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  1. chronique d'Evariste
    1. Présidentielles 2007 et perspectives européennes 2008, par Évariste
  2. Les laïques sur le terrain
    1. Radio Droit de Cité (Mantes-la-Jolie) : d'une radio citoyenne à une radio communautariste et sexiste, par Jeanne Bourdillon
    2. Débat à l'Université libre de Bruxelles : bravo, Madame Fourest !, par Nadia Geertz
    3. La Laïcité bafouée dans le Midi (1) : les Alpes-Maritimes, par Philippe Isnard
    4. La chambre de Commerce et d'Industrie de Limoges engage des conseillers techniques issus des quatre religions (suite), par Le Collectif Citoyen ALERTE LAICITE
    5. Troisième Université Populaire Laïque, par L'Union Des FAmilles Laïques
  3. élections présidentielles 2007
    1. Le cave se rebiffe, par C. T.
    2. Il faut réhabiliter l'impôt, par Stéphane Arlen
    3. Vers des universités régionales pour le peuple et des Harvard pour une élite mondialiste ?, par Pierre Baracca
    4. Voies du Marais ou de la Montagne ?, par Simon Archipenko
    5. Total, la Dette publique et les profits, par Pierre Mascomère
    6. Retenir les leçons du 21 avril 2002, nom de Dieu !, par Albert BISCHEROUR
  4. combat féministe
    1. Hymens de complaisance, par Isabelle Curtet-Poulner
    2. Les féministes iraniennes toujours sur le pied de guerre, par Rania MASSOUD
  5. débats républicains
    1. Quelle politique énergétique pour la France de 2007 ?, par Christian GAUDRAY
    2. Journée internationale de la langue française et de la francophonie, par Régis Ravat
  6. à lire
    1. " Sauf le respect que je vous dois", Avant de choisir votre président, lisez ce livre! de Guy Carlier, par Jean-François Chalot
  7. À écouter
    1. Ce que les médias n'ont pas mis en avant lors des sélections française de l'Eurovision, par Nicolas Gavrilenko
  8. à voir
    1. Le cabaret de Torticolis au théâtre de Clavel, par Nicolas Gavrilenko
  9. Agenda

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Présidentielles 2007 et perspectives européennes 2008

Le verdict est tombé. Il y aura douze candidats aux présidentielles. Il y aura donc deux candidats d'extrême droite, deux candidats de droite, un chasseur, trois candidats de l'ancienne gauche plurielle, trois candidats se réclamant du trotskisme, sachant que le maire Gérard Schivardi est tenu à bouts de bras par le Parti des Travailleurs et un candidat se réclamant des Indigènes de la Répubique et de l'altermondialisme.

Une autre lecture nous dirait qu'il y a quatre partisans du " oui ", UMP, UDF, PS et Verts, et sept partisans du " non ", dans une palette qui va de l'extrême droite FN-MPF à l'axe PCF-LCR-LO-PT-Bové.

Après Corinne Lepage, c'est Nicolas Dupont-Aignan qui a dû abdiquer, n'ayant pas les cinq cents signatures. Il amenait un discours différent, qui aurait eu sa place dans un débat démocratique, mais on comprend que Sarkozy ait donné des consignes aux maires UMP, car la candidature du maire de Yerres aurait pu lui coûter quelques points au premier tour. A ce sujet, vous remarquerez que tout ce qui peut contribuer à affaiblir le score de Ségolène Royal (extrême gauche et Verts) a pu trouver ses cinq cents signatures, contrairement à Dupont-Aignan. Curieux, non ?

L'examen des candidatures et des sondages actuels est également des plus étranges. Rappelons que le " non de gauche " était majoritaire, dans la victoire du 29 mai, même s'il ne faut occulter le rôle de Dupont-Aignan et Villiers dans la campagne, Le Pen ayant été des plus discrets.

Or, les candidats qui se sont engagés dans la campagne du non, du PCF à l'extrême gauche, ne pèsent aujourd'hui dans les sondages qu'aux alentours de 5 à 7 %.

On peut penser que l'extrême droite, en comptant Villiers et Le Pen, ne sera pas loin des 20 %.

C'est une première contradiction importante. Mais la plus énorme est que ce sont trois partisans du " oui " qui occupent le devant de la scène, et se partagent, au niveau des sondages, 75 % des voix aujourd'hui, alors qu'il y a deux ans, le " oui " avait plafonné à 45 %.

N'oublions pas que Chevènement et le " non socialiste " ont rejoint la candidate PS, espérant la faire évoluer sur la question européenne et sur la République.

Pour autant, des sondages récents indiquaient que, si on revotait aujourd'hui, le " non " l'emporterait encore, malgré la ridicule dispersion de ses candidats de gauche et la faillite du " double consensus ".

Une crise inévitable va suivre la présidentielle, quel que soit le vainqueur, l'Union européenne l'attend au virage. Sarkozy pourrait, comme il l'annonce, contourner l'avis du peuple, et se contenter (ce qui est la ligne de Strauss-Kahn et de tout l'appareil PS, Fabius excepté), du vote du Parlement. Il l'a annoncé, mais pourrait-il vraiment le faire ?

Croit-il qu'il pourrait casser ainsi l'élan du 29 mai, et mépriser l'avis des électeurs, sans susciter une forte indignation, voire réveiller l'ardeur des militants de 2004-2005 ?

Bayrou et Royal ont annoncé leur volonté de faire campagne pour faire oublier le vote catastrophique (pour eux) du 29 mai, mais ont promis un nouveau référendum.

Il est donc aujourd'hui fort probable qu'on va élire un président de la République qui est en décalage, sur la question incontournable de l'Europe, avec la majorité des électeurs français.

Or, on n'entend aucun des trois grands candidats, nous dire comment il compte faire, avec le verrou européen et ses carcans libéraux, la libre concurrence obligatoire, l'interdiction de toute politique protectionniste, le dumping social, le rôle de la BCE, qui prive tout Etat d'une autonomie politique, pour maintenir, et renforcer le modèle social républicain auquel tous se disent très attachés.

Ils savent bien, pourtant, que les commissaires européens leur intimeront l'ordre de s'adapter aux règles libérales, et à l'ouverture de la concurrence, avec les conséquences qu'on connaît, notamment sur le prix du kw/h, qu'ils entendent imposer. C'est bien beau de crier " La France, la France, la France " dans ses meetings, tout en partageant les orientations des fanatiques libéraux de Bruxelles. Eux, ils veulent en finir avec un modèle qui les dérange, et ils attendent 2008 et un nouveau président pour tourner la page du 29 mai 2005.

Le week-end prochain verra les cinquante ans du traité de Rome, qui date du 25 mai 1957. On aura, à cette occasion, droit au matraquage médiatique qu'on a connu il y a deux ans, et il faut s'attendre à subir tous les thuriféraires de l'Europe " source de progrès et de paix ". Les ondes et les chaînes télévisées seront envahies par tous les chroniqueurs à la Serge July qui nous insultaient au lendemain de la victoire.

"Respublica", fidèle à son rôle de poil à gratter, et de grain de sable, a décidé, avec ses modestes moyens, de faire un numéro spécial, fidèle à l'esprit de la campagne 2004-2005, et de mettre sur la table tous les débats qui sont soigneusement esquivés pendant cette présidentielle, alors qu'ils sont incontournables pour l'avenir.

Nous n'entendons pas, dans ce numéro, présenter une ligne toute faite, mais approfondir des débats, entre partisans du " non ", et faire réfléchir d'anciens électeurs qui ont voté " oui " le 29 mai 2005.

Nous souhaitons donner des arguments supplémentaires pour préparer la mobilisation qu'il faudra construire après les présidentielles et les législatives, quels qu'en soient les vainqueurs.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Les laïques sur le terrain

2.1 - Radio Droit de Cité (Mantes-la-Jolie) : d'une radio citoyenne à une radio communautariste et sexiste

A l'occasion de la journée internationale des femmes, Lahbib Eddaouidi animateur de l'émission de Radio Droit de Cité "Chez le président" interroge une jeune femme du Val-Fourré sur la condition des femmes dans les quartiers. Avec stupéfaction, pendant cette émission les auditeurs ont dû subir des propos odieux d'une jeune fille à propos du viol, qui expliquait tout simplement à l'antenne que les filles violées sont consentantes ! Les propos scandaleux n'ont ni été recadrés, ni critiqués par l'animateur de l'émission Lahbib Eddouaouidi. Ce dernier a semblé même l'encourager à s'enferrer dans sa bêtise... sous les applaudissements de toutes les personnes présentes dans le studio.

Le viol fait rire

L' Union des familles laïques a condamné, la première, ce dérapage qui est une banalisation des violences faites aux femmes dans les quartiers, où le machisme revient en force, même s'il sévit partout évidemment. Ce dérapage, entendu à l'antenne de RDC au Val-Fourré ne doit pas faire oublier qu'une femme sur dix est victime de violences tous les trois jours dans notre pays. Le communiste Marc Jammet a été le seul élu mantais à condamner ces propos.

