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  1. chronique d'Evariste
    1. Un pari de fous, mais une vraie réussite, par Évariste
  2. combat laïque
    1. Appel pour la création d'un bureau international laïque, par Le Collectif D'initiative Laïcity
    2. Naissance d'un bureau international laïque, premier pas vers une internationale laïque, par L'Union Des FAmilles Laïques
  3. Pour le droit à la libre critique de tous les cultes
    1. Un indésirable s'invite au procès de Charlie Hebdo, par Caroline Brancher
    2. Caricatures de Mahomet : arrêter l'hypocrisie, par Stéphane Arlen
    3. Devant la salle d'audience : la République, par Mohamed Pascal Hilout
  4. Laïques de tous les pays unissez-vous!
    1. Les intégrismes contre les droits des femmes et l'égalité Hommes-Femmes: L'heure n'est plus aux palabres mais à l'action, par Michèle Vianès
    2. Comptes rendus du colloque de Montreuil contre l'intégrisme religieux, principalement islamique, par Jocelyn Bézecourt, Jeanne Bourdillon, Lucette Jeanpierre
    3. Bon dieu, quels moments !, par Mireille Popelin
    4. Témoignage des journées, et question à Evariste, par Leïla Shoof
  5. à lire
    1. "La peste monothéiste", de Cyrille Gallion: UN BRULOT ANTICLERICAL ET ANTI RELIGIEUX!, par Jean-François Chalot
  6. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Un pari de fous, mais une vraie réussite

Nous ne parlerons pas, dans ce numéro, des derniers épisodes de la campagne présidentielle, sans négliger pour autant l'importance de l'intervention de Ségolène Royal, ce dimanche, à Villepinte, ni des dernières prestations des autres candidats. Nous en resterons à ce qui a mobilisé toute notre énergie, ces derniers jours, l'organisation des journées internationales laïques, leurs suites, et le procès de Charlie Hebdo.

C'était un " pari de fous ", mais Respublica aime la folie, et avait envie de contribuer, en faisant une large promotion, à la réussite de l'initiative de Montreuil.

Il y avait pourtant de gros risques de prendre un bouillon de première.

L'Union des Familles Laïques (Ufal) s'était sentie bien seule à répondre à l'appel du président d'Algérie Ensemble, Simon Blumental, pour organiser cette rencontre. Les aides financières promises ne venaient pas. L'angoisse montait chez les organisateurs.

Pourtant, dans un contexte marqué par l'offensive de l'intégrisme islamiste, le procès de Charlie Hebdo et le référendum portugais sur le droit à l'avortement (60 % de pour, donc le gouvernement va légiférer, c'est une victoire), chacun sentait bien qu'il ne fallait pas passer à côté de cette opportunité.

L'avenir a donné raison à l'audace des organisateurs. Quel plaisir de revoir tous ces visages d'amis, avec qui nous travaillons depuis des années. Quel plaisir, comme pour Jean-Paul, Teresa ou Maryam, de découvrir un visage, alors que nous connaissons le nom depuis longtemps. Il n'y avait pas que des Parisiens, loin de là. Ils étaient venus, à leurs frais, de partout, de Bretagne, de Flers, du Vendômois, de Villeurbanne, de Lyon, de l'Ariège, d'Aix-en-Provence, de Marseille, de Bourgogne, de Bordeaux, de Toulouse, de Montauban ou d'ailleurs. Certains militants algériens avaient réussi à obtenir un visa, et étaient présents, mais d'autres, comme Halim Akli, un des initiateurs de l'initiative, était resté bloqué par décision des sbires de Bouteflika.

Cinq tables rondes d'une grande qualité furent organisées. Des témoignages venus de la Pologne à l'Algérie, de l'Argentine à l'Inde, de l'Iran à la Grande-Bretagne, du Congo au Sénégal...

Des contacts dans quatre-vingts pays, avec des organisations ou des personnalités.

Des liens fraternels sont noués depuis un moment avec des associations, et se sont consolidées ce week-end. Des films militants seront disponibles, tout sera fait pour qu'il reste des traces d'images et de son de cet événement.

Il y eut surtout des interventions, et des présences, qui firent chaud au coeur aux organisateurs, et à tous les présents.

Jean-Pierre Brard, maire de Montreuil, dont personne n'oubliera, outre la qualité de l'accueil du personnel municipal, le discours d'ouverture du samedi matin.

Anne-Marie Lizin, présidente du Sénat belge, qui, en toute simplicité, avait décidé qu'elle se devait d'être au milieu de nous, toute la journée de dimanche.

Christiane Taubira, avec qui nous n'avons pas toujours été en accord, mais qui avait tenu à assister, depuis la salle, modestement, aux travaux de la journée de samedi.

Corinne Lepage, compagne de toujours des combats laïques, qui avait tenu à saluer, par un mot chaleureux, l'assistance.

Marc Dolez, député du Nord, remarquable tribun, qui appela de ses voeux, sous forme d'un rêve qu'il espère voir se concrétiser, la naissance d'une internationale laïque disposant des moyens de travailler, partout dans le monde.

Pierre Carassus, maire de Vaulx-le-Pénil, ou Lucien Ferrier, élu régional Verts, modestement, avaient tenu à venir saluer les organisateurs, en toute discrétion, de même que Nicolas Voisin, maire adjoint socialiste de Montreuil.

Les organisateurs avaient fait le pari d'inviter à intervenir, autour de cinq tables rondes, une trentaine d'intervenants. Chaque orateur fut remarquable par sa particularité, son apport spécifique au combat contre l'obscurantisme, contre l'intégrisme, contre tous les totalitarismes religieux.

Pourtant, personne n'oubliera l'intervention de Caroline Fourest, ce samedi matin. Bien que submergée de travail et très fatiguée, elle tint quand même à venir faire un compte rendu du procès de Charlie Hebdo, et fut applaudie debout par l'ensemble des participants.

Michèle Dessenne et Jocelyne Clarke animèrent, le samedi après-midi, des tables rondes sur la liberté de conscience et l'égalité hommes-femmes, rien que des gros mots pour tous les intégristes. Leurs tables rondes permirent, outre les débats qu'elles suscitèrent, d'approfondir quelques questions, notamment sur l'intégrisme catholique et l'intégrisme islamiste, et sur la différence entre le combat laïque et le combat antireligieux (vieux débat).

Mohamed Sifaoui, qui vit depuis quatre ans menacé de mort, sous protection policière vingt-quatre heures sur vingt-quatre, terminera la journée de samedi par un long discours très émouvant, plein de dignité et de courage.

Anne Zélensky saura animer de main de maîtresse (féminisme oblige !) une table ronde très internationaliste, ce dimanche matin.

Les organisateurs, qui n'ont jamais de mots trop forts contre l'aveuglement, voire parfois la complicité devant l'islamisme d'organisations comme le Mrap, la LDH, une partie d'Attac ou les Verts, se réjouissent d'avoir vu dans la salle des membres de ces organisations, qui y défendent les principes laïques, et se félicitent des interventions d'Alain Callès, ancien dirigeant du Mrap, d'Antoine Spire, ancien membre du comité central de la LDH, Michelle Dessenne, membre d'Avenir d'Attac, ou de Philippe Namias, animateur du groupe laïque Vert " Lea ".

Les trois tables rondes où des débats furent organisés virent des témoignages passionnants, et des interventions nombreuses depuis la salle. Il y en eut pour tous les genres, de ce militant qui expliqua qu'il avait déposé plainte contre les éditeurs du Coran et de la Bible, pour incitation à la violence, à ces Algériens et Algériennes qui crièrent leur rage contre l'extrême droite islamiste et la tolérance qu'elle rencontrait en France, notamment de la part de franges de la gauche et de l'extrême gauche, en passant par ce militant de PRS qui expliqua la nécessité, pour les laïques, de défendre le service public.

La dernière table ronde était porteuse de tous les espoirs. Chacun espérait une conclusion forte, et des perspectives, car de nombreux intervenants avaient exprimé une attente : ne pas avoir fait cela sans lendemain.

Dans leur registre, Philippe Val, Mohamed Sifaoui, Marc Dolez et Jean-François Kahn, dans une conclusion passionnée comme seul cet homme libre sait en faire, surent répondre aux attentes.

Quant à Bernard Teper, président de l'Ufal, il proposa à l'assemblée un texte fondateur, qui donnerait naissance, de manière souple, à un bureau international laïque, premier pas pour que le rêve de Marc Dolez devienne réalité un jour.

Chacun sait que cela ne se construit pas d'un coup de baguette magique, mais comme disait un ancien président de la République, " Là où il y a la volonté, il y a un chemin ".

La presse n'a pas couvert l'événement, mais Caroline Fourest, Martine Gozlan, Philippe Val et Jean-François Kahn, symboles des esprits libres qui permettent à Charlie Hebdo et à Marianne d'exister, étaient là, ainsi que près d'un millier de visiteurs qui passèrent durant les deux jours !

Il fut réconfortant pour la rédaction de Respublica, dont la majorité des collaborateurs était présente, de s'entendre confirmer l'importance de notre support, et l'appui qu'il constitue pour beaucoup de militants, en France et dans le monde. Nous, on aime les compliments des amis, et les injures des adversaires.

Mais ce qui fit chaud au coeur des organisateurs fut d'entendre ces dizaines d'hommes et de femmes, venus souvent de loin, leur dire, en partant, les yeux brillants d'émotion et d'espoir : " Merci pour ce que vous avez fait, il fallait vraiment le faire, cela nous a fait vraiment du bien, vous nous avez redonné de l'espoir, bravo à vous ".

Un hommage qui ira droit au coeur de tous ces militants qui, derrière des tables, derrière un bar, consacrèrent leur week-end, et parfois bien plus, à assurer la réussite d'un pari fou.

Mais comme on dit au rugby, il faut maintenant transformer l'essai !

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - combat laïque

2.1 - Appel pour la création d'un bureau international laïque

Face à la résurgence des discours d'extrême droite raciste et xénophobe, face à la prégnance des discours idéologico-religieux de différents bords, face à cette montée des périls, nous lançons aujourd'hui un Appel international pour le Rassemblement des forces laïques.

