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Formation à la laïcité des enseignants : refus du secrétariat à l’enseignement catholique

Déclaration du Secrétaire de l’enseignement catholique, le vrai visage anti-laïque de l’école confessionnelle en plein jour : « L’École catholique défend vigoureusement le principe de laïcité, tout comme celui de la neutralité de l’État. Mais cette neutralité ne peut être celle de la société, ni de nos écoles, ni des personnels qui y travaillent, qu’ils soient salariés ou enseignants. Nos personnels ne peuvent pas suivre la formation sur la laïcité proposée aux enseignants du public simplement car nous avons une manière différente de vivre la laïcité dans nos établissements. »

Le code de l’Éducation bafoué par le privé

Le Code de l’Éducation, art. L442-5 précise que l’enseignement est confié « dans le cadre de l’organisation arrêtée par le chef d’établissement et de la liberté de conscience des maîtres ». Or le statut des écoles catholiques sous contrat contredit ce code : « Pour un OGEC (organisme de gestion des école catholiques), il s’agit de désigner l’annonce de l’Évangile et sa célébration comme des lieux privilégiés de discernement des décisions à prendre. »

Lors de la Conférence des évêques de France en 2003, il est affirmé que « l’enseignement catholique construit son caractère propre entre l’enseignement, l’éducation et la révélation d’un sens de la personne enraciné dans l’Évangile. » alors que le code de l’Éducation ne prévoit un caractère propre que pour l’établissement non pour le contenu des enseignements.

Si comme il est malheureusement convenu depuis la loi Debré, l’enseignement catholique participe au service public d’éducation avec des enseignants rémunérés par l’État, il semble évident que ses enseignants ne peuvent être écartés de l’objectif de formation à la laïcité.

Laïcité à géométrie variable

Alors que le gouvernement et sa majorité à l’Assemblée nationale, après les errements du président Macron faisant, dans son discours au Bernardin, les yeux doux au clergé catholique avec des accents cléricalistes contraire aux principes de notre République(1)Discours du 9 avril 2018, aux Bernardins, lors de la Conférence épiscopale dans lequel il affirme vouloir « réparer » le lien « abîmé entre l’Église et l’État ». Le lien entre l’Église n’a pas à être réparé ni abîmé. Ce lien depuis la loi de séparation des Églises de l’État n’existe pas et l’État connaît mais ne reconnaît aucun culte tout en leur garantissant la liberté de pratique. Cela n’interdit en rien aux représentants de n’importe quelle religion d’intervenir dans les débats qui traversent notre société mais leur parole n’a pas plus de valeur que celle qui est accordée à chacun et chacune selon l’idée républicaine qui établit que chaque citoyen est considéré à égalité de droits et de devoirs quelles que soient ses conceptions métaphysiques athées, agnostiques ou religieuses, quel que soit son sexe, quelles que soient ses origines sociales et culturelles…, essaient de se faire passer pour les chantres de la laïcité, les récentes mesures rendant l’instruction obligatoire dès trois ans(2)L’instruction est obligatoire pour tous les enfants, Français et étrangers, à partir de 3 ans et jusqu’à l’âge de 16 ans révolus. Les parents peuvent choisir de scolariser leur enfant dans un établissement scolaire – public ou privé – ou bien d’assurer eux-mêmes cette instruction. Dès la rentrée scolaire 2020, les jeunes de 16 à 18 ans ont l’obligation de se former. Les missions locales contrôlent le respect de cette obligation, tout en sachant que la quasi-totalité des enfants de moins de six ans étaient déjà scolarisés, la réforme de l’éducation prioritaire au travers des CLA (Contrats locaux d’accompagnement au stade expérimental dans trois académies), représentent une véritable manne financière sur fonds publics pour l’école privée confessionnelle à savoir entre 100 et 150 millions d’€ d’argent public pour le privé sans compter le financement public du privé pour les CLA.

Depuis la loi Debré du 31 décembre 1959 de sinistre mémoire pour toutes celles et ceux qui sont réellement attachés à la laïcité, l’enseignement privé n’a eu de cesse d’exiger des avantages notamment financiers s’appuyant sur la complaisance plus ou moins active des divers gouvernements qui se sont succédé de gauche comme de droite.

Une concurrence déloyale du privé qui fragilise la république

Chacun peut constater les effets délétères de l’aspiration des élèves issus de familles favorisées, par des écoles et collèges privés sous-contrat qui participe du détricotage du lien social, et pénalise la scolarité de tous les autres(3)Voir la déclaration du CNAL, Comité National d’Action Laïque, le 28 septembre 2021. tout autant que les situations de précarité induites par une économie ultralibérale et des réformes régressives socialement parlant qui l’accompagnent. En effet, le privé trie les élèves en fonction de niveau social, des perspectives de réussite supposées et obère la nécessaire mixité sociale La laïcité sans progrès social est vide de sens et se trouve en position de faiblesse. La laïcité nourrit le social et vice-versa.