Intéressons nous aussi à ce triste sire, Lahbib Eddaouidi, qui méprise les femmes, et qui le 8 mars semblait jouir à l'antenne de voir la gente féminine aussi gravement insultée sans y trouver rien à dire ! (réécouter ses ricanements) Lahbib Eddaouidi est salarié de Peugeot-Poissy. Syndicaliste CGT désavoué par son organisation, il excelle dans la maîtrise des méthodes répressives contre les travailleurs attachés à la défense de leurs droits...

Contesté en novembre 2006 par un conseil d'administration qui a, ensuite porté à la présidence de la radio un autre que lui, Bernard Kossoko un nouveau président impuissant, Eddaouidi a refusé de quitter son siège.

Eddaouidi a ensuite assigné la majorité du conseil d'administration devant le tribunal administratif de Versailles. Mais il a été débouté et condamné aux dépens. Parrallèlement, il a convoqué une assemblée générale illégale avec de nouvelles adhésions sans aucun contrôle du CA : de nombreux militants de l'UMP provenant des Yvelines y figuraient, notamment originaires de communes qui ne captent pas la radio...

Avant cet épisode, le président du conseil général des Yvelines, Pierre Bédier, adressait un courrier aux administrateurs de RDC les enjoignant de déménager du collège André Chénier où elle est hébergée depuis 1991, après que le Conseil d'administration a désavoué l'ex-président Eddaouidi... La ville a ensuite supprimé sa subvention ainsi que la communauté d'agglomération. Curieuse coïncidence !

Avant sa destitution, Lahbib Eddouaouidi a eu son heure de gloire lors d'un direct avec France Inter et Stéphane Paoli, c'était en octobre 2006. Son omniprésence dans la préparation de cette émission spéciale du 7h-9h organisée depuis le Val-Fourré, avait déjà éveillé les soupçons des salariés et des administrateurs. Le jour de la spéciale de France Inter, les journalistes de la fréquence avaient été cantonnés au service du café et laissés à l'écart des strass et paillettes.

Ce fut le coup de trop. Une grève éclata juste après en novembre 2006. Les salariés ulcérés reprochaient à Lahbib Eddouaouidi, qui n'est pas le directeur d'antenne, son harcèlement et son flicage quotidien. Quel est son but ? Et si Lahbib Eddaouidi était l'homme providentiel du système Bédier (l'ancien maire de Mantes, ex-secrétaire d'Etat aux programmes immobiliers de la justice sous Raffarin, a été condamné le 12 décembre 2006 pour " abus de biens sociaux " et " corruption passive "), pour qui la mise au pas de tous les médias semble une nécessité ?

Puissants soutiens

A Mantes-la-Jolie, la pratique est généralement grossière et sans nuance, la preuve en est par la création de ce journal gratuit le " JTM ", voulu par le président de l'agglomération.

Jusqu'à l'arrivée du sexiste Eddaouidi, l'indépendance d'esprit des principaux animateurs d'antenne, et notamment des " fondateurs " de la radio, hérissait le poil du potentat Bédier. La gestion un peu " libertaire " de l'antenne n'a jamais plu au grand démocrate. On peut se demander aussi pourquoi avec toutes les erreurs qu'il a commises Lahbib Eddaouidi s'entête aujourd'hui. Le vrai faux président de la station profite vraisemblablement de très puissants soutiens, car en dépit de son éviction, il s'enracine, et s'autorise depuis le mois de janvier des comportements graves avec les salariés de la radio.

Il a promis des postes à tout va et a commencé à tenir ses engagements de renouveler le personnel, en recrutant de nouveaux salariés essentiellement issus de sa communauté d'origine. Communautariste en plus d'être sexiste, le comble pour une radio citoyenne !

Caïdat

En toute impunité, Lahbib Eddaouidi a même récemment embauché un " agent de sécurité " sur les fonds de l'association pour intimider ses opposants et faire le coup de force si nécessaire : le 13 mars, puis le 15 mars, les sbires de Lahbib Eddoauidi ont empêché deux animatrices de prendre l'antenne en les bousculant (réécouter l'incident en direct). Géraldine Mac Carron a été jetée à terre, et Emilie Dez a été empêchée de commencer son émission matinale. Un autre animateur qui s'était interposé pour défendre ses collègues s'est fait insulter de " pédé ", les deux animatrices très choquées sont depuis en arrêt de travail...

A n'en pas douter, le président déchu garde en mémoire les méthodes de mise au pas des syndicalistes à Peugeot-Poissy, le seul enseignement qu'il a tiré du syndicalisme d'ailleurs !

Les deux jeunes femmes, elles, ont décidé, en réaction, de mener une double action au pénal et aux prud'hommes. Pour l'instant, le Conseil supérieur de l'audiovisuel laisse faire tout cela. Comment en est-on arrivé là ? Radio Droit de Cité est une radio locale qui a été créée au Val Fourré en 1991 après les émeutes qui ont éclaté dans le quartier. Elle a d'abord été radio scolaire avant d'obtenir une fréquence de radio associative.

C'est un professeur d'histoire-géographie, laïque et républicain, l'ancien président de la radio Yann Angneroh, qui a impulsé la naissance du média autour d'un projet pédagogique d'expression orale destiné aux classes de quatrième.

La fréquence essentiellement musicale a toujours défendu sa vocation à rassembler les communautés, les associations locales, culturelles et politiques, les artistes, qui y jouissaient d'un temps d'antenne. Elle était un espace de liberté dans la cité. Des grands noms s'y sont succédés comme Pierre Bourdieu. Pierre Carle, le sociologue a notamment consacré un passage de son film " La sociologie est un sport de combat " à la radio et à l'équipe " historique " de Radio Droit de Cité : Yann Angneroh, Saïd Atman, Adile Farqanne, et Fahim Benchouk, devenus journalistes professionnels.

La radio était devenue incontournable dans l'animation de la démocratie locale jusqu'à ce que les " jeunes pousses " tuent le père et le remplacent (depuis ils s'en mordent les doigts). Avec ceux qui tirent les ficelles de cette triste farce, la démocratie est en berne, et les p'tits fachos ont de beaux jours devant eux à Mantes-la-Jolie... Mais les démocrates ne se laisseront pas faire !

Jeanne Bourdillon

2.2 - Débat à l'Université libre de Bruxelles : bravo, Madame Fourest !

Comme on pouvait le craindre, la conférence de Caroline Fourest à l'ULB hier soir fut émaillée de divers incidents. Tentatives de chahut organisé, invectives, insultes, déploiement d'un calicot (faute d'orthographe comprise) et autres apostrophes irrespectueuses, et jusqu'à une pitoyable tentative d'entartage.

Malgré l'hostilité palpable de cette minorité d'agitateurs, Caroline Fourest fit un exposé brillant, n'esquivant aucune question, les précédant même en abordant spontanément la question ô combien sensible de la présence refusée de Tariq Ramadan dans cette même enceinte. Bien plus qu'à un exposé sur son dernier livre, Le choc des préjugés, on eut droit à un balayage très large des réflexions, travaux et engagements de Caroline Fourest, allant de sa militance en faveur des libertés sexuelles à sa critique de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy, en passant bien évidemment par sa dénonciation radicale des intégrismes, le tout sur fond d'exhortation à refuser le simplisme réducteur, les amalgames et la lâche complaisance face à l'extrémisme, d'où qu'il vienne.

Face à elle, les agitateurs furent bien incapables de formuler une quelconque critique argumentée de ses thèses. Ce n'était d'ailleurs manifestement pas pour cela qu'ils étaient venus, mais pour saboter le " débat contradictoire ", débat qu'ils semblaient pourtant farouchement déterminés à défendre lorsqu'il s'agissait de s'opposer à l'interdiction faite à Tariq Ramadan de revenir exposer ses idées au sein de l'ULB.

Est-ce cela, les chantres du libre examen ?

De toute évidence, ceux-là n'ont rien examiné, et revendiquent la liberté d'expression tout en n'ayant rien à exprimer d'autre que leurs vociférations haineuses. Dans ce pathétique concert, l'un d'eux trouva le moyen de beugler que toute idée était dogmatique. Manière de discréditer par avance tout effort d'arrachement aux préjugés qui caractérise précisément le libre examen.

Le summum du ridicule fut atteint quand, au conseil de Caroline Fourest de prendre le temps de lire les écrits de Tariq Ramadan pour se faire une idée de sa pensée, l'un des vociférateurs hurla " Vous savez bien que personne ne va le faire ! ".

Bien sûr, ces agitateurs ont le droit inaliénable d'être ignorants, de vouloir le rester et d'en être fiers. De même qu'ils ont le droit de préférer les insultes, quolibets, tartes à la crème jetées en pleine face et autres grossièretés à la critique, même virulente, des idées d'autrui.

Mais il y a fort à parier qu'ils n'auront convaincu personne par leurs gesticulations clownesques. Et que, hélas pour eux, ils auront même réussi à jeter le discrédit sur le camp de ceux qui tentent, en toute honnêteté intellectuelle et avec des arguments dignes de ce nom, de faire valoir une autre conception du libre examen que celle préconisée par le rectorat de l'ULB. Puisque " chantier valeurs " il y a, ne devrait-il pas s'atteler de toute urgence à promouvoir une authentique culture du débat démocratique, faite d'esprit critique, mais aussi d'intelligence, d'écoute et de respect mutuel ? Caroline Fourest nous a donné hier une leçon magistrale de ce point de vue, supportant sans se départir de son calme la mauvaise foi et les atteintes les plus flagrantes à sa liberté d'expression, répondant à toutes les questions avec honnêteté, clarté et intelligence, et acceptant même de poursuivre la discussion après un pathétique attentat pâtissier et en présence de sa triomphante auteur.

