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Il est temps pour la gauche de réfléchir à sa stratégie
par Évariste
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Le 9 mai 2005 est une première irruption du réel dans le spectacle politicien. Mais cette césure ne suffit pas. Pas plus que la nécessaire critique du social-libéralisme. Il faut étudier les conditions d’émergence d’un bloc majoritaire du peuple pour la transformation sociale. Pour cela, travailler à la convergence politique des couches moyennes, des couches populaires (ouvriers-employés) et des « sans » du lupenprolétariat est une priorité. Regarder le fossé s’accroître entre les couches populaires et les partis de gauche n’est pas très réjouissant. D’où la nécessité du texte ci-dessous pour le débat. 9 thèses pour la transformation sociale: l’important est autant le bout du chemin que le chemin lui-même ! br>
4) La bataille pour la paix redevient une nécessité. Le passage d’un turbocapitalisme sous hégémonie américaine vers une exacerbation mondiale des rivalités entre grandes entités géopolitiques est plus que probable. Nous pensons qu’une transformation sociale ne peut se construire qu’au niveau international et donc tout chemin vers la transformation sociale demande une refondation d’une pensée internationaliste dans un univers de paix. 9) Nous faisons notre l’idée d’Antonio Gramsci, à savoir que que la bataille pour l’hégémonie idéologique doit précéder toute transformation sociale. La construction du chemin demande donc de prioriser un travail multiforme d’éducation populaire tourné vers l’action dans une stratégie à front large lié aux batailles économiques, sociales, politiques et institutionnelles. Cette campagne doit comporter des réunions publiques, des stages de formation, des nouvelles pratiques culturelles, voire de nouveaux modes organisationnels dans le but d’accompagner la montée consciente du rapport des forces politiques et sociales. A chaque période, sa stratégie ! br>
En conclusion, nous devons lier le bout du chemin avec la construction du chemin lui-même. Laissons de coté les débats “boboïsants” sur le bout du chemin sans la construction du chemin pour y accéder. Nous devons, me semble-t-il, nous spécialiser, dans la construction du chemin (et la construction du chemin commence par la réponse à la question “que fais-je demain matin pour construire le début du chemin” en vue d’accéder au bout du chemin et ne pas se délecter dans les débats “picrocholins” sur la couleur de la maison du peuple dans 325 ans! |
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Légiférer sur le voile intégral, oui ! au nom de la la laïcité, non !
par Marie Perret
membre du Secrétariat National
de l'UFAL
et responsable de son secteur école
Nous considérons en effet que le voile intégral est bien plus qu'un signe religieux : il est l'emblème d'un projet politique, et d'un projet politique que nous qualifions de « séparateur ».
Ce texte est celui, sous sa forme complète, présenté devant la mission parlementaire de l’Assemblée nationale « Voile intégral » le 16/09/09 lors de l’audition des associations laïques. Le député André Gérin qui préside cette mission a bien précisé qu’il s’agissait d’apporter une réponse politique à un phénomène dicté par une offensive elle-même politique. L’UFAL, au sein d’un large consensus sur les valeurs républicaines à faire respecter, a justifié son analyse sur la base de l’impossibilité d’identification et du déni d’identité, et expliqué les raisons pour lesquelles le recours au principe de laïcité était, en l’occurrence, inopportun pour ne pas stigmatiser telle ou telle pratique religieuse et refuser son expression dans la société civile. (NDLR) Je voudrais, pour commencer, évoquer deux « affaires » récentes qui engageaient toutes deux la question de la laïcité et qui ont été, par là-même, l’occasion d’en clarifier le concept mais également d’en circonscrire les limites. |
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Le 17 octobre, une date à ne pas rater !
par Aude Lemoussu
Comme nous l’annoncions lors de notre précédent numéro, le samedi 17 octobre prochain est une date à noter dans tous les agendas. En effet, à l’initiative du Collectif National Droits des Femmes et de Femmes Solidaires, une mobilisation nationale se prépare pour défendre de manière unitaire l’égalité femmes – hommes. |
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Inde : de la sécheresse à la prostitution
par Manju Das
Cette année, le pays a enregistré des précipitations inférieures de 29% à la normale saisonnière alors que la mousson apporte généralement les 90% des besoins annuels en eau. 177 districts sont touchés par la sécheresse. Les agriculteurs vont puiser dans les nappes phréatiques, mais le recours aux pompes à eau est coûteux. Selon le ministre indien de l’agriculture, Sharad Pawar, le gouvernement subventionnerait les tarifs de l’essence, pour sauver les plantations existantes. |
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Le rapport Stiglitz-Sen montre les limites d'un système qui ne peut se dépasser
par Guillaume Desguerriers
La commission « Mesure de la Performance Économique et du Progrès Social », dite commission Stiglitz, vient de rendre son rapport. « Des » points positifs… mais le pluriel commence à deux !
Un système ne peut jamais s’autodépasser de son propre fait
Au delà du paradigme économisme…
De fait, la commission Stiglitz-Sen est une illustration du paradigme actuel qu’il nous faudra bien dépasser. Dans cette optique, d’autres se sont essayés, avec des efforts pour des propositions concrètes novatrices, par exemple le FAIR (Forum pour d’Autres Indicateurs de Richesses) ou l’initiative du BIP40. Ces exemples montrent que la sortie pacifique du capitalisme est possible, et que ces forces sont à l’oeuvre aujourd’hui même, dans notre pays. Mieux, ils montrent que la sortie ne se fera pas sur le mode de l’affrontement, mais sur le mode de « l’abandon », c’est à dire très concrètement par tout ce qui permettra l’autonomisation des individus-citoyens à l’égard du système production-consommation actuel, afin qu’ils puissent construire et fonder sur d’autres bases leur communauté de destin au sein du Pacte Républicain. Liens : |
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Les fétichistes du PIB
par Joseph E. Stiglitz
professeur d’économie à l’université de Columbia et lauréat du prix Nobel d’économie 2001 a aussi présidé la Commission sur la Mesure de la Performance Économique et du Progrès Social.
