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APPEL À DURCIR LE MOUVEMENT EN METTANT « LA FRANCE À L’ARRÊT » LE 7 MARS PROCHAIN

Si on compare les rassemblements du 7 et du 11 février, on peut dire que le mouvement reste à un haut niveau de mobilisation en termes de manifestations. Par contre, le niveau des grèves du 7 février est en recul par rapport au 31 janvier. D’après les remontées que nous avons eues, nous pouvons dire que le niveau élevé de mobilisation du privé le 31 janvier fut en grande partie dû au fait que de nombreux travailleurs ont utilisé des heures de récupération pour y participer ce jour-là. Voilà pourquoi le nombre d’heures de grève est faible en regard des manifestations importantes dans le privé, notamment le 31 janvier.

Deux nouvelles dates sont dans l’agenda : le 16 février pour maintenir la fièvre et surtout le 7 mars où tout va se jouer puisque l’Intersyndicale appelle à à « durcir le mouvement en mettant la France à l’arrêt le 7 mars prochain ». De plus, le 16 février les leaders syndicaux seront tous dans le département de Jean Jaurès à la manifestation d’Albi pour marquer l’importance de la mobilisation en province.

D’ores et déjà, l’intersyndicale RATP annonce lancer une grève reconductible dès le 7 mars. La consultation cheminote est en cours avec la même proposition à débattre. La discussion interne des syndicats des industries chimiques est en cours. D’une façon générale, l’Intersyndicale appelle à préparer dès maintenant dans toutes les branches les journées du 7 mars et suivantes.

Un appel unitaire extraordinaire et imprévu

Soyons honnêtes, nous sommes surpris (… et pour une fois, c’est une bonne surprise !) par l’appel de l’Intersyndicale pour mettre « la France à l’arrêt le 7 mars ». Car cette annonce déclenche pour la première fois depuis janvier une vraie perspective de mobilisation populaire. Notons au passage que la formule est bonne. L’énoncé (« mettre la France à l’arrêt ») est inédit et ouvre sur de nouveaux horizons. Il a aussi le mérite d’éviter le débat sur la sempiternelle « grève générale » qui n’est plus opérative aujourd’hui.

Prenons conscience que cette initiative peut créer une dynamique, rien n’est sûr, mais c’est possible ! En effet, elle répond parfaitement à la volonté des manifestants du 11 février « d’aller plus loin », car les manifestations — aussi énormes soient-elles — ne suffiront pas à faire reculer Macron. Beaucoup d’interviews de participants aux cortèges par les journalistes ont révélé cette opinion largement partagée, particulièrement dans les petites villes.

Quelle préparation ?

En attendant, tout doit être fait pour maintenir le soutien populaire au mouvement social contre ce projet qui ne vise qu’à baisser les pensions pour alimenter les dividendes. Car il est prouvé que le système n’est absolument pas en danger : d’abord parce le chiffrage du COR et l’intervention de son président aux auditions parlementaires le prouvent, ensuite parce que la discussion sur les hypothèses de calcul sur l’espérance de vie et sur l’immigration lancée par Hervé le Bras montre bien qu’en 2030 le petit déficit mis en avant par le COR (eu égard aux 350 milliards du montant total de retraites) pourrait ne pas exister.

Par ailleurs, l’intervention du président du Conseil constitutionnel suggérant que le Conseil n’apprécierait pas une insincérité dans le débat parlementaire relance un débat de droit public. L’utilisation d’un projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (PLFRSS) pouvant contenir des cavaliers législatifs non prévus dans cette disposition (pénibilité, carrières longues, utilisation de la procédure MICO) — l’urgence du projet de loi n’étant pas démontrée — pourrait remettre en cause l’utilisation de l’article 47.1 de la Constitution(1)Légiférer par ordonnances après 50 jours de débat sans vote. et pousser à l’utilisation du 49.3. Mais l’utilisation du 49.3 hors des lois de finances de l’État et de la Sécurité sociale n’est prévue qu’une seule fois par session.

Vu l’urgence de la publication de cette Une, il n’est pas possible de développer ici, mais le Réseau Éducation Populaire est à votre disposition pour présenter cela en réunion privée ou publique, à la demande de toute organisation locale ou nationale, culturelle, associative, syndicale ou politique en particulier dans le cadre de la préparation de « l’arrêt du pays » le 7 mars… et les jours suivants ! Vous pouvez passer par Évariste qui transmettra.

En attendant, prenez soin de vous et tous sur le pont pour préparer le 7 mars ! L’initiative est maintenant dans le camp du mouvement social. La question à l’ordre du jour est aujourd’hui très simple à énoncer : comment préparer l’arrêt du pays le 7 mars… et les jours suivants ? Cette question se pose non pas de manière abstraite, mais très concrètement, dans l’entreprise, le lycée, la faculté, le quartier, la ville, le département, sur les routes, les voies ferrées, les ports… Il est clair qu’un soutien « passif » aux salariés en grève de la RATP, de la SNCF ou d’autres secteurs soi-disant « bloquants » ne peut être victorieux. La « grève par délégation » est un fantasme et ne vise qu’à la démobilisation. L’action d’arrêt du pays doit aussi intégrer l’expérience du mouvement des Gilets jaunes.

La manifestation du samedi 11 février fait déjà partie de cette prise en compte du mouvement en question. Cela démontre que beaucoup de citoyens sont prêts à l’action, sans pouvoir hélas faire grève pour des raisons de budget familial. L’heure est donc aujourd’hui à l’organisation partout où c’est possible, dans les villes et les départements, d’assemblées syndicales et citoyennes unitaires pour définir les formes concrètes d’actions offensives d’arrêt du pays pour le 7 mars et après. Bien sûr, ReSPUBLICA reviendra longuement et dès son prochain numéro sur ce sujet crucial et qui peut faire changer les choses.

Hasta la victoria siempre !

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1 Légiférer par ordonnances après 50 jours de débat sans vote.
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