Chronique d'Evariste
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Appel pour une campagne d'éducation populaire tournée vers l'action pendant la campagne présidentielle

par Évariste
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4 considérations guident notre action :

  • cela fait 28 ans que nous vivons des contre-réformes régressives dues aux politiques néolibérales
  • cela fait 6 ans que le peuple français a dit non au traité constitutionnel européen et que donc la démocratie est ouvertement bafouée
  • cela fait un an que la contre-réforme régressive des retraites a été votée contre la volonté de près de 70 % de nos concitoyens et que donc la démocratie est bafouée.
  • si la perspective d’une alternance à gauche est possible en 2012, rien ne nous assure d’une alternative à gauche


Plusieurs raisons peuvent être invoquées :
— le divorce persistant entre la gauche et les couches populaires (ouvriers, employés représentant 53 % de la population française) et le cantonnement gesticulé de l’ensemble des partis de la gauche dans les couches moyennes (3,5 % non salariées, 24 % de professions intermédiaires et 15 % de cadres)
— la nouvelle géosociologie des territoires qui fait que la grande masse des militants ne se trouve pas dans les zones de regroupement populaire (les zones périurbaines et rurales)
— la demande sociale adressée aux partis est de savoir ce qu’ils proposent pour avoir dans les urnes une majorité du peuple pour une alternative à gauche et non pour une simple alternance
— le début d’une prise de conscience que seule une rupture avec le système économique et politique actuel peut permettre de retrouver le chemin d’une articulation entre une société mobilisée et une victoire des urnes
— on ne mobilisera pas la société sans un accroissement quantitatif et qualitatif de l’éducation populaire tournée vers l’action, 3e pilier de la transformation sociale aux cotés des deux autres piliers, l’action politique des partis et l’action du mouvement syndical et de ses alliés associatifs
— qualitatif veut dire que nous ne pouvons plus nous contenter de fustiger la mondialisation néolibérale sans présenter de façon précise et claire des alternatives possibles et crédibles. Dit autrement, on ne peut pas débattre sur des propositions jamais explicitées
— quantitatif veut dire que nous devons élargir le réseau actuel des organisateurs d’initiatives citoyennes pour retrouver la dynamique que nous avons connue pour la campagne du traité constitutionnel européen du 29 mai 2005.

Nourris par les analyses de Condorcet, Marx, Engels, Jaurès, Bachelard, Keynes, mais aussi de Frédéric Lordon, Jacques Sapir, Michel Zerbato, Bernard Cassen, Ignacio Ramonet, Bernard Friot, Christophe Guilluy, Anicet Le Pors, Jean-Paul Scot, Catherine Kintzler, Henri Pena-Ruiz, Françoise Héritier, Raoul Jennar, mais aussi des militants comme Aurélien Bernier, Bernard Defaix, Bernard Teper, Jean-Jacques Chavigné, Pascale Le Néouannic et bien d’autres encore, nous en avons assez de la bien-pensance et du conformisme.
Déjà, de nombreuses initiatives fleurissent depuis quelques années dans cette direction. Il s’agit en fait aujourd’hui d’amplifier leur impact en décuplant nos efforts pour développer un travail culturel vers une transformation sociale et politique comme axe directeur de notre travail d’éducation populaire tourné vers l’action.
Pour cela, nous n’hésiterons pas à proposer :
— le modèle laïque de la république sociale, ses 4 ruptures et ses 10 principes face au turbocapitalisme
— le néo-protectionnisme écologique et social face au funeste libre-échange
— la démondialisation face à un altermondialisme benêt
— une alternative en cas de délabrement de la zone euro
— la cotisation sociale face au tout fiscalisation voulu par le patronat
— l’autonomie politique du producteur et une nouvelle démocratie sociale et politique face à la soumission de la valeur travail au capital
— la globalisation des combats face à la surplombance d’une seule idée ou de plusieurs idées
— le comment de la sortie du marché de la sphère de constitution des libertés (école, services publics, et santé protection sociale)
— une écologie républicaine face au turbocapitalisme et à son productivisme
— un antiracisme laïque face à l’alliance du néolibéralisme et du communautarisme
— une politique humaniste d’immigration et de la nationalité face au racisme et à la xénophobie
— un féminisme global dans tous les aspects de la vie et non un féminisme cantonné dans quelques combats
— une école de la République sociale avec laïcité et liberté pédagogique face aux 3 fléaux du néolibéralisme, du communautarisme et du pédagogisme
— un nouveau projet pour les services publics pour les dégager du marché et en faire un fleuron démocratique et social face au bureaucratisme et à la privatisation
— une santé et une protection sociale solidaire dans l’esprit du programme du Conseil National de la Résistance en lieu et place de la privatisation des profits et de la socialisation des pertes largement entamées en ce domaine.