S’efforcer de ressusciter l’économie de la planète tout en réagissant au changement climatique soulève une question épineuse : les statistiques sont-elles de bons indicateurs des mesures à prendre ? Dans un monde axé sur la performance, les chiffres ont pris une importance accrue : ce que l’on mesure affecte nos actions. En effet, si les résultats sont faibles, nos efforts (par exemple d’augmenter le PIB) peuvent contribuer à détériorer le niveau de vie. Nous pouvons aussi nous retrouver confrontés à de faux choix, en croyant, à tort, que le rendement compromet la protection environnementale. En revanche, une meilleure appréciation de la performance économique pourrait montrer que les mesures prises pour améliorer l’environnement sont bénéfiques à l’économie. Il y a dix-huit mois, le président français Nicolas Sarkozy a créé une Commission sur la Mesure de la Performance Économique et du Progrès Social, car il n’était pas satisfait – il n’était d’ailleurs pas le seul – de l’information statistique de l’époque sur l’économie et la société. Cette commission publiera son rapport tant attendu le 14 septembre. La grande question est de savoir si le PIB est un bon outil de mesure du niveau vie. Dans beaucoup de cas, les statistiques afférentes semblent suggérer que l’économie se porte bien mieux que ce que les citoyens ressentent. En outre, la mise en avant du PIB génère des conflits : on exige des responsables politiques qu’ils le portent à son maximum, tandis que les citoyens attendent aussi qu’ils soient attentifs à l’amélioration de la sécurité, à la réduction de la pollution sonore, de l’air, de l’eau, etc. En bref, à tout ce qui pourrait saper la croissance du PIB. Le fait que le PIB est un piètre indicateur du bien-être, voire de l’activité des marchés, est admis depuis longtemps. Mais l’économie et les modifications de la société peuvent aussi avoir eu leur influence, au moment même où les percées en économie et en technique statistique offraient de nouvelles chances d’améliorer notre métrique. Le PIB est censé mesurer la valeur de la production de biens et services. Or dans un secteur clé – celui du gouvernement par exemple – nous ne disposons d’aucun outil pour le faire. La production est souvent mesurée, très simplement, en fonction de l’apport. Donc si le gouvernement dépense plus – même s’il est inefficace – la production augmente. Au cours des 60 dernières années, la part gouvernementale dans la production du PIB a augmenté de 21,4 % à 38,6 % aux Etats-Unis, de 27,6 % à 52,7 % en France, de 34,2 % à 47,6 % au Royaume-Uni et de 30,4 % à 44,0 % en Allemagne. Voilà qu’un problème mineur à l’origine est devenu majeur. Parallèlement, l’amélioration de la qualité (de meilleures voitures au lieu d’une plus grande quantité de voitures) représente de nos jours une part très importante de l’augmentation du PIB. Or, l’amélioration de la qualité est difficilement quantifiable. Le système de soins de santé en est un bon exemple : la majeure partie est financée de manière publique tandis que la plupart des avancées sont qualitatives. Comparer différents pays comporte le même lot de problèmes que de faire des comparaisons dans le temps. Les Etats-Unis dépensent plus que tout autre pays (per capita et en pourcentage du revenu) pour son système de santé, mais obtiennent une mauvaise performance. Le système de mesure pourrait donc expliquer, pour partie, la différence du PIB par habitant aux Etats-Unis et dans quelques pays européens. Un autre changement frappant dans beaucoup de sociétés réside dans les inégalités. Il y a en effet davantage de disparités entre le revenu moyen (calcul d’une moyenne) et le revenu médian (celui d’une personne « typique », dont le revenu se situe au milieu de la fourchette de tous les revenus). Si quelques banquiers s’enrichissent massivement, le revenu moyen augmente, même si le revenu de la plupart des individus reflue. Donc les statistiques du PIB per capita ne se font pas le reflet exact de la vie des citoyens. Aussi, pour évaluer les biens et les services, nous utilisons les prix du marché. Mais à l’heure actuelle, même ceux qui vouent une grande foi dans les marchés remettent en question la validité de ces chiffres, y opposant les comptabilisations au prix du marché. Les profits faits dans les banques avant la crise – un tiers de tous les profits d’entreprise – ont l’apparence d’un mirage. Cette prise de conscience éclaire d’un jour nouveau non seulement la mesure de la performance, mais aussi nos déductions. Avant la crise, lorsque la croissance des Etats-Unis (d’après les outils de mesure standard du PIB) paraissait bien plus forte que celle de l’Europe, nombre d’européens étaient en faveur du capitalisme à l’américaine. Bien sûr, tous ceux qui le désiraient auraient pu constater l’endettement croissant des foyers américains, ce qui aurait tendu à montrer que la vision du succès donnée par la mesure du PIB était erronée. De récentes avancées méthodologiques nous ont permis de mieux évaluer ce qui contribue au sentiment de bien-être chez les citoyens et à rassembler les données nécessaire pour y procéder régulièrement. Ces analyses examinent et quantifient ce qui devrait être évident : la perte d’un emploi implique des répercussions plus considérables que la perte d’un revenu seul. Elles montrent aussi l’importance des liens sociaux. Toute bonne mesure de notre état doit aussi prendre en compte la durabilité. Ainsi qu’une entreprise a besoin de quantifier la dépréciation de son capital, les comptes nationaux, aussi, doivent refléter la diminution des ressources naturelles et la dégradation de l’environnement. Les statistiques visent à résumer ce qui se passe dans notre société complexe en quelques chiffres interprétables aisément. L’évidence que l’on ne peut tout réduire à un chiffre unique, le PIB, aurait dû nous frapper. Le rapport de la Commissions sur la Mesure de la Performance Economique et du Progrès Social mènera, espérons-le, à une meilleure compréhension des us et abus des statistiques. Ce rapport devrait aussi fournir des axes sur lesquels fonder un plus large éventail d’outils reflétant de manière plus précise à la fois le bien-être et la durabilité. Il devrait aussi fournir une base dynamique pour améliorer la capacité du PIB et des statistiques afférentes à évaluer la performance de notre économie et de notre société. De telles réformes nous aideront à orienter nos efforts (et ressources) dans les directions menant à l’amélioration des deux. par Joseph E. Stiglitz*, paru dans Le Quotidien d’Oran du 12 septembre 2009, traduit de l’anglais par Aude Fondard * Professeur d’économie à l’université de Columbia et lauréat du prix Nobel d’économie 2001 |