Aujourd'hui, les intégrismes religieux de toute nature développent une offensive. Au devant de la scène internationale, l'avancée de l'intégrisme islamiste profite au développement de toutes les idéologies totalitaires fondées sur l'exacerbation des appartenances nationales, ethniques et religieuses, accentue et multiplie les pressions, partout dans le monde, contre les acquis démocratiques et laïques, les droits humains universels, l'égalité des sexes, le droit de s'exprimer, de critiquer, d'aimer et de vivre librement.

A l'issue de ces deux journées de travail et d'échanges extrêmement denses, nous pouvons nous féliciter d'avoir réuni des représentants des mouvements laïques d'une dizaine de pays, la France, l'Algérie, l'Iran, la Pologne, l'Inde, le Congo, Sénégal, Belgique ; et le soutien de nombre de citoyens, femmes et hommes, de tous les continents qui n'ont pu faire le déplacement pour cette première rencontre

Au travers des témoignages et des réflexions partagées au cours de cette rencontre, il apparaît clairement que dans de nombreux endroits du monde, la confrontation n'oppose pas les croyants aux athées. Elle n'oppose pas davantage, comme certains tentent de le faire croire, l'occident à l'islam. Il oppose les démocrates, les féministes, les laïques à tous les cléricalismes qui, profitant de l'offensive de l'islam politique, entendent imposer leurs dogmes médiévaux à l'ensemble des sociétés.

Ceux qui prétendent utiliser un concept de blasphème et intenter des procès, comme sous l'Inquisition veulent, faire oublier ces exactions, les têtes coupées des sept moines de Thibhirine, les attentats en France, les massacres de 120 à 150 000 algériennes et algériens de tous âges, au cours de la décennie noire, des terribles répressions en Iran dont la mise à mort des dizaines de milliers d'opposants dans les prisons politiques islamistes, les fatwas de mort - proclamées ouvertement ou non -. Ils veulent faire oublier les bombes humaines dirigées volontairement contre les populations civiles pour instaurer la terreur. Cela partout à travers le monde, par des furieux qui proclament ouvertement et cyniquement leur volonté d'asservir l'univers.

Au milieu de nombreux autres exemples, la tragédie irakienne voit s'affronter, au nom d'un même dieu, sunnites et chiites pour se disputer l'hégémonie en vue, non seulement du pouvoir politique en Irak, mais aussi en vue du pouvoir sur l'ensemble des musulmans de la " oumma " internationale. Plus de 3000 morts civils par mois, voilà ce que coûte, aux populations musulmanes, ces attentats " fratricides ". Cela n'enlève, en rien, les graves responsabilités des puissances mondiales(dont les Etats-Unis) et de leurs pouvoirs politiques dans l'aggravation des crises et l'exaspération des conflits.

Nous n'oublierons pas plus le combat contre le national-hindouisme, contre la régression orchestrée par le christianisme politique en Europe et en Afrique (notamment sur les batailles sur le droit à l'IVG et le droit des femmes). Nous prenons l'engagement de combattre tous les communautarismes et tous les intégrismes quels qu'ils soient.

Dans ce contexte, il devient urgent d'affirmer, comme l'ont fait des participants à cette rencontre, la portée universelle du principe de la laïcité qui se trouve aujourd'hui au centre des combats pour la liberté, l'égalité, la justice et la dignité.

La laïcité n'est pas un dogme. C'est un principe fondateur de la citoyenneté démocratique, de vivre ensemble,, de la garantie des libertés individuelles et collectives. La laïcité, c'est la séparation de la sphère privée et de la sphère publique La séparation du politique et du religieux est l'unique garantie de la liberté de conscience et d'expression, et de l'égalité entre homme et femme. Partout dans le monde, quel que soit le contexte politique, culturel ou religieux, les femmes sont au coeur des luttes pour la démocratie.

Les échanges de ces deux jours ont permis de confirmer, à partir de faits établis :

  1. que les intégrismes agissent contre les libertés de conscience et d'expression.
  2. que les intégrismes agissent contre les droits des femmes et contre l'égalité de sexes, légitiment et développent des discriminations liées au sexe et aux orientations sexuelles
  3. que les intégrismes et les communautarismes exacerbent les appartenances humaines pour en faire des instruments de pouvoir. Ils favorisent ainsi les haines et les phobies, le racisme et les discriminations et des violences meurtrières.
  4. que la laïcité, dans ses liens dialectiques avec la liberté et la citoyenneté démocratique, est un rempart contre les racismes, les communautarismes et les discriminations et l'instrument incontournable de la solidarité entre tous les êtres humains
  5. que la laïcité, principe universel, doit être appliquée à l'échelle mondiale.

Le rassemblement a permis d'affirmer la nécessité de l'inscription de la laïcité sur les divers terrains des luttes sociales et politiques pour la liberté, l'égalité et les droits sociaux fondamentaux :

Confrontés à la violence d'une mondialisation néolibérale débridée, certains mouvements et certaines forces perdent leurs repères humanitaires en se montrant perméables aux discours des intégrismes de toutes natures et particulièrement islamiste, comme, au siècle dernier certains l'ont été pour les fascismes et le nazisme.

Le combat pour la laïcité n'est pas un concept abstrait. Il s'investit au sein des luttes existantes, dans les sociétés les plus diverses. La laïcité en tant que pratique vivante, ancrée dans le monde réel, est le trait d'union entre toutes les luttes pour les libertés, l'émancipation et l'égalité des droits.

Le combat laïque doit donc s'inscrire dans la lutte contre TOUTES les discriminations aussi bien dans les quartiers, les cités et les banlieues des pays riches, que dans les mégapoles et les zones dévastées des pays pauvres.

Ces deux journées ont révélé la volonté de tous de se rassembler dans un large front de type anti-fasciste, laïque et féministe afin de mettre en place des actions solidaires au niveau international, pour faire avancer la laïcité, c'est à dire les libertés démocratiques partout dans le monde.

Nous lançons cet Appel à la constitution, à travers le monde, d'un bureau international laïque, d'informations et de liaisons.

A la haine et à la terreur, nous opposons l'amitié entre les peuples et la fraternité ! Au totalitarisme et à l'obscurantisme, nous opposons la liberté de conscience et la liberté d'expression. A l'asservissement des femmes, nous opposons les droits et l'égalité de ces droits pour toutes et tous, partout. Aux racismes et aux communautarismes, aux exclusions, nous opposons la lutte contre toutes les discriminations. C'est cela le combat pour la laïcité.

C'est un combat historique, de longue haleine dans le contexte actuel, mais ce combat est déjà engagé partout dans le monde : il s'agit aujourd'hui de le renforcer et de l'étendre dans le respect des choix et des conditions spécifiques à chacun.

Nous créerons une adresse électronique de contact secretariat@laicity.info et une adresse postale Bureau laïque international c /o UFAL 27 rue de la réunion Paris 20ème.

Le Collectif D'initiative Laïcity c/o UFAL - 27, rue de la Réunion - 75020 PARIS - France
Tél. : 01.46.27.09.25

2.2 - Naissance d'un bureau international laïque, premier pas vers une internationale laïque

Communiqué de l'Union des Familles Laïques

L'Union des Familles Laïques se félicite du succès des journées internationales laïques qu'elle a organisées, avec l'association Algérie Ensemble, ce week-end, à Montreuil. Elles se tenaient dans un contexte particulier. La montée des intégrismes religieux dans de nombreux endroits du monde inquiète les démocrates, les laïques et les féministes de ces régions.

Le procès d'un autre siècle, intenté contre Charlie Hebdo par les islamistes, a montré une volonté caricaturale de ces organisations de ne pas accepter, en France, la liberté d'expression, la liberté de conscience et le droit à la libre critique de tous les dogmes, y compris sous forme artistique et humoristique. En France, ils s'attaquent à la liberté de la presse, et ont entrepris un bras de fer, depuis plusieurs années, contre les principes émancipateurs laïques de la société française.

Dans d'autres endroits, quand le rapport de forces leur permet, ils menacent, emprisonnent, et parfois assassinent quiconque résiste à leur vision totalitaire du monde.

Dans le même temps, au Portugal, les citoyens ont choisi, à plus de 60 %, malgré la pression très forte de l'Eglise catholique et des forces conservatrices, la légalisation de l'avortement, et le gouvernement devra légiférer en ce sens ces prochaines semaines. Mais l'intégrisme catholique continue, notamment en Pologne, à attaquer les droits des femmes et à vouloir imposer sa vision à l'ensemble de la société.

La présence à ces journées de personnalités comme Jean-Pierre Brard, Marc Dolez, Anne-Marie Lizin, présidente du Sénat belge, Christiane Taubira, Mohamed Sifaoui, Caroline Fourest, Mohamed Abdi, de Ni Putes Ni Soumises, Philippe Val, Jean-François Kahn et bien d'autres, ont montré l'intérêt grandissant qui existe aujourd'hui en France pour défendre les principes laïques, face à la montée des intégrismes religieux.

Les témoignages d'hommes et de femmes issus d'Algérie, d'Iran, du Maroc, d'Inde, de Pologne, de Grande-Bretagne, d'Argentine, du Danemark et de bien d'autres pays, ont montré l'intérêt de mieux lier les combats que doivent mener, partout dans le monde, les laïques pour défendre Lumières contre l'obscurantisme.

Le fait que l'intégrisme islamique soit aujourd'hui le plus dangereux et le plus agressif, ne doit pas faire oublier pour autant la nocivité du catholicisme politique dans toute l'Europe, en Afrique et en Amérique du sud, ni la réalité du " national-hindouisme " en Inde, ni celle des évangélistes protestants, très présents autour du président des Etats-Unis, ni celle de l'intégrisme juif et d'autres menaces contre les libertés.