C’est pour cela que nous n’hésitons pas à lancer cet appel pour développer le travail existant déjà sur de telles bases.
Nous précisons qu’il ne s’agit aucunement de construire une nouvelle organisation, de définir une hiérarchie, de lever une cotisation (bien que les dons soient les bienvenus !). Il s’agit de développer le réseau déjà existant en augmentant le nombre de lieux dans notre pays où des noyaux de militants organisateurs participent à ce développement du réseau tout en restant membre de telle ou telle organisation. Il s’agit de mutualiser efficacement nos outils et nos savoir-faire et de développer les initiatives entre les noyaux d’organisateurs et nos conférenciers.
De septembre 2011 à l’élection présidentielle, ne laissons pas les médias aux ordres occuper seuls la tribune, car souvent ils en occultent les véritables enjeux. Éclairons la partie du public qui souhaite de plus en plus être invité à comprendre le pourquoi de la réalité du monde et le comment construire une alternative sociale et politique.

Politique
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Pourquoi la crise frappe l’Union européenne davantage que les Etats-Unis

par Eric Toussaint
Docteur en sciences politiques et préside le CADTM Belgique.
Dernier ouvrage paru : La Dette ou la Vie, Aden-CADTM, 2011 (livre collectif coordonné par Damien Millet et Eric Toussaint).

http://www.cadtm.org/

Source de l'article

 

Alors que la crise est née aux Etats-Unis en 2007, l’impact sur l’Union européenne (UE) a été beaucoup plus violent que sur les institutions politiques et monétaires états-uniennes. En fait, la crise qui secoue la Zone euro n’est pas une surprise, elle est un avatar des deux principes qui régissent cette zone : marché unique des capitaux et monnaie unique. Plus largement, elle est la conséquence des logiques qui dominent l’intégration européenne : la primauté donnée aux intérêts des grandes entreprises industrielles et financières privées, la large promotion des intérêts privés, la mise en compétition à l’intérieur de l’espace européen d’économies et de producteurs qui ont des forces tout à fait inégales, la volonté de retirer aux services publics un nombre croissant de domaines d’activité, la mise en concurrence des salariés entre eux, le refus d’unifier vers le haut les systèmes de sécurité sociale et les règles du marché du travail. Tout cela poursuit un objectif précis, celui de favoriser l’accumulation maximum de profits privés, notamment en mettant à disposition du Capital une main d’œuvre la plus malléable et précaire possible.

Face à cette explication, on pourrait rétorquer que ces logiques dominent aussi largement l’économie des Etats-Unis. Il faut donc prendre en compte également d’autres facteurs : alors que les besoins de crédit des gouvernements des autres pays développés, dont celui des Etats-Unis, peuvent être satisfaits par leur banque centrale, notamment par l’intermédiaire de la création monétaire, les pays membres de la Zone euro ont renoncé à cette possibilité. De par ses statuts, la Banque centrale européenne a l’interdiction de financer directement les États. De plus, en vertu du traité de Lisbonne la solidarité financière entre les États membres est formellement interdite. Selon son article 125, les États doivent assumer seuls leurs engagements financiers, ni l’Union ni les autres États ne pouvant les prendre à leur charge : « L’Union ne répond pas des engagements des administrations centrales, des autorités régionales ou locales, des autres autorités publiques ou d’autres organismes ou entreprises publics d’un État membre, ni ne les prend à sa charge, sans préjudice des garanties financières mutuelles pour la réalisation en commun d’un projet spécifique. Un État membre ne répond pas des engagements des administrations centrales, des autorités régionales ou locales, des autres autorités publiques ou d’autres organismes ou entreprises publics d’un autre État membre, ni ne les prend à sa charge, sans préjudice des garanties financières mutuelles pour la réalisation en commun d’un projet spécifique. » L’article 101 du traité de Maastricht, repris intégralement par le traité de Lisbonne dans son article 123, ajoute : «  Il est interdit à la BCE et aux banques centrales des États membres […] d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales, aux autres autorités publiques ».

L’UE se place donc volontairement au service des marchés financiers puisque les gouvernements des pays de la Zone euro dépendent totalement du secteur privé pour leur financement. Les investisseurs institutionnels (banques, fonds de pension, assurances) et des hedge funds se sont attaqués en 2010 sur la Grèce, maillon le plus faible de la chaîne européenne d’endettement, avant de s’attaquer à l’Irlande, au Portugal et à l’Espagne. En agissant de la sorte, ils ont réalisé de juteux profits car ils ont obtenu de ces pays une rémunération importante en termes de taux d’intérêt versés par les pouvoirs publics pour pouvoir refinancer leurs dettes. Parmi ces investisseurs institutionnels (les zinzins), ce sont les banques privées qui ont fait le plus de profit car elles pouvaient directement se financer auprès de la Banque centrale européenne en lui empruntant des capitaux à 1% de taux d’intérêt (1,25% depuis fin avril 2011), alors que dans le même temps elles prêtaient sur une durée de trois mois à la Grèce à des taux d’environ 4 ou 5%. A dix ans, elles n’acceptent d’acheter des titres grecs, irlandais ou portugais que si l’intérêt dépasse 10%. En lançant leurs attaques contre les maillons les plus faibles, les zinzins étaient également convaincus que la Banque centrale européenne et la Commission européenne devraient d’une manière ou d’une autre venir en aide aux Etats victimes de la spéculation en leur prêtant les capitaux qui leur permettraient de poursuivre les remboursements. Ils ne se sont pas trompés. La Commission européenne a plié et a octroyé, en collaboration avec le FMI, des prêts aux Etats membres de l’Eurozone. Elle n’a donc pas respecté à la lettre l’article 125 du Traité de Lisbonne.