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Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières, de Frédéric Lordon
par Hakim Arabdiou
éd. Raison d’Agir, Parid Pour Frédéric Lordon, cette crise est un démenti aux prétentions cardinales de la doctrine néolibérale : l’autorégulation des marchés et l’allocation optimum des ressources. Il en veut pour preuve les nombreuses crises financières et monétaires qui ont secoué les économies capitalistes, toutes les deux années et demie en moyenne, durant ces deux dernières décennies. Economiste marxiste s’il en est, l’auteur, tout en rappelant la cause structurelle et centrale de cette crise, à savoir les crises cycliques de surproduction (relative) auxquelles est confronté le système capitaliste, a surtout entrepris de démystifier le discours néolibéral triomphaliste sur la prétendue efficacité des mécanismes de marché. Il a aussi longuement analysé les conséquences désastreuses des mesures de déréglementation économiques et financières, mises en œuvre au service des prédateurs des marchés financiers, depuis les années 1980. « Innovation financière » ou prolifération financière ?C’est ainsi que les investisseurs (spéculateurs) ont recherché, à travers ce qu’ils ont nommé pompeusement l’ « innovation financière », les plus hauts rendements possibles à leurs capitaux propres. Cette innovation consiste en la transformation en titres financiers (ou titrisation) des crédits bancaires et un certain type d’assurance. Les produits dérivés de crédits structurés (ou non) et les produits assurantiels sont titrisés sous l’une des deux formes suivantes : les ABS (Asset Backed Securities) et les CDS (Credit Default Swap). Les ABS sont des produits financiers dérivés de crédits structurés. Ils sont en effet structurés en pools de 3 tranches hiérarchisés, selon les degrés de risque qu’ils font encourir à leurs détenteurs et les profits proportionnels qu’ils leur procurent. Ils peuvent prendre différentes appellations, selon la classe de produits, dont les crédits ont été titrisés : prêts immobiliers (MBS), crédits à la consommation, prêts étudiants, etc. Des produits titrisés peuvent être combinés entre eux sous différentes formes (TRS, CMDS, etc.). Ce mélange de diverses tranches de produits dérivés de crédits structurés vise selon leurs fabricants (banques et monolines) à diluer les risques. La titrisation permet aux banques de faire coup double : transférer les risques de non-remboursement par un emprunteur, en transformant des dettes en titres financiers, puis les vendre à d’autres établissements. Cette vente a l’avantage également de leur procurer de nouveaux capitaux, qu’elles accorderont sous forme de nouveaux crédits, et ainsi de suite. Les CDS consistent, pour une banque, à transférer les risques de non-remboursement d’un crédit, en souscrivant à ce dernier une police d’assurance, auprès d’un établissement spécialisé (dit monoline). Les entrepreneurs souscrivent également ce type d’assurance contre la variation des taux de change, des taux d’intérêt, des prix des matières premières et ceux des produits finis. Les CDS ont eux aussi leur variante : les CDO. En vérité, ces précautions comportent séparément et cumulativement des risques énormes, pour les spéculateurs, ainsi que pour les systèmes économiques et financiers nationaux et internationaux. Il s’agit aussi bien de l’importante proportion de crédits accordés à des emprunteurs insolvables que de la fabrication de produits titrisés, de plus en plus complexes, et de ce fait extrêmement difficile à en évaluer les risques. Il est également question de la négociabilité des produits titrisés, c’est-à-dire de leur capacité à être vendus et achetés sur les marchés financiers. Cette disposition a rendu, elle aussi, quasi-impossible non seulement l’évaluation des risques (le troisième ou le cinquième acquéreur du titre ne connait ni l’identité ni la solvabilité de l’emprunteur initial) et leur localisation (chez quel détenteur, tel produit titrisé se trouvent à tel ou tel moment), mais pousse aussi à négliger les risques que peut comporter un produit titrisé, par la banque et par toute la chaîne des spéculateurs, car chacun d’entre eux n’acquière la plupart du temps le produit en question, que pour le revendre immédiatement (le transfèrement du risque) et empocher une belle plus-value. A titre d’illustration, la valeur de la dette d’entreprises (les obligations) s’élève à 5,7 trillions de dollars, alors que la valeur de leurs assurances (celle des CDS) s’étaient élevés à la mi-2008 à 62 trillions de dollars (un trillion = un millier de milliards), soit dix fois plus. L’effet de levierOutre les bonus versés aux traders, la forte complaisance des agences de notation corrompues et le nouveau système d’évaluation des risques de défaut de paiement, « Value-at-Risk » (Valeur exposée au risque), évaluation fondée sur les théories de probabilités, l’auteur cite l’effet de levier. Il s’agit d’un investissement, fondé en grande partie, sur des capitaux empruntés, et qui démultiplie les gains, mais aussi les pertes dans les mêmes proportions. C’est pourquoi les banques exigent de l’emprunteur-investisseur un dépôt de garantie en fonds propres. Elles peuvent en rehausser le montant (deux fois, quatre fois plus…), si les risques de l’investissement s’accroissaient. L’intéressé peut se trouver alors obligé de vendre une partie de ses actifs pour disposer d’argent frais en vue de satisfaire au nouveau montant de dépôt de garantie. Cette vente, lorsqu’elle se déroule en même temps que la vente du même type d’actifs par plusieurs autres investisseurs, entraîne une perte considérable de la valeur aussi bien des actifs mis en vente que des actifs conservés par les investisseurs. Ceci à cause des nouvelles règles comptables internationales, « mark-to-market », aux conséquences, elles aussi catastrophiques : l’achat et la vente des actifs financiers se font au prix du marché, et non plus à leur valeur nominal (d’acquisition). C’est ce qui est arrivé à BNP-Paribas, Citigroup, Merril Lunch… ou acculés à la faillite, comme la banque Bear Stearns, etc.
