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« Une chambre en Inde », d’Ariane Mnouchkine

Allez voir ce spectacle ! Original comme toutes les pièces que crée la directrice du Théâtre du Soleil.  D’abord baigné par les phrases de Gandhi dans la partie restaurant où on se régale de plats du sous-continent indien, je ne peux m’empêcher de vous en citer  une qui pourra surprendre ceux qui ne le connaissent pas bien : « Là où il n’y a le choix qu’entre la lâcheté et la violence, je conseillerais la violence ». Et  bien d’autres que je vous invite à lire en faisant le tour du restaurant.

Puis le spectacle nous conduit dans une chambre vivante en Inde, hantée par tous les désordres géopolitiques et les horreurs obscurantistes du monde (Daesh, les talibans, les mariages forcées, etc.) mais sur le mode du patchwork (un spot publicitaire de Daesh sur la bande son de « Lawrence d’Arabie » !) et de l’humour. Un spectacle contre les horreurs du monde présenté cash. Avec une troupe de théâtre composée de plusieurs dizaines de nationalités. Tout cela pour montrer que l’humanité est une et indivisible tout en étant culturellement divisée.

Puis Ariane Mnouchkine appelle à la rescousse Shakespeare, avec le roi Lear et Richard III, Tchékov, avec sa Mouette et ses Trois sœurs, pour finir avec Chaplin dans « Le dictateur ». Couplage merveilleux. Avec toujours l’idée que le théâtre est nécessaire à la vie et à l’humanisme. Une scène d’horreur où des hommes proches de la mort récitent une pièce de théâtre.

Mais tout cela est entrecoupé de scènes artistiques superbes, chantées et dansées, du Theru Koothu, vieux théâtre traditionnel tamoul évoquant les épopées du Mahabharata. En fait, comme dans Le nom de la rose Umberto Eco nous propose trois romans en un, le policier, le philosophique et l’historique, Ariane Mnouchkine nous propose plusieurs pièces de théâtre dans la même soirée, comme je viens de le suggérer. Mais en y réfléchissant plus avant, il vaut mieux dire qu’Ariane Mnouchkine nous présente un seul théâtre, le sien.

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