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Mobilisations et provocations policières lors des manifestations des 13 et 16 juin

Retour sur la manifestation du samedi 13 juin du comité Adama : le traquenard était presque parfait !

ReSPUBLICA a décidé de faire le point sur la manifestation du 13 juin dernier, en rendant compte de « choses vues », et non en commentant passivement des reportages soi-disant objectifs des chaînes d’info.

Samedi dernier, l’expression « le pire a été évité » a pris tout son sens pour une fois ! Tous les éléments étaient pourtant réunis pour que la manifestation du comité Adama tourne au drame. Totalement à contre-emploi, certaines forces politiques et institutionnelles ont décidé de « jongler avec de la nitroglycérine »… et paradoxalement le black bloc, une fois n’est pas coutume, a fait le service d’ordre !

Revenons sur les faits.

Durant la semaine précédant la manifestation, les médias tels que Le Figaro, BFM ou encore Cnews font monter la mayonnaise : entre deux commentaires de Zemmour, ils prédisent que le samedi 13 juin, jour de la mobilisation du comité Adama, sera certainement un jour d’émeute terrible à Paris. Le fantasme atroce du déferlement banlieusard « noir » sur les Grands Boulevards est agité pour effrayer le bourgeois.

Arrive le jour dit. Dès 10 h du matin, les force de maintien de l’ordre commencent à prendre position place de la République et rue Béranger. Pourquoi évoquer ces deux lieux ? Parce que c’est dans l’un des immeubles dont les entrées se trouvent sur cette place ou dans cette rue que va s’introduire un groupe d’une quinzaine de militants Identitaires. Ils transportent une banderole de 5 m sur 7 en toile cirée épaisse, donc très lourde et encombrante, un matériel important de cordage pour la fixer et des fumigènes.

Vers 14 h, la foule, composé principalement de jeunes, commence à arriver sur la place de la République. Le rassemblement atteindra 25 à 30 000 personnes à 15 h 30. En dehors du comité Adama et de quelques militants pro-palestiniens, précisons qu’aucune organisation indigéniste du type PIR (Parti des indigènes de la République) ou salafiste liée aux Frères musulmans, n’est visible sur les lieux avec sa camionnette sono. Manifestement, ils n’ont pas voulu venir, c’est un choix politique.

La manifestation devait partir vers 15 h vers les Grands Boulevards pour rejoindre enfin la place de l’Opéra. Une heure avant le début du défilé, le Préfet de police de Paris, Didier Lallement, annonce l’interdiction du parcours. Ainsi, durant 4 heures, des dizaines de milliers de jeunes sont cantonnés dans une gigantesque nasse. Tous les boulevards d’accès à la place sont contrôlés par la gendarmerie mobile, ce qui tend encore plus l’atmosphère puisque le décès d’Adama Traoré implique des gendarmes et non des policiers. Pourquoi les CRS n’ont-ils pas été mis en première ligne pour faire baisser la pression ? Mystère.

Vers 15 h 30, devant une masse humaine bloquée de toutes parts, ne sachant que faire, les esprits s’échauffent logiquement. C’est à ce moment que se déploie la gigantesque banderole des Identitaires depuis le toit d’un des immeubles du côté Sud de la place de la République, presque à l’angle de la rue du Temple. Visiblement les Identitaires savaient que la manifestation ne partirait jamais sinon ils auraient déployé la banderole une heure plus tôt, puisque normalement à 15 h 30 la place de la République aurait dû être pratiquement vide.

Comment la préfecture de police peut-elle ignorer la présence du commando identitaire?  Elle qui dispose d’une quarantaine de caméras « officielles » sur cette place auxquelles il faut rajouter les caméras « officieuses » installées en grand nombre sur les places et axes stratégiques de la capitale depuis les attentats terroristes. Ces caméras sont destinées en particulier à détecter des « snipers » sur les toits qui sont l’objet d’une attention vigilante et permanente.  De plus, deux drones survolent la foule comme c’est la pratique courante pour les manifestations « à risque ». Toutes ces images numériques arrivent à la salle de commandement de la Préfecture, sur île de la Cité, sur un gigantesque mur d’écran. Les autorités auraient pu décider au minimum, en ayant échoué dans une action préventive, de monter quatre à quatre les étages et d’aller interpeller immédiatement les fauteurs de troubles. Elle le fera une heure et demi plus tard pour « exfiltrer » le commando d’extrême-droite et lui éviter d’être pris à parti par les manifestants. Mais non, la police est restée totalement passive pour permettre au « show fasciste » de se dérouler.

