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La guerre sociale est bel et bien enclenchée

par Évariste
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« La lutte des classes existe, et c’est la mienne, celle des riches, qui la mène et qui est en train de la gagner, » dit Warren Buffet, l’un des hommes les plus riches du monde. Dans les situations critiques, l’oligarchie dit ce qu’elle fait et fait ce qu’elle dit. Alors que les organisations salariales et politiques n’assument pas la réalité de la lutte des classes, qui se manifeste aujourd’hui par une grande offensive contre les droits culturels, sociaux et politiques, offensive qui va nous conduire à des guerres sociales dans tous les pays. Devant l’impossibilité d’une troisième guerre mondiale (vu le niveau des armements actuels) pour résoudre la crise globale que nous traversons, l’oligarchie engage des guerres sociales dans chaque pays. C’est pourquoi nous devons étudier « les mécanismes par lesquels la violence sociale s’exerce, et ne cesse de s’exercer et de recommencer à s’exercer », afin de se donner les moyens de réinventer une gauche digne de ce nom à l’échelle française, européenne et internationale.

Pour combattre en fonction de ses intérêts la crise du capitalisme, l’oligarchie a organisé la fuite en avant dans la financiarisation de l’économie. Cela a produit la crise financière. Pour combattre, en fonction de ses intérêts, la crise financière, elle a sauvé les banques par un apport massif d’argent public (voir la brève sur les aides d’État aux banques dans le dernier numéro de Respublica ). Cela a produit la crise de la dette publique. Pour combattre la crise de la dette publique, elle a engagé les politiques d’austérité.

Nos gouvernants gèrent la crise du capitalisme dans leur propre intérêt

Il faut changer de focale. Croire que le but de nos gouvernants est d’améliorer la situation du peuple est d”un idéalisme touchant. Dire par exemple qu‘“ils” ne réussiront pas à résoudre le chômage ou à restaurer la croissance, si cela revenait à dire “eux, ils ne pourront pas sauver le capitalisme, mais nous (d’autres) oui”, ce serait nier la crise systémique du capitalisme, pour n’en faire qu’une crise de sa gouvernance, cela procéderait d’une impasse théorique.

À aucun moment, l’objectif de l’oligarchie n’est de réduire le chômage et de répondre aux besoins des travailleurs, elle travaille à la reproduction du système, parce que cela la sert, et elle seule. Son objectif est d’éviter un krach financier qui pourrait être pire que celui de 2007-2008, en utilisant toutes les armes idéologiques à sa disposition pour légitimer la montée du chômage comme armée industrielle de réserve afin de faire baisser les salaires et ainsi faire financer les profits par des politiques d’austérité : le dogme de l’équilibre budgétaire, le dogme de la compétitivité, le dogme de la crise démographique, les inégalités sociales, la précarité, etc. Sa seule crainte est bien sûr que les travailleurs ne l’acceptent plus et arrêtent de croire en leurs promesses et discours.

L’oligarchie utilise les inégalités sociales, les différences de statut et les disparités des travailleurs au sein de l’Union européenne pour essayer de les monter les uns contre les autres. Il est à noter que la région du monde où le différentiel des salaires est le plus élevé est celui de l’Union européenne avec trois groupes de pays, celui des pays les plus développés (Allemagne, Luxembourg, Belgique, France, Pays-Bas, Finlande, Suède, Autriche, Danemark), celui des pays à salaires faibles, deux à trois fois moins élevés (Grèce, Portugal, Slovénie), et celui des pays à salaires de misère, 7 à 10 fois moins élevés (Lituanie, Lettonie et bientôt Bulgarie et Roumanie). Dans ce jeu, c’est l’Allemagne qui tire le plus de bénéfices, elle qui se sert de l’Union européenne pour reconstituer la Mitteleuropa sans payer aucun droit de douane puisque nous sommes dans la concurrence libre et non faussée !1 Mais l’Allemagne est aussi, des pays développés de l’Union, le plus inégalitaire, grâce aux plans Hartz I, Hartz II, Hartz III et Hartz IV du gouvernement socialiste de Gerhard Schröder de 2003 à 2005 ! Et dire que certains nous montrent ce pays comme modèle !

La gauche hollandaise n’a plus de pensée globale d’avenir

De toutes les gauches au pouvoir, elle est parmi celles qui font le moins rêver. Pire, l’idée que c’est la pensée du Medef qui donne le « la » de son action n’apparaît plus comme une élucubration de l’extrême gauche. Un bruissement du Medef et, au nom du concept flou de “compétitivité”, plusieurs dizaines de milliards sont votés pour les entreprises. La réforme fiscale, parlons-en ! Le néolibéralisme a abaissé le taux marginal de l’impôt de 65 % à 41 % et la gauche hollandaise revient à 45 % seulement, on croit faire un mauvais rêve !

Même sur le mariage pour tous, la gauche hollandaise laisse à la droite néolibérale et au cléricalisme de l’église catholique, le temps nécessaire pour mobiliser contre le gouvernement, en fermant les yeux sur la mobilisation de l’école privée confessionnelle, largement financée par l’argent public, au mépris de la loi de séparation des églises et de l’État. Alors qu’elle n’a pas laissé le temps à la gauche de gauche pour mobiliser contre le traité budgétaire. Deux poids, deux mesures !

