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Combattre le discours néolibéral de l’espérance de vie

Les contre-réformes des retraites sont motivées par un discours qui affirme : « on vit plus longtemps, donc on doit travailler plus longtemps ». Cet argument passe sous silence les considérables gains de productivité qui pourraient être consacrés entièrement aux cotisations retraites, passe sous silence aussi le coût du capital, mais là n’est pas l’objet de mon message.
Non, il s’agit d’examiner cette affirmation centrale de l’allongement de la durée de vie.
Eurostat est un organisme de l’Union européenne qui fait des statistiques, un peu comme l’Insee en France. Ce n’est évidemment pas un repère d’opposants au capitalisme, c’est un organisme des plus officiels. Or que nous dit Eurostat ?
L”espérance de vie en bonne santé a baissé en moyenne, toutes catégories sociales confondues, en UE de 62,6 ans en 2007 à 62,2 ans en 2011.
– elle a baissé en Grèce de 67,4 à 66,9.
– en France de 64,4 à 63,6.
– à Chypre 62,9 à 61,4, etc.
Elle a augmenté légèrement en Allemagne de 58,6 à 58,7, mais on sait par ailleurs qu’en Allemagne, il y a une baisse de l’espérance de vie des plus pauvres.

Si on s’intéresse maintenant à l’espérance de vie en bonne santé à partir de 65 ans mesurée à la naissance, on constate la même tendance :

– elle a baissé en moyenne en UE pour les femmes de 9 à 8,6 ans,
– en Allemagne de 7,7 à 7,3
– en Grèce de 9,5 à 7,8
– en Espagne de 10,1 à 9,2
– à Chypre de 7,4 à 5,8
– aux Pays-Bas de 12,2 à 9,9
– elle a stagné en France à 9,9.

Ceci signifie, en clair :
– que l’espérance de vie des adultes qui ont eu 65 ans entre 2007 et 2011 a continué à augmenter en moyenne,
– que c’est l’espérance de vie en bonne santé à partir de 65 ans des nouveaux nés entre 2007 et 2011 qui a baissé. Il y a donc une dégradation de l’état de santé à la naissance.
La baisse est particulièrement sensible en Grèce, là où la dégradation de la protection sociale a été la plus forte. Il est difficile d’imaginer que les réponses apportées à la crise par les gouvernements n’y sont pour rien.

Ne nous faisons aucune illusion : les détenteurs des capitaux ne veulent pas, n’ont jamais voulu, intégrer les cotisations versés aux retraités, à la protection sociale de manière générale, dans les masses salariales. Ils veulent être les seuls décideurs de la composition de la valeur économique générée par le travail. Seule une opposition résolue pourra les contraindre.

Sources

http://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/show.do?dataset=hlth_hlye&lang=fr
http://epp.eurostat.ec.europa.eu/tgm/table.do?tab=table&init=1&language=fr&pcode=tsdph220&plugin=1

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