Chronique d'Evariste
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Pour sortir du carcan de l'Union européenne et de la zone euro

par Évariste
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Une seule solution : transformer les gauches de la gauche en gauche de gauche !
Repartons d’un texte critique précédent intitulé « L’euro: les 6 positions en présence »,  où nous décrivions la position néolibérale commune à la droite néolibérale décomplexée et à la gauche néolibérale complexée.
Nous résumions d’abord la position souverainiste des extrêmes droites qui ne sont, comme dans les années 30, que la dernière solution offerte au grand patronat et aux néolibéraux lorsque qu’ils n’auront pas d’autre choix, après en avoir arraché des lambeaux, que de supprimer totalement l’application des principes sociaux républicains.
Ajoutons aujourd’hui que ces deux positions (néolibérale « de base » et droitisation extrême si les politiques des 30 dernières années ne suffisent pas à contenir les peuples) sont en fait les positions du bloc des gardiens du capitalisme.

Nous avions isolé par ailleurs les tenants de 4 positions contradictoires existant à l’intérieur des gauches de la gauche, mais que leurs divisions rendent incapables de s’opposer sérieusement au bloc des gardiens du capitalisme :

  1. Nous avions critiqué la position dite de « l’Union européenne sociale » illustrée par les directions d’Attac et du PC et largement présente dans les élites de nombreuses organisations politiques, syndicales, associatives et mutualistes. Elle consiste à faire croire qu’il est possible de faire surgir un modèle alternatif de l’intérieur de l’actuelle Union européenne et de l’intérieur de la zone euro par la seule mobilisation de plus en plus forte, des peuples. Cette position s’oppose donc à toute sortie de l’euro et de l’Union européenne. Répétons que pour nous cette position est une prison, une impasse : l’Union européenne et la zone euro ne sont plus réformables ; de plus, jamais en 2500 ans d’histoire le mouvement d’en bas seul n’a permis une alternative. Seule l’articulation du mouvement d’en bas avec le mouvement d’en haut a produit les ruptures nécessaires. Par ailleurs, cette position n’existant pratiquement plus dans la classe populaire ouvrière et employée (53 % de la population), cela conduit ses adeptes à ne développer leurs positions qu’en direction des couches moyennes intermédiaires salariés (24 % de la population) et des couches moyennes supérieures salariés radicalisées (peut-être 3% au maximum des 15% de ces couches sociales-là).
  2. Nous avions stigmatisé aussi les « conseillers des princes » de type Jacques Sapir, adeptes de la seule transformation par le haut, ceux qui prônent la sortie à froid de la zone euro comme une prééminence surplombante de nature à régler tous les problèmes.
    Or cette proposition progresse dans toutes les organisations au fur et à mesure que la précédente recule. Les plus hardis vont jusqu’à donner un pourcentage avec décimale précise de la dévaluation qui sera nécessaire au lendemain de la sortie de l’euro. Là encore, les tenants de cette solution ne précisent en rien comment ils pensent l’articuler avec le mouvement d’en bas sommé de faire confiance à cette recette miracle. Ni à la façon de l’articuler avec les autres combats, avec quel internationalisme, avec quelle stratégie, pour quel modèle politique, etc.
  3. Nous avions distingué ceux qui, partant de l’une des deux positions précédentes, y apportaient une sophistication supplémentaire en rajoutant d’autres ingrédients comme l’internationalisme (Frédéric Lordon) ou la désobéissance européenne matinée de protectionnisme solidaire (Aurélien Bernier) ou encore la désobéissance européenne matinée de rupture sociale (Guillaume Etievant qui va jusqu’à dire « S’il faut faire le choix entre mener une autre politique sociale ou alors rester dans l’euro et du coup être obligé de mener une politique néolibérale, si les traités restent ce qu’ils sont, nous préférons sortir de l’euro pour mener une politique sociale »). Mais là encore, nous jugions ces points de vue insuffisants pour faire bifurquer l’histoire.
  4. Enfin nous avions évoqué une position plus difficile que les précédentes mais qui, à nos yeux, serait la seule permettant de s’opposer sérieusement au bloc des gardiens du capitalisme. C’est celle de la sortie internationaliste à chaud de l’Union européenne et de la zone euro qui tiendrait compte des lois tendancielles du capitalisme, de la détermination en dernière instance de l’économie, dont on ne peut pas s’extraire par l’idéalisme philosophique des amis de Yaqua et de Faucon : c’est celle de la globalisation des combats contre toute prééminence surplombante ; c’est celle de la construction d’un modèle politique alternatif de type République sociale ; c’est celle de la constitution d’un bloc historique centré sur la classe populaire ouvrière et employée sans lequel toute alternative est impossible (n’oublions jamais que le vote Front de gauche est le 5e choix de la classe populaire ouvrière et employée, ne pas en tenir compte met hors sol…) ; c’est celle de la prise en compte du phénomène de gentrification ; c’est celle de la centralité gramscienne de la bataille pour l’hégémonie culturelle…

La stratégie qui en découle pour rompre avec les vieilles méthodes qui ne marchent plus est celle d’un nouveau militantisme de proximité basé sur l’éducation populaire (voir la précédente chronique d’Évariste).
Sinon, l’implosion de la zone euro pourrait se faire à chaud et on peut craindre que beaucoup ne soient pas préparés à cette hypothèse, dans des conditions nouvelles difficiles non prévues. Prendre tout cela à bras le corps, c’est passer des gauches de la gauche à une gauche de gauche.
Oui, pour nous, la centralité de la lutte des classes pour un nouveau modèle politique que nous appelons la République sociale est le point nodal indispensable au succès des luttes culturelles, écologiques, sociales et politiques. Elle exige que nous soyons avec la classe populaire ouvrière et employée et pas à côté d’elle.

