Chronique d'Evariste
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Impressions après le premier débat télévisé des primaires citoyennes entre candidats PS et PRG

par Évariste
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Nous n’avons pas échappé à des portions de discours très convenus style « langue de bois » qui ont failli m’endormir tellement on devinait la fin de la phrase dès le début de ladite phrase notamment lors du concert polyphonique sur le thème « On est tous d’accord, car nous avons tous voté le programme socialiste » ou encore sur le thème « c’est le meilleur d’entre nous qui sera désigné », bla-bla-bla…

Une fois éliminées ces nombreuses portions de débat où nous étions submergés par l’ennui et le manque d’intérêt, cette première en France mérite que l’on s’y attarde. 5 millions de téléspectateurs devant leur écran dont probablement une majorité de gauche est un événement que l’on ne peut pas classer sans suite, ou le mépriser comme le fait la droite ni considérer que c’est du nombrilisme. La droite, hypocrite comme d’hab, dit mépriser cet événement, mais demande quand même un droit de réponse au CSA.

Bien sûr, le débat est toujours ouvert pour savoir si une primaire ouverte est le meilleur moyen pour aller vers une alternative au néolibéralisme. L’expérience italienne montre que ce n’est pas évident. En Italie, la primaire de gauche a propulsé Romano Prodi, le néolibéral. Faisant une politique néolibérale, mais avec Berlusconi et ses amis dans l’opposition, les couches populaires italiennes ont refusé au scrutin suivant de le soutenir ce qui est compréhensible vu les politiques d’austérité et l’Italie a fini par donner le pouvoir politique à Berlusconi.

Analyse d’une primaire à gauche aujourd’hui. Dans la période, les couches qui sont les plus mobilisables pour les élections sont les couches moyennes et plus les couches moyennes supérieures que les couches moyennes intermédiaires. Les couches populaires (ouvriers, employés, représentant 53 % de la population française) ont aujourd’hui une confiance limitée à la gauche eu égard à ce qu’elle a pratiqué comme politique durant les 15 ans où ils étaient au pouvoir alors que ce sont les seules couches qui ne sont pas sous domination idéologique du néolibéralisme et qui peuvent voter contre les médias aux ordres comme ils l’ont montré le 29 mai 2005 où les couches populaires ont assuré la victoire du non . Donc sur une primaire de gauche, en période de crise, les forces néolibérales ont intérêt à voir surgir de la gauche un élu qui gardera les fondamentaux du néolibéralisme. Donc les médias dressent des lauriers aux candidats les plus droitiers, les instituts de sondage, dont les sondages sont financés par les médias, plébiscitent le candidat le plus « malléable » par le néolibéralisme, et les couches moyennes plébiscitent le candidat qui apparaît médiatiquement le plus crédible pour battre la droite. CQFD. Les défenseurs des primaires estiment qu’en France, cela ne suivra pas l’exemple italien. L’histoire tranchera.

Cela dit, le premier débat télévisé a confirmé que François Hollande, Manuel Valls et Jean-Michel Baylet qu’ils étaient pour le maintien de tous les fondamentaux de l’ordo-libéralisme. François Hollande va même très loin: non seulement il est pour revenir à 3 % du déficit budgétaire en 2013 comme demandé par le Traité de Lisbonne, mais il fait du zèle au-delà de la droite néolibérale en demandant de revenir à 0 % en 2017 ! Nous n’osons même pas vous présenter les programmes d’austérité pour en arriver là, car ce serait comme en Espagne ou en Grèce. Ce dernier pays est entré en récession à cause des deux plans d’austérité. Manuel Valls a déclaré que toute la marge de manoeuvre devait diminuer la dette et donc rien pour le développement économique et social ! Jean-Michel Baylet ayant traité le projet socialiste de non-réaliste sur les retraites alors que le projet socialiste estime à tort qu’il y a un problème démographique et que les conférenciers du Réseau Éducation Populaire, du Réseau Salariat et de la gauche d’alternative ont montré qu’il n’y a pas de problème démographique, car tout simplement le problème n’est pas lié au rapport des actifs et des retraités, mais à la production de richesses. Nous rappelons que le nombre de paysans a été divisé par 10 en 50 ans et que le nombre de bouches à nourrir a plus que doublé et que nous ne sommes pas en famine. En fait, en prenant les chiffres du Conseil d’orientation des retraites, la richesse devrait croître de 90 % en 40 ans (correspondant à 1,6 à 1,7 % d’augmentation de la richesse par an) et que le fait que nous passerions d’un rapport de 10 actifs pour 6 retraités à 10 actifs pour 9 retraités, la richesse par tête d’habitants ne progresserait que de 60 % ! Mais bien sûr, pour que cette richesse supplémentaire puisse bénéficier au financement de la protection sociale, il faudrait modifier le partage des richesses entre les salaires et les profits (en fait revenir à un partage de la valeur ajoutée de la fin des années 70 ou du début des années 80 ce qui pour une déformation du partage de la valeur ajoutée de 9,3 points de PIB revient pour un PIB 2010 de 2000 milliards d’euros à la « bagatelle » de 186 milliards d’euros par an). Toute cette démonstration est faite par différents conférenciers que nous pouvons vous transmettre si vous voulez organiser une réunion publique ou un café-débat sur ce thème.