À ces agitateurs d'hier, je voudrais dire ceci : si vous voulez le débat, il va falloir apprendre à débattre. Est-ce trop demander à de futurs diplômés (?) de l'Université du Libre examen ?

Nadia Geertz

2.3 - La Laïcité bafouée dans le Midi (1) : les Alpes-Maritimes

Une république laïque est neutre: elle n'aide ni les religions, ni l'athéisme. Elle s'occupe du social et non pas des options spirituelles. La laïcité, ce n'est pas comme le pratiquent beaucoup trop d'élus et de politiques : l'aide à tous les cultes. Ce système clientéliste (assumé par le PS G. Frèche) s'apparente au pluralisme religieux : c'est-à-dire l'exact contraire de la laïcité. Briser la séparation des églises et de l'Etat (la loi de 1905) en aidant officiellement les cultes : c'est ce que veulent l'UMP Nicolas Sarkozy, le PS Manuel Valls, des centristes et des écolos... Et c'est ce que font régulièrement nombre d'élus (mais pas tous) ! Voici le premier chapitre d'un panorama de notre laïcité bafouée... et des pistes pour la promouvoir et la défendre.

Liberté du culte ?

Regardons ce qui se passe dans les Alpes-Maritimes à Nice... Vouloir interdire le principe de la construction d'une mosquée (comme semble le faire la mairie de Nice), ce n'est pas laïque, c'est même une atteinte à la liberté du culte ! En respectant les règles de l'urbanisme et ne bénéficiant d'aucune aide publique, tout lieu de culte doit pouvoir être construit. Quand à la provenance des fonds : regardez les Mormons et autres Evangéliques : leur demande-t-on d'où proviennent leurs fonds ? La loi c'est pour tout le monde ou pour personne !

Communautarisme & Caritatif à Nice

Toujours à Nice, la Banque Alimentaire, organisme caritatif à caractère public fait une expérience avec l'accord de l'Etat : la confection et la distribution de produits " hallal ", donc consacrés par une religion. Une seule ! Pragmatisme anglo-saxon du style de M. Blair. De quoi apporter de l'eau au moulin communautariste, ce qui ne peut qu'amplifier le racisme.

Ces bons sentiments ne peuvent qu'attisent un autre communautarisme, celui d'extrême-droite, des "Identitaires" qui distribuent de la soupe au cochon. Certains seront gênés par ma comparaison. Mais la générosité mal réfléchie rejoint la puanteur fasciste très réfléchie !

Et il y a encore d'autres problèmes, toujours du côté des cités populaires de l'Ariane à Nice, toujours à la Banque Alimentaire : on y accepte le diktat des communautés qui s'excluent mutuellement. Des plus démunis, comme on dit, se croient mal servis par un membre d'une autre communauté. Alors, on fait appel à un bénévole d'un autre quartier, d'une autre communauté. Est-ce un " blanc " du centre-ville ?

Céder c'est faire reculer les principes laïques et républicains, c'est faire le lit de la loi de la jungle de certains membres de communautés (d'origine tchétchène, maghrébine, gitane, européenne... peu importe). Faut-il une soupe populaire pour les gens "de couleur" et une autre pour les " Blancs " ?

La laïcité pour tous, pas le pluralisme religieux

La laïcité est pour tous les citoyens, quelle que soit leur religion ou leur philosophie. Elle n'est pas à géométrie variable comme le disent MM. Le Pen et de Villiers. Ni comme le pratique l'UMP Gaudin, de Marseille, qui communie avec sept religions dans le groupement communautariste " Marseille Espérance ", et où il pense représenter la laïcité, comme son prédécesseur socialiste M. Vigouroux (créateur de ce machin clientéliste). Et, à côté, à Vitrolles (13), le maire PS a désigné une élue, déléguée aux cultes, tout comme le maire UMP marseillais a son élu, délégué à Marseille Espérance et aux communautés, le Pr Mattéi.

Ce qui donne des idées au ministre UMP (et président du Conseil Général 06), "Christian Estrosi, avec la création d'un comité inter-religieux siégant avec des élus". Comme souvent l'excuse communautariste est de lutter contre les extrémismes politiques et religieux : qu'ils s'appellent Peyrat et l'extrême-droite à Nice, le FN et les extrémismes religieux à Marseille, ou encore à Vitrolles pour refaire "la cohésion sociale" au milieu des beaux restes de l'extrême-droite... "Tu comprends", disait une élue de gauche, justifiant qu'une élue de Vitrolles soit déléguée aux cultes, "c'est politique". Cela nous le comprenons bien, mais ce n'est pas laïque !

Croix hors-la-loi

La laïcité bafouée, ce sont aussi des élus, qui, soit font n'importe quoi, soit laissent faire n'importe quoi. Et des préfets qui ne font pas respecter les lois laïques. Rappelons que l'apposition de signes religieux est interdite depuis la loi de 1905, de séparation des églises et de l'Etat. Or, que ce soit dans le sud des Alpes ou sur le littoral, les planteurs de croix sont très actifs, militaires ou civils d'ailleurs : le plus extrême étant vers Vitrolles, où le maire UMP de St-Victoret a planté une croix monumentale sur un terrain public, organisé une procession, construit un chemin d'oratoires ! Et, cet édile souhaitait même construire une chapelle... Mais ce dernier projet, un adhérent de la Ligue de l'enseignement (et croyant) l'a fait échoué par ses interventions.

A Antibes, c'est un gourou d'une secte évangélique qui a planté une croix de 4 m sur le toit de sa maison, tout cela sans permis, ni autorisation municipale. Mais des laïques du coin sont intervenus auprès de la mairie. Par ailleurs notre association LAIQUES a lancé un appel contre les "Croix hors-la-loi", quelles soient dans les Alpes du sud ou en Méditerranée. Car cela suffit de ces intrusions cléricales qui s'approprient nos sommets et des autres lieux de nos cités !

Messes, Processions & aides aux cultes

Ca suffit aussi de voir des élus qui se rendent, ès qualités, à la messe. Que ce soit les messes des voeux des échevins (Lyon, Marseille...) où tous les élus se rendent pour remercier le dieu des catholiques qui aurait arrêté la peste. D'anciens maires communistes s'abstenaient de ces parti-pris, qu'il s'agisse de messes, processions ou de recevoir du pain béni. Mais cela ne gène pas beaucoup d'élus d'aller à une procession interdite aux femmes, ni de se rendre aux défilés de pénitents, en Corse, comme dans les hauts-pays.

En 1995-96, le Conseil régional de droite subventionnait un pèlerinage au Vatican, ainsi que l'érection d'une université catholique (unité droite-gauche, hormis les Ecolos Indépendants). Et tous les mêmes "pélerinaient" au Vatican pour la canonisation de l'évêque Mazenod. Comme Gaston Defferre avait fait dix ans avant pour la béatification !

En 2004, le Conseil régional de gauche et la droite (sans le FN) votaient 22 000 E au très réactionnaire CRCM (Conseil Régional du Culte Musulman), dirigé alors par des proches de l'UOIF.

Comment laïciser nos élus et fonctionnaires ?

Voici quelques uns des principaux types de transgression de la laïcité républicaine. Alors comment laïciser nos élus et fonctionnaires ? Comment faire respecter notre laïcité ? Il n'y a pas de recette miracle, si ce n'est d'être des citoyens laïques actifs. Actifs en écrivant aux élus, préfets, fonctionnaires, media pour les rappeler à l'ordre laïque. C'est souvent plus efficace qu'on ne croit de rappeler la présence des laïques. Actifs, en rappelant la laïcité dans son parti, son syndicat, son association. Actifs, en saisissant les tribunaux administratifs pour faire respecter les lois laïques. Actifs, en rejoignant les associations laïques pluralistes pour être informés et agir.

Les Routes de la République laïque

Mais pour affirmer notre laïcité républicaine et sociale, il faut restaurer et promouvoir notre patrimoine laïque : les statues de Garibaldi de Nice, la "l'Action enchaînée" de Maillol dédiée à Blanqui (à Puget-Théniers)... les cercles républicains de Lucéram, de l'Escarène... les inscriptions républicaines sur des églises du Var et d'ailleurs, les colonnes brisées des incroyants dans les cimetières, les statues de Marianne chères à l'historien Maurice Agulhon...

Ce patrimoine négligé, rassemble tous les citoyens, au delà de leurs croyances et philosophies (au contraire des oratoires et des croix). Tous ces symboles républicains nous montrent la voie : les Routes de la République, laïque et sociale.