D’autres différences majeures entre UE et Etats-Unis existent. Les Etats membres des Etats-Unis ne sont pas confrontés entre eux au problème du déficit commercial comme la Grèce l’est à l’égard du reste de l’UE et en particulier de l’Allemagne. En outre, une grande partie de la dette publique aux Etats-Unis est fédérale (c’est la dette de l’Union |1 ) et est achetée par la Fed (la banque centrale des Etats-Unis). Washington ne rencontre pas (encore) de problème de financement de sa dette publique car, grâce à leur prétendue sécurité, les bons du Trésor des Etats-Unis sont très prisés sur les marchés internationaux alors qu’ils n’offrent qu’une rémunération très faible. Enfin, aux Etats-Unis, une série de dépenses publiques importantes sont à charge du budget fédéral ou sont garanties par celui-ci alors que le budget de l’UE n’est qu’une peau de chagrin.

La crise qui a démarré aux Etats-Unis s’est répandue de manière très marquée à la Zone euro. Au cours des trente dernières années, les maillons faibles de l’endettement international se situaient en Amérique latine, en Asie ou dans les pays dits « en transition » de l’ex-bloc soviétique, mais la situation a changé. L’épicentre de la crise se situe aujourd’hui dans l’Union européenne. Les autorités européennes et nationales réagissent en appliquant des mesures néolibérales qui ont démontré leur caractère injuste du point de vue social et leur inefficacité du point de vue de la relance économique. Le FMI accompagne allègrement cette orientation. Plus que jamais, il faut revoir radicalement les fondations de la construction européenne et les choix économiques qui y sont opérés.

  1. La dette des Etats membres constituent une part minoritaire de la dette publique totale, même si certains Etats de l’Union, comme la Californie, ont une dette particulièrement lourde. []
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Surplombance d’une idée ou d’un combat versus globalisation des idées et des combats

par Bernard Teper

 

Alexandra Kollontaï posant la question du féminisme et de l’égalité réelle des hommes et des femmes s’est vu répondre par le parti bolchevique que l’objectif  de la révolution et de la prise du pouvoir par le prolétariat était surplombant par rapport aux objectifs secondaires demandés par la révolutionnaire. Olympe de Gouges, Condorcet, Jaurès, Pierre Mendès-France (et là je n’ai pris que des politiques) et beaucoup d’autres ont tenté de s’opposer aux idées surplombantes. Les idées surplombantes sont la base de la plupart des dérives impuissantes et marginales au mieux et totalitaires au pire. La marche vers le progrès social et politique passe par la réflexion sur ce point et par la prise en compte la plus large possible de la globalisation des idées et des combats et du refus de la surplombance.

D’abord ceux qui professent la surplombance (explicite ou implicite) ont une vue simpliste des choses. Tout leur projet consiste à rendre victorieuse cette surplombance qui détermine tout le reste. C’est simple, le monde est divisé en deux, ceux qui sont d’accord avec cette surplombance versus les autres. Mais comme d’autres professent une autre surplombance, là encore , le monde est divisé en deux à chaque fois. Mais la division en deux ne se superpose pas à la division précédente. Et au bout du bout, tous ces surplombants sont au mieux des minoritaires marginaux ad vitam sans efficacité ni efficience.
Nous connaissons tous des surplombants de la laïcité, du social, de la république désincarnée, de l’écologie, du féminisme, de la démocratie, de la liberté, de l’égalité, de la sortie de l’euro, de la sortie de l’Union européenne, de la constituante, de la reconnaissance du vote blanc, des 35 heures, de la sortie du nucléaire, sans parler des surplombants ayant des positions contraires à la République sociale (communautarisme, intégrisme,  etc.)

Et à chaque fois qu’un surplombant a le moindre pouvoir, c’est une catastrophe, car la vraie vie n’est pas le produit d’une seule relation injective. Chaque relation est en fait  bijective. Et il y a une multitude de relations. Le e rôle politique des citoyens n’est – il pas de saisir la complexité pour mieux la synthétiser, mais pas dans un simplisme déformant ?

Si Jaurès a théorisé en son temps la liaison du combat laïque et du combat social, il faut aujourd’hui aller bien plus loin que lui et lier bien d’autres combats entre eux. Mais tout cela demande un caractère opiniâtre, car à chaque fois dans le débat public, dans les organisations, on entend « voilà l’idée qui surdétermine tout le reste » et il faut combattre cela y compris quand cela vient de ses amis. C’est cela aujourd’hui aussi le combat de la république sociale.

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Laurent Joly : Pourquoi le Front national est-il toujours dangereux.

 

L’un des participants à notre table ronde, l’historien Laurent Joly, chargé de recherche au CNRS, auteur notamment d’une biographie de Xavier Vallat, le commissaire aux Questions juives, et d’un essai qui vient de paraître sur « l’Antisémitisme de bureau » (Grasset), a bien voulu donner son point de vue en avant-première. Pour lui, le Front national reste dangereux.