Revenons à nos primaires socialistes: François Hollande, le « chouchou » des médias et des instituts de sondage dont les sondages sont payés par les médias, Manuel Valls et Jean-Michel Baylet ont d’ailleurs refusé l’invitation qui leur avait été faite de venir à la fête de l’Huma, qui reste la plus grande fête populaire française. Disons néanmoins que Jean-Michel Baylet a eu sur les problèmes de société une position plus offensive que ses collègues de la primaire, mais ce sont les problèmes économiques et sociaux qui seront déterminants avec l’approfondissement de la triple crise(économique, financière et de la dette).

Martine Aubry (ex-ministre du Travail de Lionel Jospin) qui est coresponsable avec Lionel Jospin et Dominique Strauss-Kahn (ex-ministre de l’Économie) du fossé créé par le gouvernement Jospin entre la gauche et les couches populaires a pris lors de ce débat, une posture centriste entre le trio droitier dont nous venons de parler et Arnaud Montebourg. Sa position sur le nucléaire et la dépénalisation du cannabis ne rattraperont pas sa solution économique à la crise où elle ne jure que par la mutualisation européenne des dettes souveraines des États (eurobonds) qui n’est qu’une « patate chaude » qui gagnera du temps, mais ne réglera rien sur le fond. Ségolène Royal a soutenu Arnaud Montebourg dans la nécessité de renverser le rapport des forces à savoir, c’est le politique qui doit commander aux banques et pas l’inverse. Dommage qu’elle n’a pas été jusqu’à refuser la règle d’or qui n’est qu’un corset pour faire payer la grande majorité des salariés au profit de l’oligarchie. Arnaud Montebourg a été le seul socialiste à rester dans le non au Traité de Lisbonne, le seul à proposer la nécessité de démondialiser pour reconstruire des nouvelles solidarités et à souhaiter une rupture claire avec le néolibéralisme. Notons cependant une petite rigidité sur la politique envers le cannabis.

La fête de l’Huma a comme cela était prévu lancé la campagne du Front de Gauche avec son candidat Jean-Luc Mélenchon qui a appelé à une révolution citoyenne. Ici, la volonté de rupture avec les politiques néolibérales est claire, reste à voir si les assemblées citoyennes lancées par le Front de Gauche vont réussir à mobiliser comme pour la campagne du non en 2005 et si la campagne du Front de Gauche touchera les couches populaires dont beaucoup se sont abstenus de voter aux dernières élections. Là est la clé !

 

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Lawrence Brewer et Troy Davis ont été mis à mort

par Catherine Kintzler
Auteur de "Qu'est-ce que la laïcité", publié chez Vrin, 2007.
http://www.mezetulle.net

 

L’exécution de Troy Davis cette nuit soulève, à juste titre, l’indignation. Son cas est exemplaire : malgré les doutes nombreux qui pèsent sur la thèse de sa culpabilité, la sentence a été non seulement prononcée mais encore exécutée. D’un côté le doute, de l’autre une certitude (dont on peut penser “raisonnablement” qu’elle est mal fondée) dont les effets sont meurtriers et irréversibles - dont les effets sont irréversibles parce que meurtriers. Le problème de la peine de mort est ainsi concentré de manière exemplaire et tragique. Mais un autre cas d’exécution capitale, contemporain de celui de Troy Davis, est peu, sinon pas du tout, commenté : celui de Lawrence Brewer. On l’apprend de manière subreptice, comme si son cas était honteux.

