Mais quel est-il ? Eh bien le voici : « Depuis le tournant néolibéral de 1983, tous les gouvernements ont approfondi la ligne néolibérale et donc chaque gouvernement a fait pire pour les travailleurs que le précédent ». Macron s’apprête à faire vivre ce « théorème ». Pas parce qu’il est plus méchant ou moins volontaire, mais tout simplement parce que, comme nous l’avons précisé dans notre dernière chronique, il n’y a plus place pour l’émancipation dans le capitalisme et que si on souhaite rester dans le capitalisme, la ligne néolibérale s’impose du fait des lois tendancielles du capitalisme.
Alors, le premier gouvernement Macron, de quoi est-il le nom ? C’est un gouvernement totalement ordo-libéral, c’est-à-dire libéral-austéritaire en économie tout en étant soucieux de cohésion sociale (Solidarités et Santé, Cohésion des territoires, etc.) mais qui dépolitise la gestion de l’ensemble des problèmes économiques et sociaux en mettant aux manettes des politiques économiques des ministres le plus à droite possible et aux manettes des politiques régaliennes des anciens socialistes ; cerise sur le gâteau, l’entrée en fanfare des technocrates intimement insérés dans l’oligarchie capitaliste pour représenter la société civile. Maintenant, on sait ce que veut dire « venant de la société civile » : cela veut dire « technocrates intimement insérés dans l’oligarchie capitaliste ». Là, au moins, c’est clair ! Reste le cas Hulot, un intégriste de l’anti-croissance dans un gouvernement pro-capitaliste… Alors que l’écologie est par nature anti-productiviste et le capitalisme par nature productiviste et destructeur de l’écosystème. Fermez le ban !
Dans son discours de présentation de sa politique, lors de sa prise de fonction, Bruno Le Maire a directement prôné l’équilibre budgétaire. En français populaire, cela veut dire intensification des politiques austéritaires pour les couches populaires et les couches moyennes intermédiaires. Prendre comme ministre de l’Éducation le directeur d’une école privée catholique pour l’élite commerciale et financière, proche de l’Institut Montaigne, spécialiste des lancements des gadgets médiatiques en matière scolaire, quel beau symbole ! Une ministre du Travail qui passe directement d’une direction des ressources humaines de multinationale du CAC 40 au gouvernement, quel présage pour la loi Travail II ?
Avec la nouvelle secrétaire d’État (non, pas de ministère…) à l’égalité entre les femmes et les hommes, on atteint du lourd. Le 22 juillet 2014, celle-ci a publié dans le Huffington Post une tribune qui s’en prend à la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostensibles à l’école. « L’article 1er de la loi de 1905 prévoit que la République “ne reconnaît ne salarie ne subventionne aucun culte”. Ni plus ni moins. Interdire le voile c’est reconnaître le voile comme signe religieux, donc reconnaître une religion, interdire le voile à l’école est donc contraire à la loi de 1905 ». Un sommet de sophisme que seuls les islamo-gauchistes applaudiront !
On a aussi une ministre de la Santé qui avait déclaré au Sénat, selon I le 20 juillet 2016 : « On commence à avoir des experts institutionnels qui n’ont plus aucun lien avec l’industrie pharmaceutique et dont on peut se demander, à terme, quelle va être leur expertise, puisqu’ils ne sont plus à aucun “board”. »
Voilà qui est pour le moins ambigu sur les conflits d’intérêts, non ? Et elle vient de prendre comme directeur de cabinet un dirigeant des assurances privées. Elle est pas belle l’histoire !
Mais l’oligarchie est structurée. Le président de la Fédération des hôpitaux de France (FHF) est immédiatement entré en soutien à la nouvelle ministre en proposant d’intégrer dans le service public les cliniques privées à but lucratif pour les actionnaires. Les partenariats public-privé, nouvelle manière. Mieux que cela, il a dénoncé la démobilisation et la démoralisation des personnels alors qu’il a lui-même contribué à la politique de l’hôpital-entreprise en se félicitant que l’hôpital ait gagné des « parts de marché ». On ne se préoccupe pas des besoins et des inégalités sociales de santé grandissantes, mais seulement « des parts de marché ». Il préconise un nouvel alourdissement de la tarification à l’activité pour tenir compte de la qualité alors que c’est la tarification à l’activité qui en est l’une des causes de la baisse de qualité !
En voilà encore un auquel s’applique la phrase modifiée de Bossuet que nous notions dans la chronique d’Evariste n° 841 : « Que de discours dans la campagne du deuxième tour pour détourner la France des malheurs publics, émanant de ceux qui ne s’opposent pas à la politique qui est la source de ces mêmes malheurs. Que dis-je? Qui l’approuvent, qui y souscrivent ! »
Et pourtant, malgré les différents dispositifs d’aide à l’accès aux soins : PUMA (Protection universelle maladie), CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire) et ACS (aide à l’acquisition d’une complémentaire santé), près d’un quart des assurés sociaux renoncerait aux soins. C’est ce que révèle une étude menée par l’Odenore (Observatoire des non-recours aux droits et aux services) auprès de 28 452 usagers de l’assurance maladie, dans 18 départements répartis sur l’ensemble du territoire. Mais de cela, point de souci pour le gouvernement Macron-Philippe. Car l’oligarchie est au-dessus de ces contingences terrestres.
Une chose est sûre : comme nous l’avons dit dans notre dernière chronique, il va falloir être déterminés dans la séquence des législatives, plus forts dans les luttes sociales et enfin plus nombreux à mener la bataille de l’éducation populaire refondée, seule possibilité pour produire une nouvelle hégémonie culturelle.
Hasta la victoria siempre !