Tout cela s’organise au détriment de l’enseignement public car les moyens alloués n’étant pas extensibles, on déshabille Marianne pour habiller Saint Paul(4)Voir la déclaration de l’UFAL du 29 septembre 2021..

École publique/École privée confessionnelle : un dualisme scolaire mortifère pour la République

Il est étonnant et scandaleux que la loi confortant le respect des principes de la République ne prévoie aucune mesure contraignante pour l’enseignement privé sous contrat.

Notre République prône l’émancipation par l’usage de la raison et pourtant l’État garant et gestionnaire de l’école de la République (Constitution de la Ve République)(5)Constitution du 4 octobre 1958 : « l’organisation de l’enseignement public obligatoire gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État » assure, sans état d’âme, le fonctionnement gratuit d’écoles partisanes concurrentes au travers de lois qui encouragent et consolident la division de la jeunesse contre l’école laïque rassembleuse, symbole de l’unité de la nation.

Entre une école publique qui vise à former des personnalités autonomes et responsables, capables de choix libres et conformes à la conscience et une école privée confessionnelle qui vise à conformer les esprits à des dogmes, les républicains sincères doivent choisir l’école de la République et devraient respecter l’engagement pris à Vincennes en 1960 contre la loi Debré de poursuivre le combat pour que « l’effort de la Nation soit réservé à l’école de la Nation »(6)Serment de Vincennes, 19 juin 1960 : « Nous, délégués des pétitionnaires des communes de France, représentant 10.813.697 Français et Françaises de toutes origines et toutes opinions ayant signé la pétition solennelle contre la loi scolaire de division du 31 décembre 1959 (dite loi Debré) faisons le serment solennel : de manifester en toutes circonstances et en tous lieux notre irréductible opposition à cette loi contraire à l’évolution historique de la Nation, de lutter sans trêve et sans défaillance jusqu’à son abrogation, et d’obtenir que l’effort scolaire de la République soit uniquement réservé à l’École de la Nation, espoir de notre jeunesse. à savoir l’enseignement public.

Notes de bas de page[+]

Notes de bas de page
1 Discours du 9 avril 2018, aux Bernardins, lors de la Conférence épiscopale dans lequel il affirme vouloir « réparer » le lien « abîmé entre l’Église et l’État ». Le lien entre l’Église n’a pas à être réparé ni abîmé. Ce lien depuis la loi de séparation des Églises de l’État n’existe pas et l’État connaît mais ne reconnaît aucun culte tout en leur garantissant la liberté de pratique. Cela n’interdit en rien aux représentants de n’importe quelle religion d’intervenir dans les débats qui traversent notre société mais leur parole n’a pas plus de valeur que celle qui est accordée à chacun et chacune selon l’idée républicaine qui établit que chaque citoyen est considéré à égalité de droits et de devoirs quelles que soient ses conceptions métaphysiques athées, agnostiques ou religieuses, quel que soit son sexe, quelles que soient ses origines sociales et culturelles…
2 L’instruction est obligatoire pour tous les enfants, Français et étrangers, à partir de 3 ans et jusqu’à l’âge de 16 ans révolus. Les parents peuvent choisir de scolariser leur enfant dans un établissement scolaire – public ou privé – ou bien d’assurer eux-mêmes cette instruction. Dès la rentrée scolaire 2020, les jeunes de 16 à 18 ans ont l’obligation de se former. Les missions locales contrôlent le respect de cette obligation
3 Voir la déclaration du CNAL, Comité National d’Action Laïque, le 28 septembre 2021.
4 Voir la déclaration de l’UFAL du 29 septembre 2021.
5 Constitution du 4 octobre 1958 : « l’organisation de l’enseignement public obligatoire gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État »
6 Serment de Vincennes, 19 juin 1960 : « Nous, délégués des pétitionnaires des communes de France, représentant 10.813.697 Français et Françaises de toutes origines et toutes opinions ayant signé la pétition solennelle contre la loi scolaire de division du 31 décembre 1959 (dite loi Debré) faisons le serment solennel : de manifester en toutes circonstances et en tous lieux notre irréductible opposition à cette loi contraire à l’évolution historique de la Nation, de lutter sans trêve et sans défaillance jusqu’à son abrogation, et d’obtenir que l’effort scolaire de la République soit uniquement réservé à l’École de la Nation, espoir de notre jeunesse.
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