Laurent Joly : J’ai récupéré des tracts du Front national publiés à l’occasion des dernières cantonales. Dans tous les départements, il proposait le même programme, avec pour thème central la préférence nationale. Pour le Front national, c’est : droits sociaux pour les seuls Français, non à la construction de mosquées, halte à la corruption au nom d’une morale publique, dans des termes typiques de l’extrême droite antiparlementaire de l’entre-deux-guerres. Le Front national est l’héritier direct de cette famille politique, née au moment de l’affaire Dreyfus et dont l’Action française a constitué la principale école théorique. Engagée contre les élites établies, prétendant parler au nom du peuple, elle oppose le « pays réel » au « pays légal » et dirige ses principales flèches contre les « ennemis de l’intérieur » : les étrangers présents sur le sol de France et ceux qui obtiennent la nationalité française. Marine Le Pen a repris sans hésitation ces thèmes.

Le Droit de vivre. Pourtant, on dit beaucoup que Marine Le Pen a civilisé l’extrême droite et l’a rendue fréquentable.

L.J. Elle a civilisé le discours. Comme elle veut accéder au pouvoir, elle fait en sorte de tenir des propos publics qui ne la rendent pas infréquentable. Dans nos sociétés, la mémoire de la Shoah, le souvenir de la barbarie nazie, la notion de crime contre l’humanité font consensus. On ne peut plus évoquer un prétendu « détail » de la Deuxième Guerre mondiale. Alors que pour le père, Jean-Marie Le Pen, l’antisémitisme était un enjeu, il ne l’est plus pour la fille. Elle sait que l’antisémitisme choque la conscience publique. Pour elle, l’essentiel est ailleurs. Il s’agit de toucher le plus de gens possible avec sa thématique centrale : la préférence nationale et la hantise de l’immigré. D’autre part, elle appartient à une autre génération que celle de son père, dont elle a renoncé aux provocations. Elle tient un discours public en bannissant l’antisémitisme qu’elle sait ne plus être un thème porteur. En 1936, presque la moitié des Français craignait la présence juive et redoutait l’accession de Léon Blum à la tête du gouvernement. Aujourd’hui, si un juif devenait président de la République, il n’y aurait pas un tel rejet, et elle le sait.

DDV. Vous qui avez travaillé sur « l’antisémitisme de bureau », pensez-vous que, dans le traitement des étrangers aujourd’hui, les fonctionnaires ont une idéologie comparable à celle que vous décrivez dans votre livre chez les bureaucrates de la préfecture de Police de Paris et du commissariat général aux Questions juives ?

L.J. Je travaille sur la bureaucratie antisémite de Vichy, époque révolue et contexte tout à fait exceptionnel. Cela dit, il y avait un discours politique qui s’attachait à promouvoir l’antisémitisme et qui avait des effets dans l’administration. Dans mon livre, j’étudie la sous-direction des Affaires juives de la Préfecture de Police de Paris. C’est un service administratif qui contrôle les gens. Quand le fichage et l’arrestation des Juifs devient la politique officielle d’un Etat collaborateur, de simples fonctionnaires vont être amenés à arrêter les Juifs en « infractions ». Ainsi, un Juif de 62 ans, d’origine polonaise, catégorie déportable, vient faire contrôler ses papiers, il est arrêté, puis… déporté. De fait, le travail des bureaucrates a toujours un lien avec les thèmes dominants dans la société, mis en avant par le pouvoir politique.

Aujourd’hui, dans l’espace public, l’idée que les musulmans représentent un danger, que certaines catégories d’étrangers sont par essence inassimilables, est portée par de nombreux discours, et cela ne peut pas ne pas avoir de résonance dans l’administration comme ailleurs. Ces dernières années, on a vu des exemples rappelant cette dérive de l’activité bureaucratique avec l’arrestation d’étrangers irréguliers aux guichets préfectoraux ou de la poste. Dans les deux cas, on a une imbrication entre le travail de l’administration et le travail policier qui ne devrait pas exister. Et cela n’arrive que dans certaines situations, quand la lutte contre les étrangers « indésirables » est affichée comme une priorité politique par les décideurs gouvernementaux.

DDV. Pourquoi, aujourd’hui, certains électeurs qui semblaient vaccinés contre le Front national en viennent à s’interroger pour savoir s’ils ne devront pas aller jusqu’à voter pour Marine Le Pen ?

L.J. L’antisémitisme était et est odieux. A partir du moment où Marine Le Pen lève l’hypothèque de l’antisémitisme, elle permet à des électeurs d’assumer le fait de soutenir le Front national. Dans mon petit village en Alsace, une seule personne avait voté Front national en 1988. Aux dernières élections locales, ils étaient vingt à le faire, alors que la population est passée de 150 à 220 habitants. Aujourd’hui, quand un président de la République et un ministre de l’Intérieur disent que les Français ne sont pas vraiment chez eux, qu’il est des populations inassimilables, cela entraîne une partie de l’électorat.

DDV. Certains expliquent que le Front national a fondamentalement changé.

