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Ce que nous avons appris et compris en matière économique et sociale

Guerre des monnaies, dollar et euro

Photo by Ibrahim Boran on Unsplash

L’inflation et la stagflation se développent, et pour longtemps. Deux pays baltes ont déjà une inflation de plus de 20 %. Le spectre d’un dépassement de l’inflation à 10 % pour l’UE n’est plus une chimère. L’endettement de la France progresse et avec la remontée des taux, nous arrivons à un service de la dette de plus de 50 milliards ! Et ce n’est pas fini. La troisième économie de l’UE, l’Italie est entrée dans un tourbillon. Draghi a démissionné car il était sans majorité et les élections de l’automne peuvent très bien donner un futur soutien à Orban grâce à l’arrivée possible d’une union des droites et de l’extrême droite à la tête de l’Italie. Le prix de l’électricité a augmenté de 91 % et du gaz de 70 % ! Avec un taux d’intérêt à 3,26 % fin juillet et un écart de 2,25 % avec le taux allemand, nous pouvons craindre encore un accroissement de ce différentiel des taux ce qui fragiliserait l’UE et l’euro. Car l’Italie n’est pas la Grèce, c’est la troisième puissance de l’UE. Le dispositif anti-fragmentation de l’UE pour éviter que des pays fonctionnera-t-il ?

Comprendre la guerre des monnaies

Pour comprendre la guerre des monnaies, c’est-à-dire cette brusque conversion du système de crédit en système monétaire(K. Marx, Contribution à la critique de l’économie politique, Ed. Sociales, p. 109), il faut partir du livre Le grand échiquier de Zbigniew Brzezinski, publié en 1997. Il y est noté la stratégie étasunienne d’empêcher la création d’une unité économique eurasienne qui diviserait l’actuelle domination États-Unis-Canada-UE-Japon-Corée du Sud-Australie-Nouvelle-Zélande.

Pour Zbigniew Brzezinski il était devenu vital pour les États-Unis de couper les ailes de l’empire russe et de détacher l’Ukraine de la Russie. C’est ce que nous vivions, dans un contexte de création monétaire sans limite par la FED et la BCE.

Pour Zbigniew Brzezinski il était devenu vital pour les États-Unis de couper les ailes de l’empire russe et de détacher l’Ukraine de la Russie. C’est ce que nous vivions, dans un contexte de création monétaire sans limite par la FED et la BCE avant que celles-ci resserrent la vis et augmentent leur taux dans la nouvelle séquence géopolitique.

Une des causes des affrontements inter-impérialistes réside dans la bataille monétaire. Le fait que Saddam Hussein ne veuille pas vendre son pétrole en dollars n’est pas pour rien dans le déclenchement des hostilités. Aujourd’hui, la nouvelle donne géopolitique accentue cette guerre des monnaies avec pour l’UE le risque de supplémentaire d’une fragmentation de l’euro dû à une distribution terriblement inégalitaire des taux des emprunts (l’Italie a plus de 2,2 % d’écart avec l’Allemagne fin juillet 2022 avec une dette en croissance forte). D’autant que les sondages donnent gagnant pour les élections de fin septembre l’union des droites sous direction de l’extrême droite !

Les politiques de rachat non conventionnelles de rachat sur le marché secondaire, non prévues par les traités mais depuis avalisées par l’UE, ont accru la masse des liquidités qui masquait les déficiences congénitales de la zone euro. Mais maintenant la mer se retire ! On voit tout ! (« C’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent nus » Warren Buffet.)

L’Union européenne dans la tourmente

La principale déficience qui pourrait coûter très cher est la grande divergence économique d’une part et des taux d’emprunt d’autre part. L’Union européenne ne peut pas devenir une Europe puissante et donc continuera au mieux d’être ballottée par l’action des grands impérialismes se disputant le leadership mondial et au pire par un éclatement de la zone euro à cause de la fragmentation grandissante de celle-ci. Les traités sont un frein aux politiques de convergence économique et les principaux leaders européens sont opposés aux politiques de convergence économique.
Disons clairement que les critères de Maastricht sont en fait une des causes de la divergence économique. Ces critères correspondaient aux intérêts de l’Allemagne en contrepartie de l’abandon du Deutsche Mark. Ces critères pro-divergence demandaient alors des transferts financiers importants des pays riches vers les pays pauvres. L’Allemagne a préféré proposer la politique des ajustements structurels, c’est-à-dire une politique austéritaire sévère. Au lieu de cela, les traités proposent la concurrence et permettent le dumping. Et ce problème est de plus en plus fort au fur et à mesure que l’inflation progresse.