Philippe Isnard LAIQUES, Laïcité & Libre Pensée & l'UFAL
LAIQUES 44, av. E. Herriot 13200 Arles.
LAIQUES@laposte.net - tél. 06 19 58 40 84
www.laicite.biz

2.4 - La chambre de Commerce et d'Industrie de Limoges engage des conseillers techniques issus des quatre religions (suite)

Par la " Lettre ouverte d'un citoyen "[1], le Collectif Citoyen ALERTE LAICITE vous informait de l'initiative de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Limoges concernant la nomination de conseillers techniques issus des quatre religions principales.

Cette information a largement été relayée par les médias : Le Monde, Le Figaro, Le Populaire du Centre, France Info, France3 Limousin, des sites et des forums du Web ... Le Collectif Citoyen ALERTE LAICITE représenté par M. Bernard DESBALS et la section locale de la Ligue des Droits de l'Homme en la personne de son Président M. Alain LEBUGLE, ont rencontré M. Jean-Pierre LIMOUSIN Président de la CCI de Limoges le mardi 13 mars 2007. Au cours de cet entretien le Président LIMOUSIN a confirmé la démarche de la CCI dans la nomination de conseillers techniques représentant les cultes religieux.

Les récents propos de ces représentants des cultes ont été rappelés au Président de la CCI ; à savoir : qu'enfin les religions sont reconnues dans les entreprises ! Enfin les religions quittent la sphère privée et sont reconnues dans l'espace public pour s'exprimer ! Enfin il est reconnu que ceux qui ont la foi ont une mission plus forte dans la vie sociale !

Notre profond désaccord sur cette initiative, déjà exprimé par courrier et dans la presse, lui a été réaffirmé de vive voix.

Nous avons fait remarquer que la reconnaissance des cultes était contraire aux lois de la République et à la Loi de 1905. En outre, par son initiative, la CCI, bien qu'Etablissement Public à caractère Administratif reconnaissait le communautarisme alors que la République ne reconnaît que des citoyens libres et égaux en droits.

En conséquence nous lui avons réaffirmé notre volonté de faire annuler cette décision et qu'aucun compromis n'était possible avec nous au nom des principes fondamentaux de la République.

Très Cordialement,

Notes

[1] En réponse aux interrogations qu'ont du susciter l'envoi de cette lettre, je vous invite à vous rendre sur le site www.alertelaicite.org sur lequel a été mis en ligne l'ensemble des articles et réactions concernant cette affaire. Je vous invite également à prendre contact avec le collectif citoyen, directement sur le site ou par messagerie info@alertelaicite.org créé spontanément à la suite de l'initiative de la CCI de Limoges afin d'apporter vos réflexions.

Le Collectif Citoyen ALERTE LAICITE

2.5 - Troisième Université Populaire Laïque

week-end de Pentecôte 2007 à Annonay (Ardèche), du vendredi soir 25 mai après 20h, au lundi 28 mai à midi, au centre du groupement des oeuvres Laïques, chemin du grand murier.

Programme

une série de thèmes qui vont apparaître d'une actualité brulante après les résultats de l'élection présidentielle, à traiter en ateliers ou en débats pléniers, centrés autour de:

Nombreux intervenants de qualité (dont des membres d'Avenir d'ATTAC)

L'organisation matérielle:

FORMULE CLASSIQUE:

Hébergement en chambres de 2 ou 4 lits sur place dans le Centre avec 3 nuits du vendredi au Lundi, 3 petits déjeuners, 2 repas le samedi et 2 le dimanche forfait à 125 euros Les chèques vacances sont acceptés. Acompte de 40 euros par personne à verser avant le 31 mars 2007 à UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie

FORMULE A LA CARTE

petit déjeuner: 4 euros repas samedi midi et dimanche midi :12 euros le repas repas festif le samedi soir et repas de qualité le dimanche soir: 20 euros le repas nuit de camping: 4 euros nuit d'hôtel: aux alentours de 50 euros nuit de gîte rural dans un cadre romantique à 15km: 180 euros pour 2 personnes et 3 nuits avec petits déjeuners

L'hébergement des enfants sera gratuit et ils seront pris en charge lors des principaux débats

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

3 - élections présidentielles 2007

3.1 - Le cave se rebiffe

Bonjour Evariste,

Je me suis totalement reconnu dans votre chronique numéro 518, intitulée " Après les présidentielles, serons-nous flashés par des radars bleus ou des radars roses ? ".

Mais je ne sais pas où vous avez vu que Sarkozy avait donné des consignes de clémence à ses préfets. Je me suis fait flashé à 76 kilomètres à l'heure, dimanche dernier, sur une deux voies à sens unique, à 23 h 54, devant un panneau limité à 70 kilomètres à l'heure. La vitesse a été ramenée à 71 kilomètres à l'heure. J'ai reçu l'amende à payer quatre jours après, les services publics marchent très bien. J'avais déjà perdu 6 points, et je me tenais à carreau depuis dix mois et demi, terrorisé à l'idée de perdre à nouveau des points, limitant le nombre de fois où je prenais ma voiture. Il ne me restait donc plus qu'un mois et demi pour retrouver mes six points, et donc repartir à douze points. Pour un kilomètre-heure, un dimanche soir, alors que j'étais seul sur une deux voies, à 23 h 48, je replonge donc pour un an, en plus de l'amende que je dois acquitter (45 euros si je paie tout de suite). Pour un kilomètre-heure, sur une deux voies à sens unique, je ne devrai plus avoir que cinq points à mon permis, et avoir à nouveau une épée de Damoclès au-dessus de la tête pendant une année.

Et je devrai accepter cela ? Au nom de mon esprit républicain, comme l'écrivent stupidement quelques-uns de vos lecteurs ? Eh bien non, je le refuse ! Donc, je vais tricher avec la loi, et je l'assume la tête haute, sans aucune culpabilité. Je vais payer mon amende, mais je vais aller voir un ami à moi, qui ne conduit plus, mais qui a son permis, et je vais lui demander de dire que c'est lui qui conduisait à ma place.

Il n'y a aucun risque, on est flashé maintenant à l'arrière, on ne voit donc plus le visage du conducteur.

Mais je ne vais pas en rester là. Je vais aller voir mon député UMP, ce week-end, je sais qu'il est sur le même marché tous les samedis. Je vais venir avec mon amende à la main, et je vais l'insulter à onze heures trente, quand il y aura un maximum de monde, et croyez moi, j'ai un bel organe vocal.

Et cela ne va pas être tout. Je sais où le candidat socialiste aux prochaines législatives distribue ses tracts. Ce n'est pas loin. Il va y avoir droit, lui aussi, une demi-heure après, faites moi confiance. Et, histoire de ne pas être en reste, je vais aussi me farcir l'UDF du coin sur un autre marché, le dimanche, et il va avoir lui aussi droit à quelques mots aimables.

Bien évidemment, aucun des trois candidats n'aura ma voix au premier tour, ni au second, des présidentielles, je ne suis pas maso, et je ne vais pas voter pour des candidats qui me rackettent aujourd'hui, ou feront de même demain s'ils sont élus.

Un cave qui se rebiffe (mais qui n'est pas idiot au point de signer un tel article).

C. T.

3.2 - Il faut réhabiliter l'impôt

Si l'on veut pouvoir faire une politique de gauche républicaine, il faut un État fort disposant des moyens nécessaires.

Depuis des années, il n'y a qu'un seul mot d'ordre chez tous les dirigeants : la baisse des impôts. La droite en a fait un leitmotiv idéologique, et la gauche suit le mouvement, n'osant même plus justifier les prélèvements divers.

À droite, on joue sur l'égoïsme de l'électorat : " avec nous, vous paierez moins d'impôts sur le revenu, il y aura un bouclier fiscal, on réduira l'impôt sur la fortune ". On reconnaît l'électorat de droite : mis à part de pauvres gens naïfs qui croient encore qu'un gouvernement libéral fera leur bien, un homme ou une femme de droite, c'est un Johnny Halliday, c'est une Laurence Parisot. C'est une personne qui croit qu'elle s'est faite toute seule, qu'elle est " parvenue " uniquement grâce à son travail, et qui ne veut donc pas partager le fruit de ses efforts avec les salauds de profiteurs fainéants. Bien sûr, comme l'État a besoin d'argent (pour que certains continuent de s'enrichir, il faut éviter les troubles sociaux importants), on déléguera sur les régions et les villes le soin de prélever les revenus nécessaires à la bonne marche du pays. Ainsi, les impôts les plus justes sont diminués, et les taxes diverses les plus injustes (TVA, taxe d'habitation, etc.) sont maintenues ou augmentées. Heureusement pour ce genre de politique : les ignorants sont incapables de voir qu'on s'est moqué d'eux en promettant des baisses d'impôts et que seuls les plus fortunés en ont réellement profité.

À gauche, on n'ose plus parler de solidarité nationale, cela apparaît comme un gros mot. La force de l'argument de droite " il faut baisser les impôts, il faut baisser les charges " ne trouve pas à gauche la réponse appropriée qui serait " les "charges" patronales sont des cotisations qui permettent la protection sociale, les impôts sont la condition unique du bon fonctionnement des services publics ". La gauche façon Parti socialiste n'a pas le courage de dire simplement : " nous voulons faire une politique à la fois dynamique et sociale, stimulant le capitalisme, mais protégeant aussi les plus faibles, et pour cela, il faut que les Français paient des impôts ". Ça paraît évident, mais plus personne au PS ne tient ce genre de discours.