En écoutant France-Info ce matin, et en lisant l’article en ligne du Monde daté du 22 septembre à 6h08 , j’apprends, tout à la fin, qu’une autre exécution capitale a eu lieu au Texas quelques heures avant celle de Troy Davis : celle d’un membre du Ku-Klux-Klan, Lauwrence Brewer, condamné pour meurtre raciste. Une ligne ou deux pour la mort d’un homme, de sang-froid, sur sentence. Sans commentaire. Comme si cette exécution-là était sinon excusable, du moins compréhensible - ce que ne dit ni l’article, ni l’information parlée de France-info : juste un cas, dont on ne fait pas cas.
Cet autre cas, dont on fait si peu de cas, n’est probablement pas exemplaire - on ne parle pas de doute sur la culpabilité, et puis il s’agit d’un raciste blanc, qui, selon mes informations, a torturé sa victime et n’a pas regretté ses actes… : on pouvait bien y aller, non ? Or c’est ici qu’il faut rester ferme sur la condamnation de la peine de mort, ici, précisément dans ce genre de cas.
Je rappellerai une fois de plus le raisonnement de Condorcet.
Le principe de la peine de mort est condamnable car la peine est par sa nature même absolue et définitive, irréversible. Or une décision dont les effets sont absolus et irréversibles devrait être prise en vertu d’une procédure assurant une certitude absolue, sans aucun risque d’erreur même infime.
On me répondra que dans un cas (qui est très probablement celui de L. Brewer) où on a une entière certitude sur la culpabilité, on peut prendre une décision de cette nature… Mais Condorcet répondrait que la loi est générale : c’est donc la procédure (et non son application particulière à tel ou tel cas) qui doit donner une assurance de certitude absolue, pour tous les cas, existants et à venir. C’est pourquoi, si le cas de Troy Davis est exemplaire, celui de Lawrence Brewer est emblématique : ce qui rend la peine de mort condamnable en son principe n’est pas l’erreur commise sur tel ou tel, c’est qu’aucune procédure ne peut garantir qu’on ne commettra pas d’erreur. Il faut donc récuser la peine de mort parce que le risque d’erreur, fût-il infime, est nécessairement présent, parce qu’aucune procédure ne peut assurer qu’aucune erreur ne sera commise.
A Frédéric II, qui en 1785 faisait remarquer à Condorcet que la peine de mort peut se justifier dans les cas de meurtre horrible, Condorcet répondait que ce sont précisement ces cas qui emportent des risques d’erreur supplémentaires. Et de toute façon, toute possibilité d’erreur, à partir du moment où elle est redevable à la procédure même de la décision et non à la nature des choses, est une injustice. A fortiorilorsqu’on prononce la mort.

On ne doit pas condamner à mort un Noir innocent : cela est évident. Mais il faut dire aussi pourquoi on ne peut pas non plus condamner à mort un Blanc coupable, car pour le condamner on recourt à une procédure qui comporte nécessairement et généralement un risque d’erreur : le condamner c’est exposer chacun à ce risque. Cet article s’adresse aux adversaires de la peine de mort : il est bon et salutaire de s’émouvoir de l’exécution d’un Noir innocent ; mais c’est une faute de ne pas s’alarmer de l’exécution d’un meurtrier blanc tortionnaire et raciste.

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Nous saluons, et appelons à soutenir la future proclamation d'un État palestinien

 

[Edit du 22/9/11 : dans le cadre des discussions actuelles à l’Onu, nous republions notre position sur la question d’un Etat Palestinien, même s’il semble que nos espoirs, quant à la proclamation d’un Etat avec toutes ses prérogatives, serons déçus. Nous reviendrons dans le numéro 664 de ReSPUBLICA sur les conséquences de ce qui aura été décidé à l’Onu. NDLR]

Le journal ReSPUBLICA, journal de gauche, républicain, laïque et féministe, salue et appelle à soutenir l’initiative de l’Autorité palestinienne qui vise à la reconnaissance de la Palestine comme un État souverain et membre des Nations-Unies à l’Assemblée Générale de septembre.

