pas demander plus de sévérité et de sécurité dans les "quartiers") Le stationnement dans les villes devient infernal, certes, mais ridiculiser les agents qui essaient d'y mettre bon ordre ne va sûrement pas arranger les choses. Ou alors, il faut militer pour l'abandon de la voiture, chère voiture, déesse voiture ... encore trop synonyme de "liberté" pour les consommateurs que nous sommes. Ceci dit, je ne suis pas pour la censure. Juste une réflexion...

Daniel Cabuzel

6.2 - Défendre Val

Ah pour ça oui, Philippe Val a été un gros bourin contre les tenants du non, et il ne l'a jamais digéré cette défaite...

Et pourtant,

Oui, tout à fait d'accord avec toi, soutenons bec et ongles Val et Charlie.

Comme il faut militer à l'endroit où l'on se trouve et qu'il y a à Moulins des combats importants auxquels je ne peux me soustraire, je ne serai pas à Paris, mais je le regrette...

Cordialement,

Guy

Anonyme

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