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« Le changement, c’est maintenant » disait-il au printemps. Nous disons en été : « le changement, c’est pour quand ? »

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Une fois de plus, cet adage se vérifie. Et sur de nombreux sujets, peuchère !
Il avait dit qu’il n’y aurait pas de démantèlement des campements des Roms sans proposition d’une alternative. Il y a démantèlement sans alternative proposée comme dans la Sarkozie.
Il avait dit dans la proposition n°11 « …Je renégocierai le traité européen issu de l’accord du 9 décembre 2011 en privilégiant la croissance et l’emploi, et en réorientant le rôle de la Banque centrale européenne dans cette direction… ». Aujourd’hui, il fait annoncer par le ministre chargé des relations avec le Parlement que le traité tel qu’il a été produit par Sarkozy et Merkel sera proposé en l’état.

Pour le reste, le gouvernement demande du temps : big bang fiscal, blocage des prix du carburant, loi d’assainissement des banques pour séparer les activités de dépôt des activités spéculatives, doublement du plafond du livret A, caution solidaire pour le logement des jeunes, etc. Accordons-lui ce temps mais nous y reviendrons !
Mais le pire est ailleurs. La triple crise économique, financière et de la dette publique continue de se développer. Les taux d’intérêt à 10 ans des pays du sud de l’Europe (Grèce, Italie, Espagne, Portugal) et de l’Irlande repartent à la hausse. Les politiques austéritaires font chuter la demande intérieure des 5 pays précités pour un montant bien supérieur aux gains allemands. La contraction de la demande intérieure de ces 5 pays est de 11,1 % depuis 2007. Alors que les gains pour l’Allemagne dans la même période ne sont que de 5,4 % dans la même période et pour la France de 1,5 %. On voit bien là que la zone euro va dans le mur car le PIB des 5 pays précités est très nettement supérieur à celui de l’Allemagne. D’ailleurs, la zone euro est entrée en récession avec un recul du PIB zone euro de 0,4 % sur un an.
Après les mille milliards de prêts à 3 ans pour les banques européennes délivrés par la Banque centrale européenne (BCE) les 31 décembre 2011 et le 1er mars 2012, la demande correspondant aux besoins pour la Grèce, l’Espagne et de l’Italie est d’environ mille milliards d’euros d’ici la fin de l’année 2012. Et comme en plus il y a la crise de profitabilité et de compétitivité de l’économie réelle capitaliste européenne, les nuages vont donc continuer à s’amonceler.
Et là, on se heurte à une réalité qui a été masquée pendant longtemps, c’est que l’ordo-libéralisme – rameau du néolibéralisme mondial – développe un intégrisme politico-religieux autour des fondamentaux de sa doctrine, d’une façon encore plus régressive que les autres variétés du néolibéralisme. L’acceptation des « élites » européennes de reprendre les fondamentaux de l’ordo-libéralisme allemand est aujourd’hui mortifère. La dépolitisation totale de l’économie, la coordination économique uniquement réalisée par les prix, l’économie sociale de marché et la concurrence libre et non faussée, la limitation du rôle de l’État à la définition et à la protection des règles du jeu avec interdiction d’intervenir dans l’économie réelle, la stabilité monétaire comme primat contre les intérêts des salariés, la suppression des conventions collectives, la croyance dans la non-interdépendance des pays de la zone euro, l’ethos luthérien de la souffrance nécessaire du peuple, sont autant de piliers de cet ordo-libéralisme qui va nous entraîner dans une crise longue et dramatique sur le plan social.

A moins qu’une vigoureuse campagne d’éducation populaire ne se développe pour organiser les ruptures nécessaires face à cette évolution. A-t-on d’autres choix ? Mais où sont les bases d’appui pour cela ? Où sont les volontés pour ne pas se laisser endormir par les ronrons des diverses organisations ?

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