Vive la République sociale !

Combat laïque
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L’affaire de l’école privée Gerson : quels enjeux ?

par Pierre Hayat

 

Tout a officiellement commencé le 14 avril lorsque des élèves et des parents de l’établissement scolaire catholique Gerson, situé dans le 16e arrondissement de Paris non loin de la Tour Eiffel, ont dénoncé sur l’antenne d’Europe 1 les dérives sectaires de leur établissement. Sont  alors révélées les interventions d’Alliance Vita, association anti-avortement liée à la « Manif pour tous » contre le droit au mariage homosexuel. Les élèves racontent notamment comment les cours de catéchèse sont l’occasion pour Alliance Vita de déclarer qu’une fille prenant la pilule du lendemain serait une «semi meurtrière » tandis que celle qui avorte commettrait « un homicide volontaire ». Parents et élèves font état du traumatisme de plusieurs élèves ayant subi la violence moralisatrice de ces prétendus éducateurs.
De son côté, la Direction du Diocèse a admis que des propos « mal adaptés » ayant « choqué » ont été tenus lors de cours de catéchèse.

Aussi effarantes soient-elles, ces révélations ne sont que la partie visible d’une offensive intégriste cohérente dans ce gros établissement scolaire sous contrat avec l’État qui comporte une école maternelle et primaire, un collège et un lycée. Dans la foulée de ces premières déclarations, des membres du personnel, soutenus par la CFDT de l’enseignement privé, ont révélé l’implantation récente de l’Opus Dei parmi les enseignants et même au sein des responsables de Gerson. Ils  décrivent l’atmosphère d’intimidation qui s’en est suivie. « Il y a une ambiance de flics, a témoigné un enseignant à l’AFP. On est surveillés dans la salle des profs, pendant les intercours et ceux qui remettent en question ce qui se passe sont des ‘rouges’ ».
Et, comme tout se tient, on découvre aussi le projet d’ensemble, aux frais du contribuable, de la nouvelle direction de l’établissement: faire évoluer Gerson, ordinairement moins homogène que les autres lycées privés du 16e arrondissement de Paris, dans un sens intégriste. On ne veut plus « ni d’enfants issus de familles recomposées, ni de parents séparés ou de familles monoparentales, ni de Juifs », a expliqué la FEP-CFDT à l’AFP. Et il serait désormais réclamé aux familles des certificats de baptême afin de sélectionner selon des critères religieux, commodément et sans risque d’erreur.

Peut-on accepter qu’un établissement scolaire demeure hors la loi ? La loi Debré de 1959 prévoit que l’établissement scolaire sous contrat avec l’État doit garantir « le respect total de la liberté de conscience (et que) tous les enfants sans distinction d’origine, d’opinions ou de croyances, y ont accès. » Au vu de ce qui semble se passer à l’école Gerson, on est loin du compte.
Le scandale est tel que Benoît Hamon a diligenté une mission d’inspection générale pour faire la lumière sur cette affaire. Espérons que les Français connaîtront bientôt les conclusions de cette enquête et les décisions que prendra le ministère. En aucun cas, les établissements scolaires ne devraient ressembler à des centres d’endoctrinement entre les mains de prosélytes. Ils ne doivent pas davantage devenir pour leurs salariés des lieux où le droit du travail est bafoué. Les syndicats continueront à soutenir les personnels victimes de pressions et de harcèlement pour les faire taire ou partir, au mépris de leurs droits et de leur santé.
Mais jusqu’où le ministère peut-il aller pour empêcher le prosélytisme dans les établissements scolaires privés, légalement reconnus dans leur « caractère propre »? Seuls les établissement publics sont aujourd’hui concernés par la nouvelle charte de la laïcité à l’école. Il est à craindre que cette affaire confirme que la loi Debré protège médiocrement des dérives intégristes et que les laïques ont raison de contester le financement public des établissements scolaires à caractère confessionnel.