Pour conduire sa politique, cette gauche hollandaise s’appuie sur des “experts” proche du Medef et sur une bureaucratie néolibérale omnipotente. On retiendra lors d’une entrevue entre le Mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP) et la ministre Marisol Touraine que cette dernière donna comme argument, pour ne pas toucher la tarification à l’activité (T2A) pour le financement de l’hôpital, que la “technocratie” ne serait pas d’accord ! Bravo la soumission du politique.

Dans un autre domaine, on voit bien que les deux actes précédents de la décentralisation et le troisième acte en cours participent de l’éloignement du citoyen des décisions, tellement la décentralisation réalisée par la gauche néolibérale depuis 30 ans n’a fait que redonner aux barons locaux les pouvoirs qu’ils avaient dans l’Ancien régime, le mode de désignation en moins. Cet acte III est le triomphe de la thèse du gouvernement représentatif, que Sieyès, au moment de la Révolution française, défendait contre Condorcet et la démocratie. Ce système, nous pouvons l’appeler aujourd’hui système délégataire peu représentatif, en ce qu’il écarte le citoyen de la puissance d’agir durant l’ensemble du mandat, y compris pendant la campagne électorale où les “vrais sujets” ne sont pas abordés. Nous y reviendrons.

Et pendant ce temps-là, que fait la “gauche de gauche” ?

La “gauche de gauche”, celle qui doit mener la lutte des classes au profit des salariés (contre Warren Buffet et ses amis), se cantonne malheureusement trop souvent à n’être qu’une “gauche de la gauche”.2

Or, cette “gauche de la gauche” se caractérise aussi par des stratégies qui ne sont que de la “dictature de la tactique” pour séduire tel ou tel groupe politique et l’amener à la rejoindre. Ainsi, ici ou là, la “gauche de la gauche” se complait dans le simplisme qui veut que tous les problèmes du monde puissent se résoudre par le surplomb d’une seule et même idée : le bien contre le mal, un projet de loi qui devient l’alpha et l’oméga de la pensée et de l’action, la démocratie participative, le féminisme surplombant, l’écologie surplombante, etc.3 En fait, une “gauche de gauche” doit, d’après nous, globaliser tous les combats mais sans que l’un surplombe tous les autres. Car, a contrario, on sait ce que deviennent les sociétés où on néglige la nécessité des ruptures et exigences féministes, démocratiques ou écologiques. C’est pourquoi nous appelons de nos vœux une analyse concrète de la situation concrète, dialectique dans sa globalité et dans sa diachronie. Pour construire son projet alternatif, la “gauche de gauche” doit s’appuyer sur des principes constitutifs d’un modèle culturel, politique et social, en explicitant les ruptures nécessaires (démocratique, laïque, sociale et écologique) et ses exigences indispensables (politique d’industrialisation, exigence féministe radicale, géopolitique nouvelle, etc.) au travers d’une stratégie explicite liée aux intérêts explicites des couches populaires (ouvriers et employés) et des couches moyennes intermédiaires.

La gauche des couches populaires et des couches moyennes intermédiaires croit encore à la République sociale, c’est pourquoi les majorités de gauche ont conduit au désastre chaque fois qu’elles ont voulu appliquer les politiques de leurs adversaires et pris leurs électeurs pour des idiots amnésiques.  Et si, par exemple,  la “gauche de gauche” accordait plus de temps et d’énergie à combattre les politiques néolibérales en matière de sphère de constitution des libertés (santé et protection sociale, école, services publics) ou de politique industrielle, qu’elle ne le fait aujourd’hui ? car cela impacte directement les couches populaires et les couches moyennes intermédiaires.
Où sont les lieux de l’expérimentation du futur ? Ici dans telle activité syndicale, là dans telle assemblée citoyenne du Front de gauche, ou encore dans telle ou telle activité d’éducation populaire ou dans telle collectifs de lutte, etc. Mais il manque encore la mutualisation forte de ces expériences remarquables…

  1. En fait, l’Allemagne est de plus en plus un assembleur de produits réalisés dans la Mitteleuropa allemande, près de 40 % de ses exportations ! En fait, via l’Union européenne, l’Allemagne a réalisé l’échange inégal au sein de l’Union elle-même. []
  2. La “gauche de la gauche” est un vocable inventé par les médias néolibéraux et leurs instituts de sondage attitrés pour classer les opinions des citoyens sur une échelle allant de l’extrême gauche à l’extrême droite et pour préparer l’idée que le meilleur est le refus des extrêmes et donc que le meilleur est “l’extrémisme de l’extrême centre”. Pour que tout change et que rien ne change ! Une partie de la gauche critique se complaît dans ce rôle de “gauche de la gauche”, en développant une gauche du verbe haut en couleur et en acceptant sa marginalisation politique sans influence sur les couches populaires, ouvriers et employés (53 % de la population). []
  3. Même si telle ou telle idée est juste en elle-même, par exemple la nécessité du féminisme ou de l’écologie, le fait qu’elle puisse tout résoudre par elle-même est pure hérésie. Ce cancer de la prééminence surplombante n’est en fait que l’autre face de la même pièce, l’essentialisme, qui vise à la naturalisation d’essences supposées positives ou négatives (la femme éternelle, la décentralisation, le complot de la finance, l’islam, etc.). []
Psychiatrie
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Étonnante condamnation de la psychiatre Danièle Canarelli

par Zohra Ramdane

 