Attachés à une solution de paix négociée sur la base des Accords d’Oslo et de l’initiative de Genève, nous comprenons que les Palestiniens soient prêts à proclamer leur État de manière unilatérale. En effet, le gouvernement israélien actuel ne laisse aucune chance à la paix, refusant de reconnaître les frontières d’avant 1967 et de geler la colonisation de la Cisjordanie. Les Palestiniens voient donc leur territoire se réduire comme une peau de chagrin : la proclamation unilatérale d’un État palestinien, reconnue par la communauté internationale, apparaît donc aujourd’hui légitime.
Si nous nous faisons peu d’illusions sur le gouvernement de Benyamin Netanyahou, nous avons l’espoir que la société israélienne se rende compte qu’il est dans l’intérêt d’Israël d’accompagner ce processus en pesant sur ses dirigeants pour ouvrir des négociations sans tarder. Car ne pas saisir cette occasion, c’est risquer de se retrouver mis au ban des nations en septembre : l’autodétermination d’un peuple est un droit inaliénable, et c’est ce droit qui avait conduit les Nations-Unies à reconnaître Israël en 1947. Israël ne peut pas le refuser, aujourd’hui, au peuple palestinien sauf à compromettre ses intérêts.

Quel État palestinien ?

Il va sans dire que l’État palestinien que nous appelons de nos voeux, et qui sera à établir dans les frontières d’avant juin 1967 doit être viable. Cela nécessite donc l’instauration de sa continuité territoriale entre Gaza et la Cisjordanie, qu’il soit doté de tous les attributs de la souveraineté et qu’il ait une partie de Jérusalem pour future capitale1. Ceci aux côtés d’un État israélien reconnu, aux frontières et la sécurité garanties, et vivant en paix avec ses voisins.

D’ores et déjà, plus de la moitié des États membres de l’Organisation des Nations unies ont reconnu l’État palestinien. D’autres, et notamment des alliés traditionnels d’Israël, comme l’Union européenne et plusieurs de ses États membres, dont la France, se sont déclarés prêts à le faire.

La proclamation de cet État est loin d’être formelle ou symbolique, bien au contraire. Elle vise à terme à faire passer les Territoires palestiniens du statut d’autonomie, acquis depuis les Accords d’Oslo, à celui d’indépendance.

Si cette indépendance est votée par l’Assemblée Générale de l’ONU et que cette reconnaissance n’est pas bloquée par un véto d’un pays membre du Conseil de Sécurité, Israël sera dans un rapport de force moins favorable, qui le contraindra tôt ou tard à négocier l’abandon de sa tutelle légale sur l’actuelle Autorité palestinienne, son territoire, son économie, sa population. Ce sera alors aux Palestiniens de prendre en main leur avenir. Dans ce cadre, nous soutiendrons les forces politiques qui aspirent à une Palestine démocratique, laïque, moderne et prospère. Nous refusons en effet la fatalité qui frappe le peuple palestinien, depuis plus soixante ans, soit l’occupation israélienne, soit un État théocratique islamiste.

Plus généralement, si nous appelons à soutenir cette future proclamation de l’État palestinien, c’est que cela va renforcer les bâtisseurs de paix des deux camps. En effet, il est urgent pour les deux peuples de sortir de ce cercle vicieux qui voit les jusqu’au-boutistes de chaque camp se renforcer mutuellement par leurs actions destructrices. Donnons donc aux forces de paix l’occasion de reprendre la main au Proche-Orient.

Pour télécharger l’adresse au format PDF, cliquer sur ce lien : Nous saluons, et appelons à soutenir la future proclamation d’un État palestinien

  1. Jérusalem serait, dans ce cas, la capitale des deux États, conformément à ce qui était prévu dans les Accords de Genève []
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Encadrer les loyers : c'est vital et c'est possible

par Jean ESTIVILL
Conseiller Municipal, Président des élus du Parti de Gauche de Savigny, Président de l’Essonne de l’UFAL (Union des Associations des Familles Laïques)
http://www.savigny-egalite.com

 

