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Du fatalisme politique ambiant…

« La meilleure forteresse des tyrans, c’est l’inertie des peuples » (Machiavel)
« Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue » (Victor Hugo)

Rien n’est plus inefficace que l’impatience des couches moyennes supérieures radicalisées.
Le fatalisme politique ambiant n’est que la conséquence de la phrase précédente. Les couches moyennes supérieures radicalisées qui fournissent l’idéologie de la militance de la gauche d’alternative rêvent de se battre avec la peau des autres (les couches populaires voire les couches moyennes intermédiaires). C’est une impasse.
Alors que leur vrai rôle politique est de mieux analyser le monde contemporain et sa cohérence globale et d’aider les couches populaires et les couches moyennes intermédiaires à penser l’alternative politique, ils sombrent avec des proportions différentes dans l’incantation, l’impatience, le nombrilisme, la surplombance et le déni. La surplombance n’étant pas leur moindre défaut.
Alors que nous sommes peut-être à la fin d’un pli historique et que l’alternative ne peut être pensée que globalement, les voilà dans une tentative mortifère de croire qu’il y a une idée (et une seule !) qui surdétermine le tout. Alors l’important devient de savoir « Quelle est la surplombance, nouvelle vérité révélée, qui surplombe toutes les autres ? » Est-ce le féminisme, la laïcité, la démocratie, le social, l’écologie, la constituante, la sortie de l’euro, le droit de vote des étrangers aux élections locales, la parité, l’école, les services publics, la protection sociale, l’industrialisation de la France, la sortie du nucléaire, la sortie des énergies fossiles, le retour à la famille, etc. (nous aurons bientôt plus de priorités de de jours dans l’année…)
C’est là que la réflexion, l’imaginaire, l’instruction, la construction des savoirs doivent entrer en compte. Les deux phrases de Machiavel et de Victor Hugo en exergue pourraient nous servir de boussole ?
Gloser sur l’inertie des peuples n’a pas de sens quand on sait que les peuples agissent dans le temps de l’histoire et non dans le temps des impatients. Et aider à sortir de l’inertie des peuples ne se fait pas par incantation. D’autant que les couches populaires n’ont pas les mêmes intérêts de temps court que les couches moyennes supérieures radicalisées. C’est eux qui subissent plus fortement que d’autres la précarité du travail, le chômage, la vie chère, les salaires insuffisants, les franchises sur les soins, les dépassements d’honoraires, la destruction des services publics, la mauvaise santé au travail, la communautarisation de la société, le fossé entre le peuple et ses élites creusé par les élites elles-mêmes, etc.
Le dire et le subir ne sont pas équivalents : croire que le fait de dire « on vous l’avait bien dit depuis longtemps » suffit à se justifier, voire à culpabiliser les couches sociales supposées être en retard de mobilisation, est une impasse supplémentaire.
De tout temps et en tous lieux, les changements radicaux ont surgi à un moment non choisi par les couches moyennes supérieures radicalisées impatientes. Le prochain changement suivra aussi cette loi d’airain.
« Fais ce que doit, advienne que pourra » est la bonne devise qui complète les deux phrases de Machiavel et de Victor Hugo.

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