L.J. Oui, c’est ce que disent certains chroniqueurs de radio qui affirment qu’il faut être aveugle pour ne pas voir que le Front national a changé. C’est à mon avis l’inverse. Il faut avoir la vue bien courte pour ne pas voir qu’il n’a pas fondamentalement changé. Jean-Marie Le Pen lui-même n’a jamais mis à son programme des mesures discriminatoires contre les Juifs. Son discours antisémite n’était que provocations destinées à l’isoler sur l’échiquier politique. Aujourd’hui, Marine Le Pen veut arriver au pouvoir et elle vient sur les thèmes de la droite classique. Ce qu’il faut regarder, c’est le programme, et au final celui-ci a peu changé.


DDV.
Elle abandonne l’antisémitisme, elle revendique le drapeau tricolore et La Marseillaise, la laïcité et la lutte contre la mondialisation et la défense du peuple de France.

L.J. Dans l’entre-deux-guerres, on parlait de la finance internationale cosmopolite qui écrasait l’économie française. Aujourd’hui, on stigmatise la mondialisation. S’adresser directement au peuple, c’est typique de cette extrême droite qui a toujours affirmé son lien étroit avec le petit peuple de « la France réelle ». Si le Front national prenait le pouvoir, on n’aurait pas un fascisme épouvantable, mais un air du temps mesquin qui faciliterait toutes les pratiques ségrégatives vis-à-vis des immigrés, des musulmans, comme autrefois vis-à-vis des Juifs. Evidemment, à la différence d’hier, la ségrégation administrative anti-étrangère ne déboucherait pas sur l’extermination, mais sur l’expulsion du territoire.

DDV. Ne croyez-vous pas que le thème de l’immigration lui-même est aujourd’hui en recul au Front national, alors que le thème de la sécurité reste, lui, dominant ?

L.J. Il y a chez Marine Le Pen un effort de dilution de son véritable projet pour jouer sur des peurs moins directes que celles d’hier. A cet égard, elle a pris modèle sur la pratique de Nicolas Sarkozy. En 2007, il parlait de Jaurès, de Guy Môquet, de la Résistance, et ces symboles, véhiculés tous ensemble, ont séduit un large électorat. Elle fait de même avec la laïcité, avec la Résistance de 1940… Et pourtant, s’il y a un parti qui ne peut pas revendiquer l’héritage de la Résistance, c’est bien le Front national. Dans son discours, Marine Le Pen occulte habilement ce qui, fondamentalement, attire ses électeurs, à savoir la peur des étrangers. Le thème de la préférence nationale reste central. Pour résoudre tous les problèmes, il faudrait selon elle restreindre les droits sociaux pour les étrangers, et même pour les naturalisés récents. Elle vient de proposer d’interdire la double nationalité ! Il faut bien comprendre que les électeurs actuels du Front national, comme ceux d’hier, sont obsédés par la présence des étrangers.

Propos recueillis par Antoine Spire

Laurent Joly, l’Antisémitisme de bureau. Enquête au cœur de la préfecture de Police de Paris et du commissariat général aux Questions juives (1940-1944), Grasset, 448 pp, 23€.

Algérie
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Asma Guenifi : « Il m’a fallu 17 ans pour je puisse dire cette douleur »

par Hakim Arabdiou

 

Asma Guenifi est algérienne vivant en France, et mère de trois enfants, dont l’un porte le prénom de son frère Hichem, en hommage à son oncle, qu’il n’a pas eu la chance de connaître.

C’est aussi ce drame qui a tout fait basculer dans sa famille, et qui l’a incitée à devenir psychologue et psychanalyste. Pourtant à une époque, elle espérait devenir artiste-peintre. Elle avait commencé des études en ce sens à l’École nationale des Beaux-Arts d’Alger. Mais un autre drame l’avait de nouveau bouleversée : l’assassinat du directeur de cette École et de son fils.

Asma Guenifi a commencé à militer à l’âge de 16 ans à Alger. Sa mère l’avait fait adhérer à l’une des associations de femmes algériennes : El Rafed ( Le Refus), une association qui luttait pour les droits des femmes et contre le code de la famille, fondée sur la chari’a. Après son arrivé en 1994 France, elle a créée, avec d’autres jeunes algériens, le groupe Hichem, au sein duquel ils avaient mené une véritable campagne contre les intégristes musulmans.
Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York et à Washington, elle a rejoint l’association française, Ni Putes Ni Soumises, qui reprenait leur combat contre les intégristes. Son discours rejoignait le leur sur le terrorisme, qui n’était plus seulement une question algéro-algérienne, mais qui était devenue internationale. Aujourd’hui, elle a créé l’Association des femmes euro-méditerranéennes contre les intégrismes ( AFEMCI). Ayant pris conscience de leur dangerosité, elle a décidé avec d’autres de lancer cet appel aux femmes du pourtour méditerranéen, afin qu’elles unissent leurs forces et leurs expériences en vue de lutter ensemble contre ces intégrismes culturels, ethniques et religieux qui menacent leurs intégrités physique et morale.

Hakim Arabdiou : Votre frère, Hichem, a été assassiné en 1994 par des membres du Front islamique du salut. Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour écrire ce livre en sa mémoire ?