Le front national de Le Pen est « farouchement opposé » à l’encadrement des loyers, jugeant cette « mesure dirigiste, presque communiste », osant même avouer le peu de cas qu’il fait des difficultés économiques et sociales des Français en annonçant que ses propositions en matière de logement sont encore « en cours de réflexion ». Nul doute qu’il saura en sortir une, bien démagogique, de son chapeau, rompu depuis la comédie de son changement de leader à ce type de contorsion politicienne. Quant au Centre son impuissance à rompre à l’instar de l’UMP avec la ligne capitaliste de recherche du profit et de rien d’autre, apparait toute nue dans la déclaration d’un de ses chefs de file, Bayrou qui qualifie « de séduisante » l’idée d’un état qui encadre les loyers, mais qui ajoute qu’« elle est irréaliste, donc mensongère ». Irréaliste ? Monsieur Bayrou connait mal son histoire de France et en particulier celle de l’Après Guerre où il fallut reconstruire le pays. La France pendant plus de dix ans va manquer de tout, en particulier un million de logements font défaut, chacun a en mémoire le cri de détresse de l’abbé Pierre en 1954. Le salarié doit économiser des mois pour des chaussures en cuir ou un manteau, la soupe dans les cantines scolaires est bien claire et il n’est pas question pour les familles ouvrières en particulier de partir en vacances pour profiter des congés payés que le Front Populaire a arrachés en 1936. Et pourtant qu’en est-il des loyers ? J’ai sous les yeux une feuille de paie d’une toute jeune sténodactylo en 1953, elle travaille à la chocolaterie « Lombart » et le bail d’un appartement de 40 m2 qu’elle occupe avec ses parents dans la banlieue à Ivry-sur-Seine. Elle gagne 30 000 francs anciens par mois, son loyer est de… 1500 anciens francs ! Vous avez bien lu : une modeste secrétaire ne doit consacrer pour se loger que le vingtième de sa paie, 5 % contre 40 % actuellement. Le centre, la droite et l’extrême droite de Le Pen ont-ils une explication à ce phénomène ? N’est-ce pas, alors que la pénurie est considérable, parce qu’on ne peut pas spéculer sur le droit d’avoir un toit ? La loi tout simplement l’interdit. L’extrême droite défaite n’a plus voix au chapitre, on n’ose plus se revendiquer de la Droite, le terme est devenu une injure, ses partis ont soutenu Pétain et l’occupant, le grand patronat a collaboré avec les nazis. De Gaulle recevant une délégation du patronat français en 1944 lui déclare : « Messieurs, je n’ai vu aucun de vous à Londres ». Nous sommes dans une période où la république, rétablie grâce entre autres à la classe ouvrière dont Mauriac dira qu’elle a été la seule à conserver sa dignité dans la défaite, va appliquer le programme du Conseil National de la Résistance : le droit au logement en fait partie. Mais l’ancien vice-président de Patronat français Denis Kessler n’a-t-il pas déclaré dans « challenges » qu’il fallait se débarrasser complètement de sa philosophie ? C’est chose faite avec les contre-réformes de Sarkozy et les directives appliquées en France de l’actuelle Union européenne. Le Pen l’affiche : non ! Pas çà, pas d’encadrement, Bayrou consent que c’est juste, mais irréalisable, la droite au pouvoir non seulement refuse de l’envisager, mais accepte la spéculation : les loyers ont augmenté de 50 % en dix ans. Les uns et les autres soutiennent un système qui exige que le capitalisme industrialo-financier ait les mains entièrement libres dans tous les domaines. En ce sens la réponse à la question de l’encadrement des loyers et le Droit au Logement qu’elle pose, est extrêmement révélatrice des orientations politiques fondamentales de chacun, et à gauche derrière les mots, de la détermination réelle. Ce système par la crise généralisée qu’il a engendrée et qu’il entretient, rend chaque jour plus évidente la nécessité comme nous y invite le Front de Gauche à mettre à l’ordre du jour une révolution citoyenne.

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DSK au 20h de TF1, Mélenchon à minuit chez Ruquier : tout est dit.

par Nicolas Gavrilenko
http://twitter.com/ngavrilenko

 

Ou comment la société du spectacle hiérarchise l’information et le droit à la parole médiatique.

Dans nos sociétés si modernes et si démocratiques, nous n’avons plus de censure, mais tout le monde n’a pas la même voix au chapitre. Il s’agit dans un flot d’informations continu et multicanal1 de hiérarchiser et de créer les conditions pour que certains puissent être entendus par le plus grand nombre et dans les meilleures conditions, surtout s’ils n’ont rien à dire.