Pour y répondre, il a été décidé de créer un bureau international laïque, structure souple permettant, dans les quatre-vingts pays au monde où des contacts sont pris, de mieux s'informer, de mieux s'organiser, de mieux se défendre, de mieux contre-attaquer, face aux attaques incessantes de tous les intégrismes.

L'Union des Familles Laïques, sans intention hégémonique, ni sectarisme, mettra toutes ses forces dans la construction de cet outil indispensable, et appelle toutes les organisations se réclamant des principes laïques et féministes à contribuer à la réussite de ce projet, premier pas vers la construction d'une internationale laïque qu'appelait de ses voeux Marc Dolez, lors de la conclusion de son intervention, lors de ces journées.

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

3 - Pour le droit à la libre critique de tous les cultes

3.1 - Un indésirable s'invite au procès de Charlie Hebdo

La venue de Dieudonné au procès de Charlie Hebdo n'a pas de quoi faire rire ou alors rire jaune, c'est comme on veut. Le trouble fête, qui s'est déplacé au prétexte de soutenir la liberté d'expression, a bien sûr provoqué la colère des journalistes de Charlie.

Pour rappel, lors de la republication des 12 dessins par Charlie Hebdo, les troupes de Dieudonné[1] elles mêmes étaient venues insulter les journalistes de Charlie Hebdo en bas de la rédaction.

En réalité, Dieudonné a une toute autre définition de la liberté d'expression que celle de Charlie Hebdo.

Comme il l'affirmera sans aucune gêne devant la caméra d'un bloggueur, la liberté d'expression est pour lui " la liberté de dire n'importe quoi " " On a le droit de dire tout et n'importe quoi " clamera-t-il.

Dieudonné, qui s'est déplacé mais n'a assisté à aucun débat, considère que l'issue du procès va déterminer si " on le droit de cracher à la gueule des musulmans " donnant ainsi du grain à moudre à ceux qui assimilent les caricatures de Mahomet à du racisme.

Revendiquant " un droit au crachat ", Dieudonné ajoutera : " Il faut qu'on puisse cracher à la gueule de tout le monde " Dieudonné s'est d'ailleurs lui même défini comme un " cracheur professionnel " devant les caméras.

C'est à se demander si Dieudonné n'a pas besoin de se faire psychanalyser. C'est en tout cas ce que lui suggérera Caroline Fourest qui, s'étant avancée pour questionner Dieudonné sur sa présence au procès, n'obtiendra comme seule réponse que pitreries et grimaces de la part de son interlocuteur. Preuve par là que Dieudonné ne brille guère pas la force de ses arguments mais excelle plutôt dans la bêtise, tout particulièrement quand il s'agit de se montrer devant les caméras.

On ne sait pas très bien quelles sont les raisons qui poussent Dieudonné à confondre blasphème et racisme. Est-ce par malhonnêteté intellectuelle comme c'est le cas de l'UOIF, la mosquée de Paris et la Ligue Mondiale Islamique qui veulent instaurer un délit de blasphème de manière détournée ?

Ou est-ce par besoin de se complaire dans la fange, tout spécialement quand les caméras sont là pour ne pas en louper une miette ? Plus simplement encore, Dieudonné a-t-il choisi de se reconvertir dans des sketchs frisant la débilité, croyant peut être que certains seraient eux mêmes assez débiles pour en rire (et auquel cas c'est loupé) ?

Quoiqu'il en soit, ce qu'on comprends très bien c'est pourquoi Dieudonné attend avec impatience l'issue du procès de Charlie Hebdo : une non condamnation de Charlie serait pour Dieudonné le feu vert tant rêvé pour tenir des propos antisémites et racistes.

Que les choses soient donc très claires :

Dieudonné n'est pas un défenseur de la liberté d'expression, Dieudonné est un raciste qui revendique le droit à tenir des propos racistes.

Pour ses prochaines sorties médiatiques, le nouvel ami de Le Pen devrait peut être se contenter des rassemblements Front National.

Néanmoins, la venue de Dieudonné au procès de Charlie Hebdo aura eu au moins le mérite de nous rappeler quelque chose :

Si l'activisme des intégristes mettent en danger la liberté d'expression, il est une liberté fondamentale qui a encore de beaux jours devant elle dans ce beau pays qu'est la France : celle de dire n'importe quoi devant une caméra de télé.

Notes

[1] Pour preuve des véritables intentions de Dieudonné envers Charlie Hebdo, ses troupes avaient appelé à manifester devant Charlie Hebdo en février 2006. Pour l'occasion, un partisan de Dieudonné avait composé une chanson. Voici ce que donne la liberté d'expression (liberté de dire n'importe quoi) dans la bouche des sbires de Dieudonné qui ont suivi la leçon du maître à la perfection : http://lesogres.info/article.php3?id_article=1521

Caroline Brancher

Source : www.prochoix.org/

3.2 - Caricatures de Mahomet : arrêter l'hypocrisie

L'affaire des caricatures de Mahomet est révélatrice : dans des pays libres, on n'ose plus, dorénavant, critiquer les religions, et notamment l'islam, de peur des procès (dans le meilleur des cas), ou des menaces de mort.

Lors du procès de Charlie Hebdo (intenté, rappelons-le, par des " musulmans modérés ", c'est dire...), on a voulu faire taire la liberté d'expression, et la critique du religieux, considéré comme sacré et donc intouchable.

Les défenseurs de Charlie Hebdo ont à maintes reprises déclaré que l'hebdomadaire ne s'en était pas pris aux musulmans ou à l'islam, mais aux intégristes, ce qui est vrai. Mais il faut cesser d'être hypocrite et avoir enfin le courage de dire la vérité : la source de l'islam, c'est le Coran, et le Coran contient d'innombrables messages de haine, d'exclusion, de discrimination, de misogynie, et de mort. Le Coran lui-même raconte comment Mahomet a mené des batailles et tué ses ennemis pour mieux diffuser sa religion de paix. On peut toujours affirmer que tous les musulmans ne sont pas des terroristes (ce qui est heureusement vrai !), mais il ne faut pas hésiter à rappeler sans cesse que le livre saint de l'islam est un livre criminogène, et par là extrêmement dangereux.

Les musulmans " modérés " nous citent toujours de belles phrases du Coran pour montrer que l'islam est une religion d'amour et de paix. Pourtant, quiconque a un jour lu ce livre sait très bien qu'on y prêche aussi la pire haine, qu'on n'admettrait pas dans un autre livre.

Pour ceux qui ignorent encore le contenu de ce livre monstrueux, voir cet article. Juste pour se faire une petite idée, voici deux citations : " Nous vous appellerons à marcher contre les nations puissantes, vous les combattrez jusqu'à ce qu'elles embrassent l'islamisme " (Sourate XLVIII, 16). " Faites la guerre à ceux qui ne croient point en Dieu ni au jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son apôtre ont défendu, et à ceux d'entre les hommes des Écritures qui ne professent pas la vraie religion. Faites-leur la guerre jusqu'à ce qu'ils payent le tribut de leurs propres mains et qu'ils se soient soumis " (Sourate IX, 29). Non seulement ce livre affirme l'infériorité de la femme, l'autorisation de la battre et l'obligation de lapider la femme adultère (avec des cailloux assez petits pour la faire souffrir) ; non seulement il veut mettre à mort ceux qui quittent l'islam (les apostats) ; il déclare également la guerre à tous ceux qui ne se convertissent pas d'emblée.

Imaginez que j'écrive un livre où, sur des centaines de pages de déclarations d'amour, je glisse quelques phrases appelant à la mort des musulmans... On interdirait (à juste titre !) ce livre dangereux pour la paix sociale, et on me condamnerait pour incitation à la haine. Mais quand il s'agit de la Bible (qui est pareille) ou du Coran, là, c'est autre chose : c'est sacré, on n'y touche pas.

Alors on laisse faire, on laisse dire, de peur de mettre le monde à feu et à sang et d'être privés de pétrole. On laisse les filles porter le voile (leur liberté !), on crée des espaces séparés pour hommes et femmes, on met en place un Conseil Français du Culte Musulman (divisé, mais uni pour intenter des procès), on veut changer la loi de 1905 pour mieux financer les cultes... bref, on se couche en permanence devant les pires idéologies liberticides.

Je suis consterné de voir que nous avons en France si peu d'intellectuels dénonçant publiquement le danger de religions fondées sur des livres parlant de massacres commis au nom de Dieu et appelant à livrer bataille et à conquérir sans cesse. Je suis écoeuré de voir les compromissions d'une grande partie de la classe politique (de la droite à l'extrême gauche) avec les intégristes (ceux qui respectent la lettre !) de toutes les religions, et notamment avec tous les illuminés qui circoncisent les garçons, voilent les filles et cherchent à briser nos libertés.

Il est grand temps que nous nous levions, que nous nous insurgions pour clamer haut et fort qu'on ne peut plus considérer comme religion de paix et d'amour une religion fondée sur un livre haineux et diffusée par le sabre. Il faut faire comprendre au grand public que si les juifs, les chrétiens et les musulmans ne tuent pas et cherchent à faire le bien, ce n'est pas parce que leur religion est d'amour, c'est parce qu'ils laissent de côté les passages de leur livre saint qui les dérangent. Et s'ils tuent, ils ne sont pas de mauvais croyants, car leurs livres le leur permettent ! J'ajoute qu'entre Moïse l'assassin imaginaire (dans la Bible, il est dit qu'il assassine un Égyptien et nous savons que Moïse n'est qu'un mythe), Jésus la fable (aucune preuve historique de l'existence de celui sur lequel reposent le christianisme et l'islam) et Mahomet le chef de guerre criminel, il faudrait peut-être arrêter de considérer les religions qui découlent de ces trois " prophètes " comme naturellement respectables. Non seulement les religions ne sont pas intrinsèquement bonnes pour l'humanité, mais elles sont souvent nuisibles. Les combattre relève de la nécessaire résistance au retour de cet obscurantisme qu'on croyait d'un autre âge.

Devant les agressions dont les libertés et la laïcité sont victimes, nous ne pouvons plus nous taire. Ensemble, recommençons le combat!