Il serait surtout illusoire de croire que la tentation obscurantiste sera durablement minoritaire à l’école privée. L’affaire de l’école Gerson s’inscrit dans un contexte de crise sociale et morale et de montée de l’extrême droite. Elle fait suite aux manifestations massives de l’an dernier contre le droit au mariage homosexuel organisées par la droite et la hiérarchie de l’Église catholique. Lors de cette mobilisation réactionnaire de la « Manif pour tous », la direction de l’enseignement catholique a voulu impliquer directement les établissements scolaires privés, sur le modèle des manifestations de 1984 pour l’école privée. Elle trahissait en cela le projet global d’une prise en mains des écoles privées à un moment où les églises se vident tandis que les écoles catholiques refusent des élèves parce qu’elles sont trop pleines.
Les organisateurs du mouvement réactionnaire contre le mariage homosexuel ont heureusement échoué. Ils n’ont pu établir un rapport de force suffisant pour faire plier la gauche, à l’inverse de ce qui s’était produit en 1984. Le rôle des chrétiens laïques dans cet échec salutaire est encore aujourd’hui sous-estimé. Il en est de même de la résistance qu’au sein de l’école catholique, des enseignants et des familles ont opposée à l’enrôlement politico-religieux des écoles privées et de ses élèves dans la « Manif pour tous».
Ainsi, retrouvons-nous dans la crise qui secoue aujourd’hui au grand jour l’école Gerson les protagonistes qui se sont opposés lors des «Manifs pour tous » et la même volonté des secteurs les plus rétrogrades de l’Église catholique de s’atteler à la « nouvelle évangélisation » des écoles privées.
Mais ne nous y trompons pas. Aujourd’hui, la dénonciation de l’école privée tourne souvent à vide, au point de servir parfois de prétexte pour cacher les dévoiements de l’école publique.
Un management des personnels par la caporalisation, le mépris et le stress, une logique concurrentielle effrénée et un formatage des élèves par l’inculcation des « compétences » s’étendent dangereusement dans les établissements scolaires publics. Cette trahison de l’école républicaine ne peut que conforter l’autoritarisme et l’obscurantisme, qu’on voudrait d’un autre âge, qui cherchent à s’imposer dans les écoles privées.
Il en est de même de l’affaiblissement de la laïcité à l’école publique qui ferait directement le jeu des intégristes à l’école privée. Ainsi, on aurait pu s’attendre à ce que la Ligue de l’enseignement contribue à l’appropriation par les élèves, les personnels et les familles de la nouvelle charte de la laïcité à l’école publique. Au lieu de cela, elle a fait porter sur son blog Mediapart une pétition réclamant l’abrogation de la loi du 15 mars 2004 qui préserve l’école publique du prosélytisme religieux !
Une école publique qui valorise sans réserve les exigences émancipatrices de la connaissance rationnelle, encourage sans honte au travail scolaire et développe en chaque élève le goût du raisonnement critique est aujourd’hui la meilleure garantie contre les pressions intégristes à l’école privée.

Critique de l'économie politique
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Les crises ne provoquent pas à elles seules des révolutions

par Bernard Teper
Co-animateur du Réseau Education Populaire. Auteur avec M. Zerbato de « Néolibéralisme et crise de la dette » et avec C. Jousse et Ch.Prudhomme de « Contre les prédateurs de la santé ».
http://wwww.reseaueducationpopulaire.info

 

« Dans les moments de crises, les théories économiques harmonistes et équilibristes ne savent plus quoi suggérer pour s’en sortir », nous dit Omer Moussaly. Nous y sommes. Méfiez-vous donc des économistes néolibéraux. Mais devant la profondeur de la crise, nous sommes obligés de mettre en garde contre toutes les illusions idéalistes, volontaristes, déterministes, surplombantes ou autres.
Non ! il ne suffit pas de vouloir la transformation sociale et politique pour l’avoir. Tout simplement parce que l’économie et l’histoire sont soumises à des lois qui s’imposent à notre propre volonté. Méfiez-vous donc des économistes anti-libéraux keynésianistes altercapitalistes, souvent atterrés et atterrants.
Mais il ne suffit pas d’attendre « la chute finale » pour engager la transformation sociale et politique car les lois de l’économie et de l’histoire sont des lois tendancielles et non des lois déterministes ou relativistes. Méfiez-vous donc des marxistes vulgaires et simplistes. De l’illusion qu’une seule idée, déconnectée du modèle politique global, résout à elle seule tous les problèmes de l’humanité.
Nous connaissons bien toutes les prééminences surplombantes qui font florès sur le « marché » des idées, qui amplifient le désarroi et polluent certaines têtes militantes : euro-fédéralisme, l’Europe sociale qui surgit par enchantement de l’actuelle construction européenne, sortir à froid de l’euro, sortie du nucléaire, revenu universel, tirage au sort, Constituante, décroissance, croissance verte, etc.
Et même si ces idées peuvent être intéressantes si, et seulement si, elles sont intégrées à un nouveau modèle politique alternatif mais global, elles sont nocives car elles détournent les militants de la complexité du réel et éloignent l’humanité d’une transformation politique et sociale. Méfiez-vous donc des idées surplombantes simplistes qui ne sont au mieux, et même pas toujours (!), qu’un altercapitalisme.

Mon hypothèse est que nous sommes, à l’échelle de l’histoire – et non à l’échelle humaine – à la fin d’un pli historique né en Europe au XVIe siècle qui a enfanté le mode de production capitaliste dans une succession de formations sociales capitalistes (une formation sociale capitaliste est une formation sociale dans laquelle le mode de production capitaliste est dominant). Toute transformation sociale et politique ne peut s’effectuer que dans le cadre d’une crise profonde libérant les potentialités du changement.
Mais dans chaque crise, le conflit politique se situe entre ceux qui veulent maintenir la formation sociale capitaliste précédente (les réactionnaires, principalement néolibéraux de droite et de gauche), ceux qui veulent un altercapitalisme dans une formation sociale capitaliste différente (les conservateurs, principalement à gauche, y compris certains antilibéraux atterrés et atterrants et y compris les directions des grandes organisations se disant anti-libérales) et ceux qui souhaitent utiliser les opportunités de la crise pour engager la transformation sociale et politique. Mais ces derniers sont inopérants, démobilisants et déprimants s’ils ne travaillent pas toutes les conditions nécessaires et suffisantes pour y parvenir : liens sociaux et politiques avec la classe populaire ouvrière et employée au lieu de pratiquer l’entre-soi à l’intérieur de la portion radicalisée des couches moyennes supérieures, prise en compte militante du phénomène de la « gentrification » qui ghettoïse les responsables et les militants loin des couches sociales qui ont intérêt au changement, nécessaire priorisation de l’éducation populaire en lieu et place de la militance traditionnelle qui n’est qu’un catéchisme « descendant » dans les meetings, dans les tractages sur les marchés, dans les réunions publiques où on délivre une vérité révélée dans l’entre-soi militant, etc.
Il faut combattre l’incapacité des militants à comprendre qu’il n’y aura pas de transformation sociale sans co-construction à l’intérieur de l’alliance de la classe populaire ouvrière et employée et des couches moyennes intermédiaires, etc. Méfiez-vous donc de la vieille militance !