La politique non conventionnelle a permis d’éviter l’équivalent des crises de 1929 et de 2007-2008 en renforçant le système bancaire et financier mais ne permet pas en elle-même la convergence indispensable pour une Europe solidaire.

La politique non conventionnelle a permis d’éviter l’équivalent des crises de 1929 et de 2007-2008 en renforçant le système bancaire et financier mais ne permet pas en elle-même la convergence indispensable pour une Europe solidaire. Tout simplement parce que l’argent injecté a renfloué les banques pour les aider à spéculer et non à soutenir des politiques de réindustrialisation. Et la politique non conventionnelle de rachat des titres sur le marché secondaire, les taux réels négatifs, les opérations de refinancement ciblé à long terme (TLTRO pour Targeted longer-term refinancing operations) ne suffisent plus. C’est comme Capri, c’est fini !
D’autant que la BCE annonce de tenir compte des critères écologiques mais pas avant 2024 ! D’autant que les pays qui ont fortement désindustrialisé y compris une partie du haut de gamme sont en difficulté (sauf l’industrie du luxe mais on ne construit pas un pays puissant uniquement avec une industrie du luxe !) avec un euro faible car leur force d’exportation est faible et donc subissent uniquement la hausse des importations plus chères. Ne jamais oublier que contrairement à ce que racontent certains médias et dirigeants politiques, l’inflation actuelle ne provient pas majoritairement des hausses de salaires (car les salaires réels – avec inflation déduite baissent), d’une demande qui explose et qu’il faudrait brimer mais est due principalement de l’éclatement de la chaîne de production crée par le libre-échangisme intégral et qui se trouve en porte-à-faux par la nouvelle géopolitique mondiale due à la nouvelle guerre des monnaies, aux problèmes énergétiques et à la rareté des métaux rares.

L’inflation actuelle ne provient pas majoritairement des hausses de salaires, d’une demande qui explose et qu’il faudrait brimer mais est due principalement de l’éclatement de la chaîne de production crée par le libre-échangisme intégral.

Donc la stagflation et la récession guettent ! Disons-le ouvertement, la nouvelle austérité prévue dans le plan de stabilité français pour 2023-2027, fourni à Bruxelles n’est pas lié à un problème spécifique des retraites et de l’assurance-chômage mais tout simplement à la forte baisse prévue des montants de retraite et d’assurance-chômage sur 2023 pour financer un capitalisme qui ne peut, aujourd’hui, pour tenter de maintenir les taux profits chancelants, le faire qu’en aggravant sans cesse la politique d’austérité. Ou dit en français populaire : seule la baisse des salaires et des retraites peut tenter de  maintenir les taux de profit pour les grandes entreprises. Vous pourrez me rétorquer que cela dépend de l’action du prolétariat ! Très juste ! Encore faudrait-il qu’il en soit persuadé. Dit autrement : il faut lier l’éducation populaire refondée et les luttes sociales. Mais là, ce n’est toujours pas la priorité des organisations politiques et syndicales.

D’autres risques existent comme la crise obligataire. Une augmentation des taux directeurs provoque une baisse de la valeur des titres sur le marché secondaire ce qui provoque une course à la vente et déclenche une crise. Et enfin, la crise des dettes publiques comme celle qui menace l’Italie, 3e puissance économique de l’UE.

Si la Nupes a eu raison de demander l’augmentation des salaires plutôt que des primes, a eu raison de dire que les augmentations sont nettement en dessous de l’inflation, n’empêche que sans politique de rupture économique, fiscale et sociale, les augmentations ne pourront être financées que par la dette (qui atteint 114 milliards fin juillet 2022), d’autant que la baisse des « impôts de production » de 10 milliards puis de 8 milliards va obliger l’extrême centre macroniste et son allié LR à durcir l’austérité sociale pour financer le service de la dette en augmentation fortement et les cadeaux fiscaux à l’oligarchie capitaliste. Toutes choses étant inégales par ailleurs, nous vivons la crise de l’Empire romain de la fin du IIIe siècle et du IVe siècle ! Rappelons à la Nupes que le plafonnement des prix en l’an 301 n’a pas été un grand succès…