Asma Guenifi : il m’a fallu un long travail analytique sur moi pour exorciser ma douleur. Le traumatisme était tel que la parole ne sortait pas. J’ai toujours été dans l’action, dans le militantisme. C’était peut être une manière pour moi de moins souffrir de la perte violente de mon frère, de mes amis et de
l’exil. Il m’a fallu 17 ans pour que je puisse dire cette douleur et je voulais depuis longtemps écrire ce témoignage pour ne pas les oublier. Je me suis dit que, si une seule personne lisait ce livre, elles, ils vivront dans leurs mémoires. Les pouvoirs publics algériens tentent d’effacer des mémoires au nom de la “paix”. Ce livre était un défi contre cette amnistie imposée. Le pardon est une affaire personnelle, et encore moins une affaire politique ; on ne peut donc pas l’imposer de force. J’ai été heureuse d’être invitée à New York, à Madrid, en France pour parler de nos victimes, de ce qui nous était arrivé, que la parole se libère enfin. Mais dans mon pays, l’Algérie, nous, les familles de victimes du terrorisme nous devons nous plier à une loi [deux lois d’amnistie des terroristes islamistes], qui nous enferme dans le silence et la douleur. Il nous est en effet interdit de parler de ces années rouges de sang. C’est une violation de nos droits humains. Il faut que la justice assume son rôle de régulation de la société pour le bien-être de toute la société et non pas uniquement les familles des victimes du terrorisme. Car je considère que toute notre société algérienne est traumatisée par cette tragédie rouge. Les autorités algériennes doivent être plus humaines envers cette société, qui a tant souffert.


A. H. : Vous écrivez dans votre livre que ce dernier se veut aussi un témoignage en faveur des dizaines de milliers de victimes algériennes du terrorisme islamiste.

A. G. : la tragédie rouge a touché tous les citoyens algériens, victimes directes ou indirectes. Le terrorisme y a laissé de graves séquelles psychologiques. Le plus fort est glorifié, celui qui tue est libre et celui qui se défend est en prison ! Comment se reconstruire quand la force et la violence sont le message que l’on envoie à notre jeunesse ? Pour moi, c’est un hommage à ma génération qui a part notre enfance qui a était belle, le terrorisme a tout détruit.

H. A. : Comptez-vous faire éditer votre livre en Algérie, et éventuellement avec une traduction en arabe ?

A. G.
: je souhaiterais vraiment que mon livre soit édité en Algérie. J’y ai entrepris quelques contacts, et j’espère que cela aboutira. Même si tout le monde me rappelle que je risque la prison et/ou une amende. J’estime cependant que je n’ai fait que mon devoir de citoyenne algérienne, qui se bat pour la mémoire, et je ne fais aucun appel à la vengeance ou à la guerre. Je veux juste rétablir un certain équilibre, grâce à la justice.

H. A. : Votre association, AFEMCI, a organisé samedi 2 juillet près de Paris un gala en solidarité avec les femmes révolutionnaires des sociétés musulmanes. Pouvez-vous nous dire comme cela s’est passé ?

A. G. : Mon association AFEMCI a organisé un grand concert gratuit le samedi 2 Juillet 2011 à Saint-Ouen, près de Paris. C’est un message de soutien que nous avons envoyé aux femmes du Monde arabe, dans leur lutte pour la liberté. Ce gala a bénéficié du soutien de la Mairie de Saint-Ouen, mais surtout de tous les artistes bénévoles qui ont tous répondu présents pour que cet événement soit des plus festifs possible pour une aussi noble cause. Ceci avec l’aimable participation de Emel Mathlouthi, d’Aïcha Lebgaa, du Groupe Sorif, d’Iness, accompagnée de Karim Albert Kook, de Dania El Tabbaa, de Nawel and Lila Box, de la troupe de danse palestinienne, “Mémoire de notre Terre”, et bien d’autres encore. Ce concert a été un succès et le message de solidarité aux femmes arabes a été bien reçu par le public à travers ces voix féminines et ces voix féministes, également présentes, comme Nadia Chaabane, Sérenade Chafik, Fadela M’Rabet, Zineb El Rhazoui et plusieurs autres. Une ambiance chaleureuse où l’espoir pour la démocratie et la liberté dans le Monde arabe était au rendez-vous. L’un de nos objectifs est d’harmoniser les mêmes droits pour toutes les femmes euro-méditerranéennes.

Propos recueillis par Hakim Arabdiou

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Livre : Je ne pardonne pas à ceux qui ont assassiné mon frère, d'Asma Guenifi

par Hakim Arabdiou

 

Asma Guenifi vient de publier un ouvrage intitulé, Je ne pardonne pas aux assassins de mon frère, aux éditions Riveneuve, à Paris.

Elle a écrit ce livre à la mémoire de son frère Hichem, assassiné, le 6 juin 1994, à 20 ans, par quatre tueurs du parti islamofasciste, le Front islamique du salut (FIS). Afin de commettre leur forfait, ses assassins l’avaient guetté, en bas du domicile familial, à Bachdjarah, un quartier populaire, à la périphérie sud d’Alger. Hichem Guenifi suivait un stage d’ingénieur du son, à la Radio Chaîne III.