Stéphane Arlen président de l'association Faire Le Jour
www.fairelejour.org

3.3 - Devant la salle d'audience : la République

Le procès intenté à Charlie Hebdo a été une formidable occasion de prendre le pouls de la citoyenneté française. Malgré la pluie glaciale, il y avait foule devant le Palais de justice à Paris. Une heure d'avance suffisait à peine pour avoir une petite chance d'accéder à la salle d'audience en ce mémorable mercredi 7 février 2007, jour d'ouverture du procès. Journalistes, photographes et cameramen se bousculaient et se mêlaient aux représentants de la Grande Mosquée de Paris, des autres parties civiles mais aussi au peuple français dans toute sa diversité. Ce maelström humain auquel je me suis joint est le bon endroit où les rires fusaient et le débat chauffait l'atmosphère dès les grilles du Palais de Justice. En arrivant juste derrière M. Heneghan, spécialiste des religions à l'agence Reuters, je ne pouvais pas mieux tomber. Il discutait avec des homologues en anglais et il riait tous juste derrière une délégation où j'ai reconnu M. Zekri de la mosquée de Paris (MP). Pour entrer dans le vif du sujet, je lance à notre journaliste anglais dont je connaissais l'humour : " Devant un musulman, comme moi, il est interdit de rire, Monsieur Heneghan ! ". L'effet fut immédiat et les fronts immédiatement constitués avant même les formalités des fouilles. Le représentant de la Mosquée de Paris avait mordu à l'hameçon et nous a rappelé avec force l'offense faite aux musulmans par Charlie Hebdo. C'était l'occasion de " féliciter " la MP d'avoir emboîté le pas à l'UOIF et de lui rappeler, qu'il y avait tout de même bien des musulmans qui soutenaient Charlie Hebdo et que nous musulmans nous savions aussi rire de notre bêtise bien humaine.

Quelle ne fut notre surprise devant la XVIIe chambre ! Une barricade était dressée pour retenir une foule impatiente et bruyante. Les journalistes étaient légion et nous faisions pâle figure de retardataires. La priorité ayant été donnée à la presse, le reste des places pouvait à peine satisfaire le quart de la demande présente à ce moment. Les laissés pour compte emplissaient alors tout le hall et dénonçaient l'injustice qui privaient les citoyens de suivre les débats.

Les débats durant le procès ayant été suffisamment relatés par divers journaux, il serait plus intéressant de s'attarder aux micros débats qui se sont déroulé devant la salle d'audience.

La protestation véhémente des citoyens frustrés était encore plus violente le jour suivant puisque la salle et le hall étaient combles dès 13h, soit une heure avant le début du procès. Autant les débats étaient relativement calmes le mardi, autant le mercredi après-midi était bien animé. L'arrivée de Philippe Val et des témoins en sa faveur était chaleureusement applaudie alors que les deux représentants de l'UOIF (son président Thami Breze et le secrétaire général Fouad Alaoui) étaient hués.

Mais ce procès n'a pas attiré que les nombreux défenseurs de Charlie Hebdo, il y avait aussi quelques barbus et voilés, des convertis qui se croyaient obligés d'arborer une djellaba comme mon père pour être musulmans et d'autres musulmans qui défendait l'avis de l'UOIF et de la MP tout en étant habillés comme tout le monde.

Après la distribution de mon texte de soutien que Charlie Habdo avait publié la veille du procès, j'ai été sollicité pour entrer dans des débats le plus souvent amicaux et encourageants mais aussi contradictoires. Ainsi, un Monsieur d'un certain âge est venu tout simplement me rendre mon papier en me signifiant en Arabe que je pouvais me torcher avec. Avec un grand sourire, je lui ai dit " Merci ! ". Il est reparti discuter avec son petit groupe et il est revenu me voir quelques minutes après. Tout en me qualifiant de non musulman, il désirait visiblement entendre l'explication de mon attitude favorable à Charlie Hebdo. Après quelques échanges fermes mais courtois nous sommes arrivés à la conclusion que nos positions étaient inconciliables tout en étant d'accord que, pour moi, la dignité humaine était sacrée pas les religions. Quelle émotion de voir ce grand gaillard, armé d'un grand parapluie, me faire par deux fois ses excuses puis d'accepter la bise de réconciliation. L'incompréhension autour de nous était palpable. J'ai du expliquer qu'on venait de rejouer l'expérience de Charlie Hebdo. A l'occasion de ce qui pourrait être ressenti comme une offense, on peut entrer en dialogue franc et sincère, constater nos différences fondamentales puis se respecter le plus honnêtement du monde.

Nos positions de démocrates sont inconciliables avec celles des musulmans classiques (ce ne dis pas islamistes) tant qu'ils n'acceptent pas la critique du Coran et de Mahomet. C'est en affirmant clairement ce principe sans reculer d'un pouce que nous pouvons forcer le respect sans pour autant tomber dans le piège de la provocation, de la peur ou de la paranoïa

Et puisqu'il s'agissait de caricatures, j'en ai vécu une autre tout à fait mémorable. Il y avait là deux jeunes convertis qui ne pouvaient afficher leur islamité qu'à l'aide d'une djellaba que mon aurait père pu leur prêter. Face à ces deux jeunes, je me suis retrouvé dans la situation burlesque du Français de couleur qui a un accent bien parisien, auquel Michel Leb apprend à parler français à l'Africaine !

C'était donc nos deux jeunes convertis qui m'expliquaient qu'Allah exigeait de nous un respect total à Mahomet et que c'est cette Vérité qu'ils étaient venus défendre. Mais ils n'arrivaient pas à admettre la contradiction qu'il y avait entre leur droit de changer de foi comme bon leur semblait et que moi le né-musulman, je risquais ma vie si l'envie me prenait de faire une autre expérience spirituelle.

Il y avait aussi un groupe d'écoliers qui étaient venus visiter le Palais de Justice mais qui ne voulaient pas repartir avant de discuter avec Caroline Fourest qui animait des cercles de discussions républicains devant la salle d'audience.

Et là, je dois avouer que c'était moi qui avais reçu une grande leçon d'une jeune adolescente. Elle m'a vu expliquer à une jeune voilée que ce n'étais pas son voile qui me gênait mais plutôt ce qu'il signifiait : pas de piscine avec ses camarades de classe, pas de sorties mixtes ...

Visiblement, mon argument mettait la jeune voilée mal à l'aise et c'est une jeune adolescente non voilée, qui n'appartenait même pas au même groupe qui m'a fait la leçon en expliquant qu'il fallait accepter le choix de cette jeune fille et que sa notion de pudeur avait aussi sa place dans une société tolérante.

Cette générosité juvénile et débordante m'a confirmé dans l'idée que la République, avec toutes ses nuances, était présente devant la salle d'audience. Grâce à Charlie Hebdo ce petit monde discutait ferme sans se taper sur la tête.

Mohamed Pascal Hilout Initiateur du nouvel islam en France

nouvel-islam.org

4 - Laïques de tous les pays unissez-vous!

4.1 - Les intégrismes contre les droits des femmes et l'égalité Hommes-Femmes: L'heure n'est plus aux palabres mais à l'action

"Celui qui tient la femme tient tout, c'est pour cela que l'Eglise veut retenir la femme, et c'est aussi pour cela qu'il faut que la démocratie la lui enlève ". Jules Ferry FIS algérien " La femme musulmane est une force irremplaçable sur le plan psychologique, social et culturel. Il s'agit de savoir canaliser cette force et employer ses potentialités de la manière la plus judicieuse dans le cadre de la stratégie de développement de notre civilisation "

Partout, dans l'espace et dans le temps, on observe les rapports de hiérarchie et d'assujettissement des femmes.

Les religions depuis les origines de l'humanité ont mis en place la hiérarchie hommes/femmes. Pour que la race des hommes se perpétue, les H. doivent avoir à leur disposition une femme qui leur donnera des fils. Le culte à leurs aïeux servira de prétexte pour contrôler que leurs fils soient bien les leurs.

Les philosophes grecs ont théorisé l'infériorité des femmes, le droit romain l'a légalisé. Mais cette infériorité ne se constate pas seulement dans le monde méditerranéen Traditions et religions ont " expliqué " les incapacités des femmes en faisant appel à la Nature. Elles ont interprété des faits biologiques, le premier d'entre eux étant le sang menstruel. Là va s'ouvrir le registre du pur et de l'impur, permettant de jouer sur toute la gamme du licite et de l'illicite, du permis et de l'interdit.

Pour le bouddhisme, menstrues et sang de l'accouchement condamnaient les femmes à tomber dans un enfer spécifique : l'Etang de Sang dont elles ne pouvaient échapper qu'après certains rites exécutés par des prêtres, moyennant finances.

Mariées, les femmes vont être intellectuellement stérilisées par une masse d'obligations ridicules et tatillonnes. Dont certains interdits alimentaires et autres tâches domestiques persistent encore aujourd'hui. Les règles alimentaires hindoues sont surement les plus complexes.

La Révolution Française a fait sauter les premiers verrous. Mais la possibilité pour les femmes de divorcer a provoque la peur panique des machistes. En France, le code civil, en 1804, inscrit dans la loi l'inégalité des H. et des F. l'homme est " le juge souverain et absolu de l'honneur de la famille ", le code admet que le mari peut joindre " la force à l'autorité " avec modération !, l'article 324, dit " article rouge " rend excusable le mari meurtrier de son épouse ou de l'amant lors d'un flagrant délit d'adultère. Pas de réciprocité dans l'indulgence pour la femme meurtrière. Ceci perdure dans de nombreux pays (crime d'honneur) soit dans la coutume, soit dans les lois.

L'avancée des droits des femmes s'est faite dans tous les pays du monde, à partir des années 1960. Elle a concerné surtout les femmes citadines et instruites. La maitrise par les femmes de leur désir d'enfants, de leur autonomie financière, de leur corps et leur esprit a paniqué les machocrates. Ils ont appelé à leur secours les religions. Même la Chine s'ouvre au religieux.