Prenons l’exemple de deux interventions médiatiques qui ont eu lieu ce week-end et qui illustrent parfaitement cette thèse.

La première, est celle de Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle pour le Front de Gauche, invité sur le plateau de l’émission « On n’est pas couché » de Ruquier. Si ce talk-show n’est pas ce qui se fait de pire en la matière, notamment parce que Ruquier case en général un invité politique à qui il laisse du temps même, il faut quand même se coltiner 45 minutes de mauvaises blagues, puis la promo de tous les invités de la soirée, avant que l’interview démarre. Donc vers minuit, Mélenchon a pu s’exprimer devant un peu moins de 2 millions de téléspectateurs2. Mais même avec un temps de parole important, il n’est pas facile de poursuivre un raisonnement jusqu’à son terme : les deux remplaçantes de Naulleau et Zemmour, Audrey Pulvar et Natacha Polony doivent se mettre en avant et malmener l’invité3 ; les autres invités ne sont pas en reste pour donner leur avis avec en prime ce soir-là, l’inusable laudateur du capitalisme, 4, on peut difficilement faire avancer ses idées et y convaincre les téléspectateurs.

La deuxième émission du week-end est à l’exact opposé : DSK a été invité à s’exprimer pendant 25 minutes au journal de 20h de TF15. C’est donc 13 millions de spectateurs qui n’auront rien appris de nouveau, à part que DSK est encore traité, par les journalistes, quasi comme un Président de la Ve République : questions connues à l’avance, pas de relance de la part de Claire Chazal malgré les réponses évasives, aucune contestation quand DSK, à de nombreuses reprises a fait valoir la plaidoirie du Pocureur comme une preuve qu’il n’y avait rien fait de condamnable6, pas de demande de précisions quand il évoque u possible piège, et pour couronner le tout et tenter de démontrer que tout cela est derrière lui, Claire Chazal passe du coq à l’âne en l’interrogeant sur la crise financière ! Bref, une complaisance comme seuls les puissants savent l’organiser entre eux.

Ces deux émissions sont le symptôme d’un système médiatique qui continue, malgré les apparences de pluralité, de tenter de modeler l’opinion. C’est à l’aune du traitement médiatique que l’on voit comment le système crée et sélectionne les candidats « crédibles et ayant une stature d’homme d’État », et comment il relègue en arrière-plan ceux qui contestent l’ordre établi.

Mais ce système médiatique est lui aussi en difficulté : DSK n’aura convaincu pratiquement personne et les grands médias télévisuels sont concurrencés par des sites internet d’informations de qualité qui redonnent toutes leurs places aux enquêtes journalistiques…

Faisons un rêve : un jour, nous aurons peut-être un week-end médiatique qui verra DSK subir les blagues de Ruquier sur ses affaires de moeurs, pendant que Mélenchon fera un 20h pour évoquer la crise financière et les solutions de gauche qu’on peut lui apporter.

Ce jour-là, les médias seront au service du débat citoyen.

  1. télé, radio, internet… []
  2. un bon score pour l’émission []
  3. Ce que Audrey Pulvar s’est doublement efforcée à faire pour éviter, sans doute, toute critique due aux convergences idéologiques possibles entre son compagnon et Mélenchon []
  4. parmi ceux qui tiennent jusqu’à une heure du matin []
  5. combien de personnalités politiques, n’ayant aucun mandat en cours, ont eu le droit à ce type de traitement de faveur ? []
  6. Alors que le procureur s’attache dans le document à prendre ses distances avec Nafissatou Diallo jugée peu fiable à cause de mensonges passés et prenant acte qu’il n’a pas de preuves matérielles suffisamment univoques pour étayer, sans risque pour sa propre carrière, la thèse d’un viol []
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Pas touche à la maternité des Lilas et à son centre IVG

 

Aujourd’hui, l’offre de santé se réduit, les centres de proximité sont en difficulté, les restructurations coûteuses instaurent une inégalité des soins.