Elle a également écrit ce livre à la mémoire des dizaines de milliers d’Algériennes et d’Algériens assassinés ou mutilés à vie par les islamoterroristes.

Ce livre se veut enfin un témoignage contre l’oubli, instauré par le président Bouteflika et son clan au pouvoir, de quinze années de barbarie de ces hordes contre le peuple algérien, à travers ses deux lois d’amnistie de milliers terroristes du FIS.

L’auteure rappelle comment le pouvoir répressif et ultra-libéral de l’ancien président Chadli Bendjedid, légalisa le FIS, en violation de la nouvelle Constitution, de 1989, qui interdit la création de formation politique sur une base religieuse.

Ceci d’autant plus que ce parti ne cachait pas, loin s’en faut, son intention d’abolir la démocratie, une fois qu’il aura accédé au pouvoir, grâce à la démocratie, pour lui substituer un État théocratique et ultra-libéral.

Comme dans l’ensemble des pays musulmans, les islamistes algériens s’étaient alliés, dès les débuts des années 1980, aux appareils politico-administratifs et policiers du régime, pour tenter d’affaiblir le courant minoritaire de gauche du parti au pouvoir, le Front de libération nationale, et surtout les communistes du Parti de l’avant-garde socialiste, qui était depuis l’indépendance de l’Algérie, en 1962, le fer de lance des luttes politiques et sociales en Algérie, et contre les mesures ultra-libérales du nouveau pouvoir.

Des fanatiques politico-religieux assassinant au nom de l’islam

Asma Guenifi n’avait que 14 ans, quand elle commença à partir de la fin des années 1980, à faire l’expérience de l’islamofascisme. C’est ainsi que sa meilleure amie, certaines de ses voisines et de ses camarades d’école avaient été violentées par leurs pères ou leurs frères ou bien soumises à l’ignoble chantage aux études ou au travail pour les forcer à porter le hidjab, qui est l’uniforme politico-religieux commun à la droite conservatrice, à l’extrême droite et aux fascistes musulmans. Ce mouvement pratiquait également l’endoctrinement à outrance, grâce aux moyens matériels et financiers considérables, dont il disposent.

Elle raconte comment sa vie était rongée par la peur, la peur pour elle-même, pour sa famille, pour les êtres qui lui sont chers, pour son pays. Comment sa vie d’adolescente fut jalonnée quotidiennement par les nouvelles d’assassinats, au nom de l’islam, de voisins de quartier, d’intellectuels, et de jeunes filles et de jeunes femmes kidnappées, puis violées pendant des nuits et des nuits par tout un groupe, avant d’être égorgées.

A l’immense douleur d’avoir perdu à la fois un frère, un ami, un confident de toujours s’ajoutera bientôt à Asma Guenifi celle de l’exil avec sa famille, en France, en juillet 1994, suite aux menaces des terroristes de s’en prendre à ses proches. Elle avait 19 ans, et poursuivait des études à l’École nationale des Beaux-Arts d’Alger.

Elle ne manque pas dans son ouvrage de rendre hommage aux démocrates français de gauche, pour la solidarité agissante qu’ils lui avaient témoigné à elle et à sa famille pendant plusieurs années.

Elle a longtemps résidé avec ses parents et son jeune frère à Saint-Denis, une ville proche de Paris, une ville connaissant une très forte concentration de migrants ou de cette origine, principalement maghrébins ; une ville sinistrée économiquement et socialement, comme la plupart des autres villes du département, et qui fait que les islamistes se retrouvent comme un poisson dans l’eau. Ce fut le choc pour elle et sa famille qui avaient cru les avoir laissés derrière elles.

Dénoncer l’alliance contre-nature trotskistes-islamistes

Pire, ces intégristes jouissaient du soutien acharné d’une poignée de démocrates algériens, aveuglés par la haine du pouvoir en Algérie, et principalement par une majorité de trotskistes, qu’ils soient encartés dans un parti ou journalistes au Monde, à Libération, à la chaîne de TV Canal +, adhérents à Amnesty Internationale, à la Ligue internationale des organisations des droits de l’homme, à Reporters sans frontières, de pseudo-experts de l’islamisme, et la liste n’est pas exhaustive.

Ces complices du FIS s’empressaient au début de relayer avec zèle la désinformation de ces derniers les présentant comme des victimes d’une « dictature militaire », afin de tenter de légitimer les attentats, les assassinats et les destructions à l’explosif qu’ils commettaient. Puis devant le début de prise de conscience de l’opinion publique française et de la communauté algérienne en France, ils relayaient tout aussi aveuglément l’autre version de la propagande du FIS, qui est de nier que ce dernier soit l’auteur des attentats criminels et des multiples massacres, commis tant en France qu’en Algérie, pour les attribuer systématiquement au pouvoir algérien.

Parallèlement, le FIS et ses sbires de gauche calomniaient honteusement les Algériennes et les Algériens laïques, démocrates, communistes, syndicalistes, féministes, intellectuels, victimes du terrorisme islamiste … Leur seul tort est d’être anti-islamistes. Ce sont souvent les mêmes calomniateurs qui continueront à soutenir les revendications des islamistes, notamment d’attenter à la laïcité de l’École publique par le port du hidjab par de jeunes adolescentes de confession musulmane, manipulées par des associations islamistes et des chaînes satellitaires des pays du golfe.