Bâle I et Bâle IICe n’est donc pas les « mesurettes », décidées à Bâle I et à Bâle II, fixant notamment les ratios prudentiels des banques à 8% du volume total des crédits qu’elles octroient, qui ont été capables de prévenir les risques ou d’enrailler les multiples crises financières et monétaires de ces vingt dernières années. L’opacité du marché des produits titrisés a également provoqué l’apparition du « risque de contrepartie » (méfiance mutuelle entre établissements financiers) et ses conséquences, la quasi-disparition des prêts interbancaires, ainsi que la montée en flèche de leurs taux d’intérêt. La crise interbancaire actuelle a pris en otage les Etats et leurs banques centrales au profit des marchés financiers. Les premiers se trouvent obligés de venir au secours des seconds, afin d’éviter une crise systémique, c’est-à-dire l’extension (ou généralisation) de la crise financière aux sphères économique et monétaires, au lieu de re-réglementer les folles activités des marchés financiers. Ces facilités ne pourront qu’encourager ces marchés à prendre davantage de risques dans le futur, tant ils sont sûrs d’être sauvés par les Etats. |
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Modernité et sécularisation des sociétés musulmanes
par Hakim Arabdiou
La modernité est à la fois un état et un idéal. Par modernité, on entend généralement tout mode d’organisation et de fonctionnement de l’État et de la société, fondée sur les valeurs humaines universelles et les principes des droits de l’Homme, et visant la liberté, l’égalité et le bien-être multidimensionnel de l’Homme. La modernité est aussi un idéal, un état indéfiniment perfectible. Le droit français, bien que régissant un État républicain et laïque, ne comportait pas moins nombre de dispositions sexistes, inspirées du christianisme et de certaines traditions occidentales conservatrices ou rétrogrades. C’est de moins en moins le cas, aujourd’hui. La modernité n’est pas la contemporanéité. Car tout ce qui est contemporain n’est pas forcément beau ou juste. La théorie antidarwinienne du Dessein intelligent est récente ; elle n’est pas moins réactionnaire. Des contingences historiques font que c’est l’Occident qui est, depuis cinq cents ans, le principal producteur et vecteur de la modernité et de la sécularisation. Il ne faut pas pour autant confondre modernité et occidentalisme. Tout ce que produit cette ère dernière civilisationnelle n’est pas forcément bon : l’antisémitisme politique par exemple. Bien évidemment, les intégristes et leur marchepied au sein de la gauche communautariste, ainsi que les tiers-mondistes s’abritent derrière cette idée pour tenter d’empêcher coûte que coûte l’accès des musulmanes aux valeurs humaines universelles. C’est également pain béni pour eux, lorsque l’extrême droite et un groupuscule « laïque » discrédite le combat laïque ou féministe en racontant certaines inepties à propos de l’islam ou des sociétés musulmanes ou lorsqu’ils confondent islamophobie, qui est la lutte légitime contre les prétentions des religions à vouloir régenter la vie des êtres humains, et la musulmanophobie, qui est le racisme envers les adeptes d’une religion, en l’occurrence l’islam, et une atteinte à la liberté de conscience et d’expression. Quant à la sécularisation, qu’il ne faut pas confondre avec la modernité, elle consiste, elle aussi, pour les êtres humains, à substituer progressivement leurs besoins et aspirations profanes à leurs préceptes religieux. Ces deux processus sont proches ou semblables dans leurs modalités, mais pas dans leurs finalités. Le stade ultime de la première ne vise pas, par elle-même, l’extinction de la foi et des pratiques religieuses. Le stade ultime de la seconde, c’est la disparition des religions des communautés humaines. Mais la sécularisation n’est pas forcément synonyme de modernité. Une loi sécularisée peut être fondée sur la suprématie raciale, telle que stipulée par le nazisme. Un État sécularisé peut être également une dictature politique, comme l’URSS sous la botte de Staline et du stalinisme. C’est pourquoi il faut considérer la modernité comme une condition de possibilité de la sécularisation ; et considérer réciproquement la sécularisation comme une condition de possibilité de la modernité. Le monde musulman, en particulier depuis la décolonisation aux débuts des années 1960, et les politiques de développement, qu’il a connues, est à son tour en train de vivre les mêmes mutations profondes que le monde occidental a accompli aux siècles passés. Si différence il y a chez l’un et l’autre monde, et il y en a une, elle ne réside ni dans la nature ni dans l’ampleur ni dans les phases de ces mutations. Elle a trait au rythme de ces dernières, qui sont, pour des raisons évidentes, bien plus rapides dans le monde musulman. Un exemple, parmi beaucoup d’autres, qui ne trompe pas : en une quarantaine d’années seulement, et malgré la contre-offensive de l’un des détachements de