Chronique d'Evariste
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Le lobby bancaire fait la loi face aux régulateurs : révision à la baisse de Bâle III

par Évariste
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Le comité de Bâle, régulateur mondial des banques, avait décidé en 2010 de règles prudentielles dites Bâle III, pour renforcer la résistance des banques en cas de nouveau krach. Il vient d’assouplir lesdites mesures.
Comme vous le savez, quand les banques prêtent de l’argent, elles n’ont pas cet argent, elles le créent, par inscription en compte. Pour sécuriser la création monétaire, elles doivent donc répondre à des règles concernant les ratios de leur bilan, notamment le ratio de fonds propres qu’elles doivent garder en réserve par rapport aux prêts consentis.
Dans le projet Bâle III de 2010, les actifs « très liquides » retenus pour le calcul du ratio étaient essentiellement composés des obligations gouvernementales et des fonds déposés auprès des banques centrales. Aujourd’hui, les régulateurs du comité de Bâle ont élargi la prise en compte des fonds pertinents à certaines actions, aux obligations d’entreprises notées au-delà de BBB- et à des titres adossés à des crédits hypothécaires résidentiels très bien notés.
Initialement, en 2010, l’hypothèse de crise à laquelle les banques devraient pouvoir résister pendant 30 jours, était que pendant ce temps, elles verraient les particuliers réduire leurs dépôts de 5%  et les entreprises clientes actionner 100 % de leurs lignes de crédit. Dans la nouvelle version, l’hypothèse est radoucie de 5 à 3% pour les particuliers et à 30 % pour les entreprises.
Selon les dispositions de 2010, la mise en conformité devait avoir lieu au plus tard le 1er janvier 2015. Aujourd’hui, elle est reportée à 2019 !
Tout cela a pour but d’éviter la recapitalisation à hauteur de 1 800 milliards d’euros supplémentaires en actifs “très liquides” qui aurait été nécessaire pour satisfaire le ratio. Avec ces nouvelles dispositions, le gouverneur de la Banque centrale d’Angleterre, Mervyn King, estime que la majeure partie des 200 plus importantes banques du monde satisfont d’ores et déjà à la norme.

C’est dans ce cadre-là que nous pouvons comprendre la propagande médiatique sur le discours sur la fin de la crise (l’euro est sauvé, etc.) pour faire passer dans l’opinion la décision d’adoucir les exigences du comité de Bâle.
Dans le même registre du tout pipeau, on peut consulter 1 .
Les débats ne sont pas terminés, notamment sur la dépendance des banques sur des emprunts à court terme. Mais ce que nous pouvons dire, c’est que le lobby bancaire dicte sa loi au Comité de Bâle comme il dicte sa loi aux États (voir dans Respublica l’article sur le trading haute fréquence) et qu’en conséquence tout va continuer de fonctionner comme avant la crise de 2007-2008. Rien ne freinera le prochain krach bancaire !

  1. On trouve aussi l’essentiel des arguments dans deux courts articles des ]
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L'accueil de la petite enfance : vrais besoins et vrais choix

par Zohra Ramdane

 

Dominique Bertinotti, ministre chargée de la famille déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, va présenter sa  politique familiale  dès le mois prochain. De grandes craintes sont justifiées par le fait que le gouvernement semble avoir définitivement opté pour la poursuite des politiques ordolibérales1 et donc des politiques d’austérité : augmentation du chômage, de la précarité, des inégalités sociales. Il est donc peu probable que les résultats de cette politique inversent la politique néolibérale précédente qui a vu, depuis 30 ans, la captation par le patronat de l’ensemble des gains de productivité. La conséquence en est une déformation du partage de la valeur ajoutée qui a entraîné une baisse importante de la part du salaire global (salaire direct + salaire socialisé) des travailleurs (environ 9,3 points de PIB soit plus de 180 milliards d’euros par an pour un PIB d’environ 2 000 milliards d’euros par an).
Bien évidemment, la politique du gouvernement ne permet pas de répondre aux besoins des citoyens, des salariés et de leurs familles. Malgré et surtout parce que la crise multidimensionnelle du capitalisme est là, nous devons jeter les pistes de l’alternative. Mais la présentation d’une alternative ne doit pas seulement s’arrêter à des mots-valises (“révolution”, “transformation sociale et politique”, etc.), mais les propositions doivent montrer que l’alternative ne peut se construire qu’avec aussi des propositions concrètes pour les “vrais gens”.2 ReSpublica a décidé d’étudier la situation dans les différents domaines de la “vraie vie” du point de vue des couches populaires (ouvriers, employés) et des couches moyennes intermédiaires selon la catégorisation de l’INSEE. Nous commençons par la politique de la petite enfance vu l’importance des besoins non satisfaits et parce que le développement de cette politique est central si on veut progresser dans l’égalité hommes-femmes.