Lire attentivement le jugement de condamnation du docteur Canarelli nous laisse bouche bée : un an de prison avec sursis parce qu’un de ses patients a commis un assassinat 20 jours après s’être échappé. Qu’est-ce qui justifie une telle sévérité ? Nous avons consulté de nombreux psychiatres, dont des chefs de service universitaire, et pour tous, il n’y a ni faute médicale, ni défaut de respect du processus administratif, puisqu’elle a fait le signalement dès qu’il s’est échappé. (Voir le communiqué de presse d’une intersyndicale de psychiatres.)
Le docteur Canarelli fait figure de bouc émissaire, car “il faut un coupable”. Le jugement s’appuie sur les dires d’un seul expert, sans contre-expertise, alors que nous sommes manifestement devant une différence d’appréciation, courante dans ce corps médical. Cette praticienne, qui n’a connu aucune autre affaire de ce genre, a fait appel et nous espérons qu’il y aura alors des contre-expertises. Si elle devait à nouveau être condamnée, cela conduirait les psychiatres, par précaution, s’ils ne le font pas déjà, à mettre en cage tous les sujets chez qui pourrait se manifester un soupçon de dangerosité, avec tout le flou de cette notion. Or un article du Guardian montre l’inanité de l’enfermement pour prévenir les meurtres accomplis par des malades mentaux.
En fait, à bien regarder les attendus du jugement, il n’est pas reproché à ce médecin d’avoir mal soigné son patient, mais de ne pas avoir protégé… l’ordre public ! Il n’est nullement question ici d’un quelconque défaut de soins qui aurait pu porter préjudice à la santé du patient, mais il est bien reproché à la psychiatre de n’avoir pas mis en œuvre les “moyens” nécessaires pour protéger la sécurité publique  ; ce jugement confirme, si besoin en était, que la loi du 5 juillet 2011 est bien une loi sécuritaire et non une loi sanitaire. Les médecins psychiatres sont ainsi transformés en acteurs “involontaires” - mais responsables - du contrôle social.
Pire, la justice indique même quel traitement la psychiatre aurait dû prescrire (injection de neuroleptique “retard”), là encore non pas pour le bien du patient, qui est bien oublié dans l’histoire, mais pour garantir la sécurité publique… comme si le fantasme sécuritaire du “risque zéro ” devenait réalité et que les psychiatres en étaient les garants !Ne manque-t-il pas plutôt une procédure de règlement collégial des cas où il y a différence d’appréciation entre psychiatres, qui puisse aller jusqu’à permettre le changement de praticien et d’éviter, dans un cas comme celui-ci,toute intervention de la justice pénale.
Qu’aurait dû faire la psychiatre ? faire rempart de son corps pour ne pas laisser le patient “s’échapper” ? le piquer de force (cela rappelle d’autres lieux et d’autres époques) ? Prendre le risque de recevoir des coups qui auraient ensuite appelé un discours larmoyant et condescendant sur les “risques du métier”… et une nouvelle stigmatisation de ces fous dangereux qui nous terrorisent ? Ou devait-elle, comme elle l’a nécessairement fait, laisser le patient partir, tout en signalant aux autorités la rupture du programme de soins désormais non respecté et en fournissant toutes les adresses, y compris dans les départements avoisinants, où ce patient pouvait se cacher ?
Comme nous pouvons le voir, cette triste affaire va bien plus bien loin qu’une simple question de responsabilité médicale, mais engage - ou poursuit - le débat sur la société sécuritaire et repose la question de savoir s’il ne faudrait pas mieux préciser les responsabilités : aux médecins la prévention et les soins, aux autorités préfectorales celle de l’ordre public.

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La psychiatrie publique risque-t-elle d’être condamnée ?

par Un Collectif

 

Communiqué commun du 21 décembre 2012 :

  • Intersyndicale de Défense de la Psychiatrie Publique (IDEPP)
  • Syndicat des Psychiatres d’Exercice Public (SPEP)
  • Syndicats des Psychiatres des Hôpitaux (SPH)
  • Union Syndicale de la Psychiatrie (USP)

Les Organisations signataires des Psychiatres Publics ont appris avec consternation la condamnation à un an de prison avec sursis du Docteur Canarelli, par le Tribunal de Grande Instance de Marseille.

Notre consœur qui, faut-il le rappeler n’a commis aucune faute professionnelle ni réglementaire, se trouve donc reconnue coupable « d’homicide involontaire » pour ne pas avoir, lors d’une consultation, retenu de force son patient, qui commettra 20 jours plus tard un meurtre alors qu’elle avait signalé sa fugue le jour même.