Une dégradation systémique

La dégradation de la sphère de constitution des libertés (école, services publics, sécurité sociale) se confirme mois après mois. Le capitalisme emploie tous ses moyens : les thèses pédagogistes contre la transmission des savoirs émancipateurs pour toutes et tous, la baisse des salaires réels contre la juste rémunération, la perte de sens du travail par taylorisme, fordisme et uberisation exacerbés par le nouveau management public contre la satisfaction dans le travail utile et nécessaire du métier, la déconnexion de l’objet des services publics avec les besoins sociaux contre la satisfaction de ces derniers, la destruction du principe de la solidarité collective de la naissance à la mort pour lutter contre la baisse tendancielle du taux de profit, le développement des thèses identitaires bourgeoises essentialistes au sein de toutes les organisations syndicales et politiques de gauche qui la divise contre les pensées laïques et solidaires qui seules peuvent les rassembler, l’entrée progressive du management privé dans la sphère de constitution des libertés. Mais dire cela aujourd’hui nous conduit à dire que l’alternative passe par la prise en compte de tous ces maux à la fois sans en oublier un seul et donc par la nécessité de construire un nouvel imaginaire social et politique et de promouvoir une stratégie concrète de la « double besogne » pour y parvenir. On en est loin ! Et ce n’est pas avec une gauche à 11,2 % des voix des personnes susceptibles de voter au premier tour des législatives 2022 (correspondant à un peu plus du quart des votants en tenant compte de l’abstention, des votes blancs et nuls et des non-inscrits), avec 70 % de non votants dans la classe populaire ouvrière et employée et chez les jeunes de moins de 35 ans, et avec un syndicalisme revendicatif en recul que l’on peut y parvenir ! Notre tâche est donc immense mais ô combien nécessaire !

Le ralentissement économique s’aggrave en Chine sous la pression la crise immobilière et de la politique « zéro Covid », ce qui a incité la Banque centrale à agir pour tenter de soutenir l’activité future. Dans un mouvement visant à soutenir le crédit et l’activité, la Banque populaire de Chine (PBoC) a abaissé deux de ses principaux taux directeurs. Inattendu, ce geste reste toutefois limité, avec une réduction de dix points de base, à 2,75 %, pour le taux de sa facilité de prêt à moyen terme, et à 2 % pour celui de ses prises en pension inversées à sept jours.

Une étude de l’OCDE montre qu’au premier trimestre 2022, le revenu réel des Français a baissé de 1,9 % soit beaucoup plus que la moyenne de l’OCDE (-1,1%).

L’une des questions les plus importantes traitées par le nouveau droit du travail espagnol 2022 est la nouvelle dimension de la convention collective. Les accords d’entreprise sont désormais subordonnés aux accords sectoriels, et l’accord sectoriel se caractérise par le rétablissement de son caractère déterminant dans des aspects tels que les salaires et les heures de travail.

La loi sur le pouvoir d’achat

La loi intitulée « Pouvoir d’achat » organise une baisse importante du salaire socialisé qui va à la Sécurité sociale et donc diminue son financement. La conséquence est donc la diminution future des prestations Sécurité sociale et la diminution du nombre de soignants dans les hôpitaux ! L’économiste Michaël Zemmour estime que « la prime Macron creuse volontairement le déficit de la Sécurité sociale ». Il a raison ! L’extrême centre macroniste développe une politique qui consiste, dans un premier temps, à mettre volontairement en déficit la Sécu pour mieux justifier, dans un second temps, la baisse des dépenses :

« L’article 1 permet ainsi le triplement de la ‘’prime Macron’’ jusqu’à un montant de 6 000 euros par an et par salarié. La prime sera exonérée de cotisations sociales pour les salariés et les employeurs (seuls la CSG, la CRDS et le forfait social seront prélevés sur cette assiette). Jusqu’à 2024, elle sera même exonérée de tout prélèvement pour les salariés rémunérés au-dessous de trois smic (près de 5 000 euros brut). La perte de recette engendrée ne sera compensée ni à la Sécurité sociale, ni à l’assurance-chômage, ni aux retraites complémentaires. L’article 2 de la loi promet une baisse de cotisations sociales pour les indépendants, cette fois compensée à la Sécurité sociale par l’État, pour un montant très élevé (440 millions d’euros par an qui ne seront pas mis ailleurs). L’article 3 prévoit une généralisation de l’intéressement aux petites entreprises, dispositif qui, tout comme la ‘’prime Macron’’, bénéficie de niches sociales et permet aux employeurs un contournement du salaire. »

Non seulement, on contourne l’augmentation des salaires mais on favorise la part des couches moyennes supérieures puisqu’on autorise les exonérations jusqu’à 5 000 euros bruts par mois.

Non seulement, on contourne l’augmentation des salaires mais on favorise la part des couches moyennes supérieures puisqu’on autorise les exonérations jusqu’à 5 000 euros bruts par mois.