La situation

Que nous apprend la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) dans les Dossiers Solidarité & santé d’août 2012 n° 31 ? Que l’offre de scolarisation des enfants de moins de trois ans a régressé de 6 % par an depuis 15 ans avec une perte totale de 149 000 places d’accueil. Le saviez-vous ?
Que nous apprend la même Drees dans Etudes et Résultats - n° 726 de mai 2010 ? Que le taux d’activité des mères des enfants de moins de 3 ans est de 70 % , c’est-à-dire nettement inférieur au taux d’activité des femmes en général. Alors que toutes les études montrent que cette baisse est contrainte par les circonstances notamment pour les femmes des couches populaires ouvrières et employées. Au lieu d’engager un plan massif de construction des établissements d’accueil des jeunes enfants (EAJE), c’est-à-dire de crèches collectives et familiales, qui est le mode d’accueil plébiscité par les parents, la prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE) créée en 2003 a eu pour effet concomitant un certain retour des femmes des couches populaires et des couches moyennes intermédiaires à la maison avec, en lieu et place des crèches collectives et familiales, des assistantes maternelles peu formées. La Drees montre d’ailleurs dans le document précité d’août 2012 qu’en 15 ans la croissance des places d’accueil chez les assistantes maternelles a été de 513.000 places pour seulement 89.000 places en EAJE.
Que nous montre la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF) dans son document L’accueil du jeune enfant en 2011 ? Que le total des places en EAJE (1/3 des places d’accueil proposées pour un reste à charge pour les parents faible) et chez les assistantes maternelles (avec un reste à charge pour les parents élevé) est inférieur à la moitié du nombre d’enfants de moins de 3 ans (49,9 %) ! Il y a donc loin de la coupe aux lèvres.

Pour un “vrai” libre choix pour les parents, sont nécessaires 300.000 places nouvelles en crèche + la restauration des 150.000 places en maternelle pour les 2-3 ans détruites par les politiques néolibérales

  • Nous proposons donc de recréer les 150.000 places de maternelle détruites ces dernières années avec dans chaque classe un effectif maximum de 15 élèves pour un maître et un agent territorial spécialisé des écoles maternelles (ATSEM) à temps plein.
  • Nous proposons aussi de créer 300.000 places d’EAJE (crèches collectives ou familiales), ce qui correspond à 45.000 personnes à former pour cela, en mettant fin aux faveurs accordées aux établissements privés à but lucratif par Nadine Morano.
  • Quand et comment aboutir à ces résultats ? Eh bien, grâce à la reformation du partage de la valeur ajoutée (voir plus haut). Cela pourrait se faire sur 4 ans (période correspondant pour la CNAF à une Convention d’objectifs et de gestion - COG - et pourquoi pas dès celle de 2013-2016 ?)
  • Nous proposons par ailleurs que ces 450.000 nouvelles places servent principalement, d’une part, à combler les inégalités territoriales toutes classes confondues et, d’autre part, à abonder les zones à forte concentration de couches populaires et de couches moyennes intermédiaires. Pour cela, nous proposons l’instauration d’une loi de type SRU (qui oblige dans le logement social à ce que 20 % des habitations dans une commune soient du logement social) comme prévu dans le scénario 5 du Haut conseil de la famille. Voilà qui est nécessaire pour aller vers un vrai service public de la petite enfance. De ce point de vue, la note OFCE n° 23/ 26 juillet 2012 Vers un service public de la petite enfance d’Hélène Périvier est un bon début pour aller encore plus loin !
  • Nous attendons également l’abrogation du décret Morano et donc le retour à 3 enfants accueillis par assistante maternelle et l’exclusion de la directive services pour le marché intérieur de l’Union européenne de tous les modes d’accueil de la petite enfance, comme l’ont fait de nombreux gouvernements européens moins “accros” que les gouvernements français au néolibéralisme.

Voilà qui devrait être la base d’un projet de la gauche de gauche. Mais vous avez raison, cher lecteur, chère lectrice, ce projet ne peut pas être celui d’une gauche social-libérale ! Vous voyez donc bien ce que vous devez faire !

  1. L’ordolibéralisme est une variante européenne du néolibéralisme en plus restrictif. []
  2. C’est ce que fait le ]
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Suite de la saga de la politique de santé et de protection sociale du gouvernement

par Bernard Teper
Co-animateur du Réseau Education Populaire.
Auteur avec Michel Zerbato de « Néolibéralisme et crise de la dette ».
Auteur avec Catherine Jousse et Christophe Prudhomme « Contre les prédateurs de la santé ».

http://wwww.reseaueducationpopulaire.info

 

On allait voir ce qu’on allait voir. Le début de l’action de la ministre Marisol Touraine avait de quoi nous faire espérer d’une part parce que la politique de celle qui l’a précédé, Roselyne Bachelot, fut terriblement régressive notamment (mais pas seulement) à cause de sa loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) et d’autre part parce que la communication médiatique de la nouvelle ministre promettait la lune. Premier bémol quand elle répond au Mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP) qu’elle comprend les critiques de la tarification à l’activité (T2A) mais que cette critique ne plaira pas à la technocratie !

