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Un 1er mai combatif

Avec environ 50 000 manifestants à Paris (ce qui est très important étant donné les conditions concrètes : vacances, pression médiatique sur le chaos prévisible, dispositif policier considérable, fermeture des stations de métro, fouilles, etc), les manifestations ont rassemblé au total en France plus de 250 000 personnes, ce qui signifie que la mobilisation était donc très forte.

À Paris, la présence massive de jeunes a permis dans la pratique à la manifestation de se « tenir » malgré la nouvelle doctrine de la préfecture de police, c’est-à-dire l’attaque violente et permanente du cortège. Mais le fait intéressant est que la foule a refusé avec constance de fuir et a reformé immédiatement le cortège après chaque assaut ou explosion de grenades (de désenclavements ou lacrymogènes). Le cortège non syndical a formé l’essentiel de la manifestation (40 des 50 000 au minimum), des milliers de participants sont venus « équipés » (masques, lunettes), donc ceux-ci savaient et assumaient que les violences étaient inévitables Bref, le cortège très offensif fera le parcours jusqu’à la place d’Italie.

Politiquement, pour le cortège non syndical majoritaire, nous avons assisté à une fusion presque totale entre les gilets jaunes, les jeunes, certains militants syndicaux de base… et les sympathisants du « black bloc » (autour de 10 000 avec les sympathisants). Il faut noter que ce dernier a fait preuve d’une évolution tactique, qui était prévisible vu l’autocritique du 1er mai 2018 parue sur le site lundimatin. Visiblement le black bloc fait preuve de discipline et d’un certain sens tactique sur le terrain puisque qu’hier il a « dosé » son intervention pour ne pas se couper des gilets jaunes et des jeunes et qu’elle soit compatible avec leur état d’esprit. Dans les faits, les blacks blocks forment une sorte de direction politique informelle de la manifestation, remplaçant le vide sidéral des directions politiques ou syndicales. Beaucoup de militants syndicalistes se sentent désemparés de l’absence donc de stratégies, sûrement est-ce le moment de reposer ce point de manière « politique » dans les syndicats sur le rôle et les modalités, l’objectif et les moyens des manifestations.

Le point noir réside dans l’attitude des directions CGT et FSU : dont l’appréciation se relève être un mélange d’irresponsabilité et d’un sentiment pathétique. Après une charge massive de la police devant le restaurant le Dôme à Vavin, où tout le monde s’est fait « cogner à l’ancienne », Martinez s’est enfui (il n’y a, hélas, pas d’autre mot), la moitié du cortège CGT a remballé ainsi que la totalité de la FSU ! Seul SUD est resté sur le terrain et un petit morceau de la CGT (pour la forme). Bref, la manifestation de 50 000 personnes fut livrée à elle-même. Nous pouvons mesurer aujourd’hui la vraie résistance de la direction syndicale CGT : une seule charge de police ! Sans la résilience et le courage des manifestants, la manifestation aurait pu tourné au pire.

Le gouvernement a tenté de surfer sur une retraite contrainte des manifestants asphyxiés par les gaz lacrymogènes vers l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, en qualifiant ce repli qui est celui d’instinct de survie « d’attaque ». Cette « Fake News », qui n’aura pas fonctionné longtemps, a été dénoncée rapidement à la fois par la mise en lumière de la réalité mais aussi sur le fait que s’il y avait une attaque de l’hôpital, elle venait de la politique économique et sociale de casse des services publics.

En conclusion : il y a un consensus médiatique pour signaler, tout de même, une forte mobilisation très offensive. Celle-ci démontre après 5 mois de mobilisation que le pouvoir n’a pas gagné la partie malgré deux vagues de mesures fiscales et sociales pour un total de 17 milliards d’euros. Notons enfin que la direction CGT à la veille de son congrès sort du 1er mai encore plus mal qu’en y entrant (si c’est possible !).
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