On lui reproche entre autre de ne pas avoir posé assez précisément le diagnostic de schizophrénie supposé l’amener à prescrire un traitement injectable par neuroleptique retard. D’un enchaînement causal complexe, incertain et sans recours à un collège d’experts comme il est d’usage en pareil cas, on tire des conclusions qui risquent de faire jurisprudence et de modifier les pratiques de soins psychiatriques.

La Psychiatrie devrait ainsi garantir le risque zéro au nom d’obligations de résultat sécuritaires, alors qu’en même temps elle est tenue de respecter de plus en plus scrupuleusement les libertés individuelles des patients : quel paradoxe ! La voici alors sommée de prédire et d’empêcher tout débordement individuel alors que sa mission première est de rétablir la santé mentale des patients.

La Psychiatrie, comme toute discipline médicale, ne peut sous peine d’effets pervers dramatiques vivre sous la menace de poursuites judiciaires pour ne pas avoir appliqué le principe du risque zéro. Les patients courent désormais le risque de se trouver d’avantage renfermés dans les Hôpitaux Psychiatriques pour éviter d’engager la responsabilité de leur praticien. On peut redouter un immense retour en arrière vers le « tout enfermement » et la réouverture des asiles d’aliénés que ne pouvons accepter !

Les organisation syndicales de psychiatres apportent leur total soutien à leur consœur, le Docteur Canarelli, et appelleront à un mouvement national pour soutenir l’appel qu’elle vient d’introduire de cette condamnation.

Dr A. MERCUEL, Président de l’IDEPP, Dr M. TRIANTAFYLLOU, Président du SPEP, Dr J.C. PENOCHET, Président du SPH, Dr O. LABOURET, Président de l’USP

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À propos de l’affaire de Marseille

par Dr Michel Odier
Psychiatre, Paris
odierbernard@wanadoo.fr

 

La récente condamnation1, pour responsabilité pénale indirecte, d’un psychiatre dont le malade avait commis un meurtre, pose une série de problèmes, et soulève plusieurs questions délicates.

1) C’est au titre d’une loi récente, votée en 2000, censée pourtant encadrer plus étroitement les possibilités de rechercher la « responsabilité pénale indirecte » de divers décideurs, que pour la première fois un psychiatre est condamné. Des médecins l’ont déjà été. L’examen de leurs six condamnations2 permet de faire plusieurs constatations. Celui qui décède est toujours le malade du médecin. La causalité entre les actes (ou absence d’actes) du médecin et le décès est soulignée par le délai, court (de quelques heures à quelques jours) entre l’acte (ou le non-acte) et le décès. Ce qui est reproché à ces médecins ne semble pas, selon les attendus des jugements, souffrir de querelles d’interprétation3 : ne donnent lieu à des condamnations que des négligences graves, des méconnaissances inexplicables, des désinvoltures.
À ce titre la condamnation récente d’un psychiatre déroge à ces trois constantes : ce n’est pas le malade lui-même qui décède mais sa victime, le délai qui sépare du décès la dernière rencontre du malade et de son médecin est de trois semaines, et la conscience professionnelle du médecin n’est pas en cause, et d’ailleurs n’a pas été mise en cause.

2) Pour le fils de la victime, qui s’explique longuement sur ce point en 20094 (cinq ans après les faits, deux ans après avoir déposé plainte), vu l’absence de condamnation de l’auteur du meurtre de son père (qui, après expertise psychiatrique, a été jugé irresponsable pénalement), d’autres responsables doivent être recherchés. Il y a chez lui une logique implacable : il y a forcément un responsable, si la justice estime que ce n’est pas l’un, c’est que c’est l’autre. Cette logique de substituabilité des responsabilités est bien connue, elle a été analysée par René Girard5 comme l’un des ingrédients du phénomène de « bouc émissaire ».
D’ailleurs, très logiquement, il a déposé plainte contre : 1) le préfet (qui avait accordé la sortie d’essai préludant au drame, et qui à la suite de l’échec de la tentative de réintégration menée par le médecin-psychiatre, n’avait pas veillé à ce que soient poursuivies en Hautes-Alpes les recherches entreprises dans les Bouches du Rhône), 2) contre l’établissement6 (au sein duquel la médecin a décidé de la réintégration du malade, réintégration qui n’a pas abouti), 3) le médecin-psychiatre qui suivait le malade depuis quatre ans (dont l’orientation générale du traitement aurait pêché par sous-estimation de la dangerosité) et le médecin qui à la demande du préfet avait examiné le malade pour éclairer la décision du préfet en ce qui concerne la demande de sorties d’essai formulée par le médecin-traitant , 4) et enfin contre les sœur, mère, et grand-mère (cette dernière étant la compagne de la victime) du futur meurtrier, par ce que proches de celui-ci pendant les jours qui ont précédé le meurtre, et qui n’auraient pas donné l’alerte.
On est bien sûr tenté de rapprocher cette incrimination multiple du discours d’Antony prononcé par Nicolas Sarkozy7 peu après le drame de Grenoble dans lequel celui-ci fustigeait pêle-mêle la légèreté des préfets et l’angélisme des psychiatres. D’autant que dans son interview, le fils de la victime préconise que le suivi des « schizophrènes dangereux » s’appuie entre autres sur les dispositifs individuels de géo-localisation, reprenant une mention du discours d’Antony. Une synergie peut être décrite entre revendications des familles de victimes, et discours sécuritaire.
Après instruction, une seule incrimination est retenue : celle du psychiatre traitant, qui sera condamné au terme du procès.
Le centrage de l’accusation sur un seul, et la condamnation de celui-ci sont typiques des processus de bouc émissaire, dans la mesure où dans cette logique la cohésion sociale se trouverait renforcée par le blanchiment de presque tous. Nombreux sont les commentateurs de ce jugement qui invoquent ce processus, le plus sévère d’entre eux évoquant les travers des « démocraties faibles »8 .