Je propose donc qu'on réhabilite l'impôt. Pour cela, quelques mesures sont fondamentales :

  1. Un travail de pédagogie auprès des citoyens, y compris des plus jeunes. À l'école, on inclura dans les programmes d'histoire-géographie (en éducation civique) des textes sur l'utilité des impôts, sur le rôle des services publics, sur l'obligation de solidarité nationale. Dans les déclarations de revenus et sur les bulletins de salaire, on rappellera la fonction des prélèvements.
  2. Un travail d'exemple : l'État montrera qu'il fait des efforts pour ne pas dépenser inutilement, pour ne pas gaspiller. La Cour des comptes devra avoir un rôle plus important.
  3. Rendre crédible la justification de l'impôt en faisant en sorte que personne ne paie en impôts plus de 50 % de ses revenus.
  4. Lutter contre la fraude. Nous avons encore vu dernièrement que la fraude sur les prélèvements obligatoires était estimée à 30 milliards d'euros. On mettra donc en place les moyens de lutter plus efficacement contre cette fraude qui coûte cher au pays. C'est la contrepartie de la mesure précédente. Nous pourrons alors expliquer : " vous ne paierez pas plus de 50 % de vos revenus en impôts, mais nous vous contrôlerons plus facilement et plus souvent afin que vous ne puissiez pas frauder ". Donnant-donnant.
  5. Réduire les possibilités légales d'échapper à l'impôt. Nous avons tous en souvenir un Bernard Tapie qui, bien que possédant de nombreuses entreprises florissantes, n'était pas imposable. Ce sera fini.
  6. L'article 34 de la Constitution sera modifié. La phrase " Les lois de finances déterminent les ressources et les charges de l'État dans les conditions et sous les réserves prévues par une loi organique " deviendra : " Pour assurer la solidarité nationale et la cohésion sociale, les lois de finances... ".
  7. Les Français gagnant l'essentiel de leurs revenus en France devront payer des impôts en France, sous peine de déchéance de la nationalité française.
  8. Les Français soupçonnés de demander une autre nationalité pour des raisons fiscales seront également susceptibles d'être déchus de leur nationalité française.
  9. On réfléchira aux moyens à mettre en oeuvre pour réglementer l'impôt au niveau européen, afin de tendre vers une plus grande harmonisation et d'éviter que des citoyens d'un pays, vivant dans ce pays mais travaillant à l'étranger, ne paient plus d'impôts dans leur propre pays (ex : les Français vivant en France, mais travaillant au Luxembourg paient leurs impôts au Luxembourg, car le prélèvement se fait directement sur le salaire).
  10. Le traditionnel " Ministère de l'Économie et des Finances " deviendra le " Ministère de la Solidarité nationale ".

Pour qu'un État ait les moyens de ses ambitions, il lui faut des ressources. De plus en plus, l'État s'est désengagé de certains domaines de compétence qui dépendaient de lui, en confiant la charge à des régions devenues de plus en plus riches et indépendantes. On s'accommode aussi aujourd'hui de voir le rôle essentiel joué par certaines associations (Restos du Coeur, Emmaüs, etc.) vis-à-vis des plus démunis. N'est-ce pourtant pas à la solidarité nationale d'être prépondérante par rapport à la charité ? Va-t-on laisser l'État confier toutes ses missions de service public aux associations caritatives ou religieuses ? Non, il faut redonner à l'État un vrai pouvoir d'intervention. Pour cela, il n'y a qu'une solution : réhabiliter l'impôt.

Stéphane Arlen président de l'association Faire Le Jour
www.fairelejour.org

3.3 - Vers des universités régionales pour le peuple et des Harvard pour une élite mondialiste ?

Le retour à l'hyper-sélectivité sociale à l'Université se met en place sous l'impulsion des instances européennes. Ce retour vise à former des élites européennes pour la compétition capitaliste mondiale. Pour y parvenir, les instances européennes cherchent à mobiliser les moyens pour quelques " pôles d'excellence " européens très sélectifs. Michel Rocard qui a participé à la conception de ce programme, parle d'un système universitaire européen avec quelques universités du type Harvard où les étudiants sélectionnés suivraient tous les cours en anglais (déclarations à France Culture).

Le 28 avril 2004, le Commissaire européen pour la recherche et le développement, le socialiste belge Philippe Busquin, clôturait la Conférence de Liège, "The Europe of knowledge 2020: A vision for university based research and innovation" (" Universités et société de la connaissance : quelles perspectives après Liège? "), en précisant les orientations de ce programme :

Le 6 décembre 2005 à Bruxelles, P. Busquin expliquait que " l'Europe doit se battre contre le morcellement des budgets destinés à la recherche et éviter les doubles usages. "L'Europe n'offre pas de visibilité suffisante à notre excellence." Les programmes européens doivent concentrer le meilleur de chaque domaine de recherche ".

Cette logique est à présent à l'oeuvre en France avec les regroupements en pôles universitaires régionaux en cours de réalisation. La " Paris School of economics " (PSE) qui a été inaugurée le 22 février 2007 par Dominique de Villepin, en offre une autre facette. Selon Le Figaro (23 février 2007, p20), cette Fondation Ecole d'Economie de Paris est financée par des fonds publics (20 millions d'euros provenant de l'Etat et d'établissements universitaires publics) et des fonds privés (1 million d'Axa, 1,5 d'Exane et 1,5 de l'American Foundation for the Paris School of Economics). La part des investisseurs privés devrait atteindre celle de l'Etat : la participation prochaine des sociétés Poweo, Société générale, Accor, mais aussi d'entreprises américaines, semble acquise. La PSE s'affiche comme une " Harvard " en puissance, si pas une annexe d'Harvard.

Christian Saint-Etienne, dans Le Monde du 13 mars dernier, esquisse les champs de ces " Universités de rang mondial " ou " Universités d'élite " en France : la recherche en mathématique, en médecine, en droit et en écononomie. Il préconise de regrouper les meilleures équipes de chercheurs et d'enseignants-chercheurs dans 10 universités et, à l'instar de ce qui a été entrepris en Allemagne, de les évaluer en permanence et de sélectionner les étudiants à l'entrée. Les autres universités (environ 70) auraient vocation à devenir des " universités professionnalisées ".

En somme, tout indique que la mécanique européenne néolibérale se met en place imperturbablement en hiérarchisant le Supérieur en un " Supérieur Supérieur " pour une élite et un " Supérieur Inférieur " pour les autres étudiants. On peut craindre que la sélection soit sociale. Voire en plus par l'argent. On a envie de dire que, la menace soviétique ayant disparu, s'achève ici aussi la parenthèse des concessions patronales (le keynésianisme des Trente glorieuses) qui vit une certaine démocratisation de l'accès à l'enseignement supérieur, laquelle fonctionna comme un ascenseur social.

Va-t-on vers des Harvard payantes pour l'élite mondialiste et des universités régionales publiques professionnalisées ou non pour le peuple ?

Ségolène Royal s'inscrit-elle dans cette logique européenne ? Dans sa " proposition n°30 " elle annonce qu'elle va " Adopter une loi de programmation pour redonner à nos universités les moyens de l'excellence ", " Renforcer l'autonomie des universités dans le cadre national " et " Associer les Régions à la remise à niveau des universités (bâtiments, logements étudiants...) ". Faut-il y voir la mise en concurrence d'universités régionales entre elles pour tendre vers " l'excellence " préconisée par le plan européen ? Faut-il y voir l'abandon de l'égalité nationale des diplômes et l'instauration de facto de Licences, de Masters d'inégale valeur selon le classement de l'Université qui les délivre ? Ne peut-on pas craindre que, dans les Régions pauvres, les Universités autonomes soient en difficulté ? Et qu'au final les " pôles d'excellence " n'existent que dans quelques Régions riches ?

Ségolène Royal a intérêt à lever rapidement le doute sur toutes ces questions et à préciser clairement son plan pour l'Université, d'autant que le directeur de la " Paris School of economics ", l'économiste Thomas Piketty, fait partie des 150 intellectuels qui appellent à voter pour elle (cf. Le nouvel Observateur, 2 mars 2007). Les électeurs de gauche s'interrogent.

Pierre Baracca

3.4 - Voies du Marais ou de la Montagne ?

Ainsi donc, ainsi donc, les odeurs putrides du Marais seraient plus attrayantes que l'air vivifiant de la Montagne. Pour utiliser une image de mes vertes années, cette situation me fait penser à ces enfants que l'on essayait désespérément d'empêcher de sucer leur pouce en mettant leur doigt dans la moutarde forte ; ces enfants là, dont j'étais, au sortir de cette épreuve terrible redemandaient... de la moutarde !

Une image plus récente, cinématographique celle là, me rappelle cet instant où le jeune héros du " Seigneur des anneaux ", traverse les marais corrompus et glauques en vue d'atteindre le Mordor, aidé en cela par un Golum trop intéressé à récupérer cet anneau magique (je dirais symboliquement le pouvoir).