l’ultralibéralisme, l’islamisme, la majorité des familles musulmanes ne tient plus compte de la tradition séculaire de donner à au moins un de leurs enfants mâles, les prénoms de Mohamed ou de Ali, et à au moins une de leurs filles celui de Khadidja ou de Aïcha, en hommage respectivement au Prophète, au troisième calife de l’islam et imam des chiites, à la première et à la troisième épouse du Prophète. Ajoutons : sans qu’elles n’y voient le moindre manquement à leur foi religieuse. Les musulmans, à l’instar de tous les êtres humains, obéissent dans leur évolution à deux facteurs essentiels : la loi de la nécessité et la loi de l’imitation. Ce qui les amène, de plus en plus, à interpréter leur religion et leurs traditions à l’aune de leurs besoins et aspirations humaines, ainsi que des exigences de la vie moderne. Ces mutations convergentes s’effectuent par leur tendance, plus ou moins spontanée et grandissante, à se référer de moins en moins à leur religion et à leurs traditions dans leur vie sociale et à adopter de plus en plus de souplesse ou de laxisme dans leurs pratiques cultuelles. Ces mutations se réalisent également par l’effort d’interprétation savante et moderniste de la part de théologiens et d’intellectuels musulmans ou de cette origine. Ceci, à l’exemple de ce qui avait été entrepris, aux XIXe et XXe siècles, par Djamel Eddine El Afghani, Mohammed Abdou, Rachid Rédah (à ses débuts)… Kacem Amin (Égypte), Tahar Haddad (Tunisie), Abdelhamid Benbadis (Algérie), etc., en vue de « moderniser l’islam », par l’apport des idées et des techniques les plus avancées de leurs époques, à savoir celles qui étaient en vigueur en Occident. Au contraire d’un intégriste musulman comme Hassan Banna et de bien d’autres idéologues de son courant politico-religieux, ces derniers évaluent les idées nouvelles et les exigences de la vie à partir de leur conformité à l’islam, afin d’ « islamiser la modernité », à défaut de pouvoir la rejeter dans sa totalité. C’est pour cette raison qu’il faut analyser les progrès de la modernité et de la sécularisation dans les sociétés musulmanes et dans les communautés musulmanes d’Occident, à partir de trois critères fondamentaux : leur direction, de manière globale et sur le long terme. Car, comme bon nombre de phénomènes sociologiques, ces deux processus ne sont ni univoques ni uniformes. En effet, il ne s’agit pas d’une évolution ascendante et linéaire, mais d’une tendance, et donc de processus non exempts de stagnations, voire reculs partiels et/ou provisoires, contradictoires, etc., mais surtout d’avancées irréversibles sur le long terme. Ces progrès peuvent également ne pas s’effectuer au même rythme et au même degré dans les domaines économique, politique, que dans les domaines culturel et social, individuel et collectif, institutionnel et sociétal… Il est clair que ces progrès sont plus rapides et de plus grande ampleur en Tunisie ou au Liban qu’au Bangladesh ou en Arabie saoudite. Cette lame de fond inexorable n’a pas épargné non plus une partie de la mouvance islamiste, entraînant certaines décantations politiques et idéologiques positives en leur sein, en particulier dans leurs organisations féminines. A titre d’illustration, les jeunes filles et les jeunes hommes islamistes dans une quinzaine ou vingtaine d’années circuleront avec des moyens contraceptifs dans leurs poches - au nom de l’islam. Et ne voyez surtout pas ce propos comme une boutade. Quant aux savants fondamentalistes musulmans, ne pouvant empêcher l’attrait irrésistible des sciences et des techniques sur les peuples musulmans, ainsi que leur utilité vitale pour leurs maîtres, le patronat musulman, essaient alors de les dépouiller de leur dimension émancipatrice. Ils tentent vainement d’endiguer cette dimension, notamment par le projet de créer une «science islamique », dont les points de départ et d’arrivée ne sont autre que la chari’a. C’est à cette fin, par exemple, qu’ils ont ouvert en 1981, en Amérique du Nord, l’Internationale Institute of Islamic Thought. Ce n’est pas pêcher par excès d’optimisme que de dresser un tel constat. L’Europe des années 1920, 1930 et du début des années 1940, était infestée d’organisations et de régimes d’extrême droite et fascistes, de camps d’extermination et de camps de concentration, de colonialisme barbare et triomphant. Et pourtant, dès 1945, un air de liberté avait commencé à souffler sur l’Europe, et dans une moindre mesure sur les peuples colonisés. |
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Islam et démocratie
par Nadia Geertz