D’autres questions, plus délicates, sont soulevées à l’occasion de ce télescopage entre logique de soins et logiques juridiques et sociétales.

1) On peut s’étonner que la condamnation du médecin s’appuie essentiellement sur une (et une seule) expertise, celle d’un psychiatre se prononçant sur « les quatre années de prise en charge ». Manifestement, le psychiatre-expert n’a pas été convaincu de la justesse de l’orientation de la prise en charge qu’avait choisie le psychiatre traitant. On a même l’impression à la lecture ”le texte intégral du jugement (trente pages) est accessible entre autres sur le site du « Quotidien du médecin ».)) que selon cette expertise, le psychiatre traitant aurait commis des erreurs évidentes d’appréciation, d’autres moins évidentes (se serait laissé entraîner dans une « résonance » avec son malade), et n’aurait pas craint d’être en opposition quant à l’orientation générale du traitement avec plusieurs de ses collègues.
Il est évidemment scabreux de faire abstraction du drame irréversible survenu9 . Mais il est nécessaire de ne pas se laisser entraîner à penser que ce drame suffit à disqualifier quatre ans de traitements et de prise en charge. Comment ne pas succomber à la satisfaction facile d’avoir raison après-coup ? Comment résister aux joies de l’illusion rétroactive ? Est-ce qu’un acte aussi obscur qu’un meurtre accompli dans un état de démence pourrait à lui seul éclairer et rendre lisible les méandres d’une prise en charge qui selon les propos mêmes du psychiatre traitant était aux limites de ce que la psychiatrie peut faire ? Ou est-ce qu’au contraire l’effet d’un tel drame ne serait pas d’aveugler par son éclat toute lucidité ?

2) Il faut alors reconstituer avec la plus grande modestie le chapelet des faits, qui voit évidemment des dizaines de psychiatres se pencher sur le malade, depuis ceux qui en position d’experts témoignent successivement de la folie des actes agressifs de ce malade sans devoir obligatoirement se prononcer sur l’orientation de sa prise en charge, en passant par les psychiatres des Unités de Malades Difficiles qui à deux reprises ont pensé que le malade pouvait quitter leurs unités, sans oublier le médecin-inspecteur missionné par le préfet, les psychiatres qui ont rencontré le malade dans différents services d’urgence, et enfin le chef du service où était suivi le malade, qui connaissait bien sa collègue et son cadre de travail, et avait rencontré lui aussi le malade. Dans cet enchaînement d’interventions médicales et soignantes, mais aussi administratives10 , l’isolement de la responsabilité du psychiatre paraît arbitraire, sauf à supposer un isolement du psychiatre qui pose alors le problème de la coopération entre médecins dans les situations cliniques difficiles.

3) Doit-on penser que le seul espace de médiation possible entre psychiatres, le seul débat organisé possible où puissent s’affronter deux orientations générales de prise en charge aussi différentes que celle du psychiatre-expert et celle du psychiatre qu’il a fait condamner serait le prétoire ?
On s’inquiète de l’éclairage indirect que cette affaire porte sur la psychiatrie ordinaire d’hier et probablement d’aujourd’hui, avec, ses clivages, ses cloisonnements, ses silences, ses misères.
Ce qui a manqué probablement au malade dans son périple psychiatrique, c’est d’être l’objet du même affrontement théorico-pratique qu’à l’audience, mais un affrontement à froid, entre psychiatres également convaincus, engagés dans une dispute au sens intellectuel du terme, sans vainqueur ni vaincu, qui aide les différents protagonistes à se représenter les différents enjeux, aux différents niveaux, des choix effectués et des décisions à prendre, qui loin s’en faut n’ont pas tous reposé sur les épaules, toujours frêles à être celles d’un seul, de son psychiatre traitant. Qu’il ait tenté courageusement, malheureusement sans succès, de se mettre en travers d’une dérive risquant de mal se terminer, n’empêche pas que devant ces malades difficiles, la règle est que tout le monde, psychiatre ou pas, s’écarte prudemment. Le drame de ces malades est que, faisant peur, ils courent le risque de ne trouver devant eux, dans leur course à l’abîme, que le vide des démissions successives.
Mais plus généralement on peut redouter que la réforme du Code pénal, qui était censé limiter les possibilités de mettre en cause la responsabilité pénale des personnes physiques « qui n’ont pas commis directement de dommages », soit débordée11 par l’évolution des mœurs. L’affaire de Marseille serait alors un signe avant-coureur de la naissance d’une « responsabilité pénale du fait d’autrui » qui contribuerait à rendre encore plus impossible les métiers d’éducateurs spécialisés, de psychiatres, de juge d’application des peines12 , etc.