Les communautarismes religieux, ou prétendu tels, considèrent l'émancipation de la femme comme la cause de tous les fléaux de la société, maux qui disparaîtraient si l'on revenait aux conceptions théocratiques de domination des hommes et à l'acceptation par les femmes de leur soumission.

Catholiques intégristes, bouddhistes, protestants fondamentalistes, juifs orthodoxes, islamistes, même combat maintenir les femmes dans leurs obligations : reproduction de la famille et gratification sexuelle du mari. Les tenants de l'islam politique vont, en plus de la peur de l'autonomie des femmes, utiliser la haine de l'Occident pour, au nom de la religion, régresser au mode de vie tribal de la péninsule arabique au VII° siècle.

En France les jeunes filles de filiation musulmane réussissait à l'école lieu d'émancipation et devenait ensuite autonome, elle risquait même d'épouser un non-musulman. Cette peur panique a amené les prédicateurs salafistes (Benchelali, Bouziane) à voiler leur fille pour d'une part en enserrant leur tête tenter de leur atrophier le cerveau et d'autre part les présenter comme victimes de ces affreux enseignants laïques qui veulent coloniser les cerveaux des jeunes en leur apprenant à réfléchir, c'est-à-dire selon la définition d'Alain " dire non à ses propres croyances ".

Les atteintes à l'égalité en droit, en France, des femmes et de fillettes de filiation musulmane sous prétexte de traditions religieuses, imposées par leur mari ou père, leur famille, le voisinage se multiplient. L'enfermement des femmes de confession musulmane en France, l'apartheid sexué, les mariages sous contraintes, forcés, la répudiation, la polygamie 30000, les violences psychologiques et physiques dues aux traditions religieuses entraînent des troubles de l'ordre public et font que toutes les femmes en France n'ont pas les mêmes droits ! Aujourd'hui : des jeunes filles assimilent les schémas patriarcaux que nous pensions archaïques, en particulier leur infériorité par rapport aux garçons. La non-intégration psychologique empêche l'intégration sociale.

La bataille des mots consiste à instrumentaliser le féminisme. Il y aurait 2 féminismes un occidental colonialiste, néo-esclavagiste (mouvement black américain l'égalité H/F serait un concept d'homme occidental, donc se faire battre par un noir pas de problème !) qui fait des femmes cette viande étalée à la disposition de tous (cf imam d'australie) qui stupidement se fatiguent à travailler à l'extérieur alors qu'être la domestique de toute sa famille sans reconnaissance économique est tellement plus reposant et enrichissant intellectuellement. un oriental où les rapports sociaux de sexe traditionnels, partage des rôles serait librement consenti. Ce n'est pas la soumission aux hommes mais l'obéissance à leur dieu qui les guide à avoir " le courage " de s'enfermer dans le voile. L'asservissement volontaire voilà le féminisme islamiste. Imposer les droits universels de la personne humaine serait du néo-colonialisme.

L'accusation d'ethnocentrisme proférée par ceux qui veulent enfermer les femmes dans les traditions patriarcales a un impact sur les benêts compassionnels. Des personnes (hommes ou femmes) considèrent que l'égalité en droit, principe universel, ne concerne que les Occidentaux et acceptent séparation et inégalité hommes/femmes pour celles qu'elles considèrent définitivement comme " non-occidentales ", même s'ils et elles vivent en Occident depuis plusieurs générations !

Le relativisme culturel est du racisme puisqu'il interdit à des personnes de jouir des droits fondamentaux universels.

Permettre dans l'espace public aux " bonnes musulmanes " de se cacher, donc de se séparer visiblement dans l'espace commun, entérine l'idée d'une différence fondamentale entre les " bonnes musulmanes " et les autres femmes. N'étant pas à une contradiction près, alors qu'elles portent un signe, un stigmate, volontairement, elles s'offusquent d'être stigmatisées ! Cela engendre des représentations des femmes, aussi bien par les filles que par les garçons, totalement contradictoires avec le principe constitutionnel d'égalité entre les hommes et les femmes.

Le port du voile manifeste un pur et simple refus des principes républicains et une tentative de fragmentation de l'espace commun.

Les porteuses de voile le revendiquent au nom de la liberté de choix " jusqu'au bout ". C'est ma foi, c'est mon choix donc c'est mon droit. Non, la liberté a des limites. Une liberté sans limites engendre la loi du plus fort, du plus riche, du plus vociférant, du plus manipulateur. Dans la devise républicaine, la liberté est associée à l'égalité et à la fraternité parce que la fraternité républicaine empêche la liberté d'engendrer des privilèges et l'égalité d'engendrer l'oppression.

Si les intérêts particuliers priment sur l'intérêt général, comment s'étonner ensuite de l'absence de lien social avec la communauté nationale, du non-respect des règles essentielles du vivre ensemble dans la République?

Prétendre que tout se vaut et s'équivaut, que le choix personnel est un droit, ignorer que la liberté des uns s'arrête où commence celle des autres, c'est refuser les principes fondamentaux de la République française.

La légitimation de la phallocratie procède au travail de sape de la République française, tablant sur l'ignorance, l'indifférence ou la lâcheté. Au nom d'une prétendue modernité, on caricature le modèle républicain, l'état de droit, le rendant responsable de tous les maux passés et présents. Dans le même temps les traditions théocratiques et ségrégationnistes sont érigées en modèle de modernité.

L'archaïsme d'une société se mesure au fossé qui sépare les droits des femmes de ceux des hommes. Le vieux mur érige de nouvelles frontières entre les hommes et les femmes. C'est à la vigilance citoyenne des femmes et des hommes d'abattre les vieux murs de la phallocratie et leurs fondations pour vivre ensemble.

C'est le sens des actions de Regards de Femmes.

Regards de Femmes a organisé en France le rassemblement contre les tribunaux islamiques de justice civil, vous nous avez suivies. Le gouvernement de l'Ontario les a abolis.

Regards de Femmes s'est portée partie civile (avec fci) contre l'imam Bouziane de Vénissieux. Vous nous avez suivies. Il a été condamné à de la prison.

Regards de Femmes s'est opposée à la venue de Hani Ramadan. Vous avez été très nombreux à nous suivre. Ses enseignements prévus à Lyon sont reportés.

Bouthaïna Khaldi a été battue et tondue par son frère parce que son amoureux se prénomme Paco. Regards de Femmes s'est portée partie civile, son frère est en prison, Bouthaïna se sent forte.

La Halde recommande le port de signes discriminatoires, sexistes et archaïques. Nous le dénonçons.

C'est à chacun et chacune d'entre nous de ne pas abandonner les enfants de filiation musulmane aux traditions religieuses contraire au droit universel sans crainte d'être accusé de " racisme "!

C'est à chacun et chacune d'entre nous de dénoncer auprès des institutions chaque fois qu'il ou elle observe des atteintes à la dignité et à l'intégrité des êtres humains et en particulier des mineurs. Toutes les personnes qui vivent sur le territoire ont droit à la protection de la République et doivent obéir aux lois qui permettent de vivre ensemble dans le respect mutuel des différences.

L'heure n'est plus aux palabres, mais à l'action.

Montreuil, le 10 février

Michèle Vianès Présidente de Regards de Femmes
Auteur de " Un voile sur la République " Stock, et " Les islamistes en manoeuvre Silence, on manipule "
Editions Hors Commerce

4.2 - Comptes rendus du colloque de Montreuil contre l'intégrisme religieux, principalement islamique

SAMEDI MATIN

Jean-Pierre Brard, député-maire de Montreuil, inaugura ces journées internationales laïques en venant saluer les participants. Il régala l'assistance par une intervention d'une haute tenue, non dépourvue d'anecdotes humoristiques. Il regretta, au sein de la classe politique, l'absence de courage, voire parfois la complaisance, devant des situations où le simple rappel des principes laïques évite bien des problèmes. Il signala que dans sa mairie, il y a quelque temps, deux femmes tentèrent d'imposer le voile sur leur lieu de travail. Devant leur refus de toute médiation, il fit connaître, avec son conseil municipal, sa détermination à ne pas céder et prit ses responsabilités : la porte ! Depuis, il n'y a plus aucun problème.

Il fit sourire l'assistance en racontant comment la commission parlementaire où il siège " questionna " le professeur Machelon, auteur du fameux rapport commandé par Sarkozy. Il ironisa sur la dernière audition du recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, expliquant que quand il avait fini de parler, on ne savait toujours pas ce qu'il avait voulu dire !

Il expliqua les chantages auquel un élu est soumis, s'il refuse, comme c'est son cas, de céder aux menaces religieuses. Il conclut, sur le fameux rapport Machelon, en expliquant qu'il avait été ravi de trouver des députés PS , PC, UMP et UDF qui s'y opposaient, montrant que, ponctuellement, des alliances sont possibles pour défendre le principe laïque.

Simon Blumental, président d'Algérie Ensemble, et initiateur de ces journées, expliqua avec beaucoup d'émotion à l'assistance ce qui avait provoqué, chez lui, cette envie d'organiser quelque chose de fort, dans sa ville, à Montreuil. Vieux combattant pour l'indépendance de l'Algérie, il fit partie de ceux qui apportèrent, dans les années noires, un soutien sans faille aux démocrates, féministes et laïques algériens, victimes de la sauvagerie des islamistes, et du silence de toute une partie de la gauche française. Il fit part à toute la salle de son inquiétude, devant la montée de cette hydre qui menace aujourd'hui les libertés fondamentales de toute une partie de la planète.

Bernard Teper, président de l'Ufal, déplora que son association se soit retrouvée bien seule à soutenir et à impulser l'initiative d'Algérie Ensemble. Il fit un récapitulatif de plusieurs combats menés par les laïques, en France, depuis des années, et évoqua les menaces de l'intégrisme islamique dans le monde, sans oublier pour autant la réalité du lobby du catholicisme politique dans toute l'Europe.

Ensuite, Pierre Cassen, animateur de Respublica, lança la première table ronde, intitulée : la laïcité, un principe universel.

