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Du frivole bourgeois à la présidentielle en passant par la géopolitique du capitalisme

Photo d'une antenne du système Echelon de la NSA

Echelon, un réseau d'écoute mondial (cl. National Security Agency)

La bourgeoisie ne sait plus comment dépenser son argent tant la répartition de la valeur ajoutée produite est défavorable au plus grand nombre. C’est le moment néolibéral avec sa morale et sa culture abjecte comme le montre l’emballage de l’Arc-de-Triomphe avec l’accord de la Ville de Paris propriétaire du monument. Nous assistons à une véritable orgie de moyens matériels et financiers privés pour une œuvre qui ne montre qu’un emballage, soit la forme sans le contenu. Tout ça pour ça ? Le journal Marianne nous apprend que le financement est effectué par la vente chez Sotheby’s (maison d’enchères dont Patrick Drahi, proche d’Emmanuel Macron, est actionnaire majoritaire) d’œuvres d’art. C’est devenu un must de la culture des médias dominants. Affligeant, non ?

Le réel géopolitique de quelques sous-marins bouscule la fable des « gentils amis » de la France

D’abord la fable : le gentil Obama suivi du méchant Trump et enfin le retour du gentil Biden. Nous avons eu droit à ce conte de fée grâce aux médias dominants. Le réel est tout autre. Obama et l’oligarchie étasunienne qui ne font rien d’autre que défendre bec et ongles les intérêts matériels et le pouvoir des Etats-Unis, organisent la bifurcation géopolitique pour le compte de la majorité des patrons des multinationales nord-américaines. Des résistances existent néanmoins. Trump passe en force en avantageant certaines multinationales au détriment d’autres. Et Biden termine le travail. Obama, Trump, Biden, des oppositions sociétales mais une continuité géopolitique !

Après quelques jours de brouille médiatique factice, Macron se « réconcilie » avec son homologue américain sans rien obtenir d’autre que des promesses…

Les médias parlent de trahison mais ce n’est que le fonctionnement normal du capitalisme ! L’affrontement interimpérialiste reprend force et vigueur sous des formes différentes de celles du XXe siècle. Rien de plus.

L’accord EU-GB-Australie sur l’achat par l’Australie de sous-marins étasuniens au détriment de la France a surpris nos dirigeants atlantistes (alors que depuis au moins Obama, le centre de gravité des Etats-Unis se déplace petit à petit vers  le Pacifique), nous rapportent nos médias dominants atlantistes. 56 milliards en fumée pour Naval group, le constructeur français qui n’a pas trouvé mieux que de prendre un nom anglo-saxon. Cela est tout à fait cohérent avec le retrait unilatéral programmé des USA de l’Afghanistan pour former une OTAN bis, c’est-à-dire une coordination politico-militaire sur le Pacifique contre la Chine avec le soutien immédiat du Canada, de la Grande-Bretagne, de l’Australie. De son côté, la France qui est présente dans le Pacifique se focalise sur les référendums en Nouvelle-Calédonie, où les influences australienne et néo-zélandaise n’empêchent pas l’intérêt chinois d’être en embuscade ! Après quelques jours de brouille médiatique factice, Macron se « réconcilie » avec son homologue américain sans rien obtenir d’autre que des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient !
Et pourtant, rappelez-vous que le réseau d’interception anglo-saxon Echelon (développé dans les années 1970) est issu d’un accord – secret – UKUSA de 1946. Or Echelon est géré conjointement par les services de renseignements des États membres du UKUSA : la NSA (National Security Agency) pour les États-Unis qui en sont le principal contributeur et utilisateur ; le GCHQ (Government Communications Headquarters) pour le Royaume-Uni ; le CSTC (Centre de la sécurité des télécommunications Canada ; l’ASD (Australian Signals Directorate) pour l’Australie ; le GCSB (Government Communications Security Bureau) pour la Nouvelle-Zélande.

Pour parfaire la bifurcation géopolitique, il fallait que la Grande-Bretagne quitte l’Union européenne. C’est fait avec le Brexit.
Et en début de semaine, le gouvernement britannique a annulé le contrat avec Valneva, la start-up biotech franco-autrichienne, pour la fourniture de vaccins contre la Covid. Devinez qui va leur fournir les vaccins ?