En Île-de-France, il n’existe que deux maternités proposant une approche de la naissance dénuée de toute médicalisation superflue, grâce à des équipes de professionnels exemplaires offrant une sécurité médicale absolue : les Bluets et Les Lilas. Maternités de niveau 1, elles accueillent des femmes aux grossesses sans risque, souhaitant généralement vivre un accouchement le plus naturel possible. À une péridurale trop souvent surdosée, qui « shoote » la patiente, ces femmes préfèrent généralement l’accompagnement humain d’une sage-femme présente et disponible tout au long du travail, qui les encourage à prendre un bain, faire quelques pas, et les laisse libres de choisir postures et conditions de la naissance. Des patientes et non pas des malades, les femmes qui y accouchent sont accompagnées et écoutées plus qu’ailleurs. Ce sont des lieux où le projet de naissance des parents est respecté, des lieux où l’on se sent devenir mères, et où les pères ont leur place.

La maternité des Lilas est un lieu emblématique depuis 1964. Connue pour avoir accueilli les militants de la libéralisation de la contraception et de l’avortement, elle est aussi le lieu où s’est développé le mouvement pour une naissance sans violence.

Sa situation géographique, au cœur de la Seine-Saint-Denis, n’est pas anodine : c’est une chance pour le département francilien. Inscrite dans son territoire, la maternité des Lilas doit pouvoir poursuivre ses activités et être autorisée à se reconstruire, comme le prévoyait le projet des Lilas.
La maternité des Lilas représente une alternative à l’industrialisation des accouchements.

Pour soutenir et maintenir la maternité des Lilas et son Centre IVG :

Manifestation nationale

le samedi 24 septembre à 11 heures

Départ rue du Coq français aux Lilas, 93260 à 10h30 jusqu’au terrain de reconstruction.

http://www.collectif-maternite-des-lilas.org

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Conférence : l'idéologie managériale, une nouvelle religion ?

 

Le jeudi 29 septembre 2011 à 20h 

Conférence-débat avec Jacques DUPLESSIS (UFAL 92)1

Lieu : Chalet Pierre Larousse
26 avenue Pierre Larousse - MALAKOFF (92)
accès bus : 191 départ Porte de Vanves, arrêt Legrand
accès métro : ligne 13 : arrêt Plateau de Vanves ou Porte de Vanves
quelques places de parking disponibles

Organisée par l’UFAL d’Issy-les-Moulineaux - Contact : 06 27 71 34 56

Le dogme entrepreneurial et managérial dispose aujourd’hui de la vie des citoyens. Il dicte sa loi et exige de leur part une soumission et une allégeance de tous les instants : mentale, comportementale et générale. Et la pression du modèle dominant pousse à nouveau à la confusion entre idéologie et morale, influence et conscience, croyance et liberté de pensée dans le seul but d’assurer son hégémonie. Est-ce admissible hors de la sphère économique ?

Nous montrerons les mécanismes par lesquels on est passé depuis les années 70 du modèle d’obéissance hiérarchique classique à la prétention de rééduquer l’individu, sinon même à des pratiques totalitaires.

Comment préserver la sphère individuelle privée des intrusions de l’ « entreprise-église » et défendre notre capacité d’esprit critique ? Le concept de laïcité est sans doute le seul à pouvoir constituer une digue intellectuelle et morale recevable dans le naufrage des catéchismes désuets de la gauche auquel nous assistons. Alors pourquoi pas une nouvelle loi de séparation dans le prolongement de celle de 1905, pour interdire aux employeurs de franchir certaines limites aujourd’hui largement dépassées ?

Mais il suppose de réorienter la volonté de résistance et la lutte pour l’émancipation en direction de l’entreprise qui est au cœur du mal actuel des sociétés occidentales qu’elle gangrène et asservit lentement. Rendre possible de nouvelles transformations sociales suppose d’affronter avec courage et détermination ce Léviathan des temps modernes et de le faire enfin entrer dans l’ère démocratique.

  1. L’intervenant : Diplômé d’HEC, consultant en entreprise après plus de 25 ans de carrière dans l’industrie, les services, la distribution grand public ou professionnelle, en France et à l’international. Aujourd’hui spécialisé dans l’accompagnement de dirigeants et de cadres opérationnels (grandes entreprises et PME), le conseil et la formation en matière de relations sociales et d’épargne salariale. Coauteur d’un ouvrage collectif intitulé Qu’est-ce que la République au 21e siècle ?, L’Harmattan, 2009. []