Chahla Chafik, romancière d'origine iranienne, fut la première intervenante. Elle décortiqua minutieusement le discours et les rouages de l'islam politique. Elle montra en quoi il s'opposait à tous les principes démocratiques, et que son seul objectif était la conquête du pouvoir, partout où il avait les moyens de le faire. Elle appela aux principes universalistes contre le totalitarisme.

Martine Gozlan, journaliste à " Marianne ", spécialiste du Proche-Orient, fit une intervention pleine de force et de conviction. Elle expliqua, s'appuyant sur son métier, et sur les lieux où elle effectua, dernièrement, des reportages, l'ampleur et la violence que les populations, et surtout les femmes, subissent au quotidien, de la part des intégristes religieux. Elle évoqua les réalités du Hamas et du Hezbollah, la situation dramatique des populations irakiennes, otages innocentes de la folie de Bush, et de la guerre aux attentats aveugles que se livrent les chiites et les sunnites.

Jean-Paul Scot, universitaire, auteur de " L'Etat chez lui, l'Eglise chez elle ", intervint autour du rapport Machelon, et de la spécificité du modèle laïque français. Il rappela les attaques incessantes du lobby catholique, au sein de l'Union européenne, et alerta sur les dangers d'une conception de " laïcité européenne " mal définie, alertant l'assemblée sur le fait que, malgré la victoire du " non au TCE ", les projets de l'Union Européenne étaient toujours de faire des Eglises des interlocuteurs incontournables sur l'ensemble des sujets de société.

Caroline Fourest fit part ensuite du procès de Charlie Hebdo. Elle tint la salle en haleine en conjuguant anecdotes drôles et analyses brillantes. Elle expliqua l'ambiance qu'il y avait autour du procès, et quels étaient les sympathiques " démocrates " qui traînaient son journal devant les tribunaux. Elle fit rire toute la salle quand elle expliqua que les islamistes se plaignaient d'être la cible principale des humoristes aujourd'hui, et que cela cachait du racisme. L'avocat de Charlie, Richard Malka, sortit alors les dessins les plus anti-catholiques de l'histoire de l'hebdomadaire (et Dieu sait qu'il n'en manque pas) et leur dit : " Vous voulez l'égalité ? Regardez bien ces dessins. Vous allez l'avoir ! ". Elle fit part de sa stupéfaction devant l'attitude de Boubakeur, qui, pour justifier son existence, se croit obligé de déborder les intégristes sur leur propre terrain. Elle évoqua la présence de Dieudonné, dépité d'avoir été supplanté en tant que porte-parole de Le Pen par son ami Soral, et qui, pour exister, utilisa le procès pour jouer le rôle de victime de la liberté d'expression. Mais elle sut également exprimer son inquiétude quand elle vit une classe de jeunes, présente au tribunal, soutenir inconditionnellement Dieudonné dans son combat, ce qui montre l'ampleur du travail à fournir.

Une intervention pleine de vivacité, de finesse, d'intelligence, d'humour, de pertinence qui valut à Caroline une très longue ovation de la salle, dont tous les participants avaient compris les enjeux d'un procès dont le verdict sera délivré le 15 mars prochain.

Pierre Cassen lut un message de soutien de Corinne Lepage, fidèle compagne de tous les combat laïques de ces dernières années. Il donna ensuite, dans la salle, la parole à Christiane Taubira, qui avait souhaité, en toute discrétion (ratée), à être présente à ces journées, et à assister partiellement à ses travaux. Christiane, brièvement, mais avec beaucoup de chaleur, témoigna sa reconnaissance aux organisateurs pour ces débats, et tint à féliciter particulièrement Caroline Fourest pour son intervention, et pour le combat qu'elle mène contre les obscurantismes.

L'heure tournant, il ne fut pas possible d'organiser un débat avec la salle, comme il était prévu, mais les participants savaient qu'ils auraient d'autres occasions pour cela, et, au vu de la qualité de cette première table, ils n'en voulurent pas aux organisateurs.

Lucette Jeanpierre


SAMEDI APRES-MIDI

Samedi après midi, le premier débat a porté sur "L'intégrisme contre les libertés de conscience et d'expression". Michèle Dessenne, militante féministe et altermondialiste, organisait les discussions et n'a pas ménagé ses critiques envers certains responsables d'ATTAC qui se sont précipités aveuglément dans la collaboration avec le communautarisme musulman. Antoine Spire, ancien dirigeant de la Ligue des Droits de l'Homme, a fait le même constat désespéré en décrivant le sombre plongeon de la LDH vers le communautarisme et la compromission envers les islamistes. Une immersion dont l'organisation n'est toujours pas sortie. Dans le même registre, Ester Fouchié, présidente du Forum femmes méditerranée, a évoqué la situation alarmante qu'elle connaît bien dans les quartiers nord de Marseille et les combats qu'elle mène. La compromission de l'extrême gauche lui est bien connue. Dans une intervention brillante, Alain Seksig, au nom de la LICRA, s'est attaché à dénoncer les innombrables atteintes à la laïcité dans les établissements publics d'enseignement, citant le rapport Obin qui en fait un constat effrayant.

"Et Fatou Sow, militante sénégalaise, a expliqué comment les islamistes progressent en Afrique contre les droits des femmes".

Quant à Jeanne Favret-Saada, elle a gratifié l'Eglise catholique d'un aller simple vers la case obscurantiste... Mohamed Abdi, secrétaire général de Ni putes ni soumises, terminait cette table ronde par un appel à une union générale des défenseurs de la laïcité.

Si les interventions ont toutes été remarquables car émanant de personnes directement concernées par les faits évoqués, le mot "intégrisme" a certainement été le plus prononcé. Les prises de paroles du public, dont il faut noter le niveau particulièrement riche et constructif, ont usé d'un vocabulaire quelque peu différent. Qu'il s'agisse d'athées déclarés ou de femmes algériennes refusant d'être classées a priori comme musulmanes, plusieurs personnes ont affiché un discours clairement antireligieux. Ces interventions ont toujours été largement saluées par un public acquis à une critique franche des religions dans leurs fondements. La table ronde suivante a confirmé cette tendance observée dans les mots d'une partie du public. Spécifiquement dirigée contre l'opposition au droit des femmes et à l'égalité hommes-femmes, elle a vu l'affirmation, courageuse pour certaines oratrices, de la nocivité de doctrines religieuses à l'encontre de la moitié de l'humanité. Ainsi, deux iraniennes résidant en Angleterre n'ont pas craint d'attaquer l'islam pour ce qu'il est, la bannière de l'islam politique. Il s'agit, pour Maryam Namazie, d'une "bataille aussi bien contre l'islam que contre l'islam politique" car "l'islam et la religion n'ont rien de progressiste". Azar Majedi a vécu sous la loi de l'islam, elle en sait la brutalité : "l'islam est bien connu pour son oppression envers les femmes". Contrairement à la propagande de pureté et de respectabilité de l'islam, "la religion se comporte comme une institution de type mafieux". La conclusion est sans appel : il faut combattre la République Islamique d'Iran. Theresa Jakubowska, porte parole du Parti Anticlérical polonais La Raison, a sensibilisé l'auditoire à la tragique régression observée dans son pays depuis 1989 : le droit à l'IVG a été perdu par la faute du travail de sape de l'Eglise catholique. Avec finesse, l'oratrice glisse que "la conscience catholique ne permet pas de pratiquer l'avortement gratuitement mais, contre de l'argent, pas de problème..." Après l'Iran et la Pologne, Michèle Vianès débute son propos en citant Jules Ferry pour lui opposer les barbares du FIS. Le pur et l'impur, toute la misogynie des religions réside dans cette infamie, sans oublier le bouddhisme et l'hindouisme. La présidente de l'association Regards de femmes énonce ensuite la terrible litanie de l'oppression machiste pratiquée en France contre des jeunes filles d'origine maghrébine ou turque : polygamie, mariage sous contrainte, coups et blessures, pressions psychologiques, etc. Le relativisme culturel, qui autorise certains à détourner leurs yeux, "est du racisme puisqu'il permet d'interdire à certaines de jouir des droits fondamentaux universels". Contre cela, c'est aux femmes et aux hommes d'agir ensemble pour "abattre le mur de la phallocratie". Mais Michèle Vianès avait aussi un grande victoire à annoncer : Hani Ramadan a annulé ses cours à Lyon suite à la mobilisation impulsée par Regards de femmes. Un grand bravo aux militantes lyonnaises pour ce combat réussi !

L'Algérie, partie essentielle de ce colloque, fut présente en cette table ronde en la personne de Marienne Hélie Lucas. En réaction probable aux interventions précédentes, la militante féministe s'engagea dans une précision liminaire ahurissante trahissant l'imprécision du terme "intégrisme" : l'intégrisme n'aurait, selon elle, rien à voir avec la religion ! Pour se contredire peu après en reconnaissant que l'objectif des dits "intégristes" est bien la théocratie, dont on voit mal comment elle pourrait procéder d'un mouvement non religieux. Par la suite, Marienne Hélie Lucas a insisté justement sur le fait que les maghrébins ne sont pas tous musulmans et que des athées existent dans les pays dominés par l'islam. Dernier orateur de cette session, Philippe Namias, des Verts et de Laïcité Ecologie Association, apporta une contribution fort bienvenue au féminisme par une formule astucieuse : "le relativisme culturel, c'est la directive Bolkenstein des droits humains". Succès assuré.