Je ne pense pas que le " vote révolutionnaire " est la solution pour la simple raison qu'il cache des cuisantes défaites de batailles dont on pouvait voir les prolégomènes depuis le 29 mai 2005. et dont j'ai évoqué les contours dans un précédent numéro de " Respublica ".

J'ai connu personnellement une campagne en faveur du " vote révolutionnaire ". Nous étions en 1981. Je travaillais alors dans un bureau de Poste à Lyon Croix Rousse. Ce bureau avait la particularité, oh! Combien confortable, d'avoir un taux de syndicalisation approchant les 80%. Nous étions trois secrétaires départementaux respectifs de la C.G.T. la C.F.D.T. et F.O. Il y avait également une cellule du Parti Communiste et une section du Parti Socialiste.

Entre les deux tours des élections, j'ai vu et entendu un membre du comité central du Parti Communiste venir expliquer doctement aux néo-staliniens que, seul le vote pro Giscard était un vote révolutionnaire !

On peut être extrêmement critique sur la politique menée par François Mitterrand et le Parti Socialiste notamment à partir de 1983 et surtout à partir du tournant européiste maastrichtien. Et je le suis. Il n'en reste pas moins vrai que si Giscard l'avait emporté la France depuis longtemps serait un canton d'une Suisse européenne.

Autre temps, autres moeurs ? Non sûrement pas. Les colonnes de " Respublica " sont remplies, à longueur de semaines des mises en garde quant à ce vote. Je partage la plupart des analyses faites pour y revenir trop.

Bayrou, l'héritier du M.R.P., autrefois appelé la machine à ramasser les pétainistes, du C.D.S. dont sera issue l'U.D.F. sous la férule d'un Raymond Barre, professeur d'économie célébrissime mais surtout donneur de leçons et qui aujourd'hui n'en fini pas de mourir en suant par tous les pores de sa suffisance, des propos paponistes et antisémites à donner la nausée.

Aujourd'hui il est une certitude : les républicains qui ont porté et portent toujours les espoirs du 29 mai 2005, vont hurler dans un désert électoral où aucun candidat n'est digne, pour des raisons multiples mais convergentes : le refus de prendre en compte l'identité nationale, telle que la définissaient Fernand Braudel, Ernest Renan, March Bloch, identité reposant sur un socle commun, la République française, laïque démocratique et dont le contrat social, depuis 60 ans reposait sur le programme de la Résistance.

Ne nous y trompons pas. Certains pensent que, par manque de troupes, Bayrou permettra de faire voler en éclat l'UMPS. Qu'il sera tenu par la volonté populaire de sortir par le haut de cette situation. Rien n'est moins sûr ! Dans l'heure qui suivra les résultats, il se trouvera suffisamment des Kouchner, des Moscovici, de Robien, et beaucoup d'autres, nous en serons pas à un reniement près, prêts à aller à la soupe et, qui seront prêts à nous redonner une quatrième république qui, à son tour, n'en finira pas de mourir pour, finalement remettre les clefs du pouvoir à une Marine Le Pen. Cette République là n'aura pas son Mendès France pour l'extraire des futures guerres européistes.

Cette élection à venir, par manque de lisibilité républicaine, ni Chevènement, ni Dupont-Aignan, Gallo et Guaino chez Sarkozy, n'est pas la mienne ; autant que je peux l'entendre, elle n'est pas celle de beaucoup de mes compatriotes. Depuis le 16 mars à 18h00, elle est un déni républicain. Le 22 avril et le 6 mai 2007, en qualité de citoyen de la République, j'accomplirais mon devoir en me déplaçant jusqu'à la mairie. Mon vote blanc, est pour donner rendez-vous dès le 7 mai au matin pour bâtir, j'écris bien bâtir et non pas rebâtir ou refonder, la république laïque, démocratique et sociale d'autorité que veulent de plus en plus de nos concitoyens exclus du jeu électoral.

Je ne peux terminer cet écrit sans saluer la mémoire de Lucie AUBRAC. Elle appartient aujourd'hui à notre mémoire collective. Fassent les générations de maintenir la flamme de ceux qui ont contribué à ce que nous soyons des Hommes libres.

Simon Archipenko

3.5 - Total, la Dette publique et les profits

L'entreprise Total a réalisé près de 13Md Euro de profits après impôts. L'association de consommateurs UFC-Que Choisir, très active, propose la taxation de ces super profits. A cet effet, elle démontre l'existence d'une véritable " rente " au bénéfice de l'entreprise et au détriment des consommateurs. Cette association emboîte le pas de ses soeurs US qui demandent aussi la taxation des super profits d'Exon Mobil.

Ces profits, réalisés pour plus de moitiés concernant Total, à l'étranger, proviennent d'abord de la hausse du pétrole, mais aussi de la faiblesse relative des investissements dans le secteur pétrolier.

Ces sous investissements sont préjudiciables à moyen et long terme à l'intérêt général. Mais que vient faire l'intérêt général en la matière ? Total est bien une entreprise stratégique pour la France et l'Europe. Elle pourrait cependant fort bien faire l'objet d'une OPA de la part de ses soeurs US. Qu'a prévu le gouvernement français en la matière ? Que Total fasse un maximum de profits pour pouvoir se défendre. Mais si les actionnaires ont intérêt à se faire avaler, comme ceux d' Arcelor par Mittal ?

On entend le gouvernement actuel et nombre de politiques de tous bords parler de la dette publique et de sa charge (charge alourdie d'ailleurs à chaque augmentation des taux par la BCE !). On entend pourtant pas critiquer la (très) mauvaise gestion financière des gouvernements successifs qui ont jugé bon de privatiser complètement et Elf et Total. Car enfin, quelle serait la valeur aujourd'hui de ces actions par rapport au prix de leur cession.

En tout état de cause, la contrepartie de la Dette publique aurait été largement valorisée. Mais qui en parle, Ségolène ? Bayrou, Sarko ?

Attention, terrain miné. Le tiers de la dette résulte de la " désinflation compétitive " du couple Bérégovoy J.C. Trichet. Chut !

Mais, point important, les actions d'alors de Total et Elf étaient la propriété de tous les français.

Elles sont maintenant la propriété, très majoritairement, des plus aisés des français. Et c'était bien là une raison majeure de cette opération, lamentable pour les finances publiques à moyen terme, lamentable à tous points de vue pour le long terme mais juteuse, très juteuse pour ceux qui avaient la possibilité d'y participer. Il ne fallait donc pas les priver de ce pactole. Qu'importe l'intérêt stratégique du pays, qu'importe la mauvaise gestion... Le qualificatif pillage serait sans doute approprié....

Les entreprises de l'énergie doivent être au service de l'intérêt général, elles doivent devenir des EIEG : Entreprises d'Intérêt Economique Général, françaises ou européennes, avec l'aide du pôle financier publique. Les directives européennes énergie doivent être révisées.

Pierre Mascomère Club de la Gauche Citoyenne 78

3.6 - Retenir les leçons du 21 avril 2002, nom de Dieu !

Et puis quoi encore, comment se dire de gauche, de retenir les leçons du 21 avril 2002 et en même temps penser que le vote Bayrou serait révolutionnaire. Cela me rappelle les années 80 ou les communistes demandaient à leur militants de voter Giscard contre Mitterrand au nom du vote révolutionnaire. Je pense que si le danger Le Pen semble écarté (et encore il faut se méfier) un deuxième tour ou la gauche ne serait pas présente pour la 2e fois consécutive à cette élection majeure, scellera définitivement une dualité à l'Anglaise avec d'un coté les Libéraux de l'UMP et de l'autre les Démocrates de Bayrou, où, soyez en sûr les ralliements de certains "éléphants" socialistes iront rejoindre les Lepage, Allègre, Azouz Bégag et compagnie.

Regardez la gauche altermondialiste; incapable de se rassembler elle est laminée aujourd'hui et chacun fait référence à 2002 (allez y comprendre quelque chose), les VERTS qui au mieux vont faire 2% sont incapables de faire passer le message écologiste alors qu'il aurait été plus efficace de négocier un soutien à Ségolène ROYALE. Je suis un fidèle de Dominique VOYNET et toujours incertain de mon vote car je ne veux pas revivre 2002, mais ce dont je suis sur, c'est que celui qui à mis 1 millions de personnes dans la rue lorsqu'il était ministre de l'éducation nationale tombera toujours du même coté lorsqu'il s'agira de faire des choix importants, c'est à dire à droite. Non; le vote Bayrou n'est pas révolutionnaire.

Albert BISCHEROUR Maire-adjoint des Mureaux

4 - combat féministe

4.1 - Hymens de complaisance

Elles ont bataillé pour l'IVG, crié à l'amour libre, défendu les droits des femmes vent debout. Et embrassé leur cause jusque dans leur métier : elles sont devenues conseillères conjugales ou médecins pour le Mouvement français pour le Planning familial (MFPF). Aujourd'hui, ces militantes ont la gueule de bois. Partout elles entendent les mêmes énoncés : "J'ignore si je suis encore vierge " ; "J'ai fait du sport : je ne sais pas où j'en suis." Des paroles de jeunes filles soumises aux pressions culturelles d'un autre âge. Ni voilées ni croyantes, seulement issues de familles musulmanes pratiquantes. Si elles recourent au Planning, c'est pour obtenir un certificat de virginité, censé les protéger de tout contrôle intempestif. Celui de leur futur mari, imposé ou choisi. Celui des proches, tantes, belle-mère ou mère. Des inquisiteurs de petite vertu qui ne jurent que par l'hymen et le sang versé le soir des noces.