Ces derniers temps, il m’arrive fréquemment d’être interpelée sur la compatibilité de l’islam avec la démocratie. Et certains considèrent manifestement cette question comme définitivement tranchée. Inutile de préciser que cette manière de poser le problème m’inquiète beaucoup. Car si à titre personnel, je considère les religions comme des fables et l’athéisme comme un réjouissant indice de bon sens, je trouve extrêmement maladroit et contre-productif de présenter une religion, quelle qu’elle soit, comme définitivement incompatible avec la modernité. Car cela équivaut à poser un ultimatum aux croyants concernés : soit vous devenez comme nous (athées ou, à la rigueur, croyants en une religion qui a fait son aggiornamento), soit vous restez musulmans, c’est-à-dire inévitablement hostiles aux principes démocratiques, quoi que vous prétendiez. Je ne suis pas théologienne, loin s’en faut. Mais ceux qui prennent à témoin des sourates guerrières du Coran pour démontrer que l’islam est par essence une religion conquérante me laissent perplexe, parce qu’enfin l’Ancien Testament n’est pas exempt de ce type d’exhortations pour le moins musclées, qu’on en juge : Lorsque Moïse (Exode V, 32) découvre que le peuple juif entier, sauf les Lévi, s’est adonné au culte du Veau d’or, il parle ainsi aux Lévi : « Ainsi parle Yahvé, le Dieu d’Israël : Ceignez chacun votre épée ! Circulez dans le camp, d’une porte à l’autre, et tuez, qui son frère, qui son ami, et qui son proche !” Les fils de Lévi exécutèrent la consigne de Moïse et, ce jour-là, environ trois mille hommes du peuple perdirent la vie. Moïse dit : “Vous vous êtes aujourd’hui conféré l’investiture comme prêtres de Yahvé, qui au prix de son fils, qui au prix de son frère, de sorte qu’il vous donne aujourd’hui la bénédiction. » Dans la Bible encore (Deutéronome, chap. 7), Moïse s’adresse en ces termes aux Hébreux : « Lorsque Yahvé ton Dieu t’aura fait entrer dans le pays dont tu vas prendre possession, des nations nombreuses tomberont devant toi : les Hittites, les Girgashites, les Amorites, les Cananéens, les Perizzites, les Hivvites, les Jébuséens, sept nations plus nombreuses et plus puissantes que toi. Yahvé ton Dieu te les livrera et tu les battras. Tu les dévoueras par anathème. Tu ne concluras pas d’alliance avec elles, tu ne leur feras pas grâce. Tu ne contracteras pas de mariage avec elles, tu ne donneras pas ta fille à leur fils, ni ne prendras leur fille pour ton fils. Car ton fils serait détourné de me suivre ; il servirait d’autres dieux ; et la colère de Yahvé s’enflammerait contre vous et il t’exterminerait promptement. Mais voici comment vous devrez agir à leur égard : vous démolirez leurs autels, vous briserez leurs stèles, vous couperez leurs pieux sacrés et vous brûlerez leurs idoles. Car tu es un peuple consacré à Yahvé ton Dieu ; c’est toi que Yahvé ton Dieu a choisi pour son peuple à lui, parmi toutes les nations qui sont sur la terre. » Cela n’a pas empêché un philosophe comme Spinoza de mettre en question la notion de « peuple élu » et de défendre l’idée selon laquelle les textes religieux du judaïsme devaient être contextualisés, et non interprétés de manière littérale. Toutes les religions du livre sont traversées des mêmes questions : quelle interprétation du texte sacré faut-il privilégier ? Que faire lorsque le texte en question contredit manifestement des principes plus modernes ? Certains, progressivement séduits par les Lumières, se distancient de la religion et finissent par lui tourner le dos. D’autres tentent à toute force de montrer que le texte contient déjà ces principes. Tentative à mes yeux puérile de sauver une religion ; mais pourquoi pas ? D’autres enfin récusent la démocratie et ses valeurs parce qu’elles sont incompatibles avec la lecture littérale du texte sacré. Ceux-là m’apparaissent comme indubitablement les plus dangereux. Et ceux qui présentent aujourd’hui l’islam comme incompatible, une fois pour toutes, avec la démocratie, s’en font hélas les alliés objectifs : en posant en principe que le texte sacré n’est pas interprétable, ou qu’il ne l’est que d’une manière univoque (ce qui revient au même) ils empêchent toute émergence d’un « islam des Lumières ». Dont, personnellement, je dois bien avouer que je me fiche éperdument de savoir s’il est fidèle à l’esprit du Coran… Que des croyants se réapproprient le texte sacré, qu’ils se mettent à le lire avec des yeux éclairés, qu’ils en rejettent toute lecture littérale engendrant violence et intolérance, n’est-ce pas finalement le point de départ de ce que nous appelons les Lumières ? Et plutôt que de souhaiter un monde d’athées, ou à tout le moins un monde délivré de l’islam, n’est-ce pas ce qu’il nous faut encourager chez les musulmans eux-mêmes, plutôt que de les sommer de choisir entre un texte définitivement condamné et un rejet total de leur religion ? Alors certes, le climat mondial n’est guère rassurant à cet égard. L’islam souffre d’une maladie grave, nommée islamisme. Un islamisme qui croît sur le terreau de la haine de l’occident et, précisément, de ses Lumières. Raison de plus pour renforcer notre soutien aux musulmans qui tentent de faire émerger les Lumières au sein de la civilisation musulmane elle-même. |
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Quelques mots à l’attention de Riposte Laïque
par Mohamed Sifaoui
Journaliste, Ecrivain et
Réalisateur.