Nous attendions de voir. Et nous sommes en train de voir au fur et à mesure que la saga progresse. Nous avions déjà dit dans un billet précédent de ReSpublica ce que nous pensions de la décision de la ministre d’avaliser la légalisation des dépassements d’honoraires en reprenant à son compte un « accord » passé entre le directeur général de la sécurité sociale, ancien directeur de la firme multinationale d’assurances à but lucratif pour ses actionnaires Axa et de trois syndicats de médecins libéraux.
Nous rappelons que cet accord légalise des dépassements d’honoraires de 150 % et finance sur le budget de la sécurité sociale les cotisations sociales de ces « dépasseurs » qui auraient signé l’avenant n° 8 de la convention médicale. Mais comme le gouvernement écoute toutes les jérémiades du patronat et du secteur libéral, les représentants de ce secteur libéral signent les avancées mais contestent immédiatement les conséquences de leur signature. Comme cela, ils espèrent obtenir plus. Comme dit l’adage populaire (avec un geste bien connu) « on leur donne un doigt, puis ils veulent le bras entier ».
Eh bien cela n’a pas traîné. Deux des trois syndicats de médecins libéraux signataires de l’avenant n° 8 à la convention médicale encadrant les dépassements d’honoraires, le SML (Syndicat des médecins libéraux) et la CSMF (Confédération syndicale des médecins de France), refusent que le fait d’aller au-delà des 150 % de dépassement puisse être sanctionné ! Donc, ils sont d’accord pour limiter le dépassement pourvu qu’ils puissent dépasser la limite du dépassement ! La CSMF a même dit qu’elle s’opposerait à la mise en place d’une « machine à sanctions » par l’assurance maladie. Elle menace de faire de l’obstruction lors de l’examen des dossiers des médecins contrôlés par les commissions paritaires régionales (CPR) afin de les renvoyer systématiquement à la commission paritaire nationale.
Voilà ce qu’il advient quand on oublie les règles démocratiques et sociales, à savoir que le système de santé et de sécurité sociale est fait pour les citoyens travailleurs et leurs familles et qu’il est nécessaire que ce soient les citoyens travailleurs qui décident au sein d’une démocratie sociale à construire à partir de leurs besoins de santé.
Autre couac, la ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, a fait présenter les orientations de la nouvelle campagne tarifaire des établissements de santé qui doit débuter le 1er mars prochain, par le directeur général de l’offre de soins (DGOS), Jean Debeaupuis. Lisez bien : il y aura  une baisse de 1,7 % à 2,3 % des tarifs de médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) pour les hôpitaux et les établissements de santé privés d’intérêt collectif (Espic) et une baisse de 0,3 % à 0,5 % pour les cliniques privées à but lucratif pour les actionnaires. A front renversé, le président de la Fédération hospitalière de France (qui regroupe les directions de tous les hôpitaux publics), Frédéric Valletoux, maire UMP de Fontainebleau, a déclaré : « Ceci est incompréhensible, sauf si un choix délibéré a été fait par le gouvernement en faveur du secteur commercial, au détriment du service public » et « une telle décision serait intolérable pour les hospitaliers publics » ! Puis il se déclare prêt à « appeler la communauté hospitalière à se mobiliser pour faire échec à ce que beaucoup pourraient considérer comme une véritable casse de l’hôpital public ».

Et cerise sur le gâteau, n’oubliez pas qu’en plus les cliniques privées à but lucratif pour leurs actionnaires (dividendes pris sur nos cotisations sociales !) toucheront un crédit d’impôt compétitivité emploi pour réduire leurs « charges » sociales dans le cadre des 20 milliards octroyés sans contrepartie du pacte de compétitivité.

Terminons par le sinistre accord minoritaire (les trois syndicats signataires CFDT, CGC, CFTC, représentant une minorité de salariés) sur l’emploi que le gouvernement s’est engagé à faire voter tel quel. Non pour revenir sur l’ensemble de l’accord puisque vous avez pu bénéficier de l’analyse de Gérard Filoche dans la dernière livraison de ReSpublica. Mais revenons sur une partie de cet « accord ». Il contient une généralisation de la couverture complémentaire santé des salariés d’ici 2017, avec l’ouverture de négociations de branche avant le 31 décembre 2013. Disons simplement que cela ne touche pas les non-salariés et donc ce n’est pas un plan de couverture généralisée. Mais il est prévu en cas de non-accord dans la branche et de non-accord dans l’entreprise, la couverture proposée au salarié est inférieure au panier de soins de la couverture médicale universelle complémentaire (CMU-C). Bien évidemment, le patronat négociera sur cette dernière base !
Constatons donc que le processus néolibéral est d’engager la baisse des prestations et des remboursements.

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PMA : pour sortir des pressions du cléricalisme et de la confusion des "grands prêtres"

par Zohra Ramdane

 

Comme nous l’avons déjà écrit, les débats sur la bioéthique, le mariage pour tous, l’adoption ou la recherche médicale sont l’axe central de l’offensive de l’ordre moral dont le quartier général est la direction de l’Eglise catholique. Non par nature, mais parce qu’elle est tenue de main de fer par l’Opus dei et ses alliés, c’est-à-dire par l’extrême droite catholique. La stratégie de la direction catholique, largement secouée par le mouvement planétaire de sécularisation, est de constituer sur ces sujets des bases d’appui politiques pour renforcer son alliance avec les forces néolibérales, alliance constitutive de la phase actuelle du capitalisme.
Dans ce cadre, et nous ne l’écrirons jamais assez, l’influence de l’extrême droite catholique est en passe de devenir hégémonique dans la droite, mais déstabilise aussi la gauche social-libérale, la gauche de la gauche et même la gauche de gauche en constitution. Cela est dû en grande partie au fait que toutes les forces de gauche en question ont négligé depuis longtemps le combat laïque et entretenu la confusion avec les locutions de propagande1 Des slogans largement administrés par la droite sarkozyste mais aussi par les dirigeants de la Ligue de l’enseignement ou de la Ligue des droits de l’homme et de leurs alliés.
Cela a eu pour conséquence que certains, allant jusqu’au bout de la révision théorique, ont troqué la lutte des classes contre une lutte des pauvres contre les riches, cette dernière position n’étant rien d’autre que la thèse de la doctrine sociale de l’Eglise pour que tout change sans rien changer des fondamentaux du capitalisme. Il va sans dire que, pour nous, le maître mot est la globalisation des combats sans que l’un des combats assure une prééminence surplombante sur les autres. Pour nous, la nécessité de lutter pour les ruptures culturelle, démocratique, laïque, sociale, écologique et économique est la base de notre ligne stratégique. Si nous insistons sur le combat laïque aujourd’hui, c’est simplement que l’actualité met en lumière les déficiences de la gauche en ce domaine.