Ce retour à l'icône virginale est un échec pour les féministes, inquiètes de la recrudescence des demandes depuis cinq ans. A Paris, elles se multiplient. A Avignon, le Planning en recense deux par semaine. A Lyon, les militantes ont pensé distribuer des certificats. Pour les banaliser. Elles ont renoncé par peur de desservir les filles. " C'est dur, grince Marie-Hélène Habib, infirmière. Mais on ne peut pas les renvoyer." En parler, c'est aussi les exposer, dit Emmanuelle Piet, docteur du 93 : " Nous sommes leur seul recours. Certaines peuvent essuyer des violences gravissimes, être enfermées, répudiées. Elles peuvent aussi en mourir. "

Effraction de l'intimité, menaces : les équipes dénoncent une résurgence du machisme. Ce contrôle social exercé sur la sexualité est plus qu'une déception : une révolte. " Nous avons mésestimé le repli communautaire", tempête Nathalie Marinier, conseillère à Paris. L'attitude des femmes se serait affaissée, comme si pratiques ancestrales et archaïsmes sociaux l'emportaient sur leur capacité d'indignation. Rares sont celles qui s'opposent au diktat familial. Résultat : le Planning est pris en tenaille entre antienne féministe et mission protectrice. Officiellement, il est opposé à ces certificats et soumis à l'interdiction du Conseil de l'Ordre des Médecins. Intenable position. " De quel droit le refuser à une fille dans la détresse? ", lance Latifa Drif, conseillère à Montpellier. Si certains médecins estiment qu'une non-vierge doit assumer, beaucoup voient dans ces petits arrangements avec la chasteté les prémices d'une résistance. " Si elles viennent ici, c'est qu'elles ne sont pas si soumises", estime Anne-Marie Franceschi, conseillère à Paris. Face à cette mâle exigence de corps sanctuarisés, le Planning mise sur les entretiens. Pour émanciper. Et jauger la peur.

C'est elle qui gouverne Samira, 16 ans, un refrain aux lèvres : elle est vierge. Et veut faire cesser les pressions de son Roméo. Soucieux de fréquenter une vestale, il a vérifié. " En jouant la contrainte, note Nathalie Marinier. Il lui a mis un doigt dans le vagin." Son verdict d'expert est tombé : " Ça rentre : t'es plus vierge. " Samira n'est même pas en colère : elle est mortifiée. Pour mettre fin à ces perquisitions génitales, Fatima Lalem, responsable au MFPF, plaide en faveur d'un arsenal juridique interdisant le contrôle. En attendant, le Planning dispense un cours de biologie : " A force de rapports à moitié, note Emmanuelle Piet, les filles ne savent plus si elles sont vierges. " Le préambule, "le premier rapport n'entraîne pas forcément de saignement", est un choc. La leçon suivante, "l'hymen est complaisant, c'est-à-dire souple et fragile", n'arrange rien. Viennent ensuite des " trucs ", souvent triviaux, pour abuser l'abuseur. Un bout de foie de veau placé dans le vagin le soir des noces : " Ça saigne pareil." Une lame pour se couper l'index et tacher le drap. Les Plannings donnent aussi des adresses pour des réfections d'hymen. "Pour se rassurer, lâche Nathalie Marinier, on se rappelle qu'il y apeu les familles catholiques exigeaient la virginité. Même si cela n'allait pas jusqu'à la honte publique."

Isabelle Curtet-Poulner

Source : Le Nouvel Observateur

4.2 - Les féministes iraniennes toujours sur le pied de guerre

Cette année, la Journée internationale de la femme en Iran était particulièrement symbolique. Tout a commencé le 12 juin 2006, lorsque 70 personnes, dont 42 femmes, ont été interpellées par la police iranienne alors qu'elles manifestaient pour l'égalité des droits entre les deux sexes en Iran. La manifestation a été brutalement dispersée et plusieurs activistes ont été arrêtées. Leur jugement devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran, en début de la semaine dernière, a été une nouvelle occasion pour plus de 30 féministes iraniennes de braver l'interdit et de manifester en soutien à leurs camarades. Elles ont toutes été interpellées ce jour-là.

À la veille de la Journée internationale de la femme, les autorités ont relâché huit d'entre elles. Les 25 autres ont entamé une grève de la faim. Et, enfin, le 8 mars, 22 de ces activistes ont été encore libérées. Trois des manifestantes sont toutefois toujours sous les verrous. Il s'agit de figures du mouvement féministe iranien : les journalistes Jila Baniyaqoub et Mahboubeh Abbas Golizadeh, et l'avocate Shadi Sadr. Me Sadr est bien connue en Iran et à l'étranger pour son engagement à défendre les femmes risquant la peine de mort pour avoir tué leur violeur et sa lutte pour l'abolition de la lapidation comme sentence dans les cas d'adultère.

" Le mouvement féministe en Iran est très vaste et gagne de plus en plus de terrain. À chaque fois que l'occasion se présente, les Iraniennes, surtout les jeunes, n'hésitent pas à défier le régime islamique ", affirme Mme Majedi, exilée à Londres. " Le maquillage, les couleurs vives et même les vernis à ongle sont devenus des symboles à caractère politique et peuvent, si vous les portez en public, conduire à votre arrestation ", poursuit cette activiste qui était parmi les organisatrices de la manifestation du 8 mars 1979 à Téhéran. Lors de cette journée historique, des milliers d'Iraniennes ont défilé dans les rues de la capitale pour protester contre le port du voile et en faveur de l'égalité des sexes en Iran. Le mouvement féministe iranien est né ce jour-là. " Le 8 mars 1979, les Iraniennes ont réussi pour la première fois à défier le régime islamique. Mais elles ont évidemment dû payer un prix très cher. Plusieurs d'entre elles avaient été arrêtées et violemment torturées en prison ", assure Mme Majedi.

Double vie

Il n'est pas exagéré de dire que la plupart des Iraniennes mènent une double vie dans leur pays. En public, elles sont forcées de respecter le code vestimentaire très strict imposé par la loi islamique en vigueur. Mais en privé, nombreuses sont celles qui luttent clandestinement pour l'abolition des lois discriminatoires. En novembre dernier, les féministes iraniennes ont lancé une campagne pour réunir un million de signatures afin de demander le changement des lois " injustes " à l'égard des femmes. " L'image que veut promouvoir le régime iranien est celle des femmes faibles, recouvertes d'un tchador noir et soumises aux hommes de leur famille, assure Mme Majedi. C'est pourquoi les autorités voient un véritable défi en notre mouvement. "

Citoyennes de deuxième zone

Au regard de la loi iranienne, les femmes sont des citoyennes de deuxième zone. Ainsi, le témoignage d'une femme devant la justice vaut seulement la moitié de celui d'un homme. De même, le " deyeh " ou le " prix du sang " pour une femme vaut la moitié de celui d'un homme. Le prix du sang est le montant que les proches d'une victime d'un accident ou d'un crime peuvent réclamer à son responsable. Par ailleurs, les Iraniennes doivent avoir la permission de leur " gardien " mâle (leur mari, père, frère ou oncle) pour pouvoir faire une demande de passeport ou pour voyager à l'intérieur même du pays. Si une femme non voilée sort en public, elle est condamnée à 74 coups de lapidation.

Les Iraniennes n'ont pas le droit de devenir présidente de la République ou juges. En vertu de la loi, elles sont obligées d'être séparées des hommes, même dans les écoles ou dans les transports publics. Mais dans le même temps, malgré ces lois répressives, les Iraniennes commencent à prendre une part plus active dans la société. Désormais, plus de 65 % des étudiants inscrits dans les universités en Iran sont des femmes. En politique, elles ont réalisé une percée aux élections municipales de décembre, parvenant à remporter quelques sièges de conseillères au sein des conseils municipaux dans une dizaine de villes moyennes du pays. " Il y a de plus en plus d'Iraniennes qui ont réussi dans les domaines de l'art, du cinéma et de la littérature, et sont aujourd'hui reconnues internationalement. Mais il ne faut surtout pas oublier que c'est grâce à leur combat continu qu'elles ont réussi à s'imposer ", explique Mme Majedi. Selon elle, l'un des piliers le plus important au sein de l'opposition iranienne est le mouvement féministe. " Je pense que la libération de la femme en Iran aura un impact significatif qui se répercutera sur toute la région " , assure-t-elle.

Vingt-huit ans après la révolution islamique, les Iraniennes ne perdent donc pas leur souffle, même si elles restent dans la ligne de mire des autorités. L'un de leurs souhaits les plus chers ? Avoir au moins le droit de célébrer le 8 mars en toute impunité.

Rania MASSOUD

5 - débats républicains

5.1 - Quelle politique énergétique pour la France de 2007 ?