Rajoutons à cela le nouvel accord entre l’Australie et l’Allemagne pour la future conquête spatiale. Et le transfert par Ariane Group de la construction du moteur Vinci pour les futures  fusées Ariane 6 du site de Vernon (Eure, France) vers Ottobrunn (Bavière, Allemagne) au détriement de 600 emplois qualifiés.
Par ailleurs Will Roper, l’ancien concepteur du programme étasunien des avions de future génération vient de rejoindre la Grande-Bretagne pour concurrencer l’alliance SCAF (alliance France-Allemagne-Espagne pour un avion du futur où la France va faire des transferts de technologie à ses deux alliés) Désormais dans la vie civile, Will Roper partagera ses grandes idées sur l’ingénierie numérique, le cloud computing, les logiciels agiles et l’intelligence artificielle avec l’un des partenaires les plus proches de l’US Air Force : la Royal Air force britannique. (1)https://www.defensenews.com/digital-show-dailies/dsei/2021/09/14/former-us-air-force-acquisition-czar-could-help-the-uk-build-its-future-fighter/

Il reste à voir comment l’Allemagne et les patrons de l’industrie allemande vont agir dans l’après-Merkel pour savoir comment vont se jouer dès 2022 les contradictions de la future Union européenne sous domination allemande.

À noter pour être complet que le MIT (Massachusetts Institute of Technology) et le Commonwealth Fusion Systems viennent d’avancer sur la voie de la fusion nucléaire en produisant  un champ magnétique d’une intensité de 20 teslas. Alors que le projet Iter n’est que conçu pour atteindre 5 teslas tout en étant moins compact que le projet anglo-saxon ! (2)Ils sont parvenus à chauffer une microbille de la taille d’un plomb de chasse à 150 millions de degrés, dix fois la température du soleil. Les scientifiques du MIT se sont servis d’un électro-aimant supraconducteur à « haute » température pour produire ce champ magnétique record. Joy Dunn, responsable des opérations chez Commonwealth Fusion Systems, ne tarit pas d’éloges sur le travail de longue haleine de son équipe et affirme que l’aimant mis au point est « unique en son genre ». Ce dernier est en effet constitué de 16 plaques dont chacune bat le record mondial du plus puissant aimant supraconducteur à haute température ! L’autre atout de la technologie à fusion mise en place par le MIT et le Commonwealth Fusion Systems est que cette dernière est 40 fois plus compacte que les systèmes à basse température mis en place jusqu’ici. Désormais, les chercheurs estiment qu’une centrale électrique à fusion nucléaire pourra être bâtie dès 2033. (3)https://kulturegeek.fr/news-239184/fusion-nucleaire-chercheurs-mit-grand-vers-lexploitation-grande-echelle
Nous rappelons que la fusion nucléaire demande de travailler avec des isotopes de l’hydrogène : deutérium et tritium.
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Il reste à voir comment l’Allemagne et les patrons de l’industrie allemande vont agir dans l’après-Merkel-pour savoir comment vont se jouer dès 2022 les contradictions de la future Union européenne sous domination allemande.
Comprendre la géopolitique, c’est comprendre le rapport au temps long obligatoire des grandes bifurcations. Pensez-vous qu’il est rationnel d’avoir une campagne électorale en France où on n’aborde pas ces questions ?

Enjeux de la présidentielle

Çà y est. La hausse des prix a démarré dans le monde, aux États-Unis, en France. Ces hausses concernent les produits industriels (dont les semi-conducteurs), les matières premières (dont l’énergie), les produits alimentaires, les biens patrimoniaux, le coût du service du logement (exprimé en charge d’emprunts mensuelles). En France, après un repli en 2020 sous impact de la crise sanitaire, les prix ont fortement augmenté avec une accélération en août. Le pouvoir d’achat va donc être pénalisé. Et comme il n’y a plus d’indexation des salaires sur les prix et qu’une partie des retraites est déjà en sous-indexation par rapport aux prix,   la question sociale va resurgir d’autant plus fortement que les inégalités sociales ont encore augmenté durant la crise sanitaire, inégalités amplifiées pour les familles avec enfants. Un seul chiffre donné par l’INSEE : si on compare les 10 % les plus pauvres et les 10 % les plus riches, 35 % des premiers et seulement 17 % des seconds ont eu une altération de leurs revenus.