Notre ligne stratégique étant rappelée, voyons où on en est dans le débat sociétal aujourd’hui. D’abord, il y a ceux qui veulent éviter ce débat sur le thème « Il y a plus important que cela, concentrons -nous sur l’important ». Ces personnes font une erreur d’analyse tant sur le fond (aspiration des citoyens, y compris des couches populaires, à l’émancipation et à la conscientisation) que sur la stratégie (l’alliance qui dirige la politique mondiale est une alliance entre les forces néolibérales et les forces communautaristes et intégristes).

Puis, il y a ceux qui disent « Oui au mariage pour tous y compris l’adoption, mais non à la PMA ». Ces personnes sont souvent mues par le refus de la confrontation et recherchent à tout moment le consensus. Nous appelons cette idéologie, extrémisme de l’extrême centre. Ils n’ont pas compris que dans une confrontation globale la succession des petits renoncements ouvre la voie aux grandes trahisons.

Mais il y a aussi ceux qui proposent une évolution à condition que ce soit la dernière. Comme si l’idée d’une dernière avancée avant un blocage conservateur pouvait exister dans un processus d’émancipation et de conscientisation ! La vie c’est, comme disent les Anglais, step by step (marche après marche).

Tout cela pour dire que nous soutenons la bataille du « mariage pour tous » et la mobilisation de la manifestation du 27 janvier sans aucune arrière-pensée. Mais qu’il faut agir dans la bataille du jour tout en préparant la suivante…

La procréation médicalement assistée (PMA)

Et justement, le professeur René Frydman, dans une tribune du Monde du 19 et dans une interview au Journal du dimanche du 20 janvier, demande un plan PMA et souhaite que François Hollande en fasse une grande cause nationale. Celui qui fut en tant que gynécologue-obstétricien le père du premier bébé-éprouvette français, et ancien membre du Comité consultatif national d’éthique, pose le débat.

Et c’est un débat qu’il faut ouvrir dans sa globalité, sans se contenter de faire du « juridico-juridique » asséchant qui ne permet pas le travail politique de l’éducation populaire. Comme s’il suffisait de la loi de 1975 permettant l’IVG et de la gratuité de l’acte pour les patientes pour que la situation soit bonne. C’est alors oublier que la fermeture des centres IVG empêche les femmes de bénéficier de cette loi.
René Frydman commence par montrer que la situation actuelle est dramatique. « Comment répondre à de nouvelles demandes sociétales - celles des couples d’homosexuelles par exemple - alors qu’on offre des solutions imparfaites aux demandes de PMA pour raisons médicales », déclare-t-il au JDD. Comme il l’avait dit en octobre 2012 , « les résultats [en France] ne sont pas à la hauteur de certains centres internationaux. Seule une femme sur cinq va accoucher après avoir bénéficié d’un prélèvement d’ovocytes en vue d’une PMA », écrit-il dans sa tribune du Monde. Or, la demande est en constante augmentation : 15 % des couples en âge de procréer consultent pour infertilité. Le nombre de PMA en France va atteindre 70 000 tentatives par an. Il met en avant le fait que « près de 8 000 femmes françaises qui peuvent se le permettre passent les frontières pour bénéficier d’un don d’ovocytes impossible à réaliser dans notre pays » et déplore que des familles transmettrices de maladies génétiques graves et incurables attendent près de deux ans en région parisienne pour avoir accès à la PMA pour diagnostic pré-implantatoire (DPI) afin d’éviter que leur enfant soit atteint. Beaucoup se découragent et tentent une grossesse spontanée. Et son estocade : « Est-ce de la bonne médecine que de limiter à quatre centres hospitaliers pour tout notre pays cette activité encadrée depuis 12 ans ? ».
Suivent de nombreuses propositions soumises au débat. Il déclare que la recherche fondamentale sur l’embryon doit être libre et encadrée et que donc tous les freins juridiques doivent être supprimés pour aboutir à une législation libre et éthiquement encadrée. Il souhaite que les hôpitaux français rejoignent sur ce domaine l’excellence des meilleurs centres internationaux. Il appelle à une politique de meilleure information aux femmes tant sur la PMA que sur leur connaissance de leur horloge biologique ovarienne, ainsi que sur les effets délétères du tabac, de la malnutrition et du stress ou encore sur la « péri-conceptologie ». La péri-conceptologie (la périnatalité à son tout début) sous tous ses aspects (information, prévention, excellence, recherche) permettrait à notre société « de s’adapter à son évolution et au développement de la recherche scientifique, dans un cadre éthique qui garderait comme principe fondamental la non-commercialisation du corps humain ». Il propose de dépister le statut de fertilité lié à l’âge à partir de 33 ans afin de prévenir les femmes pour qu’elles reconsidèrent leur projet de vie ou même qu’elles conservent leurs propres ovules si elles ne peuvent avoir un enfant avant 35 ans, en autorisant la congélation d’ovules de femmes jeunes, et pas seulement au motif d’un cancer ou d’un traitement potentiellement dangereux pour la fertilité.