La question énergétique est présente dans la campagne présidentielle. Pourtant, aucun candidat ne tient un discours qui possède la cohérence capable de résoudre l'équation suivante : comment garantir l'accès pour tous à l'énergie en tenant compte des trois défis du siècle que sont l'explosion démographique, la limitation du réchauffement climatique et l'épuisement des ressources de pétrole et de gaz naturel dans un contexte géopolitique sous tension ?

Tous les candidats antilibéraux s'accordent sur le fait qu'il faut un service public de l'énergie et que la politique énergétique doit permettre une réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment en développant les énergies renouvelables et en augmentant les moyens de la recherche.

Mais aucun ne défend simultanément les deux mesures sans lesquelles leur projet est incomplet, donc inefficace s'il devait être appliqué : la réduction de la consommation d'énergie et la poursuite du programme nucléaire civil tant que la réduction nécessaire de la production des gaz à effet de serre ne sera pas obtenue.

Il n'est pas contestable que la réduction de l'empreinte écologique des pays développés passera entre autre par une réduction de la consommation énergétique. Or certains programmes électoraux sont résolument productivistes et occultent cette question. Il ne s'agit pas d'exiger de chacun de diminuer sa qualité de vie, mais de combiner :

Si on admet comme prioritaire la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique, on ne peut pas mener de front la sortie du nucléaire et la division par 4 nos émissions de gaz à effets de serre d'ici le milieu du siècle. Or plusieurs candidats antilibéraux réclament haut et fort la sortie du nucléaire tout en prétendant réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre.

Le problème, c'est qu'avec les technologies actuellement disponibles, aucun gouvernement ne serait en mesure d'atteindre démocratiquement les objectifs de réduction des gaz à effet de serre tout en se désengageant du nucléaire civil. De plus, nos centrales nucléaires sont amorties et durent plus longtemps que prévu, cela doit permettre de dégager des financements durables pour la recherche et l'innovation !

L'urgence environnementale et la priorité sociale imposent une politique volontariste courageuse qui doit d'une part s'appuyer sur une analyse globale de la question énergétique replacée dans le contexte des grands défis planétaires, et d'autre part reposer sur des solutions démocratiquement applicables et technologiquement réalisables, en s'appuyant sur la réalité et non sur la sentimentalité.

Christian GAUDRAY Responsable du secteur développement durable de l'UFAL

5.2 - Journée internationale de la langue française et de la francophonie

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU SYNDICAT CGT CARREFOUR NÎMES-SUD (Rte d'Arles)

À l'attention de Mesdames et Messieurs les journalistes,

Chaque année désormais, le 20 mars est décrétée Journée internationale de la langue française et de la francophonie.

Le syndicat CGT de Carrefour Nîmes-Sud (Rte d'Arles) veut profiter de cet événement pour essayer de sensibiliser le personnel sur le fait de la langue et dire que défendre le français dans le contexte actuel de l'anglais triomphant, c'est oeuvrer pour la liberté. Défendre la langue française contre la langue, la pensée, la politique et l'économie uniques, voilà le maître mot de cette action.

C'est un fait, la langue française est mal menée dans notre entreprise : les noms de la plupart des produits Carrefour sont en anglais (BlueSky, Firstline, Green Cut, Ink Set, Powder Flash, Top Bike, Number One, Bootstore, etc.), les nouveaux concepts sont nommés en anglais sans que l'on prenne la peine d'y mettre dessus des mots français (le Cross-Marchandising, le Pool-réception, le Password et le Login, le Remodeling, la Supply Chain, le Back et Front manager, l'Ebitda, etc.) et la musique d'ambiance est, dans nos magasins sur la surface de vente, à 98% anglo-américaine.

Il serait tant de réagir, non pas contre l'anglais, bien sûr, mais contre le TOUT ANGLAIS, pour que vive le français et avec lui toute la diversité du monde.

Voilà pourquoi nous distribuerons dans notre entreprise, le 20 mars, en ce jour de la Francophonie en fête, un tract (voir en pièce jointe) appelant tout un chacun à la résistance linguistique.

En vous remerciant de votre attention, je vous transmets mes meilleures salutations.

Régis Ravat Délégué syndical CGT du magasin Carrefour Nîmes-Sud (Rte d'Arles à Nîmes)

6 - à lire

6.1 - " Sauf le respect que je vous dois", Avant de choisir votre président, lisez ce livre! de Guy Carlier

Editions Michel Lafon 210 pages 18 Euro février 2007

Certains n'aiment pas Guy Carlier, d'autres apprécient particulièrement ses chroniques parfois féroces mais toujours pleines d'humour.

Il a du talent et vise juste.

Si les différents candidats à la présidentielle, déguisés en père Noël nous proposent des cadeaux, que se cache t-il sous le grand manteau rouge?

Guy Carlier s'adresse à chacun d'entre eux pour lui tailler un costard plus ou moins large , certains se contententde quelques lignes, d'autres sont plus chanceux comme Sarkozy qui a droit à 30 pages...C'est le record, la prime au premier flic de France. Il souligne par exemple le désastre que constitue à son avis les soutiens apportés par les people: " A vos propos, malgré vos divergences, vous avez au moins un point commun avec le président Chirac. On dit que le président adore la tête de veau, vous aussi vous adorez...Michel Sardou et Johnny Hallyday. "

Guy Carlier m'a fait très souvent rire de bon coeur , ce livre est d'ailleurs un régal.. C'est un " chansonnier " plein de talents qui se moque de tous avec beaucoup d'impertinence mais rien n'est a-politique et il vise très juste.

Il n'oublie pas de distribuer des prix à ses collègues journalistes, c'est ainsi que s'adressant encore au ministre de l'intérieur, il rappelle certaines vérités: " ...La plupart des télés vous sont plutôt favorables... Même si les journalistes font semblant de faire preuve d'indépendance en vous posant parfois des questions impertinentes après les avoir soumises au préalable, bien sûr, à votre cabinet de communication. "

Il ne doit pas y avoir de jaloux, ceux et celles qui ne sont pas ou plus candidat(e)s reçoivent un prix de consolation, prix parfois bien salé comme celui reçu par Montebourg qui n'ayant pas le droit à un chapitre est baptisé " le réversible "...

Jack Lang reçoit même le prix de calcul électoral et comme le rappelle l'auteur de ce livre succulent : " Quand vous mangez vos chapeaux, monsieur Lang, vous le faites avec un appétit remarquable. ".

Le Grand Jacques est présent même si on ne tire pas sur une ambulance et Ségolène reçoit un hommage appuyé à propos de sa déclaration sur son patrimoine: " ...quelqu'un qui parvient à trouver une maison de cent vingt mètres carrés avec piscine pour deux cent soixante-dix-mille euros sur les hauteurs de Cannes, alors qu'il faut compter le triple, est forcément capable de résoudre tous les problèmes économiques du pays. "

Un conseil: faites vous du plaisir, dégustez ce livre, vous m'en direz des nouvelles.

Jean-François Chalot

7 - À écouter

7.1 - Ce que les médias n'ont pas mis en avant lors des sélections française de l'Eurovision

Le groupe "Fatals Picard" est sorti premier des sélections de française et va donc représenter la France au kitchissime concours de l'Eurovision 2007... et mine de rien, cela est une double bonne nouvelle.

D'une part, les textes sont trés drôles (voire les titres La sécurité de l'emploi, Dors mon fils).

Et d'autre part le groupe s'était engagé pour le "Non" au TCE, notamment avec le morceau "Mon père était tellement de gauche" que vous pouvez voir jouez en live à quelques jours du référendum 2005 grâce au lien ci-dessous.

L'Eurovision qui diffuse la propagande pour le "Non" au TCE, ce n'est pas beau cela?!

http://www.youtube.com/watch?v=EjKfw10J3WU

Nicolas Gavrilenko

8 - à voir

8.1 - Le cabaret de Torticolis au théâtre de Clavel

Spectacle pour toute la famille présenté par les "Balles Capones", dernière le dimanche 25 mars à 17h (je vous conseille de réserver car les places sont trés demandées!) 10 euros (7 euros en tarif réduit).

Célèbre dans le milieu du banditisme burlesque depuis l'affaire Balles Capone, la famille Torticolli annonce l'ouverture de son cabaret...

Une famille de gangsters italiens reconvertis dans le music hall, un orchestre endiablé, un flic zêlé et soupçonneux, l'arrivée impromptue d'un coffre fort...

...Mais assurer la bonne tenue d'un cabaret n'est pas une mince affaire pour ces gangsters fraîchement reconvertis, surtout si l'un des frères, plein de mauvaise volonté, surgit en plein spectacle avec un coffre-fort.

Il n'en faut pas plus aux Torticolli pour retrouver leurs réflexes crapuleux. Le cabaret devient alors le théâtre de règlements de comptes acrobatiques, de duels de jonglerie orchestrés par le redoutable quintet familial.

Rien de tout ce cirque n'échappera à la vigilance de l'obstiné inspecteur François de Rouflicate, attendant secrètement et patiemment de prendre chacun la main dans le coffre...

Adresse : THEATRE CLAVEL, 3 RUE CLAVEL, 75019 PARIS, Accès : M. PYRENEES, Réservations : 01 42 38 22 58, Fax : 01 42 38 11 35.

Nicolas Gavrilenko

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