Tout cela pour vous engager à lire le texte d’Omer Moussaly ci-après.

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Quand l’économie mondiale s’effondre. Une lecture critique du keynésianisme avec Mattick

par Omer Moussaly

Source de l'article

 

NDLR – Voir aussi un précédent article de P. Souyri sur la réflexion de P. Mattick.

Les économies des pays périphériques du capitalisme ne sont pas les seules à ressentir les effets directs de la nouvelle crise économique. En s’appuyant sur les théories de Mattick, l’auteur revient sur la précarité de la situation économique américaine et analyse pourquoi la simple injection de capitaux publics dans les entreprises et institutions financières en difficulté ne constitue pas une mesure assez forte pour redresser la barre.
Une des solutions proposées pour régler les problèmes de l’industrie de l’automobile en Amérique du Nord, et qui a largement été implémentée, est de se défaire des boulets que sont, pour les chefs d’entreprises des trois grandes compagnies, les avantages sociaux de leurs travailleurs, gagnés de haute lutte.
Lorsque les affaires vont bien, les maîtres de la planète, enivrés par la puissance de leur richesse, sont prêts à faire quelques concessions aux classes subalternes, mais dès que les choses tournent au vinaigre, nous voyons les masques tomber et le vrai rapport de force entre deux classes fondamentales reprendre toute son envergure.
Nous proposons ici d’approfondir la réflexion en nous attardant à la critique des nouvelles théories néo-harmonistes du capitalisme issues du keynésianisme avec Paul Mattick, syndicaliste et économiste marxiste et publiées dans son livre Crises et théories des crises1.

Selon Mattick, pour comprendre la théorie de Marx, il faut saisir le fait que les rapports de classe revêtent dans le capitalisme l’aspect de simples rapports économiques : « [v]aleurs et prix sont des catégories également fétichistes, eu égard aux rapports de classes concrets qui les sous-tendent2».
C’est-à-dire que les comparaisons de la crise d’aujourd’hui avec celle de 1929 n’ont qu’une portée scientifique limitée. De plus, la concurrence internationale entre États pour la domination du marché mondial a des effets importants sur le dénouement de la crise. On n’a qu’à penser à la montée du fascisme en Europe dans l’entre-deux-guerres ou aux aventures militaires occidentales au Moyen-Orient aujourd’hui.
Les crises sont donc un moyen de rétablir une proportionnalité entre le travail nécessaire et le sur-travail correspondant aux nouvelles forces productives. Cette proportionnalité est constamment à redéfinir en raison du caractère anarchique du mode de production et d’échange capitaliste, qui est fondamentalement instable. « La résorption de la crise renvoie non pas au rétablissement d’un équilibre disparu, mais à un élargissement de la plus-value, réussi malgré la dynamique continue du système, et condition préalable à une nouvelle phase d’expansion3». Avec cette dernière crise, le capitalisme n’a pas échoué, il n’a fait que ce qu’il tend naturellement et périodiquement à faire.
La crise est la condition nécessaire à la reprise économique et ceux qui veulent ou pensent pouvoir l’empêcher de se répéter à l’avenir n’ont rien compris à sa dynamique. La solution de rechange consiste à mettre fin à ce système économique irrationnel et lorsqu’on fait partie de ceux qui en tirent profit, on ne cherchera surtout pas s’engager dans cette voie.
De plus, le capitalisme, grâce au crédit et au système bancaire a créé tellement de médiations entre l’exploitation du travail et la réalisation du profit qu’on ne peut plus voir très clairement le fonctionnement de ce que Marx appelait le processus d’ensemble. Le mieux que l’on pouvait proposer jusqu’à maintenant pour minimiser l’effet des crises, était le keynésianisme : « [s]elon Keynes, la dépression devait être combattue à l’aide d’une politique d’expansion mise en œuvre par l’État et fondée sur un mélange de mesures monétaires aux effets inflationnistes et de travaux publics financés au moyen de déficit budgétaire4».
Étant liée à la vision de d’équilibre stationnaire, la théorie de Keynes, selon Mattick, ne se souciait ni de développer une théorie des crises, ni de rendre compte de la dynamique du système. De plus, elle ne pouvait être appliquée que dans le cadre d’économies nationales sans pouvoir avoir d’effets significatifs sur le marché mondial. Sa première mise en application est de plus liée à des politiques belliqueuses et destructrices : « [l]’économie mixte prit aussi en premier lieu l’aspect d’une économie de guerre et mit un terme à l’état de crise, qui semblait être permanent, par la destruction d’une masse énorme de valeurs-capital et l’extermination mutuelle des producteurs5».
Dans le chaos de l’après-guerre, la «nouvelle économie» dirigiste est devenue pour un temps l’idéologie de la classe dominante qui y voyait un moyen d’augmenter ses profits tout en éloignant le jour de la prochaine crise. La prospérité subséquente fit oublier les bienfaits de l’économie keynésienne et on retourna aux doctrines du libre-échange et de la dérégulation. « Non seulement l’ingérence de l’État dans l’économie fut considérée comme superflue, mais on l’accusa même d’entraver la liberté de mouvement du capital, c’est-à-dire qu’on lui reprocha de freiner le développement6».
Les manifestations purement externes et épiphénoménales du capitalisme déterminèrent encore une fois les tendances de l’économie politique bourgeoise. On développa de façon incroyable le secteur financier et le système de crédit en croyant avoir trouvé une poule aux œufs d’or capable de nous fournir des retours toujours plus grands. Mais comme le souligne Mattick, «[a]lors que l’extension du système du crédit peut représenter un facteur d’ajournement de la crise, il se transforme en un facteur d’aggravation dès lors que la crise éclate, du fait de l’ampleur de la dévalorisation du capital7 ». La bourgeoisie ne sachant que faire théoriquement se rabat sur la pratique. Elle augmente l’exploitation des travailleurs et tente d’éliminer les avantages sociaux des salariés.
Dans les moments de crises, les théories économiques harmonistes et équilibristes ne savent plus quoi suggérer pour s’en sortir. « L’économie politique bourgeoise ne pense pas en terme de production de valeur et de plus-value. À ses yeux, le profit n’est pas censé être le facteur déterminant de l’économie ni de son développement; mieux, elle va même jusqu’à récuser l’existence du profit8». Par contre, on peut encore trouver quelques âmes rationnelles pour appeler un chat un chat. Divers groupements anarcho-communistes viennent de sortir un communiqué sur la récente crise économique, « La solution à la crise proposée par les capitalistes et les gouvernements demeurera une solution capitaliste. Ce ne sera pas une solution pour la classe populaire. En effet, comme dans toutes les crises, les travailleurs, les travailleuses et les pauvres payent–tandis que le capital financier est renfloué avec des sommes énormes9».
L’hypocrisie des dirigeants est dévoilée sans ambages, et le fait que ceux-là s’appuient tantôt sur les lois du marché, tantôt sur l’interventionnisme de l’État et des accords multilatéraux ne fait que renforcer la conviction qu’ils sont prêts à tout pour sauver leurs meubles:« [l]e renflouement des banques ne montre pas seulement les intérêts que l’État sert, mais aussi l’hypocrisie de l’attachement des capitalistes au libre marché. À travers l’histoire, les capitalistes se sont accommodés du marché quand il leur convenait, et de la régulation étatique et des subventions quand ils en avaient besoin10 ».