  1. Par jugement de la chambre correctionnelle du TGI de Marseille, le 12 décembre 2012 ; Castoldi, Sidaine, De Revel. « Psy condamnée : un dossier singulier » ; Figaro.fr ; 18/12/2012. []
  2. établissement qui a d’ailleurs été condamné au civil pour cette affaire. []
  3. selon les extraits d’attendus de jugement fournis. Cinq condamnations confirmées en appel, et une condamnation par la Cour d’appel. []
  4. Institut pour la Justice; Entretien avec Michel Trabuc ; déc 2009 ; 4 p. []
  5. René Girard, Le Bouc émissaire, Grasset, Paris, 1982. []
  6. qui s’y était déclaré favorable, mais en préconisant des limites étroites, et en formulant des préconisations concernant l’orientation générale de la prise en charge. []
  7. discours d’Antony le 2 décembre 2008. Nicolas Sarkozy a été ministre de l’intérieur de 2002 à 2004, puis de 2005 à 2007. []
  8. Michel Dubec ; « Le malade mental est la cible idéale d’une société craintive » ; Libération ; 30-12-2012 []
  9. le meurtrier a tué à la hachette le nouveau compagnon, âgé de 80 ans, de sa grand-mère. Il exprimait la crainte d’être dépossédé de son héritage par celle-ci. []
  10. le malade était en internement administratif (Hospitalisation d’Office à l’époque, équivalent du SPDRE actuel). []
  11. La notion juridique de « faute caractérisée » délègue à l’expert une large part de la possibilité d’appréciation des magistrats, et a une certaine élasticité. []
  12. Denis Salas ; « La folie criminelle à l’heure du risque », Le Monde ; 28-12-2012. []
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La psychiatrie en péril. Il faut supprimer la HAS et la loi HPST

par Thierry Najman
Psychiatre des hôpitaux, chef de pôle (Moisselles)

 

Entretien avec Thierry Najman, psychiatre des hôpitaux, chef de pôle (Hôpital psychiatrique de Moisselles), co-auteur de Malaise dans la famille (érès, 2006). Propos recueillis par Guy Benloulou
Revue LIEN SOCIAL n°1084 - 29 novembre 2012

 

Selon certains collectifs (collectif des 39, la Nuit sécuritaire, etc.) la psychiatrie aujourd’hui semble être en situation « de dépérissement ». Est-ce également votre analyse de la situation ?
Absolument. Deux lois votées durant le précédent quinquennat ont fait basculer la psychiatrie publique dans un autre registre. La loi Hôpital patient santé et territoire (HPST) de décembre 2009 a profondément modifié l’organisation interne des hôpitaux en entérinant le modèle de l’entreprise privée pour l’hôpital. Cette loi sous-entend que la santé est une marchandise comme une autre. Les hôpitaux sont désormais soumis à des contraintes semblables aux entreprises privées, en particulier en matière budgétaire, sans avoir par ailleurs les prérogatives du privé, puisqu’en même temps, les hôpitaux sont soumis à des directives fortes de l’Etat. En réalité, ce système n’a qu’un seul objectif de nature financière.
Plus récemment, a été votée la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement. Cette loi constitue une profonde régression. Sous couvert d’introduire l’intervention du juge des libertés et de la détention (JLD) pour protéger les patients d’une hospitalisation abusive, cette loi est à l’origine de nouveaux modes de soins sans consentement qui font, en réalité, le lit de beaucoup de dérives. Par exemple, il est désormais possible d’hospitaliser un patient sans son consentement, sur décision médicale, sans l’intervention d’un tiers, ce qui n’était pas possible avec la précédente loi de 1990.
La loi de 1990 n’était pas parfaite. Mais la nouvelle loi, dont le fondement sécuritaire crève les yeux, tire la psychiatrie vers une fonction d’auxiliaire de police. De plus, il n’est pas certain que l’intervention du JLD protège les patients de quoi que ce soit, car la grande majorité des juges n’ont reçu aucune formation clinique et doivent prendre une décision en quelques minutes dans un domaine qu’ils ne connaissent pas. À cela s’ajoutent beaucoup de difficultés issues d’un manque de moyens et d’un envahissement bureaucratique hallucinant qui empêche les professionnels de la psychiatrie de se consacrer à ce qui devrait être le cœur de leur métier, c’est-à-dire la clinique, le soin et la prévention de la souffrance psychique.
Bien entendu, cet envahissement administratif se fait au nom de la « qualité », érigée en nouvelle religion d’État. La démarche d’accréditation élaborée selon une logique totalement surréaliste, et par des gens qui ignorent visiblement tout du terrain, finit d’étouffer l’hôpital et aura peut- être raison de lui. De plus, les procédures qualité ont un coût humain et financier qui est totalement illogique dans le contexte d’aujourd’hui.