Face à cette gigantesque désinformation émanant de cette alliance contre-nature, et pour alerter de la montée de l’islamisme en France, Asma Guenifi, ainsi que ses amis algériens et français avaient constitué une association, dénommée, « Groupe Hichem ». D’autres démocrates algériens en France, en Europe et au Canada avaient eux aussi lancé une multitude d’associations et d’actions pour le même objectif.

Asma Guenifi est psychologue clinicienne et psychanalyste. Son père, communiste, était cinéaste et syndicaliste en Algérie ; sa mère, communiste également, était employée dans un musée à Alger, puis au Centre culturel, Georges Pompidou, à Paris.

Hakim Arabdiou


*Asma Guenifi : Je ne pardonne pas à ceux qui ont assassiné mon frère, éditions Riveneuve, 2011 Paris.

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La meilleure façon de combattre le fascisme religieux, c’est un soutien sans faille au CNRI

par Jean-Pierre Brard

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CNRI – « Notre devoir à nous, parlementaires français, est de relayer ce combat que mène de peuple iranien pour sa liberté. Nous, députés de gauche comme de droite, faisons avec vous, avec Maryam Radjavi et pour l’Iran, le pari de la démocratie et de la laïcité », a déclaré Jean-Pierre Brard à Villepinte le 18 juin.

Le député s’exprimait lors du plus grand rassemblement d’Iraniens jamais organisé à l’étranger pour la protection d’Achraf et le soutien à la Résistance iranienne, en présence de Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne, et de centaines de personnalités internationales, notamment de hauts dignitaires américains. Il était entouré à la tribune de dizaines de maires, d’élus, de conseillers municipaux et généraux.

Voici l’intervention de Jean-Pierre Brard, prononcée devant un hall d’exposition comble et débordant d’enthousiasme :

« Chers amis iraniens, chers amis du grand peuple d’Iran, ce vieux peuple chargé de culture et d’histoire, au nom du Comité parlementaire français, pour un Iran laïque et démocratique, au nom de mes collègues du Parlement français, je viens vous exprimer le soutien et la solidarité de la majorité des parlementaires français, solidarité au combat que vous menez pour un Iran débarrassé de la dictature, de la tyrannie et du fascisme religieux. Nous, notre devoir à nous, parlementaires français, est de relayer ce combat que mène de peuple iranien pour sa liberté. Nous, députés de gauche comme de droite, faisons avec vous, avec Maryam Radjavi et pour l’Iran, le pari de la démocratie et de la laïcité.

Notre devoir, c’est de lutter ensemble pour que, partout dans le monde, soient levés les obstacles qui pèsent sur ceux qui résistent à la barbarie des mollahs. Il faut que nous conjuguions nos efforts pour supprimer cette étiquette honteuse, fabriquée, entre autres, par le juge Bruguière et le gouvernement qui l’a incité à faire cela, par les mollahs contre les Moudjahidin du peuple.

La justice française vient, enfin, de lever les accusations de terrorisme contre les membres de la Résistance iranienne. Cette décision historique est une très bonne nouvelle pour nous tous. Elle confirme que les actions armées, menées par l’organisation des Moudjahidin du peuple, sont l’expression d’un droit imprescriptible garanti par la déclaration de Droits de l’Homme et du citoyen. La décision des juges reconnaît le droit à la résistance face à l’oppression.

Cette décision signifie que les marchandages coupables entre les gouvernements français et les mollahs doivent cesser. La liberté du peuple héroïque d’Iran ne doit pas être sacrifiée sur l’hôtel des grands groupes français comme Total. Le gouvernement français doit cesser de fermer les yeux sur les crimes des mollahs. L’expérience des conflits en Europe nous a montré que les compromis ne font que renforcer les dictatures dans leur folie sanguinaire. La meilleure façon de combattre le fascisme religieux, le meilleur moyen d’être solidaire du peuple d’Iran, c’est de soutenir tous ceux qui combattent le régime des mollahs, c’est d’apporter un soutien sans faille au Conseil national de la Résistance iranienne.

Ceux qui, comme à Achraf, versent leur sang et lutte pour la liberté de leur peuple, ne doivent pas à être abandonnés aux mollahs et à leurs complices irakiens. Il est de notre devoir et de notre responsabilité de porter haut leurs voix jusqu’à ce qu’elles soient entendues. En 1943, alors que l’issue du combat contre la barbarie nazie était encore incertaine, le Général de Gaulle a dit, je le cite : « Soyons fermes, purs et fidèles car au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n’ont pas cédé ».

Aujourd’hui, le combat des parlementaires français, c’est celui de la démocratie et de la liberté ; ce combat c’est celui du peuple iranien en lutte, c’est celui des martyrs d’Achraf, c’est celui du Conseil national de la Résistance iranienne, c’est celui de tous vos frères de combat qui sont ici, avec vous, aujourd’hui.

Vive la démocratie et la laïcité et vive le combat du CNRI, vive l’héroïque peuple d’Iran.