L’accès aux origines

Par ailleurs, sur l’accès aux origines dans le cas où la société évoluerait vers l’ouverture de la PMA aux femmes célibataires et aux couples de femmes, le Pr Frydman pose la question : « Ne serait-il pas souhaitable que l’enfant puisse avoir accès à ses origines et que celles-ci ne lui soient pas gommées, puisqu’il n’aura pas d’autres référents masculins ? ». Il estime alors qu’il faudrait évaluer l’impact de ces mesures sur le délai d’attente, déjà de 12 mois, et sur le recrutement de nouveaux donneurs non anonymes.

Il existe une solution d’évaluation utilisée par la loi de 1975 autorisant l’IVG , qui n’avait été votée que pour 5 ans pour permettre son évaluation. Nous pourrions alors, sur ce sujet, demander pareillement que l’ouverture de la PMA ne soit autorisée que sur 5 ans, pour permettre l’évaluation de la loi. Reste le délai à partir duquel l’accès aux origines serait autorisé.
Puisqu’il faut lancer le débat, nous proposons que l’accès ne soit autorisé à l’enfant qu’à sa majorité. Cela aurait l’avantage de garantir l’anonymat pendant 18 ans. Ce fut la position de nombreuses organisations (dont l’Union des familles laïques) qui demandèrent au gouvernement Jospin une modification de la loi sur l’accouchement sous X. A l’époque, ces organisations proposaient que le dossier de l’accouchée sous X soit conservé (ce qui fut réalisé avec la création du CNAOP), que l’État assure un suivi de l’accouchée sous X sur le plan social et psychologique (ce qui ne fut pas voté) et la levée de l’anonymat à la majorité de l’enfant (non votée). Nous reprenons cette idée de maintenir l’anonymat durant la minorité de l’enfant, ce qui devrait rassurer les accouchées sous X et les donneurs de sperme.
Pour information, voici des données peu reprises par les médias. Depuis 2002, 4 916 demandes d’accès aux origines ont été enregistrées par le CNAOP. 4 274 ont été traitées :

  • 33 % ont abouti à la communication de l’identité de la mère de naissance (12 % avec le consentement de la mère, 11 % car elle était décédée, 10 % parce qu’il n’y avait en fait pas de secret),
  • 45 % des dossiers n’ont pu donner lieu à la communication de l’identité de la mère (impossibilité de l’identifier ou de la localiser),
  • 14 % ont rencontré un refus de communication de l’identité.

Nous espérons par cet article permettre à nos lecteurs d’engager le débat dans de bonnes conditions en dehors des anathèmes des grands prêtres sécularisés qu’on peut trouver dans toutes les organisations politiques, syndicales et associatives et qui empoisonnent le débat par des formules dégradantes et à la limite injurieuses pour ceux qui souhaitent un débat ouvert.

  1. laïcité « ouverte », « plurielle », « laïcité 2000 », laïcité « positive » et récemment « de reconnaissance ». []
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Les savants-penseurs grecs avant Socrate - 1/ Les Milésiens et Pythagore

par André Douvier

 

NDLR - Avec ce premier texte d’un enseignant qui présente un cycle sur les penseurs grecs précurseurs de la science dans le cadre d’une université populaire en Sud-Charente, ReSpublica entame une rubrique de culture générale que nous souhaitons ouvrir par la suite à d’autres œuvres de grands auteurs.

Aux VIe et Ve siècles avant Jésus-Christ, ces penseurs ont fondé la science et la philosophie et leur ont donné leurs premiers développements ; à cette époque les deux étant encore identiques, c’est Socrate qui créera le premier la séparation entre elles . Ils refusèrent d’expliquer le monde par des mythes, des narrations dans lesquelles les dieux étaient la cause et la dynamique des faits naturels et des phénomènes : Zeus pour la foudre et le tonnerre, Poséidon pour la mer et les tremblements de terre, Apollon pour le soleil et sa lumière faisant vivre plantes et animaux, Déméter, déesse de la fertilité, mère nourricière présidant à la germination des céréales, etc…

Ces penseurs grecs, la plupart d’origine ionienne, veulent expliquer et expliquent les phénomènes naturels comme quelque chose qui naît, se forme, se développe et disparaît pour renaître et se reformer dans un nouveau cycle d’existence naturelle du tout.

Ils sont à la recherche, par l’observation de la nature et par l’analyse de ses phénomènes, de deux choses :

  • a - d’un ou plusieurs « principe(s) » qui fonderai(en)t les choses et les êtres non seulement matériellement, en tout cas naturellement mais aussi les expliquerai(en)t par là-même, véritablement, réellement. (Ce principe était le précurseur de ce qu’on appellera plus tard, en physique, une loi générale.)
  • b - ce ou ces principe(s) devrai(en)t aussi être l’origine et le moteur (de la continuité) de tout mouvement dans l’univers, y compris du mouvement de l’univers lui-même.

