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Les classes populaires ont-elles vraiment perdu la partie ? Sept questions à Robert Castel 

En 2012, le sociologue Gérard Mauger produisait le texte intitulé « Les classes populaires ont-elles vraiment perdu la partie ? » en questionnant les travaux d’un autre sociologue, Robert Castel. Nous reproduisons ce texte ci-dessous car il exprimait d’une façon claire l’état des questionnements d’alors de ceux qui, intellectuels ou militants éclairés, estimaient qu’il ne pouvait pas y avoir de bifurcation sociale et politique vers l’émancipation sans l’action consciente d’un bloc historique interclassiste autour des classes populaires.
Depuis, nous avons eu la décennie des mouvements sociaux syndicaux, l’élection de nouveaux présidents de la République, chacun étant pire que le précédent vis-à-vis du plus grand nombre, le phénomène massif d’abstention des catégories populaires et des jeunes, l’émergence du mouvement des gilets jaunes comme nouveau mouvement social, l’incapacité de la convergence populaire entre mouvements sociaux, le développement du populisme d’extrême droite et de l’extrême centre (« poison » français pour l’historien Pierre Serna dans son livre de 2019, L’extrême centre ou le poison français : 1794-2019) et du cancer de la gauche identitaire dont l’adversaire principal reste malheureusement la gauche laïque et sociale, les militances alternatives, etc.

De nombreux articles sont parus dans votre journal ReSPUBLICA sur cette période, mais il est intéressant de faire un retour en arrière et de relire le texte de 2012 de Gérard Mauger. Car cette même question taraude ceux qui ne sont pas partis sur les voies de garages du défaitisme ou de l’adaptation du système. D’autant que depuis, nous avons des analyses et des espoirs dans les mouvements sociaux qui peuvent créer un avenir alternatif à notre système qui s’éloigne de plus en plus de la démocratie, de la laïcité, du féminisme universaliste, des conquis sociaux, des avancées écologiques, de l’anti-racisme, etc.

Nous vous invitons à venir discuter avec nous pour éventuellement écrire un nouveau texte dont le titre pourrait être « Qu’il y a-t-il de nouveau pour permettre aux classes populaires de se relancer ? » .

La Rédaction de ReSPUBLICA

 

« Pourquoi la classe ouvrière a perdu la partie » : tel était le titre d’une contribution de Robert Castel à un numéro d’Actuel Marx paru en 1999 et réédité avec un post-scriptum dans La Montée des incertitudes [Castel, 2009, p. 361-378]. D’une certaine façon, les propos partout cités de Warren Buffett (qui fut, pendant un temps, l’homme le plus riche du monde) lui font écho : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner1 . » La classe des riches a gagné la partie, la classe ouvrière l’a perdue : si l’énoncé peut paraître provocateur, Robert Castel avertissait que son intention n’était « nullement provocatrice ». Il s’agit, en effet, d’un constat – celui de l’effacement relatif de la place et du rôle qu’a joué la classe ouvrière – et d’une tentative destinée à en rendre compte dans une perspective familière à l’auteur des Métamorphoses de la question sociale : celle de l’« analyse socio-historique des transformations internes du salariat » [Castel, 1995].

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Avec l’autorisation de l’auteur. © La Découverte.

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