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Les premiers enseignements des élections françaises du 20 juin 2021

1) Premier tour des élections départementales et régionales en France : nouveau record battu du taux d’abstention lors d’élections générales ! L’abstention concerne plus des deux tiers des électeurs inscrits. Sans compter près de 10 % des Français non-inscrits sur les listes électorales. Il ne peut pas y avoir de peuple sans mobilisation sociale et mobilisation électorale. Nous sommes donc entrés dans une séquence de délégitimation démocratique de l’offre politique. C’est une séquence qui historiquement ne pourra pas durer autant que les impôts. D’ailleurs il est souvent question du consentement à l’impôt. Que vaut ce consentement quand, dans le meilleur des cas, le candidat arrivé en tête obtient à peine 12 % des inscrits en suffrages favorables ? Seul un renouveau démocratique instaurant une démocratie représentative associée à une importante démocratie directe pourrait transformer l’image négative de l’impôt en contribution au service de l’intérêt général humain, image positive pour un réel consentement citoyen.

2) C’est une véritable grève du vote qui vient d’avoir lieu. C’est la nouvelle conséquence électorale du mouvement des gilets jaunes dont les revendications de transformation sociale ont été soutenues par la majorité des Français, revendications qui n’ont pas été prises en compte par la majorité du « personnel » politique. La parenthèse ouverte par la pandémie due au Covid-19 qui, un temps, a mis les « derniers de cordée » au premier plan ainsi que la nécessité de retrouver une souveraineté industrielle, alimentaire et sanitaire semble se refermer.

3) Pire encore, une étude réalisée par Ipsos-Sopra Steria « Sociologie des électorats et profil des abstentionnistes » pour Radio France et France Télévisions, montre que plus on est jeune, plus on s’est abstenu. 87 % des 18/24 ans et 83 % des 25/34 ans ont boudé les urnes.

4) Si, on part du vote des sondés de l’élection présidentielle de 2017, ce sont les électeurs de Marine Le Pen qui se sont massivement abstenus (73 %), suivis de ceux de Jean-Luc Mélenchon (67 %) et de Nicolas Dupont-Aignan (67 %), de Macron (60 %), de Benoît Hamon (55 %) et François Fillon (44 %).

5) Sur le plan du niveau de diplômes, la proportion parmi les abstentionnistes de ceux qui ont le baccalauréat comme diplôme est de 72 %, ce qui signifie que dans la classe populaire ouvrière et employée (classe en soi qui représente la moitié de la population) les abstentionnistes sont légèrement plus nombreux encore, par rapport aux dernières consultations.

6) La sous-traitance au privé de l’acheminement des circulaires de présentation des candidats a entraîné des retards et des non-livraisons de ces circulaires aux électeurs.

7) Un autre aspect de ces élections invite à des réflexions : la création d’immenses régions regroupant artificiellement des départements qui culturellement, économiquement, historiquement… ont peu de liens a sans doute joué un rôle dans l’abstention comme l’expression d’un refus de cette nouvelle organisation territoriale qui apparaît comme complexe et illisible aux yeux du plus grand nombre et peu propice à une pratique citoyenne dans la définition des projets.
De plus songeons à la diversité des statuts : en Corse, en Alsace, sans compter les outre-mers, ou bien les métropoles créées uniquement pour des enjeux économiques et de concurrence européenne sans tenir compte de l’histoire institutionnelle de France.

Le gigantisme des régions arguait la réduction de la dépense publique comme à chaque fois qu’un gouvernement impose un redécoupage ou une nouvelle organisation des territoires des économies. Ce ne fut pas le cas. Pire, il s’accompagne de crispations identitaires qui fragilisent encore plus le caractère indivisible de notre République l’éloignant des notions de laïcité, de social et de démocratie pourtant inscrites dans la Constitution.

8) L’extrême droite autour du RN de Marine Le Pen subit une véritable défaite. Visiblement, le vote « militant » fasciste n’existe pas pour l’instant en France. Bref au niveau subjectif, le RN fait lui aussi partie de « l’établissement politique » rejeté par les Français. Le recul électoral par rapport à 2015 est notable. Cette constatation a pour conséquence « d’ouvrir » la situation politique, qui peut basculer très vite suivant les évènements et les mobilisations populaires. Tout est possible car il n’y a aujourd’hui ni rapport de force électoral, ni rapport de force social bien établi.

À suivre…

Nous continuerons dans Respublica la suite de cette étude la semaine prochaine sur l’état des organisations politiques à la sortie de cette séquence électorale. Puis, nous organiserons une visioconférence le mardi 29 juin à 18 h 30 pour débattre sur les conséquences de cette séquence électorale pour nos combats démocratiques, laïques, sociaux et écologiques et pour constituer un bloc historique avec la classe populaire ouvrière et employée.

Pour recevoir le lien de visionnage de cette visioconférence, la demander sur evariste@gaucherepublicaine.org ou reseaueducationpopulaire@gmail.com ou combatlaiquecombatsocial@gmail.com

À bientôt !

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