Comme précédemment, plusieurs interventions du public, toujours aussi instructives, n'ont pas jugé utile d'opérer de distinction entre intégrisme et... on ne sait trop quoi d'autre. Ainsi, Salvatore Pertutti, qui avait auparavant informé de son dépôt de plainte contre des éditeurs de la Bible et du Coran pour les propos meurtriers qui y sont contenus, a cité le verset 34 de la sourate 4 du Coran qui appelle les maris à frapper leurs femmes quand elles sont désobéissantes. Applaudissements très nourris. Quant à Marta, torturée en Argentine, elle a dénoncé la collaboration active de l'Eglise catholique avec la dictature qui a asservi son pays. Et le Vatican savait, naturellement; inutile d'invoquer quelque intégrisme que ce soit. Après des discussions d'une telle richesse, la conclusion du journaliste algérien Mohammed Sifaoui était fort attendue. Elle marquera longtemps les esprits par son intensité, son émotion. Sa cible : le fascisme islamique bien sûr mais pas seulement. Une autre existe, plus insidieuse, une honte dont les racines s'enfoncent dans l'Hexagone, dans cette "gauche mitterrandienne" qui n'a pas été aux côtés des démocrates algériens. Solennel, grave, meurtri, Sifaoui assène les accusations : les Algériens ont été trahis par le pouvoir de Bouteflika qui se réconcilie avec les islamistes, et les musulmans de France, dont il est, ont été trahis par la Mosquée de Paris qui s'est alliée à l'UOIF lors du procès de Charlie Hebdo. Son projet est alors un plan de combat : "je ferai tout ce que je pourrai pour casser le CFCM"; le Conseil Français du Culte Musulman est cette monstruosité antilaïque que Nicolas Sarkozy a mis entre les mains des fanatiques. Sachant que pour Mohammed Sifaoui, l'actualité est chargée, après le procès de Charlie Hebdo auquel il a apporté son témoignage : le lendemain du colloque, le lundi 12 février, a lieu à Paris le procès d'un islamiste qui lui avait adressé des menaces de mort.

Jocelyn Bézecourt


DIMANCHE MATIN

La quatrième table ronde était animée par Anne Zélensky, présidente de Ligue du Droit des Femmes. Elle était intitulée : " La laïcité contre les racismes et les communautarismes ".

Alain Calles intervint le premier. Ancien président du Mrap, qu'il a quitté lorsque son organisation demanda la libération de Papon, il décrivit la dérive d'une association qui manifestement a encore une place importante dans son coeur. Il montra comment, sous la présidence de Mouloud Aounit, le discours communautariste remplaça le discours républicain, et surtout les dégâts que la complaisance du président du Mrap vis-à-vis de l'islam politique occasionnaient chez les militants. Il appela à la création d'un mouvement antiraciste, sur des bases universalistes et républicaines.

Anne-Marie Lizin, présidente du Sénat belge, avait déjà, lors de la bataille pour une loi contre les signes religieux à l'école, participé à un rassemblement, à l'initiative de l'Ufal et de la coordination Féministe et Laïque, le 5 février 2004, à Paris. Elle évoqua la situation belge, qui n'a pas une tradition jacobine, comme en France, avec d'un côté la montée de l'extrême droite, et de l'autre la pression communautariste des islamistes. Elle expliqua que les autorités refusaient, malgré des rapports d'experts de qualité, de prendre leurs responsabilités en légiférant. D'où, en fonction des réalités locales et des rapports de forces, des réponses totalement différentes, notamment sur la tolérance du voile à l'école. Elle parla de l'importance du nombre de mariages mixtes, et des enjeux éducatifs que cela représentait pour la Belgique de demain.

Monika Karbowska intervint en tant que membre de l'IFE (Initiative Féministe Européenne). D'origine polonaise, elle expliqua, dans la continuité de l'intervention de la veille de Teresa Jacubowska, le poids de l'Eglise catholique en Pologne. Elle rappela que le gouvernement lui avait restitué l'ensemble des biens fonciers collectivisés par le régime communiste, ce qui n'avait pas été fait pour les particuliers. Elle expliqua la régression de la condition des femmes depuis les années 1990, et énonça les initiatives qu'allait prendre son organisation dans les prochaines semaines.

Harsh Kapoor, sociologue laïque d'origine indienne, expliqua à l'assistance une réalité peu connue de beaucoup de laïques : l'intégrisme hindou. Il montra la réalité qui se cachait derrière l'image paisible qui se véhicule souvent autour de son pays d'origine. Dans ce pays, la " minorité " musulmane représente quand même 150 millions d'habitants, et ce fut elle qui fut la principale victime de la montée de ce que Harsh Kapoor appela le " national-hindouisme ". On commença à détruire des mosquées, en expliquant qu'elles étaient construites sur des lieux sacrés hindouistes. Et ce fut, dans le début des années 2000, des massacres épouvantables contre les musulmans, sur lesquels l'intervenant tint à apporter des détails, pour en montrer l'horreur et la barbarie.

Herman M'Bonyo Lihumba, Professeur à l'Université de Kinshasa (Congo), descendait juste de son avion et intervint le dernier. Président de l'Observatoire pour la Démocratie au Congo, il apporta, avec beaucoup d'humour et de finesse, un témoignage sur la réalité congolaise, et plus largement sur la réalité africaine, qui compléta remarquablement le tour d'horizon de témoignages fort différents, mais très complémentaires, de cette table ronde internationaliste.

De nombreux membres de la salle tinrent à intervenir, et la passion était très présente. Parmi nos amis, Pascal Mohamed Hilout expliqua qu'il fallait que les vrais musulmans (dont il est) mettent un coup de pied aux fesses à Boubakeur et à tous les siens, et n'hésitent pas à remettre en cause Mahomet et le Coran. Michèle Vianès tint à alerter à nouveau sur le rôle néfaste de la Halde, qui n'a aucune légitimité démocratique, et qui, au nom de la lutte contre les discriminations, fait le jeu des islamistes. Hakim Arabdiou rappela le rôle d'une partie de la presse française, et d'une bonne partie de la gauche, pendant les années noires de l'Algérie, où les égorgeurs étaient défendus par ces bonnes âmes. Mais ce furent surtout les interventions très fortes de trois militantes algériennes qui firent chavirer la salle. Elle crièrent leur rage contre tous leurs ennemis : Alain Gresh et le Monde Diplomatique, Politis, Libération et José Garçon, Le Monde et Xavier Ternisien, Tariq Ramadan et les altermondialistes qui l'invitent, l'extrême gauche trotskiste qui, à l'exception de Lutte ouvrière, pactise avec l'extrême droite islamiste, l'imam Bouteflika premier, comme l'appela avec humour une intervenante, celui qui amnistie les assassins islamistes et gouverne avec eux, etc. L'une d'elle répondit à ce militant qui veut porter plainte contre l'éditeur de la Bible et du Coran qu'elle voudrait bien en faire autant avec ce Coran qui lui " vole son soleil ", mais que si elle faisait cela, c'était la prison, pour elle !

Anne Zélensky sut trouver les mots qu'il fallait pour conclure une table ronde et des interventions qui firent partie des moments forts de ces journées.

Jeanne Bourdillon


DIMANCHE APRES-MIDI

La dernière table ronde de ces rencontres affichait une ambition nécessaire, dont l'urgence avait été le leitmotiv de ces deux journées : "Pour une mobilisation des forces laïques et féministes à l'échelle mondiale." Héros du moment, Philippe Val, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, fut ovationné. Dans le procès qui l'oppose à l'UOIF, la Mosquée de Paris et la Ligue Islamique Mondiale, la salle entière a affiché un soutien bruyant autant qu'enthousiaste à l'hebdomadaire. Il est des valeurs sur lesquelles on ne transige pas face aux obscurantistes. Pour Philippe Val, le fanatisme islamique c'est "le monde archaïque contre le monde moderne". Contre cela que faire ? L'inverse précisément de ce qui a été observé jusqu'à présent puisque, face aux fascistes, "les temps sont obscurs car la peur fait taire le camp d'en face", c'est-à-dire les défenseurs de la laïcité, de la liberté d'expression, du droit des femmes. Lui succède Marc Dolez, député PS, dont le discours débute finement : pour lui, le rassemblement de Montreuil ne sera pas le plus médiatisé de cette fin de semaine mais en sera assurément le plus important. Bien qu'elle n'ait pas été citée, Ségolène Royal qui, ce même jour, dévoilait ses propositions pour l'élection présidentielle, appréciera... Après ce sourire, c'est une leçon de laïcité que délivrera Marc Dolez en dénonçant sans ambiguïté les silences de la gauche sur les crimes commis en Algérie et le communautarisme islamique : "le silence équivaut à un renoncement". Le propos laïque du député est complet et n'oublie rien : le concordat en Alsace Moselle, l'absence d'école publique au profit d'une école privée dans de nombreuses communes ainsi que les atteintes à la laïcité énumérées dans le rapport Obin.

L'horreur du terrorisme islamique aura marqué ces deux journées et Mohammed Sifaoui est le mieux placé pour en parler avec une gravité qui fige l'assistance. Ce dimanche 11 février 2007, jour pour jour et à 5 minutes près, le journaliste s'est exprimé à l'instant précis où, il y a onze ans, éclatait une bombe à Alger au siège de son journal causant de nombreux morts. Que faire alors, question ultime de cette fin de colloque ? Sifaoui rappelle que Jacques Chirac, en 2002, avait refusé de débattre avec Jean-Marie Le Pen arguant qu' "on ne débat pas avec l'extrême droite". Pourquoi alors, ce même Chirac soutient-il, dans leur procès contre Charlie Hebdo, des fanatiques regroupés au sein de cette "supercherie" du CFCM par laquelle "beaucoup de musulmans ne se sentent pas représentés" ? Que faire ? Continuer, continuer toujours : "nous serons encore et encore des chatouilleurs de fatwa", en échos aux propos immondes de Olivier Roy qui tentaient de rendre Robert Redeker seul responsable de sa situation actuelle. Misère mentale de la collaboration avec l'oppression islamique.