On peut ainsi dire d’eux, en considérant leurs efforts et leurs travaux – bien que peu de documents originels d’eux nous soient restés -, qu’ils sont les créateurs de la rationalité philosophique et scientifique !

Corrections, améliorations et synthèse
Si ces penseurs, chercheurs, pionniers nous présentent parfois des idées ou concepts ou explications qui nous paraissent naïves et le sont en partie, ils font démarrer la science, en son âge héroïque, car de Thalès à Pythagore on peut déceler qu’en trois ou quatre générations, ils n’ont cessé, reprenant à chaque fois leur prédécesseur, de voir ses manques, ses défauts, ses inexactitudes et d’en améliorer la production explicative, c’est-à-dire la théorie du tout (l’univers en sa totalité) soit en changeant de principe originel : l’eau de Thalès, pour l’infini d’Anaximandre, pour l’air infini d’Anaximène, pour le couple infini/fini de Pythagore/Philolaos; soit ils améliorent une partie de la précédente explication par exemple en changeant la place de la Terre au centre pour une place en orbite, réduisant le rôle de la Terre à une planète comme ses sœurs, etc.
Bien qu’ils n’aient pratiquement pas d’instruments d’observation, ils persistent pourtant dans l’observation et découvrent souvent quelque chose de nouveau, (s’ils ne l’inventent pas de toutes pièces ! On est parfois à la limite de la magie (alchimie) et de la science) qui fera changer la vue d’ensemble .
C’est déjà la méthode scientifique au travail . Si nous considérons que le principe qu’ils ont choisi au départ, dans leur vision des choses, peut-être comparé à une hypothèse au sens moderne, ils vont le rejeter pour l’échanger contre un autre: l’air contre l’eau par exemple, ou pour le transformer, l’infini trop abstrait contre l’air infini, plus physique, plus concret, etc.

Thalès de Milet 625- 547 avant J-C. « L’eau est le principe »

1 - Il pense que l’eau est le principe de toutes choses et de tous les êtres vivants et aussi du mouvement et que par et dans ses transformations, l’eau forme un cycle fini qui se referme pour s’ouvrir sur lui-même et se recommencer et ceci sans fin, éternellement.

2- Ayant appris et repris des connaissances des Babyloniens et des Égyptiens, il a prévu l’éclipse de soleil de 585 avant J.C. en Asie-Mineure. On peut le considérer comme le fondateur de la géométrie et de l’astronomie scientifiques car pas d’astronomie réelle, rationnelle, scientifique sans développement de la géométrie, science de l’espace !

Pour le dire encore plus clairement : c’est en voulant résoudre des problèmes de position et de distance et de mesure de corps planétaires et sidéraux dans l’espace que Thalès a construit et développé la géométrie et non le contraire, en partant d’une pure construction abstraite !
A la génération suivante c’est grâce et à partir du matériau géométrique suffisamment accumulé dû aux observations astronomiques journalières de Thalès ( par exemple pointage quotidien de la position du soleil dans son déplacement quotidien, du matin au soir, et tout le long de l’année sans interruption !) que Pythagore a pu alors commencer à développer une géométrie purement abstraite ainsi qu’une arithmétique abstraite ou science des nombres. L’esprit humain se sentit alors capable de construire les mathématiques à partir de sa capacité (faculté) d’ analyse et d’abstraction ! Cette création de la géométrie et des mathématiques est donc due à un processus social et historique .
Thalès par sa recherche astronomique empirique et les constructions géométriques qu’il en déduisit, posa les bases nécessaires et suffisantes pour que la construction, la production abstraite mathématique puisse se développer .

3- En étudiant avec précision chaque jour la projection et le déplacement de l’ombre d’un bâton planté verticalement (gnomon) sur un sol parfaitement horizontal, il a su déterminer non seulement le jour le plus long et le plus court dans l’année, solstices d’été, 21 juin et d’hiver, 21 décembre, le soleil étant à midi au plus haut dans le ciel et au plus bas en hiver) mais aussi les équinoxes, moment de l’année solaire où le jour égale la nuit en durée (20 ou 21 mars et 20 ou 21 septembre).

Mais il a même découvert que chaque année ces moments remarquables ne coïncidaient pas exactement et qu’il y avait donc une variation dans la durée qui réclamait de plus amples explications.

4 – Il a mesuré sans l’escalader, la hauteur de la grande pyramide de Képhren, en appliquant tout simplement son théorème des triangles semblables (Diogène Laërce, Vies I,27 et Pline, Histoire naturelle ,36, 82) et par la même application, la distance à la côte d’un bateau en mer.

5- En cosmologie ou formation du monde et des astres :

  • a- les astres ne sont plus des dieux mais de la terre enflammée, ce feu très intense provenant d’une forte évaporation de l’eau;
  • b – la Terre flotte sur la section circulaire et plane d’une demi sphère céleste orientée vers le haut; cela expliquerait les tremblements de terre…!

Anaximandre (de Milet) 610-545 avant J.C. « L’infini »

Disciple de Thalès, ce citoyen de Milet comme lui, dans son livre « De la nature » (physis en grec) formule la première hypothèse de l’infini ou illimité et son corollaire : « les univers s’allument et s’éteignent successivement dans un cycle éternel de naissance et de fin, se reproduisant à l’infini.» ; le nôtre n’étant probablement selon lui qu’un des univers du cycle éternel.