Les crises ne provoquent pas à elles seules des révolutions. Tout système économique, malgré ses limites objectives, peut se maintenir en place tant que les classes qui subissent son exploitation acceptent de jouer son jeu. Le capitalisme crée ses mécontents, mais ceux-ci doivent se reconnaître entre eux et lutter en solidarité de mille et une façons. La tendance aux crises est inhérente au capitalisme et la tendance à la révolte est inhérente à l’esprit humain. Quand les deux se rencontrent, le monde peut changer.

1er novembre  2009

  1. Mattick, Paul, Crises et théories des crises, Éditions Champs libre, Paris, 1976. []
  2. p.71)». L’exploitation du travailleur par le capitaliste revêt la forme d’un rapport d’échange entre deux individus libres et égaux où le sur-travail du premier est masqué dans le salariat.
    L’accumulation est la source de toutes les crises, mais chaque nouvelle crise porte des traits qui lui sont propres. « Si la crise trouve sa raison dernière dans le capitalisme lui-même, chaque crise particulière se distingue de celle qui l’a précédée, précisément à cause des transformations permanentes qui affectent à l’échelle mondiale les relations de marché et la structure du capital ((p.113 []
  3. p.175. []
  4. p.189 []
  5. p.194 []
  6. p.199 []
  7. p.206 []
  8. p.211 []
  9. Communiqué communiste libertaire sur la crise économique mondiale et la réunion du G20. En ligne, ]
  10. idem []
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Les rentiers de la santé

par Pierre Nicolas

 