Le gouvernement, va priver la Sécurité sociale de quelques milliards d’euros de recettes, avant de proposer une réforme des retraites – en invoquant notamment la nécessaire stabilité des comptes. À noter que le gouvernement a présenté à l’Assemblée nationale le 2 août dernier le programme de stabilité qu’il adressera à Bruxelles. Dans ce document, c’est la réforme des retraites et le plein emploi qui sont censés soutenir la croissance et la réduction des déficits avec des hypothèses ultra-optimistes !

Pour une Sécurité sociale de l’alimentation

Nous avons à lutter contre toutes les attaques qui ont été portées contre la Sécurité sociale. Mais nous avons encore plus à faire. Si nous repartons du projet des concepteurs de la Sécurité sociale, il s’agissait d’assurer la « protection des citoyens et de leurs familles de la naissance à la mort » sur tout ce qui relève de la santé (qui pour l’OMS de 1946 avait comme définition « un état de bien-être physique, psychique et social »). Aujourd’hui, nous devrions élargir la protection concernant le logement au-delà des prestations actuelles sous conditions de ressources de la CNAF, notamment avec des prestations de type “indemnités journalières” lorsque, par exemple, le locataire tombe malade. Mais aussi l’élargir au “bien se nourrir”. C’est pourquoi nous vous proposons de lire l’article de  Thomas Guénolé, politologue, et Frédéric Pierru, sociologue au CNRS, qui ont relancé le débat lancé par la Confédération paysanne sur un élargissement de la Sécurité sociale à l’alimentation.

De mal en pis…

La Poste annonce la fin du J+1 ! Donc fini la lettre qui arrive le lendemain !

Les statistiques de la fonction publique

Rappelons dans le même état d’esprit que les statistiques de la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), montrent qu’entre 2006 et 2019, alors que la population totale a augmenté de près de 7 % (de 63,2 à 67,3 millions), les effectifs dans la fonction publique d’État ont diminué de l’ordre de 6 % (2 % dans l’Éducation nationale) et les effectifs dans la Fonction publique hospitalière ont augmenté seulement de 12 % environ (ce qui est insuffisant compte tenu du vieillissement de la population).

L’extrême dégradation du système de santé publique

D’après le Code de la santé publique, il est de la responsabilité du gouvernement (article L 1411-1) de mener une politique de santé garantissant le droit fondamental à la protection de la santé au bénéfice de toute personne. Cette politique doit garantir le droit du patient et des soignants à la santé, le droit au respect de la dignité de la personne malade, le droit de recevoir les traitements les plus appropriés et de bénéficier des thérapeutiques garantissant la meilleure sécurité sanitaire, le principe de continuité du service public hospitalier. Force est de constater que ces droits ne sont plus garantis.

Alors que le nombre de déserts médicaux et paramédicaux se poursuit, le groupe privé Ramsay ouvre des centres de santé en milieu populaire. L’extrême centre au pouvoir montre là sa véritable politique !

Les 41 mesures flash du nouveau ministre de la Santé correspondent à la volonté de l’extrême centre de remplacer l’acte de soin par l’acte du tri en soignant de plus en plus mal.

Non content de n’avoir toujours pas expliqué officiellement pourquoi la mortalité infantile a fait un bond considérable en France, le gouvernement privilégie toujours le déni. De nombreuses maternités sont confrontées à une pénurie sans précédent de sages-femmes. Elles limitent les inscriptions, abandonnent le suivi de grossesse et sont parfois contraintes de refuser des femmes sur le point d’accoucher. En Seine-Saint-Denis, le décès d’un bébé a bouleversé les soignants.

Crèches : sécurité des enfants en danger !

L’arrêté du 29 juillet 2022 relatif aux professionnels autorisés à exercer dans les crèches a été publié le 4 août dernier au Journal Officiel. Le gouvernement autorisera à compter du 31 août 2022 le recrutement de personnels non qualifiés et non diplômés au sein des crèches. C’est un recul sans précédent pour la qualité d’accueil et la sécurité des enfants en crèche, ainsi qu’une attaque sans concession de la reconnaissance des qualifications des agents.

Au CHU d’Orléans, un management choquant

Un article montre l’avenir du soin en France. Aux patients de se trouver une chambre dans un autre établissement !

Et le scandale des soins aux personnes âgées continue. Mais chaque ministre responsable de la dégradation du système de santé se déclare non coupable ! Le Monde a demandé à 6 ex-ministres de la santé français des vingt dernières années leur point de vue sur la politique de la santé. Résultat : Ils estiment que globalement la politique de santé ne fut pas la bonne mais que le pire est la faute des autres plutôt qu’à chacun d’eux. Une honte ! Ils auraient dû être jugés comme responsable du désastre sanitaire !

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