www.mohamed-sifaoui.com/
Je pense que des précisions s’imposent à l’attention de Pierre Cassen et de certains de ses amis de « Riposte Laïque » qui font les vierges effarouchées depuis ma prise de position contre certains de leurs textes nauséabonds. Inutile de tourner autour du pot et d’essayer de couper un cheveu en quatre. Si cela doit vous rassurer (ou pas), mes convictions laïques et républicaines restent intactes. Mes engagements contre l’extrémisme musulman et contre tous les extrémismes (religieux ou pas) demeurent fidèles à la ligne qui a toujours été la mienne. Et je le dis avec un brin d’ironie, on ne devient pas un adepte de la pensée salafiste parce qu’on critique « Riposte Laïque » sinon il y aurait beaucoup plus d’islamistes en France tant ce site dégoûte de plus en plus de républicains et de féministes. Épargnez-moi donc vos cries d’orfraies et vos supplications laïques, je ne me suis trouvé encore une vocation de religieux intégriste. Je suis sincèrement désolé pour vous, mais une critique, même virulente, contre « Riposte Laïque » ne vaut pas à son auteur une excommunication de la « communauté des défenseurs de la laïcité » car détrompez-vous, vous n’êtes ni les Papes de la laïcité ni un modèle en la matière. Vous ne détenez ni vous ni personne le monopole de la défense de la laïcité. Il aurait été préférable, au lieu de choisir l’aveuglement, de vous adonner, avec humilité, à une autocritique de l’article raciste que vous avez publié sous la signature de Lucette Jeanpierre (c’est bien toi Pierre ou je me trompe ?) et qui n’était pas autre chose qu’un texte qu’aurait signé avec les dix doigts, les deux mains et les dix orteils un lepéniste historique. Pourquoi affirmé-je une telle chose ? Appréciez vous-même, ce que vous écrivez pour les uns et ce que vous cautionnez pour les autres : « je trouve dramatique pour le voisinage qui n’est pas musulman de devoir subir, la nuit, pendant un mois, la vie nocturne souvent bruyante de voisins qui se rattrapent des frustrations quotidiennes ». Ainsi, si je comprends bien, tous les musulmans qui pratiquent le Ramadan font vivre à leur voisinage une situation « dramatique » ? Cela ne veut-il pas dire autre chose que les musulmans, tous les musulmans qui respectent le jeûne, manqueraient de civisme ? Qu’est-ce qui permet d’apporter un tel jugement globalisant ainsi, tous ceux qui pratiquent le Ramadan, les stigmatisant pour les traiter d’êtres inciviques ? Avez-vous un, cinq, cent, mille, dix mille témoignages ? Quand bien même, cela vous autoriserait-il, pour autant, d’avancer une sentence aussi peu subtile et si peu crédible ? Quand on part d’une supposition pour construire un raisonnement orienté, c’est tout simplement dans un but d’ostraciser une catégorie de personnes. Et pour vous, cela n’est pas raciste ? Vous prétendez que je m’insurge contre la critique de la religion. Que Nenni ! Il est faux et malhonnête d’affirmer une telle chose puisque je suis de ceux qui se battent pour que les dogmes, les religions, les croyances pour que tous les Dieux et tous les Saints et avec eux tous les Bouddhas soient critiqués. Alors de grâce, ne cherchez pas à détourner le sujet de la discorde et de noyez le poisson dans l’eau. J’ai remarqué que dans toutes les réponses que vous avez sollicitées, personne n’a daigné apporter une clarification à propos du texte – et surtout des passages – que je dénonce. Vous vous dérobez en essayant de salir les gens ou de jeter désormais le doute sur leurs convictions républicaines. Quel courage ! Vous agissez exactement comme tous les extrémistes : vous avez la diabolisation facile. Normal, quand on vient de l’extrême gauche, on garde certaines habitudes. J’ai vu les réactions de certains de vos défenseurs. C’est presque si on me transformait en un affreux islamiste. Comme vous n’êtes pas à une contradiction près, je peux devenir chez vous « un allié des islamistes », un « journaliste controversé », et ce, après avoir été le « journaliste courageux » et le « musulman éclairé ». Je connais ce type de pensées staliniennes. Mais pensez-vous vraiment que cela me touche ? Pas du tout ! Vous me confortez dans mes choix et dans mes convictions et vous voir utiliser aujourd’hui, pour m’attaquer, les mêmes arguments (au demeurant très fragiles) que ceux usités par l’extrême droite, les dieudonnistes et les islamistes ou quelques délinquants sur lesquels j’ai enquêté, ne me surprend guère. Vous exactement à l’image que beaucoup se font de vous ! Je suis « controversé » oui ! Parce que contrairement aux sectaires que vous êtes, et je parle ici de Pierre Cassen, je ne cherche pas à faire l’unanimité, je veux être cohérent et fidèle à mes principes. Et parmi ceux-là, il y a les principes antiracistes auxquels je ne dérogerai jamais. Dans cet article, je le répète, vous n’avez pas critiqué le Ramadan. Une telle chose m’importe peu, voire pas du tout et n’aurait suscité de ma part aucune, je dis bien aucune réaction. Dans ce texte, dis-je, vous diffamez, non pas le culte, mais tous ceux qui pratiquent ce culte en particulier et je trouve malheureux de constater votre incapacité à saisir cette subtilité. L’autre passage clairement raciste : « Je serai curieuse d’avoir des statistiques sur le nombre de musulmans qui vont aux urgences, ou qui doivent se voir prodigués des soins, dans cette période… J’aimerais d’autre part de connaître les conséquences de la pratique du ramadan pour la Sécurité sociale, les mutuelles et les assurances ». La curiosité est une belle chose lorsqu’elle tend à nourrir l’information et devient un vilain défaut quand elle sous entend des idées puantes. Soyez curieux et allez voir les urgences et rapportez-nous des preuves de ce que vous voulez dire. Que voulez-vous affirmer par une telle phrase ? Que tous ceux qui pratiquent le Ramadan seraient des êtres suicidaires ? Vous êtes libres de le penser même si vous n’avez aucun argument. Parce que vous ignorez peut-être – ou faites-vous semblant d’ignorer – que le Ramadan est interdit aux personnes fragiles, aux femmes enceintes, aux mères qui allaitent, aux enfants, aux personnes âgées et toute personne malade ou étant dans l’incapacité physique ou psychique de le pratiquer. Vous voulez donc, par ignorance avérée ou feinte, faire croire en somme que ces barbares qui respectent leur culte ne sont même pas capables de prendre soin de leur santé. Naturellement votre paternalisme qui