Si l’extrême-droite est sur les toits, les médias de la droite extrême sont présents en bas parmi la foule pour relayer le spectacle. Valeurs actuelles déclarera plus tard avoir envoyé une douzaine de reporters et de « correspondants ». Visiblement, toute la droite radicale était au courant mais le renseignement intérieur de la DGSI ou de la DRPP pour la Préfecture n’a pas eu vent de l’action… ce qui est assez surprenant, sachant la pénétration traditionnelle des milieux de l’ultra droite par la police. Depuis toujours, ces organisations n’ont pas le moindre secret pour les « services ». Donc, les Identitaires vont pouvoir « énerver le monde » au sens propre, coincé dans cette gigantesque nasse place de la République.

Tout devait donc exploser comme une cocotte-minute. Heureusement une conjonction d’éléments a empêché un déferlement de violence. Deux raisons à cela : l’attitude politique de la direction du comité Adama, appelant au calme en permanence et étant assez bien suivi par la masse des manifestants, y compris les plus jeunes. La seconde raison est la relation politique particulière entre le comité Adama et le black bloc. Car en fait, le black bloc était là… mais « en civil » sans tenue noire. Allié de longue date du comité Adama, le black bloc a plutôt eu un rôle de pacification que de provocation comme à son habitude, en retenant les jeunes d’aller au contact avec les forces de l’ordre.

« Faute de grives, on mange des merles », et un peu désœuvré devant cette conjoncture finalement « relativement » calme, Valeurs Actuelles diffusera sur la toile les insultes anti-juives d’un manifestant (un, voire deux, car volontairement le montage de la vidéo par l’hebdo de la droite extrême ne permet pas de se prononcer). Immédiatement après cette diffusion, exactement 4 minutes après, le préfet Lallement relaiera « l’information » en lui donnant une crédibilité institutionnelle au sens d’un slogan repris par la foule. Cette collaboration médiatique, comme d’ailleurs «l’exfiltration sympa » des Identitaires par la police, sont aux  antipodes d’une stratégie de maintien de l’ordre républicaine et se rapproche plutôt des « coups tordus » de la préfecture de Police des années 60 et 70.

Récemment, au micro de Denis Robert du Média, Jean-Louis Arajol, ancien secrétaire général de la FASP (Fédération Autonome des Syndicats de Police) disait que Lallement avait le choix entre la façon de faire de Papon en 61-62 ou celle de Grimaud en mai 68…. Visiblement le préfet actuel, comme il disait lui-même à une gilet jaune, a « choisi son camp » !

Bonne mobilisation des soignants et provocation des dirigeants de la Préfecture de police le 16 juin

Malgré la réquisition d’une partie du personnel soignant hospitalier, plus de 30 000 manifestants se sont regroupés à Paris devant le ministère de la Santé, avenue de Ségur. Au début, les forces de sécurité se sont comportées de façon républicaine.

Puis, la manifestation s’ébranla vers l’esplanade des Invalides. Les forces de sécurité barraient par trois camions de front toutes les rue qui coupaient le trajet de la manifestation. Ce fut un cortège jeune, joyeux, plein de musique, avec de nombreuses jeunes femmes qui donnaient l’ambiance. Le Théâtre du soleil d’Ariane Mnouchkine était présent dans le début de la manifestation de façon très visible avec une banderole située à 4 ou 5 mètres du sol ! Les gros bataillons étaient formés par les syndicats hospitaliers CGT et Sud avec un cortège non négligeable de syndicalistes hospitaliers FO. Étaient aussi visibles des manifestants de ces mêmes syndicats représentant d’autres professions. Donc un soutien interpro. Quelques médecins médiatiques du CIH étaient également présents dont celui qui avait reçu le président Macron à la Salpêtrière. Et comme les paramédicales arboraient leurs professions sur leurs blouses blanches, nous pouvons dire que tous les services et les catégories hospitaliers étaient représentés à cette manifestation. Cette manifestation fut une réussite presque jusqu’au bout… Une fois que la manifestation fut arrivée sur l’esplanade des Invalides dans une ambiance bon enfant, il était clair que celle-ci était dans une nasse fermée. Nous avons alors eu droit à la provocation liée à la nouvelle doctrine anti-républicaine du maintien de l’ordre que le préfet Lallemant a précisé lors de son audition du Sénat. Tout d’un coup surgissent de la rue de l’Université, côté Assemblée nationale, des forces de sécurité attaquant la manifestation avec un déluge de gaz lacrymogène. Pour nous, situés juste à côté près de la bouche du métro Invalides, ce fut une provocation éhontée liée à un ordre de la hiérarchie. Ceux qui étaient bon enfant comme nous près de la bouche de métro peuvent témoigner que l’odeur était irrespirable et piquait les yeux jusque sur le quai du métro.
Nous n’avons pas assisté aux dérapages ultérieurs…

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