Ces dernières années la stigmatisation de certains malades mentaux (largement médiatisée) a autorisé certaines politiques de santé mentale à vouloir instrumentaliser la psychiatrie pour des visées sécuritaires. Quelles en sont aujourd’hui les conséquences ?
Les conséquences sont graves. Nicolas Sarkozy, avant de faire voter la loi du 5 juillet 2011, a voulu gagner des bulletins de vote en stimulant la peur. Il s’agit d’une stratégie politique connue. La peur des fous, comme la peur des étrangers, par exemple, permet à certaines personnalités publiques de proposer des solutions simplistes et illusoires, mais qui servent de refuge aux angoisses d’une population inquiète de l’avenir. Le précédent Président de la République a profité de faits divers pour cultiver l’amalgame entre dangerosité et folie, alors que plusieurs études montrent que les schizophrènes sont onze fois plus victimes d’agression que la population générale. Le racisme anti-fou est une réalité tangible à laquelle chaque société est confrontée. Le psychiatre Lucien Bonnafé, qui fut l’un des promoteurs du courant de psychothérapie institutionnelle, soulignait que le niveau éthique d’une civilisation se mesure aussi à la façon dont celle-ci traite ses fous. À chacun d’en tirer ses propres conclusions pour la période actuelle. Concrètement, dans les services de psychiatrie, avec cette nouvelle législation sécuritaire, de nombreux psychiatres passent plus de temps à rédiger des certificats de soins sous contrainte qu’à prendre soin des patients dont ils ont la charge.

Selon vous quelles seraient les principales mesures à prendre pour que la psychiatrie redevienne en France une médecine respectée au service des usagers ?
Une première mesure simple, et qui permettrait à tout le monde de se porter mieux – les patients, comme les soignants – serait la suppression pure et simple de la Haute autorité de santé (la HAS) dont la toxicité crève les yeux. Lorsqu’on connaît certains des avis rendus par cette haute instance de l’État, une décision de dissolution de la HAS s’impose. Je retiendrai les recommandations négatives, voire les interdictions de la HAS, concernant la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle dans la prise en charge de l’autisme infantile, ainsi que celle concernant cette méthode de soin humaniste que constitue le packing. Aucune méthode de soin ne peut se prévaloir du monopole de l’efficacité concernant cette pathologie grave de l’enfant. La prudence et la modestie devraient prévaloir face aux affirmations péremptoires. Tous ceux qui connaissent sérieusement ce domaine font la promotion de la pluridisciplinarité et de l’ouverture aux approches plurielles et multidimensionnelles. Il découle également de mon propos la nécessité d’abroger la loi HPST ainsi que celle du 5 juillet 2011.
Je réponds à votre question, tout en ayant conscience du caractère utopique de ma réponse. Réintroduire une dimension humaniste dans la psychiatrie devient une urgence. Deux notions qui ont permis un développement constructif de la psychiatrie, après le second conflit mondial, sont en voie de démantèlement complet. Il faudrait les restaurer. Il s’agit de la notion de service public, que l’Union européenne est en train de diluer, voire de dissoudre dans des concepts abscons néolibéraux, comme celui de service d’intérêt général. Il s’agit aussi du secteur psychiatrique qui disparaît de tous les textes actuels au profit de notions purement administratives comme celles de « territoire de santé ». La théorie du secteur psychiatrique véhicule bien autre chose, en particulier du côté de la clinique et du côté des objectifs de la psychiatrie en matière d’accompagnement des plus malades, et des plus démunis.

Politique française
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Trading haute fréquence : comment le gouvernement socialiste se f... de notre g...

par Bernard Teper
Co-animateur du Réseau Education Populaire.
Auteur avec Michel Zerbato de « Néolibéralisme et crise de la dette ».
Auteur avec Catherine Jousse et Christophe Prudhomme « Contre les prédateurs de la santé ».

http://wwww.reseaueducationpopulaire.info

 

Dans la présentation « bisounours » faite par les socialistes, les opérations bancaires spéculatives les plus « dangereuses » vont être interdites. Là encore, les bonnes âmes croient le gouvernement sur parole. Mais la réalité vraie, c’est que le projet de loi est en fait celui du lobby bancaire et financier.
Explication de texte. Nous apprenons, par le journal Le Monde, qu’il est possible et facile que les banques spéculatrices soient exonérées des taxes prévues sur le trading haute fréquence. En regard du nouvel article 235 ter ZD bis du code général des impôts prévu dans le projet de loi, et du décret d’application « pris très discrètement pendant l’été par le gouvernement Ayrault pour définir les opérations soumises à la taxe sur les transactions financières », une banque peut être exonérée des taxes si elle réalise une opération toutes les 0,51 secondes ou si 20 % des ordres passés dans une journée ne sont pas annulés ou modifiés ! Pire que cela, “sont en effet exclues de la taxe sur les transactions financières, toutes les “activités de tenue de marché”, dont la mission est de fournir une cotation continue, indépendamment de l’état du marché. Comprenez bien ! La quasi-totalité des activités haute fréquence sont enregistrées comme des activités de tenue de marché ! Et toutes les banques font les deux activités ! Si le projet de loi reste en l’état, c’est plus de 90 % du trading haute fréquence qui serait alors exonéré ! Elle n’est pas belle l’histoire ?