Les discussions parvenant à leur terme, il incombait à Bernard Teper, président de l'UFAL, de lancer un appel international pour un "front de type antifasciste, laïque et féministe". La laïcité est un principe universel et doit être appliquée à l'échelle mondiale. Jean-François Kahn, qui concluait ces rencontres, reprit cet appel et ces principes. Pourtant, paradoxalement, après avoir rappelé que l'immense majorité des guerres sont d'origine religieuse (Irak, Inde, Sri Lanka, Côte d'Ivoire, Bosnie, Tchétchénie, Soudan, Darfour), le directeur de Marianne croit déceler que le problème réside dans "la religion, mais dans sa forme intégriste". Pire, Jean-François Kahn décrète que "le voile n'est pas islamique mais islamiste". Vive contestation dans la salle. Le journaliste passe à un historique utile des attaques de l'Eglise catholique contre la liberté d'expression (Buffon, le Chevalier de la Barre, l'abbé Grégoire) pour les confronter avec l'époque actuelle où la situation s'est inversée : c'est au nom de la liberté d'expression que le fanatisme, islamique cette fois, relève la tête. C'est ainsi que la LCR accepte en ses rangs des militantes voilées lors de la journée des femmes du 8 mars. Terrible régression qui confine au racisme quand, par exemple, l'intervention de Christine Boutin à l'Assemblée Nationale, Bible en main, est qualifiée d'obscurantiste alors que les revendications de certaines musulmanes relatives au voile attirent une étonnante compréhension. Cette tolérance relève du racisme car des attitudes différentes sont manifestées selon la religion ou l'origine géographique. Enfin, Jean-François Kahn déplore l'absence de représentation de la pensée rationnelle ou de la libre pensée, en relevant que sont souvent oubliés, ou ignorés, les incroyants et laïques assassinés dans de nombreux pays où dominent les fureurs religieuses.

Jocelyn Bézecourt

Jocelyn Bézecourt www.atheisme.org

Jeanne Bourdillon

Lucette Jeanpierre

4.3 - Bon dieu, quels moments !

Dans ces interventions de qualité, lesquelles choisir?

Il y eut, dans la commission "la laïcité contre les racismes et les communautarismes" présidée de manière ferme et efficace par Anne Zelenski (présidente du droit des femmes)

Alain Calles (ancien président du MRAP) :

Il a quitté le MRAP en 2000 et explique pourquoi : Il n'a pas supporté que le MRAP demande la libération de Papon, cela faisait suite à des dérives constantes : le mouvement cultive le syndrome de la repentance, il défend le caractère "supposé", la religion "supposée" des immigrés ou fils d'immigrés de pays "musulmans". Et les critiques deviennent automatiquement "islamophobes".

Cela s'est vu avec le"oui MAIS " pour Redeker, ce qui revenait à condamner deux fois ce philosophe!

"Moi, dit Alain Calles, je suis islamophobe, cathophobe et religion-phobe! Où est l'indépendance de ce mouvement quand Mouloud Aounit devient le directeur de campagne du PCF?"

Il y eut, le lendemain, dans la table ronde"Pour une mobilisation des Forces laïques et féministes à l'échelle mondiale": Marc Dolez (député PS du Nord)

" Notre débat n'est pas le plus médiatisé, oh non ! mais il est le plus IMPORTANT. L'affirmation de l'UNIVERSALITE de la LAICITE est un message à tous ceux qui, dans le monde, ne se résignent pas et essaient de gagner la laïcité pour lutter contre le totalitarisme religieux. Il faut bien reconnaître que nous nous sommes TU devant les attaques contre la laïcité!

C'était (au fil des années) un RENONCEMENT aux principes républicains. Il faut défendre sans concession les principes républicains et la laïcité! Sur les tables, à l'entrée, "un guide de la laïcité", avec un éditorial remarquable de Jean-Pierre Brard, maire de Montreuil et député de Seine Saint-Denis. Ce guide s'adresse aux agents du Service public, du recrutement à l'exercice de la profession, en application du principe de LAICITE dans la fonction du service public MUNICIPAL.

Voilà un exemple, avec ce guide, qui devrait être suivi dans toutes les mairies de notre territoire national !

N'est-ce pas, Martine Aubry, il y a un chapitre,"au stade nautique"qui dit : "les principes d'égalité hommes-femmes et de libre accès au service public prévalent"

Bravo pour ces élus, hélas trop peu nombreux! qui défendent et appliquent les principes républicains de laïcité dans leur commune!

Mireille Popelin

4.4 - Témoignage des journées, et question à Evariste

Cher Evariste,

J'ai assisté avec un extrême intérêt aux tables rondes des 10 et 11 février à la Mairie de Montreuil. Les interventions étaient riches et donnaient matière à réflexion. Monsieur Brard l'a souligné au cours de son introduction de manière extrêmement précise et tonique : "la laïcité est un principe universel.Il n'y a pas d'épithète pour la qualifier... on ne redéfinit pas la laïcité" Il a d'autre part rappelé que "la liberté religieuse n'est qu'une déclinaison de la liberté de conscience." Quant à Madame Chafiq, elle a exprimé avec clarté que face à l'impossibilité idéologique de trouver une ouverture, les iraniens progressistes s'en remettaient aux démocraties occidentales pour se désenclaver. Pour elle, le progrès viendra de l'extérieur et "éclairera" l'islam de l'intérieur. Elle proposait d'ailleurs de créer un "langage". Proposition relayé par Monsieur Teper qui a explicité le terme "laïcity" - pour échapper au "secularism" anglais. Mr Scot a aussi réaffirmé la valeur "universelle" de la laïcité, et a rajouté que ça n'était pas "le monopole d'une culture, d'une civilisation". Mr Kahn quand a lui a tenu à replacer la "laïcité" dans son contexte occidental, et français, comme victoire d'hommes et de femmes dans une histoire de France.

C'est pourquoi j'ai été chagrinée qu'il n'y ait pas eu plus de débat sur cette ambiguïté esquissée par Monsieur Scot et énoncée par Mr Sifaoui lorsqu'il a appelé à la "création d'un mouvement international laïque réaffirmant des principes universels, qui ne sont pas des principes occidentaux". Là j'ai eu le sentiment que nous rentrions dans ce fameux choc des civilisations, disons, le choc des concepts civilisationnels et la phrase de Monsieur Brard a sifflé à mes oreilles "il n'y a pas d'épithète pour la qualifier" (la laïcité).

Pourriez-vous, cher Evariste, éclairer cet aspect de la laïcité ? Y aurait-il plusieurs laïcités, une à l'occidentale, et une, à la non-occidentale ? Dans l'attente de votre réponse, ou de l'initiation d'un débat à ce sujet, veuillez croire, cher Evariste, en l'expression de mes sentiments respectueux.

Réponse d'Evariste : Merci de vos appréciations, Leila, et d'avoir été présente. Pour nous, il n'y a qu'une seule laïcité, celle qui sépare le politique et le religieux, et des histoires différentes, c'est ce qu'a voulu exprimer Mohamed Sifaoui. La laïcité est un principe universel, et vous savez bien que ceux qui y ajoutent un adjectif en sont les pires ennemis. Ce sont les islamistes, et leurs complices Indigènes de la République, qui osent dire que la laïcité est une valeur occidentale, et qualifient de " harkis " les citoyens de culture arabo-musulmane qui osent s'en revendiquer. Nous vous conseillons la lecture des ouvrages de Jean-Paul Scot, sur cette question, notamment " L'Etat chez lui, l'Eglise chez elle ", et naturellement, nous sommes disponibles pour mener tout débat qui approfondisse cette question.

Leïla Shoof

5 - à lire

5.1 - "La peste monothéiste", de Cyrille Gallion: UN BRULOT ANTICLERICAL ET ANTI RELIGIEUX!

L'auteur n'y va pas avec le dos d'une cuillère, sans hésitation il fonce, c'est l'attaque directe.

Cette charge[1] contre les religions et les cléricalismes s'appuie sur une analyse historique et non simplement sur un rejet ou des états d'âmes.

Si l'Eglise catholique, alliée aux princes de l'époque renaissance et pos renaissance est particulièrement cruelle et sanguinaire, les protestants ne font pas non plus dans la dentelle.

La lutte des classes n'est pas une " invention " moderne, elle existe depuis longtemps.

"Munzer prônait le renversement des classes supérieures par la paysannerie et les ouvriers ".. Il va remettre en cause le système socio-économique... Cette guerre des paysans va se terminer en 1524-1525 par un bain de sang; "...Luther de par sa haine pour la populace incite fortement les princes allemands et alsaciens à refuser et à réprimer dans le sang et sans pitié ces soulèvements ( il y aura 100 000 victimes parmi les paysans). "

La lutte de classe est bien le moteur de l'histoire et les cléricaux sont là pour empêcher la libération sociale, maintenir la domination de la classe des dominants et par là-même renforcer leurs puissances spirituelles et temporelles.

Les liens entre la marchandisation capitaliste, appelée libéralisme par certains et les religions, toutes les religions sont réels et seuls les naïfs ou les complices des intégristes nient la vérité :

" L'islam est le cheval de Troie envoyé par l'armée du Vatican dans la république laïque. L'église catholique n'a cessé de voler au secours de ses collègues musulmans, proposant une laïcité ouverte, proposant encore d'accueillir les filles voilées dans les collèges catholiques. "

Si l'auteur se proclame anti religieux, ce n'est pas non plus pour refuser de prendre en compte des réalités sociales et politiques. Refuser à juste titre de pactiser avec des Ramadan et autres intégristes dits modérés!?, ce n'est pas nier l'existence de réels courants protestataires : " Si nous accusons clairement la religion de faire le jeu de la domination, des individus, eux, font référence à cette même religion pour se battre contre la domination capitaliste "

Autrement dit, des croyants, des agnostiques et des athées peuvent mener des combats communs, à condition de défendre les mêmes principes et de ne pas couvrir d'une façon ou de l'autre l'obscurantisme.

" Un front commun pour la laïcité s'impose. Cette-ci est un espace indispensable dans notre espoir de plus de liberté " ce qui ne doit pas empêcher les libres penseurs de s'organiser et d'agir sous leurs banières.

C'est un pamphlet intéressant, passionnant même qui montre que les vrais libertaires savent décliner sans ambiguité le mot d'ordre : "Ni dieu, ni maître"

Notes

[1] Les Editions libertaires, janvier 2007, 12 Euro, 127 pages

Jean-François Chalot

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