1- Inventeur du géocentrisme, croyant fermement à la géométrie-monde et à la stabilité de son principe d’égalité, c’est Anaximandre qui pour deux millénaires a placé la Terre au centre du tout, la considérant ainsi équilibrée de toutes parts comme l’est le centre du cercle en rapport à tous les points de sa circonférence…

2- Il a construit une nouvelle forme - améliorée de celle des Égyptien s- de cadran solaire à partir des travaux d’astronomie de Thalès.

3- Astronomie : Il a le premier construit la sphère de l’univers avec son pôle nord céleste (étoile polaire). Cette sphère tourne sur elle-même, c’est-à-dire rotationne sur son axe incliné d’un angle de 23°, 24’ par rapport à la verticale du lieu de l’observateur.
Il aurait déterminé le plan équatorial de cette sphère céleste ainsi que son plan écliptique (plan dans lequel apparaissent les éclipses de soleil et de lune) par la ligne joignant les points des 2 solstices et par la ligne des équinoxes où se coupent ces deux plans.

4- Sa cosmologie : L’univers est d’abord un embrasement, qui par cette très forte chaleur rotationne sur lui-même tandis qu’il se ferme par une enveloppe de chaleur. Dans ce mouvement d’une vigueur extrême se séparent les éléments froids et lourds d’une part et les éléments très chauds, d’autre part : les uns tombent au centre de cette boule-sphère - ce sera la Terre-, les autres s’agglutinant à la périphérie (sur le bord de la boule en fusion) forment une écorce de chaleur intense qui en se refroidissant va former des zones circulaires (sur le pourtour de la sphère en mouvement) alternant entre chaud et froid : ce qui conduit à leur déchirure et forme des anneaux circulaires, origines des orbites où révolutionnent soleil, lune et planètes. (On peut sourire de nos jours de la naïveté du modèle explicatif mais il a le mérite de fonctionner uniquement avec des causes matérielles, thermiques et mécaniques sans faire intervenir des divinités.)

5- Un transformiste avant Lamarck et Darwin ?
Anaximandre pense que l’homme comme tous les autres vivants sur terre sont d’abord nés dans l’eau de la mer sous formes d’oursins, puis de poissons et enfin du ventre, du sein de ceux-ci sont sortis les autres animaux qui sont allés sur terre et enfin ont formé les humains..!

Anaximène (de Milet) 590-525 avant J.C. « L’air illimité »

1- Sa cosmologie ou formation de l’univers :
Disciple d’Anaximandre, il essaie de donner une explication fondamentale à partir d’un élément simple, l’air illimité ou infini et d’un principe, le mouvement de cet air : seules l’évaporation ou la dilatation d’un côté (vers le haut) et b- la condensation ou compression de cet air, de l’autre (vers le bas), causent et créent tous les êtres, toutes les choses et tous les phénomènes observables de l’univers.

  • a- Ainsi l’air en se réchauffant fortement, (tel un gaz élémentaire ?) tourbillonne et donne les astres : soleil, lune et planètes, disques qui tournent à grande vitesse.
  • b- En se refroidissant cet air donne vents, nuée ( pluie), eau et par condensation encore plus forte c.a.d. compression, il se transforme en neige, grêle et glace.

2 -En astronomie :

  • a- La Terre est plate et donc flotte sur l’air illimité qui la soutient et qui s’enfonçant à l’infini ne manquera jamais de lui-même pour la soutenir (ce concept de l’infini est plus profond que naïf si on y réfléchit bien et Galilée ne le reprendra-t-il pas pour expliquer le(s) corps au repos comme « le degré de lenteur infinie du mouvement.» ?).
  • b- L’axe céleste incliné de 23°24’ est encore expliqué par l’air : c’est un tassement de l’air de ce côté qui en est la raison (Ici on ne peut que sourire de l’insuffisance de l’hypothèse de l’air voulant tout expliquer !). Les autres astres sont aussi plats car aplatis sous la poussée de l’air..! Ce serait la même poussée très forte de l’air qui imprimerait aux astres leur révolution..!

3- En météorologie : il ne fait que reprendre les explications d’Anaximandre en y précisant le rôle de dilatation de l’air autour de la foudre en cas de tonnerre; l’air est entré dans les nuages par la force du vent et quand il veut en sortir, sous sa pression, il déchire les nuages qui alors zèbrent le ciel par l’éclair…(On voit ici que la difficulté de l’explication du phénomène fait appel à une projection anthropomorphique : « il (l’air) veut sortir » !)

Pythagore 585-500 avant J.C. - « Les nombres sont les racines des choses »

D’origine ionienne, né à Samos, Pythagore a probablement connu les thèses et ‘hypothèses’ des trois Milésiens, ses prédécesseurs, puisque, avant d’émigrer en Italie du Sud dite ‘La Grande Grèce’, étant Samien, il vivait à 60 km par mer, de Milet et parlait exactement la même langue grecque : le ionien.
Grand voyageur, il a rapporté d’Égypte et de Babylone (Empire Perse d’alors) des connaissances en mathématiques et astronomie.