Les candidats et leurs porte-paroles ont déjà réagi à leur façon sur ce point. La LFI propose une augmentation du SMIC de 13,7 % à 1 400 euros net, le PCF également. Le PS propose de doubler sur 5 ans le salaire des enseignants. Et Montebourg propose une augmentation de 10 % pour tous les salaires en dessous de la médiane. Valérie Pécresse propose la suppression des cotisations-retraite, ce qui est inimaginable sur le moyen terme vu que cela augmenterait la dette Sécu et organismes associés.

Si on se reporte à l’édition de 2021 de l’External Sector Report (4)https://www.imf.org/en/Publications/ESR/Issues/2021/08/02/2021-external-sector-report publié par le FMI, l’écart de compétitivité de la France par rapport au monde est de 8 %, de 9,8 % par rapport à la moyenne de la zone euro et de 17 % par rapport à l’Allemagne. Si on augmente les bas salaires d’environ 10 % sans rien changer d’autre, la surévaluation de notre taux de change réel augmenterait fortement. Circonstance aggravante, nous avons vécu, ces dernières décennies, grâce à la vraie droite et la fausse gauche une désindustrialisation massive de la France. C’est cela l’une des causes principales du déclin français. Rappelons que pour lutter contre le chômage, la création des emplois est principalement surmultipliée par l’industrie innovante et sa recherche en raison de leurs effets induits. Rappelons que le développement de l’industrie permet le maximum de création de richesse induite et que l’action du peuple peut en modifier la répartition – et même son mode de production –  s’il s’organise avec une stratégie adéquate.

On voit donc clairement la difficulté de la vraie gauche, car dans ce cadre et plus que jamais, la vraie gauche est obligée d’augmenter les salaires sous peine de devenir une fausse gauche en acceptant des taux de change fixés de manière indépendante du taux de change réel (qui, lui, tient compte de la productivité et des prix) et en se soumettant au carcan d’une gouvernance par l’euro qui est avant tout un mode de gouvernance avant d’être une monnaie et oblige la France à se désindustrialiser encore plus. Et donc d’accepter de plus en plus la domination de l’ordolibéralisme allemand, car ce dernier n’a pas désindustrialisé autant que la France et la Grande-Bretagne. Et l’ordolibéralisme allemand va bénéficier des transferts de technologie que la France va lui fournir, ne pouvant faire autrement puisque la désindustrialisation va l’empêcher de financer ses investissements industriels. La spirale régressive est à l’œuvre. Ce tabou a déjà relégué la France au 7e rang mondial sur le plan économique alors qu’elle était seconde au début des années 60.

Et pendant ce temps, la fausse gauche continue de détruire la gauche, les saltimbanques du post-modernisme nous font perdre du temps avec la gauche woke, identitaire et intersectionnelle (qui est bien présente parmi les candidats à l’élection présidentielle…) avec le mirage du revenu inconditionnel universel, avec un keynésianisme qui n’est plus opérationnel dans la période, avec une écriture inclusive qui n’intéresse que la petite bourgeoisie intellectuelle post-moderniste et peu courageuse, avec un néo-féminisme anti-féministe, avec un racialisme identitaire contre l’antiracisme de l’universalisme concret, avec un mépris de classe, mais qui croit nous faire jouir par la culture en recouvrant de bâches les monuments historiques.

Notes de bas de page[+]

Notes de bas de page
1 https://www.defensenews.com/digital-show-dailies/dsei/2021/09/14/former-us-air-force-acquisition-czar-could-help-the-uk-build-its-future-fighter/
2 Ils sont parvenus à chauffer une microbille de la taille d’un plomb de chasse à 150 millions de degrés, dix fois la température du soleil. Les scientifiques du MIT se sont servis d’un électro-aimant supraconducteur à « haute » température pour produire ce champ magnétique record. Joy Dunn, responsable des opérations chez Commonwealth Fusion Systems, ne tarit pas d’éloges sur le travail de longue haleine de son équipe et affirme que l’aimant mis au point est « unique en son genre ». Ce dernier est en effet constitué de 16 plaques dont chacune bat le record mondial du plus puissant aimant supraconducteur à haute température !
3 https://kulturegeek.fr/news-239184/fusion-nucleaire-chercheurs-mit-grand-vers-lexploitation-grande-echelle
Nous rappelons que la fusion nucléaire demande de travailler avec des isotopes de l’hydrogène : deutérium et tritium.
4 https://www.imf.org/en/Publications/ESR/Issues/2021/08/02/2021-external-sector-report
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