Le nouveau traitement contre l’hépatite C du laboratoire Gilead (laboratoire américain) est un progrès médical important. 185 millions de personnes sont atteintes d’hépatite C dans le monde. Plus de 350 000 personnes meurent chaque année de maladie hépatique liée au virus. Les traitements actuellement disponibles peuvent provoquer de graves effets secondaires. Ils ne sont pas toujours efficaces et leur prix est très élevé. Le médicament existant, l’interféron pégylé, est produit par les laboratoires Roche et Merck, et peut atteindre la somme de 18000 dollars pour 48 semaines de traitement. Associé à la ribavirine, l’interféron, qui est injectable, peut soigner entre 40 et 70 pour cent des patients traités.
Le nouveau médicament, le Sofosbuvir (nom de marque Sovaldi), s’administre oralement. Le traitement est réduit à 12 semaines et il y a moins d’effets secondaires. Associé à d’autres médicaments, il peut présenter un taux de guérison de 90 pour cent. Mais son prix est astronomique, 84000 dollars le traitement (56000 €, soit 660€ le comprimé). Selon une étude, le traitement de 12 semaines vendu 84000 $ pourrait coûter entre seulement 62 et 134 dollars à produire. Soit 600 fois moins que son prix de vente ! L’argumentaire du laboratoire pour ce prix exorbitant est que « le prix du Sovaldi est juste, car il est fondé sur la valeur qu’il représente pour un grand nombre de patients ».
Pour l’industrie pharmaceutique, vous avez le choix, payer ou mourir. Dans la société féodale, les bandits qui rançonnaient les gens au cri de « la bourse ou la vie » finissaient pendus en place publique. Dans la société capitaliste, ils sont dirigeants de l’industrie pharmaceutique et ont pignon sur rue. Mais ce sont les mêmes bandits. Ce laboratoire a fait environ 3 Mds$ de bénéfices pour 10 mds$ de chiffre d’affaires et 4000 salariés, soit 550.000 € de bénéfice par salarié (30 fois le Smic annuel !). A ce niveau, ce n’est plus de la plus-value, c’est du racket.
Ahurissant.
Et ce médicament n’est même pas issu des laboratoires Gilead : Gilead a déboursé 11 milliards de dollars pour le rachat de Pharmasset, le fabricant à l’origine du médicament. 11 milliards de dollars, c’est 100 fois le Smic par salarié de Gilead ! 11 milliards de dollars ont donc été aux actionnaires de Pharmaset, avancés par les banques à Gilead, qui va se rembourser sur le dos des patients et des systèmes de santé. Au final, le patrimoine des actionnaires de Gilead aura augmenté d’autant, et ceux de Pharmaset auront empoché la plus-value sur leurs titres. Ce mécanisme d’accumulation du capital, par rachat à crédit et concentration, est devenu une source de profit juteuse dans le capitalisme d’aujourd’hui1, en substitution et en complément à l’accumulation traditionnelle du capital par la croissance de la production. La santé est une de ces sources de rente extraordinaire, avec des taux de profits gigantesques, alimentés par les cotisations des salariés ou par leurs versements aux assurances santé.

Mais il n’y a pas que la grande bourgeoisie des multinationales pharmaceutiques qui vit d’une rente sur le dos des patients et des systèmes de santé. La petite bourgeoisie aussi, à son échelle :

- Un pharmacien en France gagne en moyenne une fois et demie le salaire d’un ministre (dix fois le smic). Il s’agit des propriétaires de pharmacie bien sûr. Car un pharmacien salarié ne gagne que trois fois le Smic, en relation normale avec son niveau de qualification. Mais dans le cas des pharmacies, il ne s’agit pas de la rémunération d’une qualification, mais d’une rente, c’est-à-dire d’un revenu de la propriété et non du travail. Décidément, la Sécurité sociale fait vivre beaucoup de monde.
- Dans la catégorie des commerçants et artisans (chefs d’entreprises TPE PME), le top 4 des revenus moyens les plus élevés sont toutes des professions de santé. Le quarté dans l’ordre : pharmaciens, opticiens, ambulanciers, prothésistes dentaires. Les revenus cumulés des propriétaires de ces officines s’élèvent à 5,8 milliards d’euros.

Assurément, il n’y a pas d’autres solutions que de baisser la qualité des soins et de diminuer les remboursements pour limiter le déficit de la Sécurité sociale. Assurément.

Signalons pour compléter le tableau de cette petite bourgeoisie rentière, à coté des rentiers de la santé, les rentiers de la République. Un notaire en France gagne 13 fois le Smic et 1,9 fois le salaire d’un ministre.

Rev. annuel
moyen
du chef
d’entreprise

Valeur
en Smic

Valeur
en salaire
de ministre

Nombre d’entre-
prises

Rev.
totaux

Mds€

Pharmaciens

175.900

10

1,5

22.498

4,0

Opticiens

92.700

5

0,8

11.422

1,1

Ambulanciers

75.500

4

0,6

5.500

0,4

Prothésistes dentaires

68.400

4

0,6

5.300

0,4

Notaires

227.791

13

1,9

8.036

1,8

Huissiers

150.455

9

1,3

3.169

0,5

Greffiers tribunaux
de commerce

380.400

22

3,2

224

0,1

Sources : http://www.irinnews.org/fr/report/99392/un-m%C3%A9dicament-vital-contre-l-h%C3%A9patite-c-homologu%C3%A9-mais-co%C3%BBteux.
http://www.challenges.fr/entreprise/20131121.CHA7400/les-revenus-des-commercants-et-artisans-pharmacien-boulanger-coiffeur-plombier-ont-stagne-en-2012.html

1 Ce qui se passe dans l’industrie pharmaceutique est identique à ce qui se passe dans d’autres secteurs, comme les télécoms. Cf le rachat de SFR par Numéricable, en totalité à crédit, avec 13,5 milliards d’euros fournis sans difficulté par les banques. Ces banques qui ont tant de mal à faire crédit aux PME. Ces 13,5 milliards d’euro, c’est l’équivalent du salaire annuel net d’un million de smicard.

