Clearstream, qui sera l’arroseur arrosé ?

clearstreamBeaucoup de pistes ont été imaginées, sauf celle que je vais vous proposer, et qui de loin en vaut bien d’autres.

Généralement un enquêteur commence son travail en s’interrogeant : « à qui profite le crime ? ». L’opinion la plus répandue aujourd’hui montre du doigt Dominique de Villepin.
Il avait l’information selon laquelle Sarkozy était, (par parents interposés) sur les listes « Clearstream » et il aurait enquêté discrètement pour en vérifier la véracité. lien
Il avait donc, au cas ou l’information se vérifiait, les moyens de poser de sérieux problèmes à son adversaire politique, à l’occasion de la présidentielle qui s’approchait en 2007.
Il faisait donc un coupable tout indiqué.

Mais parfois, comme dans les meilleurs romans policiers, ce sont ceux qui paraissent évidents qui finissent par s’effacer devant d’autres plus improbables.
Dans un premier temps, l’affaire tombe donc dans les médias, et Sarkozy crie au complot, menaçant de « suspendre au croc d’un boucher les salopards qui ont fait çà ». lien
Colère jouée ?

L’affaire se retourne alors vers Dominique de Villepin, lequel doit renoncer à toute prétention présidentielle. lien
Or, si l’on va plus loin dans la logique de « à qui profite le crime ? », les soupçons sont ailleurs.

En effet, quelles que soient les conclusions du procès qui finira le 23 octobre, De Villepin, même s’il est en fin de compte déclaré innocent en ressortira souillé, perdant ainsi toute chance de victoire pour 2012.

Faisons un peu d’histoire :
A l’époque, Sarkozy était ministre de l’intérieur (entre 2002 et 2004) et avait des liens privilégiés avec Alliot Marie, alors ministre des affaires étrangères.
Il faut se souvenir que « MAM » avait été présidente du RPR (c’était d’ailleurs la première fois qu’une femme occupait ce poste).
D’abord candidate à la présidentielle, elle s’était désistée au profit de Sarkozy. lien

Ces listings que Denis Robert, journaliste d’investigation, s’était procuré étaient tombés dans les mains d’Imad Lahoud, collaborant à la DGSE, donc dépendant de MAM de février à juin 2003. lien
(Pour la petite histoire Denis Robert vend aujourd’hui ses listes sous forme de toiles dans une galerie parisienne, façon de subsister dans ce monde qui s’est fermé pour lui). lien

C’est un expert, Philippe Joliot qui prouve que Lahoud a falsifié les listes. lien
Lahoud le reconnaît. Il y a ajouté divers noms, dont celui de Nagy Bocsa, à la demande (d’après lui) de Gergorin mais ça reste à confirmer. lien

Par l’entremise du corbeau démasqué, Gergorin, ces listes sont mises sous le nez de Dominique de Villepin. lien par Rondot interposé.
Celui-ci, devant l’énormité de l’information, la tient secrète, et mène des investigations pour la vérifier.

Mais, hélas pour lui, les médias ont vent de l’affaire, et l’affaire se retourne contre lui.
Il est logiquement soupçonné d’avoir voulu discréditer Sarkozy, son concurrent direct, à l’approche de l’élection présidentielle.
Le tour est joué, l’arroseur potentiel devient l’arrosé.

Sauf que le crime profite aujourd’hui à son adversaire, lequel s’est débarrassé de lui en 2007, et voit le chemin s’ouvrir largement pour 2012.
Pour que toute la vérité éclate, il faudrait donc qu’Imad Lahoud dise à qui il a obéi en falsifiant les listes.
Il faudrait aussi que MAM, dont il dépend, soit appelée à la barre et s’explique sur la mission de son collaborateur.
Il faudrait que Gergorin, Alias le Corbeau, dise pourquoi il a mis ces listes sous le nez de Villepin.
Il faudrait savoir qui à prévenu les médias de l’existence de cette liste que l’on découvrira par la suite trafiquée.

Sauf qu’Imad Lahoud et Gergorin ont intérêt à se taire, quitte à faire quelques mois de prison de plus.
La montagne va-t-elle accoucher d’une souris ?

Le 23 octobre, tout porte à croire, que pour la conclusion de cette ténébreuse affaire, la cour relaxera De Villepin, qui n’en sortira pas pour autant blanchi. Les autres protagonistes écoperont d’amendes et d’un peu de prison.
A l’éclairage d’un lapsus révélateur, on pourrait penser que tout çà n’est qu’une affaire de foi.

En effet, lors de sa visite à l’hôpital de Villejuif, Sarkozy, au lieu d’évoquer une greffe de foie, a dérapé en parlant de « greffe de la foi ».
Il lui en faudra beaucoup pour se retrouver face aux électeurs en 2012. lien
Car, si toute la vérité éclate, nous aurions un tsunami politique avec des retombées inimaginables.

Comme disait un vieil ami africain « quand tu taquines un nid de guêpes, prépare-toi à courir vite ».