1 – Inventeur de l’arithmétique, il lie les nombres à une représentation spatiale (figures formées par des points et dont chaque point représente un nombre);

2 - Avec ses disciples directs il développe rigoureusement la théorie des nombres entiers étroitement liés à l’espace créant ainsi la genèse de la géométrie plane et même en 3 dimensions (production, 3 générations plus tard, des 5 solides réguliers) .

3 - Découverte des nombres irrationnels tels racine de 2 ; de 3; de 5; de 7; de 11; de 13 etc… et méthode d’extraction de ces racines; avec cette découverte l’infini apparaît sous la forme de la divisibilité. (Voir plus loin en 6).

4 - Il établit ou redécouvre son fameux théorème du triangle rectangle a² + b² = c² (hypoténuse)

5 – Il développe la théorie des proportions, arithmétique, géométrique, harmonique (empruntée pour une part aux Mésopotamiens), la théorie musicale( sur laquelle notre musique occidentale est fondée) et l’harmonie des sphères célestes qui inspirera en astronomie le système (géocentrique) de Ptolémée, six siècles plus tard.

6 – En cosmologie et astronomie :
Ce n’est pas Pythagore mais c’est surtout Philolaos, un disciple de la 2e génération, fin du Ve siècle, qui semble avoir produit une théorie conséquente :
Reprenant en partie l’infini (ou illimité ) d’Anaximandre, il le combine avec le fini ou le limité/ limitant, pour constituer l’univers en sa totalité comme dans l’arithmétique où le pair est illimité (infini), et l’impair limité (fini): car on peut toujours diviser une ligne formée par 2 points en parties égales, tandis qu’une ligne formée par 3 ou 5 points(nombre impair ne pourra l’être !)
L’univers est composé de ces opposés ou contraires : les Pythagoriciens ont établi une table des 10 principes contraires (couples) – dont, limité et illimité, un et multiple, impair et pair, droite et gauche, courbe et droit, carré et oblong (rectangulaire, c’est à dire égal et inégal), en repos et en mouvement, lumineux et obscur, bien et mal, mâle et femelle.

7- En astronomie : Cet univers ainsi composé se départage en deux zones : celle de la sphère céleste tournant infiniment et éternellement sur elle-même, comme les astres aux mouvements parfaits car circulaires tandis que en-dessous de la lune et sur Terre les choses sont limitées et limitantes (on dirait en langage moderne ‘déterminées et déterminantes’) et périssables, soumises perpétuellement au changement … Mais le premier, Philolaos, bouscule le géocentrisme d’Anaximandre et met à sa place un feu central tandis que la Terre rejoint déjà le jeu orbital des autres planètes autour de celui-ci !
Mais la Terre est couplée d’une anti-Terre qu’on ne voit jamais, comme la face cachée de la lune, parce qu’elle tourne en orbite à l’exacte opposé du feu central par rapport à la Terre ! Le soleil gravite lui aussi, en orbite après la Lune.

Critique : Sa rationalité mathématique côtoie des croyances religieuses, notamment l’immortalité de l’âme et ses migrations (métempsychose), curieusement parallèles à celles des Hindous. Ainsi sa rationalité vire au mysticisme et au sacré et son arithmétique vire à l’arithmologie avec toutes les dérives attribuées aux nombres (mages, Nostradamus etc.) que l’on connaît depuis, à travers l’histoire !

Héritage et succession : Les découvertes qui sont attribuées à Pythagore reviennent aussi aux 11 générations suivantes de Pythagoriciens dont les 3 ou 4 premières ont été très fécondes en tous les domaines décrits, maths (Hippocrate de Chios); astronomie, théorie musicale (Philolaos); architecture, mécanique, stratégie (Archytas de Tarente) y compris en médecine (Alcméon de Crotone) où seuls les Pythagoriciens au Ve siècle savaient déjà que l’intelligence siégeait dans le cerveau et non le cœur ! ce qui était probablement dû à des dissections d’animaux et de cadavres humains.

A suivre : Héraclite - L’école d’Elée : Parménide et Zénon…

Agenda

jeudi 24 - jeudi 24 janvier 2013
Meeting contre les licenciements et pour la convergence des luttes

UN MEETING POUR LA CONVERGENCE DES LUTTES ET LE SOUTIEN DES ÉTUDIANT-E-S  AUX SALARIÉ-E-S QUI RÉSISTENT

Télécharger le flyer

Jeudi 24 janvier 2013 à 19h
à Sciences Po, Amphi Boutmy
27, rue Saint-Guillaume
M° Rue du Bac (12) ou Saint-Germain-des-Prés (4)

vendredi 1 - vendredi 1 février 2013
Colloque métropolisation : les nouveaux enjeux, le cas de la métropole francilienne

Télécharger le tract de présentation

Où?
Paris : Péniche Petit bain (face à la BNF)

Quand ?
1er février 2013

Organisé par qui?
Le Front de gauche thématique Ville - Habitat - Solidarités territoriales

Avec Qui?
Ont d’ores et déjà confirmé leur participation : Clémentine Autain, Patrick Braouezec, Ian Brossat, Eric Coquerel, Christian Devillers, Ludovic Halbert, Pierre Laurent, Alain Lipietz, Pierre Mansat, gabriel Massou, Emmanuel Maurel, Gus Massiah, Agnes Deboulet, Pierre Veltz, Marc Wiel, …

PAF: 10€
Possibilité de déjeuner sur place

Préinsciption (Nombre de place limité) : ftvillehabitat@frontdegauche.fr