Brèves
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Les leurres de la politique du « mouvement réformateur néolibéral »

par Bernard Teper
Co-animateur du Réseau Education Populaire. Auteur avec M. Zerbato de « Néolibéralisme et crise de la dette » et avec C. Jousse et Ch.Prudhomme de « Contre les prédateurs de la santé ».
http://wwww.reseaueducationpopulaire.info

 

Logement

Voici sept ans que la loi DALO sur le logement opposable a été votée. Il y a 7 ans, tous les naïfs, le cœur sur la main, avaient salué cette loi qui allait définitivement régler le problème du logement. Pourtant, les militantes féministes savent qu’il ne suffit pas que la loi Veil sur l’IVG existe, qu’il ne suffit pas qu’elle soit remboursé à 100 %, encore faut-il avoir des lieux et des médecins pour pratiquer l’intervention. Et que la forte diminution des centres IVG et de la possibilité de pratiquer cet acte en milieu hospitalier détruit les potentialités de la loi.
De même, disposer d’une loi stipulant un droit opposable mais ne ne pas construire assez de logements, rend la loi inopérante, elle reste du vent !

Le ministère du Logement a publié le 5 mars dernier1 les données suivantes :
- 54 394 ménages n’ont pas été relogés dont 42 408 qui ont dépassé le délai légal de 6 mois ;
- Dans la seule Île-de-France, 41 375 personnes n’ont pas été relogés dont 33 658 hors délai ;
- En PACA les chiffres sont respectivement 6 636 ménages et 4 553 hors délai.

Bien sûr, le gouvernement a promis qu’il allait « poursuivre ses efforts ». Gageons que cela va être facile pour lui puisque le ministère Hollande-Ayrault-Duflot a construit moins de logements que sous Sarkozy !

Politique de la Ville

Fermez la télévision, les radios commerciales, les journaux de l’idéologie dominante et lisez ce qui suit. (source rapport Onzus)
Dans les zones urbaines sensibles (Zus) :
- le taux de chômage est deux fois plus élevé qu’ailleurs (24,2 %),
- 36 % des habitants des Zus sont en-dessous du seuil de pauvreté (trois fois plus qu’ailleurs)
- un enfant sur deux vivant dans une famille pauvre n’a ni emploi, ni formation,
- 40 % des femmes en Zus ne sont pas seulement sans emploi mais se sont retirés de la vie active
-l a moitié des élèves de seconde issus des Zus sont orientés vers les filières professionnelles ou technologiques contre un élève sur 4 ailleurs
- un jeune diplômé sur 7 n’est ni en formation ni en emploi
- 27 % des 18-65 ans résident en Zus éprouvent des difficultés importantes à l’écrit (contre 11% en moyenne)
- le taux d’illettrisme en Zus est deux fois supérieur à la moyenne nationale (15 % contre 7 %) et particulièrement les femmes (29 %)
- 21,8% des élèves résident en Zus et entrant pour la première fois en 6e ont un an ou plus de retard scolaire (12,3 % en France entière)

Concernant l’emploi des femmes

Le ministère de la Ville ne peut que constater2 que la politique de la ville, qui sans doute bénéficie à l’oligarchie capitaliste, va de pair avec le recul de l’emploi des femmes dans les quartiers sensibles. Leur taux d’activité est passé de 57,3 % en 2006 à 52,6 % en 2012. Mais aussi que les femmes sont plus touchées par ce fléau que les hommes. Mais aussi que le taux de chômage des femmes est très élevé dans ces quartiers. mais aussi que pour celles qui travaillent , ce n’est principalement qu’en CDD, en emploi partiel et le plus souvent contraintes de travailler dimanche ou le soir !
On ne regrettera donc aucun départ des ministres de la ville du mouvement réformateur néolibéral…

 Education nationale

Une petite dernière nouvelle issue du Plan national contre le décrochage scolaire. En 2013,140 000 élèves sans qualification « quittent le système de formation initiale sans avoir obtenu de diplôme professionnel ni de baccalauréat ».
Le chiffre de 122 000, sur une moyenne entre 2008 et 2010, était déjà intolérable. Que dire aujourd’hui?
On ne regrettera donc aucun départ de ministre de l’Éducation nationale du mouvement réformateur néolibéral…

Le néolibéralisme cultive la pauvreté et les inégalités

Des sources récentes3 nous donnent les chiffres suivants :
Pour le taux de pauvreté, la première grande ville de France est Roubaix avec 45 % suivi par quatre villes de la Réunion allant d’un taux de pauvreté de 44 à 36 % (Saint-Pierre, Le Tampon, Saint-Paul et Saint-Denis).
Est-ce que les militants socialistes comprennent aujourd’hui pourquoi les « pauvres » ne se sont pas déplacés pour les municipales pour maintenir la municipalité PS ?
D’autres communes sont également en haut du tableau de la pauvreté : Aubervilliers, Saint-Denis, Sarcelles, Béziers, Perpignan, Avignon.
Le taux de pauvreté à Paris est de 14 % soit la moyenne nationale. Mais cela atteint 24 et 25 % dans les 18e et 19e arrondissements.
A Marseille, le taux de pauvreté peut atteindre 70 % dans certains quartiers et 55 % dans le 3e arrondissement.
Si on prend des villes de plus de 10 000 habitants, nous constatons des taux de 45 % à Clichy-sous-Bois (93), de 43 % à Grigny (91) ou même de 55 % au Port (Île de la Réunion).