Protection sociale
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Les « petites lâchetés » et le « grand renoncement » de Marisol Touraine et du gouvernement

par Bernard Teper
Co-animateur du Réseau Education Populaire.
Auteur avec Michel Zerbato de « Néolibéralisme et crise de la dette ».
Auteur avec Catherine Jousse et Christophe Prudhomme « Contre les prédateurs de la santé ».

http://wwww.reseaueducationpopulaire.info

 

Après six mois de communication intense et d’appel à la concertation, le masque tombe. On a connu déjà la légalisation des dépassements d’honoraires par un projet pire que celui de Sarkozy-Bachelot (voir un précédent article), voici l’épisode de la convention 51.
Nous sommes en présence de la Convention collective nationale des établissements privés d’hospitalisation, de soins, de cure et de garde à but non lucratif du 31 octobre 1951 que le patronat (Fehap) a dénoncé. 250 000 salariés sont concernés. Suivant par là la voie si bien présenté par David Kessler1 le patronat, dans son action méthodique, décide d’attaquer la convention de 1951. La négociation s’engage. Le recul sur les droits est patent.
Les traîtres minoritaires signent (CFDT et CGC). La CGT, FO et la CFTC, majoritaires, exercent leur droit d’opposition  donc conduisant le patronat à soumettre son projet à l’agrément de la ministre.
Enfer et damnation : la ministre a annoncé, dans un message vidéo diffusé lors du 37e congrès de la Fehap organisé à Strasbourg, qu’elle donnerait l’agrément au projet patronal. Les syndicats CGT, FO et CFTC précisent dans un communiqué que la ministre fait preuve de « petites lâchetés et de grand renoncement » en promulguant cette « déclaration de guerre » contre les salariés du secteur. Pire, la ministre « justifie sa décision en s’appuyant sur la volonté de la fédération patronale de reprendre le dialogue social ». On croît rêver !

  1. ancien n°2 du Medef et intellectuel patenté de la lutte des classes coté patronat, à qui la revue Challenges demandait pour son édition du 4 octobre 2007 de préciser la liste des réformes qu’il jugeait nécessaire: « La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! » []
Combat féministe
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C'est mal parti pour le Haut conseil à l’égalité hommes-femmes !

par Monique Vézinet
Présidente UFAL Ile-de-France, Réseau Education Populaire

 

Se substituant à l’Observatoire de la parité, ce Haut conseil va voir le jour le 8 janvier. Il traitera de sujets tels que « la lutte contre les violences de genre, la place des femmes dans les médias, la diffusion de stéréotypes sexistes… » , pour analyser les législations actuelles et évaluer l’impact des politiques publiques, a indiqué Najat Vallaud-Belkacem.
Si la composition complète du Haut conseil n’est pas encore connue, on sait qu’il sera présidé par Danielle Bousquet, ancienne vice-présidente de la délégation de l’Assemblée nationale aux droits des femmes, et que Roselyne Bachelot fera partie de cette instance « totalement paritaire »… aux côtés de Frédéric Taddeï.
Non… Pas lui ! les protestations se multiplient chez les féministes car Frédéric Taddéï a consacré 22 minutes plutôt complaisantes à l’interview du proxénète « Dodo la saumure » dans l’émission « Ce soir ou jamais » de France3 le 11 décembre 2012, sans qu’à aucun moment, les téléspectateurs ne soient informés que l’invité a été condamné en Belgique le 21 juin 2012 pour proxénétisme et comparaissait le matin même devant la Cour d’appel de Mons. Etrangement la condamnation est aujourd’hui mentionnée sur le site de la chaîne http://www.france3.fr/emissions/ce-soir-ou-jamais …. mais pas la vidéo de cette partie de l’émission !

Brèves
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Combats féministes

par ReSPUBLICA

 

1/ Une avocate féministe emprisonnée résiste à la répression
Lauréate du prix Sakharov 2012 du Parlement européen, Nasrine Sotoudeh, avocate iranienne et militante infatigable des droits humains et de la liberté des femmes, également connue pour avoir défendu plusieurs prisonnier-e-s politiques, connaît elle-même la prison politique depuis le 4 septembre 2010. Elle purge actuellement une peine de 6 ans d’emprisonnement en raison de ses activités humanistes.
Lire le texte de Chala Chafiq

2/ Le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes distingue Malala Yousafzai
Ce prix, créé en 2008 à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de Simone de Beauvoir, a été décerné pour 2013 à la jeune militante pakistanaise pour le droit à l’éducation, « symbole de la lutte pour l’éducation des filles ».
Malala Yousafzai, 15 ans, a été victime d’un attentat ciblé du Mouvement des talibans du Pakistan le 9 octobre dernier. Touchée à la tête, elle est actuellement soignée en Grande-Bretagne.
Depuis 2009, elle signait un blog sur le site de la BBC qui lui avait permis de remporter le premier prix pakistanais pour la paix.

 3/ Un lire récent à lire : Bibia Pavard, Si je veux, quand je veux. Contraception et avortement dans la société française (1956-1979), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2012, 358 p., 19€
Lire le compte rendu http://www.laviedesidees.fr/Contraception-et-avortement-enjeux.html