n’a d’égal que ces vieux tics qui souhaitent faire bégayer l’histoire de cette partie de la France, si prompte à donner des leçons, vous empêche de raisonner avec lucidité. Mais en réalité – et vous le dites clairement dans cet article raciste – ce qui vous préoccupe le plus, ce sont les prétendues « conséquences de la pratique du ramadan pour la Sécurité sociale, les mutuelles et les assurances ». Et là, évidemment, vous tombez volontairement ou pas, dans le fameux discours frontiste qui laisse dire, à travers des clichés, que les Arabes, aujourd’hui les musulmans pratiquants le Ramadan, ne rapportent rien ou si peu à la société et profitent d’elle. Là aussi, je vous invite à faire un travail d’investigation et allez demander à la Sécurité Sociale ce que lui coûtent ces musulmans qui pratiquent un pilier de leur religion. Voyez-vous, là non plus, il ne s’agit pas de la critique d’une pratique religieuse mais d’une volonté manifeste de jeter le doute sur des croyants. Et cela, peut-être l’ignorez-vous, ce n’est pas autre chose qu’un discours raciste dissimulé derrière le « combat en faveur de la laïcité ». Je ne citerai pas ce fameux « courrier des lecteurs », souvent rédigés par des beaufs de retour du camping, et certaines de ses dérives que vous vous refusez de condamner. Certains de vos supporteurs devraient à mon sens revoir leurs « positions républicaines » et au lieu de se réclamer du général de Gaulle, ils gagneraient à avouer leur filiation idéologique avec le Maréchal Pétain. « Le masque est tombé », m’écrira l’un d’eux. Quel masque ? Pourquoi pensiez-vous que j’étais opposé à tous les musulmans ? N’ai-je pas toujours clamé publiquement que j’étais un croyant, mais fervent défenseur de la laïcité ? N’ai-je pas de tout temps affirmé que mon combat était contre les extrémistes qui instrumentalisent l’islam ? M’avez-vous entendu dire un jour que j’étais en croisade contre l’islam et les musulmans ? Que pensiez-vous ? Que j’allasse cautionner tous les dérapages, tous les propos, toutes les aventures, y compris les plus douteuses ? Ne saviez-vous pas que j’ai toujours été contre le racisme et l’antisémitisme ? Alors oui, naturellement aujourd’hui vous pouvez me mettre dans le même sac que ces musulmans que vous honnissez tant. Parce qu’en réalité, votre combat n’est pas contre les intégristes, mais contre tous les croyants qui se reconnaissent encore dans la religion musulmane. Vous voulez vous construire votre « musulman modèle » selon une image que vous vous êtes créée. Pour vous, le « musulman modéré », et d’ailleurs vous l’écrivez, n’existe pas. Il n’existe que lorsqu’il délaisse l’islam et qu’il fait allégeance à votre discours de petits excités. Je suis pour la liberté de conscience : un droit républicain, dois-je le rappeler. Et je suis aussi pour que les gens puissent vivre sereinement leur spiritualité, en conformité avec les lois de ce pays et les valeurs universelles, mais sans qu’ils aient à subir les critiques inquisitrices, y compris celles des laïcs. Autant la défense de la laïcité est un combat que je mènerai sans concessions contre ceux qui la mettraient en péril, autant je défendrai les croyants, tous les croyants, contre les excès fous et irresponsables de certains et vous en faites partie. Une République une et indivisible, généreuse et soucieuse de la notion du vivre ensemble doit barrer la route à des discours qui suscitent la haine et le rejet d’où qu’ils viennent. |
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Belgique : Pas de signes religieux à l’école !
par Le RAPPEL
rappel.over-blog.net/
Communiqué de presse conjoint du Comité belge Ni Putes ni Soumises, de l’Asbl Insoumise et dévoilée et du Réseau d’Actions pour la Promotion d’un Etat Laïque Depuis plusieurs années, la question du port de signes religieux à l’école perturbe la rentrée scolaire. Aujourd’hui, à Dison, on en vient à examiner sérieusement la question de savoir s’il faut ou non accepter des fillettes voilées dans l’enseignement maternel et primaire. Quelques activistes ont engagé avec les écoles concernées un bras de fer dont les premières victimes sont les filles. Nous saluons la décision du Conseil de l’enseignement de la Communauté flamande d’avoir pris la décision d’interdire le port de signes religieux dans l’enseignement qu’il organise et appelons la Communauté française à adopter enfin un décret similaire, seul à même de faire revenir le calme dans les écoles et d’assurer un droit égal pour tous et toutes à un enseignement de qualité. Nous appelons à une manifestation à Bruxelles, le samedi 26 septembre 2009 à 11h devant le Ministère de la Communauté française, Place Surlet-de-Chokier 15-17, autour des mots d’ordre suivants :
Associations partenaires (liste provisoire) :
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Agenda
L’Observatoire international de la laïcité contre les dérives communautaires organise un colloque intitulé “La laïcité à l’Ecole, un état des lieux” au Sénat, 15 rue Vaugirard à Paris, dans la salle Gaston Monnerville. Sous le haut patronage du sénateur Jean-Michel BAYLET.
Table ronde avec :
Vous pouvez télécharger le bulletin d’inscription (à renvoyer obligatoirement au siège de l’Observatoire : 5 rue Le Goff 75005 PARIS.) L’inscription est obligatoire pour accéder à la salle Gaston Monnerville, muni d’une pièce d’identité. |
Gauche Avenir - Think Tank - Pour l’unité de la gaucheIl y aura 50 ans le 31 décembre, malgré les nombreuses et imposantes manifestations de protestation, le Gouvernement de M. Debré s’apprêtait à faire voter la loi qui portera son nom. En donnant un statut à l’enseignement privé, cette loi ouvrait la brèche par laquelle la droite libérale détruirait la loi du 9 décembre 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat, fondatrice de la République laïque, c’est-à-dire unie et attentive à l’égalité des citoyens. Aujourd’hui, notre République dérive vers le communautarisme et le cléricalisme renaissant, dont l’Histoire et le présent montrent les dangers de division et de conflits. Il faut réagir. C’est l’intention exprimée par le thème du colloque organisé par Gauche Avenir. Assemblée nationale, Salle Victor Hugo Un dossier complet sera adressé aux inscrits à partir du 20 septembre 2009. Programme 9h30 : Ouverture par un responsable de Gauche Avenir
Débat Pause déjeuner
Débat 17h : Conclusion par un responsable de Gauche Avenir Inscription urgente Nom : |