Trois femmes sur 4 gagnent moins que leur conjoint

L’Insee a calculé cela en tenant compte des revenus d’activité et de remplacement (chômage et retraite)4.
Les femmes contribuent en moyenne à hauteur de 36 % aux revenus du couple. Par ailleurs, les écarts de revenus sont plus prononcés quand il y a des enfants et quand les conjoints sont mariés. Ils le sont moins pour les couples jeunes et plus diplômés.
Égalité hommes-femmes, dites-vous ? Droits de l’Homme (et donc aussi des femmes !), dites-vous ? Alors, à quand un mouvement féministe et social ?

  1. territoires.gouv/fr/communiqué de presse du 5 mars 2014 et ]
  2. Source ]
  3. Sources : ]
  4. Source : ]
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"Valls a oublié le logement cher, les mal logés et les sans logis... Faisons nous entendre !"

par Droit au Logement (DAL)

Source de l'article

 

Communiqué du 8 avril 2014 de la Fédération Droit Au logement
Le jour où l’on apprend qu’un tiers des ménage en France consacre plus de la moitié de ses revenus pour se loger (IPSOS-seloger.com), que 1/4 des sans abris travaillent et que 2/3 d’entre eux sont demandeurs d’emploi ou en ont un, le Premier ministre en guise de politique du logement annonce la simplification des règles de construction, dans le but, dit il, de relancer la construction de logements « pour tous »
Or la simplification des normes ne suffit pas à relancer la production de logements, car le principal obstacle à la production est aujourd’hui sa cherté. Le pouvoir d’achat sera rétabli par la baisse des loyers, des charges, et des profits tirés de la spéculation immobilière et foncière.
L’immobilier cher, comme le logement cher, ponctionne l’activité économique au profit de la rente, de la spéculation, des classes privilégiées et des groupes financiers. Ceux-là seront-ils protégés par le nouveau Premier ministre ?
Pas un mot non plus sur les victimes de la crise du logement cher, mal logés, sans abri, pour lesquels les lois de la République écrites pour les protéger restent inappliquées et dont les (droit à l’hébergement, DALO …) droit sont bafoués au quotidien.
Pas un mot sur les centaines de milliers de familles qui ne savent plus comment payer leur loyer ou sont sous la menace d’une expulsion, sur l’angoisse des accédants modestes surendettés, sur l’errance vécue par les familles devenues SDF parce que hébergées et ballottées à droite à gauche, sur les difficultés rencontrées par les jeunes pour accéder à leur autonomie, sur la souffrance des malades psychiatriques ou addicts abandonnés à la rue , sur la peur au ventre des habitants de bidonvilles d’être jetés sur le trottoir…

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Henri Cartier-Bresson : l'expo à voir absolument !

par Bernard Teper
Co-animateur du Réseau Education Populaire. Auteur avec M. Zerbato de « Néolibéralisme et crise de la dette » et avec C. Jousse et Ch.Prudhomme de « Contre les prédateurs de la santé ».
http://wwww.reseaueducationpopulaire.info

 

Une expo de photos d’Henri Cartier-Bresson (HCB) est ouverte au public au Centre Pompidou à Paris. Ne pas la voir serait absurde et incompréhensible. Vous n’avez pas le temps : vous n’êtes qu’un zombie !
Voilà un photographe de talent, un photographe engagé qui a traversé le XXe siècle et son histoire. Flash d’histoire accéléré en déambulant !
D’abord le photographe qui fréquente d’abord les surréalistes grâce auxquels nous avons droit à des photos d’objets et de personnages empaquetés ou des rêveurs aux yeux clos, puis s’engage au Parti communiste, travaille pour la presse communiste, crée la coopérative Magnum pour quitter celle-ci quand il estime que celle-ci dérive.
Henri Tracol, son ami d’enfance n’a t-il pas écrit en 1933 dans Cahier rouge que l’appareil photographique doit « servir les intérêts des exploités contre les exploitants » ! Saisir « l’instant décisif » dans l’intérêt des exploités, cela change des photographes people d’aujourd’hui, non ?
Quand il photographie un meeting, il photographie ceux qui écoutent , jamais l’orateur sauf dans une photo sublime de dos avec la foule en fond d’écran. Idem pour les funérailles de Gandhi. Pareil pour un match de base-ball où il ne prend en photo que les tribunes. Comme le couronnement du roi d’Angleterre en 1937 où il ne prend que la foule.
Que d’émotion devant le jeu d’ombres d’acajou au Mexique en 1963 ou derrière un drap vertical. Photo remarquable de danse sans doute inspiré par sa première femme danseuse. Quelle expression devant la photo montrant un bourgeois repu devant le tag « Jouissez sans entraves » en mai 1968. Photo inoubliable de la foule chinoise devant une banque de Shanghai pour acheter de l’or en décembre 1948 juste avant la chute du Kuomintang ! Photo de la suggestion sur les jambes de Martine Franck, sa deuxième femme je crois. Photos sublimes et saisissantes de l’horreur d’Oradour-sur-Glane. Photos saisissantes sur la relation entre l’ouvrier et sa machine dans les années 50. Le tour du monde sur le désir de consommation où il photographie dans le monde entier non pas les magasins et les objets de consommation, mais celui ou celle qui regarde la devanture ! La manif sur les disparus argentins. La démesure de l’effigie de Lénine plus haute qu’un immeuble de quatre étages. Les courbes harmonieuses d’un journal sur le drap fripé d’un lit.
Mais je ne vais quand même pas vous commenter toutes les 500 photos, ses dessins et les films de Renoir avec qui il a collaboré ! Allez-y !